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Diplomatie République tchèque : Macron s’est encore trompé de cheval !

Diplomatie République tchèque : Macron s’est encore trompé de cheval !

Macron s’est encore trompé de cheval en soutenant Andreï Labiche le milliardaire candidat à l’élection présidentielle tchèque. Finalement ,le candidat de Macron a été largement battu. Une nouvelle fois Macon balbutie sa politique étrangère.

Mardi 10 janvier, Emmanuel Macron avait reçu à l’Elysée Andrej Babis, candidat à l’élection présidentielle tchèque. Or vendredi 27 et samedi 28 janvier, Babis a été très nettement battu par son rival Petr Pavel. Celui-ci le devance de plus de seize points, alors que le scrutin a été marqué par une forte participation. Les sondages donnaient Pavel vainqueur, grâce au report des voix d’une candidate progressiste, éliminée au premier tour.
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Le vainqueur de la présidentielle tchèque est un général à la retraite, Petr Pavel, 61 ans. Ancien patron des forces spéciales, puis chef d’état-major de l’armée tchèque, il a été président du comité militaire de l’Otan (2015-2018). Les Français peuvent lui être redevables : en janvier 1993, à la tête de son unité déployée en ex-Yougoslavie, il a permis l’évacuation sous le feu d’une cinquantaine de militaires français depuis leur base de Katrin (Croatie). C’était exactement trente ans avant son élection à la tête de la République tchèque.

Macon fait encore à la preuve de son amateurisme en matière de politique étrangère

Le danger de la sournoise diplomatie chinoise

Le danger de la sournoise diplomatie chinoise 

 

Les récentes ouvertures de la diplomatie chinoise vis-à-vis des autorités européennes s’apparentent à un réajustement opportuniste de Pékin, et non à une quelconque modification des positions problématiques de la Chine à l’international, constate, dans une tribune au « Monde », l’analyste Grzegorz Stec.

Les autorités diplomatiques chinoises semblent avoir lancé une offensive de charme vis-à-vis des Européens, avec la visite d’un envoyé spécial, de multiples demandes d’entretien lors de la réunion des ministres des affaires étrangères du G20 à Bali (Indonésie), les 15 et 16 novembre, l’annonce de l’achat de trois cents Airbus et l’approbation de la relance du dialogue économique et commercial à haut niveau avec l’Union européenne.

Il y aurait aussi eu des approches pour obtenir un crochet par Pékin des dirigeants allemands, français, italiens et espagnols en amont du G20 en Indonésie de cet automne. Autant de signaux nouveaux après des mois de froid, qui ne doivent pas être surinterprétés.

Ces ouvertures, à peu de frais pour Pékin, n’apparaissent pas en mesure de remettre en cause une relation bilatérale cantonnée au « damage control » [limitation des dégâts] depuis plusieurs années. Les divergences fondamentales ayant dégradé la relation restent inchangées. Pékin maintient ses échanges politiques et économiques avec la Russie en dépit de l’invasion de l’Ukraine. Les mesures de coercition économique à l’encontre de la Lituanie à la suite de l’ouverture d’un bureau de représentation à Taïwan répondant à ce nom, au lieu de celui de la seule ville de Taipei, sont toujours en place. Aucune inflexion non plus sur le front des droits humains des Ouïgours.

 

La vigilance des Européens doit être d’autant plus importante que les tentations d’un apaisement vont croissant avec les difficultés rencontrées par ailleurs.

Pour une diplomatie énergétique européenne

Pour une diplomatie énergétique européenne 

 

Le spécialiste de l’énergie Michel Derdevet dessine une Europe de l’énergie plus résiliente, ce qui passe par le choix du nucléaire, des énergies renouvelables et un rapprochement avec la Turquie.

 

Tribune.

 L’invasion de l’Ukraine par la Russie et la guerre durable qui s’installe au cœur de l’Europe nous rappellent à quel point l’énergie a toujours façonné la géopolitique, déterminé les grandes puissances et souvent l’issue des conflits.

Tous les ordres internationaux de l’histoire moderne ont été fondés sur une ressource énergétique : au XIXe siècle, le charbon a été la toile de fond de l’Empire britannique ; le pétrole fut au cœur du « siècle américain » ; et Vladimir Poutine, depuis vingt ans, a fait de l’énergie un instrument politique majeur, à la fois pour redorer son blason national (grande campagne d’électrification, etc.), et pour affirmer sa puissance régionale et devenir incontournable sur l’échiquier énergétique mondial.

La Russie dispose ainsi, aujourd’hui, d’une capacité de transit théorique de plus de 250 milliards de mètres cubes de gaz par an vers l’Europe, qui correspond à plus de la moitié de la consommation annuelle de gaz du Vieux Continent (450 milliards de mètres cubes).

Certes, tous les pays n’ont pas la même dépendance au gaz russe. Dans plusieurs Etats membres de l’Union européenne (UE), l’essentiel, voire la totalité, des importations de gaz naturel provient de Russie. C’est le cas de la Lettonie (100 %), de la Finlande (97,6 %), ou encore de la Hongrie (95 %). C’est également le cas de l’Allemagne, qui dépend à 66 % de la Russie pour sa consommation de gaz naturel et qui est le premier importateur de l’UE.

La France, quant à elle, a un approvisionnement plus diversifié. Nous nous fournissons essentiellement auprès de la Norvège (36 %), la Russie n’arrivant qu’en deuxième position (17 %), devant l’Algérie (8 %).

Que conclure de tout cela ? Cinq réflexions s’imposent à ce stade.

D’abord, cette dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie s’est forgée à cause de nous ! Tel l’agneau endormi, l’Europe a fait preuve d’une « myopie » coupable depuis les trois crises gazières des hivers 2005 à 2008, qui pourtant étaient prémonitoires.

