Archive pour le Tag 'Russie'

Drones Ukrainien sur Moscou :Pour installer la peur en Russie

Drones Ukrainien sur Moscou: installer la peur en Russie

Vladimir Poutine a accusé l’Ukraine de chercher à « terrifier » les Russes. « Les dégâts sont très limités », rappelle Michel Goya, avec « que quelques blessés ». Mais l’intérêt de l’attaque est « tout autre ». « Il s’agit très clairement d’une attaque psychologique », assure ichel Goya, ancien colonel des troupes de Marine, historien militaire sur Franceinfo.

Quel est, selon vous l’intérêt de ce type d’attaque de la part des Ukrainiens ?

Michel Goya : Les modèles de drones qui ont été vus dans cette attaque dans le ciel de Moscou sont des drones ukrainiens qui ont un rayon d’action qui est suffisant pour partir depuis l’Ukraine. Les dégâts sont très limités. Ces drones n’ont pas la capacité de faire des dégâts énormes, surtout lorsqu’ils sont lancés à grande distance, où l’on réduit la charge explosive pour mettre plus de carburant, pour pouvoir aller plus loin. Ces attaques n’ont fait officiellement que quelques blessés. Mais leur intérêt était tout autre. Il s’agissait essentiellement de marquer les esprits. Ces attaques ont eu lieu, en particulier dans le quartier de Novo-Ogariovo. C’est le quartier résidentiel de l’élite russe. C’est là où, comme par hasard, Vladimir Poutine a eu une résidence. Et les drones qui ont été détruits étaient tout autour de cette résidence. Donc il s’agit très clairement d’une attaque psychologique (pour dire) « nous aussi Ukrainiens, nous pouvons frapper les villes comme vous le faites, vous en Russie. Et regardez votre défense n’est pas capable d’empêcher ça. Vos leaders, votre armée n’est pas capable d’empêcher ça ».

Pourquoi les Ukrainiens lancent-ils ces attaques alors que les États-Unis ne les soutiennent pas ?

C’est vrai, ils ne soutiennent pas, mais ils n’ont pas condamné non plus. On notera qu’ils sont également sensibles au fait que les Ukrainiens n’utilisent pas de matériel spécifique fourni par les pays occidentaux. Là, c’est du matériel ukrainien qui est systématiquement utilisé pour effectuer ces attaques. Les Américains sont très réticents à ce genre de chose parce qu’ils ont peur d’une escalade, peur de fournir un prétexte à la Russie pour aller plus loin, pour mobiliser la nation.

Guerre en Ukraine : comment l’armée russe a développé de gigantesques lignes de défense avant une hypothétique contre-offensive

D’un point de vue ukrainien, il y a un petit aspect opérationnel. C’est-à-dire qu’en attaquant l’intérieur du territoire par des drones ou par des raids terrestres, on peut attirer les défenses russes à l’intérieur plutôt qu’elles soient sur la ligne de front, de manière à affaiblir cette ligne de front. Mais surtout, lorsque vous êtes attaqué vous-même sur votre territoire depuis des mois, la tentation est extrêmement forte, si vous en avez la possibilité, d’exercer des représailles, de rendre la monnaie, de faire goûter aux Russes la vodka qu’ils servent aux Ukrainiens. C’est humain. Le risque étant de basculer dans une spirale d’escalade. Et si on en a les moyens, si on commence à avoir des missiles plus puissants, de frapper non plus des objectifs militaires mais également des objectifs civils. Et ça, ça soulage les Ukrainiens. Mais c’est aussi dangereux parce que ça nourrit le discours russe d’agression. Et ça peut avoir l’effet inverse de provoquer une mobilisation ou un resserrement russe derrière Vladimir Poutine.


Est-ce-que toutes ces attaques, d’un côté ou de l’autre, sont les prémices de l’offensive ukrainienne annoncée ?

Ces attaques de part et d’autre pourraient se suffire en soi. Mais très clairement, elles entrent aussi dans le cadre de cette préparation à des choses plus importantes. Et évidemment, c’est cette offensive ukrainienne. Du côté russe, on a multiplié ce mois-ci les attaques par missiles. Mais des attaques par missiles, il y en a de moins en moins, parce que les Russes ont épuisé leurs stocks. Et là, ils frappent en fonction de ce qu’ils produisent. C’est assez réduit. Ils attaquent surtout avec des drones iraniens. Mais avec des drones, en réalité on ne fait pas énormément de dégâts. Ce n’est pas ça qui peut avoir un impact décisif. Mais ça maintient la pression. Ça oblige aussi les Ukrainiens à retirer une partie de leurs forces de leur système de défense aérien pour essayer de les contrer, pour défendre les villes. C’est autant de moins qui est sur le front. Et puis d’une manière générale, cela peut perturber les préparatifs de cette offensive. On est clairement dans la phase de préparation avant le jour J.

Russie: : « Macron, de «lèche-botte» de Poutine »

Russie: : « Macron, de «lèche-botte» de Poutine » ( Boris Jonhson)


D ‘après Guto Harri, ancien directeur de la communication de l’ex-premier ministre Boris Jonhson , ce dernier aurait traité Macron de lèche botte de Poutine

a rapporté des propos que celui-ci aurait tenus lors de l’invasion de l’Ukraine.

Durant une réunion avec ses conseillers, « Boris Jonhson s’est lancé dans une virulente attaque contre Emmanuel Macron, le traitant de «connard», disant c’est un taré, c’est le lèche-botte de Poutine», raconte-t-il. Il «faut enlever les gants», «nous devons nous déchaîner contre les frogs» (grenouilles – surnom péjoratif des Français), aurait dit Boris Johnson, selon ce conseiller.

Politiquement il y a toujours eu une assez grande différence en matière de stratégie diplomatique et militaire entre la France et le Royaume-Uni. Le Royaume-Uni qui est dès le début et depuis toujours a soutenu sans ambiguïté l’Ukraine tendis que pendant toute une période Emmanuel Macron a toujours espéré jouer un rôle politique international central dans le conflit entre l’Ukraine et la Russie. D’où ces heures de discussions sans fin entre Poutine et Marcon qui ont beaucoup agacé l’opinion publique britannique mais aussi française. Ou l’échec du « en même temps » à l’échelle internationale. Le Royaume-Uni et ses dirigeants s’étaient déjà montrés sceptiques devant les tentatives du président français de convaincre le président russe Vladimir Poutine de ne pas envahir l’Ukraine. La visite du président français à Moscou, quelques semaines avant le début du conflit, a «donné la nausée» à Boris Johnson, selon Guto Harri.

GUERRE EN UKRAINE: La Russie de plus en plus sous la domination chinoise

GUERRE EN UKRAINE: La Russie de plus en plus sous la domination chinoise

Pour une fois Macron a sans doute raison quand il constate que la Russie se metde plus en plus en posture de vassal vis-à-vis d’une Chine dominante. Il n’y a d’ailleurs aucune comparaison entre la puissance économique russe à peu près équivalente à celle de l’Espagne et la puissance économique chinoise désormais première mondiale. La Russie est d’ailleurs contrainte de vendre à bas prix et même de solder ses richesses à la Chine et de se mettre sous son parapluie militaire.

Avec le temps la Chine va développer là comme ailleurs une stratégie d’influence progressive pour grignoter la Russie, sa richesse et même sa souveraineté.

Le président français Emmanuel Macron a estimé ce dimanche, dans un entretien au journal L’Opinion, que la Russie avait déjà « perdu géopolitiquement » la guerre en Ukraine, et entrait dans une « forme de vassalisation à l’égard de la Chine ».

« La Russie a d’ores et déjà perdu géopolitiquement », a-t-il déclaré, évoquant les relations de Moscou avec ses alliés traditionnels, avec la Chine, ou encore l’élargissement de l’Otan à la Suède et à la Finlande.

