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Economie, politique, société: les plus lus 13 décembre 2024

Incertitude politique et risques économiques

Incertitude  politique et risques économiques 

Une baisse additionnelle de 2 % de l’investissement suite à la censure et à la démission du gouvernement Barnier : tel est l’impact anticipé par les modèles économiques. Focus sur la méthodologie utilisée pour mieux comprendre les chiffres qui circulent dans le débat public. Et réponse à une question subsidiaire : peut-on y échapper ?

par Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière. dans la Tribune

 

Depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Macron, la France connaît une période de troubles politiques dont les conséquences économiques sont largement discutées dans les médias. La démission du gouvernement Barnier le 5 décembre 2024 a encore plus accentué les incertitudes sur l’avenir politique et économique du pays. Mesurer l’incertitude et ses effets n’est pas une chose aisée car cette donnée n’existe pas dans la nature ; il faut donc la calculer.

Tout d’abord, revenons rapidement sur la différence conceptuelle entre le risque et l’incertitude mise en avant par Franck Knight (1921). Le risque correspond à une situation où la distribution des probabilités pour une série d’événements est connue. En revanche, l’incertitude, parfois appelée incertitude profonde ou radicale, désigne une situation où les agents n’ont aucun moyen de prédire la probabilité que des événements se produisent. C’est une plongée dans l’inconnu ; une confrontation avec une situation qui n’a jamais existé. Par exemple, le Brexit correspond davantage au concept d’incertitude, car, quand il a eu lieu, c’était la première fois qu’un pays décidait de quitter l’Union européenne. Cependant, d’un point de vue empirique, il est très difficile de faire cette distinction théorique entre risque et incertitude.

Parmi les différentes formes d’incertitude, l’incertitude liée aux politiques économiques a souvent été au cœur de chocs majeurs qui ont affecté l’économie mondiale, allant des soupçons de manipulation monétaire en Chine à la situation du Brexit, en passant par les résultats inattendus d’élections politiques. Tous ces événements génèrent des incertitudes quant à la mise en œuvre des programmes économiques et sociaux. Mesurer de tels événements n’est pas une tâche aisée ; la littérature récente s’est principalement concentrée sur l’analyse textuelle et les indicateurs basés sur les actualités pour évaluer ce type d’incertitude liée aux politiques économiques.

Nick Bloom et ses co-auteurs ont été à l’avant-garde de ce type de mesure en proposant des indices mensuels d’incertitude liée aux politiques économiques (EPU ou Economic Policy Uncertainty) pour un grand nombre de pays. L’idée repose sur le comptage du nombre de fois où certains mots spécifiques, ou une séquence de mots, sont mentionnés dans des journaux d’un pays donné. Pour être comptabilisé, un article doit simultanément contenir des mots liés à l’économie (par exemple, « économie » ou « économique »), à la politique (par exemple, « déficit », « banque centrale » ou « taxes ») et à l’incertitude (par exemple, « incertain » ou « incertitude »). Après quelques étapes de normalisation, un indice est calculé, permettant une comparaison dans le temps et entre pays. Ce jeu d’indices EPU constitue la base de données la plus large pour les évaluations internationales des chocs d’incertitude de politique économique. Le Graphique 1 représente l’indice EPU pour la France, du 1er trimestre 1987 au 3e trimestre 2024.

On observe une hausse continue de cet index depuis le début des années 2000, avec des pics reflétant certains évènements majeurs tels que le Brexit au deuxième trimestre 2016, la crise de la dette en zone euro à l’été 20212 ou la récente crise politique en France.

Les effets macroéconomiques attendus à la suite d’un choc d’incertitude sont nombreux, que ce soit sur le PIB, la consommation des ménages ou les marchés financiers. Mais le cadre le plus établi pour étudier la manière dont les fluctuations de l’incertitude affectent l’économie est celui de l’investissement irréversible. L’idée est que, lorsque les projets d’investissement sont irréversibles – c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas être « annulés » ou « modifiés » sans coûts très élevés – il existe un arbitrage pour les investisseurs entre les rendements supplémentaires générés par le lancement immédiat d’un projet d’investissement et les avantages liés à l’attente afin d’obtenir suffisamment d’informations à l’avenir.

Dans la littérature, la valeur de l’attente est appelée la valeur de l’option réelle (real-option value). Parfois, il peut être plus souhaitable de reporter les nouveaux projets d’investissement, et parfois non. Ainsi, une augmentation de l’incertitude ferait clairement pencher la balance en faveur d’une attitude attentiste (wait and see). En effet, en suspendant leurs investissements et leurs recrutements, les investisseurs obtiendraient davantage d’informations sur l’avenir, ce qui augmenterait leurs chances de prendre de bonnes décisions et d’avoir une meilleure compréhension des rendements à long terme des projets.

Dans l’article influent de Nick Bloom (2009), l’auteur souligne que « l’augmentation de l’incertitude réduit l’investissement en favorisant une attitude attentiste de plus en plus répandue vis-à-vis de la réalisation de nouvelles dépenses d’investissement ». Mais une fois que l’incertitude est levée et que les perspectives économiques s’éclaircissent, l’activité agrégée se redresse rapidement, puis rebondit quelques trimestres après le choc initial. Ce schéma de rebond – une période de croissance au-dessus de la normale, mais de courte durée – s’explique par le retour massif des allocations de main-d’œuvre et de capital aux projets d’investissement, qui avaient été suspendus auparavant.

