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Santé : les dégâts des micros plastiques

Santé : les dégâts des micros plastiques

Les négociateurs de Busan ont échoué à se mettre d’accord sur un traité contraignant afin de limiter la pollution plastique. Une mauvaise nouvelle, alors que les scientifiques documentent chaque jour l’ampleur des contaminations environnementales et que les preuves des effets délétères du plastique sur la santé des êtres vivants s’accumulent.

 

par 

Chercheuse spécialisée en immunotoxicologie – U1286 INFINITE- Institute for translational research in inflammation – Inserm, CHU Lille, Université de Lille dans The conversation 

Peu coûteux, polyvalent, léger, symbole de modernité… Durant la seconde moitié du XXe siècle, le plastique, ce matériau « miracle », a suscité l’enthousiasme des industriels, des designers ou des consommateurs.

Formica, polypropylènes, polystyrènes et autres polyéthylènes ont envahi notre quotidien, avant d’envahir notre environnement. À la charnière des années 1990 et 2000, la prise de conscience de l’ampleur de la pollution plastique a changé le regard porté sur ce matériau.

Désormais, une question se pose avec insistance : quel sera le coût réel de notre addiction au plastique, non seulement pour la santé de notre planète, mais aussi pour notre santé et celle de nos descendants ? Voici ce que nous en savons aujourd’hui.

On a longtemps cru que le plastique ne se dégradait pas, et donc qu’il ne pouvait pas impacter la santé environnementale et humaine. Autrement dit, que la pollution plastique était avant tout visuelle. Mais, depuis le début des années 2000, notre vision de ces matériaux a changé.

Nous savons aujourd’hui que tous les plastiques se dégradent, même les plus solides d’entre eux, de façon lente, mais irrémédiable. Les plastiques se fragmentent progressivement en microplastiques, des particules de plastique de taille inférieure à 5 mm, qui eux-mêmes se dégradent en nanoplastiques, de taille inférieure à 1 µm (soit moins d’un millième de millimètre). À partir du moment où les scientifiques ont commencé à chercher, ils ont découvert des morceaux de plastiques de plus en plus petits dans de nombreux endroits : dans l’environnement, dans les aliments, dans l’eau, dans les corps des êtres vivants…

Maintenant qu’ils savent détecter des fragments aussi minuscules que les nanoplastiques, ils vont certainement en trouver beaucoup plus, partout. Un nouveau champ de recherche s’ouvre. Grâce à ces avancées technologiques, nous savons par exemple maintenant que l’eau que nous buvons contient, en plus des microplastiques, des nanoplastiques…
La plupart du temps, quand on parle des microplastiques dans la nourriture, on ne parle que de la source de contamination directe : les emballages. Nous savons en effet que des microplastiques peuvent non seulement contaminer les aliments au moment de leur conditionnement, mais aussi lors de leur utilisation.

Les emballages à usage unique sont particulièrement incriminés. Un café chaud ou une boisson fraîche dans la glace vont se charger rapidement en microplastiques libérés du gobelet plastique à usage unique dans lequel ils ont été versés, de même que notre repas chaud se charge en microplastiques entre le moment où il a été déposé dans son emballage plastique et celui où le livreur l’apporte à notre domicile.

Mais il existe une seconde voie de contamination, dont on parle moins alors qu’elle est au moins aussi importante : la source environnementale.

Nous avons collectivement déversé des quantités phénoménales de plastiques dans l’environnement, et nous continuons à le faire. Au fil du temps, ceux-ci se dégradent dans les sols, dans l’eau, dans les océans, dans l’atmosphère… Résultat : aujourd’hui, en Europe comme en Asie, les légumes et les fruits contiennent des microplastiques avant même d’être emballés. Une autre conséquence notable est que l’ensemble des eaux ont été contaminées, l’eau du robinet comme les eaux en bouteille.

Il ne fait donc plus guère de doute que nous ingérons des microplastiques quotidiennement. Mais en quelle quantité ? Un chiffre publié en 2020 estimait que nous ingérerions chaque semaine jusqu’à l’équivalent d’une carte bancaire de plastique, soit environ 5 grammes. Depuis d’autres estimations plus basses ont été publiées, mais en parallèle les chercheurs ont aussi appris à détecter les nanoplastiques, qui commencent seulement à être pris en compte dans les estimations d’exposition…
Les êtres vivants, et les êtres humains sont contaminés par les plastiques soit via leur alimentation, soit par inhalation (car oui, on trouve également des particules de plastique dans l’air ambiant). Après ingestion, les particules se répandent dans l’organisme. Plus leur taille est petite, plus elles vont se diffuser.

Initialement, les constats de contamination humaine avaient concerné les selles. Les premières réactions ont donc été de postuler que l’ingestion n’était peut-être pas si problématique, car les plastiques semblaient être excrétés par les voies naturelles.

Cette vision a changé à partir du moment où les scientifiques ont commencé à retrouver des particules plastiques dans de nombreux tissus du corps humain : d’abord dans le tissu intestinal, puis dans le foie, le sang, les reins, les poumons, le cerveau, les organes génitaux (de l’homme comme de la femme)… Et jusque dans le placenta et le liquide amniotique, ce qui signifie que le fœtus est aussi soumis à cette pollution.

Déterminer la quantité de plastiques que nous ingérons chaque jour n’est pas simple. Connaître les effets de ces matériaux sur notre santé à moyen ou long terme l’est encore moins. L’étude des effets des micro et nanoplastiques sur la santé est en effet extrêmement complexe, et ce pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, il est difficile de déterminer les quantités de microplastiques qui contaminent les tissus humains à large échelle. On ne peut le faire qu’à petite échelle, sur des échantillons de quelques dizaines d’individus, pour des raisons méthodologiques. En effet, il n’existe pas de méthode analytique automatisée pour dénombrer et analyser les microplastiques.

Cela s’explique notamment par le fait qu’il n’existe pas une seule sorte de microplastique, mais d’innombrables types différents, dont les fragments varient non seulement en composition polymérique (polystyrène, polyéthylène, polypropylène, etc.) ou en taille, mais aussi en composition chimique et biologique de surface, ce qui va influencer la façon dont les cellules de l’organisme les reconnaissent et les captent.

Autre problème : les innombrables variétés de microplastiques ne sont jamais composées par des polymères purs. Lesdits polymères sont en effet associés à de nombreux additifs (on évoque généralement le chiffre de 15 000. Au global, les microplastiques constituent des cocktails de contaminants dont les effets sont très complexes à étudier. En outre, à l’heure actuelle, on ignore presque tout de la façon dont ces additifs se comportent une fois que les particules de plastique ont été ingérées. Cette immense variété fait qu’il est impossible d’étudier la toxicité de chaque type de microplastique.

