Archive pour la Catégorie 'santé'

Tabac : interdiction dans les lieux publics

Tabac : interdiction dans les lieux publics

À deux jours de la Journée mondiale sans tabac, prévue samedi 31 mai, la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles Catherine Vautrin a annoncé l’interdiction du tabac dans tous ces lieux publics du territoire à partir du 1er juillet 2025. «Là où il y a des enfants, le tabac doit disparaître», a-t-elle plaidé.

Le non-respect de l’interdiction «pourra engendrer une contravention de 4e classe, soit 135 euros», précise Catherine Vautrin, qui estime que la liberté de fumer «s’arrête là où commence le droit des enfants à respirer un air pur».

Depuis le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, les paquets de tabac ont fortement augmenté pour atteindre 12 euros en 2025, et devraient passer à 13 euros en 2026.

Alimentation : la désinformation

Alimentation : la désinformation

Du citron glacé pour traiter le cancer, des aliments brûleurs de graisses, du curcuma pour prévenir les maladies cardiaques… les fausses informations concernant l’alimentation sont légion, souvent diffusées par des acteurs peu scrupuleux pour servir leurs intérêts. Au mépris des connaissances acquises grâce à la recherche scientifique.

par Serge Hercberg
Professeur Emérite de Nutrition Université Sorbonne Paris Nord (Paris 13) – Praticien Hospitalier Département de Santé Publique, Hôpital Avicenne (AP-HP), Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle, U1153 Inserm,Inra,Cnam, Université Sorbonne Paris Nord

Chantal Julia
Maitre de Conférence Université Paris 13, Praticien Hospitalier, Hôpital Avicenne (AP-HP), Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle, U1153 Inserm,Inra,Cnam, Université Sorbonne Paris Norddans The Conversation

Le ministre de la santé Yannick Neuder a annoncé en avril 2025 sa volonté de faire de la lutte contre la désinformation médicale une priorité de son ministère. On ne peut que se féliciter de cette décision qui vise à rétablir la rationalité scientifique face à la prolifération de fausses informations qui circulent aujourd’hui, notamment par l’intermédiaire des réseaux sociaux et des grandes plateformes numériques de partage de contenu.

Remise en cause de l’intérêt des vaccins, de certains traitements médicaux, discréditation des recommandations et des mesures scientifiquement étayées qui visent à lutter contre les comportements défavorables à la santé… La diffusion d’allégations remettant en cause les connaissances basées sur les recherches scientifiques peut avoir des conséquences en matière de prévention et de prise en charge des maladies au niveau individuel et collectif, comme le soulignent notamment des rapports de l’Organisation mondiale de la santé et du Parlement européen.

De ce point de vue, la nutrition est un terrain particulièrement propice pour la désinformation, en raison des dimensions affectives, émotionnelles, culturelles et sociales qu’elle comporte, lesquelles sont autant de portes d’entrée pour faciliter la pénétration des fausses informations.

Le secteur de l’alimentation est au cœur de gigantesques enjeux économiques. Rien qu’en France, le chiffre d’affaires généré par les entreprises représentées par l’Association nationale des industries alimentaires (Ania) est estimé à 210 milliards d’euros par an, tandis que celui de la grande distribution s’élève à plus de 225 milliards d’euros par an.

Dans ce contexte, les grands acteurs économiques qui produisent et commercialisent des aliments souhaitent protéger leur rentabilité et leur croissance afin de maintenir ou d’augmenter leurs profits. Pour défendre leurs intérêts, certains d’entre eux développent des actions de lobbying visant à influencer les politiques publiques et contrer les réglementations qu’ils considèrent aller à l’encontre de leurs intérêts.

Les lobbys sont capables de pressions fortes, de natures diverses, se manifestant classiquement par des actions tendant à influencer directement le contenu d’un texte réglementaire ou législatif. Par exemple, parmi les différentes stratégies utilisées pour bloquer ou au moins retarder sa mise en place, on a pu voir à l’occasion du vote de la loi « Santé » de 2016, des modèles d’amendement établis par l’Ania fournis clés en main, copies conformes des documents officiels de l’Assemblée, à des parlementaires complaisants qui n’avaient qu’à y ajouter leur signature et les soutenir en séance en leur nom propre.

À ce titre, la bataille menée par les industriels agroalimentaires pour bloquer la mise en place du logo nutritionnel Nutri-Score en France est très emblématique. Elle a notamment été documentée par l’un des auteurs de ces lignes, ainsi que par l’organisation non gouvernementale le Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc).

Le Beuc a publié en octobre 2023, un rapport – surnommé les « Nutri-Score Papers » – s’appuyant sur des informations très précises et documentées obtenues grâce à une requête faite auprès de la Commission européenne par une autre ONG, Foodwatch EU.

Cette démarche a permis d’avoir accès aux réunions (ainsi qu’aux détails de leurs procès-verbaux) qui ont eu lieu en 2022 entre deux directions générales de la Commission européenne (la direction générale de la santé et de la sécurité alimentaire, ou DG Santé, et la direction générale de l’agriculture et du développement rural, ou DG Agri) et diverses parties prenantes, parmi lesquelles la représentation permanente de l’Italie auprès de la Commission européenne associée à Federalimentare, qui défend les intérêts des industriels agroalimentaires.

Ce rapport met en évidence comment le lobbying mené a influé sur les projets de la Commission sur l’étiquetage des denrées alimentaires. Il a en particulier empêché le Nutri-Score d’être reconnu comme le logo unique et obligatoire pour l’Europe, alors même que son intérêt en matière de santé publique a été démontré par des travaux scientifiques très rigoureux menés notamment (mais pas uniquement) par notre équipe de recherche.

Les documents rendus publics par le Beuc montrent en détail l’usage fait de la désinformation. L’organisation Federalimentare (représentant les industriels agroalimentaires italiens) a par exemple affirmé que « le Nutri-Score ne repose pas sur des bases scientifiques ». Et ce, alors même que plus de 150 articles scientifiques publiés dans des revues internationales à comité de lecture ont démontré son intérêt et son efficacité. Cette structure a même suggéré que « la consommation de produits à base de cacao provenant de pays du Sud diminuerait à cause de leur classification par le Nutri-Score, ce qui augmenterait l’immigration en Europe ».