De nombreux articles empiriques récents ont mis en lumière le rôle spécifique de l’incertitude pendant et après la Grande Récession de 2008-09. Par exemple, dans un document de travail de la Banque de France, nous avions évalué l’importance de l’incertitude pour expliquer la faiblesse des investissements des entreprises observée à la sortie de la crise financière globale, dans un panel de pays de l’OCDE. Bien que nous concluions que la demande anticipée explique la majeure partie de la chute des investissements, environ 80 %, nous montrons également que l’incertitude a joué un rôle significatif avec une contribution de 17 % (le reste étant attribué au rôle modeste du coût du capital).

S’agissant de la France, l’investissement des entreprises montre des signes d’essoufflement depuis un an (Graphique 2). Au troisième trimestre de 2024, la dernière valeur connue à ce jour, le glissement annuel est de -3,1 %. L’investissement vient d’afficher quatre trimestres consécutifs de baisse de son niveau. Cette variable est cruciale pour évaluer la possibilité d’une récession en France. C’est une des cinq variables considérées par le comité de datation des cycles de l’AFSE qui a établi une chronologie historique des phases d’expansion et de récession en France depuis 1970. Donc, une baisse prolongée et ample de cet indicateur pourrait être comprise comme un élément important à même de signaler une possible récession en France.

On peut se demander dans quelle mesure une hausse de l’incertitude de politique économique en France pourrait amplifier la baisse de l’investissement observée depuis un an. Pour répondre en partie à cette question, on peut estimer une fonction de réponse de l’investissement à une impulsion qui serait liée à un choc de politique économique, via la méthode dite des projections locales (Local Projections). Pour cela, on doit identifier correctement le choc d’incertitude et contrôler par d’autres variables macroéconomiques (ici le PIB et le taux d’intérêt souverain à 10 ans). Lorsqu’on mène cet exercice, on s’aperçoit qu’une hausse d’un écart-type de l’indicateur EPU mène à une baisse du niveau de l’investissement d’environ 0,4 %, six trimestres après le choc initial.

Sachant que le choc d’incertitude observé au quatrième trimestre représente environ cinq écarts types, cela impliquerait une baisse additionnelle de 2 % sur le niveau de l’investissement d’ici à un an et demi. Sous l’hypothèse que cette baisse soit diffusée à l’ensemble des variables suivies pour identifier les cycles économiques (PIB, emploi, taux d’utilisation des capacités de production et heures travaillées), cela pourrait alors contribuer à être annonciateur d’une récession économique. On espère évidemment ne pas en arriver à ce stade et que la nomination rapide d’un nouveau premier ministre permette de réduire les incertitudes sur la future politique économique de la France.

Economie, politique, société: les plus lus 12 décembre 2024

Incertitude politique et risques économiques

Incertitude  politique et risques économiques 

Une baisse additionnelle de 2 % de l’investissement suite à la censure et à la démission du gouvernement Barnier : tel est l’impact anticipé par les modèles économiques. Focus sur la méthodologie utilisée pour mieux comprendre les chiffres qui circulent dans le débat public. Et réponse à une question subsidiaire : peut-on y échapper ?

par Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière. dans la Tribune

 

Depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Macron, la France connaît une période de troubles politiques dont les conséquences économiques sont largement discutées dans les médias. La démission du gouvernement Barnier le 5 décembre 2024 a encore plus accentué les incertitudes sur l’avenir politique et économique du pays. Mesurer l’incertitude et ses effets n’est pas une chose aisée car cette donnée n’existe pas dans la nature ; il faut donc la calculer.

Tout d’abord, revenons rapidement sur la différence conceptuelle entre le risque et l’incertitude mise en avant par Franck Knight (1921). Le risque correspond à une situation où la distribution des probabilités pour une série d’événements est connue. En revanche, l’incertitude, parfois appelée incertitude profonde ou radicale, désigne une situation où les agents n’ont aucun moyen de prédire la probabilité que des événements se produisent. C’est une plongée dans l’inconnu ; une confrontation avec une situation qui n’a jamais existé. Par exemple, le Brexit correspond davantage au concept d’incertitude, car, quand il a eu lieu, c’était la première fois qu’un pays décidait de quitter l’Union européenne. Cependant, d’un point de vue empirique, il est très difficile de faire cette distinction théorique entre risque et incertitude.

Parmi les différentes formes d’incertitude, l’incertitude liée aux politiques économiques a souvent été au cœur de chocs majeurs qui ont affecté l’économie mondiale, allant des soupçons de manipulation monétaire en Chine à la situation du Brexit, en passant par les résultats inattendus d’élections politiques. Tous ces événements génèrent des incertitudes quant à la mise en œuvre des programmes économiques et sociaux. Mesurer de tels événements n’est pas une tâche aisée ; la littérature récente s’est principalement concentrée sur l’analyse textuelle et les indicateurs basés sur les actualités pour évaluer ce type d’incertitude liée aux politiques économiques.

Nick Bloom et ses co-auteurs ont été à l’avant-garde de ce type de mesure en proposant des indices mensuels d’incertitude liée aux politiques économiques (EPU ou Economic Policy Uncertainty) pour un grand nombre de pays. L’idée repose sur le comptage du nombre de fois où certains mots spécifiques, ou une séquence de mots, sont mentionnés dans des journaux d’un pays donné. Pour être comptabilisé, un article doit simultanément contenir des mots liés à l’économie (par exemple, « économie » ou « économique »), à la politique (par exemple, « déficit », « banque centrale » ou « taxes ») et à l’incertitude (par exemple, « incertain » ou « incertitude »). Après quelques étapes de normalisation, un indice est calculé, permettant une comparaison dans le temps et entre pays. Ce jeu d’indices EPU constitue la base de données la plus large pour les évaluations internationales des chocs d’incertitude de politique économique. Le Graphique 1 représente l’indice EPU pour la France, du 1er trimestre 1987 au 3e trimestre 2024.