Déjà, Vladimir Poutine avait mis la pression sur Kiev, et sur les Occidentaux, pour livrer en gaz aux coûts qu’il souhaitait les Européens de l’Ouest. La voie de la raison aurait dû nous conduire, dès lors, à diversifier nos approvisionnements gaziers, en parachevant par exemple le gazoduc Nabucco, corridor sud-européen contournant la Russie, imaginé par la Commission, plutôt que de se livrer corps et âme dans les bras des intérêts russes, en investissant dans Nord Stream 2. Les intérêts financiers l’ont incontestablement emporté sur le minimum de prudence politique et la protection des intérêts souverains de l’Union.

 

Afghanistan : l ‘échec stratégique de la diplomatie du Royaume-Uni

Afghanistan : l ‘échec stratégique de la diplomatie du Royaume-Uni

 

Dans une tribune au « Monde », Christopher Hill, spécialiste des relations internationales, voit dans la gestion de la crise afghane par Londres un nouvel exemple d’une politique étrangère hasardeuse, qui affaiblit le Royaume-Uni.

 

Tribune.

 

 Le triomphe des talibans en Afghanistan suscite, à juste titre, d’âpres réflexions sur les échecs de la politique étrangère britannique. Pendant ce temps, le gouvernement de Boris Johnson se contente de proposer des emplâtres aux Afghans désespérés, laissés en rade par le retrait des Occidentaux. Ces réactions immédiates sont les symptômes de l’incohérence sous-jacente de l’approche britannique des relations internationales. Et, à moins d’y remédier, cette incohérence causera d’autres problèmes.

Elle tient notamment au faible intérêt que le monde politique britannique porte aux liens entre politique intérieure et extérieure. Ces deux politiques sont conceptuellement séparables parce qu’elles sont mises en place dans deux domaines fort différents sur le plan des structures légales, des responsabilités et du pouvoir. Certes. Néanmoins, une action sur une de ces deux scènes a presque toujours des retentissements sur l’autre, ce qui doit être anticipé dans un plan détaillé. On ne peut se contenter de généralisations floues. En l’absence de plan, les responsables politiques passent de façon erratique d’un point de vue à l’autre, créant des contradictions qui nuisent à la crédibilité à la fois des acteurs et de leurs actions.

 

Prenons l’exemple de la politique britannique d’aide au développement international. Autrefois centrée sur la lutte contre la pauvreté, elle avait fait sien l’objectif de l’ONU d’y consacrer 0,7 % de son PIB. Depuis quelques années, cette aide au développement est davantage tributaire de contraintes financières et soumise à des conditions politiques. Or, face à la gravité des événements en Afghanistan, le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, Dominic Raab, se lance dans une politique au pied levé : il promet une hausse de 10 % de l’aide accordée au pays.

Si, à Kaboul, la chute soudaine du gouvernement Ghani est surprenante, l’incohérence de la position britannique ne l’est pas. L’immigration est un domaine-clé où facteurs internes et externes se mêlent – au sens propre, même, avec les bateaux qui arrivent dans la Manche et les passagers à l’aéroport d’Heathrow. Or, dans ce domaine, le Royaume-Uni brille par son incapacité à mener une réflexion collective cohérente depuis 2004, quand le gouvernement de Tony Blair a décidé de ne pas se joindre à la France et à l’Allemagne, qui voulaient imposer un délai de sept ans avant d’accorder la libre circulation aux citoyens des nouveaux Etats membres de l’est de l’Union européenne (UE).

Politique–La diplomatie chinoise des « loups combattants »

Politique–La diplomatie chinoise des « loups combattants »

Il y a quelque chose d’inquiétant et en même temps désuet dans la stratégie de la Chine qui consiste notamment  à nommer un peu partout dans le monde des loups combattants comme ambassadeurs. C’est le cas en France et bientôt aux États-Unis. Des ambassadeurs qui ne se limitent pas à gérer les liens diplomatiques entre deux Etats mais qui se comportent en militants pour critiquer la gestion interne des Etats où ils ont été nommés.

Cette agressivité a pourtant peu de chances d’être efficace tellement elle est grossière et peu crédible dans des pays développés nourris de démocratie. De ce point de vue , la propagande chinoise avec ses gros sabots rappelle un peu les années 50 et montre le décalage culturel énorme entre les responsables communistes chinois et la société mondiale contemporaine

 

La diplomatie chinoise des « loups combattants »

 

 

La diplomatie chinoise des « loups combattants »

Il y a quelque chose d’inquiétant et en même temps désuet dans la stratégie de la Chine qui consiste notamment  à nommer un peu partout dans le monde des loups combattants comme ambassadeurs. C’est le cas en France et bientôt aux États-Unis. Des ambassadeurs qui ne se limitent pas à gérer les liens diplomatiques entre deux Etats mais qui se comportent en militant pour critiquer la gestion interne des Etats où ils ont été nommés.

Cette agressivité a pourtant peu de chances d’être efficace tellement elle est grossière et peu crédible dans des pays développés nourris de démocratie. De ce point de vue , la propagande chinoise avec ses gros sabots rappelle un peu les années 50 et montre le décalage culturel énorme entre les responsables communistes chinois et la société mondiale contemporaine

 

 

Diplomatie -Pour des sanctions significatives et ciblées contre la Russie

Diplomatie- Pour des sanctions significatives et ciblées contre la Russie

 

Dans une tribune au « Monde », Mikhaïl Khodorkovski

,l’ancien prisonnier politique et homme d’affaires, fondateur du mouvement Russie ouverte, appelle les Européens et, en premier lieu, la France, à frapper directement les responsables russes qui pillent le pays et violent les droits humains.

 

Dans un tweet en russe, Emmanuel Macron a dénoncé l’arrestation et la condamnation d’Alexeï Navalny. Par la voix du secrétaire d’Etat aux affaires européennes, les autorités françaises se sont en outre publiquement prononcées contre la mise en service du gazoduc Nord Stream 2, projet voulu par le Kremlin, comme un outil supplémentaire de pression économique sur l’Ukraine. C’est un signal clair au chef du régime criminel qui s’est emparé de la Russie.

