Archive mensuelle de juin 2024

Economie, politique, société: les plus lus 30 juin 2024

Economie, politique, société: les plus lus 30  juin 2024

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Macron, Bardella, Attal: trop jeunes et trop inexpérimentés

Macron, Bardella, Attal:  trop jeunes et  trop inexpérimentés

Les facteurs explicatifs de la crise politique en France sont évidemment nombreux et interagissent de manière systémique. Parmi ceux-là il faut toutefois relever le manque de maturité et d’expérience de quelques responsables nationaux. D’abord évidemment le président de la république mais aussi Bardella et Attal qui au préalable ne pouvaient justifier d’une grande expérience politique voir même d’aucun passé de responsable d’une collectivité un peu significative.

Certes l’âge n’est pas forcément un handicap, on peut facilement le surmonter avec une expérience de gestion d’une collectivité. Or beaucoup trop de nouveaux responsables sont propulsés au plan national surtout par le jeu des appareils et l’éclairage des médias. Une fois au pouvoir faute de maturité, ils se fracassent sur les réalités.

Le cas le plus significatif est évidemment celui de Macron entré en politique via les postes de conseillers sans jamais au préalable avoir eu à gérer l’intérêt collectif directement et concrètement . C’est un peu vrai pour Attal mais aussi pour Bardella.

Pour assurer des fonctions un tel niveau,  il faut évidemment avoir accumulé sagesse et expérience, avoir connu des succès mais aussi les échecs et avoir été capables de se remettre en cause.  Bref un parcours de citoyenneté engagée  et un âge de compétence qui ne peut guère être atteint avant 40 ou 50 ans. Après cela il ne faut pas s’étonner que Macron agisse parfois comme un adolescent en lançant sans doute la France dans une crise politique mais aussi économique et sociale dont on mesure sans doute mal aujourd’hui l’ampleur et les conséquences.

Des risques de guerre civile pour 40 % des Français

 Des risques de guerre civile pour  40 % des Français

Un Français sur cinq considère comme Emmanuel Macron que les programmes du Rassemblement national et de La France insoumise mènent tous les deux le pays « à la guerre civile », selon une enquête Elabe pour BFMTV et La Tribune Dimanche.

Des propos qui ne sont partagés par que par une minorité de Français, selon une enquête Elabe pour BFMTV et La Tribune dimanche publiée ce vendredi 28 juin. « 21% sont parfaitement en accord avec le président de la République et considèrent que les deux programmes conduiraient le pays à ‘la guerre civile’ », écrit l’institut.

En revanche, 42% des Français estiment que le programme de La France insoumise mènerait le pays à la « guerre civile », 40% pour celui du Rassemblement national.

Législatives : surtout un vote contre Macron

Législatives : surtout un vote contre Macron

 

Pour à peu près la moitié de la population, les législatives sont considérées comme un vote de sanction d’abord contre Macron et sa politique. D’une façon plus générale,  il y a une demande d’autorité et de cohérence dans tous les champs  d’intérêt général y compris dans le domaine social. Ce qui ne signifie pas un effacement des nombreuses contradictions dans la population et pour tout dire aussi de certains corporatismes.

Le problème c’est que ce vote sanction risque d’aboutir à une situation de blocage rendant les réformes plus difficiles encore.

Dans le vote sanction on vote davantage contre le pouvoir en place que pour ceux qui se présentent comme des alternatives. Enfin il y a l’argument en faveur du RN  » qu’on n’a jamais essayés ».

Tout cela ne crée pas nécessairement une grande cohérence et il est  même vraisemblable que le pays risque de connaître la chienlit et le chaos entre deux blocs qui vont s’affronter sous différentes formes et pas nécessairement de façon toujours démocratique.

Ce vote exprime surtout le ras-le-bol vis-à-vis des formations à profil gouvernemental depuis des dizaines d’années. Une sorte de mélange de professionnels de la politique et de technocrates coupés du terrain. Du coup, les Français tentent l’expérience avec des nouveaux. Justement ce qui a déjà été fait avec Macron dont on a attendu beaucoup et qui a tellement déçu. Un résultat lié aussi au manque d’expérience et à la jeunesse du personnage qui a confondu monarchie et démocratie.