Enfin, ces particules posent aussi un autre problème : lorsqu’elles passent du temps dans l’environnement, elles ont tendance à agir comme des agrégateurs de polluants, en les fixant à leur surface. On ne sait pas non plus ce qu’il advient de ces polluants après ingestion des particules de plastique qui les portent…

L’impossibilité de s’appuyer sur des études épidémiologiques implique d’étudier les effets de l’exposition aux plastiques chez des animaux modèles, tels que la souris ou le rat, dont les chercheurs vont contaminer la nourriture avec un type donné de microplastique, sur des durées parfois très longues.

Jusqu’à présent, la plupart des recherches ont été menées sur une seule sorte de plastique, le polystyrène. Chez les rongeurs, son ingestion provoque de très nombreux problèmes et maladies.

Des recherches ont ainsi établi des liens entre l’exposition au polystyrène et une diminution des capacités reproductives de la femelle et du mâle, une toxicité développementale via des dommages directs sur le placenta et l’utérus, une toxicité cardiovasculaire (en favorisant l’athérosclérose à l’origine des accidents vasculaires) et métabolique (notamment via la survenue de diabète de type 2), une toxicité immunitaire, une toxicité intestinale, une toxicité hépatique, une toxicité pulmonaire. Par ailleurs, les rongeurs exposés ont aussi développé des symptômes comme des pertes de mémoire, des difficultés d’apprentissage, l’anxiété, des symptômes de dépression, d’autisme, de maladie d’Alzheimer et de maladie de Parkinson. Enfin, quelques études isolées ont aussi mis en évidence des effets sur le rein et le muscle.

Le point commun entre toutes ces pathologies est qu’elles débutent par une inflammation et un stress oxydant, quel que soit l’organe touché. Ces deux mécanismes sont en réalité des réactions de défense de l’organisme. Ils se mettent en place lorsqu’un composé étranger pénètre dans l’organisme, qu’il s’agisse d’un virus, d’une bactérie ou d’une particule de plastique.

Étant donné que nous ingérons chroniquement des microplastiques, tout au long de notre vie, on peut craindre que la chronicité de cette exposition n’engendre une inflammation chronique et un stress oxydant persistant, lesquels pourraient mener au développement des pathologies qui ont été constatées chez les rongeurs.

Mais le plus inquiétant est que l’on sait que l’inflammation chronique et le stress oxydant sont des terrains favorables au développement de cancers. Même si pour l’instant aucun lien fort n’a encore été établi entre l’exposition au plastique et un type de cancer donné, il s’agit là d’une source de préoccupation importante…

Soulignons que des études ont aussi montré l’existence de toxicité pour d’autres plastiques que le polystyrène, tels que le polyéthylène, mais également des plastiques « biodégradables » comme l’acide polylactique (PLA)…

L’une des inconnues concerne les doses employées pour ces travaux : comme évoqué précédemment, étant donné qu’il est difficile d’évaluer précisément l’exposition humaine, on ne sait pas si elle est plus ou moins importante que les concentrations utilisées pour les expérimentations sur les rongeurs.

Une autre incertitude concerne le fait que la majorité de ces travaux ne portait que sur un seul type de microplastique. On ne sait pas comment pourraient se traduire les effets cocktails qui résultent de l’exposition simultanée à de multiples sortes de particules. Si l’on est optimiste, on peut espérer que leurs effets toxiques ne s’additionneront pas forcément…

Toutes ces recherches n’en sont encore qu’à leurs balbutiements. Il faudra encore de nombreuses années et beaucoup de moyens humains et financiers pour apporter des preuves scientifiques solides de la dangerosité des microplastiques pour notre santé.

La question de la susceptibilité individuelle, notamment, se pose, ainsi que celle des fenêtres d’exposition : existe-t-il, au cours de l’existence, des moments clés durant lesquels la pollution plastique peut avoir des effets délétères plus importants ?

À l’heure actuelle, les chercheurs soupçonnent déjà qu’il existe une fenêtre critique durant la grossesse et au cours des deux premières années de vie. L’exposition aux microplastiques à ces périodes pourrait avoir des conséquences sur la santé qui se répercuteront sur tout le reste de l’existence. Ainsi, des études d’exposition gestationnelle menées chez la souris ont montré que les souriceaux nés de mères « polluées » ont développé des pathologies à l’âge adulte : problèmes de reproduction, problèmes neurologiques, problèmes immunitaires…

De plus, les scientifiques appréhendent que plusieurs maladies, comme les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ou le diabète de type 2, puissent augmenter la diffusion des microplastiques dans l’organisme des personnes malades et donc les rendre plus susceptibles aux effets néfastes des microplastiques.

Il n’est malheureusement désormais plus vraiment possible d’espérer échapper totalement à l’exposition aux microplastiques. En revanche, nous pouvons tenter de nous préserver quelque peu.

La première des choses à faire est évidemment de limiter l’utilisation d’emballages plastiques, surtout ceux à usage unique. Mieux vaut éviter les contenants en plastique, en particulier lorsqu’il s’agit de stocker des aliments à long terme, et au quotidien, utiliser une tasse en céramique, une gourde en inox, ou un contenant en verre, par exemple.

Second conseil : éviter absolument de chauffer au micro-ondes ou de congeler des aliments dans des contenants en plastique. En effet, les changements de température favorisent la libération de microplastiques.

À ce propos, démontons tout de même une idée reçue qui circule sur les réseaux sociaux : il n’est pas recommandé de jeter les bouteilles plastiques qui ont passé une journée au réfrigérateur. Ce genre d’information est non seulement infondée, mais s’avère de plus contre-productive pour réduire la pollution plastique…

Troisième conseil : mieux vaut remplacer ses ustensiles de cuisine en plastique par d’autres matériaux (planches à découper en bambou, spatules en bois ou en inox…).

Dans la cuisine, mieux vaut privilégier l’inox ou le bois plutôt que le plastique.
Enfin, éviter les liquides contenus dans des bouteilles en plastique. En ce qui concerne l’eau, en particulier, privilégier l’eau du robinet (elle contient moins de particules de microplastique que l’eau en bouteille). Certes, elle peut aussi contenir d’autres contaminants, mais du point de vue des microplastiques, la consommer présente un autre intérêt : moins d’eau en bouteille pourrait à terme signifier moins de production de plastique. Ce sera toujours cela de moins à gérer pour les générations futures…
Il reste encore un travail phénoménal à accomplir pour espérer parvenir à prendre la mesure des conséquences pour la santé de la pollution aux microplastiques. Face à l’abondance de molécules, et étant donné qu’il sera impossible d’établir pour chacune d’entre elles tous ses effets toxiques potentiels, un enjeu crucial sera de parvenir à ce que les autorités réglementaires s’emparent du problème.