Russie : Pourquoi les provocations de Dmitri Medvedev qui demande la liquidation de Zelinsky ?

Russie : Pourquoi les provocations de Dmitri Medvedev qui demande la liquidation de Zelinsky ?

La dernière provocation de Medvedev est de demander la liquidation de Zelinsky. Un papier de France Télévisions s’interroge sur les raisons des provocations réitérées de l’ancien président russe Medvedev. À juste titre le papier considère que l’ex chef d’État en rajoute en matière de radicalisation pour se rendre davantage crédible auprès d’un Poutine qui s’est toujours méfié de lui ( (Medvedev avait en effet tenté dans un premier temps de libéraliser un peu la Russie). En réalité, la rhétorique guerrière de Medvedev est surtout alimentée par sa démence liée à sa consommation totalement excessive d’alcool ( comme Eltsine). Ses facultés de discernement sont largement atteintes et en dépit de cela , il tente d’exister d’ailleurs dans une fonction tout à fait symbolique.

Il faut l’admettre : Dmitri Medvedev est un homme créatif. Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’ancien président russe multiplie les déclarations choc sur l’actualité internationale, ce qui lui vaut l’attention des médias du monde entier. Peut-être parce que son style sied peu à un ancien locataire du Kremlin. Comme lorsqu’il compare le mandat d’arrêt international lancé contre Vladimir Poutine à du « papier toilette ». Ou lorsqu’il qualifie les dirigeants du G7 d’ »idiots », ironise sur un « quatrième Reich » des pays occidentaux, menace de lâcher une bombe nucléaire sur Londres ou encore de frapper la Cour pénale internationale avec un missile hypersonique. Quant à la Pologne, il la considère comme un « chien maléfique » prêt à « avaler les restes » de l’Ukraine.

Ses menaces sont d’ailleurs le plus souvent dirigées contre les « drogués nazis fous » et les « cafards » au pouvoir en Ukraine, un « régime nazi » à pourfendre. L’ancien locataire du Kremlin agrémente parfois sa logorrhée d’images, comme lorsqu’il publie sur Telegram un montage* présentant Volodymyr Zelensky sous les traits d’Adolf Hitler. A l’occasion, Dmitri Medvedev verse également dans le vocabulaire mystique. « Le but est d’arrêter le souverain suprême de l’enfer, quel que soit le nom qu’il utilise – Satan, Lucifer ou Iblis », lançait-il à l’automne, quand la thématique de la « désatanisation » de l’Ukraine était en vogue.

Avant le début de la guerre, il accusait déjà les dirigeants ukrainiens d’être « des gens faibles qui ne cherchent qu’à se remplir les poches », dans le journal Kommersant*. Peu après le début de l’invasion, il s’est offert un nouveau terrain de jeu en créant sa chaîne Telegram. Plus d’un million de personnes sont désormais abonnées aux publications de « Dimon », qui s’est progressivement imposé comme l’un « des politiciens les plus grossiers et radicaux de Russie », selon les mots* du journaliste indépendant Ivan Davydov, début novembre. Cinq mois plus tôt, l’intéressé avait justifié* ses coups de sang vulgaires adressés au pouvoir de Kiev.

« La réponse, c’est que je les déteste. Ce sont des salauds et des dégénérés. Ils veulent la mort de la Russie. Tant que je vivrai, je ferai tout pour les faire disparaître. »

Dmitri Medvedev n’a pas toujours eu les ailes d’un faucon. Au contraire, il a longtemps été considéré comme une figure politique modérée, par opposition à la ligne dure des siloviki de l’armée ou des services de sécurité.

Champion universitaire d’haltérophilie, passionné de photographie, cet ancien professeur de droit et juriste a rencontré Vladimir Poutine dans les années 1990, dans l’entourage d’Anatoli Sobtchak, maire de Leningrad (redevenue quelques mois plus tard Saint-Pétersbourg). Dmitri Medvedev devient directeur de campagne du futur chef d’Etat lors de la présidentielle de 2000, puis son directeur de cabinet. A cette époque, il rejoint également le conseil de surveillance de la puissante compagnie Gazprom.

« Sa rhétorique, depuis le début de la guerre en Ukraine, surprend par sa violence, car elle est à l’opposé du personnage qui rencontrait Bill Gates et était bien vu par les élites occidentales. »

En 2008, Vladimir Poutine doit passer la main après deux mandats successifs à la tête de la Russie. Dmitri Medvedev prend la relève, sans grande marge de manœuvre. « Il porte l’héritage d’un courant libéral économique en perte de vitesse, mais qui existe encore », souligne Olga Gille-Belova, maîtresse de conférence en civilisation russe contemporaine à l’université de Bordeaux. Le président russe veut alors « réinitialiser » les relations avec les Etats-Unis de Barack Obama et vante les vertus d’une « modernisation », fondée sur l’innovation technologique. « Il tente aussi de proposer quelques mesures de libéralisation politique, et les grandes manifestations de 2011 et 2012 lui sont d’ailleurs reprochées, comme un effet indésirable de son discours. »

A cette époque, Dmitri Medvedev adule son iPhone offert par Bill Gates, visite les locaux de Twitter et confie son amour de jeunesse pour les groupes Led Zeppelin et Black Sabbath. Mais la modernisation russe reste en grande partie autoritaire, décidée par les élites. « Une blague circulait alors : Medvedev s’installe dans une belle voiture, très heureux, puis finit par demander où se trouve le volant. On lui répond qu’elle est entre des mains fiables », raconte la chercheuse Cécile Vaissié, professeure à l’université de Rennes. Après le retour de Vladimir Poutine au Kremlin, Dmitri Medvedev est nommé chef du gouvernement, et retrouve un rôle d’homme de paille.

En 2017, la fondation de l’opposant Alexeï Navalny révèle son immense patrimoine immobilier, dans une enquête sur la corruption des élites. « Il avait nié les accusations, mais avait dû faire profil bas après ces révélations », qui avaient provoqué des manifestations dans plusieurs villes du pays. On y brandissait un petit canard, en référence à la mare installée dans l’une de ses demeures cossues. « Ces années-là, il a perdu ce qui lui restait de crédibilité », analyse Cécile Vaissié. Beaucoup de photos* et de vidéos circulaient en ligne pour le ridiculiser. » Pour ne rien arranger, il a été surpris plusieurs fois en train de dormir, lors de cérémonies et d’allocutions officielles.

Trois ans plus tard, Dmitri Medvedev quitte la Maison Blanche de Moscou, résidence du Premier ministre et siège du gouvernement russe. « Certains ont interprété sa démission comme la fin de sa vie politique, et il semblait ne plus avoir aucun poids », relève Olga Gille-Belova.

Toujours à la tête du parti Russie unie, Dmitri Medvedev prend alors la vice-présidence du Conseil de sécurité, un poste créé pour lui. Son périmètre est plutôt flou, d’autant que le secrétaire Nikolai Patrouchev tient fermement les rênes du conseil consultatif. « Il est très difficile de connaître le rôle politique de Dmitri Medvedev aujourd’hui, poursuit la chercheuse, mais il est toujours présent dans l’entourage de Vladimir Poutine. »

Russie- Groupe Wagner : guerre, business et crimes

Russie- Groupe Wagner : guerre, business et crimes

Par Thierry Vircoulon
Coordinateur de l’Observatoire pour l’Afrique centrale et australe de l’Institut Français des Relations Internationales, membre du Groupe de Recherche sur l’Eugénisme et le Racisme, Université Paris Cité- dans The conversation

Créée après la révolution du Maïdan, en Ukraine (hiver 2013-2014), pour appuyer les séparatistes pro-russes dans le Donbass, cette organisation, largement impliquée en ce moment dans les combats autour de la ville de Bakhmout, joue actuellement un rôle de premier plan dans le conflit qui l’a vue naître. Mais entre 2014 et 2022, elle s’est fait un nom en étendant son champ d’opérations au Moyen-Orient et, surtout, à l’Afrique.

