Archive pour la Catégorie 'environnement'

Changement d’heure : un rituel idiot et nuisible à la santé

Changement d’heure : un rituel idiot et nuisible à la santé

Non seulement le changement d’heure ne permet pratiquement aucune économie d’énergie mais il est néfaste pour la santé. Il faut être un technocrate pour penser le contraire en matière d’énergie. Ce qui est économisé le matin est dépensé le soir et inversement. C’est un peu comme si on décidait de raccourcir les mois d’une journée pour réduire la consommation mensuelle !

Des études récentes montrent que l’avancement de l’heure au printemps (qui retarde la sécrétion de la mélatonine – l’hormone du sommeil) peut réduire le temps de sommeil de façon transitoire, et ainsi augmenter le nombre et la gravité des accidents cardiaques pendant au moins 7 jours après le changement d’heure et augmenter la fréquence des accidents du travail et de la circulation. Selon le Dr Marc Schwob: « Changer d’heure provoque entre autres des troubles du sommeil et de l’attention. Les enfants et les personnes âgées sont particulièrement touchés et mettent environ une semaine pour s’adapter aux nouveaux horaires ». Au-delà de la phase transitoire d’adaptation au nouvel horaire, le coucher du soleil tardif en été peut rendre l’endormissement plus difficile. 54 % Selon un sondage OpinionWay pour Comprendre Choisir, les Français seraient majoritairement contre cette pratique du changement d’heure (54 %), contre un peu moins d’un sur cinq favorables (19 %) et un peu plus d’un sur quatre indifférents (27 %). Ils ignorent notamment que cela leur permet des économies (59 %) et mettent en avant un impact négatif sur « le sommeil, l’alimentation ou l’humeur » (75 %). Ce dernier constat est régulièrement appuyé par des études sur l’impact du changement d’heure dont une réalisée par la Commission européenne, qui écrit que « la santé peut être affectée par le changement de biorythme du corps, avec de possibles troubles du sommeil et de l’humeur ». En 2008, une étude suédoise publiée dans le New England Journal of Medicine, s’appuyant sur des statistiques du pays entre 1987 et 2006, constatait elle « une augmentation statistiquement significative du risque de crise cardiaque » dans la semaine suivant le changement d’heure, notamment celui d’été. La baisse de consommation d’éclairage pourrait être compensée par l’augmentation des besoins de chauffage le matin au début du printemps. Un rapport de l’École des Mines de 1992 concluait cependant à un effet minime (< 0,1 TWh pour la France). La généralisation des lampes plus économes en énergie (les lampes fluocompactes et plus récemment les lampes à LED) réduit l’économie d’énergie permise par le passage à l’heure d’été. Une étude portant sur l’État de l’Indiana conclut que la faible économie d’énergie réalisée sur l’éclairage est très largement compensée par une utilisation accrue de la climatisation. Le supplément d’énergie consommée est estimé dans ce rapport d’environ 2 à 4 %. Un rapport remis au Sénat français en 1997concluait : « Il ressort de l’ensemble de cette étude que les avantages annoncés ou attendus du changement semestriel de l’heure ne sont pas suffisamment importants pour compenser les inconvénients ressentis par les populations », en particulier en ce qui concerne la santé publique, les conditions de travail et les modes de vie, l’agriculture, la protection de l’environnement et la sécurité routière.

Plastiques : 9 % seulement recyclés

Plastiques : 9 % seulement recyclés

180 pays sont réunis depuis mardi 5 août à Genève (Suisse) pour tenter de rédiger le premier traité mondial qui s’attaque au fléau. Voici quelques repères en chiffre qui illustrent l’ampleur et l’urgence de la tâche.( Franceinfo).

Omniprésent sur notre planète, rien ne semble freiner la course folle du plastique, plus produit que jamais. Une croissance vertigineuse : en 1950, on en fabriquait 2 millions de tonnes à l’échelle mondiale. En 2022, c’est 475 millions de tonnes. Si rien n’est fait, la production pourrait dépasser en 2060 le milliard de tonnes selon les projections.

Une fois utilisés, que deviennent les plastiques ? Dans le monde, 9 % d’entre eux seulement sont recyclés. Près de la moitié est enfouie dans des décharges, 19 % incinérés. Le reste, soit 22 % des plastiques, se retrouve dans la nature, particulièrement dans nos océans. Chaque minute en moyenne, l’équivalent d’un camion poubelle de plastique est déversé, soit 15 tonnes par minute.

Avec des conséquences directes pour notre santé. Ces plastiques sont produits à partir de nombreuses substances classées hautement dangereuses. À chaque étape de leur cycle de vie, elles peuvent favoriser des maladies graves : cancers, diabètes. Pour un coût faramineux, car les dépenses mondiales de santé liées à ces pathologies s’élèvent à 1 300 milliards d’euros chaque année.

Changement climatique : s’adapter

Changement climatique : s’adapter

Face au changement climatique, l’urgence ne réside pas uniquement dans la réduction des émissions. Si atténuer est essentiel, s’adapter l’est tout autant. Les experts du GIEC soulignent la nécessité d’une approche double, combinant prévention globale et résilience locale. Ignorer l’adaptation reviendrait à s’exposer à des catastrophes évitables. Par Stéphanie Heng, politologue et experte en communication et Alban de la Soudière, polytechnicien, fonctionnaire international émérite dans la Tribune

Le changement climatique n’est ni l’unique ni le plus urgent des problèmes planétaires auquel l’humanité doit faire face. La pandémie l’a amplement démontré et il n’y a aucune tentative de négationnisme à le rappeler. Ce changement, causé par l’homme et ses émissions de gaz à effet de serre depuis le début de l’ère industrielle, est cependant un des grands défis des décennies à venir. La réduction de nos émissions est évidemment nécessaire, et donc à terme l’arrêt de l’usage des fossiles carbonés comme sources d’énergie, mais l’adaptation est également indispensable pour diverses raisons. Il est essentiel de ne pas la négliger, d’autant plus qu’elle est directement profitable à coup sûr au pays qui l’entreprend, car elle a des effets surtout locaux et à court terme, contrairement à la réduction des émissions qui n’a que des effets globaux et plutôt sur le long terme.