En effet, accumuler des résultats est important, mais il est surtout crucial que ces données soient utilisées pour faire évoluer les normes. Cette étape peut prendre des années. On sait par ailleurs qu’elle se heurte souvent à un intense lobbying de la part des industriels, en particulier lorsque les enjeux économiques sont aussi élevés : en Europe, les derniers chiffres publiés montrent que l’industrie du plastique représente 1.5 million d’emplois, 52 000 entreprises, et plus de 400 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

 

Et encore faut-il que les nouvelles normes soient définies de façon efficace. Il faudra en particulier veiller à ne pas reproduire les erreurs faites avec le bisphénol A, un plastifiant dont les scientifiques ont mis en évidence les propriétés de perturbateur endocrinien, et qui a été remplacé par d’autres molécules aux propriétés similaires, mais non encore évaluées réglementairement…

Le Bitcoin au-dessus des 10 000 $

Le Bitcoin au-dessus des 10 000 $

La monnaie numérique est passée au-dessus du seuil symbolique des 10 000 $. Un pari audacieux de la part de certains investisseurs après la nomination par Donald Trump d’un sympathisant des cryptomonnaies pour diriger le gendarme américain des marchés. 

 

L’an dernier, Atkins avait critiqué publiquement les responsables de la SEC, estimant qu’ils auraient dû se montrer «plus accommodants» avec les entreprises du milieu des monnaies numériques et accusant leur approche de détourner les entrepreneurs du marché américain. «Paul a fait la preuve de son orientation en faveur d’une régulation teintée de bon sens (…) Il reconnaît aussi que les actifs numériques sont cruciaux pour rendre l’Amérique encore plus grande qu’elle l’a jamais été», a commenté Donald Trump sur sa plateforme Truth Social. Un commentaire qui ne plaide pas forcément pour le développement à terme de la cryptomonnaie.

Au contraire, Il faut s’attendre sans doute à des prises de bénéfices compte tenu des incertitudes qui par ailleurs menacent la conjoncture économique et financière.

Depuis la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine le 5 novembre, la valeur du bitcoin a gonflé de plus de 40%. Le président élu, qui prendra ses fonctions en janvier, a promis de faire des États-Unis «la capitale mondiale des cryptomonnaies» et évoqué l’établissement d’une réserve nationale stratégique de bitcoins.

Réformer l’école selon Marc Bloch, des réflexions toujours actuelles ?

 

Résistant, historien, Marc Bloch a aussi livré dans son livre L’Étrange Défaite des réflexions sur le système éducatif qui nous interpellent encore. Revue de quelques-unes de ses analyses sur les grandes écoles, l’évaluation des élèves, la compétition ou encore les salaires des enseignants.

 

Par , Professeur des universités, Université de Picardie Jules Verne (UPJV)

Le 23 novembre 2024, la panthéonisation de Marc Bloch a été annoncée par le président de la République, « pour son œuvre, son enseignement et son courage ». Par ces mots, Emmanuel Macron faisait référence à son engagement dans la résistance ainsi qu’à son œuvre d’historien, fondateur de « l’École des Annales » et spécialiste du Moyen Âge – qu’il enseigne de 1919 à 1936 à la faculté de Strasbourg.

S’il n’était probablement pas question, dans ce discours présidentiel, de la réflexion critique de Marc Bloch sur le système d’enseignement ou de ses propositions de réformes à engager dans ce domaine, cette annonce nous donne l’occasion de revenir sur les idées qu’il formule dans L’Étrange Défaite (rédigé dès 1940 et publié à titre posthume en 1946) et dans un article intitulé « Sur la réforme de l’enseignement », publié dans la revue du Comité général d’études (CGE), les Cahiers politiques (n°3, août 1943).

Reparcourons ces textes dont les propos sur la compétition et « la manie examinatoire » de l’école, la nécessité de repenser l’évaluation des connaissances ou encore de revaloriser les salaires des enseignants éclairent encore les débats actuels.

Dans L’Étrange Défaite, Marc Bloch s’efforce, en historien et témoin objectif, d’analyser les causes politiques, militaires et sociales de la défaite de 1940. Pour lui, elle n’est pas qu’une défaite militaire, mais révèle une désagrégation beaucoup plus profonde du pays avec le déclin de l’esprit civique dans la société et la faillite des élites. Marc Bloch pointe clairement la part de responsabilité de l’institution scolaire dans ce désastre

« de tant de reconstructions indispensables, celle de notre système pédagogique ne sera pas la moins urgente. Qu’il s’agisse de stratégie, de pratique administrative ou, simplement, de résistance morale, notre effondrement a été avant tout, chez nos dirigeants et […] dans toute une partie de notre peuple, une défaite de l’intelligence et du caractère. C’est que, parmi ses causes profondes, les insuffisances de la formation que notre société donnait à ses jeunes ont figuré au premier rang. » (1943)

Ce constat est en réalité largement partagé par d’autres discours intellectuels et résistants. C’est ce que souligne par exemple Michel Debré (futur premier ministre du général de Gaulle, 1959-1962) dans un ouvrage rédigé avec Emmanuel Mönick, en 1943, dans la clandestinité et intitulé Refaire la France : l’effort d’une génération (Paris, Plon, 1945) :

« L’esprit civique faisait défaut à trop de citoyens. Ils ne savaient plus faire plier les intérêts privés devant les nécessités du salut public […] En vérité, reconnaissons-le, à tous les échelons de la hiérarchie sociale, les Français ont […] manqué de sens de l’État. »

Pour eux, l’école de la IIIe République n’est pas coupable au sens où l’entend la politique scolaire du régime de Vichy qui dénonce le pacifisme des instituteurs, leur désaffection pour la culture morale au profit de l’acquisition de connaissances et des méthodes pédagogiques nouvelles (promues par les réformes ministérielles de Jean Zay) qui auraient compromis le goût de l’effort dans l’éducation, selon l’idéologie maréchaliste.

Pour Marc Bloch, le système d’enseignement tel qu’il fonctionne dans l’entre-deux-guerres porte sa part de responsabilité dans la faillite intellectuelle et morale de 1940 car il n’a justement pas suffisamment évolué et renouvelé ses méthodes.

La pensée critique de Marc Bloch sur l’enseignement secondaire et universitaire de son temps se double d’une véritable réflexion pédagogique. L’auteur de L’Étrange Défaite établit ainsi un lien direct entre la pédagogie sclérosée de l’enseignement secondaire et supérieur d’une part, et l’inertie de la pensée et l’immobilisme d’autre part :

« Un mot, un affreux mot, résume une des tares les plus pernicieuses de notre système éducatif : celui de bachotage. Le secondaire, les universités, les grandes écoles en sont tout infectés. […] On n’invite plus les étudiants à acquérir les connaissances, mais seulement à se préparer à l’examen. Dans ce contexte, l’élève savant n’est pas celui qui sait beaucoup de choses, mais celui qui a été dressé à donner, par quelques exercices choisis d’avance, l’illusion du savoir. Au grand détriment de leur instruction, parfois de leur santé, on plonge trop précocement les élèves dans la compétition […]. Il n’est pas nécessaire d’insister sur les inconvénients intellectuels d’une pareille “manie examinatoire”. Mais ses conséquences morales, c’est la crainte de toute initiative. » (1943)

Ces critiques pédagogiques ne sont pas nouvelles en réalité. Elles rejoignent à la fois la question du « surmenage » posée dès la fin du XIXe siècle et les reproches fréquents sur l’intellectualisme des lycées.