Il ne s’agit là que de deux exemples parmi les nombreuses fausses informations diffusées par les lobbyistes. Un travail de sape qui a fini par payer, puisqu’il a abouti au blocage de l’adoption obligatoire du Nutri-Score par les 27 pays européens.

Le secteur de l’alcool est aussi concerné par ces pratiques de lobbying exacerbé. Là encore, la façon dont les lobbies, en déployant de multiples stratégies, orientent les décisions publiques à leur avantage a été bien documentée.

De nombreuses sources de désinformation

Les fausses informations concernant l’alimentation circulent via de nombreux canaux : médias classiques, réseaux sociaux, plateformes numériques de partage de contenus (Youtube, etc.)… Elles se retrouvent aussi dans des endroits moins évidents tels que certains colloques pseudo scientifiques, ou même dans l’arène politique.

Les supermarchés ne sont pas en reste, et nombre d’étiquettes comportent des mentions marketing à tout le moins discutables destinées à orienter les décisions des consommateurs : pots de yaourts « aux fruits » qui affichent sur leur emballage de façon très visible de grandes quantités de fruits, alors que le produit n’en contient que quelques pour cent, emploi à outrance du terme « naturel » (dans la dénomination des produits, des ingrédients, des visuels utilisés sur l’emballage) comme argument de vente suggérant un bénéfice santé ou a minima l’innocuité du produit (par effet de halo).

Certains industriels n’hésitent pas à tenter de détourner la réalité nutritionnelle d’un produit, notamment via la publicité : le jury de déontologie publicitaire a ainsi émis un rappel à l’ordre suite à la diffusion d’une publicité affirmant que « […] le sucre est une plante […] ». Une autre stratégie courante consiste à mettre en exergue un composant spécifique en occultant les éléments négatifs qu’il contient (axer la communication sur les probiotiques d’un yaourt liquide, quand le produit lui-même contient par ailleurs autant voire plus de sucres qu’un soda…).

Les fake news visent également à jeter le doute sur les travaux scientifiques qui soutiennent les recommandations et valident les mesures de santé publique.

Ainsi, la crédibilité des chercheurs académiques à l’origine des études validant le Nutri-Score (publiées dans des revues scientifiques internationales à comité de lecture) a été attaquée par certains lobbyistes au prétexte qu’ils auraient un « conflit d’intérêts pour avoir contribué au développement de l’outil ».

Autre stratégie parfois employée par les lobbies : le financement de travaux visant à « produire du doute » (une approche qui a été bien documentée dans le cas du tabac).

Notre expérience de ces questions nous a appris que les profils des diffuseurs sont variés. Certains s’expriment à titre individuel : gourous, influenceurs ou coachs projettent ainsi dans leurs discours leurs opinions personnelles, liées à leurs croyances, leurs idéologies. Très souvent, ces déclarations sont également guidées par des intérêts économiques, l’accroissement de la visibilité sur les plateformes numériques permettant non seulement d’améliorer la monétisation des comptes concernés, mais aussi de recruter des clients qui achèteront livres, programmes, produits placés par des firmes contre rémunération, etc.

Ils sont à l’origine de fake news qui ont souvent très relayées : du citron glacé pour traiter le cancer au curcuma pour prévenir les maladies cardiaques, en passant par les brûleurs de graisses et autres compléments alimentaires aux prétendues multiples vertus jamais étayées par aucune étude scientifique de qualité.

Certains pourvoyeurs de désinformation peuvent être plus difficiles à détecter. C’est par exemple le cas de certains professionnels de santé qui n’hésitent pas à relayer leurs recommandations « faites maison », dépourvues de bases scientifiques et allant parfois à l’encontre des recommandations officielles.

Ainsi, alors que la recommandation des organismes d’expertise officiels français (Anses, Haut Conseil de la santé publique ou Santé publique France) est de ne pas dépasser 500 g de viande par semaine (en privilégiant la volaille), certains professionnels n’hésitent pas à recommander d’en consommer quotidiennement 200 g, ou de faire manger deux fois par jour de la viande rouge aux enfants et adolescents. Des informations dépourvues de scientificité, mais souvent largement relayées, notamment par les industriels du secteur…

Les acteurs économiques du champ de l’agroalimentaire interviennent aussi dans l’espace public soit très directement, soit via des « faux-nez » (collectifs, pseudo centres d’information, think tanks, influenceurs…).

Enfin, certains membres de la classe politique n’hésitent pas à relayer des éléments de langage empruntés aux lobbyistes du secteur agro-industriel pour défendre certains produits, firmes ou filières, motivés par des raisons personnelles ou électoralistes (via des arguments que l’on pourrait qualifier de « gastro-régionalistes » ou « gastro-nationalistes »…). Quitte à aller à l’encontre de mesures de santé publiques combattues par ces acteurs économiques.

Des conséquences sur la santé publique
En 2023, des chercheurs ont publié les résultats d’une méta-analyse portant sur 64 études ayant eu pour objet d’évaluer la qualité et la précision des informations nutritionnelles disponibles pour le public (principalement sur des sites Internet).

Soulignant les risques de biais de sélection lors de la mise en place de tels travaux d’évaluation, les auteurs de la méta-analyse estiment cependant qu’on peut considérer, d’après leurs résultats, que les informations nutritionnelles en ligne sont souvent inexactes et de mauvaise qualité. Selon eux, les consommateurs qui les utilisent risquent d’être mal informés. Il est donc nécessaire de prendre des mesures pour améliorer les connaissances du public, ainsi que la fiabilité des informations nutritionnelles en ligne.

La désinformation dans le domaine de la nutrition – et ses conséquences sur la santé des consommateurs – n’est pas un phénomène nouveau. Elle trouve cependant aujourd’hui une résonance particulière, en raison du développement des réseaux sociaux et des plateformes digitales qui facilitent une large diffusion des fake news, de la défiance vis à-à-vis de la science, des « experts », et de l’État, ainsi qu’en raison de l’importance des enjeux économiques qui sous-tendent les achats et les consommations alimentaires.

Comme dans le cas d’autres secteurs touchés par la désinformation (climat, environnement, vaccination, société, etc.), lutter contre les fake news nutritionnelles s’avère d’une extraordinaire complexité. Il donc est effectivement plus que temps que les personnes engagées dans ce combat bénéficient d’un soutien s’inscrivant dans une réelle « politique publique » !