La position de l’Elysée n’a pas toujours été aussi limpide. Nous nous souvenons de nombreuses tentatives de Paris pour mener un dialogue avec le régime de Poutine, comme s’il s’agissait du gouvernement démocratique d’un Etat de droit. Or, la Russie n’est plus un Etat de droit. Si certains avaient encore quelques doutes sur le sujet, les derniers événements autour d’Alexeï Navalny les ont, je l’espère, enfin dissipés.

Il n’est pas acceptable, que le dirigeant d’un Etat qui se prétend de droit permette à ses fonctionnaires d’empoisonner puis d’envoyer en prison un opposant politique pour le simple fait de rentrer dans son pays, comme ce fut le cas avec Alexeï Navalny. Il n’est pas acceptable d’abandonner l’enquête sur le meurtre d’un opposant comme Boris Nemtsov. Il n’est pas non plus acceptable qu’il puisse ordonner d’utiliser des armes chimiques redoutablement létales contre des opposants réfugiés au Royaume-Uni comme Alexandre Litvinenko ou Sergueï Skripal, quand bien même il les considérerait comme des « traîtres ».

 

Il y a certes la nécessité de négocier avec le Kremlin car il dispose toujours d’un important arsenal nucléaire. Cela ne doit pas nous aveugler sur la situation réelle en Russie dont les dirigeants pillent les caisses, investissant en Occident l’argent ainsi volé au peuple russe. Les divers mécanismes européens de lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent par le crime organisé ne sont pas efficaces dans une situation où le pays de provenance des fonds est lui-même contrôlé par le crime organisé.

L’histoire montre que la Russie fait partie de la civilisation européenne et de ce que nous appelons aujourd’hui le monde euro-atlantique. Ce qui se passait en Europe de l’Ouest a inévitablement eu des répercussions en Russie et réciproquement. L’interpénétration des mondes russe et occidental est totale, et ce depuis bien longtemps.

Soit on respecte la morale, soit non. Il est certes possible de rester les bras croisés. Il pourrait même être tentant de profiter de la corruption régnant au Kremlin. Nous pouvons déjà voir des hommes ou des femmes politiques français qui poursuivent l’objectif de s’installer un jour à l’Elysée tendre la main pour quémander les deniers de Moscou. Mais cela ne restera pas en vase clos. Si une maison est infestée de rats, sans aucun doute, celle du voisin le sera aussi.

Politique-L’inexistence de la diplomatie européenne

Politique-L’inexistence de la diplomatie européenne

Après le fiasco de la visite de Josep Borrell à Moscou, le 5 février, la question se pose pour l’Union européenne de trouver une volonté politique et une vision stratégique commune face à la Russie ou la Chine. Par Jean-Pierre Stroobants correspondant du Monde à Bruxelles. (Extraits)

 

Analyse. 

 

En février 2020, Josep Borrell, le haut représentant (HR) de l’Union européenne (UE) pour la politique étrangère, insistait sur « l’urgence » de « trouver sa place dans un monde de plus en plus marqué par des politiques axées sur la force brute ». Celle que l’ancien ministre espagnol a rencontrée, le 5 février, lors de son voyage à Moscou, où le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov a parfaitement incarné la force en question, en se moquant littéralement de lui et en refusant tout dialogue.

Estimant qu’il est temps, pour les Vingt-Sept, d’adapter leurs schémas afin d’« aborder le monde tel qu’il est, et non tel que nous aimerions qu’il soit », M. Borrell voulait, dans le cas présent, mieux comprendre l’état d’esprit de son hôte et protester contre le sort réservé à Alexeï Navalny. Un projet qui a échoué mais qui, surtout, ramène le camp européen à une position assez habituelle pour lui : l’expression unanime d’une condamnation, la division quant aux solutions politiques à trouver.

La France condamne l’attitude de la Russie mais veut maintenir un « canal de dialogue ». L’Allemagne condamne mais ne veut pas renoncer au projet de gazoduc Nord Stream 2. La Grèce et l’Italie ne veulent pas aller trop loin, mais la Pologne veut aller… plus loin. Quant à la Hongrie elle envoyait, cinq jours après la visite de M. Borrell, le chef de sa diplomatie à Moscou, où il n’a pas eu un mot pour Navalny mais a signé un contrat en vue de l’acquisition du vaccin Spoutnik V.

Outre qu’elle reste soumise à des intérêts particuliers, commerciaux, énergétiques ou, désormais, sanitaires, la relation avec la Russie reste surtout influencée par une appréciation totalement différente de la menace que représente, ou non, le régime de Vladimir Poutine.

Pas simple, dès lors, pour celui qui est censé incarner une diplomatie « commune », de proposer autre chose qu’un consensus sur un nouveau projet de sanctions, dont le principe devrait être approuvé le 22 février. C’est, en fait, le seul outil dont dispose un camp européen qui reste en quête d’une identité de vues et d’une capacité d’action.

Pour défendre son voyage à Moscou, le haut représentant a souligné devant les eurodéputés qu’il aurait été plus simple pour lui de « publier des communiqués à partir de [son] bureau ». Il relevait aussi que, depuis deux ans, dix-neuf ministres européens s’étaient rendus en Russie. « Tout le monde pourrait donc y aller, sauf le haut représentant ? A quoi sert-il, alors ? », interrogeait-il.

L’inexistence de la diplomatie européenne

L’inexistence de la diplomatie européenne

Après le fiasco de la visite de Josep Borrell à Moscou, le 5 février, la question se pose pour l’Union européenne de trouver une volonté politique et une vision stratégique commune face à la Russie ou la Chine. Par Jean-Pierre Stroobants correspondant du Monde à Bruxelles. (Extraits)

 

Analyse. 

 

En février 2020, Josep Borrell, le haut représentant (HR) de l’Union européenne (UE) pour la politique étrangère, insistait sur « l’urgence » de « trouver sa place dans un monde de plus en plus marqué par des politiques axées sur la force brute ». Celle que l’ancien ministre espagnol a rencontrée, le 5 février, lors de son voyage à Moscou, où le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov a parfaitement incarné la force en question, en se moquant littéralement de lui et en refusant tout dialogue.

