Archive pour le Tag 'européenne'

Tassement de la croissance européenne

Tassement de la croissance européenne

La croissance annoncée déjà très molle pourrait encore se tasser d’ici la fin de l’année. En cause surtout, l’inflation notamment sur les biens de consommation courante mais pas seulement. Certaines augmentations correspondent à des facteurs conjoncturels objectifs mais d’autres lèvent tout simplement de la spéculation.

Du coup en dépit des hausses de salaire, le pouvoir d’achat est largement entamé et plombe la consommation et de façon mécanique la croissance. Une croissance prévue à 1 % et qui pourrait péniblement atteindre 0,8 % sur l’ensemble de l’année 2023.

Dans ses nouvelles prévisions, publiées lundi, la Commission estime que la croissance ne devrait croître que de 0,8 % en 2023, alors qu’elle annonçait 1 % en mai dernier. L’Europe pâtit de la récession prévue en Allemagne, première économie du bloc. L’ex-locomotive souffre de la faiblesse de l’export et de son industrie, ses deux moteurs traditionnels. Bruxelles a également revu à la baisse les chiffres de l’UE pour 2024, tablant sur une hausse du PIB de 1,4 %, contre 1,7 % précédemment.

La Turquie dans l’union européenne ? Erdogan rêve !

La Turquie dans l’union européenne ? Erdogan rêve !

« Ouvrez d’abord la voie à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne  » ‘Erdogan

Erdogan a tenté un petit chantage grossier pour proposer le soutien de la Turquie à l’entrée de la Suède dans l’OTAN si l’union européenne accepte la candidature toujours repoussée de la Turquie à l’UE.
Il n’y a évidemment actuellement strictement aucune chance pour que la Turquie puisse rejoindre l’union économique. Des raisons conjoncturelles de nature économique et politique mais aussi structurelle.

La première raison structurelle, c’est que la Turquie n’appartient pas à l’Europe et qu’il y aurait des raisons d’accepter aussi l’entrée dans l’union économique pourquoi pas de l’Arabie Saoudite ou de l’Iran. La seconde raison est politique car la Turquie entretient avec la démocratie et les valeurs républicaines des liens très spéciaux qui font de la Turquie une dictature. Ne parlons pas de la situation économique et sociale catastrophique.

Il y a aussi le poids démographique de la Turquie qui viendrait modifier les rapports de force interne à l’Europe et peser aussi sur le modèle sociétal.

Ce lundi, le président turc a déclaré que son pays soutiendrait l’entrée de la Suède dans l’Union européenne si cette dernière ouvrait à nouveau les discussions concernant l’adhésion de la Turquie. Il a répété que le feu vert turc à l’entrée de la Suède dans l’Alliance atlantique dépendait « de la réalisation des points inscrits dans l’accord tripartite » signé au sommet de l’Otan à Madrid l’an dernier entre la Turquie, la Suède et la Finlande.

« Il ne faut pas la considérer comme un sujet lié », a déclaré le chancelier allemand lors d’une conférence de presse à Berlin, estimant que « rien ne s’oppose à une adhésion de la Suède à l’OTAN », à laquelle le président turc s’oppose depuis des mois.

« Presque tous les membres de l’Otan sont membres de l’UE. Je m’adresse à ces pays qui font attendre la Turquie depuis plus de 50 ans et je m’adresserai à eux à Vilnius », a également déclaré le président turc qui doit s’entretenir aujourd’hui avec le président américain Joe Biden dans la capitale de la Lituanie. Mais Erdogan devraient donner son accord pour l’entrée de la Suède dans l’OTAN en obtenant d’autres compensations que celle de l’entrée dans l’union économique.

Libre-échange: accord entre l’Union européenne et la Nouvelle-Zélande

Libre-échange: accord entre l’Union européenne et la Nouvelle-Zélande

Bruxelles et Wellington ont signé dimanche un traité de libre-échange, assorti de clauses environnementales et sociales strictes. Selon l’Union européenne, cet accord devrait entraîner une hausse des échanges bilatéraux d’environ 30 % sur la prochaine décennie. L’accord-cadre avait été conclu au mois de juin 2022 après quatre années d’intenses négociations.

Il s’agit du premier accord commercial dit de «nouvelle génération» signé par Bruxelles et assorti d’un volet «développement durable». Cet accord «avec des engagements sociaux et climatiques sans précédent favorise une croissance juste et verte tout en renforçant la sécurité économique de l’Europe», s’est félicitée la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. «La Nouvelle-Zélande est un partenaire clé pour nous dans la région Indo-Pacifique et cetaccord de libre-échange nous rapprochera encore un peu plus» a-t-elle ajouté.

De son côté, le Premier ministre néo-zélandais, Chris Hipkins, a loué un texte qui représente «d’énormes avantages» pour les deux partenaires. L’Union européenne est le troisième partenaire commercial de la Nouvelle-Zélande, qui y exporte notamment du vin, des fruits et de la viande.

Glyphosate :À nouveau autorisé dans l’union européenne

Glyphosate : À nouveau autorisé dans l’union européenne

L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) « n’a pas identifié de domaine critique de préoccupation » du glyphosate chez les humains, les animaux et l’environnement, explique-t-elle dans un communiqué.

Au total, le rapport, qui sera rendu public courant juillet, repose sur 2.400 études, représente 180.000 pages, et a fait appel à 90 experts des États membres, fait valoir l’autorité. L’EFSA devait initialement publier son étude au deuxième semestre de 2022, avant de reporter la publication en raison d’un nombre « sans précédent » d’observations reçues.

Avant la sortie des résultats, les producteurs s’étaient dits « assez confiants » sur le prolongement de l’autorisation, selon un représentant de Plateforme glyphosate France (Bayer, Syngenta…) cité par le média spécialisé France Agricole.