Déjà, l’historien Ernest Lavisse condamnait la répétition stérile des exercices et le caractère artificiel des apprentissages dans ses « Souvenirs d’une éducation manquée » publiés en 1902 dans la Revue internationale de l’enseignement. Plus largement, ces questionnements sont une manifestation de la « crise de l’enseignement secondaire » au tournant du XXe siècle, à laquelle plusieurs réformes pédagogiques s’efforcent de remédier, de la réforme des lycées de 1902 aux loisirs dirigés de 1937-1939 dans les établissements secondaires, puisant dans les pratiques des mouvements de l’Éducation nouvelle mais aussi du scoutisme.

Marc Bloch est imprégné de ces idées pédagogiques novatrices de l’entre-deux-guerres. Il y a chez lui, comme dans le milieu universitaire et historien, un intérêt pour ces débats, mais son point de vue détonne en regard du « corporatisme disciplinaire » des agrégés. Pour lui, « l’ancien système humaniste a vécu » (1943).

En effet, Marc Bloch soutient clairement les méthodes actives, qui reposent sur une meilleure connaissance scientifique de l’enfant (notamment en psychologie, à laquelle devraient être formés tous les enseignants), s’adaptent à ses centres d’intérêt, favorisent l’apprentissage par l’expérience et une nouvelle relation maître-élève.

L’historien des Annales critique au passage l’absence de culture pédagogique dans la formation des professeurs du secondaire, contrairement aux instituteurs, à l’instar d’Émile Durkheim, dans L’Évolution pédagogique en France. Marc Bloch se montre aussi « particulièrement sévère » concernant l’enseignement de l’histoire, dont il fustige l’encyclopédisme (un grief récurrent contre cette discipline), les programmes privilégiant la linéarité évènementielle et une focale hexagonale (au détriment de l’histoire sociale et de l’ouverture aux autres civilisations comme la Chine et l’Inde – d’ailleurs présente dans les projets de programme qu’il rédige en 1938) ; à rebours d’une pédagogie favorisant un rapport au savoir passif, il estime que l’histoire doit « donner une image compréhensive du monde ».

« [N]otre pédagogie historique ne réussit plus à donner, aux esprits qu’elle prétend former, le sens du différent ni celui du changement. […] Attachés, en outre, presque sans exception, aux manifestations les plus superficielles de la vie des peuples, qui sont aussi, aux époques voisines de nous, les plus aisées à saisir, nos programmes scolaires entretiennent l’obsession du politique. Ils reculent, pudiquement, devant toute analyse sociale. Par-là, ils manquent à en suggérer le goût. » (1940)

Ces réflexions de Marc Bloch rejoignent celles qu’il mène dans les années 1930 avec son collègue Lucien Febvre Pour le renouveau de l’enseignement historique, qui passe par la rénovation du concours de l’agrégation, afin de rompre la routine des pratiques professorales. Cette réflexion pédagogique est inséparable de la lutte pour la démocratisation de l’enseignement, enjeux au cœur des débats scolaires de l’entre-deux-guerres et de « l’École unique ». Toutes ces questions irriguent la pensée de Marc Bloch et son projet de réforme de l’enseignement.

En 1943, dans son article des Cahiers politiques, Marc Bloch projette un véritable « plan de rénovation » du système éducatif pour l’après-guerre. Des structures de réflexion sur les réformes à mener après la Libération (dans le domaine scolaire entre autres) ont d’ailleurs été développées très tôt par la France Libre et des mouvements de la Résistance intérieure.

L’école est conçue comme l’instrument du redressement du pays en contexte guerrier et dans une France libérée. Si Marc Bloch en appelle à « une révolution nécessaire de l’enseignement », il n’est ni idéaliste ni utopique :

« Ne nous y trompons pas, la tâche sera rude. Elle n’ira pas sans déchirements. Il sera toujours difficile de persuader à des maîtres que les méthodes qu’ils ont longuement et consciencieusement pratiquées n’étaient peut-être pas les meilleures ; à des hommes mûrs que leurs enfants gagneront à être élevés autrement qu’eux-mêmes ne l’ont été ; aux anciens élèves des grandes Écoles, que ces établissements parés de tous les prestiges du souvenir et de la camaraderie, doivent être supprimés. » (1943)

Marc Bloch estime néanmoins que certaines écoles spéciales, comme les Ponts-et-Chaussées, sont indispensables à la formation de certains corps techniques. Il se prononce pour « la reconstitution de vraies Universités, divisées désormais, non en rigides Facultés qui se prennent pour des patries, mais en souples groupements de disciplines », ainsi que pour le rétablissement des Écoles normales (supprimées par Vichy) avec une formation parachevée à l’université pour les instituteurs et institutrices.

L’historien formule en effet une série de propositions concrètes, des « principes directeurs » qui devront être discutés « plus tard ». Il demande des ressources budgétaires nouvelles, pour « nos entreprises de recherche », pour les bâtiments scolaires car « la jeunesse a le droit de ne plus être confinée dans des murs lépreux » et pour revaloriser le salaire de

« nos maîtres de tous les degrés pour (leur) assurer une existence non pas luxueuse certes (ce n’est pas une France de luxe que nous rêvons), mais suffisamment dégagée des menues angoisses matérielles […] pour que ces hommes puissent apporter à leur tâche d’enseignement ou d’enquête scientifique une âme entièrement libre ». (1943)

La question de l’évaluation et de la relativité de la correction et de la note chiffrée sont aussi abordées. Il propose ainsi de « supprimer le carcan des examens » en en réduisant le nombre dans les cursus scolaires et universitaires, ainsi qu’une nouvelle échelle de notation situant la catégorie dans laquelle le niveau de l’élève, suivant l’exemple d’autres pays et annonçant les débats éducatifs autour de Mai 68 : « 1 très mauvais, 2 mauvais, 3 passable, 4 bien, 5 très bien ».

De même, il préconise de réduire la place des langues anciennes (latin, grec) qui ne pourront être maintenues, « sinon par exception ». On retrouve ainsi chez Marc Bloch (comme dans les projets résistants pour changer l’école), la volonté d’engager un processus de démocratisation de l’enseignement secondaire afin qu’émergent des élites issues des milieux populaires de la nation :

« Nous demandons un enseignement secondaire très largement ouvert. Son rôle est de former des élites, sans acceptation d’origine ou de fortune. Du moment donc qu’il doit cesser d’être (ou de redevenir) un enseignement de classe, une sélection s’imposera. Un examen d’entrée demeurera probablement nécessaire : il le faudra très simple et adapté à l’enfance : un test d’intelligence plutôt qu’une épreuve de connaissances… ou de perroquetage. Des examens de passage subsisteront. Mais […] c’est méconnaître toute la psychologie de la croissance […] que de prétendre juger un enfant ou un adolescent sur le travail d’une dizaine de mois. Quels mois, parfois, dans son développement ! » (1943)

Cette réflexion de Marc Bloch sur l’éducation – dimension moins connue de sa pensée – confirme que cet intellectuel a su donner aux grandes questions de la première moitié du XXe siècle des réponses lucides et un projet visionnaire annonçant la refondation et la modernisation progressive du système éducatif après 1945. Elle met aussi en exergue l’importance du rôle social de l’historien.