Le problème de la France et qu’elle est déjà en crise grave d’un point de vue économique

Ciotti, le  » déserteur des Républicains » qui s’est dispensé du service national

Politique- Ciotti, le  » déserteur » des Républicains  qui s’est dispensé du service national

Non seulement Ciotti est un « déserteur »  mais en plus il aurait bien voulu emporter avec lui la caisse et les effectifs des Républicains pour les vendre au Rassemblement national. Ciotti  est coutumier du décalage entre ses convictions et son action. Ainsi il  a réussi l’exploit de devenir d’un des plus ardents partisans du service militaire obligatoire suspendu en 97 alors qu’il a écrit lui-même à Chevènement pour se faire dispenser de ce service au motif que sa compagne était enceinte. Il a donc été dispensé du service national

De quoi évidemment jeter un doute sérieux sur un personnage qui n’a pratiquement jamais par ailleurs travaillé ailleurs que dans la politique depuis ses 23 ans. D’une certaine manière, l’archétype du personnel politique qui a transformé la fonction élective en métier quitte à se vendre pour un plat de lentilles

 

Wikipédia

Le 24 janvier 1991, François Fillon, député RPR, écrit à Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Défense, en vue de faire exempter du service militaire Éric Ciotti, alors collaborateur parlementaire de son collègue Christian Estrosi. Mais le ministre quitte ses fonctions peu après et c’est finalement au titre de soutien de famille, en raison de la grossesse de sa conjointe, que l’intéressé obtiendra une dispense quelques semaines plus tard. La publication de cette lettre dans Le Canard enchaîné du 14 septembre 2016 vaudra des critiques à Ciotti, devenu entre-temps partisan déterminé du service militaire obligatoire, suspendu en 1997 sur initiative de Jacques Chirac.

Economie- Le retour de l’inflation après les législatives ?

Economie- Le retour de l’inflation après les législatives  ?

 

Une vague d’inflation a submergé l’économie mondiale depuis 2022. Largement due aux crises énergétiques et à la guerre en Ukraine, ce mouvement de hausse des prix était sans précédent depuis les répliques du deuxième choc pétrolier au tournant des années 70 et 80. Alors que le pire semble derrière nous en France, l’incertitude récente concernant la situation politique intérieure sème le doute quant à l’impact des mesures sur le pouvoir d’achat, qui ont pourtant contribué à contenir la hausse des prix. Quelles conséquences pourraient avoir les boucliers tarifaires ou les hausses de salaire promises par les uns et les autres, étant donné la trajectoire de la dette publique ? À moyen et long terme, de quelle façon ces mesures pourraient-elles atteindre la croissance et l’évolution des prix ?

 

par 

Associate Professor of Finance, International University of Monaco dans The Conversation 

Mais revenons à la période récente. En mai 2024, l’indice des prix à la consommation (IPC) est ressorti stable sur un mois, affichant une hausse de 2,3 % sur un an. L’inflation française se situe ainsi dans la moyenne de la zone euro après avoir été en dessous de nombreux pays européens au plus haut de la crise inflationniste. Ces bons résultats relatifs durant l’épisode inflationniste aigu de 2022 s’expliquent par le choix fort du gouvernement français de contenir la hausse des prix de l’énergie (gaz et électricité). L’instauration d’un bouclier tarifaire a limité l’impact de la hausse pour les ménages, comme l’a montré, après coup, la Cour des comptes. Toutefois, ce résultat a eu un coût budgétaire important : le gouvernement estime la mesure à 11 milliards d’euros pour le prix du gaz et, pour l’électricité, à 44 milliards d’euros nets en 2024.

Sans le bouclier tarifaire, les prix du gaz auraient augmenté de +78,3 % au 1er mai 2022 par rapport au 1er octobre 2021. L’Institut national de la statistique (Insee) estime que le bouclier tarifaire a contribué à diviser par deux le niveau d’inflation sur la période, ce qui correspond en effet à l’écart observé avec nos voisins européens. Dans les faits, la hausse des tarifs a été limitée à 15 % TTC en moyenne, et empiriquement l’objectif a été atteint.

Toutefois, la hausse reste forte, sur l’électricité notamment, avec des variations annuelles de près de 20 %, alors que le gaz voit ses tarifs diminuer fortement début 2024. Grâce aux mesures et à la baisse de consommation, le poids de la facture énergétique dans le budget des ménages a finalement assez peu augmenté, en deçà des 10 %.

Avant la dissolution, il était prévu que le dispositif serait prolongé jusqu’au début de 2025 pour l’électricité mais devait s’assouplir pour être recentré sur les contrats signés avec des prix élevés. Seuls sont maintenant éligibles les contrats qui ont été signés avant le 30 juin 2023. La baisse des prix de l’énergie se confirme dans tous les pays de la zone euro sur les trois derniers mois, du fait aussi du repli des prix des produits pétroliers de 2,4 %. Les prix de l’énergie en France ont été inférieurs à ceux de la zone euro, mais la variation sur un an affiche quand même encore 5,7 % dans l’hexagone. Et les augmentations ne sont pas terminées

Pour juger de la future trajectoire des prix, la question qui se pose aujourd’hui plus que jamais est celle de la boucle prix-salaires. Cette dernière faisait craindre, au début de la crise, l’enclenchement d’un cercle vicieux : la hausse des prix entraîne une hausse des salaires, qui, à son tour, provoque une hausse des prix… soit le retour de l’inflation persistante.