On observe une hausse continue de cet index depuis le début des années 2000, avec des pics reflétant certains évènements majeurs tels que le Brexit au deuxième trimestre 2016, la crise de la dette en zone euro à l’été 20212 ou la récente crise politique en France.

Les effets macroéconomiques attendus à la suite d’un choc d’incertitude sont nombreux, que ce soit sur le PIB, la consommation des ménages ou les marchés financiers. Mais le cadre le plus établi pour étudier la manière dont les fluctuations de l’incertitude affectent l’économie est celui de l’investissement irréversible. L’idée est que, lorsque les projets d’investissement sont irréversibles – c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas être « annulés » ou « modifiés » sans coûts très élevés – il existe un arbitrage pour les investisseurs entre les rendements supplémentaires générés par le lancement immédiat d’un projet d’investissement et les avantages liés à l’attente afin d’obtenir suffisamment d’informations à l’avenir.

Dans la littérature, la valeur de l’attente est appelée la valeur de l’option réelle (real-option value). Parfois, il peut être plus souhaitable de reporter les nouveaux projets d’investissement, et parfois non. Ainsi, une augmentation de l’incertitude ferait clairement pencher la balance en faveur d’une attitude attentiste (wait and see). En effet, en suspendant leurs investissements et leurs recrutements, les investisseurs obtiendraient davantage d’informations sur l’avenir, ce qui augmenterait leurs chances de prendre de bonnes décisions et d’avoir une meilleure compréhension des rendements à long terme des projets.

Dans l’article influent de Nick Bloom (2009), l’auteur souligne que « l’augmentation de l’incertitude réduit l’investissement en favorisant une attitude attentiste de plus en plus répandue vis-à-vis de la réalisation de nouvelles dépenses d’investissement ». Mais une fois que l’incertitude est levée et que les perspectives économiques s’éclaircissent, l’activité agrégée se redresse rapidement, puis rebondit quelques trimestres après le choc initial. Ce schéma de rebond – une période de croissance au-dessus de la normale, mais de courte durée – s’explique par le retour massif des allocations de main-d’œuvre et de capital aux projets d’investissement, qui avaient été suspendus auparavant.

De nombreux articles empiriques récents ont mis en lumière le rôle spécifique de l’incertitude pendant et après la Grande Récession de 2008-09. Par exemple, dans un document de travail de la Banque de France, nous avions évalué l’importance de l’incertitude pour expliquer la faiblesse des investissements des entreprises observée à la sortie de la crise financière globale, dans un panel de pays de l’OCDE. Bien que nous concluions que la demande anticipée explique la majeure partie de la chute des investissements, environ 80 %, nous montrons également que l’incertitude a joué un rôle significatif avec une contribution de 17 % (le reste étant attribué au rôle modeste du coût du capital).

S’agissant de la France, l’investissement des entreprises montre des signes d’essoufflement depuis un an (Graphique 2). Au troisième trimestre de 2024, la dernière valeur connue à ce jour, le glissement annuel est de -3,1 %. L’investissement vient d’afficher quatre trimestres consécutifs de baisse de son niveau. Cette variable est cruciale pour évaluer la possibilité d’une récession en France. C’est une des cinq variables considérées par le comité de datation des cycles de l’AFSE qui a établi une chronologie historique des phases d’expansion et de récession en France depuis 1970. Donc, une baisse prolongée et ample de cet indicateur pourrait être comprise comme un élément important à même de signaler une possible récession en France.

On peut se demander dans quelle mesure une hausse de l’incertitude de politique économique en France pourrait amplifier la baisse de l’investissement observée depuis un an. Pour répondre en partie à cette question, on peut estimer une fonction de réponse de l’investissement à une impulsion qui serait liée à un choc de politique économique, via la méthode dite des projections locales (Local Projections). Pour cela, on doit identifier correctement le choc d’incertitude et contrôler par d’autres variables macroéconomiques (ici le PIB et le taux d’intérêt souverain à 10 ans). Lorsqu’on mène cet exercice, on s’aperçoit qu’une hausse d’un écart-type de l’indicateur EPU mène à une baisse du niveau de l’investissement d’environ 0,4 %, six trimestres après le choc initial.

Sachant que le choc d’incertitude observé au quatrième trimestre représente environ cinq écarts types, cela impliquerait une baisse additionnelle de 2 % sur le niveau de l’investissement d’ici à un an et demi. Sous l’hypothèse que cette baisse soit diffusée à l’ensemble des variables suivies pour identifier les cycles économiques (PIB, emploi, taux d’utilisation des capacités de production et heures travaillées), cela pourrait alors contribuer à être annonciateur d’une récession économique. On espère évidemment ne pas en arriver à ce stade et que la nomination rapide d’un nouveau premier ministre permette de réduire les incertitudes sur la future politique économique de la France.

Les conséquences pour l’Europe de la politique Trump

Les conséquences pour l’Europe de la politique Trump 

Hausse des droits de douane aux États-Unis, la remise en cause du dispositif réglementaire international pour les banques, la fin des appuis américains, l’accroissement des incertitudes macro financières, etc. Quels sont les risques sur l’économie européenne ? Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière.( dans « La Tribune »)

Le nouveau président des États-Unis a affirmé que les droits de douane, essentiellement des taxes à l’importation, créeront davantage d’emplois dans les industries, diminueront le déficit public, baisseront l’inflation et permettront au gouvernement de réduire les impôts. Une telle démarche ne va-elle pas impacter fortement l’économie américaine ? La BCE s’inquiète, l’Europe doit-elle avoir peur ?