Ce mercredi, pour marquer le coup, des ONG environnementales ont appelé le gouvernement français à s’y opposer. « Nos organisations demandent que la France prenne position contre la ré-autorisation de cette substance dangereuse pour la santé et l’environnement », ont réclamé une quinzaine d’ONG – dont Générations futures, Greenpeace, Réseau Action Climat ou encore Les Amis de la Terre – dans une lettre remise à la Première ministre Élisabeth Borne et d’autres ministères.

Emmanuel Macron s’était engagé en 2017 à sortir du glyphosate en France « au plus tard » début 2021, avant de revenir sur cette promesse. Des organisations agricoles s’opposent à cette interdiction, estimant que le désherbant reste largement incontournable, notamment pour faire place nette à une nouvelle culture sans labourer (la pratique, millénaire, relâche du carbone et altère la fertilité des sols).

« Dette contre nature »: Le projet douteux de l’union européenne

« Dette contre nature »: Le projet douteux de l’union européenne


L’Union européenne est prête à aider des pays en difficulté financière contre la prise en compte de la biodiversité. Un projet sympathique a priori mais qui comme les Z au développement risque de finir dans les sables de la corruption et où dans les lourdes administrations publiques ou privées. Comme pour le codéveloppement, il serait sans doute davantage souhaitable non pas de passer par les mains des états et des gouvernements mais de financer directement des projets concrets évalués et régulièrement suivis.

En outre on peut aussi discuter de ce principe d’échange monétaire contre l’engagement de protection de la nature. Enfin on peut légitimement se demander si parfois l’Europe ne dilapide pas en vain des ressources qui pourtant devraient être rares.

De ce point de vue la monétarisation de la problématique environnementale justifie quelques inquiétudes par exemple avec la fameuse taxe carbone qui en réalité n’est qu’une taxe supplémentaire qui ne va guère influer sur les changements de comportement sans offre alternative. La Banque européenne d’investissement (BEI), l’institution de financement de l’Union européenne, devrait réaliser cette année son premier swap « dette contre nature », destiné à encourager la protection de la biodiversité.

« Nous travaillons avec un certain nombre de pays », indique Maria Shaw-Barragan, directrice des prêts à la division « EIB Global » de la banque de développement, une division spécialisée dans les prêts aux pays tiers.

Les banques de développement jouent un rôle crucial en fournissant des « garanties de crédit » qui permettent aux Etats en manque de liquidités d’emprunter à bas prix pour protéger leurs écosystèmes.

Les acteurs de la conservation espéraient depuis longtemps que la BEI se positionne sur ce secteur, car son bilan est important, plus de deux fois celui de la division de la Banque Mondiale responsable des prêts.

Maria Shaw-Barragan n’a pas indiqué quels pays seront concernés, ni pour quels montants, afin de ne pas influer sur le prix des obligations concernées -les swaps « dette contre nature » fonctionnant mieux lorsque la dette est achetée avec une décote- mais la responsable précise que, rien qu’en Afrique sub-saharienne, 5 à 10 pays seraient concernés.

Les swaps « dettes contre nature » ne sont pas nouveaux, mais pourraient jouer un rôle de plus en plus important : 140 échanges ont eu lieu au cours des 35 dernières années, totalisant seulement 5 milliards de dollars de dettes.

Le mécanisme devrait être mis en avant au cours d’un sommet organisé jeudi à Paris par le président français Emmanuel Macron et la Première ministre de la Barbade Mia Mottley, dont le pays a procédé à un swap « dettes contre nature » l’année dernière, et qui appelle à généraliser ce genre d’opérations.

Maria Shaw-Barragan a déclaré que la BEI n’interviendrait pas dans les pays déjà en défaut de paiement, mais les swaps aideront les gouvernements concernés à remplacer leur dette à court terme par une nouvelle dette à 10 ou 15 ans à un taux plus bas.

Droit d’asile : Les incohérences européenne (Jean-Pierre Chevènement)

Droit d’asile : Les incohérences européenne (Jean-Pierre Chevènement)

L’ex-ministre de l’Intérieur pointe dans le JDD « un problème d’absence d’harmonisation des législations au niveau de l’UE » en matière de droit d’asile. Ancien ministre de la Défense et de l’Intérieur, candidat à la présidentielle en 2002, Jean-Pierre Chevènement, qui incarne depuis un quart de siècle le souverainisme de gauche, dénonce un droit d’asile « clairement détourné de son but initial».

Il est syrien, 31 ans, a obtenu l’asile politique en Suède, mais a été débouté début juin en France et se revendique comme chrétien : que nous apprend le profil de l’assaillant d’Annecy ?
L’enquête est en cours. Il faut sans doute considérer à ce stade qu’il s’agit d’un acte d’une personne qui n’a pas tout son entendement. Mais le fait que quelqu’un qui a le statut de réfugié dans un pays de l’Union depuis manifestement une décennie puisse, malgré tout, déposer une demande d’asile dans un autre pays souligne l’incohérence des mécanismes européens. Cela s’ajoute aux divergences d’appréciation qui amènent la France à être plus généreuse en matière de protection internationale pour des nationalités identiques. D’où le fait que ces dernières années, 30 % de ceux qui ont déposé une demande d’asile en France étaient déjà passés par un autre pays européen, et même avaient déjà été déboutés dans un autre pays. Comment comprendre qu’une décision prise en Allemagne n’ait pas d’effet en France, et qu’il y ait ainsi des cordes de rappel ? Cela donne le sentiment que c’est sans fin, ou pour le moins incohérent.

L’immigration zéro n’existe pas, l’intégration de peuples entiers non plus

La guerre en Syrie avait occasionné, à partir de 2015, l’arrivée en Europe de millions de réfugiés. Ce phénomène n’a-t-il pas donné une vigueur nouvelle aux partis d’extrême droite européens, en particulier en Allemagne ?

S’agissant des Syriens, l’accueil de 3 millions d’entre eux annoncé par Mme Merkel a été une erreur, d’autant que seulement la moitié s’est établie en Allemagne. L’effet politique de la décision a été désastreux, comme l’a montré l’élection d’une centaine de députés de l’AFD au Bundestag en 2017. Plus largement, on observe depuis 2015 un essor très vif des arrivées de demandeurs d’asile dans les pays européens, notamment la France. Ce droit d’asile, initialement réservé aux « combattants de la liberté », est aujourd’hui clairement détourné de son but initial.