Après avoir atteint un pic à 5,3 % au quatrième trimestre de 2022, les salaires ralentissent graduellement dans ce contexte de reflux de la hausse des prix. Les rémunérations ont progressé de 2,9 % au premier trimestre de 2024, après une croissance de 3,2 % au trimestre précédent.

Quelles conséquences entraîneraient un changement de majorité au Parlement français et une nouvelle politique économique sur le pouvoir d’achat ? L’indexation des salaires fréquemment citée dans les programmes de deux des coalitions conduirait à des anticipations d’inflation moins bien ancrées d’après une étude de la Banque de France.

Cela pourrait ainsi engendrer une plus forte volatilité de l’inflation, ce qui est généralement observé dans les pays ayant choisi l’indexation, même partielle comme la Belgique. En effet, les chocs, même temporaires, d’inflation, dans un pays incluant une fraction plus élevée d’indexation automatique des salaires nominaux sur l’inflation, amorcent la boucle prix-salaires, ce qui a un impact sur le comportement des agents économiques qui modifient alors leurs anticipations de hausse des prix à moyen et long terme. Or, toutes les études économiques montrent qu’un surplus d’incertitude sur les prix ralentit l’activité économique, notamment parce qu’elle dissuade les agents économiques d’investir.

Enfin, la mauvaise tenue des comptes publics est, à moyen long terme, une autre source d’instabilité pour la performance économique, et pour l’inflation en particulier. La situation des comptes nationaux français s’est encore dégradée en 2023. La France a affiché un déficit de -5,5 % du PIB avec une dette dépassant maintenant les trois mille milliards d’euros. Certes, beaucoup d’autres États membres de l’Union européenne affichent un déficit (les seules exceptions sont Chypre et le Danemark (+3,1 % chacun), l’Irlande (+1,7 %) et le Portugal (+1,2 %)), et nos voisins italiens enregistrent toujours les déficits les plus élevés (-7,4 %). Mais les marchés obligataires se tournent de plus en plus vers la France.

Si des mesures coûteuses sont prises par le nouveau gouvernement français, et si le taux d’intérêt de la dette devient supérieur au taux de croissance du PIB en valeur, le déficit primaire et la dette seront plus élevés. Une telle situation aurait à n’en pas douter des répercussions importantes sur les primes de risque payées par la France (on appelle ainsi la part du taux d’intérêt qui correspond au risque particulier estimé par les prêteurs) sur les marchés obligataires, et notre capacité à se financer.

Une combinaison de stagflation, c’est-à-dire la conjonction de la hausse des prix et du recul de l’activité, façon années 70, et une crise de la dette souveraine comme en 2012 deviennent de plus en plus un scénario envisageable, selon de nombreux économistes. Alors qu’on attendait la rigueur en 2024, la France craint désormais le chaos. Pourra-t-on compter sur la banque centrale européenne pour mettre de l’ordre et rassurer les marchés encore une fois ?

Violences en cas de victoire du RN ?

Violences en cas de victoire du RN ?

 

Invitée de France, Marine Le Pen a jugé qu’il y aurait «probablement des manifestations dans les rues», en accusant par avance «l’extrême gauche» d’en être «responsable». À l’inverse, «si pour notre plus grand malheur» ces mêmes opposants «gagnaient les législatives, il n’y aurait pas une manifestation dans les rues», a poursuivi l’ancienne chef de file des députés RN.

Marine Le Pen n’a sans doute pas tort cette fois d’annoncer l’hypothèse de réactions violentes de la part de l’extrême gauche surtout si le RN obtient la majorité absolue. L’extrême gauche rêve depuis toujours de révolution et une victoire totale du rassemblement national serait sans doute un excellent prétexte pour semer le trouble dans le pays en tout cas dans certaines grandes zones urbaines.

Dans une interview à paraître jeudi dans Valeurs actuelles, le président du RN dit «ne pas croire» à des émeutes ou des violences s’il était porté à la tête du gouvernement. «C’est l’argumentaire utilisé par nos adversaires dans une stratégie de la peur», raille l’eurodéputé. Bardella la prévoit cependant quelques manifestations, «mouvements» qui, selon lui, «resteront sporadiques et n’auront pas un grand pouvoir de nuisance».