L’adaptation au changement climatique en complément de la réduction des émissions est pleinement soutenue par les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). La raison principale tient dans un mot scientifique plutôt barbare pour les non spécialistes : hystérésis ! Cela signifie simplement que le changement climatique continuera pendant de longues années même après l’arrêt des émissions, parce que les gaz à effet de serre d’origine humaine (principalement dioxyde de carbone CO2 et méthane CH4) ont une durée de vie longue dans l’atmosphère. Compte tenu de nos émissions récentes et de celles futures que ne pourront éviter les pays en développement pour combler leur écart avec nous (ce qu’il serait inutile sinon immoral de blâmer), une partie significative du changement climatique devient inévitable sinon irréversible.

L’adaptation apparaît ainsi comme une réelle nécessité pour gérer les impacts inévitables et protéger les populations vulnérables. Selon le GIEC, même en limitant le réchauffement à 1,5 °C ou 2 °C ce qui devient de moins en moins probable, des évènements climatiques extrêmes comme vagues de chaleur, sécheresses ou encore inondations deviendront plus fréquents et plus sévères. Les stratégies d’adaptation doivent être flexibles et basées sur les dernières connaissances scientifiques. Beaucoup de mesures peuvent avoir des effets quasi-immédiats et locaux, renforçant la résilience des communautés : il s’agit, entre autres, de l’amélioration des infrastructures, de la gestion durable des ressources en eau ou encore de la protection des écosystèmes. Des catastrophes comme les inondations à Valence (Espagne) ou les incendies au voisinage de Los Angeles (Californie) auraient eu des conséquences bien moins graves si plus de mesures préventives d’adaptation avaient été mises en œuvre. Les zélotes de la lutte climatique qui voudraient privilégier la réduction des émissions sur l’adaptation sous prétexte que la seconde nous fait « gaspiller » des ressources au détriment de la première doivent reprendre leurs esprits : nous avons absolument besoin des deux.

Le GIEC recommande une approche intégrée en insistant sur la complémentarité entre atténuation et adaptation. Si l’adaptation constitue une réponse pragmatique aux impacts déjà observables du changement climatique, l’atténuation par réduction des émissions vise à limiter l’ampleur du changement climatique à terme. Mettre en œuvre les deux stratégies simultanément permet de réduire les risques tout en protégeant les populations et les écosystèmes.

De plus, investir dans l’adaptation présente des avantages financiers non négligeables : chaque dollar investi dans l’adaptation peut générer des bénéfices multiples en réduisant les pertes économiques liées aux catastrophes climatiques, tout en bénéficiant d’abord à l’économie locale.

Cerise sur le gâteau, l’adaptation contribue par ailleurs souvent à la réalisation d’autres objectifs de développement humain, comme la réduction de la pauvreté, l’amélioration de la santé ou la sécurité alimentaire. N’oublions jamais que le développement « durable », y compris la défense de l’environnement et du climat, n’est qu’un moyen au service du développement « humain ». Il ne s’agit pas de « sauver la planète », qui s’en sortira avec ou sans nous, mais de maintenir sur cette planète des conditions qui permettent à l’ensemble de l’humanité d’y vivre convenablement dans la durée.

Pollution plastique : pour un tournant historique

Pollution plastique : pour un tournant historique

Après l’échec des négociations à Busan, Genève accueille une session cruciale pour tenter d’arracher un traité mondial contre la pollution plastique. Face à l’urgence sanitaire, climatique et économique, les États doivent choisir : perpétuer un modèle toxique ou initier une transformation radicale. Par Maxime Dupont, cabinet Bartle (*) dans la « Tribune »

Après l’échec des discussions à Busan en Corée fin 2024 du Comité de négociation intergouvernemental (INC-5) et l’incapacité des états à prendre des engagements forts pour réduire la pollution plastique, tous les regards sont tournés vers Genève où se tiendra entre le 5 et 14 août une nouvelle session de négociations pour espérer arracher un traité international ambitieux.

Il s’agit sans doute de l’ultime opportunité de renverser la table pour les états et de marquer un tournant historique. Face à l’urgence climatique et sanitaire, entre enjeux économiques et blocages politiques, l’heure est arrivée d’éviter un traité vide de sens.

Nous n’avons jamais produit autant de plastique, malgré les alertes des scientifiques. Nous produisons plus de 460 millions de tonnes de plastique chaque année, deux fois plus qu’il y a 20 ans et un volume qui pourrait tripler d’ici 2060. Plus de 260 millions de tonnes deviennent immédiatement un déchet. Moins de 10 % du plastique produit est recyclé dans le monde, le reste étant enfoui, brûlé ou simplement « jeté ».

En plus des déchets, nombre d’études scientifiques ont montré à quel point le plastique est toxique pour nos organismes et se retrouve absolument partout dans notre vie, notre organisme, jusqu’à notre cerveau. Environ 15 000 molécules composent ces plastiques, dont la plupart sont peu connues, et presque 5 000 dont on sait qu’elles dérégulent nos hormones et nos organismes (les perturbateurs endocriniens).

Et tout ça coûte très cher, entre 2 200 et 3 700 milliards de dollars par an en tenant compte de la pollution marine, du climat, des maladies générées, de la pollution des sols, de l’utilisation de l’eau, de la pollution de l’air, du désaménagement du territoire, de la perte de services écosystémiques marins, etc.