Estimant qu’il est temps, pour les Vingt-Sept, d’adapter leurs schémas afin d’« aborder le monde tel qu’il est, et non tel que nous aimerions qu’il soit », M. Borrell voulait, dans le cas présent, mieux comprendre l’état d’esprit de son hôte et protester contre le sort réservé à Alexeï Navalny. Un projet qui a échoué mais qui, surtout, ramène le camp européen à une position assez habituelle pour lui : l’expression unanime d’une condamnation, la division quant aux solutions politiques à trouver.

La France condamne l’attitude de la Russie mais veut maintenir un « canal de dialogue ». L’Allemagne condamne mais ne veut pas renoncer au projet de gazoduc Nord Stream 2. La Grèce et l’Italie ne veulent pas aller trop loin, mais la Pologne veut aller… plus loin. Quant à la Hongrie elle envoyait, cinq jours après la visite de M. Borrell, le chef de sa diplomatie à Moscou, où il n’a pas eu un mot pour Navalny mais a signé un contrat en vue de l’acquisition du vaccin Spoutnik V.

Outre qu’elle reste soumise à des intérêts particuliers, commerciaux, énergétiques ou, désormais, sanitaires, la relation avec la Russie reste surtout influencée par une appréciation totalement différente de la menace que représente, ou non, le régime de Vladimir Poutine.

Pas simple, dès lors, pour celui qui est censé incarner une diplomatie « commune », de proposer autre chose qu’un consensus sur un nouveau projet de sanctions, dont le principe devrait être approuvé le 22 février. C’est, en fait, le seul outil dont dispose un camp européen qui reste en quête d’une identité de vues et d’une capacité d’action.

Pour défendre son voyage à Moscou, le haut représentant a souligné devant les eurodéputés qu’il aurait été plus simple pour lui de « publier des communiqués à partir de [son] bureau ». Il relevait aussi que, depuis deux ans, dix-neuf ministres européens s’étaient rendus en Russie. « Tout le monde pourrait donc y aller, sauf le haut représentant ? A quoi sert-il, alors ? », interrogeait-il.

Diplomatie Internationale: une alliance franco-britannique incontournable

Diplomatie Internationale: une alliance franco-britannique incontournable

 

Sur les grands dossiers chauds internationaux ,l’alliance franco-britannique est incontournable. Cela en raison de la quasi-absence de politique diplomatique de l’union européenne aussi de la position toujours très ambiguë de l’Allemagne dans les différents conflits politiques mais aussi parfois économiques. La relation franco-britannique est, malgré le Brexit, plus essentielle que jamais sur les dossiers internationaux, relèvent, dans une tribune au « Monde », le chercheur en relations internationales, Benjamin Haddad, et le journaliste Ben Judah.

Tribune.

 

«  Depuis quatre ans, la relation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE) est envenimée par les négociations interminables du Brexit, mais cela ne doit pas nous empêcher de réfléchir dès maintenant à ce que pourra être un futur partenariat.

La France peut jouer un rôle majeur si elle évite une vision obsolète de ce qu’est la Grande-Bretagne post-Brexit. Le président français, Emmanuel Macron, et le premier ministre britannique, Boris Johnson, avaient trouvé, en 2019, une convergence contre-intuitive pour mettre fin aux incessants reports de l’échéance du retrait britannique.

Sur de nombreux dossiers internationaux, de l’Iran au changement climatique en passant par la lutte antiterroriste, ou celui de la zone indo-pacifique, les positions de Paris et de Londres sont proches. A l’heure ou les Etats-Unis se détournent du continent européen, la relation franco-britannique est essentielle aux deux pays afin de pouvoir continuer à peser sur la scène internationale. Le Royaume-Uni est en effet un acteur de sécurité et de défense incontournable pour Paris, comme l’ont montré les accords de défense de Saint-Malo (4 décembre 1998) et de Lancaster (2 novembre 2010).

Londres a eu une mauvaise presse ces dernières années, aussi bien à cause du Brexit que de ses carences face à la pandémie de Covid-19. Mais en politique étrangère, le 10 Downing Street a retrouvé une voix et des initiatives montrant ce que pourrait être la vision d’un « Global Britain » promue par Boris Johnson.

Non sans ironie, c’est à propos de Hongkong, là même où le soleil s’est finalement couché sur l’Empire britannique en 1997, que la Grande-Bretagne prend des décisions montrant ce que pourrait être son rôle post-Brexit.

Loin d’être intimidé par les menaces de Pékin contre HSBC, la plus grande banque du Royaume-Uni, Londres a tenu bon et a répondu à la rupture du traité sino-britannique avec l’offre audacieuse à plus de trois millions de citoyens hongkongais – détenant eux-mêmes, ou leur famille, le statut de « British National Overseas » – de droits de résidence à durée indéterminée et une voie vers la citoyenneté.

Alors que l’UE peine toujours à définir une position commune sur Hongkong, Londres est parvenu à rallier l’Australie, le Canada et les Etats-Unis pour une approche conjointe.

Dans la même logique, le Royaume-Uni veut renforcer le rôle de l’alliance du renseignement « Five Eyes » avec les pays anglophones. Londres a aussi décidé de réduire à zéro le rôle de la société chinoise Huawei dans le réseau britannique 5G, qui déverrouillera un partenariat plus proche avec la Maison Blanche. »

Diplomatie internationale : « Le grand isolement de la France » (Michel Duclos)

Diplomatie internationale : « Le grand isolement de la France » (Michel Duclos)

Pour le diplomate Michel Duclos , le président Macron doit être plus « fédérateur », car  la France dispose de « peu d’alliés solides »(.interview le Monde)

Le SARS-CoV-2 est un « violent orage », dont les éclairs « jettent un jour nouveau sur un paysage connu, qu’il laissera dévasté en se retirant ». C’est ainsi que commence le rapport publié par l’Institut Montaigne, sous la plume de son conseiller spécial, Michel Duclos, intitulé « Un virus clarificateur, l’impact du Covid-19 sur la politique étrangère de la France ». Ancien ambassadeur en Syrie et en Suisse, ce diplomate très respecté est l’auteur de La Longue nuit syrienne (éd. L’Observatoire, 2019). Dans son rapport, il passe en revue les premières leçons géopolitiques de la pandémie, puis il examine les « marges de manœuvre de la France », confrontée à une comparaison guère flatteuse avec l’Allemagne en ce qui concerne la résistance économique à la crise. Le conseiller spécial de l’Institut Montaigne invite Paris à un « élargissement du compas de son action extérieure », en se tournant en particulier vers l’Asie, tout en veillant à l’unité des Européens.