 

Programmes des législatives : oignons ou artichauts ?

Programmes  des  législatives  : oignons ou artichauts ?

Pour Gabriel Attal  : «Le programme du RN c’est un oignon, chaque jour il se pèle». Cela fait évidemment référence au fait que le RN a décidé de reculer en tout cas de décaler un certain nombre de mesures dans le temps en fonction de l’audit des finances du pays. Mais cette contradiction entre les programmes électoraux et l’action au pouvoir peut-être relevée dans la plupart des formations politiques. Il y a en effet un temps pour faire des promesses et l’autre temps , celui des réalités et de la gestion. Les programmes politiques d’une certaine manière sont donc effectivement comme un oignon. Pire comme un artichaut, le seul légume disait Coluche dont le volume augmente après consommation mais vidée de toute sa substance nourricière.

 

Gabriel Attal a considéré que «Jordan Bardella recule chaque jour sur une mesure sur le pouvoir d’achat». «Son programme, c’est un oignon. Chaque jour, il se pèle et à la fin il n’y a plus que ses yeux pour pleurer parce que ce n’est pas sérieux, pas crédible», a-t-il ironisé.
Accusé d’aller sur des thématiques mises en avant par le RN, comme la sécurité ou le pouvoir d’achat, le chef du gouvernement, qui «n’a besoin de personne d’autre que les Français pour savoir leurs préoccupations», a sorti ses gants de boxe contre ses opposants. En rappelant que le RN «avait promis aux Français que la priorité c’était la retraite à 60 ans, et puis finalement il recule.» Et de poursuivre sa charge : «Il avait promis de supprimer la TVA sur les produits de première nécessité, il vient de reculer. Il avait promis une baisse de l’impôt sur le revenu pour les jeunes, il vient de reculer aussi.»

 

Législatives: risques de chienlit et de chaos

Législatives: risques de chienlit et de chaos

 

D’après Macron qui a décidé de manière précipitée et irresponsable de dissoudre brutalement l’Assemblée nationale, l’objectif des élections législatives vise à opérer dans le pays une clarification politique. Le problème,  c’est que dans  l’hypothèse centrale, aucun des trois grands courants ne parviendra à obtenir une majorité et que le Parlement risque de courir après une union introuvable sur chaque texte tellement les positions sont inconciliables. Sans parler évidemment des contradictions internes à chaque courant. Les Français eux-mêmes sont très divisés puisque 53 % craignent l’arrivée du Front populaire et 50 % craignent l’arrivée du rassemblement national. Conclusion un risque de chienlit voire de cahot et sous les yeux de la presse internationale présente à l’occasion des JO

Quand on examine les programmes de chaque tendance politique, on peut vérifier qu’ils ont surtout des connotations sociales certes dont certaines sont légitimes mais qui ne sont pas financés en tout cas bien insuffisamment. Faut-il rappeler qu’il y a encore quelques jours le ministre des finances affirmait qu’il cherchait des économies environ  10 milliards pour rendre son budget plus présentable et plus sérieux vis-à-vis des autorités monétaires notamment.

Aujourd’hui dans les trois courants, ce sont des dépenses supplémentaires qui vont de 25 milliards à presque 200 qui sont prévues ( derniers chiffrages approximatifs).

On objectera que les promesses des campagnes ne font pas toujours loin s’en faut le contenu de l’action politique lorsqu’on est en situation de gestion. Mais le désarroi et la déception risquent d’augmenter encore davantage. Le vote des législatives est surtout une sorte de référendum contre Macron non seulement rejeté  par une grande partie de l’électorat et même par  sa propre organisation.

On a donné du mal à trouver un peu de cohérence dans les programmes électoraux bâtis à la  hâte quelques jours qui mettent d’une part sous le tapis les contradictions et insistent surtout sur les dépenses à venir en faisant grandement fi de la situation financière déjà particulièrement grave du pays.

Toutes ces contradictions se traduiront forcément par des conséquences économiques dont la principale se traduira en hausse du coût de l’argent et en inflation pour les ménages comme pour les entreprises. D’où le risque d’une nouvelle perte de compétitivité , de croissance et d ‘emploi.

Bref, Macon a vraiment joué à l’apprenti sorcier et démontrer toutes les limites du personnage bien trop jeune et bien trop inexpérimenté pour conduire le pays de manière cohérente et efficace. Et sa dernière décision ressemble à un chemin vers le chaos.