Ces réfugiés ont-ils été correctement accueillis, intégrés, suivis ?L’intégration, qui suppose la formation à la langue, l’accès au travail, le logement, est rendue de plus en plus compliquée du fait des fractures qui traversent notre société et du mouvement de désindustrialisation à l’œuvre depuis les années 1980. On ne pourra pas intégrer les nouveaux venus sans relance de nos capacités industrielles, condition de notre rebond économique. J’ajoute à la question de la maîtrise des flux, la problématique de la distance culturelle – de plus en plus forte – de nombre d’immigrés qui arrivent aujourd’hui. L’immigration zéro n’existe pas, l’intégration de peuples entiers non plus. La République suppose une adhésion à des principes partagés et à une culture commune. Il en va de la capacité de notre pays à tenir. C’est un enjeu de civilisation.

Les procédures en matière de droit d’asile ne comportent-elles pas de nombreuses failles, au ​niveau européen comme en France ?

Il y a tout d’abord un problème d’absence d’harmonisation des législations au niveau européen. La France est aujourd’hui l’un des pays les plus facilitants en matière de regroupement familial, d’aide médicale, d’allocations et d’appui de l’État dans l’accès aux hébergements. Elle n’a pourtant pas vocation à accueillir tous les perdants du système européen de l’asile, et devrait a minima réaligner les critères évoqués ci-dessus sur ses voisins.

Le Conseil de l’Union européenne a approuvé jeudi deux textes qui prévoient de modifier la législation européenne en matière d’immigration. Approuvez-vous cette évolution ?

On nous annonce aujourd’hui un « accord historique » entre les Vingt-Sept sur la réforme de la politique migratoire européenne. Je crains fort que cette annonce soit encore une fois un trompe-l’œil. Les États membres auraient validé une solidarité obligatoire entre tous les pays accueillant des demandeurs d’asile. Dans la réalité, le protocole de Dublin, qui rend responsables les pays d’accueil de la gestion des flux, va continuer à s’appliquer pendant deux ans. Les pays de débarquement resteront responsables de la gestion des flux. Les pays qui ne voudront pas participer devront verser 20 000 euros pour chaque personne non accueillie. Mais les Vingt-Sept n’ont pas trouvé de solutions sur la question du retour des personnes déboutées. Ils devraient renvoyer ces personnes vers un pays tiers sûr, mais aucun accord n’a été dégagé sur la définition de ce qu’est un pays tiers sûr et la liste des pays concernés. N’oublions pas par ailleurs que l’accord ensuite trouvé en commission devra être négocié avec le Parlement européen. J’ai l’habitude de ces « parlotes », ces discussions qui durent depuis des années et risquent de durer encore longtemps. C’est pourquoi je préfère un système où c’est le pays d’accueil qui a le dernier mot. C’est lui qui doit rester maître de la décision. C’est la seule manière de fonder l’Europe sur le principe de responsabilité. À défaut, ça ne marche pas. C’est pourquoi je reste partisan d’une Europe qui reste en dernier ressort une Europe des nations.

Il est certainement souhaitable que les demandes d’asile soient faites en dehors du territoire national


Les responsables de LR proposent d’accorder une supériorité à la loi française, en matière d’immigration, par rapport aux règles européennes. Faut-il modifier la Constitution afin de restaurer notre souveraineté en matière migratoire, comme ils le proposent ?

Il ne me paraît pas choquant que les intérêts de la nation priment les traités et le droit européens. La législation sur le droit d’asile ne dépend pas que de la loi, mais aussi des directives européennes et de leur application, très variable selon la jurisprudence nationale ou européenne. Il faut rétablir la suprématie de la loi. Une claire hiérarchie des normes est le préalable de toute réforme. C’est sans doute ce qu’ont voulu dire les responsables de LR qui, pour autant, ne méconnaissent pas l’utilité d’un cadre européen plus général. Le problème de la Constitution est un problème plus vaste, mais il est certain que tout pays doit tenir à sa Constitution, qui est le fondement de son identité.

Les demandes d’asile doivent-elles être formulée en dehors du territoire national, comme le demande la droite ?
Il est certainement souhaitable que les demandes d’asile soient faites en dehors du territoire national. Ne serait-ce que pour ne pas donner une prime à ceux qui entrent illégalement en France et pour éviter que les déboutés du droit d’asile ne s’y maintiennent en dépit des mesures d’éloignement prises. Ce qui est le cas de 96 % des déboutés selon un rapport de la Cour des comptes paru en 2015 ! Mais cette règle doit tolérer certaines exceptions pour permettre de protéger effectivement les combattants de la liberté.

La réponse est-elle uniquement dans plus de fermeté, plus de contrôle ? À gauche, certains, comme Benoît Hamon, demandent aussi une meilleure inclusion…

La fermeté va de pair avec l’humanité. Celle-ci ne saurait être synonyme de faiblesse. Il en va par ailleurs du respect de la souveraineté populaire, une très large majorité de Français souhaitant aujourd’hui un contrôle plus ferme des flux migratoires.

L’immigration actuelle exacerbe la crise du commun et importe des chocs culturels au sein de notre société

« L’immigration massive incontrôlée tue », a expliqué Olivier Marleix, chef des députés LR. Cette expression vous choque-t-elle ?
La gravité du crime d’Annecy ne saurait prêter à des récupérations politiciennes. Celles-ci n’auraient néanmoins pas lieu d’être si l’on traitait plus efficacement les problèmes posés par l’immigration, et si l’on se donnait les moyens de mettre fin à la crise de l’intégration qui sévit, comme je l’ai expliqué dans un petit livre qui vient de paraître, Refaire la France*.

Éric Ciotti dit qu’aujourd’hui la France vit une « submersion migratoire » ? Etes-vous d’accord?