Etes-vous rassuré quant à la vitalité du projet européen, confronté à l’épreuve du Covid-19, alors qu’un plan majeur de relance est discuté ?

Dans l’océan de conséquences potentiellement dramatiques de la pandémie, l’une des rares bonnes nouvelles est le possible sursaut européen. Derrière le plan de relance [de 750 milliards d’euros proposé par la Commission, après une initiative franco-allemande] se dessine non pas une refondation de l’Europe, mais, pour la première fois depuis des années, la cristallisation d’une identité européenne. On parlait avant cela de l’Europe en termes de projets et de budgets qui ne signifiaient pas grand-chose pour les opinions publiques. Mais sauver les économies de nos pays est immédiatement compréhensible pour tous.

Pour les gouvernements, le marché commun constitue le vrai ciment de l’Union européenne (UE). Pour les citoyens, c’est la reconstruction post-Covid, avec une Europe solidaire. La France doit se focaliser sur ces deux points, en subordonnant nos politiques à la nécessité de rassembler les Européens. Des aspects préoccupants demeurent, notamment dans les pays du Sud soumis à une pression populiste, comme l’Italie, qui connaîtront des problèmes socio-économiques graves dans les années à venir. Le risque d’une crise des dettes souveraines n’est pas non plus écarté. Mais, pour la première fois, une ligne claire se dessine, celle d’une sortie politique du malaise européen par une réponse efficace à la crise.

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Brésil : « La diplomatie française a toujours été très pragmatique « comme Le Drian, dit le saumon rose

Brésil : « La diplomatie française a toujours été très pragmatique «  comme Le Drian, dit le saumon rose

Vis-à-vis des régimes autoritaires, Le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian sait faire preuve de souplesse d’échine. Ce sera encore le cas lors de la visite au Brésil comme c’est le cas par exemple encore vis-à-vis de la dictature en Chine. Il faut dire que la souplesse d’échine est un peu la spécialité de Jean-Yves le Drian surnommé le saumon rose pour sa grande capacité à naviguer entre tous les courants politiques. Il a commencé sa carrière politique assez à gauche (leader en 68 à Rennes), il s’est rapproché de la plupart des responsables de courant du PS  puis avec le temps  à continué sur des positions plutôt centristes  et maintenant il est clairement à droite. Aux dires des experts,  le Drian a même été un brillant ministre des armées. Pas étonnant, il s’est fait pistonner par son père pour échapper à son incorporation dans les paras pour rejoindre un régiment plus tranquille. Il accomplit son service militaire au 512e régiment du train de Saint-Lô, après avoir initialement été convoqué dans les para. Ce changement d’affectation fait suite à l’intervention de son père auprès du député-maire de Carnac Christian Bonnet. Lors de son service, il apprend à conduire divers véhicules, sans doute aussi le véhicule de sa carrière politique.

On fera observer que Macron, lui, est bien chef des armées sans jamais avoir effectué le moindre service militaire !« 

Pourtant les divergences sont importantes voire inconciliables entre la France et le Brésil Jair Bolsonaro avait annoncé durant sa campagne sa volonté de se retirer de l’accord de Paris« Je pense qu’il y a une volonté de trouver un point d’accord, pas forcément pour convaincre le président brésilien de revenir en arrière sur ses positions ‘trumpiennes’ en matière de climat, mais au moins pour préserver les intérêts français dans ce domaine« , conclut Olivier Compagnon. Vis-à-vis par exemple des enjeux environnementaux, de la démocratie ou des droits de l’homme en clair on sacrifie les valeurs démocratiques sur l’autel du business ; pour preuve cet accord appelé Mercosur avec des pays d’Amérique latine dont le Brésil.

Diplomatie Trump : la stratégie du camelot slalomeur

Diplomatie Trump : la stratégie du camelot slalomeur

Après les vives protestations aux Etats Unis suite à l’attitude très complaisante de Trump face à Poutine (pas étonnant ce denier l’a sans doute aidé pour la campagne électorale),  on discerne encore un peu mieux la stratégie de Trump en matière de communication. Une communication de petites phrases souvent par tweets toujours contradictoires ? Trump dit tout et son contraire. Une chose pour faire plaisir à  la frange populiste de ses soutiens, le contraire le lendemain pour satisfaire la superstructure, l’intelligentzia ou ses autres interlocuteurs. Ainsi, il peut affirmer un jour que Theresa May est nulle pour négocier le Brexit et le lendemain dire que sa rencontre avec la Première Ministre a été formidable. Ce qu’il a fait aussi avec Macron, Poutine et les autres ; de quoi décontenancer la plupart des observateurs voire les décideurs. La question qui se pose surtout est de savoir si Trump sait lui-même où il va. Ce n’est pas certain tellement sa connaissance aussi bien de l’économie que des questions géopolitiques est approximative. Dire et se contredire, c’est la dialectique de Trump. Mais pour l’affaire Poutine, ses explications paraissent peu crédibles voire complètement tordues.  . Il a formulé le démenti le moins vraisemblable qu’on puisse trouver, afin que ses supporteurs ne soient pas dupes. «Je voulais dire: je ne vois aucune raison pour laquelle ce ne serait PAS la Russie», a déclaré le président. «On se demande bien qui a pensé à ça, mais peu importe», ironisait mercredi le Wall Street Journal dans son éditorial. «Cette excuse défie toute crédibilité, estime Jonathan Lemire, le correspondant de l’Associated Press dont la question avait provoqué le dérapage. Pour admettre que sa langue ait fourché dans cette phrase, il faudrait ignorer tout le reste de sa conférence de presse» avec le président russe. Même en lui faisant crédit de rectifier le tir, «cette déclaration a été faite avec 24 heures de retard et au mauvais endroit», a déclaré le sénateur démocrate Chuck Schumer.