Politique : « Tout ça va mal finir »

Politique et législatives  : « Tout ça va mal finir »

interview de François Dubet, spécialiste d’éducation et des inégalités sociales dans La Tribune

 » Tout ça va mal finir. Fatalement. Depuis longtemps je travaille sur l’évolution des inégalités du vote, sur les manifestations de la compétition méritocratique – une logique binaire de vainqueurs et de vaincus, ces derniers traditionnellement à gauche développant une détestation des élites qu’ils expriment dorénavant par leur ralliement à l’extrême droite. Ce basculement de l’électorat populaire et la défiance démocratique dont il résulte, je les étudie attentivement. Malgré ça, le résultat du scrutin est un choc immense. »

L’ampleur était attendue, mais l’analyse sociologique de l’électorat vous a-t-elle surpris ?

 Il est frappant que toutes les catégories sociales, tous les niveaux de qualification professionnelle, toutes les générations, tous les territoires de France se soient portés vers le RN. Finis les seules zones délaissées, les seuls groupes sociaux défavorisés, les seules régions des Hauts-de-France ou de PACA. Le populisme d’extrême droite – il existe aussi une version de gauche, ne nous voilons pas la face – manipule très bien le ressentiment contre les élites, et contre tous ceux (immigrés, pauvres) supposés « être assistés » et « profiter du système ». Mais que ce mantra ait un écho dans toutes les strates de la population est une surprise.

Une heure après l’annonce du verdict des urnes tombe celle de la dissolution et de la tenue d’élections trois semaines plus tard. Cette « deuxième lame », que « dit »-elle de la personnalité d’Emmanuel Macron ?

Le Président de la République joue au poker. Aujourd’hui encore, je ne comprends pas ce coup de folie. Il semble probable que le RN, une fois les LR divisés avec le ralliement d’Eric Ciotti et avec Reconquête ! laminé par le divorce entre Marion Maréchal et Eric Zemmour, remporte le scrutin, se retrouve à Matignon et ouvre un nouvel exercice du pouvoir – avec pour modèle les régimes des tyrans latino-américains ou des illibéraux d’Europe de l’est -. Surtout que la gauche, même unie, aura du mal à dépasser ses fractures. Ce « pari », qui survient dans l’extrême précipitation et juste avant les Jeux olympiques, est symptomatique de la manière dont le chef de l’Etat gouverne depuis quelques années. Dans une solitude qu’il a choisie, mû par le tragique (économique, géopolitique, climatique qui embrase la France et le monde), il brave l’incroyable. C’est Bonaparte au Pont d’Arcole.

Lorsque du matin au soir est martelée une stratégie visant à dédiaboliser, c’est-à-dire à « normaliser », une idée, peu à peu celle-ci devient acceptable et universelle

Emmanuel Macron n’est pas seul responsable de la popularité du RN. Outre ce contexte exogène vertigineux, le comportement des autres oppositions a joué un rôle clé…

Toute formation politique a le devoir d’entendre la population, d’être à l’écoute de ses souffrances et de ses aspirations. C’est la base. Ensuite, charge à elle d’appliquer un programme en fonction de ses principes idéologiques ou éthiques. Or la gauche a abandonné des sujets comme l’immigration, l’autorité ou la sécurité, au motif qu’ils sont « sales ». Celui de la nation, elle l’a aussi délaissé, ou plutôt elle a construit un récit national qui devait être coûte que coûte en opposition à celui du RN ; à cette fin, elle a tenu des positions absconses, voire duplices ou silencieuses (port du voile, destruction d’œuvres d’art, etc.), prenant le risque de fragiliser les fondations de la laïcité, même de desservir l’émancipation des femmes, et de se perdre à continuer de financer ce qui ne fonctionne pas. Du pain béni pour Marine Le Pen. Qui depuis des années exploite chaque fait divers, et apparait être seule ou presque à partager ces préoccupations avec la population.

« Exploite chaque fait divers » : la victoire du 9 juin, est-ce aussi celle des médias Bolloré, notamment le couple CNews – Europe 1 qui ont servi d’amplificateur aux causes du RN et ont dédiabolisé ses remèdes ?