L’immigration est un problème en soi et ce problème doit être traité sérieusement, sans démagogie. De nombreux indicateurs sont aujourd’hui extrêmement inquiétants, à l’image des 320 000 primo-délivrances de titres de séjour en 2022 – contre 125 000 en 1999 lorsque j’étais ministre de l’Intérieur. À cette époque, j’avais régularisé plusieurs milliers d’étrangers en situation irrégulière, mais le contexte était très différent et ceux-ci répondaient tous à des critères d’intégration. J’ai toujours refusé une régularisation générale en l’absence de ces critères d’intégration. Nous sommes par ailleurs en droit d’interroger la nature de l’immigration, de plus en plus sous-diplômée, extra-européenne et antinomique à ce que nous sommes. Dans un contexte d’augmentation drastique des flux, l’immigration actuelle exacerbe la crise du commun et importe des chocs culturels au sein de notre société dont la France était auparavant préservée, même si celle-ci est depuis longtemps un pays d’accueil.

* « Refaire la France », Jean-Pierre Chevènement avec les contributions de Louis Gallois et Jean-Éric Schoettl, Paris, Éditions Bouquins, 159 pages, en librairies.

« Pour une union parlementaire européenne » Thomas Piketty 

 « Pour une union parlementaire européenne » Thomas Piketty 

Face aux nouveaux défis sociaux, climatiques et géopolitiques, l’Europe n’a d’autre choix que de se réinventer si elle souhaite jouer un rôle utile pour ses habitants comme pour la planète. C’est dans cet esprit qu’une nouvelle organisation, créée en 2022, s’est réunie, le 1er juin, en Moldavie : la Communauté politique européenne (CPE). L’initiative mérite d’être saluée.

En regroupant 47 pays – du Royaume-Uni à l’Ukraine, de la Norvège à la Suisse ou à la Serbie –, la CPE rappelle que les contours de l’Union européenne (UE) à 27 pays ne sont pas figés éternellement. Les discussions et les coopérations de plus en plus avancées doivent s’étendre à tout le continent et au-delà, ne serait-ce que pour affirmer et défendre un socle minimal de règles et de principes politiques communs, ce qui n’est pas rien. Pour autant, il est bien évident que la CPE comprend un spectre de pays si large qu’elle aura encore plus de mal que l’UE à prendre des décisions et à rassembler les ressources permettant d’aller de l’avant et de peser sur les évolutions du monde.

C’est pourquoi il est indispensable de compléter cette architecture à plusieurs cercles par un noyau dur constitué d’un petit nombre de pays réellement prêts à aller plus loin dans l’union politique. Pour fixer les idées, ce noyau dur pourrait prendre un nom : l’Union parlementaire européenne (UPE). L’UPE pourrait s’appuyer sur l’Assemblée parlementaire franco-allemande instituée en 2019 à l’occasion du renouvellement du traité bilatéral liant les deux pays, mais en l’ouvrant à tous les pays qui le souhaitent et en lui confiant de réels pouvoirs ; alors que cette assemblée joue pour l’instant un rôle purement consultatif, ce que l’on peut aussi considérer comme l’amorce d’une période de rodage.

Idéalement, l’UPE devrait, dès sa création, comprendre au minimum la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, qui, à eux quatre, rassemblent plus de 70 % de la population et du produit intérieur brut de la zone euro. Si cette solution n’aboutit pas, l’UPE pourrait aussi débuter à deux ou trois pays. A terme, l’objectif est, naturellement, de convaincre les 27 pays de l’UE – voire les 47 membres de la CPE et au-delà – de rejoindre ce noyau dur. Mais cela pourrait prendre de nombreuses années, indispensables pour que l’UPE fasse ses preuves et démontre aux yeux de l’Europe et du monde qu’il est possible, au XXIe siècle, de concevoir une nouvelle forme d’union sociale et fédérale, transnationale et démocratique.

Union européenne : réforme de l’asile

Union européenne : réforme de l’asile

Les ministres européens de l’Intérieur ont trouvé, jeudi 8 juin, un accord sur deux volets clés d’une réforme de la politique migratoire. Cette dernière prévoit un système de solidarité entre Etats membres dans la prise en charge des réfugiés et un examen accéléré des demandes d’asile de certains migrants aux frontières.

« Ce ne sont pas des décisions faciles pour tous ceux qui sont autour de la table, mais ce sont des décisions historiques », a salué la ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser. Ce feu vert ouvre ainsi la voie à des pourparlers avec le Parlement européen, en vue d’une adoption de la réforme avant les élections européennes de juin 2024.

La commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, s’est pour sa part réjouie d’une « étape très importante » pour le Pacte sur l’asile et la migration, présenté en septembre 2020. La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a salué une « percée », soulignant que son institution était prête à commencer les pourparlers. La Pologne et la Hongrie ont voté contre ces propositions, tandis que la Bulgarie, Malte, la Lituanie et la Slovaquie se sont abstenues, a appris l’AFP auprès de la présidence suédoise du Conseil de l’UE, qui a mené les longues et complexes négociations.

Tarification Européenne carbone : La facture CO2 pour les ménages

Tarification Européenne carbone : La facture CO2 pour les ménages

Dernierfeu vert pour la réforme du marché carbone, déjà votée la semaine dernière par les eurodéputés. Ce mardi, les 27 ministres de l’Agriculture, réunis au Luxembourg, ont entériné les textes ouvrant la voie à l’entrée en vigueur de ce pilier du plan climat européen, baptisé « Green Deal ». Etats comme eurodéputés ont ainsi validé sans modification l’accord qu’ils avaient trouvé fin décembre au terme de longs pourparlers.

« Ces législations peuvent désormais entrer en vigueur », s’est réjouie la Commission européenne dans un communiqué. Ce qui est, selon elle, « essentiel » pour concrétiser les ambitieux objectifs climatiques des membres de l’Union européenne, qui entendent sabrer de 55% leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, par rapport à 1990. Mais ce plan implique de taxer davantage les énergies fossiles, toutes classes sociales confondues.