Le groupe doit sa visibilité médiatique d’abord à la Syrie, où il a combattu aux côtés des troupes gouvernementales et a été confronté aux forces américaines, puis à l’Afrique, où il s’étend de manière agressive depuis 2017. Initialement, il est apparu comme un fournisseur d’instructeurs et de combattants russes en Syrie, en Libye et sur divers théâtres d’opérations africains. Il est désormais bien plus que cela.

De récentes recherches montrent que le groupe Wagner a une double dimension : l’une visible (la fourniture de combattants/instructeurs), l’autre invisible. Comme souvent, l’aspect visible n’est que le sommet de l’iceberg.

Si Wagner a déployé à ce jour des forces dans cinq pays africains (Libye, Soudan, Centrafrique, Mali et brièvement Mozambique), des éléments liés à son dirigeant Evguéni Prigojine ont été identifiés dans plus d’une douzaine de pays africains pour des missions variées (militaire, économique ou politique).

Pays où le groupe Wagner est engagé militairement, économiquement et politiquement. Carte issue du rapport « La Zone grise. L’engagement militaire, mercenaire et criminel de la Russie en Afrique », de Julia Stanyard, Thierry Vircoulon et Julian Rademeyer, Global Initiative Against Transnational Organized Crime, février 2022. Cliquer pour, Fourni par l’auteur
Wagner fonctionne comme une holding multisectorielle qui opère à l’étranger dans trois domaines stratégiques par le biais d’entités militaires, économiques et politiques interconnectées qui, toutes ensemble, forment le groupe – ou, plutôt, la nébuleuse.

En effet, ces sociétés sont caractérisées par leur opacité. Certaines d’entre elles fournissent des services militaires à des gouvernements autocratiques affaiblis (formation, équipements, combattants), n’hésitant pas à violer les embargos de l’ONU comme en Centrafrique et en Libye. D’autres fournissent des services de conseil politique et d’influence (missions d’observation électorale biaisées, campagnes de propagande et de désinformation numérique, etc.). Certaines exploitent des ressources naturelles en contrepartie de services politiques ou militaires, tandis que d’autres encore fournissent des services logistiques (transport).

Bien qu’elles soient dispersées de par le monde, elles ont toutes en commun d’être liées à des entreprises basées en Russie et contrôlées par Evguéni Prigojine et son entourage. Cette holding multisectorielle montre que le groupe Wagner n’est pas seulement une société militaire, mais aussi un prestataire d’opérations d’influence politique et un réseau d’entreprises avec des filiales locales.

De ce fait, la présence de la holding varie selon les pays. Si certains de ses engagements sont purement militaires (Libye), d’autres se limitent à des rôles politiques, commerciaux ou encore logistiques (Cameroun, Kenya). Et dans certains pays (Centrafrique, Soudan), le Groupe Wagner déploie la totalité de sa gamme d’activités.

Cette holding russe n’est pas seulement ancrée dans le vaste univers de la corruption internationale (paradis fiscaux, sociétés écrans, commerce illicite, etc.), elle s’inscrit aussi et surtout dans l’histoire contemporaine de la Russie.

Elle est, en effet, le symbole de l’évolution des relations entre le crime organisé et le pouvoir en Russie. La mafia a connu un véritable essor en Russie après la chute de l’Union soviétique. Avec la privatisation des entreprises publiques et la faiblesse d’un État russe ne disposant pas des ressources nécessaires pour maintenir l’ordre, la criminalité a explosé et certaines privatisations ont donné lieu à de véritables guerres économiques (par exemple, la fameuse guerre de l’aluminium). Bon nombre des oligarques d’aujourd’hui ont fait fortune pendant cette période violente.

Toutefois, depuis l’avènement de Poutine, la relation entre le crime organisé, les oligarques et le pouvoir a changé. Les groupes criminels organisés sont devenus plus subordonnés et contrôlés par le Kremlin. Dans le même temps, le modèle dominant dans la criminalité organisée russe a évolué : les « entrepreneurs de violence » contrôlant des marchés criminels ont été remplacés par des « entrepreneurs criminels », beaucoup plus ancrés dans l’économie légale.

De criminel à chef d’entreprise, la trajectoire d’Evguéni Prigojine reflète parfaitement cette évolution. Sous le règne de Poutine, les hommes d’affaires politiquement connectés sont devenus plus dépendants du Kremlin pour maintenir leur pouvoir et leur richesse. Le groupe Wagner repose sur cette relation symbiotique entre le pouvoir, le monde des affaires et celui de la criminalité. De ce fait, en quelques années, cette nébuleuse d’entreprises privées est devenue un des outils de la diplomatie secrète russe.

Le mode d’intervention de Wagner à l’étranger révèle son étroite imbrication avec le pouvoir russe. Le déploiement de personnel est toujours précédé d’un contact à haut niveau dans l’appareil d’État russe, d’une campagne d’influence sur les réseaux sociaux et de création de filiales locales du groupe. Le partenariat est ainsi agréé au plus haut niveau des deux pays et repose sur un montage financier généralement basé sur l’exploitation de ressources naturelles du pays de déploiement (pétrole en Syrie et or en Afrique).

Avec les sanctions contre la Russie, l’intérêt stratégique que représente la holding Wagner s’est encore accentué. Non seulement ses services politiques et militaires servent à accroître l’influence du Kremlin à l’étranger (en particulier en Afrique francophone) mais ses activités dans les économies illicites peuvent permettre de contourner les sanctions occidentales et de développer des ressources économiques alternatives.

Si sa participation aux combats sur le front russo-ukrainien provoque des frictions entre Prigojine et la hiérarchie militaire, en revanche son rôle d’agent d’influence à l’étranger risque d’être de plus en plus utile pour la diplomatie secrète et l’économie de guerre du Kremlin, comme l’atteste la récente visite à Bamako du ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov.

Cet article est le résumé du rapport « La zone grise : l’engagement militaire, mercenaire et criminel de la Russie en Afrique » de Julia Stanyard, Julian Rademeyer et Thierry Vircoulon publié par Global Initiative against Transnational Organized Crime.

Appel contre l’arrestation Evan Gershkovich en Russie

Appel contre l’arrestation Evan Gershkovich en Russie

Dans une lettre à l’ambassadeur russe à Paris, les dirigeants des principaux médias français dénoncent l’arrestation du journaliste du Wall Street Journal

Votre homologue Anatoli Antonov, ambassadeur de Russie à Washington, a reçu, ce jeudi 30 mars, une lettre signée des directeurs de grands média occidentaux qui, du New York Times au Times de Londres, en passant par le Washington Post, le Guardian, la BBC ou le New Yorker, expriment leur indignation face à l’arrestation d’Evan Gershkovich, journaliste au Wall Street Journal et accusé d’espionnage.

Nous, soussignés, responsables de media français de tous horizons, tenons à joindre notre voix à la leur.

Evan Gershkovich est, comme l’ont écrit nos confrères, un professionnel jeune mais expérimenté. Citoyen américain, il vit à Moscou depuis plusieurs années et était accrédité auprès du Ministère russe des Affaires étrangères. L’accuser d’espionnage est une absurdité doublée d’une offense au métier de journaliste en général et de correspondant de presse en particulier.

Et cela ne peut être compris que comme un message criminalisant l’exercice de notre profession en Russie et signifiant aux correspondants étrangers qu’ils ne jouissent, sur le territoire de la Fédération de Russie, d’aucune protection légale.

Maintenir Evan Gershkovich en détention équivaut à une prise d’otage.

C’est, à l’attention des derniers représentants de la presse internationale encore présents dans votre pays, une mise en garde, une menace, voire un acte de terreur.

Le « procès » annoncé serait une tragique mascarade.

C’est pourquoi nous demandons, à travers vous, la libération sans conditions ni délai de Evan Gershkovich.