À l’inverse, le potentiel économique des alternatives est immense : réemploi, consigne, matériaux biosourcés… Ce marché pourrait générer plusieurs centaines de milliards de dollars et beaucoup d’emplois (300 000 en Europe selon le Bureau européen de l’environnement) si les États envoient un signal clair !

Et si la solution était simplement le recyclage?
C’est prolonger une fiction que d’imaginer que les capacités de recyclage absorberont 100 % de la production de déchets plastique. Elles augmentent significativement, mais moins vite que la production ou la complexité de fabrication des plastiques. Les projections les plus fiables ne permettent pas d’imaginer un taux de recyclage au-delà de 12 % à horizon 2060 dans le monde. Il faut néanmoins continuer d’investir massivement et soutenir les filières de recyclage (un besoin estimé à 32 milliards de dollars dans le monde d’ici 2040). Le recyclage est nécessaire, mais il ne s’attaque qu’aux symptômes.

Le vrai tabou de la réduction de la production et le blocage des états producteurs de pétrole

Plusieurs camps s’opposent, pour ne pas dire « s’affrontent », avec des visions du monde à ce jour irréconciliables, chacun y allant de son paquet de solutions visant à réduire la pollution plastique — mais surtout continuer à défendre leurs intérêts.

Or, vous n’êtes pas sans savoir que le plastique est composé à 99 % de pétrole. Les pays producteurs n’ont que peu d’intérêt à voir le niveau de production réduire, c’est une telle manne financière (on parle d’un marché de 1 000 milliards de dollars par an), qu’ils bloquent systématiquement toute volonté d’encadrement d’une réduction contrôlée de la production (Russie, Arabie Saoudite, États-Unis). D’autres pays occidentaux y trouvent un intérêt industriel en milieu de chaîne et sont dans un « ni-ni » complice.

De l’autre côté, un nombre grandissant de pays veulent s’attaquer au fléau (plus d’une centaine a priori). Ils sont les « perdants » du business du plastique, voire même les « victimes ». Ils sont conscients du problème, conscients des solutions possibles, inexplorées, rêvant d’une place à jouer dans ce modèle de demain.

Des propositions concrètes pour un traité crédible. Ces grandes réunions et négociations ont malheureusement déjà déçu. Afin de ne froisser personne, le niveau d’ambition est souvent très consensuel pour convenir à tout le monde. C’est déjà un indicateur qu’on tape à côté. Nous n’insufflerons pas de changement systémique majeur sans froisser 2-3 états rentiers d’un modèle qui marche sur la tête.

Il faut absolument rentrer avec un traité qui adressera le sujet « réduction de la production » sinon ça ne sert presque à rien d’y aller. Rappelons-nous qu’augmenter les taux de recyclage et réduire la toxicité des plastiques sont de bonnes solutions qui fonctionnent mécaniquement par la réduction de la production. Il est vraiment question aujourd’hui de renverser la table : les grands gagnants sont ceux qui polluent massivement, cette asymétrie dans le partage des responsabilités et des coûts ne peut plus durer.

La réduction de la production de plastique n’est qu’un point de départ
Nous avons besoin d’un traité avec un objectif clair et ambitieux de réduction de la production de plastique vierge d’ici 2030 et 2050. Une fois que cette ambition est actée, il faudra veiller à sa ratification large et rapide, il faudra convaincre dans chacun des états, il faudra même créer des alliances d’états qui souhaitent avancer plus vite que d’autres (et ce hors lobbys industriels), combinant scientifiques, citoyens, élus.

Viendront ensuite des mesures plus précises, mais tout autant impactantes : l’interdiction progressive des plastiques toxiques, non recyclables, un moratoire sur les nouveaux sites pétrochimiques, la définition collectivement de nouveaux usages — l’interdire là où il est inutile, revenir à des usages et une présence raisonnée du plastique dans nos quotidiens (santé, hygiène, alimentation, etc.)

Il faudra s’en donner les moyens, il faudra assurer un soutien massif aux autres solutions (au recyclage, au réemploi), jouer du levier fiscal pour aider et inciter.

Au-delà du sujet du climat qui est majeur, il est important de rappeler que les entreprises ont besoin de visibilité et de lisibilité pour se mettre en ordre de bataille. Comme je le dis souvent, le temps du politique n’est pas celui de l’entreprise : les dirigeant(e)s ont besoin d’une vision claire pour engager les transformations et réaliser les investissements nécessaires.

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(*) Maxime Dupont travaille depuis une douzaine d’années dans le conseil, avec une expertise des transformations « à impact » des entreprises : décarbonation, économie circulaire, biodiversité, résilience climatique, stratégie ou innovation. Ayant intégré Bartle en 2018, il est aujourd’hui Directeur en charge des équipes et enjeux « impact & durabilité » pour le cabinet. Il travaille pour une diversité d’organisations implantées au cœur des territoires sur des sujets de stratégie à impact.

Environnement-Loi Duplomb : pour une critique rationnelle

Environnement: Loi Duplomb : pour une critique rationnelle » Rubio

Face au débat soulevé par la loi Duplomb, Christophe Madrolle, président de l’UCE et conseiller régional Sud, et Raphaël Rubio, secrétaire général de l’association Egali-terre, proposent de redéfinir les cadres d’expression démocratique par la création d’un Défenseur de l’environnement.

par Christophe Madrolle, président de l’UCE et conseiller régional Sud, et Raphaël Rubio, secrétaire général de l’association Egali-terre.
Christophe Madrolle, président de l’UCE et conseiller régional Sud, et Raphaël Rubio, secrétaire général de l’association Egali-terre dans La Tribune.

« La démocratie ne peut fonctionner que si elle est soutenue par la raison », avertissait, il y a 20 ans, Jürgen Habermas, dans son ouvrage « Entre naturalisme et religion ». En ce sens, le philosophe posait un objectif, ou plutôt une exigence : « dépasser, écrivait-il, les passions partisanes pour construire un débat public éclairé et équitable.»