Une Importante évolution concerne, cette fois-ci, le chauffage des bâtiments et les carburants routiers auxquels un second marché du carbone est prévu (ETS2). Mais ce point n’a pas manqué de faire débat, car il implique que les ménages payent, eux aussi, un prix du CO2 sur le carburant et le chauffage à partir de 2027.

Le texte vise toutefois à plafonner ce prix à 45 euros/tonne « au moins jusqu’en 2030 », et de reporter à 2028 l’entrée en application si l’envolée actuelle des cours de l’énergie se poursuivait.

Enfin, un « mécanisme d’ajustement carbone aux frontières » (CBAM en anglais), qui n’est pas une taxe à proprement parler, appliquera aux importations des Vingt-Sept dans les secteurs jugés les plus polluants (acier, aluminium, ciment, engrais, électricité) les critères du marché du carbone européen, forçant l’importateur à acquérir des« certificats d’émissions » au prix du CO2 dans l’UE.

À mesure que montera en puissance, entre 2026 et 2034, cette « taxe carbone » aux frontières, l’UE supprimera progressivement les quotas d’émission gratuits alloués aux industriels européens pour leur permettre d’affronter la concurrence extra-européenne.

Prix- carbone: la taxation européenne pour les ménages

Prix- carbone: la taxation européenne pour les ménages


Finalement les économistes libéraux et les écolos se seront tenus par la main faire émerger la taxation européenne du carbone qui en faites ne sera qu’une taxation de plus payée par les ménages. Les économistes sont contents, ils ont monétarisé le CO2 et permettent de réguler la pollution par le marché ( La théorie du fameux signal prix) et les écolos se figurent que cela pourra réduire la pollution.

Le seul problème c’est que la dimension sociale n’a pas été prise en compte car pour l’essentiel les ménages sont condamnés à recourir aux énergie et aux moyens existants. Seule la régulation progressive peut permettre des changements des modes de consommation et en amont de production. Le reste se résume à la création d’un impôt en plus.

Le Parlement européen a donc adopté cette semaine la réforme du marché carbone, qui s’étendra dès 2027 au chauffage et au carburant pour les particuliers et risque forcément d’aboutir à une hausse des factures. Même si la mesure sera assortie d’un fonds social censé accompagner les ménages les plus touchés par cette tarification du CO2, le spectre d’une révolte des Gilets jaunes n’est pas loin. Car dans le même temps, le Vieux continent subit déjà une inflation incontrôlable.

Le Parlement européen a en effet adopté mardi l’essentiel de l’ambitieux plan climat de l’Union, baptisé « Green Deal », qui comporte l’extension du marché carbone pour les particuliers. Un point aussi crucial que controversé, alors que les prix de l’énergie atteignent déjà des sommets depuis plus d’un an, grignotant un peu plus le pouvoir d’achat des consommateurs.

Aujourd’hui, ce système de tarification du CO2 concerne uniquement les industriels : pour les encourager à réduire leurs rejets de gaz à effet de serre, ceux-ci doivent acheter, depuis 2005, des « permis à polluer » qui couvrent 40% des émissions du Vieux continent, et dont le nombre diminue chaque année. Seulement voilà : avec la nouvelle réforme, les ménages devront eux aussi « faire leur part », puisqu’un prix du CO2 s’appliquera également dès 2027 sur le carburant routier et le chauffage des bâtiments. Et contrairement à une taxe carbone classique, dont l’évolution est fixée par la loi, le prix serait déterminé par l’offre et la demande, donc fluctuant et imprévisible.

Taxation européenne du carbone: : la facture pour les ménages

taxation européenne du carbone: : la facture pour les ménages


Finalement les économistes libéraux et les écolos se seront tenus par la main faire émerger la taxation européenne du carbone qui en faites ne sera qu’une taxation de plus payée par les ménages. Les économistes sont contents, ils ont monétarisé le CO2 et permettent de réguler la pollution par le marché ( La théorie du fameux signal prix) et les écolos se figurent que cela pourra réduire la pollution.

Le seul problème c’est que la dimension sociale n’a pas été prise en compte car pour l’essentiel les ménages sont condamnés à recourir aux énergie et aux moyens existants. Seule la régulation progressive peut permettre des changements des modes de consommation et en amont de production. Le reste se résume à la création d’un impôt en plus.

Le Parlement européen a donc adopté cette semaine la réforme du marché carbone, qui s’étendra dès 2027 au chauffage et au carburant pour les particuliers et risque forcément d’aboutir à une hausse des factures. Même si la mesure sera assortie d’un fonds social censé accompagner les ménages les plus touchés par cette tarification du CO2, le spectre d’une révolte des Gilets jaunes n’est pas loin. Car dans le même temps, le Vieux continent subit déjà une inflation incontrôlable.

Le Parlement européen a en effet adopté mardi l’essentiel de l’ambitieux plan climat de l’Union, baptisé « Green Deal », qui comporte l’extension du marché carbone pour les particuliers. Un point aussi crucial que controversé, alors que les prix de l’énergie atteignent déjà des sommets depuis plus d’un an, grignotant un peu plus le pouvoir d’achat des consommateurs.

Aujourd’hui, ce système de tarification du CO2 concerne uniquement les industriels : pour les encourager à réduire leurs rejets de gaz à effet de serre, ceux-ci doivent acheter, depuis 2005, des « permis à polluer » qui couvrent 40% des émissions du Vieux continent, et dont le nombre diminue chaque année. Seulement voilà : avec la nouvelle réforme, les ménages devront eux aussi « faire leur part », puisqu’un prix du CO2 s’appliquera également dès 2027 sur le carburant routier et le chauffage des bâtiments. Et contrairement à une taxe carbone classique, dont l’évolution est fixée par la loi, le prix serait déterminé par l’offre et la demande, donc fluctuant et imprévisible.

La problématique de l’endettement au sein de l’union européenne

La problématique de l’endettement au sein de l’union européenne ?

Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière.( dans la Tribune)


Une contribution intéressante pour faire l’analyse de la situation actuelle concernant l’endettement au sein de l’union européenne mais un peu courte sur Le concept de la « technologie verte  » NDLR

L’économie de l’UE devrait échapper à la récession en 2023, mais elle reste exposée à une croissance faible pour 2023 à 0,8% pour l’UE et à 0,9% pour la zone euro. Avec une inflation prévue à 8,5%, l’Europe évitera peut-être une récession mais la stagflation (faible croissance avec une forte inflation) guette l’économie européenne. Avec une explosion des dettes européennes et la frénésie de dépenses de la Commission européenne, « ceci expose les finances de l’UE à des risques et des défis colossaux »… »Entre la guerre d’agression menée contre l’Ukraine, la pénurie d’énergie, la pandémie de coronavirus et le changement climatique, l’UE est contrainte de jouer sur plusieurs tableaux en même temps pour amortir les effets d’une série de crises sans précédent », a déclaré Tony Murphy, Président de la Cour des comptes européenne.

L’accord entre les 27 pays européens a permis à la Commission européenne, dans le cadre du programme NGEU, d’emprunter 750 milliards d’euros pour construire une Europe plus verte, plus numérique et plus sociale. Cette dette commune sera remboursée sur 30 ans entre 2028 et 2058. La Commission européenne va émettre plusieurs obligations à long terme avec des taux qui peuvent s’envoler avec l’inflation et les décisions de politiques monétaires. L’Europe va-t-elle financer ce plan de relance ou les citoyens vont-ils le rembourser ? Rien n’est sûr encore. La Commission va proposer d’ici fin 2023 aux États membres, de nouvelles ressources propres en plus des 25% des recettes provenant du système d’échange de quotas d’émissions de l’UE, des 75% des recettes du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières et une partie du futur impôt mondial sur les multinationales.

Avec l’adoption du plan IRA américain, un programme de soutien à l’économie américaine promulgué le 16 août 2022 d’un montant de 360 milliards de dollar, l’UE craint que les États-Unis captent les nouvelles usines d’énergie propre (panneaux solaires, etc.). La Commission européenne prévoit de concurrencer cette loi par un pacte vert industriel. Bien que le nouveau plan n’implique peut-être pas encore de nouveaux emprunts, il propose un nouveau « fonds de souveraineté européenne » pour investir dans les technologies vertes. La commission ne détaille pour le moment ni son montant ni son financement. En attendant le pacte vert reposera sur les enveloppes et instruments existants : InvestEU, REPowerEU, etc. Comme le NGEU le problème majeur reste le manque de clarté : qui supportera le coût de cette nouvelle dette ?

La dette totale des pays de l’UE s’élève à 12 987 214 milliards d’euros, soit environ 29 000 euros par citoyen. L’endettement de la France est à 112,80% de son PIB. La France vient après la Grèce à 194,50%, l’Italie à 150,30%, le Portugal à 125,50% et l’Espagne à 118,30%. Les dettes publiques sont aujourd’hui nettement plus élevées qu’avant la pandémie. La hausse des taux directeurs de la Banque centrale européenne BCE, pour limiter l’inflation, va encore renchérir les taux des obligations des États, limitant leurs potentiels d’endettement. Avec la flambée des prix, les nécessaires dépenses pour la transition écologique et la guerre en Ukraine, tous les membres de l’UE seront obligés d’augmenter leurs dépenses. Ils devront recourir à de nouveaux emprunts à défaut d’augmenter de manière significative le poids des impôts. En matière de finances publiques, le plus sage et le plus juste est de s’abstenir d’augmenter les dépenses et les dettes afin d’éviter, comme la Grande-Bretagne, d’effrayer les investisseurs. Dans la situation où plusieurs pays européens se sont placés, avec des dettes colossales et une fiscalité très forte, la Commission européenne ne devrait plus lever d’autres milliards en mettant à contribution les États membres. Il faut noter que l’article 311 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne stipule clairement que l’UE doit se financer « entièrement sur ses ressources propres ».

Depuis la pandémie, la BCE contrôle de plus en plus les marchés avec les rachats d’énormes volumes d’obligations. Son bilan gonfle et devient brûlant : son dernier bilan consolidé est d’environ 8 800 milliards d’euros, avec 5 000 milliards d’obligations d’États et d’entreprises et un stock de 2 000 milliards de prêts à long terme aux banques. Pour la première fois depuis 2004, la Banque centrale européenne a affiché un profit nul et évite une perte potentielle. Derrière cette situation nous avons les profits du système financier.
La politique monétaire ultra-accommodante, menée depuis plusieurs années et pendant la pandémie, a créé un volume énorme de liquidités. Une grande partie de ces liquidités est encore placée à la BCE par les Banques et les établissements financiers et rémunérée par les Banques centrales nationales. Le taux de rémunération des dépôts est aujourd’hui à 2,50%. Plus le taux de rémunération augmente et plus les Banques sont assurées de profits garantis et ne soutiennent plus le financement des économies européennes.

Relance européenne et risque de faillites due à des prêts « non performant » :
« 1.400 milliards d’euros de prêts ne sera probablement pas remboursé d’après la BCE ». La commissaire européenne des Finances était auditionnée le 05 mars 2021 au Sénat par les commissions des Finances et des Affaires européennes. Elle a précisé la ligne de conduite de la Commission et de la BCE : « le secteur financier a aidé à minimiser la crise et nous avons besoin de maintenir ce flot de crédits aux entreprises et aux ménages. 1.400 milliards d’euros de prêts seraient non performants d’après la BCE et le ratio reste stable et nous devons éviter une croissance de prêts non performants dans le bilan des banques, c’est pourquoi nous avons adopté un plan d’action sur les prêts non performants en décembre 2020″.