Sincèrement,

Dov Alfon, Directeur de la rédaction de Libération

Nicolas Barré, Directeur de la rédaction, Les Echos

Nicolas Beytout, Fondateur et Directeur de la rédaction de L’Opinion

Alexis Brézet, Directeur de la rédaction Le Figaro

Eric Chol, Directeur de la rédaction de L’Express

Jean-Marie Colombani, Fondateur et directeur de Slate France

Delphine Ernotte, Présidente de France Télévision, présidente de l’Union européenne de radio-télévision

Jérome Fénoglio, directeur du Monde

Marc-Olivier Fogiel, Directeur général de BFMTV

Caroline Fourest, Fondatrice et directrice de Franc-Tireur

Stephane Gendarme, Directeur de l’information de M6

Etienne Gernelle, Directeur du Point

Vincent Giret, directeur de l’information de Radio France

Emmanuel Hoog, Directeur de la publication de Les Inrockuptibles

Bernard-Henri Lévy, Président du Conseil de surveillance de Arte France

Pierre Louette, Président directeur général de Le Parisien

Frank Moulin, Directeur de la rédaction de RTL

Véronique Philipponnat, Directrice de Elle

Claude Perdriel, Directeur de la publication de Challenges

Edwy Plenel, Directeur de Mediapart

Cécile Prieur, Directrice de la rédaction de L’Obs

Riss, Directeur de Charlie Hebdo.

Traite humaine: Des milliers d’enfants ukrainiens déportés en Russie

Traite humaine: Des milliers d’enfants ukrainiens déportés en Russie

La Russie face à une crise démographique sans précédent du fait de l’extrême pauvreté du pays et de la répression qui règne essaye de compenser sa baisse de population par la déportation de milliers et milliers d’enfants ukrainiens. Hormis un sursaut au milieu des années 2010, les courbes de la natalité ruse n’ont cessé de plonger depuis trois décennies.

En avril 2022, peu après le début de la guerre, le niveau des naissances n’avait jamais été aussi bas en Russie… depuis le début du XVIIIe siècle, comme l’indique Alexeï Raksha, démographe indépendant (après avoir longtemps travaillé chez Rostat, l’Insee russe).L’objectif est aussi de russifier cette jeunesse par lavage de cerveau pour leur faire haïr l’Ukraine. Un véritable crime de guerre qui à lui seul mériterait la mise au ban du régime mafieux et criminel de Poutine.

La déportation de milliers de milliers d’enfants ukrainiens en Russie constitue sans doute le crime le plus abominable commis par Poutine. La Russie reconnaît officiellement ces kidnappings, sans pour autant employer ce terme.

Le chef de l’occupation russe de Kherson, Kirill Stremooussov, avait ainsi affirmé auprès de la presse d’Etat russe que 46 orphelins de Kherson avaient été « transférés » en Crimée. Il est cependant très difficile d’estimer la vraie ampleur de ce phénomène.

Kiev revendique que 13 899 enfants à l’identité vérifiée ont été kidnappés et déportés depuis le début de l’invasion, dont seuls 125 enfants ont pu être renvoyés en Ukraine, comme le rappelle Newsweek. Du côté russe, des officiels ont confirmé que jusqu’à 690 000 enfants ukrainiens seraient en Russie en octobre 2022 selon l’agence de presse d’Etat Tass.

La Russie a par ailleurs facilité l’adoption d’enfants ukrainiens par les familles russes, expliquant les cas d’Ukrainiens mineurs envoyés dans des familles à l’autre bout de la Russie. À titre d’exemple, en juillet dernier, 108 orphelins du Donbass naturalisés russes via ce décret ont ainsi été envoyés dans diverses régions de Russie, selon la présidente de la Commission aux droits de l’enfant en Russie Maria Lvova-Belova, qui indique avoir « pleuré de bonheur » devant les réunions d’enfants avec leurs nouveaux parents. Ces enfants, parfois envoyés dans des régions éloignées de l’Ukraine comme le district autonome de Iamalo-Nénétsie au nord de la Sibérie, seront donc difficiles à rapatrier en Ukraine même si le conflit s’achève.

Des milliers d’enfants ukrainiens déportés en Russie


Des milliers d’enfants ukrainiens déportés en Russie

La déportation de milliers de milliers d’enfants ukrainiens en Russie constitue sans doute le crime le plus abominable commis par Poutine. La Russie reconnaît officiellement ces kidnappings, sans pour autant employer ce terme.

Le chef de l’occupation russe de Kherson, Kirill Stremooussov, avait ainsi affirmé auprès de la presse d’Etat russe que 46 orphelins de Kherson avaient été « transférés » en Crimée. Il est cependant très difficile d’estimer la vraie ampleur de ce phénomène.

Kiev revendique que 13 899 enfants à l’identité vérifiée ont été kidnappés et déportés depuis le début de l’invasion, dont seuls 125 enfants ont pu être renvoyés en Ukraine, comme le rappelle Newsweek. Du côté russe, des officiels ont confirmé que jusqu’à 690 000 enfants ukrainiens seraient en Russie en octobre 2022 selon l’agence de presse d’Etat Tass.

La Russie a par ailleurs facilité l’adoption d’enfants ukrainiens par les familles russes, expliquant les cas d’Ukrainiens mineurs envoyés dans des familles à l’autre bout de la Russie. À titre d’exemple, en juillet dernier, 108 orphelins du Donbass naturalisés russes via ce décret ont ainsi été envoyés dans diverses régions de Russie, selon la présidente de la Commission aux droits de l’enfant en Russie Maria Lvova-Belova, qui indique avoir « pleuré de bonheur » devant les réunions d’enfants avec leurs nouveaux parents. Ces enfants, parfois envoyés dans des régions éloignées de l’Ukraine comme le district autonome de Iamalo-Nénétsie au nord de la Sibérie, seront donc difficiles à rapatrier en Ukraine même si le conflit s’achève.

Russie : Centre mondial des cybercriminels

Russie : Centre mondial des cybercriminels

L’entreprise de cybersécurité américaine Recorded Future vient de publier une étude consacrée au volet cyber de la guerre en Ukraine qui montre le rôle central de la Russie dans la cybercriminalité internationale.

par Alexander Leslie, analyste chez Recorded Future, livre les principaux enseignements de cette étude.(dans LA TRIBUNE) –

L’une des grandes tendances soulignées par votre étude est la fuite des cerveaux de l’IT qu’a connue la Russie depuis le début du conflit, et l’impact de celle-ci sur la cybercriminalité dans le monde. En quoi cet exode massif a-t-il contribué à changer la donne ?
ALEXANDER LESLIE – On constate un lien très clair entre les différentes phases du conflit et l’activité des cybercriminels russophones. Lorsque les troupes russes commencent à s’amasser près de la frontière ukrainienne, puis de nouveau après le déclenchement du conflit, et plus encore après la déclaration de la mobilisation partielle par Vladimir Poutine en septembre 2022, on constate ainsi, à chaque fois, une baisse significative de l’activité sur les forums, les chaînes Telegram et les places de marché en langue russe utilisées par les cybercriminels. Après l’annonce de la mobilisation partielle, cette baisse atteint par exemple les 70%.
À ce jour, l’activité sur ces différents canaux n’est toujours pas revenue à ce qu’elle était avant le déclenchement des hostilités. Il existe donc un lien évident entre le fait que de nombreux individus dotés de compétences en informatique aient fui la Russie, soit par peur de la guerre, soit par désaccord avec celle-ci, ou encore pour échapper à la mobilisation, et la cybercriminalité russophone.