La récente loi Duplomb cristallise ces mêmes passions. Il est vrai que l’adoption assez expéditive du texte a pu être assimilée à un véritable « hold-up ». Son rapporteur, probablement mû par une frilosité excessive, est allé jusqu’à déposer une motion de rejet préalable. La volonté était claire : contourner le millier d’amendements déposés par les opposants. Dans cette perspective, le peuple passe à l’action. Une étudiante de 23 ans — presque une enfant — prend des airs de « Jeanne d’Arc » et rétablit, d’un trait, la légitimité de la parole démocratique. Une pétition circule, la discussion s’ouvre, la France s’engage sur le chemin d’une sorte de « guerre juste ». Le narratif paraît parfait. Une nation adulte, vent debout, réinvente sous nos yeux l’exercice de la liberté.

Et pourtant. Une analyse attentive permet de mesurer combien une série de mythes structure cette « belle histoire ». Le plus dangereux d’entre eux semble être celui de l’empoisonnement. Ce dernier est marqué par des accusations contre des groupes marginalisés ou plus récemment contre des élites perçues comme intrinsèquement malveillantes. Dans ce contexte, une angoisse similaire traverse les anti-vax et les adversaires les plus acharnés de la loi Duplomb. Tandis que les premiers assimilent les vaccins à des vecteurs de maladies ou de contrôle, les autres accusent les autorités de promouvoir des pesticides pour intoxiquer les « honnêtes gens ». Ces mouvements, bien que distincts, traduisent une crainte commune : celle de la dégénérescence. La chair du peuple, à savoir son corps symbolique, devient alors un objet politique à part entière.

Le phénomène est inquiétant. Le mélange entre « grande peur », mythe invérifiable et menace existentielle peut conduire au pire. À cet égard, il est pour nous hors de question de participer à la dévalorisation du débat public. Depuis trop longtemps, une espèce d’irrationalité colle à la peau des écologistes : méfiants envers la science, technophobes, tenants d’un naturalisme vaguement romantique, les Verts alimentent à plus soif un discours factieux, qui, in fine, se retournera contre eux !

Le mélange entre « grande peur », mythe invérifiable et menace existentielle peut conduire au pire.
La loi Duplomb, certes, est critiquable. Sa remise en cause doit toutefois être réalisée sur des bases rationnelles. Nous refusons ainsi le déploiement d’une agriculture intensive. Écologistes pragmatiques, nous désirons un système neuf, susceptible de garantir un revenu décent aux exploitants tout en préservant les sols, les ressources hydriques et la santé des consommateurs. Par ailleurs, la facilitation des mégabassines ou encore l’assouplissement des normes environnementales sont inacceptables.

Bien évidemment, la réintroduction dérogatoire de l’acétamipride, un néonicotinoïde interdit depuis 2018, constitue, à nos yeux, une menace contre les pollinisateurs.

En réalité, les questions du partage de l’eau ou de l’élevage industriel sont trop sérieuses pour être traitées au détour d’une proposition parlementaire dont les débats ont été réduits à portion congrue.

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Des champignons pour en finir avec les pesticides

Plus profondément, la loi Duplomb devrait être l’occasion de redéfinir les cadres d’expression démocratique. Comment dépasser les crispations partisanes et établir un équilibre entre science, société civile et travail des élus ? Une piste devrait être envisagée : la création d’un Défenseur de l’environnement.

Proposée dès 2018 par Cécile Muschotti, ancienne députée LREM du Var, cette initiative répond à l’urgence d’une écologie rationnelle.

Un Défenseur de l’environnement serait pertinent, et ce pour plusieurs raisons : il permettrait, tout d’abord, d’éteindre les fantasmes complotistes et de favoriser un dialogue factuel entre élus, scientifiques et société civile.

Il pourrait ensuite, en s’appuyant sur la Charte de l’environnement de 2005, arbitrer les conflits entre productivité agricole et préservation écologique. Nous imaginons de plus une mutualisation des instances existantes (Commission nationale du débat public, Médiateur de l’énergie), de façon à offrir un guichet unique capable de garantir la concertation.

Écologie et démocratie sont indissociables. La valeur de la parole rationnelle, libre, et structurée dans des espaces de citoyenneté apaisées doit, coûte que coûte, être renforcée.

Tel est, précisément, le sens de notre combat.

« Marxisation de l’écologie »

La montée en puissance du changement climatique, accentuée par la canicule européenne de 2025, met à mal la cohésion des partis écologistes européens. Alors que la science avertit de graves conséquences, la radicalisation idéologique complique la transition écologique et divise les forces politiques. Par Eric Muraille, Philippe Naccache, et Julien Pillot (*) dans la Tribune

Il aura fallu que l’Europe soit traversée par un épisode caniculaire aussi intense que précoce pour que l’attention médiatique se porte de nouveau sur la menace du changement climatique. Enfin, serait-on tenté de dire, alors que vient d’être dressé le constat qu’il sera désormais impossible de satisfaire aux accords de Paris. Or, si l’on se fie au rapport Copernicus, une hausse des températures moyennes mondiales de +2°C serait synonyme de réchauffement moyen de +4°C pour le Vieux Continent.

Les funestes conséquences en matière de productivité, de santé publique, de disponibilité de ressources (notamment agricoles), de vitalité et diversité des écosystèmes ou de coûts imputables à la recrudescence d’événements extrêmes devraient, selon toute logique, faire du financement de la transition une priorité stratégique et de l’écologie une cause fédératrice et populaire. Au lieu de ça, les partis écologistes reculent (presque) partout en Europe et, avec eux, les projets en lien avec la transition. Nous soutenons qu’une partie du problème réside dans l’idéologie d’inspiration marxiste que véhiculent certains des responsables et militants écologistes les plus radicaux et les plus bruyants.