  • Droit de douane. Le droit de douane occasionne pour le pays importateur deux effets divergents. L’un est une augmentation des prix aboutissant à une réduction de la demande.
    L’autre est une modification dans la redistribution des revenus : il apporte des recettes supplémentaires pour l’État importateur qui diminuera le déficit public. Il accroit les profits des entreprises importatrices et réduit le pouvoir d’achat des consommateurs.
    Le but recherché est d’attirer les entreprises étrangères à produire sur place ou à protéger les entreprises locales contre un dumping dû à une surproduction du pays exportateur. L’État importateur est doublement gagnant, car il évite de subventionner son industrie et protège ses emplois. L’approche Trump 2.0 est-elle meilleure que l’IRA Inflation Reduction Act du Président Biden qui a mis en place subventions à la production, obligation d’acheter américain, allégements fiscaux qui ont eu des effets très néfastes sur l’économie européenne ?
  • Immigration et dette publique. L’augmentation des prix sera visible si le droit de douane est très élevé et que le pays exportateur garde ses coûts ou sa marge. Dans ce cas le déficit fédéral américain ne peut être réduit. Si le produit ne reste pas moins cher à l’importation, les entreprises exportatrices seront tentées de venir produire localement. Au vu du coût de la main-d’œuvre américaine, l’opération risque de ne pas atteindre le but recherché. Pour l’atteindre, le nouveau président pourrait faire appel à une main-d’œuvre étrangère, moins chère. Une politique d’immigration contraire à celle qu’il défend ;
  • Inflation, réduction des impôts et Banque centrale américaine. Si la politique du droit de douane exerce une pression très forte sur les prix, l’inflation par l’importation peut repartir à la hausse. Pour enrayer l’inflation, la Banque centrale américaine FED, devra arrêter d’abaisser ses taux directeurs, voire même les augmenter. L’inflation et l’augmentation des taux directeurs imposeraient un frein supplémentaire aux fabricants américains. Le pouvoir d’achat des consommateurs sera de nouveau réduit. Il faudra alors réduire de nouveau les impôts pour les entreprises et les consommateurs pour compenser leurs revenus, créant ainsi une dette publique supplémentaire ;
  • Le dollar et l’euro. Une autre façon de penser le lien entre les importations et les exportations passe par le marché des changes. Lorsque les droits de douane augmentent le prix des marchandises importées aux États-Unis, la demande diminue. La baisse de la demande des biens Européens exportés se traduit par une baisse de la demande de devises étrangères et renforce le dollar américain. Un dollar américain plus fort rend également les exportations américaines relativement plus chères sur les marchés internationaux, réduisant la demande de produits américains en Europe. Un dollar plus cher c’est un euro moins cher. La différence de change peut compenser une partie ou la totalité de l’augmentation du droit de douane.

Les droits de douanes injustifiés sont en réalité préjudiciables pour les États-Unis et l’Europe. Les produits deviendront plus chers pour les Américains et moins chers en Europe. Si l’UE réplique par des droits de douanes sur certains produits importés par les États-Unis, il y aura un impact négatif sur les entreprises locales européennes. En réalité, c’est mieux de trouver un accord tarifaire dans l’intérêts des deux parties. L’Europe a déjà une quarantaine d’accords commerciaux signés sur tous les continents. Un nouvel accord doit être signé avec les États-Unis en espérant qu’il ne subisse pas le même sort que le TTIP/TAFTA. En effet, durant le premier mandat de Donald Trump, l’accord avait échoué en raison de l’opposition de l’opinion publique européenne et celle de Trump qui ne voulait plus de libre-échange.

De plus, les droits de douanes :

  • peuvent perturber les flux commerciaux mondiaux, en entravant particulièrement l’échange de technologies vertes en aggravant les défis économiques existants ;
  • créent une érosion de l’intégrité du système commercial mondial en affaiblissant le respect des règles commerciales convenues au niveau international ;
  • pourraient entraîner une aggravation des tensions commerciales et une instabilité politique accrue.
  • La réélection de Donald Trump sera favorable aux entreprises avec des mesures de réduction d’impôts et de déréglementations, notamment dans le secteur de la finance. Le futur président vise à éliminer certains points de Bâle III. Pour les banques et les sociétés financières, il permettra de réduire les exigences de leurs fonds propres et d’évaluer leurs propres risques. Les banques pourront s’engager plus facilement dans les fusions-acquisitions. Le résultat sera une plus grande concentration du marché dans les mains des grandes banques américaines.

La règle d’exigence d’un taux de couverture de liquidité (LCR) impose aux banques américaines, à l’international, de détenir suffisamment de trésorerie pour couvrir 100% des risques tels que des taux plus élevés, etc. La remise en cause de cette exigence de Bâle III peut provoquer en Europe à une nouvelle crise financière à l’image de la crise de 2008.

La nouvelle administration Trump est prête à ébranler les réglementations. Quels organismes seront les plus touchés ?

La FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation), agence indépendante du gouvernement des États-Unis, a été créée en 1933 à la suite de la Grande Dépression. Sa principale mission est d’assurer la stabilité du système bancaire américain et de protéger les dépôts des particuliers (250 000 dollars) dans les banques membres. Ses revenus proviennent des primes d’assurance sur les dépôts détenus par les banques et associations d’épargne assurées etc. La future équipe gouvernementale devrait alors réexaminer certaines pratiques de la FDIC en ce qui concerne la résolution des défaillances bancaires.

L’OCC (Bureau du contrôleur de la monnaie), nommé par le président, est financé par les banques elles-mêmes qui doivent payer des frais d’examen et de traitement. Il dispose de nombreux pouvoirs dont ceux de refuser les demandes de création de nouvelles succursales bancaires, de révoquer les directeurs de banque et même de prendre des mesures de contrôle à l’encontre des banques. Avec la préférence de la nouvelle équipe gouvernementale pour les cryptoactifs et les technologies émergentes, un changement certain sera opéré en termes d’approche politique ou de supervision.