Comment expliquer cet impact ? On se doute que ces personnes qui ont fui la Russie n’étaient pas les hackers pro-Kremlin les plus zélés…

Cela s’explique par une règle tacite, qui veut que les autorités russes accordent un blanc-seing aux cybercriminels qui se trouvent en Russie, du moment que ces derniers ciblent des entités étrangères. Les hackers russes, qui, comme la plupart des cybercriminels, sont avant tout motivés par leur intérêt personnel et par l’appât du gain, sont parfaitement au courant de cet état de fait.
Ainsi, la plupart des forums et autres places du Darknet consacrés à la cybercriminalité bannissent instantanément les membres qui parlent de s’attaquer à des acteurs russes. En outre, certains logiciels malveillants, conçus par des hackers russophones, comme Raccoon Stealer, se désactivent automatiquement s’ils sont utilisés contre des sociétés russes.

Ainsi, la Russie constitue un havre qui permet à ces cybercriminels de prospérer sans être inquiétés. Contraints de quitter le territoire, ceux-ci ne bénéficient plus de cette protection implicite, et risquent l’arrestation, que ce soit par les autorités de leur pays d’accueil ou par Interpol, s’ils continuent d’agir comme avant. Ces acteurs malveillants sont donc contraints de réduire considérablement, voire d’interrompre leurs activités, au moins jusqu’à ce qu’ils trouvent une manière sûre d’opérer dans leur nouveau pays.

Quel intérêt la Russie a-t-elle à protéger les cybercriminels qui opèrent sur son sol ?
La proximité de l’État russe avec le crime organisé n’est pas un phénomène nouveau et remonte au moins aux débuts de la Fédération de Russie, en 1991. D’abord, cette proximité est mobilisée par l’État russe en période de conflit, dans une logique de cyberguerre. Ensuite, elle permet de faire entrer de l’argent sur le territoire russe, notamment à travers le phénomène des rançongiciels. Le groupe russophone Conti, qui s’est fragmenté après le début du conflit suite aux divergences de ses membres quant à l’attitude à adopter face à la guerre (certains la soutenant, d’autres non), était jusqu’alors le principal groupe de rançongiciel au monde.

Mais surtout, l’existence d’un puissant réseau de cybercriminels en Russie entretient le trouble quant à l’origine des cyberattaques émanant du pays et permet à l’État russe de facilement se laver les mains suite à une action disruptive menée contre un État ou une entreprise étrangère. Lorsqu’un groupe de hackers russophones comme Killnet, Xaknet ou encore Cyber Army of Russia lance une attaque sur les infrastructures ukrainiennes, par exemple, l’État russe peut affirmer qu’il s’agit d’une initiative émanant de cybercriminels n’ayant rien à voir avec lui. C’est parfois vrai, parfois non. Mais dans tous les cas, ce flou savamment entretenu permet aux autorités russes de mener une cyberguerre qui ne dit pas son nom.


Vous soulignez également que cette protection tacite accordée aux cybercriminels pourrait bien devenir officielle en Russie…

En effet, il y a actuellement plusieurs propositions allant dans ce sens étudiées par la Douma, la principale émanant du député Alexander Khinshtein, qui suggère d’amender le Code criminel pour conférer l’immunité aux hackers prorusses. Cela constituerait un pas supplémentaire de la part du Kremlin qui indiquerait ainsi noir sur blanc aux cybercriminels résidant sur son territoire qu’ils peuvent s’en prendre aux acteurs étrangers en toute impunité.

Ces dernières années ont été marquées par la montée en flèche des rançongiciels. Le conflit a-t-il eu tendance à exacerber ce phénomène ?
Pas vraiment, car certains des plus puissants cartels de rançongiciels ont été rayés de la carte. Conti s’est fragmenté suite à la déclaration d’allégeance du groupe à la Russie, qui a déplu à certains membres, et très récemment, Hive, un autre leader mondial du rançongiciel, a vu ses infrastructures saisies par le FBI. Bien sûr, de nouveaux groupes n’ont pas tardé à apparaître pour les remplacer, mais leur offre est pour l’heure d’une qualité inférieure. La guerre n’a donc pas été une bonne affaire pour ce business.
Le marché de contrebande sur le Darknet a également souffert : outre la saisie d’Hydra par la police allemande l’an passé, les mesures de rétorsion adoptées contre la Russie font qu’il est devenu très difficile pour les acteurs d’expédier des marchandises illégales (qu’il s’agisse d’armes, de drogue ou de produits de contrebande) au-delà de la frontière russe. Ainsi, nombre de places de marché illégales opérant sur le Darknet ont dû fermer boutique.

En revanche, une tendance inquiétante est celle du renforcement du modèle du malware-as-a-service. On voit ainsi plusieurs groupes d’haktivistes prorusses partager gratuitement les outils nécessaires, assortis des tutoriaux adéquats, pour conduire des attaques par déni de service, de rançongiciel ou autres logiciels malveillants. On assiste donc à une uberisation de la cybercriminalité. Un nombre croissant d’individus sans compétences avancées en informatique gagnent ainsi la possibilité de perpétrer des attaques à l’aide d’outils qui étaient jadis l’apanage des cybercriminels les plus évolués. Encore récemment cantonnés aux méandres du Darknet, ces outils circulent désormais au grand jour sur les réseaux sociaux russophones.

En outre, comme il est devenu plus difficile de faire de l’argent grâce aux rançongiciels, les cybercriminels s’attaquent de plus en plus aux infrastructures critiques, qu’il s’agisse de la grille énergétique, des hôpitaux ou des administrations publiques, car le coût potentiel (y compris en vies humaines) en cas de refus de payer la rançon est tel qu’ils savent avoir ainsi de meilleures chances de faire de l’argent. La combinaison de ces deux dernières tendances est très inquiétante et sera à surveiller de près dans les mois à venir.

Politique: La France chassée d’Afrique par la Russie qui vient conforter les dictatures


Politique: La France chassée d’Afrique par la Russie qui vient conforter les dictatures

Comment expliquer la série de départs des forces françaises, et quel rôle ont joué des acteurs russes dans cette contestation de la présence française ? Eléments de réponse avec Alain Antil, chercheur et directeur du centre Afrique subsaharienne de l’Institut français des relations internationales (Ifri).

La Russie via le groupe Wagner notamment vient en Afrique d’une part pour conforter les dictatures et la corruption, d’autre part pour se rémunérer sur les richesses locales. La Russie est un modèle idéal pour permettre aux prédateurs de piller le pays.

Franceinfo : Hier, l’armée burkinabé a annoncé la fin officielle des opérations des forces françaises au Burkina Faso. Le dernier soldat français présent au Mali a quitté le pays en août, les derniers militaires français encore en Centrafrique sont partis en décembre… Comment décririez-vous cette contestation de la présence militaire française dans ces pays ?
Alain Antil : La première chose à dire est que ces trois pays sont dans une situation sécuritaire plus que préoccupante. Le Mali et le Burkina Faso se sont appuyés sur la France, et au Mali, malgré l’intervention de l’opération Barkhane, la situation ne s’est pas améliorée, voire s’est dégradée. Après l’opération Serval [en 2013] qui avait été efficace, des responsables français se sont montrés trop optimistes. L’écart entre ce qui avait été promis et ce qui est advenu est très important, et les populations voient que malgré les importants moyens dont la France dispose, les groupes jihadistes ont plutôt tendance à prospérer et les zones touchées par les violences à s’étendre.
La France est devenue le bouc émissaire de tout cela, alors que les causes principales du problème sont la faillite des forces de sécurité au Mali et au Burkina Faso, et la mauvaise gouvernance de ces pays. La situation politique s’est donc considérablement tendue au Mali et au Burkina Faso, dont les coups d’Etat sont l’une des manifestations, et ces pays ont décidé de revoir leurs politiques sécuritaires et leurs alliances.