Car si les écologistes européens sont divisés en deux grands courants, force est de constater que les tenants d’une ligne (post)marxiste ont gagné la guerre de l’image les opposant aux libéraux réformistes. Ce qui a pour effet de diluer le discours environnemental dans un substrat de propos radicaux, profondément anticapitalistes, qui a la fâcheuse tendance à analyser le dérèglement climatique sous le prisme du décolonialisme et de l’affrontement entre l’Occident, présenté comme responsable du changement climatique, et un Sud global, qui en serait la victime.

Dans ce contexte, il n’est guère surprenant que l’activiste climatique Greta Thunberg se donne en spectacle sur le voilier Madleen, que les responsables des partis écologistes Français ou Belge se soient à ce point répandus sur la cause palestinienne, ou que le très controversé militant suédois Andreas Malm puisse rendre « l’entité sioniste » coupable de la destruction des écosystèmes de la Méditerranée devant un public conquis d’avance. Nous conviendrons qu’associer la lutte contre le changement climatique à des conflits territoriaux, politiques et religieux de cette nature n’est peut-être pas la meilleure stratégie pour créer du consensus face au changement climatique…

L’influence des courants (post)marxistes dans les partis écologistes européens se traduit également par un rejet du caractère universaliste de la science. Un comble alors que la science, non seulement joue un rôle fondamental dans la lutte contre le changement climatique, mais aussi pour fournir des modèles et prévisions ayant pour objet d’alerter les décideurs publics et les populations quant au risque climatique ou encore l’état et les conséquences des dégradations environnementales. Se défier de la science, c’est l’assurance de rendre (encore plus) impopulaires, et surtout inefficaces, des mesures en faveur de la transition. C’est pourtant bien la ligne de la députée Sandrine Rousseau, prompte à présenter la science moderne comme un outil de la domination patriarcale et occidentale. C’est ainsi que dans son manifeste « Par‑delà l’androcène », elle plaidait pour une pluralité épistémologique contre l’hégémonie du savoir occidental moderne tout en présentant « l’homme occidental cisgenre » comme le principal responsable de de la dégradation de l’environnement. Ou qu’elle pouvait déclarer en 2021 que « le monde crève de trop de rationalité, de décisions prises par des ingénieurs. Je préfère des femmes qui jettent des sorts plutôt que des hommes qui construisent des EPR. ».

Cette approche féministe et décoloniale, d’inspiration marxiste, ajoute un clivage homme-femme au clivage Nord-Sud et entraine une communautarisation de la science en niant son universalité, ce qui nous prive d’une base consensuelle à partir de laquelle des politiques publiques peuvent être discutées et élaborées

Dans les urnes, avantage aux courants libéraux réformateurs
Si la radicalité paye sur le plan médiatique, le verdict des urnes est sans appel : les partis écologistes reculent partout où leurs représentants ont succombé à la radicalité ! Aux élections européennes, EELV est passé de 13,48% en 2019, lorsqu’elle incarnait avec Yannick Jadot une écologie libérale et réformiste, à 5,5% en 2024 après avoir pris un tournant plus radical, altermondialiste, décoloniale et anticapitaliste avec Marie Toussaint. Même scénario en Belgique où le parti Ecolo, qui s’est engagé dans les luttes antiracistes et décoloniales et à fortement milité en faveur de la cause palestinienne, est passé aux élections législatives de 6.14% en 2019, à 2.93% en 2024. A l’inverse, sur la même période, des Pays-Bas au Danemark, les partis écologistes réformistes ont maintenu, voire amélioré, leurs scores.

Étrangement, présenter l’homme occidental – comme le « mal » absolu ne fait pas recette. Pas plus que verser dans un récit décolonial n’a aidé à faire converger les positions lors des précédentes COPs où les discussions achoppent souvent sur les aides et les dédommagements que devraient fournir l’Occident aux anciens pays colonisés…

Associer plutôt que diviser !
Loin de servir la cause qu’elle entend défendre, la marxisation de l’idéologie écologique multiplie les divisions autant qu’elle s’en nourrit : entre le Nord et le Sud, les hommes et les femmes, les capitalistes et les altermondialistes. Elle ose même présenter la science comme un outil de domination et entretenir le mythe d’une action climatique via une révolution anticapitaliste menée par le Sud global, celui-là même qui est avide de croissance, alimente la pression démographique comme celle sur les ressources, et n’est pas étranger à la pollution aux hydrocarbures ou au plastique. Si on ajoute au tableau les appétits impérialistes Russes, Américains ou Chinois, l’avenir n’est clairement pas à l’utopie altermondialiste et aux discours moralisateurs et clivants. Cela ne pourra qu’accentuer le rejet de l’écologie politique, au moment où nous en avons le plus besoin.

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(*) Eric Muraille, Biologiste, Immunologiste, DR F.R.S.-FNRS, Université Libre de Bruxelles

Philippe Naccache, Enseignant-chercheur en Sustainability, Inseec Grande Ecole (Groupe Omnes Education)

Julien Pillot, Economiste, enseignant-chercheur, Inseec Grande Ecole (Groupe Omnes Education)

Coût des catastrophes climatiques jusqu’à 5% du PIB en 5 ans

Coût des catastrophes climatiques jusqu’à 5% du PIB en 5 ans

Les catastrophes climatiques pourraient coûter jusqu’à 5% du PIB de la zone euro d’ici 2030, alerte la BCE dans une note de blog publiée mardi 8 juillet.

Un tel choc viendrait rogner les prévisions de croissance du Fonds monétaire international (FMI) pour la région économique, qui servent aujourd’hui de scénario de référence, précise l’institution de Francfort. Pour parvenir à cette estimation, la BCE s’est appuyée sur plusieurs scénarios, du pire au plus favorable, émis par le réseau NGFS – une coalition de plus de 140 banques centrales et autres régulateurs qui travaillent à verdir la finance.