Le Bureau de protection des consommateurs en matière financière CFPB, chargé de protéger les consommateurs du secteur financier, sera la cible du président élu Trump. Il pourrait utiliser la loi sur la révision du Congrès pour revenir sur certaines règles publiées par le CFPB. Avant même son arrivé à la Maison-Blanche, le milliardaire Elon Musk, chargé de simplifier la bureaucratie américaine dans la prochaine administration Trump, a appelé à « supprimer le CFPB ».

Avec la réélection de Donald Trump, l’Ukraine devra peut-être bientôt s’adapter à une réduction spectaculaire du soutien américain. Cette réélection met en lumière l’aide militaire et financière que l’Ukraine pourrait attendre de l’Union européenne.

L’Europe est endettée jusqu’en 2058. Pour aider l’Ukraine, les chefs d’État et de gouvernement de l’UE ont approuvé à l’unanimité une aide de 50 milliards d’euros. Cette aide passera dans le budget pluriannuel européen 2021-2027. L’Union européenne a mis sur pied un plan de relance Covid-19 de 806,9 milliards d’euros, 750 milliards d’euros au prix de 2018 (NextGenerationEU). Ce plan octroie des subventions (338 milliards d’euros) et des prêts pour soutenir les réformes et les investissements (385 milliards d’euros) dans les États membres de l’UE. Ils ont décidé de s’endetter en commun et de rembourser cet emprunt de 2028 à 2058.

Depuis février 2022, le début de la guerre d’agression menée par la Russie, l’UE et ses États membres ont fourni environ 124 milliards d’euros pour venir en aide à l’Ukraine et à sa population (environ 277 euros par habitants). Pendant cette même période, le Congrès américain a mis à disposition de l’Ukraine 183 milliards de dollars (environ 517 euros par habitants). Si la guerre continue, malgré le plan Trump pour arrêter le conflit et si les États-Unis arrêtent l’aide à l’Ukraine, l’Europe doit emprunter environ 330 milliards d’euros pour soutenir l’Ukraine en 2025-2026.

L’accroissement des incertitudes macro financières avec des marchés financiers américains qui vont encore dominer le monde l’an prochain. Dans une économie américaine pro-business et dirigée par un Président MAGA (Make America Great Again), faut-il suivre la suggestion de la Présidente de la Banque centrale européenne : acheter américain pour éviter une guerre avec Trump ?

Avec l’élection de Donald Trump, il a un accroissement des incertitudes macro-financières et géopolitiques, les perspectives européennes seront affaiblies avec une capacité interne amoindrie à réagir. Il est admis que pendant cette présidence, l’Europe ne sera pas une grande puissance au sens d’un ensemble politico-militaire capable de faire jeu égal avec les États-Unis.

L’Europe doit se réunir rapidement, se muscler et mobiliser son épargne. « En travaillant ensemble et en réunissant nos richesses, nous pouvons accomplir de grandes choses » Ronald Reagan.

« Il devient urgent de secouer l’apathie générale, pour monter des mécanismes de défense. Les Américains sont en train d’acheter la biscuiterie française. [...] Les décisions se prennent de plus en plus aux États-Unis. Il y a un véritable transfert de souveraineté. [...] Les vues du Pentagone sur la stratégie planétaire, les vues du business américain sur l’économie mondiale nous sont imposées. »
Charles de Gaulle, propos recueillis par Alain Peyrefitte, 04 janvier 1963, C’était de Gaulle.

Allemagne: crise politique aussi

Allemagne: crise politique  aussi 

 Olaf Scholz a sans doute pris risquait énorme de dissoudre son gouvernement. Du coup il faudra attendre de nouvelles élections générales qui en attendant vont encore augmenter le climat d’incertitude politique mais aussi économique. Compte tenu des sondages d’une part et du peu de popularité de la la défaite devrait être cuisante. La CD ou et les courants de droite devraient quitter de l’affaiblissement des sociaux-démocrates. D’une certaine manière actuellement c’est l’Europe qui se trouve déstabilisée avec les crises politiques de ses deux principaux leaders.

 

Sa coalition gouvernementale hétéroclite avec les Verts et les libéraux du FDP, au pouvoir depuis la fin 2021, avait volé en éclat le 6 novembre, après le limogeage du ministre des Finances libéral en raison de différends devenus insurmontables sur la politique économique et budgétaire. Sans l’appui de ses anciens alliés libéraux, et des Verts qui n’excluent pas, eux, de s’abstenir, le chancelier de 66 ans devrait de façon quasi-certaine perdre la confiance des députés du Bundestag.

Chancelier impopulaire. Depuis l’après-guerre, quatre chanceliers ont posé la question de confiance au Bundestag, souvent sans y être contraints, et avec des fortunes diverses. Le dernier en date, le social-démocrate Gerhard Schröder (1998-2005), avait fait ce pari risqué dans l’espoir d’avancer des élections qu’il comptait remporter. Mais il a finalement perdu face aux conservateurs d’Angela Merkel. Malgré son impopularité chronique, Olaf Scholz s’est lancé dans la campagne avec la volonté affichée de remporter le scrutin. Les sondages lui donnent à ce stade peu d’espoir d’y parvenir.

Dans l’opposition, les conservateurs de la CDU menés par Friedrich Merz, et de son allié bavarois CSU, sont donnés nettement gagnants, avec environ 32 % des intentions de vote, devant l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), le parti d’extrême droite (autour de 18 %) Le SPD d’Olaf Scholz est globalement à 15 %, même si la dernière étude de l’institut Insa montre une remontée à 17 %. Dans l’état actuel des forces, un futur gouvernement mené par les conservateurs, en coalition avec le SPD comme allié, constitue le scénario le plus probable.