Quels sont les éléments communs à cette contestation de la présence française dans différents pays ?
Nous avons pu observer des choses assez similaires. Des manifestations, bien sûr, mais également un bouillonnement sur des réseaux sociaux qui deviennent un champ d’affrontement politique, et où circulent énormément de propos anti-français. Il y a des informations justes, des informations détournées de leur contexte, mais aussi de vrais mensonges. Au Mali par exemple, certaines personnes sont persuadées que la France aide les groupes jihadistes, ou qu’elle est présente pour exploiter les ressources minières ou énergétiques du pays. La circulation de fausses informations a débuté sur les réseaux sociaux en République centrafricaine (RCA), puis nous avons constaté la même chose au Mali et au Burkina Faso. Cela a joué un rôle sur le départ des forces françaises, car cela contribue à galvaniser des manifestants dans les capitales. Ces rumeurs sur les réseaux sociaux, ajoutées au militantisme dans les capitales et au fait que certaines élites reprennent les mêmes slogans que ceux publiés en ligne… Cela dessine un environnement extrêmement difficile [pour la présence française].

Les manifestations ont eu surtout lieu dans les capitales, avec un impact médiatique maximal. Dans certains rassemblements, des symboles français ont été brûlés, la présence française était vilipendée… Des symboles de la présence française ont été attaqués, comme l’Institut français au Burkina Faso, et l’on pouvait voir des drapeaux russes flotter dans ces manifestations.

Vous évoquez des drapeaux russes. Comment des acteurs russes ont-ils contribué à nourrir cette contestation de la présence militaire française ?
La Russie a contribué au combat sur les réseaux sociaux contre la présence française. Financements de militants, diffusion de contenus… Toute une gamme d’actions a été déployée par la Russie pour abîmer l’image de la France dans ces pays. Des dessins animés anti-français ont par exemple été diffusés. Des militants ont été rémunérés pour diffuser de fausses informations, ou reprendre des éléments de médias russes francophones et les diffuser… Cet activisme des réseaux sociaux a contribué à accélérer la dégradation de l’image de la France. De nombreux Sahéliens urbains sont sur les réseaux sociaux, et peuvent reprendre sans filtre tout un ensemble d’informations.

Des figures du panafricanisme actuel, comme Kémi Séba et Nathalie Yamb [deux militants influenceurs], ont également affiché leurs liens avec la Russie. Nathalie Yamb a appelé des dirigeants ouest-africains à se rapprocher de Moscou, Kémi Séba a déclaré qu’il avait rencontré le PDG de la société mère de Wagner, Evguéni Prigojine, et reçu un « appui logistique » de ce groupe… La milice Wagner fournit un partenaire de rechange à ces pays. Cette présence [en Centrafrique et au Mali] s’accompagne d’une très grande violence contre les groupes armés adversaires du pouvoir, mais aussi contre des civils.

Que peut offrir la milice Wagner par rapport aux militaires français ? Vous parlez de violence, d’exactions…
Wagner offre quelque chose que la France n’offre plus : la sécurisation du régime. Si Wagner n’avait pas été là, le président actuel de la RCA ne serait peut-être plus au pouvoir. Ces pays ont également des difficultés à attirer de nouveaux partenaires de sécurité. Peu de pays ont envie d’envoyer des soldats au Sahel par exemple. L’implication de Wagner présente aussi un double intérêt pour la Russie : être présent, sans être présent officiellement. Moscou peut toujours rétorquer, notamment sur les accusations d’atteintes aux droits de l’homme, qu’il s’agit d’un contrat commercial avec une entreprise russe et non une coopération bilatérale.

En acceptant Wagner, le partenaire africain pourrait obtenir par ailleurs un accès facilité à des livraisons d’armes russes. Les armes russes sont moins chères, et sont plus adaptées à des pays qui ont un budget plus faible en matière de défense. Or, ces pays réclament de l’armement. De plus, la France et d’autres Etats membres de l’Union européenne ne souhaitent pas livrer des armes à des pays où des exactions sont commises par les forces armées contre des populations civiles.

Il faut souligner qu’il est trop tôt pour savoir si Wagner est présent au Burkina Faso. A ce stade, les autorités disent qu’elles n’ont pas besoin de combattants étrangers.
Quelles sont les différences entre ces pays dans leur contestation de la présence française ?

Pour le Burkina Faso et le Mali, il y a beaucoup de ressemblances. La contestation vient de la jeunesse urbaine, mais également d’une partie des élites, y compris des élites étatiques. Certains militaires sont assez anti-français, même si la détérioration [des relations] est beaucoup plus forte avec le Mali qu’avec le Burkina Faso.

Faut-il voir aussi, dans ces pays, une contestation de la France en tant qu’ancienne puissance coloniale ?
Bien sûr. L’ancien colonisateur a été salué par les populations maliennes quand il est venu « sauver » le pays avec l’opération Serval. Mais plusieurs éléments ont progressivement généré un fort mécontentement, voire un rejet, dans les populations : l’installation de l’opération Barkhane sans définition de durée, d’abord, mais aussi une communication politique parfois désastreuse – je pense notamment au sommet de Pau – ou encore des discours des élites des pays qui se défaussaient de leurs responsabilités sur le partenaire français.

La France chassée d’Afrique par la Russie


La France chassée d’Afrique par la Russie

Comment expliquer la série de départs des forces françaises, et quel rôle ont joué des acteurs russes dans cette contestation de la présence française ? Eléments de réponse avec Alain Antil, chercheur et directeur du centre Afrique subsaharienne de l’Institut français des relations internationales (Ifri).

Franceinfo : Hier, l’armée burkinabé a annoncé la fin officielle des opérations des forces françaises au Burkina Faso. Le dernier soldat français présent au Mali a quitté le pays en août, les derniers militaires français encore en Centrafrique sont partis en décembre… Comment décririez-vous cette contestation de la présence militaire française dans ces pays ?
Alain Antil : La première chose à dire est que ces trois pays sont dans une situation sécuritaire plus que préoccupante. Le Mali et le Burkina Faso se sont appuyés sur la France, et au Mali, malgré l’intervention de l’opération Barkhane, la situation ne s’est pas améliorée, voire s’est dégradée. Après l’opération Serval [en 2013] qui avait été efficace, des responsables français se sont montrés trop optimistes. L’écart entre ce qui avait été promis et ce qui est advenu est très important, et les populations voient que malgré les importants moyens dont la France dispose, les groupes jihadistes ont plutôt tendance à prospérer et les zones touchées par les violences à s’étendre.
La France est devenue le bouc émissaire de tout cela, alors que les causes principales du problème sont la faillite des forces de sécurité au Mali et au Burkina Faso, et la mauvaise gouvernance de ces pays. La situation politique s’est donc considérablement tendue au Mali et au Burkina Faso, dont les coups d’Etat sont l’une des manifestations, et ces pays ont décidé de revoir leurs politiques sécuritaires et leurs alliances.

Quels sont les éléments communs à cette contestation de la présence française dans différents pays ?
Nous avons pu observer des choses assez similaires. Des manifestations, bien sûr, mais également un bouillonnement sur des réseaux sociaux qui deviennent un champ d’affrontement politique, et où circulent énormément de propos anti-français. Il y a des informations justes, des informations détournées de leur contexte, mais aussi de vrais mensonges. Au Mali par exemple, certaines personnes sont persuadées que la France aide les groupes jihadistes, ou qu’elle est présente pour exploiter les ressources minières ou énergétiques du pays. La circulation de fausses informations a débuté sur les réseaux sociaux en République centrafricaine (RCA), puis nous avons constaté la même chose au Mali et au Burkina Faso. Cela a joué un rôle sur le départ des forces françaises, car cela contribue à galvaniser des manifestants dans les capitales. Ces rumeurs sur les réseaux sociaux, ajoutées au militantisme dans les capitales et au fait que certaines élites reprennent les mêmes slogans que ceux publiés en ligne… Cela dessine un environnement extrêmement difficile [pour la présence française].

Les manifestations ont eu surtout lieu dans les capitales, avec un impact médiatique maximal. Dans certains rassemblements, des symboles français ont été brûlés, la présence française était vilipendée… Des symboles de la présence française ont été attaqués, comme l’Institut français au Burkina Faso, et l’on pouvait voir des drapeaux russes flotter dans ces manifestations.