C’est une évidence. CNews a gagné le match. Le triomphe du RN est celui de CNews, à qui l’on doit que Pascal Praud et Cyril Hanouna soient devenus ce qu’il y a de « mieux » dans le paysage intellectuel médiatique. Lorsque du matin au soir est martelée une stratégie visant à dédiaboliser, c’est-à-dire à « normaliser », une idée, peu à peu celle-ci devient acceptable et universelle. Exemple : le spectaculaire effacement des thèmes sociaux derrière les thèmes identitaires. On ne parle plus de quartiers pauvres et de quartiers riches, mais de quartiers « d’arabes » et de quartiers de « blancs ». Fini la lutte contre les inégalités de conditions, on ne raisonne plus qu’en termes de discrimination et de stigmate. Cette réalité a dépassé le cercle de l’extrême droite, elle s’impose dans le débat public, elle est même relayée par une partie de la gauche. Or à opposer les « blancs » aux « arabes », on s’expose à un bain de sang.

L’instrumentalisation électoraliste du « sentiment d’être méprisé » n’est pas l’apanage du RN…

L’émotion politique est partagée par La France insoumise. Quelle rhétorique Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon brandissent-ils sans cesse ? « Ma parole est méprisée par les élites, mon parti est méprisé par les élites, et vous que je représente êtes méprisés par les élites ». C’est un trait populiste commun aux deux extrémités du spectre.

Ce risque d’embrasement est réel

Redoutez-vous qu’en cas d’installation du RN à Matignon de nouvelles violences jaillissent ?

Au soir du 7 juillet, si l’extrême droite a gagné, je n’exclus pas l’éruption de nouvelles violences urbaines, à laquelle participeront aussi bien étudiants d’extrême gauche que les jeunes des banlieues qui ont enflammé le pays en juin 2023. Ce risque d’embrasement est réel.

Votre champ d’expertise est l’éducation. Dans ce domaine « aussi », on sait très peu des projets réels du RN ?

 Absolument. Ce qui est troublant, c’est que la politique de Gabriel Attal a permis de lever le voile sur ce qu’ambitionne le RN. De même qu’elle a cru couper l’herbe sous le pied du RN en promulguant la loi immigration, la majorité déploie les mêmes mesures, très symboliques, que la formation de Marine Le Pen promeut : classes de niveau, uniforme, hymne national, retour de l’autorité, etc. Rien sur l’essentiel, rien sur la priorité : que doit la France à tous ses élèves ? On a pensé que le système scolaire avait pour devoir d’amener tous les élèves jusqu’au bout d’une trajectoire longue et uniforme : or pour beaucoup d’entre eux, à ce bout il n’y a rien. On a cru que faire grimper le taux de réussite au baccalauréat à 90% allait élever le « niveau » (de connaissances, de comportement, etc.) et résorber des inégalités ; il n’en est rien. On a cru que l’école devait avoir le monopole de l’éducation ; or c’est illusoire, et il faut au contraire accueillir d’autres leviers (associations, entreprises, intelligence artificielle).

Sa stratégie en matière d’enseignement supérieur et de recherche est-elle plus lisible ?

Pas davantage ! On ne sait rien, absolument rien de ses objectifs. A part son obsession de lutter contre l’islamo-gauchisme et le wokisme. C’est symptomatique du double risque qu’à pris Emmanuel Macron : placer aux manettes de la France un parti dont on n’ignore tout du programme. Et c’est donc à l’épreuve des faits qu’on apprendra ce qu’il a réellement « dans le ventre ». Par exemple lorsque la France lâchera Zelensky, détricotera l’Union européenne, noyautera l’audiovisuel public ou les instances judiciaires, etc.

Comment les « inégalités sociales » vont-elles progresser si le RN l’emporte ? Vers une aggravation de celles qui existent, vers l’irruption de nouvelles, ou au contraire vers la résorption d’autres - puisqu’après tout le RN promet de s’attaquer à elles ?

Il est difficile de répondre. En premier lieu parce que les inégalités font l’objet d’une double lecture : il y a celles qu’on subit réellement, il y a celles que l’on ressent - et qui ne reposent pas sur des faits. J’habite à Bordeaux. La liste Place publique de Raphaël Glucksmann est arrivée en tête avec 22% des suffrages. Et plus on s’éloigne de la ville, plus le score du RN enfle, dans d’impressionnantes proportions ; celles-ci correspondent-elles à des écarts réels d’inégalités ? Evidemment non. Ce qui est certain en revanche, c’est que les inégalités entre méritants et non méritants va exploser, puisque la société promue par le RN est fondée sur la méritocratie. Les fragiles et les exclus de la société – population souvent issue de l’immigration : heureux hasard pour le RN – verront leurs prestations vaciller. Plus que jamais ils seront ces « pauvres qui n’ont que ce qu’ils méritent ». Quant aux inégalités auxquelles le RN veut s’attaquer, elles soulèvent des équations comptables complexes. Exemple : comment réduire la TVA sans obérer les comptes publics déjà abyssaux ?