Les États apprécient l’inflation car les emprunts à long terme seront remboursés à un coût réel inférieur. Pour les consommateurs, l’inflation érode le pouvoir d’achat. Selon la BCE elle-même, les salaires devraient augmenter de 4,5% en 2022 et de 5,2% en 2023. Pendant ce temps l’inflation prévue en 2023 sera de 8,5%. Pour la France selon l’OFCE : « le pouvoir d’achat par unité de consommation (UC) se réduirait entre -1,2 % et -2,0 % entre la fin 2021 et la fin 2023 selon les scénarios d’emploi et de dynamique salariale retenus pour 2023″.

L’endettement de l’Europe nuit à la croissance. Avec les risques monétaires et énergétiques les entreprises préfèrent baisser leur coûts (salaires, embauches, etc.) et décaler leurs investissements plutôt qu’amputer leurs profits ou relever leurs prix de vente. Pour les ménages, elles vont anticiper une augmentation future de leurs impôts et épargner plus. Pour l’État les recettes fiscales perçues diminuent. C’est le déficit conjoncturel qui se creuse et certaines dépenses publiques auraient plutôt tendance à augmenter notamment en raison de la hausse du chômage et des prestations sociales. Comme en France, pour réduire leurs endettements, les gouvernements se lancent dans des réformes structurelles : réforme de l’assurance chômage, des retraites, etc. Toutes ces réformes seront faites pour améliorer les comptes de l’État aux dépens des avantages sociaux.

La zone euro s’est installée après la crise financière de 2009 dans un marasme prolongé. Avec une inflation faible et une croissance lente, la part de l’investissement au sens de la comptabilité nationale a reculé dans l’ensemble des pays européens. L’investissement public a connu une baisse importante jusqu’en 2016. De 2019 à 2021, rapporté au PIB, il a augmenté de 0,5 point en moyenne. Pour les investissements verts, l’Europe de demain vient juste de prendre la route.

L’Europe peut maitriser l’inflation grâce à la technologie verte. La technologie verte permettra à de plus nombreuses entreprises et industries de franchir un point de résilience. La production de biens et de services pourrait ainsi évoluer plus rapidement que la demande des consommateurs. Le prix de ces biens ne devrait pas augmenter même si la demande augmente. Il devient plus facile de satisfaire la demande du marché pour des produits novateurs et écologiques. Autrement dit, si l’offre du bien peut toujours répondre à la demande, il n’ y aura pas de place pour l’inflation. En ce qui concerne les endettements publiques, il est préférable d’utiliser immédiatement l’épargne des ménages européens pour investir au lieu d’emprunts bancaires pour une relance durable écologique et sociale.

Gabriel Gaspard

La réponse européenne au protectionnisme américain: très insuffisante

La réponse européenne au protectionnisme américain: très insuffisante

Par Nicolas Ravailhe, Institut francophone de stratégies européennes, enseignant École de guerre économique et avocat au barreau de Bruxelles (droit européen).
Écoutez cet article dans la Tribune.

La réponse européenne à « l’Inflation Reduction Act » (IRA) n’est pas à la hauteur. Certes, les règles européennes en matière d’aides d’État – le droit des États membres et de leurs territoires d’utiliser de l’argent public pour aider des opérateurs économiques – devraient être aménagées. De même, le budget de l’Union européenne (UE) sera réorganisé pour mieux utiliser les programmes actuels. Le tout sera limité aux objectifs européens de croissance verte et numérique.

Dans le match économique USA-UE, qui est le plus fort ?
L’Europe n’est pas naïve. Victoire aux points depuis des décennies pour l’UE, qui connait des excédents commerciaux aux USA très importants, en augmentation de 10 milliards d’euros en moyenne tous les ans pour arriver à un chiffre de 155 milliards d’excédents européens en 2021.

Depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, nous assistons à une correction économique significative des USA sur les Européens, par des achats d’armements et d’énergie aux entreprises américaines. Toutefois, elle est évaluée comme étant conjoncturelle quand les succès européens aux USA sont qualifiés de structurels.

Surtout, cette correction économique permet aux États européens qui la pratiquent – Allemagne en tête – de s’assurer de précieux alliés aux USA afin d’y protéger leurs exportations. Une forme de troc s’opère : armes et énergie Made in US contre une absence de représailles sur les exportations civiles germaniques outre-Atlantique. Et tant pis, voire pour certains tant mieux, si c’est au détriment de la défense européenne et en particulier des intérêts français très forts dans ce secteur.

L’Union européenne, sous contrôle de l’Europe du Nord, est forte et stratège. Tout est mesuré en Europe. À tous les sens du terme, c’est-à-dire évalué et contenu. « Tant que le protectionnisme américain ne remet pas en cause les succès européens aux USA, la réponse de l’Europe doit être bridée. » En effet, entrer dans une guerre frontale, coups pour coups, durcirait les relations et l’Europe étant gagnante actuellement, elle aurait plus à perdre.

Certes, la France n’a pas forcément les mêmes intérêts que les autres États européens même si elle semble aussi excédentaire aux USA (données à pondérer par les ré-importations en France de produits US en provenance d’autres pays comme les Pays-Bas. Ces derniers sont déficitaires avec les USA mais ils revendent ces importations pour avoir un énorme excédent de 229 milliards d’euros en 2021 dans le marché intérieur européen.

Donc, en Europe, on s’offusque, on aménage, mais on n’apporte aucune réponse directe. La guerre économique USA-UE n’est pas un concept nouveau. La modération de l’UE est constante depuis des années face à l’extra-territorialité du droit américain – qualifiée d’arme du faible qui ne produit pas et n’exporte pas -, au pillage des données par les GAFAM aussi objet de trocs… mais au final c’est l’Europe qui a des excédents commerciaux gigantesques.

Alors que faire face à « l’Inflation Reduction Act » ?

Quelques pistes juridiques seront brandies par l’UE, notamment le respect des règles de l’OMC : https://multimedia.europarl.europa.eu/fr/video/key-debate-eu-response-to-the-us-inflation-reduction-act-meps-debate-part-1_I234795. L’Europe dispose de peu de moyens juridiques pour contrer les aides d’État étrangères. Le nouveau règlement concernant la lutte contre les subventions étrangères générant des distorsions dans le marché intérieur devrait être inopérant en l’espèce.