Vous évoquez des drapeaux russes. Comment des acteurs russes ont-ils contribué à nourrir cette contestation de la présence militaire française ?
La Russie a contribué au combat sur les réseaux sociaux contre la présence française. Financements de militants, diffusion de contenus… Toute une gamme d’actions a été déployée par la Russie pour abîmer l’image de la France dans ces pays. Des dessins animés anti-français ont par exemple été diffusés. Des militants ont été rémunérés pour diffuser de fausses informations, ou reprendre des éléments de médias russes francophones et les diffuser… Cet activisme des réseaux sociaux a contribué à accélérer la dégradation de l’image de la France. De nombreux Sahéliens urbains sont sur les réseaux sociaux, et peuvent reprendre sans filtre tout un ensemble d’informations.

Des figures du panafricanisme actuel, comme Kémi Séba et Nathalie Yamb [deux militants influenceurs], ont également affiché leurs liens avec la Russie. Nathalie Yamb a appelé des dirigeants ouest-africains à se rapprocher de Moscou, Kémi Séba a déclaré qu’il avait rencontré le PDG de la société mère de Wagner, Evguéni Prigojine, et reçu un « appui logistique » de ce groupe… La milice Wagner fournit un partenaire de rechange à ces pays. Cette présence [en Centrafrique et au Mali] s’accompagne d’une très grande violence contre les groupes armés adversaires du pouvoir, mais aussi contre des civils.

Que peut offrir la milice Wagner par rapport aux militaires français ? Vous parlez de violence, d’exactions…
Wagner offre quelque chose que la France n’offre plus : la sécurisation du régime. Si Wagner n’avait pas été là, le président actuel de la RCA ne serait peut-être plus au pouvoir. Ces pays ont également des difficultés à attirer de nouveaux partenaires de sécurité. Peu de pays ont envie d’envoyer des soldats au Sahel par exemple. L’implication de Wagner présente aussi un double intérêt pour la Russie : être présent, sans être présent officiellement. Moscou peut toujours rétorquer, notamment sur les accusations d’atteintes aux droits de l’homme, qu’il s’agit d’un contrat commercial avec une entreprise russe et non une coopération bilatérale.

En acceptant Wagner, le partenaire africain pourrait obtenir par ailleurs un accès facilité à des livraisons d’armes russes. Les armes russes sont moins chères, et sont plus adaptées à des pays qui ont un budget plus faible en matière de défense. Or, ces pays réclament de l’armement. De plus, la France et d’autres Etats membres de l’Union européenne ne souhaitent pas livrer des armes à des pays où des exactions sont commises par les forces armées contre des populations civiles.

Il faut souligner qu’il est trop tôt pour savoir si Wagner est présent au Burkina Faso. A ce stade, les autorités disent qu’elles n’ont pas besoin de combattants étrangers.
Quelles sont les différences entre ces pays dans leur contestation de la présence française ?

Pour le Burkina Faso et le Mali, il y a beaucoup de ressemblances. La contestation vient de la jeunesse urbaine, mais également d’une partie des élites, y compris des élites étatiques. Certains militaires sont assez anti-français, même si la détérioration [des relations] est beaucoup plus forte avec le Mali qu’avec le Burkina Faso.

Faut-il voir aussi, dans ces pays, une contestation de la France en tant qu’ancienne puissance coloniale ?
Bien sûr. L’ancien colonisateur a été salué par les populations maliennes quand il est venu « sauver » le pays avec l’opération Serval. Mais plusieurs éléments ont progressivement généré un fort mécontentement, voire un rejet, dans les populations : l’installation de l’opération Barkhane sans définition de durée, d’abord, mais aussi une communication politique parfois désastreuse – je pense notamment au sommet de Pau – ou encore des discours des élites des pays qui se défaussaient de leurs responsabilités sur le partenaire français.

Politique-Face à la Russie : Préparer une « économie de guerre »(OTAN)

Politique-Face à la Russie : Préparer une « économie de guerre »(OTAN)

Progressivement, on assiste à un changement stratégique de la part des pays occidentaux contraints de s’engager de plus en plus aux côtés de l’Ukraine et même de préparer une éventuelle extension géographique du conflit avec la Russie. Ainsi le secrétaire général de l’OTAN invite les pays occidentaux à se préparer à une économie de guerre Par ailleurs le président de la république française vient de déclarer qu’il s’attend à une guerre longue entre la Russie et l’Ukraine voir au-delà. Ils se confirmne ainsi que Poutine n’a nullement l’intention de se retirer d’Ukraine mais qu’en plus il menace désormais d’autres pays voisins notamment la Moldavie. Pour cela d’après des experts britanniques, Poutine est prêt à sacrifier environ 800 soldats par jour. Et la dictature russe interdit toute révolte interne sous peine de fusillade immédiate. Les ministres de la Défense sont réunis une nouvelle fois à Bruxelles au siège de l’Otan pour coordonner les livraisons d’armes à l’Ukraine qui souffre d’un manque chronique de munitions. Et cela d’autant plus qu’aux difficultés économiques s’ajoutent l’attentisme de certains pays qui demeurent au milieu du gué dont la France.

pour le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, « la priorité, l’urgence, est de fournir aux Ukrainiens les armements qui leur ont été promis pour maintenir leur capacité de se défendre ». Avant d’entamer un débat sur la livraison d’avions, encore serait-il intéressant que les chars promis arrivent à bon port et à temps.
Jens Stoltenberg a tiré la sonnette d’alarme : « Le rythme actuel d’utilisation de munitions par l’Ukraine est beaucoup plus élevé que notre rythme actuel de production, a-t-il averti. Cela épuise nos stocks et met nos industries de défense sous pression. » Les ministres de la Défense sont donc appelés à faire des propositions sur la relance de la production.

L’industrie européenne n’est pas calibrée pour un tel conflit. La France qui souhaite par exemple fournir encore 12 canons Caesar à l’Ukraine en sus des 18 déjà livrés vient ainsi de passer un accord avec l’Australie pour la fabrication des obus de 155 mm, faute d’avoir des capacités de production suffisante. Même aux Etats-Unis, les stocks s’effondrent. Les industriels ont ainsi déclaré qu’il leur faudrait 6 ans pour compenser les dons d’obus de 155 mm qui alimentent les Himars, et qu’il leur faudrait au moins 6 ans et demi pour remplacer le stock de Javelin donnés à l’Ukraine ou de 4 à 7 ans pour reconstituer le stock d’obus à guidage de précision Excalibur…

Alors que le président Zelensky réclame toujours plus d’armes et notamment des avions de chasse , la plupart des ministres ont donc rappelé que le dossier le plus urgent était d’envoyer les chars promis avec les munitions nécessaires mais aussi avec l’entretien adapté. « Avant de parler d’avions et de chars, essayons d’assurer au mieux le service après-vente des matériels qu’on leur a déjà livrés », confirme l’entourage du ministre de la Défense français, Sébastien Lecornu.

« Nous allons fournir aux Ukrainiens les moyens de tenir et d’avancer pendant la contre-offensive de printemps », a promis le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, en citant l’artillerie, la défense antiaérienne et les blindés, mais sans évoquer les avions de combat. « Tout le monde comprend que la question de la défense aérienne et la question du réapprovisionnement en munitions sont beaucoup plus importantes en ce moment que la discussion sur les avions de combat », a renchéri le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius. Ce dernier a annoncé que l’industrie allemande allait relancer une ligne de production de munitions pour les chars de défense antiaérienne Gepard.