Un test sanguin pour diagnostiquer la maladie d’Alzheimer

Un test sanguin pour diagnostiquer la maladie d’Alzheimer

Les États-Unis viennent d’autoriser le tout premier test sanguin pour déceler cette maladie neurodégénérative. Il pourrait être disponible dès l’année prochaine en France.

Pouvoir diagnostiquer la maladie d’Alzheimer par une simple prise de sang : beaucoup de médecins et de patients l’ont espéré, c’est désormais possible aux États-Unis. Il y a quelques jours, l’Agence américaine du médicament a autorisé le tout premier test sanguin permettant de détecter cette maladie neurodégénérative qui touche près de deux personnes sur dix après 75 ans. Une demande de mise sur le marché a également été déposée auprès des autorités européennes, et une réponse est attendue à l’automne. Il pourrait donc être disponible en France dès l’année prochaine.

Covid-19: un nouveau variant ?

Covid-19: un nouveau variant ?

Une nouvelle souche du Covid-19 a été identifiée sur le sol français, selon nos informations. Le variant NB.1.8.1 a été observé à quatre reprises en France, comme l’a confirmé à BFMTV le Centre national de référence de Lyon, laboratoire en charge de la surveillance des variants émergents.

« Il y a un certain nombre de pays qui l’ont rapporté. On en a trouvé un peu en France, pas beaucoup, quatre séquences (soit des personnes infectées, NDLR) qui ont été trouvées, à la fois à l’hôpital et en ville », explique le virologue Bruno Lina.
Ce sous-lignage du virus, jamais identifié en France avant mars, fait des ravages en Chine. Les experts surveillent de près cette souche après la flambée des cas, notamment à Hong Kong, où les autorités relatent le taux le plus élevé de circulation du virus depuis au moins un an.

Santé et alimentation : la malbouffe surtout responsable aux États-Unis

Santé et alimentation : la malbouffe surtout responsable aux États-Unis

Aux États-Unis presque la moitié des adultes sont obèses en raison en particulier de la malbouffe mais aussi d’autres facteurs explicatifs. Un phénomène évidemment inquiétant pour l’avenir sanitaire du pays mais qui pourrait aussi concerner d’autres zones géographiques qui commencent à imiter ce qui caractérise la nourriture américaine.

Dans un rapport l’administration Trump désigne la «surmédicalisation» et la mauvaise alimentation comme des «facteurs potentiels» de risque.

Les conclusions de ce document de 68 pages mettent en avant «quatre facteurs potentiels» de risque pour des maladies chroniques telles que l’obésité, le diabète ou encore les troubles de la santé mentale : la «mauvaise alimentation», «l’accumulation de produits chimiques dans l’environnement», «le manque d’activité physique et le stress chronique» et la «surmédicalisation».

Santé : la malbouffe surtout responsable aux États-Unis

Santé : la malbouffe surtout responsable aux États-Unis

Aux États-Unis presque la moitié des adultes sont obèses en raison en particulier de la malbouffe mais aussi d’autres facteurs explicatifs. Un phénomène évidemment inquiétant pour l’avenir sanitaire du pays mais qui pourrait aussi concerner d’autres zones géographiques qui commencent à imiter ce qui caractérise la nourriture américaine.

Dans un rapport l’administration Trump désigne la «surmédicalisation» et la mauvaise alimentation comme des «facteurs potentiels» de risque.

Les conclusions de ce document de 68 pages mettent en avant «quatre facteurs potentiels» de risque pour des maladies chroniques telles que l’obésité, le diabète ou encore les troubles de la santé mentale : la «mauvaise alimentation», «l’accumulation de produits chimiques dans l’environnement», «le manque d’activité physique et le stress chronique» et la «surmédicalisation».

OMS : un accord sur les pandémies enfin signé

OMS : un accord sur les pandémies enfin signé

Six ans après le COVID de et près trois années d’âpres négociations, un accord doit enfin être voté mardi par les 194 pays membres de l’Organisation mondiale de la santé.

Ils s’étaient promis de tirer les leçons de la crise du Covid-19. Six ans après le début de la pandémie, les 194 États membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sont appelés à approuver mardi un accord sur la prévention, la préparation et la réponse aux futurs épisodes pandémiques. Déjà adopté ce lundi en commission, ce texte, mis en chantier il y a trois ans, a fait l’objet d’âpres négociations.

Notons que Les États-Unis de Donald Trump et l’Argentine de Javier Milei, deux pays ayant annoncé leur retrait de l’OMS en 2026, n’ont pas assisté au dernier cycle de négociations.

Santé : réguler l’installation des médecins

Santé : réguler l’installation des médecins


Des millions de personnes n’ont plus de médecin traitant, et le modèle actuel, basé sur le libre choix d’installation des médecins, a montré ses limites, estime, dans une tribune au « Monde », un collectif de soignants, qui propose d’organiser l’installation des professionnels de santé là où ils sont nécessaires, pour garantir un droit fondamental : celui de se soigner.

Nous sommes soignants, engagés dans nos territoires. Et nous le disons clairement : il faut réguler l’installation des médecins. Mais cette régulation ne peut fonctionner que si elle s’accompagne d’une stratégie cohérente qui organise et garantisse un accès aux soins et à la prévention, partout en France.

Aujourd’hui, des millions de personnes n’ont plus de médecin traitant. Et là où il y a encore des médecins en nombre, beaucoup, notamment spécialistes, exercent en secteur 2 avec des dépassements d’honoraires rendant les soins inaccessibles financièrement pour de nombreux patients. Ce n’est plus acceptable pour les patients ni soutenable pour les professionnels de santé. Il est illusoire de penser que l’on résoudra la crise de l’accès aux soins en se contentant de former davantage de médecins.

Sans régulation, ceux-ci s’installeront majoritairement là où les conditions d’exercice leur semblent les plus favorables, creusant encore davantage les inégalités territoriales. Depuis vingt ans, l’augmentation du numerus clausus n’a pas permis de résorber les déserts médicaux, pas plus que le numerus apertus ne pourra le faire. Former plus sans organiser mieux, c’est préparer un échec. Soyons lucides : le système actuel ne répond plus aux besoins, ni à ceux des patients ni à ceux des soignants.