Météo: Un pic jusqu’à 38°

Météo: Un pic jusqu’à 38°

A partir du jeudi 19 juin, les températures vont grimper dans les départements de la façade Atlantique, prévient Météo-France. Ces fortes chaleurs se généraliseront au reste du territoire vendredi et samedi, journée qui devrait « constituer le pic de cet épisode, notamment [dans l'ouest de la France] avec des valeurs qui seront fréquemment situées entre 34 et 37°C, voire 38°C » d’après Météo France

Les députés macronistes contre la suppression des ZFE

Les députés macronistes contre la suppression des ZFE

Les députés du groupe macroniste Ensemble pour la République (EPR) ont choisi de voter mardi contre le projet de loi de «simplification» qui prévoit notamment la suppression des zones à faibles émissions (ZFE). Samedi, Les Républicains et le Rassemblement national ont notamment fait adopter la suppression des ZFE, avec des voix du bloc central et de La France insoumise, opposées à la façon dont ce dispositif est appliqué sur le territoire.

Les feux de forêts progressent encore au Canada

Les feux de forêts progressent encore au Canada


Le Canada connaît une saison des feux de forêt précoce et extrême avec déjà plusieurs mégafeux actifs. Et ces derniers dévorent les terres à un rythme hors du commun, puisque 3,5 millions d’hectares sont déjà partis en fumée, soit un peu plus que la superficie de la Belgique.

Quelque 225 feux sont actuellement actifs dans le centre et l’ouest du pays, et plus de 30.000 personnes ont déjà dû être évacuées. Et les incendies de forêt risquent de s’aggraver au cours des trois prochains mois, ont prévenu les autorités, en raison de la sécheresse et des températures supérieures à la normale. «Les superficies brûlées à la fin du mois de mai sont environ trois fois supérieures à la moyenne sur dix ans pour cette période de l’année», a observé Bill Merryfield, chercheur pour le ministère de l’Environnement. Une intensité qui rappelle l’été 2023, qui fut apocalyptique avec près de 18 millions d’hectares brûlés, selon les chiffres actualisés du Centre interservices des feux de forêts du Canada (Ciffc).

Selon les données des autorités, la plupart des incendies sont déclenchés par les activités humaines, le plus souvent de façon accidentelle dans un environnement très sec.

Nice- Un indispensable sommet mondial sur l’océan

Nice- Un indispensable sommet mondial sur l’océan


La troisième Conférence des Nations unies sur l’océan se tiendra à Nice, du 9 au 13 juin, en présence de 60 chefs d’Etat ou de gouvernement, sans les Etats-Unis. Même si les objectifs paraissent modestes, cette conférence doit permettre d’entretenir la mobilisation en faveur d’une cause qui concerne l’humanité tout entière. ( Le Monde)

La protection de l’environnement est devenue, en quelques mois, la cible de tant d’attaques que le simple fait que la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC) puisse réunir près de 60 chefs d’Etat ou de gouvernement à Nice, du 9 au 13 juin, mérite d’être salué. Après l’accord obtenu en novembre 2024 à Bakou, lors de la 29e Conférence des parties (COP) sur le climat, puis celui produit lors de la COP consacrée à la biodiversité à Rome, fin février, cette résistance d’un multilatéralisme, lui aussi en crise, se vérifie une nouvelle fois.

Elle doit néanmoins être tempérée par les objectifs de cette conférence, bien modestes au regard de tout ce qui fragilise le poumon bleu de la planète, ce puits de carbone qui absorbe de 25 % à 30 % du CO2 émis par les activités humaines. Les maux sont connus : acidification sous l’effet du réchauffement climatique, pollutions multiples, surpêche, pour n’en citer que quelques-uns.

Contrairement à une COP sur le climat, l’UNOC ne va pas, en effet, se conclure par un accord permettant de mesurer le degré d’engagement des pays participants dans la préservation des océans. Cette conférence doit permettre avant tout d’entretenir la mobilisation en faveur d’une cause qui concerne l’humanité tout entière.

La France va tenter à cette occasion de faire avancer la ratification en souffrance du traité sur la haute mer, adopté en 2023, et qui se donne pour mission la protection de la biodiversité dans les eaux internationales. Le volontarisme des participants sur la question de la protection des aires marines protégées au sein des zones économiques exclusives, sur lesquelles les Etats côtiers exercent des droits souverains, sera également scruté.

Court-termisme

Une absence va lourdement peser sur la conférence. Celle des Etats-Unis, qui incarnent, jusqu’à la caricature depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, une réaction antienvironnementale. Cette dernière est nourrie par une aigreur nationaliste étriquée et par un obscurantisme revendiqué qui ambitionne de réduire au silence la science et ses constats implacables.

Au Parc des expositions de Nice, avant la Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC), le 2 juin 2025. FRÉDÉRIC DIDES/AFP
C’est d’ailleurs du bureau Ovale qu’est venue la dernière attaque en règle contre l’océan, le 24 avril, avec le paraphe d’un décret présidentiel ouvrant la voie à l’exploitation minière des grands fonds marins, au-delà des juridictions nationales. Il s’agit d’une offensive renouvelée contre la Convention des Nations unies sur le droit de la mer et contre l’Autorité internationale des fonds marins. Cet organisme, que les Etats-Unis ne reconnaissent pas, tente laborieusement d’élaborer un code minier pour les océans placés sous la pression de logiques extractivistes.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés UNOC : l’appétit croissant de l’industrie minière pour les fonds marins au menu de la conférence sur l’océan

Le court-termisme est le principal ressort des menaces dont l’océan fait l’objet. Le fléau de la pollution plastique, qui sera abordé lors de la conférence de Nice, y prend une place grandissante. Il en va de même pour le chalutage de fond, qui met en évidence le dilemme entre la nécessité de la lutte pour la préservation de la biodiversité et son coût économique et social. Ce dilemme est l’une des raisons de l’accumulation de revers essuyés par les défenseurs de l’environnement en France, au sein de l’Union européenne, comme partout dans le monde. Tenter inlassablement de le surmonter est plus que jamais impératif.