Les pays de l’Otan pourraient convenir dès cet été de consacrer au moins 2 % de leur PIB à la défense, le seuil de 2 % devant devenir un plancher et non pas un objectif comme il avait été convenu il y a dix ans. Ce sera l’un des enjeux du prochain sommet de Vilnius l’été prochain avec l’entrée toujours bloquée par la Turquie de la Finlande et de la Suède dans l’Otan, Ankara s’étant déclaré d’accord avec l’arrivée de la Finlande mais pas de la Suède.

Face à la Russie : Préparer une « économie de guerre »(OTAN)

Face à la Russie : Préparer une « économie de guerre »(OTAN)

Le secrétaire général de l’OTAN invite les pays occidentaux à se préparer à une économie de guerre Par ailleurs le président de la république française vient de déclarer qu’il s’attend à une guerre longue entre la Russie et l’Ukraine voir au-delà. Ils se confirmne ainsi que Poutine n’a nullement l’intention de se retirer d’Ukraine mais qu’en plus il menace désormais d’autres pays voisins notamment la Moldavie. Pour cela d’après des experts britanniques, Poutine est prêt à sacrifier environ 800 soldats par jour. Et la dictature russe interdit toute révolte interne sous peine de fusillade immédiate. Les ministres de la Défense sont réunis une nouvelle fois à Bruxelles au siège de l’Otan pour coordonner les livraisons d’armes à l’Ukraine qui souffre d’un manque chronique de munitions. Et cela d’autant plus qu’aux difficultés économiques s’ajoutent l’attentisme de certains pays qui demeurent au milieu du gué dont la France.

pour le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, « la priorité, l’urgence, est de fournir aux Ukrainiens les armements qui leur ont été promis pour maintenir leur capacité de se défendre ». Avant d’entamer un débat sur la livraison d’avions, encore serait-il intéressant que les chars promis arrivent à bon port et à temps.
Jens Stoltenberg a tiré la sonnette d’alarme : « Le rythme actuel d’utilisation de munitions par l’Ukraine est beaucoup plus élevé que notre rythme actuel de production, a-t-il averti. Cela épuise nos stocks et met nos industries de défense sous pression. » Les ministres de la Défense sont donc appelés à faire des propositions sur la relance de la production.

L’industrie européenne n’est pas calibrée pour un tel conflit. La France qui souhaite par exemple fournir encore 12 canons Caesar à l’Ukraine en sus des 18 déjà livrés vient ainsi de passer un accord avec l’Australie pour la fabrication des obus de 155 mm, faute d’avoir des capacités de production suffisante. Même aux Etats-Unis, les stocks s’effondrent. Les industriels ont ainsi déclaré qu’il leur faudrait 6 ans pour compenser les dons d’obus de 155 mm qui alimentent les Himars, et qu’il leur faudrait au moins 6 ans et demi pour remplacer le stock de Javelin donnés à l’Ukraine ou de 4 à 7 ans pour reconstituer le stock d’obus à guidage de précision Excalibur…

Alors que le président Zelensky réclame toujours plus d’armes et notamment des avions de chasse , la plupart des ministres ont donc rappelé que le dossier le plus urgent était d’envoyer les chars promis avec les munitions nécessaires mais aussi avec l’entretien adapté. « Avant de parler d’avions et de chars, essayons d’assurer au mieux le service après-vente des matériels qu’on leur a déjà livrés », confirme l’entourage du ministre de la Défense français, Sébastien Lecornu.

« Nous allons fournir aux Ukrainiens les moyens de tenir et d’avancer pendant la contre-offensive de printemps », a promis le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, en citant l’artillerie, la défense antiaérienne et les blindés, mais sans évoquer les avions de combat. « Tout le monde comprend que la question de la défense aérienne et la question du réapprovisionnement en munitions sont beaucoup plus importantes en ce moment que la discussion sur les avions de combat », a renchéri le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius. Ce dernier a annoncé que l’industrie allemande allait relancer une ligne de production de munitions pour les chars de défense antiaérienne Gepard.

Les pays de l’Otan pourraient convenir dès cet été de consacrer au moins 2 % de leur PIB à la défense, le seuil de 2 % devant devenir un plancher et non pas un objectif comme il avait été convenu il y a dix ans. Ce sera l’un des enjeux du prochain sommet de Vilnius l’été prochain avec l’entrée toujours bloquée par la Turquie de la Finlande et de la Suède dans l’Otan, Ankara s’étant déclaré d’accord avec l’arrivée de la Finlande mais pas de la Suède.

Défaite Russie: la faute aux ministres d’après Poutine

Défaite Russie: la faute aux ministres d’après Poutine

 

Devant la faillite de l’armée russe Poutine met en scène la responsabilité de ses ministres en les traitant d’imbéciles !

«Vous avez tout de prêt mais pas de contrats. Je vous le dis : mettons un terme à cette réunion, pourquoi nous prenons-nous la tête ?», se demande-t-il, dans des propos traduits par BFMTV. «Je sais qu’il n’y a pas de contrats pour les entreprises et les directeurs me l’ont dit. Pourquoi jouez-vous l’imbécile ?» a-t-il ajouté. Et de conclure : «Quand aurons-nous les contrats ? Les chefs d’entreprise me disent qu’il n’y a pas de contrat et vous me dites que tout est prêt».

 

Quoi qu’il en soit, cette séquence a immédiatement déchaîné les passions sur les plateaux de télévision et les réseaux sociaux. Certains ont vu dans la colère du président russe de la «nervosité» vis-à-vis de la situation militaire en Ukraine, et même une perte de contrôle. Mais Vladimir Poutine est un habitué de ce genre de scène, et l’a prouvé à de multiples reprises.

C’est aussi une manière de sse défausser de toute responsabilité devant sa propre opinion.

 

Ukraine–Russie : aussi un affrontement culturel

Ukraine–Russie : aussi un affrontement   culturel

Il y a évidemment quelque chose de surréaliste dans les prétentions de Poutine de considérer les démocraties comme obsolètes pour y substituer des régimes autocratiques imposées par la force et la répression de toutes les libertés.

Certes, on objectera que l’hypothèse d’une victoire de ces régimes dictatoriaux dans nombre de pays du monde n’est pas à exclure. En effet,devant la complexification des crises systémiques qui impliquent les champs économiques, technologiques, sociaux et environnementaux notamment,le risque est grand que les peuples affolés se rangent du côté des fausses certitudes des régimes d’extrême droite.

Dans le même temps que progresse effectivement les régimes et programmes autoritaires dans certains pays en développement mais aussi dans des pays plus développés , s’ouvre une vaste crise dans les pays dirigés par des dictateurs.

L’absence de liberté -tout autant d’ailleurs que l’insuffisance des résultats économiques et sociaux- fait naître un débat et parfois des protestations y compris violentes pour remettre en cause l’appropriation des libertés aussi bien en Chine, qu’en Russie, qu’en Iran, qu’en Turquie et dans bien d’autres pays.

Le reproche central fait à ces pays à système dirigiste concerne en particulier les libertés individuelles et collectives. Bref l’absence de démocratie. Un reproche auquel s’ajoute un échec économique souvent et surtout le renforcement des inégalités.

On objectera qu’il y a de plus en plus de nouveaux riches en Chine ou en Russie mais c’est la corruption généralisée qui permet l’enrichissement constitue le principal ressort de ce développement.

En Chine, ce sont les proches des 10 millions d’adhérents du parti communiste qui accèdent aux couches moyennes et supérieures. En Russie,ce sont surtout les oligarques et leurs courtisans qui se partagent la richesse nationale, Poutine en premier évidemment.

En Corée du Nord, l’essentiel des ressources est orienté vers inutile système de défense les plus sophistiqués tandis que le peuple n’est même pas assuré de son bol de riz quotidien. La comparaison entre Corée-du-Nord et Corée-du-Sud suffit à démontrer la folie du dictateur.

Ce qui se joue entre l’Ukraine et la Russie, c’est la victoire sur le terrain militaire mais sans doute encore davantage la victoire dans l’espace des libertés et du progrès.

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