La réponse en ville aux besoins de santé ne peut plus reposer uniquement sur les seuls principes de la médecine libérale. Le modèle actuel, basé sur le libre choix d’installation des médecins et la rémunération à l’acte, a montré ses limites, une totale inefficacité à endiguer les déserts médicaux. Il ne permet ni de garantir une répartition équitable des professionnels, ni d’assurer l’accès aux soins sans dépassements d’honoraires dans tous les territoires, ni d’assurer une prise en charge coordonnée, pertinente et continue des patients. Nous avons besoin d’un cadre collectif, structuré….

Cancer et vitamine D

Cancer et vitamine D


Diverses études épidémiologiques ont révélé que les personnes ayant des niveaux sanguins plus élevés de vitamine D ont un risque réduit de développer un cancer colorectal. Si ce constat suscite l’espoir, car il suggère qu’une simple qu’une augmentation du niveau de vitamine D, que ce soit en s’exposant davantage au soleil, en modifiant son alimentation ou en prenant des compléments alimentaires – pourrait diminuer le risque de développer cette maladie. Mais la réalité n’est pas si simple.

Justin Stebbing
Professor of Biomedical Sciences, Anglia Ruskin University dans The Conversation

Le rôle potentiel de la vitamine D dans la prévention et le traitement du cancer colorectal suscite un intérêt croissant – d’autant plus que cette maladie est en augmentation, en particulier chez les jeunes adultes. Il ne s’agit cependant pas d’un nouveau domaine de recherche. En effet, on sait depuis longtemps que de faibles niveaux de vitamine D sont associés à un risque accru de développer un cancer colorectal.

Mis en évidence par les études épidémiologiques, cet effet protecteur n’a en revanche pas été confirmé par les essais randomisés contrôlés mis en place pour vérifier son existence. Quelle conclusion tirer de cette situation en apparence contradictoire ?

La vitamine D est synthétisée dans la peau en réponse à la lumière solaire. Elle exerce ses effets biologiques via les récepteurs de la vitamine D (VDR) présents dans tout l’organisme, y compris dans le tissu du côlon (le gros intestin). Lorsqu’ils sont activés, ces récepteurs contribuent à réguler l’activité génétique liée à l’inflammation, la réponse immunitaire et la croissance cellulaire – des processus centraux dans le développement et la progression du cancer.

Des études précliniques ont par ailleurs démontré que la forme active de la vitamine D (appelée calcitriol) peut réduire l’inflammation, renforcer la surveillance immunitaire (la capacité du système immunitaire à détecter les cellules anormales), inhiber la croissance des vaisseaux sanguins tumoraux et réguler la division cellulaire – un facteur clé dans le développement du cancer, comme l’ont récemment démontré mes propres travaux de recherche.

Une large étude, qui a impliqué plus de 12 000 participants, a notamment révélé que les personnes présentant de faibles niveaux sanguins de vitamine D présentaient un risque accru de 31 % de développer un cancer colorectal, par rapport à des personnes dont les niveaux de vitamine D étaient plus élevés. D’autres travaux ont par ailleurs mis en évidence une réduction de 25 % du risque de cancer colorectal chez les individus bénéficiant d’apports alimentaires en vitamine D. L’analyse des données de la Nurses’ Health Study – une étude à long terme menée auprès d’infirmières américaines – indique quant à elle que les femmes ayant l’apport le plus élevé en vitamine D avaient un risque de développer un cancer colorectal réduit de 58 % par rapport à celles ayant l’apport le plus faible.

Une revue de littérature publiée en mars 2025 met elle aussi en évidence le potentiel de la vitamine D dans la prévention et le traitement du cancer colorectal. Cependant, elle souligne également la complexité et les contradictions qui persistent en matière de connaissances sur ce sujet.

En effet, bien que les données observationnelles (qui documentent la consommation de vitamine D par les individus) et les études mécanistiques (qui explorent, en laboratoire, la façon dont la vitamine D fonctionne) suggèrent l’existence d’effets protecteurs, ces derniers ne sont pas confirmés par les essais randomisés contrôlés. Or, ce type d’essai est actuellement la référence en matière d’évaluation de l’efficacité des traitements.

Des résultats mitigés lors des essais randomisés
Les essais randomisés contrôlés consistent à attribuer aléatoirement aux participants un traitement (dans le cas présent, la vitamine D) ou un placebo, puis à comparer les résultats entre les deux groupes. Cette approche aide notamment à éliminer les biais potentiels, et à mettre en évidence les relations de cause à effet.

Malheureusement, les essais randomisés contrôlés menés pour évaluer les effets de la vitamine D sur le cancer colorectal ont produit des résultats mitigés. Ainsi, l’essai VITAL – un grand essai impliquant plus de 25 000 participants – n’a mis en évidence aucune réduction significative de l’incidence globale du cancer colorectal dans le cas d’une supplémentation de 2 000 UI/jour de vitamine D, sur plusieurs années.

Cependant, une méta-analyse de sept essais randomisés contrôlés a de son côté révélé une amélioration de 30 % de la survie face à ce type de cancer grâce aux suppléments de vitamine D. Ce résultat suggère que la vitamine D pourrait potentiellement être bénéfique pour les malades, donc lors des stades ultérieurs de la maladie plutôt qu’en prévention. Mais d’un autre côté, les résultats du Vitamin D/Calcium Polyp Prevention Trial n’ont mis en évidence aucune réduction de la récidive des adénomes (lésions précancéreuses) chez les participants qui ont bénéficié d’une supplémentation en vitamine D, ce qui amène à se demander quels patients pourraient réellement bénéficier de la prise de vitamine D, et quelles seraient les doses efficaces…

S’ajoute à ces incertitudes la question de la causalité : une carence en vitamine D contribue-t-elle au développement du cancer ? Ou bien l’apparition du cancer réduit-elle les niveaux de vitamine D dans l’organisme ? Il est également possible que les bénéfices observés soient en partie dus à une exposition accrue au soleil, qui pourrait avoir des effets protecteurs indépendants de la seule vitamine D.

Acquérir une vue d’ensemble
L’incohérence de ces résultats souligne l’importance de considérer la « totalité des preuves scientifiques existantes », chaque étude n’étant qu’une des pièces d’un puzzle bien plus grand. Il existe bien des effets biologiques qui rendent plausible une activité de la vitamine D. Les études observationnelles et mécanistiques suggèrent bien l’existence d’un lien significatif entre cette molécule et une diminution du risque de cancer colorectal. Cependant, les preuves cliniques ne sont pas encore suffisamment solides pour envisager de recommander de la supplémentation en vitamine D comme unique stratégie de prévention ou de traitement de cette maladie.

