Archive pour le Tag 'république'

Politique-France: de plus en plus une république bananière

Politique-France: de plus en plus une république bananière


La France se gausse souvent des républiques bananières de pays en développement, malheureusement progressivement elle les rejoint.

On n’en a évidemment encore la confirmation avec la scandaleuse gestion de la réforme des retraites. Une réforme gérée à la va-vite et qui a été cadenassée au Parlement. Une réforme qui a ignoré les syndicats.

Une réforme qui va maintenant passer devant le conseil constitutionnel, lui-même composé surtout de politiques et non de juristes.

Sans parler de la question essentielle de l’émergence et du financement des campagnes des présidents de la république. Celle de Sarkozy mais aussi celle de macron. Les deux largement aidés financièrement par des lobbies voire des puissances étrangères.

Notons aussi la bizarrerie de la cour de justice de la république composée elle aussi essentiellement de politique qui passe rapidement l’éponge sur les faits reprochés ( exemple les 400 millions accordés à Tapie dont est responsable Christine Lagarde!

Ne parlons pas du Sénat, une chambre élue de manière indirecte qui ne représente pas le pays. Et pour cause la majorité est détenue par des « républicains » , alors que ce parti n’a recueilli que moins de 5 % des voix aux présidentielles. En plus un Sénat qui a eu l’audace de se prononcer contre les régimes spéciaux sauf celui du Sénat.

Pas étonnant, par exemple le président du Sénat touchera une retraite supérieure à 10 000 €!

France: de plus en plus une république bananière

France: de plus en plus une république bananière

La France se gausse souvent des républiques bananières de pays en développement, malheureusement progressivement elle les rejoint.

On n’en a évidemment encore la confirmation avec la scandaleuse gestion de la réforme des retraites. Une réforme gérée à la va-vite et qui a été cadenassée au Parlement. Une réforme qui a ignoré les syndicats.

Une réforme qui va maintenant passer devant le conseil constitutionnel, lui-même composé surtout de politiques et non de juristes.

Sans parler de la question essentielle de l’émergence et du financement des campagnes des présidents de la république. Celle de Sarkozy mais aussi celle de macron. Les deux largement aidés financièrement par des lobbies voire des puissances étrangères.

Notons aussi la bizarrerie de la cour de justice de la république composée elle aussi essentiellement de politique qui passe rapidement l’éponge sur les faits reprochés ( exemple les 400 millions accordés à Tapie dont est responsable Christine Lagarde!

Ne parlons pas du Sénat, une chambre élue de manière indirecte qui ne représente pas le pays. Et pour cause la majorité est détenue par des « républicains » , alors que ce parti n’a recueilli que moins de 5 % des voix aux présidentielles. En plus un Sénat qui a eu l’audace de se prononcer contre les régimes spéciaux sauf celui du Sénat.

Société-« Territoires perdus de la République » : vingt ans après

Société-« Territoires perdus de la République » : vingt ans après

Une tribune intéressante qui traite surtout de l’école et qui fait l’impasse sur de facteurs explicatifs essentiels à savoir la drogue , l’islamisme et la violence NDLR

par Ismail Ferhat, Professeur des universités en sciences de l’éducation, Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières et Laurent Gutierrez,Professeur des Universités en Sciences de l’éducation, Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières

Paru en septembre 2002, l’ouvrage collectif intitulé Les territoires perdus de la République. Antisémitisme, racisme et sexisme en milieu scolaire, a eu une diffusion unique pour un livre de témoignages d’enseignants de quartiers urbains populaires. Écrit par une dizaine de professionnels de l’Éducation nationale (surtout des professeurs du second degré), il a été réédité dès 2004, puis en 2015, avant de servir de base à un documentaire, diffusé le 22 octobre 2015 sur France 3, « Profs en territoires perdus de la République ».

Loin de se limiter à un succès de librairie déjà exceptionnel, ce livre a ravivé la polémique sur les politiques publiques vis-à-vis des écoles et quartiers de « banlieue ». Il a contribué à influencer au moins sémantiquement les discours politiques – ainsi l’annonce du 8 février 2018 sur la désignation de « Quartiers de reconquête républicaine » pour les forces de l’ordre.
Comment cet essai, rédigé « dans l’urgence au printemps 2002 » selon ses propres termes, a-t-il pu connaître un tel écho médiatique et politique ? Si Les Territoires perdus de la République ont parfois été évoqués dans des travaux de sciences humaines et sociales, ils n’ont, sous réserve d’inventaire, jamais été un objet d’études en tant quel tel.