Ukraine -Zelensky propose : « la paix contre l’abandon des territoires occupés »

Ukraine -Zelensky propose  : « la paix contre l’abandon des territoires occupés »

 

S’il refuse l’idée de reconnaître que les territoires occupés appartiendraient à la Russie,  le président de l’Ukraine avance maintenant  l’idée d’une perte, au moins temporaire, d’une partie du territoire internationalement reconnue de son pays. Jusqu’alors, Volodymyr Zelensky avait déclaré qu’il ne céderait pas le moindre territoire, y compris la Crimée, annexée de force par la Russie en mars 2014. Le problème actuel avec la Russie c’est qu’on ne peut se fier à aucun aucun engagement de la part de Poutine qui ne respecte rien et sème le chaos partout où il peut y compris en Afrique.

Poutine n’a d’ailleurs jamais respecté le moindre accord signé ou pas. Son arme ,c’est la terreur et le mensonge permanent, sa doctrine est celle du KGB.

Le seul contrepoison durable serait la mise en place d’une politique de défense européenne éviter que Poutine ne grignote petit à petit l’Europe et sa zone d’influence. Le problème est que pour l’instant les problèmes intérieurs en France et en Allemagne prennent le pas sur les enjeux internationaux et que la présidente de la commission européenne s’est entourée de seconds couteaux qui politiquement ne pèsent pas lourd.

Guerre Ukraine -Zelensky : « la paix contre l’abandon des territoires occupés »

Guerre Ukraine -Zelensky : « la paix contre l’abandon des territoires occupés »

 

S’il refuse l’idée de reconnaître que les territoires occupés appartiendraient à la Russie,  le président de l’Ukraine avance maintenant  l’idée d’une perte, au moins temporaire, d’une partie du territoire internationalement reconnue de son pays. Jusqu’alors, Volodymyr Zelensky avait déclaré qu’il ne céderait pas le moindre territoire, y compris la Crimée, annexée de force par la Russie en mars 2014. Le problème actuel avec la Russie c’est qu’on ne peut se fier à aucun aucun engagement de la part de Poutine qui ne respecte rien et sème le chaos partout où il peut y compris en Afrique.

Poutine n’a d’ailleurs jamais respecté le moindre accord signé ou pas. Son arme ,c’est la terreur et le mensonge permanent, sa doctrine est celle du KGB.

Le seul contrepoison durable serait la mise en place d’une politique de défense européenne éviter que Poutine ne grignote petit à petit l’Europe et sa zone d’influence. Le problème est que pour l’instant les problèmes intérieurs en France et en Allemagne prennent le pas sur les enjeux internationaux et que la présidente de la commission européenne s’est entourée de seconds couteaux qui politiquement ne pèsent pas lourd.

Nouvelle « lutte des classes » ?

Nouvelle  « lutte des classes » ?

La lecture de la société à l’aune de la « lutte des classes » a été abandonnée avec la perte d’influence du marxisme. Pourtant, on peut se demander si, en France comme aux États-Unis, les victoires de l’extrême droite ne sont pas le résultat d’une « revanche » des milieux populaires et d’une classe moyenne précarisée sur les élites. Le sociologue Gérard Mauger, auteur de Les classes sociales en France (La Découverte), analyse ces phénomènes en renouvelant la question de la lutte des classes.

 

par ,Sociologue, directeur de recherche émérite au CNRS, chercheur au Centre européen de sociologie et de science politique, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne dans The Conversation  

 

Rappeler avec Karl Marx que « l’histoire de toute société jusqu’à nos jours, c’est l’histoire de la lutte des classes » passe souvent pour un point de vue du XIXe siècle. Pourtant, au lendemain de la victoire électorale de Donald Trump, nombre d’éditorialistes et d’essayistes se sont avisés que « ce séisme » devait peut-être quelque chose au sentiment de déréliction de « la classe ouvrière blanche et latino » aux USA et que « le sentiment de relégation des milieux populaires et de déclassement des classes moyennes » en France pourrait bien y produire les mêmes effets. En juin dernier, le RN a déjà obtenu 33,2 % des suffrages aux éléctions législatives et 143 députés. Si le lien entre partis politiques et classes sociales (« le vote de classe ») est loin d’aller de soi, il se pourrait que la condition de classe reste une variable pertinente pour rendre compte des suffrages.

Depuis plusieurs décennies, une bonne partie de la sociologie anglo-saxonne semble néanmoins convaincue de la désuétude du concept de classe sociale. Du Daniel Bell à Terry N. Clark et Seymour M. Lipset, les théoriciens de la « société post-industrielle » ont souligné l’importance prise par les interventions de l’État et les « métamorphoses » qu’elles induisent de « la question sociale », la place croissante du savoir dans la production (d’où résulte l’extension d’une « classe moyenne » qui inclut désormais techniciens et cadres), l’émergence de nouveaux mouvements sociaux « post-matérialistes » et l’individualisation des modes de vie.

Si discutables que soient ces « constats », il est vrai que cette thèse de l’extinction des classes sociales a rencontré un ensemble de phénomènes qui permettent de comprendre l’écho qu’elle a pu trouver : les transformations de la morphologie sociale associées à la « mondialisation » et au déclin du prolétariat industriel à la fois délocalisé et précarisé, l’effondrement du « socialisme réel » avec la chute du mur de Berlin, le déclin du marxisme dans le champ intellectuel et, en France, l’écroulement du « parti de la classe ouvrière » dans le champ politique, le Parti communiste français, l’affaiblissement du syndicalisme, l’offensive idéologique et politique « néolibérale », l’emprise croissante de l’individualisme méritocratique et de l’intérêt accordé aux clivages de « genre » ou de « race » qui traversent les classes sociales.

En France, trois visions du monde social, distinctes mais compatibles, ont contribué à détruire la croyance en l’existence des classes sociales.

La première souligne l’extension indéfinie de la « classe moyenne » occupant progressivement tout l’espace et ne laissant à ses marges que quelques privilégiés (les « élites ») et quelques laissés pour compte (les « exclus »). Faisant valoir « la moyenne » contre les inégalités constatées, cette vision était assurée de rencontrer l’adhésion de tous ceux qui, voulant échapper au « bas » de la hiérarchie sociale sans afficher la prétention de s’inscrire « en haut », déclarent une appartenance peu compromettante à « la moyenne ».

La deuxième représentation – celle, par exemple, d’Anthony Giddens ou d’Ulrich Beck dont les thèses ont été largement diffusées dans les champs universitaires, médiatiques, politiques souligne « l’individualisation » du monde social. Elle emporte l’adhésion des classes dominantes convaincues de leur inaltérable singularité et l’approbation de la petite bourgeoisie qui lui est traditionnellement acquise, mais elle peut également trouver l’assentiment de membres des classes populaires dont la scolarisation de masse et le management participatif contribuent à défaire le sens du collectif.