« Faire société ensemble » : demain plus que jamais ce vœu sera chimère ?

S’il remporte les élections, le RN ouvrira une période qui devrait être très contrastée. Aux crispations de toutes parts, aux replis, aux violences inévitables ripostera une dynamique de résistance et de solidarité. Comprendre ce qui se passe, décoder les ferments du désamour des Français pour des représentants politiques non extrémistes, est incroyablement alambiqué. Toutefois un chantier m’apparait majeur : redonner du sens à la redistribution. Pourquoi le système français de solidarité, l’un des plus « riches » en termes de prélèvements obligatoires, est-il à ce point contesté ? Parce que son extraordinaire complexité le rend illisible. Et donc décourage, et ouvre la boite de pandore aux interprétations idéologiques et politiques les plus fallacieuses. Il est facile de manipuler les consciences lorsqu’elles ne saisissent pas réellement leur contribution (sortante et entrante) au modèle de solidarité.

Elections Législatives: Des risques de chienlit et de chaos

Elections Législatives: Des risques de chienlit et de chaos

 

D’après Macron qui a décidé de manière précipitée et irresponsable de dissoudre brutalement l’Assemblée nationale, l’objectif des élections législatives vise à opérer dans le pays une clarification politique. Le problème,  c’est que dans  l’hypothèse centrale, aucun des trois grands courants ne parviendra à obtenir une majorité et que le Parlement risque de courir après une union introuvable sur chaque texte tellement les positions sont inconciliables. Sans parler évidemment des contradictions internes à chaque courant. Les Français eux-mêmes sont très divisés puisque 53 % craignent l’arrivée du Front populaire et 50 % craignent l’arrivée du rassemblement national. Conclusion un risque de chienlit voire de cahot et sous les yeux de la presse internationale présente à l’occasion des JO

Quand on examine les programmes de chaque tendance politique, on peut vérifier qu’ils ont surtout des connotations sociales certes dont certaines sont légitimes mais qui ne sont pas financés en tout cas bien insuffisamment. Faut-il rappeler qu’il y a encore quelques jours le ministre des finances affirmait qu’il cherchait des économies environ  10 milliards pour rendre son budget plus présentable et plus sérieux vis-à-vis des autorités monétaires notamment.

Aujourd’hui dans les trois courants, ce sont des dépenses supplémentaires qui vont de 25 milliards à presque 200 qui sont prévues ( derniers chiffrages approximatifs).

On objectera que les promesses des campagnes ne font pas toujours loin s’en faut le contenu de l’action politique lorsqu’on est en situation de gestion. Mais le désarroi et la déception risquent d’augmenter encore davantage. Le vote des législatives est surtout une sorte de référendum contre Macron non seulement rejeté  par une grande partie de l’électorat et même par  sa propre organisation.

On a donné du mal à trouver un peu de cohérence dans les programmes électoraux bâtis à la  hâte quelques jours qui mettent d’une part sous le tapis les contradictions et insistent surtout sur les dépenses à venir en faisant grandement fi de la situation financière déjà particulièrement grave du pays.

Toutes ces contradictions se traduiront forcément par des conséquences économiques dont la principale se traduira en hausse du coût de l’argent et en inflation pour les ménages comme pour les entreprises. D’où le risque d’une nouvelle perte de compétitivité , de croissance et d ‘emploi.

Bref, Macon a vraiment joué à l’apprenti sorcier et démontrer toutes les limites du personnage bien trop jeune et bien trop inexpérimenté pour conduire le pays de manière cohérente et efficace. Et sa dernière décision ressemble à un chemin vers le chaos.

Législatives : forte participation à prévoir

Législatives : forte participation à prévoir

 

La forte participation probable aux législatives découle sans doute du fait que cette consultation d’une part constitue une sorte de référendum anti Macron, d’autre part une sorte d’échéance présidentielle avant la lettre. En effet en fonction des résultats très favorables à l’opposition, le président actuel pourrait d’ores et déjà être mis sur la touche. Les sondages montrent que la  participation, lors du scrutin des 30 juin et 7 juillet, pourrait retrouver le niveau élevé des années 1990, autour de 60 % à 70 %. Tout comme le nombre record d’enregistrements de procurations – plus de 1,3 million, dimanche 23 juin, selon le ministère de l’intérieur.

 

Les Français ne vont pas aux urnes quand ils ont l’impression que cela ne sert à rien. Depuis la réforme du quinquennat, mise en œuvre en 2002, et l’organisation de l’élection des députés après celle du président de la République, ils considèrent que, en s’étant exprimés à la présidentielle, les jeux sont faits. A tort, bien sûr. Depuis 2002, la participation aux législatives décroît. Elle est même en dessous de 50 % depuis 2017.