Ceci étant dit, s’assurer qu’au sein de la population, les niveaux de vitamine D soient corrects (ce qui signifie au moins 30 ng/mL) peut s’avérer judicieux, car il s’agit d’une mesure de santé publique peu coûteuse et à faible risque. En la combinant avec d’autres stratégies, comme un dépistage systématique et régulier, une alimentation saine, la pratique d’une activité physique et un suivi personnalisé, la vitamine D pourrait jouer un rôle précieux dans la prévention globale du cancer.

Son rôle exact dans le cancer colorectal reste à préciser. Cette molécule ne constitue pas une solution miracle, mais trouve sa place dans un tableau beaucoup plus large. Le cancer colorectal est une maladie complexe, et le combattre nécessite une approche tout aussi nuancée. Pour l’instant, le prévenir passe avant tout par l’adoption d’un mode de vie dont la recherche a établi, sur la base de preuves solides, les bienfaits, ainsi que des dépistages réguliers. Ainsi, bien entendu, que par la veille scientifique, afin de se tenir informé à mesure que de nouveaux résultats sont publiés.

Déserts médicaux : «La colère du corps médical est déplacée, voire choquante »

Déserts médicaux : «La colère du corps médical est déplacée, voire choquante »


Les études de médecine étant fortement subventionnées en France, il apparaît logique de demander aux jeunes médecins une « redevance d’exercice » au début de leur carrière, estiment Didier et Jean-François Payen, anesthésistes et professeurs émérites de médecine, dans une tribune au « Monde ».

A l’heure où la question des déserts médicaux redevient un sujet d’actualité, des solutions visant à inciter, voire à contraindre, les jeunes médecins à couvrir davantage le territoire national soulèvent immédiatement des propos indignés de la part des intéressés. Le lobby médical entre en action et trouve des relais efficaces auprès de responsables politiques qui n’ont aucun problème à les soutenir tout en se lamentant des lacunes de la couverture de soins sur leurs territoires. Il est temps d’être factuel à propos de la formation dispensée aux futurs médecins et du métier de médecin.

Le concours d’entrée en deuxième année de médecine a un taux de sélectivité de 12 % à 33 % selon les facultés de médecine. D’autres concours d’entrée sont autant, voire plus, sélectifs : Ecole nationale de la magistrature, Ecole nationale supérieure de la police, Ecole nationale de l’aviation civile, écoles d’ingénieurs, écoles de commerce, écoles nationales vétérinaires, BTS…

Jusqu’à l’internat, les études médicales (six ans) sont quasiment gratuites, l’étudiant devant s’acquitter de frais de scolarité qui ne dépassent pas 500 euros par an. Aux Etats-Unis, une année d’inscription en médecine coûte de 35 000 à 80 000 dollars (de 30 000 à 70 000 euros) ; au Canada, au Royaume-Uni ou en Australie, cela représente 10 000 à 25 000 dollars par an pour un étudiant natif du pays, le double pour un étudiant étranger.

Le concours d’internat a été remplacé en 2004 par les épreuves classantes nationales (ECN), offrant à tous les étudiants en médecine un poste d’interne pour préparer une spécialité médicale, y compris la médecine générale. L’inscription à une prépa privée n’est pas nécessaire pour réussir ces ECN.

La proposition de loi  sur les déserts médicaux » soutenue par 1513 élus locaux

La proposition de loi  sur les déserts médicaux » soutenue par 1513 élus locaux

1.510 élus locaux dont 915 maires, issus de 68 départements appellent les parlementaires à voter le texte (transpartisan) du député Guillaume Garot pour enrayer les déserts médicaux dans les centres villes, les quartiers et les territoires.

Nous, élus locaux, engagés chaque jour au contact de nos concitoyens, partageons la détresse de ceux qui n’ont plus de médecin, et nous inquiétons du sentiment d’abandon qu’elle nourrit, alors que se creusent chaque jour davantage les inégalités d’accès aux soins. Il faut reconnaître cet échec collectif, lorsque la République n’est plus capable de garantir à chacun l’accès à un généraliste ou à un spécialiste.

Nous ne doutons pas de l’engagement des acteurs, soignants comme politiques, élus comme usagers, à trouver des solutions à cette crise qui touche des millions de Françaises et de Français. Il n’existe pas de solution « miracle » contre les déserts médicaux, à plus forte raison parce que notre démographie médicale continuera à se dégrader jusqu’en 2030. C’est la raison pour laquelle nous avons le devoir d’agir vite, avec tous les leviers à notre disposition.

Nous soutenons en ce sens la proposition de loi transpartisane actuellement discutée à l’Assemblée nationale. Elle fait de la régulation de l’installation des médecins, déjà appliquée pour de nombreuses professions de santé (kinésithérapeutes, infirmiers, pharmaciens, sages-femmes, dentistes) le nécessaire levier d’une politique à mener par ailleurs sur tous les fronts  : poursuite des dispositifs incitatifs, développement de l’exercice collectif et coordonné, amélioration des conditions de travail en internat, démocratisation de l’accès aux études de santé, développement des stages en médecine de ville, accompagnement des collectivités dans leurs politiques locales d’accès aux soins.

Parce qu’il refuse de baisser les bras face à l’urgence, parce qu’il bénéficie d’un large soutien sur les bancs de droite, de gauche et du centre au Parlement, ce texte doit poursuivre son cheminement parlementaire. L’attente de nos concitoyens est forte  : ne les décevons pas.

Élus de terrain, attachés à la promesse républicaine de la santé pour tous, nous appelons l’ensemble des députés à voter cette loi indispensable.

Doliprane : officiellement devient américain

Doliprane : officiellement devient américain

Le Doliprane, médicament le plus prescrit en France, passe officiellement sous pavillon américain, avec la finalisation mercredi de la cession par Sanofi au fonds d’investissement CD&R

Sanofi cède 50% de sa filiale Opella, qui produit notamment le Doliprane, au fonds américain CD&R, tout en conservant une participation de 48,2% dans cette entreprise commercialisant des traitements sans ordonnance et des vitamines, minéraux et compléments. Face aux craintes sur d’éventuelles répercussions sur l’emploi et la souveraineté sanitaire française de ce passage sous pavillon américain, le gouvernement avait obtenu à l’automne l’entrée dans l’opération de la banque publique d’investissement Bpi. Celle-ci détiendra une participation de 1,8%, souligne le communiqué de Sanofi.