Enfin, les « nouveaux mouvements sociaux » post-soixante-huitards, réactivés au cours des deux dernières décennies, ouvrant de « nouveaux fronts » par rapport au conflit bourgeoisie/prolétariat de la vulgate marxiste – hommes/femmes, hétérosexuels/homosexuels, français/immigrés, etc. –, ont tracé de nouvelles frontières de « genre », d’orientation sexuelle, d’« origine », au sein des classes sociales, le mot d’ordre d’« intersectionnalité » s’étant substitué au fil du temps à celui de « contre-culture ».

Ces représentations ont contribué au progrès d’une vision « class blind » (« aveugles aux classes sociales ») du monde social.

Mais, cet effacement méconnaît la croissance des inégalités et la mobilisation (inégale) de classes sociales identifiables « objectivement ». À l’échelle mondiale, on peut rappeler la mise en évidence par Thomas Piketty du décrochage des plus hautes rémunérations et, plus encore, de la concentration extrême des patrimoines. Ainsi, au cours de la période 1980-2016, les 1 % les plus riches du monde ont capté 27 % de la croissance mondiale du revenu, contre 13 % pour les 50 % les plus pauvres.

À l’échelle de l’hexagone, Alain Bihr et Roland Pfefferkorn ont mis en évidence le retournement depuis la fin du XXe siècle de la tendance à la réduction des inégalités entre catégories sociales et montré comment ces inégalités cumulent leurs effets et tendent à se reproduire d’une génération à la suivante. En 2012, 50 % des ménages détenaient 5 % du patrimoine et 10 %, 55 %. Parallèlement, la pauvreté s’étend.

En ce qui concerne la distribution du capital scolaire, si le taux de bacheliers dépasse désormais 80 % d’une génération, encore faut-il préciser de quel bac il s’agit : en 2023, il s’agit du « bac général » pour 54,36 % de l’effectif, du « bac technologique » pour 20,23 % et du « bac professionnel » pour 25,41 %.

De même, l’augmentation des effectifs de l’enseignement supérieur qui en résulte n’a pas aboli les hiérarchies sociales et disciplinaires : elle les a seulement différées et brouillées. Non seulement ces inégalités économiques et culturelles se creusent, mais elles tendent à se reproduire. La mesure des inégalités de toutes sortes conduit ainsi à tracer les contours de classes sociales ainsi des classes « possibles », sinon « probables », dont la mobilisation suppose un « travail politique ».

Warren Buffett, l’un des hommes les plus riches du monde, affirmait au début du siècle : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre et nous sommes en train de la gagner ». Par ailleurs, contrairement à une croyance répandue, les classes populaires (ouvriers et employées) représentent toujours à peu près la moitié de la population active. Leur situation salariale reste stable : aujourd’hui comme il y a vingt ans, un ouvrier ou une employée gagnent 2,5 à 3 fois moins qu’un cadre.

La massification de l’enseignement secondaire n’a pas vraiment atténué les inégalités de perspectives scolaires en fonction de la classe sociale d’origine. De sorte que la présence « objective » de classes sociales ne saurait être ignorée dans le champ des sciences sociales et que leur « retour », sous telle ou telle forme, dans le champ politique ne peut être exclu.

Entre « classe sur le papier » et « classe mobilisée », les classes sociales apparaissent comme des configurations sociales à bords flous, traversées par de multiples clivages, constamment en cours d’organisation, de désorganisation et de réorganisation, sinon de mobilisation (comme celle des « gilets jaunes »).

Ainsi peut-on ébaucher en confrontant un cadre théorique qui n’a pas cessé d’évoluer de Marx à Bourdieu aux données statistiques disponibles et aux enquêtes ethnographiques de toutes sortes, un tableau des classes sociales à l’échelle de l’hexagone et montrer ce que la morphologie actuelle de chacune de ses composantes – bourgeoisie, petite-bourgeosie et classes populaires – et ce que leurs rapports doivent aux transformations des 50 dernières années.

Ukraine Zelensky : « la paix contre l’abandon des territoires occupés »

Ukraine Zelensky : « la paix contre l’abandon des territoires occupés »

 

S’il refuse l’idée de reconnaître que les territoires occupés appartiendraient à la Russie,  le président de l’Ukraine avance maintenant  l’idée d’une perte, au moins temporaire, d’une partie du territoire internationalement reconnue de son pays. Jusqu’alors, Volodymyr Zelensky avait déclaré qu’il ne céderait pas le moindre territoire, y compris la Crimée, annexée de force par la Russie en mars 2014. Le problème actuel avec la Russie c’est qu’on ne peut se fier à aucun aucun engagement de la part de Poutine qui ne respecte rien et sème le chaos partout où il peut y compris maintenant en Afrique.

Poutine n’a d’ailleurs jamais respecté le moindre accord signé ou pas. Son arme ,c’est la terreur et le mensonge permanent, sa doctrine est celle du KGB.

Le seul contrepoison durable serait la mise en place d’une politique de défense européenne éviter que Poutine ne grignote petit à petit l’Europe et sa zone d’influence. Le problème est que pour l’instant les problèmes intérieurs en France et en Allemagne prennent le pas sur les enjeux internationaux et que la présidente de la commission européenne s’est entourée de seconds couteaux qui politiquement ne pèsent pas lourd.

 

 

France : vague inquiétante des défaillances d’entreprises

France : vague inquiétante des défaillances d’entreprises

Inflation galopante, hausse des taux d’intérêt, chaînes d’approvisionnement fragilisées : les PME peinent à se transformer face à un manque de financements. Alors que l’exécutif tarde à agir, la survie des entreprises repose sur leur capacité à innover et à se réinventer dans un environnement économique en pleine mutation.

 

Par Raphaël Miolane, Senior Managing Director au sein du cabinet de conseil FTI Consulting
dans la Tribune

Depuis 35 ans, la France n’avait pas connu une période aussi complexe pour ses entreprises. Avec trois des plus forts pics de défaillances sur la période, la situation est préoccupante. Les défaillances ont dépassé 63.000 en cumul annuel à fin juin 2024, soit une hausse de 26% en un an. L’heure n’est plus à un simple rattrapage post-Covid, la tendance de fond se confirme.

Il est nécessaire de comprendre l’origine de ces difficultés. La succession de crises – qu’elles soient économiques et sociales, sanitaires ou géopolitiques- a plongé les dirigeants d’entreprises dans l’inconnu et bouleversé les chaînes d’approvisionnement notamment sur les plans énergétique et commercial. Ces bouleversements ont exigé des réponses inédites : les chefs d’entreprise ont navigué à vue et ont dû faire preuve d’inventivité.