Avec le vingtième anniversaire de sa date de sa parution, il semble être temps d’apporter un regard distancié sur la manière dont les idées contenues dans cet ouvrage ont pu susciter de nouvelles adhésions de principe.

Dès la fin des années 1970, la conjonction de la crise économique, de la désindustrialisation et de la fuite des classes moyennes hors des grands ensembles a des effets puissants sur les quartiers populaires urbains. Leurs établissements scolaires s’en ressentent rapidement. Dès 1979, un rapport de l’inspection générale sur une quarantaine de collèges situés dans les grands ensembles pointe l’existence de « ghettos » scolaires, minés par les violences et les difficultés scolaires.
Cette perception d’une école de quartier populaire à part a des conséquences concrètes en termes de catégorisation politico-administrative. En 1992, le ministre Jack Lang crée le label d’établissements difficiles, limité aux cinq académies de Créteil, Versailles, Lille, Lille, Lyon et Marseille. L’année suivante, François Bayrou modifie l’appellation et parle des établissements sensibles, élargis à toute la France.

Les Territoires perdus de la République s’inscrivent dans cette catégorisation des écoles de quartiers populaires urbains. Certes, d’autres ouvrages (ainsi celui Mara Goyet, Collèges de France, paru la même année) existaient déjà sur le sujet. Cependant, ce livre collectif, on le verra, est spécifique tant dans sa démarche que dans son objet.

L’analyse des trois éditions de l’ouvrage (2002, 2004 et 2015) offre en effet un portrait de groupe aux caractéristiques marquées. L’édition de 2002 comprend neuf auteur•e•s et un collectif d’enseignant•e•s du lycée Bergson. Celle de 2004 ajoute à ceux-ci six autres auteur•e•s et une association, intitulée PEREC (Pour une école républicaine et citoyenne), fondée par plusieurs auteur•e•s.

Sur le total de 15 contributeurs individuels et de 2 collectifs, seuls deux auteurs ne sont pas enseignants (une cheffe d’établissement, un parent d’élève). La grande majorité (14) se situe dans les quartiers populaires de la région francilienne, trois restantes se trouvant à Marseille et dans l’agglomération lyonnaise. Une seule contributrice est issue du premier degré. Les autres sont exclusivement des enseignantes et des enseignants de matières littéraires ou d’histoire-géographie du second degré, surtout en collège.

Le portrait de groupe révèle donc des biais principaux par rapport à la morphologie des métiers éducatifs. Le premier consiste en une sous-représentation des non-enseignants, du premier degré, des matières scientifiques. Le second est celui d’une surreprésentation d’enseignants relativement jeunes dans la carrière en 2002, travaillant dans des établissements prioritaires ou sensibles de la région parisienne. L’ouvrage exprime donc l’expérience d’enseignants de collèges dégradés de quartiers populaires, confirmant sur le terrain en quelque sorte la catégorisation croissante des « écoles de banlieue » depuis la fin des années 1970.

Le troisième point relève des thématiques abordées dans les contributions de l’ouvrage.

De manière très nette, l’antisémitisme, les élèves maghrébins et le conflit israélo-palestinien constituent les trois thèmes les plus récurrents dans les contributions. Au contraire, les thématiques strictement scolaires (ainsi les difficultés et violences à l’école), certes présentes, sont moins fréquemment évoquées. L’orientation de l’ouvrage est donc explicite : la dénonciation d’un antisémitisme présent chez les élèves maghrébins, et/ou de culture musulmane, ravivé par la « seconde intifada » depuis 2000.

Une telle construction ouvrait une potentielle mobilisation du livre sur des thématiques allant bien au-delà de la seule école (surtout dans un contexte indéniable de flambée d’actes antisémites au début des années 2000), même si sa parution s’inscrivait précisément dans un discours croissant sur la « crise » de l’institution scolaire.

Ces perceptions territorialisées de l’échec scolaire sont toutefois à replacer dans une conception plus large de la faillite de cette institution, plus particulièrement dans les quartiers populaires. Un discours de « crise de l’école », par ailleurs multiforme, s’est en effet imposé comme une évidence dans la lecture des phénomènes scolaires au cours des dernières décennies.