Bien peu, chez ses partisans comme parmi ses adversaires, ont pris cette mise au point pour argent comptant. Car Donald Trump l’a lue ostensiblement devant les caméras avec le ton mécanique de quelqu’un qui accomplit une formalité, et en s’écartant deux fois du script préparé par ses collaborateurs. D’abord pour s’exclamer: «Il n’y a pas eu de collusion du tout!», une phrase qu’il avait rajoutée à la main. Ensuite pour atténuer le démenti tout juste formulé: «J’accepte la conclusion de notre communauté du renseignement selon laquelle l’interférence de la Russie dans l’élection de 2016 a eu lieu «Trump a mis au point une méthode d’excuses composée à parts égales de retraite et de réaffirmation», analyse Marc Fisher dans le Washington Post, pointant «le changement de ton quand il exprime ses véritables sentiments». Selon lui, on assiste au même «processus» que l’été dernier lors des incidents racistes de Charlottesville: «Insulte, excuses réticentes, signal clair qu’il croit vraiment ce qu’il avait dit au départ, répétition.» De fait, le correctif de mardi ne vise pas à clore la polémique, il lui offre seulement la protection d’avoir dit une chose et son contraire.

Diplomatie : l’échec de Macron de plus en plus patent

Diplomatie : l’échec de Macron de plus en plus patent

Jamais un président de la république français n’avait effectué autant de voyages à l’étranger en si peu de temps. Cette mobilité diplomatique avait grandement contribué à façonner l’image de Macron. Malheureusement force est de constater que cet activisme international n’est guère couronné de succès ;  en réalité vis-à-vis de trois personnages centraux de la vie internationale à savoir Trump, Poutine et Merkel Macron n’a connu que des échecs. Échec sur le climat échec, échec  sur les droits de douane américain, échec sur la réforme de l’Europe, échec sur l’Iran. En clair il y a un décalage énorme entre l’idée que se fait Macron de sa propre importance au plan international et son influence réelle. En fait,  Macron est  ramené à ce qu’il est réellement : le chef d’un petit pays pas même capable d’imposer ses idées en Europe. Du coup, avec le recul les témoignages d’amitié voir d’affection et les bisous de Trump touchent au ridicule sur le plan international Macron assure jouer son rôle de leader mondial mais si on le juge sur ses résultats c’est un fiasco presque complet.

Diplomatie de Macron : beaucoup d’activisme et peu de résultats

Diplomatie de Macron : beaucoup d’activisme et peu de résultats 

Un sondage démontre que ce que disait récemment Claude Martin, ancien ambassadeur en Chine et en Allemagne : Macron fait beaucoup d’activisme. Claude Martin brosse un tableau contrasté, et attend du chef de l’État qu’il passe des paroles aux actes. En fait on a du mal à savoir si Macron œuvre pour conforter son image intérieure ou pour réellement peser sur la géopolitique. (Interview la Tribune)

 

 

Quels faits saillants peut-on mettre au crédit et au débit de la politique et des actes du nouveau président de la République ?

CLAUDE MARTIN - Emmanuel Macron a hérité d’une France peu visible et peu audible, affaiblie ces dix dernières années par sa situation économique - manque de compétitivité, instabilité politique et sociale -, par une vision erratique de sa politique à l’extérieur, par la santé vacillante de l’Europe. Ce contexte leste une autre réalité, elle, invariable : mener une action d’envergure est nettement plus difficile sur la scène internationale que sur le plan domestique. En politique étrangère, il faut faire preuve non seulement d’imagination et de volontarisme, mais aussi de clairvoyance, de compétence, de connaissance du terrain, et définir une stratégie. En la matière, il est encore trop tôt pour saisir les intentions et les dispositions du président de la République. Les premiers signes - discours à la Sorbonne et devant l’Acropole démontrant sa détermination européenne ; restauration du dialogue avec la Russie ; prises de position objectives à l’égard des États-Unis - ont été encourageants, car fondés sur le principe, essentiel en diplomatie, du réalisme. Il n’est pas dans le registre de ses deux prédécesseurs qui, en « choisissant » leurs interlocuteurs en fonction de leur degré de « fréquentabilité », ont affaibli l’influence internationale de la France. Dorénavant, l’heure est aux actes, et notamment dans le domaine de l’Europe. La France doit agir comme un guide. C’est véritablement « maintenant » que l’action d’Emmanuel Macron doit s’exprimer et va être jugée.

Vous avez exercé cinquante ans au Quai d’Orsay, et y avez cultivé une grande proximité avec la conception « gaulliste » de la politique internationale de la France. Les premiers pas diplomatiques d’Emmanuel Macron s’en inspirent-ils ?

Le général de Gaulle l’a parfaitement incarné - et cela demeure une règle immuable - : l’Europe, c’est avant tout et fondamentalement un contrat entre la France et l’Allemagne, mobilisant les autres pays moteurs sur une stratégie axée autour de trois objectifs : une politique d’intégration des économies européennes, une politique de défense de l’identité et des spécificités de l’Europe, enfin une politique d’organisation de l’ensemble européen, dont l’élargissement a affaibli la cohésion. Il faut à l’Europe des politiques communes volontaristes. Une Europe de l’action contre celle de l’abstraction.