 

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Crise française-Le déshonneur de la classe politique

Crise française-Le déshonneur de la classe politique

Charles Consigny : «Derrière la chute de Michel Barnier, le déshonneur de notre classe politique». Pour l’avocat et essayiste, Charles Consigny : «Derrière la chute de Michel Barnier, le déshonneur de notre classe politique». Michel Barnier a fait ce qu’il a pu lors de sa mission impossible à Matignon, sans aller assez loin dans la réduction des dépenses publiques. Selon lui, les députés qui ont voté la censure n’agissent pas dans le sens de l’intérêt supérieur de la nation.(Tribune dans le Figaro)

 

En arrivant à Matignon, Michel Barnier, 50 ans de carrière, ancien Commissaire européen reconnu par ses pairs, figure haut de gamme du «vieux monde», a été surpris par le niveau de dégradation générale : à la fois des finances publiques, mais aussi de la gestion de l’État, de la fonction politique elle-même. Là où ne sévissait plus que la communication pure et la tactique à la petite semaine, il s’est attelé à « remettre du sérieux ». Hélas, ça n’a pas plu, et le voici auréolé du titre dont il se serait bien passé de premier ministre le plus éphémère de la Ve République.

 

Qui, pourtant, peut lui contester d’avoir essayé de sauver ce qui pouvait l’être d’un pays au bord de l’abîme ? Et qui ne voit pas que ceux qui l’ont fait tomber – du RN à la gauche en passant par le «socle commun» dont beaucoup de leaders ont joué un double jeu – se moquent de la situation de notre pays, privilégiant leur petite politique ?

On ne peut pas reprocher à Michel Barnier la façon dont il a essayé de gouverner, en exerçant pleinement le pouvoir tel qu’il lui est dévolu par la Constitution, et cela même si Emmanuel Macron en a été insatisfait. Les institutions ne sont pas à la disposition des hommes qui, toujours temporairement et dans le cadre prévu par nos textes fondamentaux, assument les plus hautes fonctions publiques. On ne pourra pas plus lui faire grief d’avoir cherché à traiter avec une Assemblée à la composition inédite, puisqu’il n’y disposait d’aucune majorité ni d’aucun mandat clair des Français. Il s’est efforcé d’agir pour l’intérêt général, sans voir que le Rassemblement national poursuivait, lui, manifestement un agenda caché.

Une partie de la France est en train de comprendre que ceux à qui elle paye des chauffeurs et permet des petits coups politiques dérisoires ne s’agitent que pour eux-mêmes et que le temps est venu de les remplacer par ceux qui croient encore à cette patrie éternelle.

On pourra considérer, en revanche, que le budget qu’il a présenté, ne tirait pas toutes les conséquences de la situation catastrophique de nos finances, et de façon générale du laisser-aller invraisemblable de ses prédécesseurs sur les dépenses publiques. Avec plus de 3200 milliards d’euros de dette – c’était 2000 milliards en 2017 – et 58,1% de notre PIB consacré aux dépenses publiques, la France est engagée sur un chemin fou qui l’amène à sa perte. Augmenter les prélèvements obligatoires, dans ces conditions, était nettement moins urgent que de diminuer, puissamment, les dépenses publiques, alors même que celles-ci continuaient d’augmenter avec ledit budget, comme elles n’ont cessé de le faire ces sept dernières années sous la présidence d’un ancien banquier d’affaires qui s’était présenté comme moderne et libéral, et que nous avons même sans cesse continué de recruter des fonctionnaires supplémentaires quand il fallait y aller à la serpe. Là où Michel Barnier a peut-être péché – mais ça n’est pas ce que lui reprochent ceux qui aujourd’hui le font tomber, au contraire – c’est en ne sabrant pas davantage dans ces dépenses.

Les uns et les autres n’ont rien voulu entendre. Chacun a poussé sa petite revendication catégorielle, dans un but exclusivement politique. L’un avec les retraités (Laurent Wauquiez), l’autre avec les charges patronales (Gabriel Attal), la dernière avec les médicaments (Marine Le Pen), et même jusqu’à ceux refusant de rationnaliser des avantages d’Ancien Régime, comme Elisabeth Borne qui a opposé une fin de non-recevoir au souhait exprimé par Barnier de réduire le traitement des anciens Premiers ministres, qui bénéficient encore – on se demande en quelle année on est – d’une voiture avec chauffeur pour le restant de leurs jours. Personne n’a fait le moindre effort dans le sens de l’intérêt supérieur de la nation.

 

Cette classe politique-là devra rendre des comptes. Elle fera encore semblant, quand la situation sera telle que les Français pauvres deviendront encore plus pauvres, quand il faudra diminuer d’un tiers, comme cela a été fait en Grèce, les pensions de retraite, quand le chômage repartira à la hausse, quand la France décrochera si durablement dans le peloton des nations que nous n’aurons, sur la scène internationale, plus voix au chapitre sur rien – ce qui est, on ne peut que le constater, déjà un peu le cas –, que ça n’est pas de sa faute, elle conservera ses privilèges comme Mme Borne et incriminera des responsables imaginaires. Mais la réalité sera là.

Une partie de la France a commencé à dessiller le regard. Elle sait que l’État est devenu un monstre impotent, que le niveau des prélèvements obligatoires n’a plus de sens, que cette folie est en train d’asphyxier tout le pays et de le tuer. Elle sait aussi qu’elle demeure un grand pays capable d’étonner le monde. Elle est en train de comprendre que ceux à qui elle paye des chauffeurs et permet des petits coups politiques dérisoires ne s’agitent que pour eux-mêmes et que le temps est venu de les remplacer par ceux qui croient encore à cette patrie éternelle.