Selon un bilan de l’Assurance maladie en novembre, le Doliprane, produit à base de paracétamol, l’un des anti-douleurs les plus courants avec 300 millions de boîtes, selon des données arrêtées à mi-2024. Aucun autre traitement ne dépasse le seuil des 100 millions. Dans le cadre de cette transaction, Sanofi indique avoir «reçu un montant net total en numéraire de l’ordre de 10 milliards d’euros». «Ce nouveau chapitre marque le début d’une aventure prometteuse» pour Opella qui «est prête à croître et à prospérer», a déclaré le directeur général de Sanofi, Paul Hudson, cité dans le communiqué.

En octobre 2024, Sanofi avait indiqué que sa volonté de céder le contrôle de sa filiale s’inscrivait dans sa stratégie de concentration sur les médicaments et vaccins innovants.

Opella compte des activités dans cent pays et gère 13 sites de production, employant 11.000 personnes, son siège social reste en France… pour l’instant!

La crise de l’hôpital

La crise de l’hôpital

Le système de santé public français est confronté à une crise financière majeure, menaçant la pérennité de nombreux établissements, notamment les hôpitaux spécialisés comme l’Institut Mutualiste Montsouris (IMM), victime de cette dérive. Des réformes sont nécessaires pour éviter la fermeture de services essentiels et garantir l’excellence de la médecine en France. Par Didier Bazzocchi, Jean de Kervasdoué et Guy Vallancien (*)
Didier Bazzocchi, Jean de Kervasdoué et Guy Vallancien
dans La Tribune

De l’ordre de 5% à 8% par an au cours des trois dernières années, la progression des dépenses de santé demeure insuffisante pour rétablir l’équilibre financier des établissements de santé publics, confrontés à la hausse de leurs charges et salaires. Exsangues, des établissements d’utilité publique, comme l’Institut Mutualiste Montsouris (IMM), pourraient si rien n’est fait perdre leurs activités de pointe, privant leurs patients d’une offre essentielle, et la recherche française de pôles d’excellence inégalés.

Dans les salles d’opération des hôpitaux, arrêter une hémorragie est un acte nécessaire et même vital. Pourquoi en irait-il différemment quand le patient se trouve être l’hôpital lui-même ? Car c’est bien une hémorragie, financière cette fois, à laquelle nos établissements sont confrontés. Fin 2024, le déficit cumulé des hôpitaux publics (hors Ehpad) atteignait en effet 3,5 milliards d’euros. Et sept établissements sur dix se trouvaient en insuffisance d’autofinancement. Nous ne pouvons donc que rejoindre la Fédération hospitalière de France (FHF) lorsqu’elle s’alarme d’une situation « gravissime (et) extrêmement préoccupante ».

Pour éviter de sombrer plus avant dans une spirale de la dette, nombre d’hôpitaux seront contraints de sous-investir ; au détriment, comme toujours, de leurs patients et de leurs propres personnels. D’autres encore n’auront d’autre choix que de se résoudre à mettre la clé sous la porte ; les unités de pédiatrie, de psychiatrie ou de greffe sont particulièrement menacées. À l’image, par exemple, du service de psychiatrie de l’Institut Mutualiste Montsouris (IMM), un ESPIC parisien qui a été placé en redressement judiciaire le 3 février, en dépit d’une augmentation de +22% de son activité depuis trois ans.

La gestion de l’IMM n’est pourtant pas en cause. Comme le déplorait récemment son chef du département de psychiatrie de l’adolescent et du jeune adulte, le professeur Maurice Corcos, « les difficultés de l’IMM sont symptomatiques d’une crise plus grave et plus large de notre système de santé ». Non que les causes de cette crise soient mystérieuses : elles reposent sur l’augmentation, graduelle, des besoins financiers depuis la pandémie de Covid-19, mais aussi sur la revalorisation des salaires des personnels à la suite des accords du « Ségur de la Santé ».

Aux quatre coins du pays, l’hôpital en souffrance

L’IMM est donc loin, très loin, malheureusement, d’être un cas isolé. Aux quatre coins du pays, l’hôpital public est en souffrance : en région parisienne, où faute d’un soutien financier suffisant l’AP-HP accuse en 2024 un déficit plus important qu’anticipé (460 millions d’euros), et ce en dépit – comme à l’IMM – d’une bonne gestion et d’une activité en hausse ; à Marseille, où l’AP-HM fait état d’une « dette historique » et appelle l’État à son chevet ; à Saint-Étienne, où fin mars a fermé une unité psychiatrique, l’UA4, dédiée aux patients les plus vulnérables ; à Nantes, au Mans, à Angers, Rennes, Caen, Pau, où, faute de personnel, les fermetures de lits en psychiatrie mettent en danger soignants comme patients. En tout depuis 2013, ce sont plus de 43 000 lits d’hospitalisation complète qui ont été supprimés en France ; soit une baisse de plus de 10%.

Minoritaires en France, les ESPIC, établissements privés à but non lucratif, ne sont pas épargnés par cette inquiétante vague de fond. Peu connus du grand public, ces hôpitaux jouent pourtant un rôle clé dans le service public hospitalier. Ils proposent bien souvent des activités de pointe, absentes des établissements plus généralistes, tout en participant activement à la formation de nombreux internes et étudiants paramédicaux. Mais ils subissent de plein fouet les contraintes budgétaires imposées par les gouvernements successifs, qui fragilisent leur modèle pourtant éprouvé et plébiscité par leurs patients.

La situation de l’IMM cristallise, à elle seule, l’impasse dans laquelle les politiques publiques précipitent notre système de santé. Régulièrement classé parmi les cinquante meilleurs hôpitaux français, spécialiste incontesté des cancers de la vessie et de la prostate, référence en matière de pédopsychiatrie, l’ESPIC peut se targuer d’une bonne gouvernance, son chiffre d’affaires ayant augmenté de 12% en trois ans. Mais l’augmentation de son activité a paradoxalement plongé ses comptes, déjà affectés par l’amortissement de sa construction, dans le rouge. Un non-sens.