L’Europe porte des valeurs qui lui sont propres. Les Européens ont en commun une certaine conception de la démocratie, de l’ordre juridique et de la cohésion sociale, ou de la justice. Ils se distinguent par un attachement commun très fort à la nature, à l’environnement, à un art de vivre, qui se reflète jusque dans leur relation à la nourriture. Dans les négociations extérieures de l’Union, avec le Canada ou avec le Mercosur, certains éléments de cette « identité européenne » sont mis en cause. Faut-il y renoncer, pour nous fondre doucement dans le moule mondialiste ? Ou préserver ce qui fait notre différence, une différence à laquelle les Français et les Allemands notamment restent, dans leur majorité, très attachés ? C’est la question qui nous est posée, et à laquelle Emmanuel Macron doit apporter une réponse.

Que doivent entreprendre Angela Merkel et Emmanuel Macron pour que l’axe franco-allemand exerce pleinement son rôle ? Outre-Rhin, la fragile coalition au pouvoir et ce qu’incarne l’impressionnante poussée de l’extrême droite (l’AFD est la troisième formation au Bundestag) peuvent-ils, paradoxalement, le consolider ?

Cette irruption de l’AFD au parlement allemand traduit une montée des peurs, mais surtout une frustration. Les citoyens de tous les pays craignent de perdre, au sein de l’Europe, leur identité. L’Union doit trouver la réponse appropriée à ces craintes, en permettant aux peuples européens de cultiver à la fois une fierté nationale et une fierté européenne, qui ne peut exister que si l’Union développe des politiques mettant en valeur une « identité européenne ». Identité nationale et identité européenne doivent pouvoir se compléter. Si l’Union ne parvient pas à créer un espace dans lequel les Européens éprouvent un sentiment d’appartenance à une même communauté de destin, c’est dans la seule revendication d’identité nationale que les citoyens chercheront refuge.

Le « moteur » franco-allemand a très mal fonctionné depuis dix ans, et il faudra sans doute beaucoup plus que des déclarations chaleureuses pour le relancer. La France doit reconquérir toute sa place dans un tandem où elle n’était plus qu’un partenaire secondaire. Le déséquilibre qui n’a cessé de se creuser cette dernière décennie au fur et à mesure que l’économie allemande prenait le dessus sur sa voisine nous a placés dans une position d’infériorité. Les réformes institutionnelles catastrophiques opérées par le traité de Lisbonne et le « grand élargissement » ont fait le reste : dans le jeu européen, la France pèse aujourd’hui bien moins lourd que l’Allemagne, adossée aux petits pays européens du Nord. Il faut revenir à la parité entre Paris et Berlin, et reconstituer - notamment en rétablissant une relation de confiance avec l’Italie - un équilibre Nord-Sud sans lequel l’Union se brisera tôt ou tard. On ne pourra le faire sans tensions avec l’Allemagne, et le président français devra, pour replacer notre pays au cœur du dispositif européen, aller si nécessaire jusqu’à la crise. Y est-il préparé ? Les mois qui viennent permettront de mesurer sa détermination.

Partout en Europe progressent des mouvements eurosceptiques voire europhobes. Ils ont obtenu la sécession en Grande-Bretagne, sont au pouvoir en Autriche, en Pologne, en Hongrie, possiblement en Italie, constituent respectivement les deuxième et troisième forces politiques en France et en Allemagne. La pensée politique « européenne » d’Emmanuel Macron semble singulièrement isolée…

La construction européenne a été imaginée en deux phases principales : celle d’abord de l’union économique, celle ensuite, à partir de 1973, d’une ouverture à des compétences nouvelles, notamment dans le domaine de la politique étrangère et de la défense. L’union économique peut se construire entre pays ayant, sur le plan politique intérieur, des sensibilités et des pratiques différentes, sous couvert d’un attachement de principe commun à la démocratie. L’union politique et diplomatique suppose un degré beaucoup plus élevé de convergence sur les « valeurs » et sur le fonctionnement concret du système constitutionnel des pays participants. On peut faire une union économique avec beaucoup de partenaires, mais une union politique ne peut s’envisager qu’avec peu de partenaires. L’erreur du traité de Maastricht a été de vouloir réunir les deux démarches dans une seule construction et de rassembler dans une seule maison des partenaires qui ne voulaient pas, selon les sujets, la même chose. L’élargissement aux pays de l’Est a encore aggravé la situation. On a admis au sein de l’Union, dans la précipitation, pour des raisons « morales », des pays qui n’étaient pas prêts à réaliser l’union économique telle que nous l’entendions, et qui étaient encore moins prêts à accepter les valeurs communes nécessaires à la construction de l’union politique. Il existe deux Europe, séparées par les différences d’histoires et de cultures politiques. Ce qui n’est pas pour arranger la vision et l’action européennes d’Emmanuel Macron.

Vous êtes un grand spécialiste de la diplomatie économique. Son passé professionnel, son ADN, sa pensée et ses inspirateurs politiques, enfin son passage à Bercy donnent d’Emmanuel Macron l’image d’un président en rupture avec ses prédécesseurs et plutôt pertinent dans ce domaine. La réalité correspond-elle à l’hypothèse ?

Qu’est-ce que la « diplomatie économique » ? Elle fait distinguer clairement le rôle de l’État et celui de l’entreprise. Le rôle de l’État (et donc de la diplomatie) est d’évaluer les intérêts politiques, économiques, culturels du pays dans le monde. Sur cette base, le ministère des Affaires étrangères et les ambassades apportent aux entreprises françaises un éclairage sur les situations et l’environnement des pays où elles ambitionnent d’investir ; mais ensuite, aux actionnaires et au management des entreprises - et à eux seuls - de décider de leur stratégie dans lesdits pays. Il est d’autant plus essentiel de respecter cette discipline qu’aujourd’hui la notion d’« intérêt national » est complexe à délimiter. Ainsi, ce dernier est-il de favoriser Renault, dont une partie des véhicules est fabriquée en Turquie, ou Toyota, qui investit massivement à Valenciennes ? Est-il de tout entreprendre pour aider au développement international de grandes marques « françaises » de luxe, dont les produits sont partiellement fabriqués hors de nos frontières et dont les propriétaires sont souvent installés à l’étranger ? Ce dilemme, entre la défense de l’emploi en France et la défense d’entreprises porteuses d’une image de la France mais ne participant pas à l’effort national, complique la réflexion. Tout concourt à la même conclusion. Plutôt que de se substituer aux entreprises, il faut les laisser agir. Nicolas Sarkozy et François Hollande ont commis l’un et l’autre l’erreur, pendant leurs déplacements en Chine, de bousculer les dirigeants d’entreprise qui les accompagnaient, pour que ceux-ci signent des contrats prématurés ou risqués. Lors de son voyage en Chine début janvier, Emmanuel Macron a heureusement rompu avec ces pratiques, s’abstenant d’interférer dans les négociations menées par les industriels.