Economie, politique, société: les plus lus 8 décembre 2024

Société-Le déshonneur de la classe politique

Société-Le déshonneur de la classe politique

Charles Consigny : «Derrière la chute de Michel Barnier, le déshonneur de notre classe politique».Pour l’avocat et essayiste, Charles Consigny : «Derrière la chute de Michel Barnier, le déshonneur de notre classe politique». Michel Barnier a fait ce qu’il a pu lors de sa mission impossible à Matignon, sans aller assez loin dans la réduction des dépenses publiques. Selon lui, les députés qui ont voté la censure n’agissent pas dans le sens de l’intérêt supérieur de la nation.(Tribune dans le Figaro)

 

En arrivant à Matignon, Michel Barnier, 50 ans de carrière, ancien Commissaire européen reconnu par ses pairs, figure haut de gamme du «vieux monde», a été surpris par le niveau de dégradation générale : à la fois des finances publiques, mais aussi de la gestion de l’État, de la fonction politique elle-même. Là où ne sévissait plus que la communication pure et la tactique à la petite semaine, il s’est attelé à « remettre du sérieux ». Hélas, ça n’a pas plu, et le voici auréolé du titre dont il se serait bien passé de premier ministre le plus éphémère de la Ve République.

 

Qui, pourtant, peut lui contester d’avoir essayé de sauver ce qui pouvait l’être d’un pays au bord de l’abîme ? Et qui ne voit pas que ceux qui l’ont fait tomber – du RN à la gauche en passant par le «socle commun» dont beaucoup de leaders ont joué un double jeu – se moquent de la situation de notre pays, privilégiant leur petite politique ?

On ne peut pas reprocher à Michel Barnier la façon dont il a essayé de gouverner, en exerçant pleinement le pouvoir tel qu’il lui est dévolu par la Constitution, et cela même si Emmanuel Macron en a été insatisfait. Les institutions ne sont pas à la disposition des hommes qui, toujours temporairement et dans le cadre prévu par nos textes fondamentaux, assument les plus hautes fonctions publiques. On ne pourra pas plus lui faire grief d’avoir cherché à traiter avec une Assemblée à la composition inédite, puisqu’il n’y disposait d’aucune majorité ni d’aucun mandat clair des Français. Il s’est efforcé d’agir pour l’intérêt général, sans voir que le Rassemblement national poursuivait, lui, manifestement un agenda caché.

Une partie de la France est en train de comprendre que ceux à qui elle paye des chauffeurs et permet des petits coups politiques dérisoires ne s’agitent que pour eux-mêmes et que le temps est venu de les remplacer par ceux qui croient encore à cette patrie éternelle.

On pourra considérer, en revanche, que le budget qu’il a présenté, ne tirait pas toutes les conséquences de la situation catastrophique de nos finances, et de façon générale du laisser-aller invraisemblable de ses prédécesseurs sur les dépenses publiques. Avec plus de 3200 milliards d’euros de dette – c’était 2000 milliards en 2017 – et 58,1% de notre PIB consacré aux dépenses publiques, la France est engagée sur un chemin fou qui l’amène à sa perte. Augmenter les prélèvements obligatoires, dans ces conditions, était nettement moins urgent que de diminuer, puissamment, les dépenses publiques, alors même que celles-ci continuaient d’augmenter avec ledit budget, comme elles n’ont cessé de le faire ces sept dernières années sous la présidence d’un ancien banquier d’affaires qui s’était présenté comme moderne et libéral, et que nous avons même sans cesse continué de recruter des fonctionnaires supplémentaires quand il fallait y aller à la serpe. Là où Michel Barnier a peut-être péché – mais ça n’est pas ce que lui reprochent ceux qui aujourd’hui le font tomber, au contraire – c’est en ne sabrant pas davantage dans ces dépenses.

Les uns et les autres n’ont rien voulu entendre. Chacun a poussé sa petite revendication catégorielle, dans un but exclusivement politique. L’un avec les retraités (Laurent Wauquiez), l’autre avec les charges patronales (Gabriel Attal), la dernière avec les médicaments (Marine Le Pen), et même jusqu’à ceux refusant de rationnaliser des avantages d’Ancien Régime, comme Elisabeth Borne qui a opposé une fin de non-recevoir au souhait exprimé par Barnier de réduire le traitement des anciens Premiers ministres, qui bénéficient encore – on se demande en quelle année on est – d’une voiture avec chauffeur pour le restant de leurs jours. Personne n’a fait le moindre effort dans le sens de l’intérêt supérieur de la nation.

 

Cette classe politique-là devra rendre des comptes. Elle fera encore semblant, quand la situation sera telle que les Français pauvres deviendront encore plus pauvres, quand il faudra diminuer d’un tiers, comme cela a été fait en Grèce, les pensions de retraite, quand le chômage repartira à la hausse, quand la France décrochera si durablement dans le peloton des nations que nous n’aurons, sur la scène internationale, plus voix au chapitre sur rien – ce qui est, on ne peut que le constater, déjà un peu le cas –, que ça n’est pas de sa faute, elle conservera ses privilèges comme Mme Borne et incriminera des responsables imaginaires. Mais la réalité sera là.

Une partie de la France a commencé à dessiller le regard. Elle sait que l’État est devenu un monstre impotent, que le niveau des prélèvements obligatoires n’a plus de sens, que cette folie est en train d’asphyxier tout le pays et de le tuer. Elle sait aussi qu’elle demeure un grand pays capable d’étonner le monde. Elle est en train de comprendre que ceux à qui elle paye des chauffeurs et permet des petits coups politiques dérisoires ne s’agitent que pour eux-mêmes et que le temps est venu de les remplacer par ceux qui croient encore à cette patrie éternelle.