Certes, ce discours n’est pas le seul existant sur le système éducatif, d’autres analyses moins tranchées étant faites sur les enjeux et les défis qui se posent à celui-ci, « les défis de l’an 2000 ». Cependant, les « Territoires perdus » viennent alimenter les positions qui dénoncent l’avènement de « La décennie des mal-appris », conséquence de la déroute des programmes et d’un « chaos pédagogique » qui en résulterait. Ce discours est particulièrement présent chez les enseignantes et enseignants du second degré, qui depuis les années 1980, ont été en première ligne de la démocratisation scolaire. Entre 1983 et aujourd’hui, le taux d’accès au baccalauréat d’une génération est passé de 28 % à presque 83 %, entraînant des mutations inédites dans les collèges et les lycées.
Il n’est, dès lors, pas étonnant qu’une partie des professeurs du second degré aillent jusqu’à dénoncer la dérive techniciste des conceptions éducatives fondées sur une « pédagogie du vide ». Ils rejoignent l’invitation que lançait Dominique de la Martinière en 1984, dans sa Lettre ouverte à tous les parents qui refusent le massacre de l’enseignement, à combattre ces « idéologues sans mandat (qui) ont sacrifié l’avenir de nos enfants et de notre pays à leurs chimères ».

Que l’école fasse polémique sur sa capacité à doter les élèves d’un bagage culturel minimum commun n’est pas surprenant tant les attentes sont fortes à son endroit. Sa faillite, qui serait révélatrice d’un État qui n’est plus en mesure de former les jeunes générations aux défis de demain, n’est pas non plus très originale chez celles et ceux qui, nostalgiques d’une école de classe, y dénoncent l’impuissance des pouvoirs publics à résoudre les problèmes scolaires.

Les « Territoires perdus » adoptent un point de vue différent de la critique conservatrice contre l’école de masse, que portaient les extrêmes droites françaises depuis les réformes scolaires de la IIIe République. Les auteurs sont d’ailleurs explicites sur ce point : selon leurs propres mots, dans l’édition de 2002, « Les territoires perdus de la République ne s’identifient pas à ces nouvelles zones de relégation sociale que sont les banlieues, ils n’épousent pas la vieille équation apeurée de la bourgeoisie (« classes laborieuses, classes dangereuses »), ils ne constituent pas le énième avatar du discours conservateur ».

Ce qui interroge en effet, selon nous, au-delà de la permanence des critiques adressées à l’institution scolaire dans cet ouvrage collectif, c’est le renouvellement des motifs autour desquels le constat est dressé à partir du début des années 2000. Les auteurs de celui-ci se retrouvent confrontés à des situations dont la difficulté s’accroît lorsqu’ils font face à cette « sidérante solitude » de l’enseignant devant des élèves qui lui discutent sa légitimité professionnelle.

La « crise de l’enseignement » ne viendrait donc pas des effets de sa massification mais d’un long processus de destitution de la fonction enseignante décrite dans les « Territoires perdus de la République », ouvrage qui, de manière révélatrice, aborde assez peu les autres métiers éducatifs comme les CPE, les personnels d’orientation ou administratifs. Restaurer l’autorité de l’institution scolaire pour que « les professeurs puissent redevenir des professeurs, et les élèves des élèves » traduit bien l’attente de ces enseignants qui se sont engagés dans ce métier et se retrouvent, le plus souvent en début de carrière, dans les écoles les plus dégradées et difficiles des quartiers populaires.

Les grands ensembles et ses habitants se retrouvent stigmatisés comme les responsables de la « souffrance enseignante », devenue depuis les années 2000 un enjeu croissant des analyses consacrées à ce métier. De difficiles, les conditions d’exercice du métier d’enseignant sont présentées à partir de ce cette décennie comme « impossibles ». La dégradation de l’image des banlieues, à laquelle se surajoutent les craintes vis-à-vis de l’islam politique après le 11 septembre 2001, alimentent la phobie des jeunes enseignants de s’y retrouver affectés.
Bien plus complexe qu’il n’y paraît, cette brève explication des attentes déçues d’une partie du corps enseignant nécessite d’être analysée. Plusieurs auteurs se sont essayés à des réflexions plus poussées pour faire « réussir l’école » à commencer par Philippe Joutard et Claude Thélot qui, en 1999, montraient combien le bilan de l’état du système éducatif était contrasté et que, si « tout est dans l’exécution », les acteurs doivent être aidés et soutenus localement.

Dernière explication possible, mobilisée par Laurence Cornu, Jean-Claude de Pompougnac et de Joël Roman, le début des années 1990 devait marquer la fin des utopies scolaires en limitant les missions confiées à l’école : « Demandons-lui moins, elle s’en acquittera mieux. Libérée des utopies scolaires comme des utopies politiques, elle doit aller à son rythme propre ». Plaidées pour combattre « l’hypocrisie scolaire », ces trois propositions entendent favoriser la rencontre entre les difficultés de la réalité du terrain et l’adaptation nécessaire afin d’être en mesure de les dépasser collectivement. C’est d’ailleurs une exigence qui court le long des « Territoires perdus de la République », qui demande un recentrement de l’institution scolaire sur une stricte mission d’apprentissage.