De plus, les entreprises doivent aujourd’hui composer avec une forte inflation, une dynamique que nous pensions révolue depuis des décennies et qui a accru la pression sur les coûts et les marges des entreprises. La hausse des taux d’intérêt bloque le financement de nombreux projets, par exemple les transformations digitales, pourtant cruciales pour conserver la compétitivité des organisations. Or, sans transformation, il devient difficile de survivre et encore plus difficile de prospérer dans le contexte actuel.
Les PME non cotées sont les premières dans le viseur. En effet, elles se caractérisent par une faible proportion de capitaux privés dans leur structure actionnariale. Elles ont donc des difficultés à lever des fonds en dehors des structures bancaires pour se transformer, tandis que des PME soutenues par des investisseurs privés notamment des fonds d’investissement auront plus de facilité à financer leurs projets de croissance et de transformation.

Une fois ce constat peu optimiste mais pourtant bien réaliste posé, reste à s’interroger sur le point de savoir comment les entreprises en difficultés ont encore une chance de ne pas sombrer.

Un espoir pourrait subsister dans la mise en œuvre prochaine d’un nouvel agenda réglementaire, fiscal et social par le gouvernement, permettant alors aux entreprises non seulement d’avoir une visibilité à long terme mais aussi de modifier leur stratégie d’investissements. Mais il n’en sera rien. En effet, l’exécutif semble se concentrer sur ses propres comptes, avec comme lointaine préoccupation le point de savoir comment améliorer la compétitivité des entreprises françaises. C’est un mauvais calcul.

Les entreprises proches de la défaillance ne peuvent donc pas attendre les décideurs politiques pour subsister. La survie et la prospérité futures des entreprises françaises dépendront de leur capacité à se réinventer rapidement et efficacement. Cette transformation ne doit pas se limiter à des ajustements superficiels, mais doit englober une refonte profonde des modèles d’affaires, des processus opérationnels et des stratégies de financement.

Les entreprises qui sauront anticiper les tendances, adopter les nouvelles technologies et encourager une culture d’innovation continue seront les mieux placées pour surmonter les défis actuels et futurs.

Dans ce contexte, la résilience et l’agilité deviennent non seulement des atouts, mais aussi des impératifs de survie dans un paysage économique de plus en plus complexe et imprévisible.

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(*) Raphaël Miolane est un spécialiste de la transformation, du retournement et de la gestion de situations spéciales. Il possède une expérience dans l’amélioration de la performance et de la croissance, grâce à sa double expérience de conseil et dirigeant.

Après un début de carrière chez Procter & Gamble en marketing, Raphaël a rejoint Boston Consulting Group. Il a travaillé chez Yum ! Brands pendant près de 10 ans, notamment chez KFC et Pizza Hut en tant que CFO et CEO en France, en Europe et au Canada. Avant de rejoindre FTI Consulting, Raphaël a également tenu des mandats de CEO pour Courtepaille, Le Duff ou encore Subway.

Foot–piratage télévisé : de 30 à 50 % des téléspectateurs ! crise en vue

Foot–piratage télévisé : de 30 à 50 % des téléspectateurs ! crise en vue

 

Selon une étude Ipsos, 37% des personnes ayant regardé la Ligue 1 cette saison l’ont fait illégalement. Et même 55% des spectateurs du dernier classico OM-PSG fin octobre.

 

Le manque à gagner dû à la diffusion illicite de matches est estimé à 290 millions d’euros par an pour le secteur du sport, a indiqué jeudi l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, qui s’inquiète de la progression des IPTV pirates pour le football. «Ce montant représente 15% du marché de la diffusion des contenus sportifs et pèse sur l’ensemble du secteur, les clubs, les fédérations (…) et le sport amateur», a détaillé Pauline Combredet-Blassel, directrice générale adjointe de l’Arcom, lors d’une conférence à Paris.

Selon elle, ces contenus pirates représentent aussi un manque à gagner de 420 millions par an pour l’État en matière de recettes sociales et fiscales.  Benjamin Morel, directeur général de LFP Media, filiale commerciale de la Ligue de football professionnel, s’est montré très alarmiste. «Depuis le début de la saison 2024-2025, nous faisons face à un phénomène d’ampleur inédite», a-t-il déclaré, citant une étude d’Ipsos selon laquelle 37% des personnes ayant regardé la Ligue 1 cette saison l’ont fait illégalement. Selon cette enquête, 55% des spectateurs du dernier classico OM-PSG fin octobre ont eu recours à des sources illégales.

 

Interdiction des réseaux sociaux aux moins de 16 ans en Australie

Interdiction des réseaux sociaux aux moins de 16 ans en Australie

Adopté ce jeudi, ce projet de loi inédit interdit aux plus jeunes australiens l’accès des plateformes telles que X, TikTok, Instagram ou encore Facebook. 

Les entreprises de la tech bénéficieraient d’un délai d’un an pour appliquer la nouvelle législation. En cas de non-respect de cette obligation, des amendes pouvant aller jusqu’à 31 millions d’euros seraient imposées. Plusieurs plateformes ont déjà dénoncé une décision « précipitée », exprimant de « sérieuses inquiétudes » sur de potentielles « conséquences imprévues ».

L’Australie fait partie des pays à la pointe de la régulation des réseaux sociaux pour protéger les enfants. La limite d’âge proposée serait l’une des mesures les plus strictes au monde, mais son mode d’application reste encore flou. Car le texte amendé par les députés interdit désormais aux géants technologiques d’exiger des nouveaux utilisateurs qu’ils présentent une pièce d’identité pour prouver leur âge.

Des analystes ont d’ailleurs exprimé des doutes quant à la faisabilité technique d’une interdiction stricte selon l’âge. Ce projet de loi pourrait finalement accoucher d’une « politique symbolique », estime le professeur en communication digitale à l’université de Sydney, Terry Flew.

Outre l’Australie, plusieurs pays et territoires ont déjà décidé d’imposer un âge minimum pour accéder aux plateformes.

En France, une loi votée en juin 2023 a instauré une « majorité numérique » à 15 ans. Le texte n’interdit pas l’accès des plus jeunes aux réseaux sociaux, mais impose l’obligation pour les plateformes de vérifier l’âge de leurs utilisateurs, et le consentement des parents pour les mineurs de moins de 15 ans.

En théorie, les réseaux sociaux ne sont pas ouverts aux moins de 13 ans. Mais la première inscription y interviendrait en moyenne vers 8 ans et demi, et plus de la moitié des 10-14 ans y sont présents, d’après la Commission nationale française de l’informatique et des libertés (CNIL).

 

Foot–piratage télévisé : de 30 à 50 % des téléspectateurs !

Foot–piratage télévisé : de 30 à 50 % des téléspectateurs !

 

Selon une étude Ipsos, 37% des personnes ayant regardé la Ligue 1 cette saison l’ont fait illégalement. Et même 55% des spectateurs du dernier classico OM-PSG fin octobre.

 

Le manque à gagner dû à la diffusion illicite de matches est estimé à 290 millions d’euros par an pour le secteur du sport, a indiqué jeudi l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, qui s’inquiète de la progression des IPTV pirates pour le football. «Ce montant représente 15% du marché de la diffusion des contenus sportifs et pèse sur l’ensemble du secteur, les clubs, les fédérations (…) et le sport amateur», a détaillé Pauline Combredet-Blassel, directrice générale adjointe de l’Arcom, lors d’une conférence à Paris.