Economie, politique, société: les plus lus 7 décembre 2024

Economie, politique, société: les plus lus 6 décembre 2024

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Politique-Déficit public : tous coupables ?

Politique-Déficit public : tous coupables ?

 
Emmanuel Macron, Bruno Le Maire, les ménages français… En examinant les profils de six « suspects », franceinfo mène l’enquête pour savoir comment la France a vu ses comptes se dégrader aussi fortement ces derniers mois. Dans le box des accusés, ils sont six. Des élus, des entités de l’Etat, voire la population française dans son ensemble. Dans ce Cluedo politico-économique, point de chandelier, de corde ou de clé anglaise. Le « crime », s’il en est un, est plutôt commis à coups de rapports et de textes législatifs. La victime : les finances publiques du pays. Car l’estimation pour 2024 du déficit public (l’écart entre les rentrées fiscales des administrations et leurs dépenses) est progressivement passée de 4,4% du PIB à 6,1%, avant l’annonce du chiffre définitif redouté pour mars 2025.

 (Un article intéressant pour éclairer les facteurs explicatifs de la crise financière même si d’autres éléments sont à prendre en compte comme par exemple l’insuffisance de production de richesses, le rapport au travail, la faiblesse de la formation, La démocratie formelle, le corporatisme débridé substitut à l’intérêt général, le délitement de l’autorité partout etc. NDLR)

France Télévisions 

Alors qu’une commission d’enquête est lancée mardi 3 décembre à l’Assemblée nationale, franceinfo a mené la sienne. Les accusations visent six « suspects » qui déroulent chacun leur ligne de défense : Emmanuel Macron, Bruno Le Maire, les collectivités territoriales, les hauts fonctionnaires de Bercy, les ménages et les oppositions. Alors, qui a tué les finances publiques, où, et avec quelle arme ?

Le président

Quelles charges pèsent contre lui ? « Le premier coupable, c’est bien entendu l’Elysée », résume Eric Heyer, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), pour qui le dérapage actuel trouve notamment sa source dans le choc fiscal réalisé en 2017. Suppression de la taxe d’habitation, remplacement de l’impôt de solidarité sur la fortune par un impôt sur la fortune immobilière, introduction d’un prélèvement forfaitaire unique… « Penser qu’en baissant les impôts sur les très riches, le manque à gagner allait être compensé avec une croissance et des recettes fiscales en hausse, c’est un pari perdu », juge-t-il.

Face aux crises, il est surtout reproché à Emmanuel Macron d’avoir défendu un bouclier tarifaire à « 50 milliards d’euros », insiste Eric Woerth, député Ensemble pour la République (EPR) et ancien ministre du Budget de Nicolas Sarkozy. Au-delà des mauvaises nouvelles, le chef de l’Etat n’aurait pas suffisamment bien communiqué, selon ses accusateurs. « Il aurait pu et aurait dû trouver un moyen de solenniser cette période en appelant à un sursaut collectif », pointe le sénateur LR Jean-François Husson, rapporteur général du budget au Sénat. Pour les JO de Paris 2024, « il y a eu quatre discours du président de la République », rappelle l’entourage de Bruno Le Maire.

« Combien y a-t-il eu de discours présidentiels sur les finances publiques ? »

Par ailleurs, au printemps, malgré une situation budgétaire dégradée, Emmanuel Macron a balayé l’option d’un projet de loi de finances rectificative (PLFR), demandée par Bruno Le Maire et souhaitée par les oppositions. Ce texte aurait pu permettre d’ouvrir les débats sur des économies supplémentaires et des recettes plus élevées.

Mais à l’époque, les macronistes veulent d’abord sauver leur campagne des élections européennes. « La période électorale a beaucoup coûté », souffle le socialiste Claude Raynal, président de la commission des finances au Sénat. La désorganisation s’amplifie au soir des européennes avec la dissolution, qui plonge la vie politique française dans l’inconnu.

Quelle est sa ligne de défense ? Accusé de toutes parts, l’Elysée défend sa politique économique menée depuis 2017 : « Il n’y a pas de lien entre les baisses d’impôts et le dérapage budgétaire constaté ensuite », plaide l’entourage d’Emmanuel Macron. Il met en avant des causes extérieures aux choix du président. La France a connu deux années avec un déficit sous la barre des 3% de PIB fixé par l’UE, en 2018 et 2019, quand l’économie nationale a été percutée par la pandémie de Covid-19. « On assume d’avoir fait le ‘quoi qu’il en coûte’, explique-t-on. Peut-être qu’il aurait fallu en sortir plus vite, mais on ne savait pas s’il y aurait une nouvelle vague. »

Après la crise sanitaire, la guerre en Ukraine et ses conséquences limitent la croissance. « Le Ségur de la santé, l’augmentation du point d’indice des fonctionnaires, le chèque inflation, le chômage partiel… Qui était contre ? Non seulement tout le monde était d’accord, mais les oppositions demandaient de faire beaucoup plus », s’insurge un député Ensemble pour la République (EPR).

Quant au PLFR qu’Emmanuel Macron a rejeté au printemps, son entourage estime qu’« il aurait fallu le reporter en fin d’année plutôt que de courir après des prévisions erronées, avec le risque d’un PLFR inopérant ». De plus, le danger politique n’était pas lié à la campagne des européennes, assure-t-on, mais plus au risque de la motion de censure contre Gabriel Attal, alors Premier ministre. « A chaque fois qu’on a eu une alerte, on a appuyé sur la pédale de frein, par exemple avec les 10 milliards » d’euros de dépenses gelées en février, insiste la même source élyséenne.

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