Le Monde

Océans : l’avenir de l’humanité

Océans : l’avenir de l’humanité

Alors que s’ouvre ce lundi 9 juin à Nice la troisième conférence des Nations unies sur l’océan (l’Unoc), personne ne peut s’offrir le luxe d’un énième rendez-vous manqué. À Nice, c’est l’avenir de l’humanité qui se joue, tant l’océan est aujourd’hui menacé. Cette fragilité et cette lente destruction, j’en ai été témoin l’hiver dernier lors d’une navigation en solitaire de cent quatorze jours autour du monde pendant le Vendée Globe. Les effets du changement climatique sur l’océan, je les ai ressentis en constatant chaque jour que la nature était plus imprévisible qu’elle ne l’avait jamais été. Les masses d’air au large sont de plus en plus instables, les grains plus nombreux.

par le navigateur et journaliste Fabrice Amedeo dans La Tribune

La météo ne se passe plus comme dans les livres  : j’ai vu les alizés cassés par des phénomènes dépressionnaires ou anticycloniques atypiques, les mers du Sud traversées par des dépressions terriblement violentes en plein été austral ou au contraire des zones de vent mou dans des régions où elles ne sont pas censées élire domicile. J’ai été témoin de la pollution qui est de plus présente en surface de l’océan, les chocs avec des objets flottants non identifiés ont été fréquents même à des milliers de kilomètres de toute civilisation.

J’ai vu du polystyrène flotter près du Cap Horn. J’ai traversé des essaims de bateaux de pêches chinois au nord des îles Malouines, très loin de leurs zones de pêche, tractant une bouée à 2 milles nautiques dans leur sillage (3,7 kilomètres) et un gigantesque filet qui pille l’océan de sa biodiversité en rapportant quotidiennement des milliers de tonnes de poissons à bord.

À Nice, l’ambition affichée est « d’accélérer l’action et mobiliser tous les acteurs pour conserver et utiliser durablement l’océan » en réunissant les 193 chefs d’États membres, les organisations internationales ainsi que des représentants de la société civile (ONG, scientifiques, entreprises). Réjouissons-nous que la France soit au centre du monde pour un événement qui engage l’histoire de l’humanité, mais espérons surtout des résultats.

Il faut définir des aires marines protégées qui soient de véritables sanctuaires pour la biodiversité  : aujourd’hui, ces aires couvrent officiellement 8 % des océans, mais la pêche intensive y est toujours autorisée, c’est le cas en France. Les zones réellement sanctuarisées ne couvrent que 3 % des grands espaces bleus. En atteignant l’objectif de 30 % d’ici à 2030, on sait aujourd’hui que l’on permettrait à la biodiversité de se régénérer, ce sont les scientifiques qui le disent.

Il faut réguler la pêche et notamment interdire le chalutage de fond dans ces aires. La pêche industrielle est la première cause de destruction de l’océan. Il faut aussi inciter les États-Unis à revenir sur l’autorisation récemment accordée par Donald Trump pour l’exploitation minière des grands fonds, car une nouvelle catastrophe écologique se prépare.

Le poumon de notre planète

Parce je l’ai vécu dans ma chair, parce que j’ai eu peur, parce que je n’ai cessé de penser alors à mes trois filles et à tous les écoliers que je côtoie chaque année dans le cadre d’actions de sensibilisation, j’ai la conviction que la préservation des océans mérite mieux que le manichéisme, que de déclarer la guerre au capitalisme ou aux industriels. Les politiques ne feront pas l’impasse sur un courage nécessaire et même parfois sur une certaine forme de radicalité.

Nous avons le devoir de les interpeller, de leur demander des comptes pour nous, mais plus encore pour les générations futures. « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer [...] et nous sommes indifférents. La Terre et l’humanité sont en péril, et nous sommes tous responsables. » Comme Jacques Chirac, il y a vingt-trois ans, il ne faut cesser de dire aux politiques de la planète que notre maison et ses océans brûlent, même si pour le moment la plupart d’entre eux continuent de regarder ailleurs.

L’océan est le poumon de notre planète. Il capte jusqu’à un tiers de nos émissions de CO2, il est vital pour lutter contre le changement climatique, il a déjà capté 90 % des excédents de chaleur produits par l’humanité. Sans lui, la planète ne serait d’ores et déjà plus vivable. À Nice, nos dirigeants doivent prendre des engagements forts pour l’océan, pour sa biodiversité, pour le climat, pour notre planète, pour notre avenir. À Nice, nos dirigeants ont rendez-vous avec l’histoire de l’humanité.

Nice- Un indispensable sommet mondial sur l’océan

Nice- Un indispensable sommet mondial sur l’océan


La troisième Conférence des Nations unies sur l’océan se tiendra à Nice, du 9 au 13 juin, en présence de 60 chefs d’Etat ou de gouvernement, sans les Etats-Unis. Même si les objectifs paraissent modestes, cette conférence doit permettre d’entretenir la mobilisation en faveur d’une cause qui concerne l’humanité tout entière. ( Le Monde)

La protection de l’environnement est devenue, en quelques mois, la cible de tant d’attaques que le simple fait que la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC) puisse réunir près de 60 chefs d’Etat ou de gouvernement à Nice, du 9 au 13 juin, mérite d’être salué. Après l’accord obtenu en novembre 2024 à Bakou, lors de la 29e Conférence des parties (COP) sur le climat, puis celui produit lors de la COP consacrée à la biodiversité à Rome, fin février, cette résistance d’un multilatéralisme, lui aussi en crise, se vérifie une nouvelle fois.