L’hôpital français n’est pourtant pas condamné à un lent et irrémédiable déclin. Publié en 2023, un rapport de la Cour des comptes démontre qu’au-delà de l’insuffisance des financements, c’est un pilotage défaillant de l’argent public qui mène nos établissements dans le mur. D’un montant de 6,5 milliards d’euros d’ici à 2029, les aides à la restauration des capacités financières des hôpitaux publics et des ESPIC ont été distribuées à 80% des hôpitaux publics, au détriment des établissements qui en avaient prioritairement besoin pour redresser leurs comptes. Nous n’y voyons pas une fatalité.

Les aides publiques peuvent retrouver leur efficacité si elles ciblent les hôpitaux en situation critique. À condition d’être ambitieuses, des réformes peuvent garantir la pérennité du système hospitalier, en adoptant par exemple une logique de planification pluriannuelle. Enfin, cette crise doit être l’occasion de remettre sur la table la question de l’excellence médicale universitaire, en soutenant les établissements de référence, qu’ils soient publics ou privés : l’IMM, toujours lui, ne se contente pas de briller en termes strictement médicaux ; il se distingue aussi par l’excellence de son pôle universitaire et de sa recherche, et pas uniquement par la qualité de son enseignement. Allons-nous vraiment nous priver, par incurie collective, de tels joyaux ?

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(*) Didier Bazzocchi, Président du Think tank CRAPS ; Jean de Kervasdoué, Professeur émérite au CNAM et Guy Vallancien, chirurgien urologue, membre de l’Académie nationale de médecine

Santé : quelques jours par an de consultations obligatoires dans les déserts médicaux pour les médecins

Santé : quelques jours par an de consultations obligatoires dans les déserts médicaux pour les médecins

François Bayrou Veut instaurer un principe de «solidarité territoriale», qui contraindra tous les médecins à assurer quelques jours de consultations par an dans les déserts médicaux.

Ce mécanisme concernera tous les médecins, généralistes comme spécialistes. Le gouvernement prévoit des contreparties financières pour les praticiens qui joueront le jeu et, a contrario, des pénalités pour ceux qui s’y refuseront. «Le principe, c’est de faire confiance aux professionnels», résume une source gouvernementale, ajoutant toutefois que «s’il y a besoin d’être plus contraignant, nous le serons». Une cartographie complète des zones rouges «au sein desquelles une permanence médicale devra être mise en place en absolue priorité» sera établie par les agences régionales de santé d’ici la fin du mois de mai.

Santé et environnement : réduire la consommation de viande bovine

Santé et environnement : réduire la consommation de viande bovine

Michel Duru
Directeur de recherche, UMR AGIR (Agroécologie, innovations et territoires), Inrae

Changer l’alimentation des vaches, privilégier certaines races plus que d’autres, revaloriser le pâturage, consommer moins de bœuf, mais manger des viandes plus diverses… Les marges de progression sont nombreuses. Depuis quelques années, les excès de consommation de viande sont montrés du doigt du fait de leurs impacts sur la santé et l’environnement. Dans une moindre mesure, c’est aussi le cas des produits laitiers comme les fromages. Pour faire face à ces enjeux environnementaux et sanitaires, mais aussi pour accroître notre souveraineté alimentaire, que nous disent les études scientifiques ? Comment peuvent-elles nous aider à réorganiser l’élevage pour le rendre plus durable, du champ jusqu’à l’assiette ? Commençons par un état des lieux, en France, notre apport en protéines provient pour deux tiers des produits animaux et pour un tiers des produits végétaux. Il est en moyenne excédentaire d’au moins 20 % par rapport aux recommandations. Les bovins fournissent enfin la moitié de notre consommation de protéines animales sous forme de viandes et de laitages, le reste provenant surtout des porcs et volailles et très secondairement des brebis et chèvres. Les recherches convergent vers une réduction nécessaire de moitié en moyenne de la consommation de viande, principalement du fait de l’augmentation de risques de cancers. Nous devrions également, d’après l’état des connaissances scientifiques, réduire notre consommation de produits laitiers mais dans une moindre mesure.

par Michel Duru
Directeur de recherche, UMR AGIR (Agroécologie, innovations et territoires), Inrae
dans The Conversation

Ces réductions sont aussi encouragées par l’actuel plan national nutrition santé. Il est maintenant montré par des études épidémiologiques et des modélisations que de tels changements dans la composition de notre assiette auraient des effets bénéfiques sur notre santé (réduction du risque de maladies chroniques). Cela permettrait aussi de réduire l’impact environnemental de notre alimentation avec moins d’émissions de gaz à effet de serre, de méthane notamment qui constitue 40 % des émissions de l’agriculture, mais aussi moins de nitrates dans l’eau et d’ammoniac dans l’air.

Remplacer une partie des protéines animales par des protéines végétales, des légumineuses (lentilles, pois chiche…), rendrait aussi notre alimentation plus riche en fibres dont nous manquons cruellement. En outre, consommer plus de légumineuses permettrait de diversifier les productions végétales, un levier clef pour l’agroécologie.

Réduire notre consommation de viande ne semble de plus pas aberrant d’un point de vue historique, car celle-ci a été multipliée par deux en un siècle (passant de 42 kg par an et par habitant en 1920 à 85 kg en 2020), et elle a augmenté de plus de 50 % depuis les années 1950.

Par ailleurs, notre façon de manger de la viande a changé : aujourd’hui, plus de la moitié de la viande de bovin consommée est sous forme de burger ou de viande hachée, souvent dans des plats préparés, qui sont considérés comme des « bas morceaux ». Or ces produits sont majoritairement issus de races de vaches laitières (Holstein) en fin de carrière dont le prix est attractif. Ce mode de consommation est donc défavorable aux filières de races de vaches à viandes (Blonde d’Aquitaine, Charolaise, Limousine).

Le succès des steaks hachés et des burgers à bas prix est même tel que l’on se retrouve à importer l’équivalent 30 % de notre consommation de viande de bovin. Il en résulte d’une part une baisse de souveraineté alimentaire et d’autre part un déclassement des pièces nobles des races à viande, fragilisant ainsi les élevages de race à viande. Pour faire face à ces dérives, il serait plus judicieux de consommer moins de viande, mais tous les types de viande à l’échelle d’une année.

Si l’on regarde maintenant du côté des protéines contenues dans la viande bovine et les produits laitiers, une autre marge de progression est aussi possible. Elle concerne l’alimentation des animaux et son impact sur la composition des produits que nous consommons.