Justement, son savoir-faire en matière nucléaire constitue un élément clé de la stratégie diplomatique de la France. Les vicissitudes financières, judiciaires et technologiques d’Orano (ex-Areva) - qui pénalisent l’ensemble de la filière nucléaire française - l’affectent-elles significativement ?

C’est incontestable. Pourquoi, à l’origine, la Finlande a-t-elle jeté son dévolu sur l’EPR plutôt que sur la technologie russe ? Parce qu’il s’agissait d’un projet franco-allemand. La technologie de l’EPR devait beaucoup aux ingénieurs de KWU, c’est-à-dire de Siemens, fort prisés à Helsinki. Nicolas Sarkozy a tout entrepris pour que Siemens sorte du capital d’Areva, et nous nous sommes retrouvés seuls à porter le projet, face à des Finlandais un peu surpris et certainement amers. Nos divisions internes ont fait le reste. La guerre entre Areva et EDF, notamment sur les projets chinois, s’est développée, et EDF a peu à peu conçu, contre Areva, une stratégie d’alliance avec les partenaires chinois, qu’elle a amenés avec elle sur les projets britanniques. L’éclatement d’Areva, qui a payé les erreurs de gestion d’Anne Lauvergeon, laisse la place libre à une EDF aujourd’hui fortement liée à la Chine. Et en même temps, sur la partie conventionnelle des centrales, Alstom, également démantelé, a cédé ses turbines à General Electric plutôt qu’à Siemens, Une grande ambition européenne s’est évanouie.

Au-delà du nucléaire, comment jugez-vous les premiers pas d’Emmanuel Macron dans cette Chine culturelle, politique, diplomatique que vous connaissez si bien ? La visite qu’il a effectuée en janvier dernier annonce-t-elle un changement profond ou simplement cosmétique des rapports de la France avec Pékin ?

Un simple souvenir. C’était lors du Sommet du G20 à Hangzhou, en 2016. Sur la photo officielle, qui posait aux côtés de Xi Jinping ? Le représentant de la France, qui fut avec éclat le premier grand pays occidental à tendre la main et à sortir la Chine de son isolement ? Non. Le président chinois était entouré d’Angela Merkel, de Recep Tayyip Erdogan et de Vladimir Poutine. François Hollande étant relégué plus loin. Le président français, m’a-t-on rapporté, en avait été blessé. Voilà la réalité dont hérite Emmanuel Macron. La France vue de Pékin pèse peu. Et elle est seule. Elle n’a pas su établir avec l’Allemagne, l’Italie, la Grande-Bretagne (qui reste, malgré le Brexit, un membre important de notre famille) le « pacte européen » qui nous permettrait de peser, ensemble, dans ce très grand pays.

Emmanuel Macron peut-il rétablir la situation ? Pour l’heure, sa politique à l’égard de la Chine n’est pas lisible. Le voyage officiel qu’il a effectué en janvier était une prise de contact - généreusement couverte dans la presse française, au contraire de la presse chinoise. Il faudra de la part du nouveau président des paroles fortes, des actes concrets, des initiatives visibles, pour que les Chinois renouent avec la France un vrai dialogue stratégique.

Les propos d’Emmanuel Macron lors de ce premier déplacement laissent toutefois quelques raisons d’espérer : son attitude, donc, sur le dossier nucléaire ; son intention annoncée de mieux contrôler les investissements chinois dans les secteurs stratégiques ; sa prudence sur le projet des « nouvelles routes de la soie » dans lequel il a choisi, malgré les conseils de certains, de ne pas se précipiter, attendant que les modalités de mise en œuvre et les modalités de financement soient mieux connues. Tout cela reflète une lucidité, utile pour dialoguer sereinement avec Pékin.

Le tour de force constitutionnel de Xi Jinping, dorénavant « autorisé » à régner sans limite au-delà de son mandat actuel, peut-il modifier la stratégie diplomatique de la France à l’égard de la Chine et de ses autres partenaires ?

L’objet de la diplomatie est de servir l’intérêt du pays. La France ne peut définir son action extérieure en fonction des évolutions politiques ou constitutionnelles de ses partenaires. Elle doit considérer d’abord l’importance stratégique de chacun des États avec lesquels elle traite, son influence, ses poids économique, démographique, militaire, scientifique, culturel. Le Général de Gaulle s’est fixé cette règle de conduite dans les affaires internationales : la Chine est et restera, quel que soit son régime, un grand partenaire, parmi d’autres, dans un univers multipolaire.

Or si la France a vu son influence décliner au cours des dernières années, c’est parce qu’elle a cessé de pratiquer ce jeu multipolaire, pour se ranger, comme au temps de la guerre froide, dans « un » camp. En se laissant entraîner dans la douteuse opération de « pacification » en Afghanistan, en réintégrant les structures militaires de l’Otan, en suivant plus souvent que nécessaire les initiatives de Washington, en s’amarrant à des « coalitions occidentales » mal définies, la France a renoncé à faire jouer à l’Europe un rôle spécifique. Et la voici aujourd’hui, en Corée ou ailleurs, enchaînée aux initiatives erratiques du président américain… Le retour à une véritable détente sur la planète passe par la reconstitution d’un monde véritablement multipolaire, dont l’Europe doit être un pilier essentiel.

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