Elle doit néanmoins être tempérée par les objectifs de cette conférence, bien modestes au regard de tout ce qui fragilise le poumon bleu de la planète, ce puits de carbone qui absorbe de 25 % à 30 % du CO2 émis par les activités humaines. Les maux sont connus : acidification sous l’effet du réchauffement climatique, pollutions multiples, surpêche, pour n’en citer que quelques-uns.

Contrairement à une COP sur le climat, l’UNOC ne va pas, en effet, se conclure par un accord permettant de mesurer le degré d’engagement des pays participants dans la préservation des océans. Cette conférence doit permettre avant tout d’entretenir la mobilisation en faveur d’une cause qui concerne l’humanité tout entière.

La France va tenter à cette occasion de faire avancer la ratification en souffrance du traité sur la haute mer, adopté en 2023, et qui se donne pour mission la protection de la biodiversité dans les eaux internationales. Le volontarisme des participants sur la question de la protection des aires marines protégées au sein des zones économiques exclusives, sur lesquelles les Etats côtiers exercent des droits souverains, sera également scruté.

Court-termisme

Une absence va lourdement peser sur la conférence. Celle des Etats-Unis, qui incarnent, jusqu’à la caricature depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, une réaction antienvironnementale. Cette dernière est nourrie par une aigreur nationaliste étriquée et par un obscurantisme revendiqué qui ambitionne de réduire au silence la science et ses constats implacables.

Au Parc des expositions de Nice, avant la Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC), le 2 juin 2025. FRÉDÉRIC DIDES/AFP
C’est d’ailleurs du bureau Ovale qu’est venue la dernière attaque en règle contre l’océan, le 24 avril, avec le paraphe d’un décret présidentiel ouvrant la voie à l’exploitation minière des grands fonds marins, au-delà des juridictions nationales. Il s’agit d’une offensive renouvelée contre la Convention des Nations unies sur le droit de la mer et contre l’Autorité internationale des fonds marins. Cet organisme, que les Etats-Unis ne reconnaissent pas, tente laborieusement d’élaborer un code minier pour les océans placés sous la pression de logiques extractivistes.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés UNOC : l’appétit croissant de l’industrie minière pour les fonds marins au menu de la conférence sur l’océan

Le court-termisme est le principal ressort des menaces dont l’océan fait l’objet. Le fléau de la pollution plastique, qui sera abordé lors de la conférence de Nice, y prend une place grandissante. Il en va de même pour le chalutage de fond, qui met en évidence le dilemme entre la nécessité de la lutte pour la préservation de la biodiversité et son coût économique et social. Ce dilemme est l’une des raisons de l’accumulation de revers essuyés par les défenseurs de l’environnement en France, au sein de l’Union européenne, comme partout dans le monde. Tenter inlassablement de le surmonter est plus que jamais impératif.

Le Monde

Océans et droits humains

Océans et droits humains

La grave dégradation des océans, à laquelle va se consacrer, à partir de lundi, la 3ᵉ Conférence des Nations unies sur l’océan, n’obère pas seulement l’équilibre physique de la planète. Dans une tribune au « Monde », Astrid Puentes Riaño, rapporteuse spéciale des Nations unies, rappelle qu’elle constitue aussi un préjudice pour des centaines de millions d’êtres humains.

Il n’est pas nécessaire d’être expert des océans pour savoir que notre avenir y est fondamentalement lié. La santé de la planète – et les droits de ceux qui en dépendent – monte et descend avec la marée.

L’océan n’est pas seulement une immense étendue d’eau : il constitue le système de survie de la planète. Il régule la température, absorbe le carbone, produit de l’oxygène, abrite une biodiversité inestimable et soutient les moyens de subsistance, les cultures, l’alimentation et l’identité de milliards d’êtres humains à travers le monde.

Bien qu’il soit une source essentielle de vie, l’océan subit une dégradation sans précédent. Le changement climatique, l’exploitation industrielle, la pollution plastique, la surpêche et l’urbanisation côtière accélèrent cette détérioration.

Nous assistons à des vagues de chaleur marine, à l’augmentation des zones mortes, à une chute de la biodiversité et à la montée du niveau de la mer à un rythme alarmant. Ce ne sont pas de simples alertes scientifiques abstraites ; elles ont des conséquences concrètes : atteintes à la santé, décès, déplacements, insécurité alimentaire – avec des répercussions profondes sur les moyens de subsistance de millions de personnes, notamment les plus marginalisées.

1 000 milliards de dollars par an

Près de 500 millions de personnes dépendent de la pêche artisanale, dont de nombreuses communautés autochtones et côtières, véritables gardiennes de l’océan et de sa biodiversité. Pourtant, bien qu’elles soient en première ligne, ces communautés sont rarement incluses dans les processus décisionnels, alors même qu’elles sont essentielles aux solutions.

D’un point de vue économique, les faits sont déjà établis : la dégradation des océans coûte chaque année 1 000 milliards de dollars (environ 876 milliards d’euros) à l’économie mondiale.

Automobile : suppression des ZEF

Automobile : suppression des ZEF

L’Assemblée nationale a approuvé mercredi soir la suppression des «zones à faibles émissions», qui restreignent la circulation de certains véhicules thermiques, en adoptant un article du projet de loi de «simplification». L’article, introduit en commission à l’initiative de LR et du RN, a été adopté par 98 voix contre 51. Le vote devra encore être confirmé par l’adoption du projet de loi dans son intégralité. Initiées en 2019 pour limiter les émissions de particules fines, les ZFE sont une mesure emblématique de la loi Climat et résilience du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, excluant de leur périmètre certains véhicules très anciens et polluants, identifiés par les vignettes Crit’Air 3 ou plus selon les villes.

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