Les produits animaux fournissent des protéines de qualité car ils sont équilibrés en acides aminés. Ils contiennent aussi des acides gras poly-insaturés, indispensables à notre santé dont notre alimentation est très déficitaire. C’est le cas des oméga-3 dont le rôle anti-inflammatoire réduit le risque des maladies chroniques : diabète, cancers, maladies cardio-vasculaires…

Cependant, la composition du lait et de la viande en oméga-3 sont très dépendantes du mode d’alimentation des animaux. Une alimentation à l’herbe (pâturage, ensilage, foin) permet d’environ doubler la teneur du lait en oméga-3, en comparaison d’une alimentation de type maïs-soja, et permet ainsi de réduire significativement notre déficit en ce nutriment.

Le lait et la viande issus d’animaux nourris à l’herbe contribuent donc à une alimentation anti-inflammatoire. Cependant en France, seulement 1/3 du lait est issu d’une alimentation à l’herbe, qu’il s’agisse de pâturage, de foin ou d’ensilage d’herbe. L’élevage bio se distingue sur ce point car l’alimentation à l’herbe est privilégiée pour des raisons économiques. Mais cette différence de composition des produits reste encore mal connue du consommateur, qui pourra également privilégier le lait le moins cher, issu d’un élevage où les vaches ne pâturent pas ou peu.

Les prairies présentent en outre l’atout d’avoir des stocks de carbone importants dans les sols, si bien que les retourner pour les transformer en terres agricoles comme cela a été souvent fait correspond à une déforestation. Faire paître des vaches est donc un moyen de conserver les prairies. D’autre part, lorsqu’elles sont bien réparties dans les paysages, les prairies jouent un rôle d’infrastructure écologique permettant de réduire les pesticides. Lorsqu’elles sont en rotation avec les cultures (prairies temporaires avec légumineuses), elles permettent également de réduire le recours aux engrais azotés de synthèse.

Bien que les prairies constituent à l’origine la base de l’alimentation des vaches, en particulier pour les races à viande, leur contribution n’a cessé de baisser au cours des cinquante dernières années ; car l’apport de céréales (maïs ensilage, blé), et d’oléoprotéagineux (soja) dans leur alimentation était le moyen le plus facile d’augmenter la production par animal et par hectare. Cependant, les vaches et leurs descendances utilisent 3,7 millions d’hectares de terres arables dédiés à la production de ces céréales et de ce soja qu’il conviendrait d’utiliser à d’autres fins.

Des vaches qui pâturent plus permettraient également d’agir sur une des principales pollutions de l’élevage : les pertes importantes d’azote et de phosphore dans l’environnement du fait d’importations massives de protéines (soja) et d’une trop forte concentration géographique des élevages (par exemple en Bretagne).

Si, à l’échelle locale, on imagine que des éleveurs échangent le fumier riche en azote et en phosphore avec des agriculteurs qui pourraient eux, leur donner en retour les ratés de cultures pour nourrir les animaux, tout le monde pourrait être gagnant. Les agriculteurs auraient ainsi accès à des apports en azote et phosphore nécessaires à la croissance des cultures et pourraient ainsi réduire l’utilisation d’engrais, les agriculteurs eux, bénéficieraient d’une source d’alimentation à faible coût et locale pour leur bête.

Une autre évolution qui permettrait à l’élevage d’être plus durable concerne le changement de type de races bovines que l’on trouve en France. Il y a aujourd’hui 3,5 millions de vaches à viande contre 3,3 millions de vaches laitières. Or les recommandations pour la santé portent bien plus sur la réduction de la consommation de viande que de produits laitiers.

De même, on sait que la viande issue des troupeaux laitiers (vaches laitières de réformes) est bien moins impactante que celle issue de troupeaux à viande puisqu’à l’échelle de la carrière de la vache, les émissions de gaz à effet de serre sont réparties entre le lait et la viande.

Cela montre l’intérêt de favoriser des races mixtes produisant du lait et de la viande (comme la race normande) ou de croiser une race à viande (Angus) avec une race laitière. La viande devient alors un co-produit du lait permettant de satisfaire nos besoins.

Mais une telle orientation est bloquée par le choix fait en France où, lors de l’abandon des quotas laitiers, de nombreux troupeaux laitiers ont été convertis en troupeaux à viande (dit allaitants) avec des races spécialisées. Il en résulte un élevage spécialisé uniquement pour la viande, devenu très vulnérable : des races lourdes, coûteuses à entretenir et à nourrir et dont une partie de veaux mâles est engraissée en taurillons, une viande jeune, peu prisée par le consommateur français. La plupart de nos voisins de l’UE ont eux bien moins de vaches allaitantes et font de la viande à partir du troupeau laitier (veaux, génisses, vaches de réforme), donc à moindre coût en gaz à effet de serre et en euros.

Toutes ces données montrent la nécessité de fortes évolutions dans notre système alimentaire. En agriculture, il s’agit d’aller vers des races mixtes produisant du lait et de la viande, et de plus laisser pâturer les vaches pour valoriser les atouts des prairies qui représentent 40 % de la surface agricole. De manière concomitante, il faudrait aussi réduire significativement notre consommation de viande en privilégiant la diversité des pièces de viande, et un peu aussi celle de produits laitiers.

Ces orientations sont nécessaires pour relever trois grands défis : celui de notre santé, de notre environnement, mais aussi de notre souveraineté alimentaire. Elles permettraient en effet d’une part de réduire les importations de soja, mais aussi de viande qui résultent entre autres d’une faible baisse de consommation en comparaison d’une forte diminution de la production, et d’autre part d’allouer les terres arables libérées à des cultures stratégiques comme les légumes et légumineuses que nous ne consommons pas suffisamment et que nous importons massivement.

Pour construire ce pacte sociétal, il importe :

de sensibiliser tous les acteurs aux coûts cachés de l’alimentation : excès de la consommation de viande, présence de trop d’élevages sans lien au sol du fait d’une faible autonomie protéique.

de s’appuyer sur des évaluations multi-critères à même de prendre en compte les impacts négatifs de l’élevage tout autant que les services environnementaux fournis principalement par les prairies. Ceci nécessite aussi une meilleure rémunération des éleveurs par le citoyen et le consommateur pour la valeur santé des produits et les services environnementaux fournis. Mais pour cela, il faudrait s’assurer de la traçabilité des produits issus de ces élevages vertueux.

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