Selon elle, ces contenus pirates représentent aussi un manque à gagner de 420 millions par an pour l’État en matière de recettes sociales et fiscales.  Benjamin Morel, directeur général de LFP Media, filiale commerciale de la Ligue de football professionnel, s’est montré très alarmiste. «Depuis le début de la saison 2024-2025, nous faisons face à un phénomène d’ampleur inédite», a-t-il déclaré, citant une étude d’Ipsos selon laquelle 37% des personnes ayant regardé la Ligue 1 cette saison l’ont fait illégalement. Selon cette enquête, 55% des spectateurs du dernier classico OM-PSG fin octobre ont eu recours à des sources illégales.

 

Défense: Des capacités européennes très insuffisantes

Défense:  Des capacités européennes très insuffisantes

Les menaces militaire désormais très claires de Poutine vis-à-vis de l’Europe reposent évidemment la question de la stratégie de défense commune. Quantitativement et qualitativement, les capacités de défense de l’Europe face notamment à la Russie paraissent notoirement insuffisantes.
Un rapport de l’Institut international pour les études stratégiques est publié à l’heure où les pays européens s’interrogent sur la persistance du soutien militaire américain à l’Ukraine, après l’élection de Donald Trump.

L’Europe manque de forces armées et ses capacités de défense demeurent insuffisantes, selon l’étude d’un groupe de réflexion britannique parue vendredi 8 novembre. Et ce même si ses dépenses ont augmenté depuis l’invasion russe de l’Ukraine. Ce rapport de l’Institut international pour les études stratégiques(Nouvelle fenêtre) (IISS) est publié à l’heure où les pays européens s’interrogent sur la persistance du soutien militaire américain à l’Ukraine, après l’élection de Donald Trump et les appels à renforcer la défense du continent se multiplient.

Les principales forces armées européennes « restent en sous-effectif, trop d’entre elles continuant de perdre des troupes sans inciter suffisamment la jeune génération à s’engager », écrit l’IISS.  »Elles continuent de s’appuyer sur les Etats-Unis à divers degrés dans tous les domaines militaires », déplore ce groupe d’experts.

Certes  »les membres européens de l’Otan ont accru leurs dépenses de 50% » depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, mais l’invasion russe de l’Ukraine en 2022 a mis à nu de nombreuses faiblesses dans la capacité de l’Europe à assurer sa propre sûreté. L’arsenal a été  »sévèrement réduit après la fin de la guerre froide » et  »l’industrie de la défense en Europe s’est également contractée », selon l’étude.

La production dans certains secteurs, notamment la défense aérienne et l’artillerie, a toutefois considérablement augmenté depuis 2022, les fabricants d’armes répondant aux besoins de l’Ukraine. Par exemple, la fabrication annuelle de munitions 155 mm de Rheinmetall a été multipliée par dix pour atteindre 700 000 unités. Enfin, la moitié des commandes des pays européens de l’Otan vont actuellement à des entreprises européennes, contre 34% pour des systèmes américains.

Logement: Des prix inaccessibles dans les villes

Logement: Des prix inaccessibles dans les villes 

Face à la flambée des prix de la pierre, un collectif d’élus de métropoles françaises et européennes préconise, dans une tribune au « Monde », l’accès à des prêts garantis pour financer des programmes immobiliers. 

 L’importance de la crise du logement dans tous les Etats membres de l’Union européenne (UE), ses effets sur l’emploi et sur la grande exclusion en font une question majeure de la prochaine Commission. Si bien que pour la première fois le logement a expressément été retenu dans les délégations du commissaire danois désigné, Dan Jorgensen. Reste encore à s’entendre sur ce que pourrait constituer une politique européenne du logement.
C’est un fait : la crise du logement met les villes et les métropoles européennes dans une situation de tension économique et sociale sans précédent. En pratique, faute de pouvoir accéder à la propriété en raison de l’augmentation du prix de l’immobilier et du ralentissement des projets de construction pour des raisons tant réglementaires que de consommation des surfaces, un nombre croissant de personnes reste dans le logement social. Par conséquent, celles et ceux qui pourraient y accéder n’y parviennent pas et s’inscrivent durablement dans la précarité immobilière, autrement dit dans le mal-logement, le sans-abrisme ou la rue.

Mais c’est en réalité tout un système qui déraille, faisant de nos villes, devenues trop chères, des lieux inaccessibles aux travailleurs et étudiants qui ne peuvent s’y loger ou, pire, des espaces de précarité pour les travailleurs pauvres et les migrants relégués aux marges de la société et forcés de trouver dans l’informel des solutions souvent indignes. Ce mouvement doit être regardé avec attention, car nos villes, jusqu’alors laboratoires d’inclusion et de brassage, risqueraient de devenir des espaces d’exclusion et de précarisation.

Cette situation est régulièrement partagée et discutée par les élus des collectivités locales dans les différents réseaux européens. Cela a notamment été le cas les 21 et 22 octobre, lors du sommet des maires européens organisé par le réseau Eurocities, à Strasbourg. A cette occasion, des élus de villes et de métropoles européennes ont présenté des propositions aux nouveaux députés européens, réunis en séance plénière.

 

Immobilier : une augmentation douteuse des permis de construire

Immobilier : une augmentation douteuse des permis de construire

 À défaut de relancer l’immobilier qui connaît une crise d’une ampleur presque sans précédent, le gouvernement tente de faire croire à une reprise de l’activité avec des permis de construire qui seraien t en hausse sur un mois mais en recul de plus de 10 % sur un an ! Par ailleurs le nombre de permis de construire serait en retrait de près de 30 % par rapport à la période avant Covid. 

 

En réalité, les mises en chantier sont « au plus bas » en 2024 avec 245.000 logements commencés en 2024, contre 360.000 sur la moyenne long-terme de 1986 à 2023. Aussi espère-t-on le vote dans le budget 2025 de l’amendement gouvernemental réintroduisant le prêt à taux zéro (PTZ) pour le logement individuel neuf. 

 

Foot Ligue des champions : le Real et Mbappé dans le potage

Foot Ligue des champions : le Real et Mbappé dans le potage

Encore un match raté pour le Real qui pourtant a besoin : en ligue des champions. L’absence de Vinicius a sans doute largement pesé sur le résultat d’autant quee Mbappé s’est montré assez médiocre encore une fois ratant même un penalty. Résultat Liverpool l’emporte normalement deux euros contre le Real.

 

De son côté Lille , après ses exploits face à aux grands d’Europe (le Real, l’Atlético de Madrid et la Juventus),  a quasiment assuré sa qualification pour les barrages de la Ligue des champions (synonyme de top 24 au classement) suite à sa victoire méritée à Bologne (1-2), formation plus modeste, ce mercredi à l’occasion de la 5e journée.

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