De plus, il est quand même compliqué pour les Européens de dénoncer la réindustrialisation des USA contre la Chine, principale visée par l’IRA. D’autant plus que les Américains encouragent les Européens à les rejoindre dans ce combat. L’Europe s’y refuse jusqu’alors afin protéger l’excédent commercial allemand en Chine et les importations néerlandaises revendues aux autres Européens via le marché intérieur (même logique qu’avec les USA cf. tableau Eurostat par États membres). Telle est une des principales causes de la désindustrialisation de la France. Notre pays a les mêmes intérêts que les Américains contre la Chine, mais nos gouvernants laissent faire la passivité européenne…

Une alliance France-USA aurait aussi du sens pour contrer les excédents commerciaux allemands dénoncés dans nos deux pays. Elle est rendue très compliquée en raison d’une concurrence franco-américaine dans les secteurs de la défense et ainsi que dans l’aéronautique civile. Le schéma est connu. L’Allemagne est protégée de mesures protectionnistes en France par le droit européen, la notion d’entrave, et elle achète des armes aux USA afin de s’offrir de puissants soutiens pour ses intérêts civils. Les USA étant une grande démocratie avec de nombreux contre-pouvoirs, les lobbyistes « pro made in Germany » en joueront à merveille pour diviser les Américains. Tant que le cadre actuel perdure, IRA compris, une seule devise « wait and see » et si possible profitons-en !

Croissance européenne 2023 : plus 0,8 % ?

Croissance européenne 2023 : plus 0,8 % ?

La commission économique européenne se veut optimiste peut-être pour contrer des scénarios plus gris du fonds monétaire international et autre institutions. La prévision de croissance pour 2023 est toutefois modeste seulement 0,8 %. Une évolution qui dépendra sans doute aussi d’une inflation qui va encore augmenter et toucher particulièrement les achats de denrées alimentaires.

Dans le nouveau scénario économique de la commission européenne on prévoit cette année 0,8 %, . Pour les pays de la zone euro, il est question d’une augmentation de PIB de 0,9 %, soit 0,6 point de mieux. L’année prochaine, en 2024, la croissance s’établirait à 1,6 % dans l’UE et à 1,5 % dans la zone euro, sans changement par rapport aux prévisions d’automne.
L’économie européenne a enregistré un taux de croissance de 3,5 %, au lieu de 3,2 % attendus.

Cette année comme en 2024, la France devrait faire mieux que l’Allemagne, avec des prévisions de croissance de 0,6 % puis 1,4 contre 0,2 % et 1,3 %. Toutefois, les deux grandes économies de l’UE seront en deçà de la moyenne européenne. L’Espagne tire ainsi très bien son épingle du jeu. Grâce à la forte reprise du tourisme, son économie devrait connaître une croissance de 1,4 % en 2023 puis de 2 % en 2024. Quant à l’économie italienne, elle pourrait croître de 0,8 % cette année puis de 1 % l’an prochain, tirée par le plan de relance européen dont elle est le premier bénéficiaire.
Parmi les facteurs explicatifs,, la baisse notable des prix du gaz. Après la flambée ¬historique qu’il avait connue à l’été 2022, le TTF, indice de référence pour l’UE, est revenu fin janvier à ses niveaux d’avant la guerre en Ukraine, soit 55 euros par MWh.

Maiss les consommateurs et les entreprises vont devoir continuer à composer avec des prix du gaz trois fois plus élevés qu’en 2019 et une inflation sous-jacente (inflation hors énergie et produits alimentaires non transformés) encore en hausse en janvier.

Linflation passerait de 9,2 % en 2022, à 5,6 % en 2023 puis 2,5 % en 2024 dans la zone euro

Plan de soutien à l’industrie américaine: La réplique de l’Union européenne pas à la hauteur

Plan de soutien à l’industrie américaine: La réplique de l’Union européenne pas à la hauteur

Pour faire face à l’inflation et surtout protéger son industrie, les États-Unis ont décidé d’un plan à 400 milliards ( IRA) qui va évidemment fausser la concurrence en particulier avec l’Europe. Pour l’instant les Européens mégotent pour répliquer par un plan à la hauteur du différentiel de concurrence. Le risque évidemment et que l’Union européenne prennent un retard considérable sur les industries américaines et chinoises.

Mais Commission européenne réplique très mollement face au plan américain en raison des divergences au sein de l’union . Les oppositions tournent surtout autour de la question des subventions en Europe.

« Comme d’habitude, l’Europe est divisée et les logiques nationales prévalent. Les pays du Nord refusent tout protectionnisme pour garder des marchés ouverts à l’export. La France, partisane d’un protectionnisme intelligent et de subventions équivalentes à l’IRA, se retrouve isolée », observe Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste du cabinet d’audit BDO France.

On repousse aussi la décision d’un emprunt commun auxquels les pays du Nord sont opposés .

A défaut, la Commission européenne compte mobiliser les fonds européens déjà disponibles dans le cadre du plan de relance et de la transition énergétique dont RepowerEU dont les 250 milliards d’euros pourraient être réaffectés au financement de projets industriels zéro-émissions.

Les sommes évoquées s’approchent des ordres de grandeur de l’IRA ou des 350 milliards d’euros que le commissaire au marché intérieur Thierry Breton croit nécessaire pour une riposte efficace.

« Pour construire un écosystème industriel sur les secteurs d’avenir, les Américains s’assurent surtout que l’argent est fléché vers le made in USA, aussi bien sous forme de subventions à la production qu’à l’achat », décrypte-t-elle. Anne-Sophie Alsif déplore que les aides européennes à la transition écologique ne soient conditionnées à rien, au risque « de financer des panneaux solaires et des voitures électriques fabriquées en Chine » mais surtout les lenteurs coupables de l’UE.

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