 

Politique: Pour Marine Le Pen le titre de chef des armées est honorifique !

Pour Marine Le Pen le titre de chef des armées est honorifique !
Avec cette déclaration qui interprète la constitution, on peut imaginer déjà ce que sera le chaos politique en France. En effet, Marine Le Pen d’ores a déjà écarté le président de sa responsabilité de chef des armées.

Une déclaration à coups de serpe dans les habitudes de Marine Le Pen  et qui va sans doute susciter un grand débat institutionnel. La vérité en effet c’est que la constitution et la jurisprudence politique reconnaît de fait le titre de chef des armées au chef de l’État même si ce champ doit être géré  en concertation avec le gouvernement.

D’une certaine manière, cette déclaration abrupte de Marine Le Pen tranche assez nettement avec le ton plus consensuel de Bardella. Cette prise de position risque de concerner assez directement le positionnement de la France vis-à-vis de la Russie dont on sait que le Front National est relativement proche.

La déclaration de Marine Le Pen s’inscrit dans le souhait de voir le président quitter dès maintenant sa fonction. Ce qui par parenthèse inévitablement risquerait de provoquer une crise politique grave puisque l’Assemblée nationale ne pourrait plus être dissoute pendant un an et serait donc en quelque sorte paralysée.

Politique-Promesses des législatives : oignons ou artichauts ?

Politique-Promesses des  législatives  : oignons ou artichauts ?

Pour Gabriel Attal  : «Le programme du RN c’est un oignon, chaque jour il se pèle». Cela fait évidemment référence au fait que le RN a décidé de reculer en tout cas de décaler un certain nombre de mesures dans le temps en fonction de l’audit des finances du pays. Mais cette contradiction entre les programmes électoraux et l’action au pouvoir peut-être relevée dans la plupart des formations politiques. Il y a en effet un temps pour faire des promesses et l’autre temps , celui des réalités et de la gestion. Les programmes politiques d’une certaine manière sont donc effectivement comme un oignon. Pire comme un artichaut, le seul légume disait Coluche dont le volume augmente après consommation mais vidée de toute sa substance nourricière.

 

Gabriel Attal a considéré que «Jordan Bardella recule chaque jour sur une mesure sur le pouvoir d’achat». «Son programme, c’est un oignon. Chaque jour, il se pèle et à la fin il n’y a plus que ses yeux pour pleurer parce que ce n’est pas sérieux, pas crédible», a-t-il ironisé.
Accusé d’aller sur des thématiques mises en avant par le RN, comme la sécurité ou le pouvoir d’achat, le chef du gouvernement, qui «n’a besoin de personne d’autre que les Français pour savoir leurs préoccupations», a sorti ses gants de boxe contre ses opposants. En rappelant que le RN «avait promis aux Français que la priorité c’était la retraite à 60 ans, et puis finalement il recule.» Et de poursuivre sa charge : «Il avait promis de supprimer la TVA sur les produits de première nécessité, il vient de reculer. Il avait promis une baisse de l’impôt sur le revenu pour les jeunes, il vient de reculer aussi.»

 

Société-Des manifestations violentes en cas de victoire du RN ?

Société-

Société-Des manifestations violentes en cas de victoire du RN ?

 

Invitée de France 2 mercredi matin, Marine Le Pen a jugé qu’il y aurait «probablement des manifestations dans les rues», en accusant par avance «l’extrême gauche» d’en être «responsable». À l’inverse, «si pour notre plus grand malheur» ces mêmes opposants «gagnaient les législatives, il n’y aurait pas une manifestation dans les rues», a poursuivi l’ancienne chef de file des députés RN.

Marine Le Pen n’a sans doute pas tort cette fois d’annoncer l’hypothèse de réactions violentes de la part de l’extrême gauche surtout si le RN obtient la majorité absolue. L’extrême gauche rêve depuis toujours de révolution et une victoire totale du rassemblement national serait sans doute un excellent prétexte pour semer le trouble dans le pays en tout cas dans certaines grandes zones urbaines.

Dans une interview à paraître jeudi dans Valeurs actuelles, le président du RN dit «ne pas croire» à des émeutes ou des violences s’il était porté à la tête du gouvernement. «C’est l’argumentaire utilisé par nos adversaires dans une stratégie de la peur», raille l’eurodéputé. Bardella la prévoit cependant quelques manifestations, «mouvements» qui, selon lui, «resteront sporadiques et n’auront pas un grand pouvoir de nuisance».

 

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