Territoires perdus de la République » : vingt ans après

« Territoires perdus de la République » : vingt ans après

par Ismail Ferhat, Professeur des universités en sciences de l’éducation, Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières et Laurent Gutierrez,Professeur des Universités en Sciences de l’éducation, Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières

Paru en septembre 2002, l’ouvrage collectif intitulé Les territoires perdus de la République. Antisémitisme, racisme et sexisme en milieu scolaire, a eu une diffusion unique pour un livre de témoignages d’enseignants de quartiers urbains populaires. Écrit par une dizaine de professionnels de l’Éducation nationale (surtout des professeurs du second degré), il a été réédité dès 2004, puis en 2015, avant de servir de base à un documentaire, diffusé le 22 octobre 2015 sur France 3, « Profs en territoires perdus de la République ».

Loin de se limiter à un succès de librairie déjà exceptionnel, ce livre a ravivé la polémique sur les politiques publiques vis-à-vis des écoles et quartiers de « banlieue ». Il a contribué à influencer au moins sémantiquement les discours politiques – ainsi l’annonce du 8 février 2018 sur la désignation de « Quartiers de reconquête républicaine » pour les forces de l’ordre.
Comment cet essai, rédigé « dans l’urgence au printemps 2002 » selon ses propres termes, a-t-il pu connaître un tel écho médiatique et politique ? Si Les Territoires perdus de la République ont parfois été évoqués dans des travaux de sciences humaines et sociales, ils n’ont, sous réserve d’inventaire, jamais été un objet d’études en tant quel tel.

Avec le vingtième anniversaire de sa date de sa parution, il semble être temps d’apporter un regard distancié sur la manière dont les idées contenues dans cet ouvrage ont pu susciter de nouvelles adhésions de principe.

Dès la fin des années 1970, la conjonction de la crise économique, de la désindustrialisation et de la fuite des classes moyennes hors des grands ensembles a des effets puissants sur les quartiers populaires urbains. Leurs établissements scolaires s’en ressentent rapidement. Dès 1979, un rapport de l’inspection générale sur une quarantaine de collèges situés dans les grands ensembles pointe l’existence de « ghettos » scolaires, minés par les violences et les difficultés scolaires.
Cette perception d’une école de quartier populaire à part a des conséquences concrètes en termes de catégorisation politico-administrative. En 1992, le ministre Jack Lang crée le label d’établissements difficiles, limité aux cinq académies de Créteil, Versailles, Lille, Lille, Lyon et Marseille. L’année suivante, François Bayrou modifie l’appellation et parle des établissements sensibles, élargis à toute la France.

Les Territoires perdus de la République s’inscrivent dans cette catégorisation des écoles de quartiers populaires urbains. Certes, d’autres ouvrages (ainsi celui Mara Goyet, Collèges de France, paru la même année) existaient déjà sur le sujet. Cependant, ce livre collectif, on le verra, est spécifique tant dans sa démarche que dans son objet.

L’analyse des trois éditions de l’ouvrage (2002, 2004 et 2015) offre en effet un portrait de groupe aux caractéristiques marquées. L’édition de 2002 comprend neuf auteur•e•s et un collectif d’enseignant•e•s du lycée Bergson. Celle de 2004 ajoute à ceux-ci six autres auteur•e•s et une association, intitulée PEREC (Pour une école républicaine et citoyenne), fondée par plusieurs auteur•e•s.

Sur le total de 15 contributeurs individuels et de 2 collectifs, seuls deux auteurs ne sont pas enseignants (une cheffe d’établissement, un parent d’élève). La grande majorité (14) se situe dans les quartiers populaires de la région francilienne, trois restantes se trouvant à Marseille et dans l’agglomération lyonnaise. Une seule contributrice est issue du premier degré. Les autres sont exclusivement des enseignantes et des enseignants de matières littéraires ou d’histoire-géographie du second degré, surtout en collège.

Le portrait de groupe révèle donc des biais principaux par rapport à la morphologie des métiers éducatifs. Le premier consiste en une sous-représentation des non-enseignants, du premier degré, des matières scientifiques. Le second est celui d’une surreprésentation d’enseignants relativement jeunes dans la carrière en 2002, travaillant dans des établissements prioritaires ou sensibles de la région parisienne. L’ouvrage exprime donc l’expérience d’enseignants de collèges dégradés de quartiers populaires, confirmant sur le terrain en quelque sorte la catégorisation croissante des « écoles de banlieue » depuis la fin des années 1970.

Le troisième point relève des thématiques abordées dans les contributions de l’ouvrage.

De manière très nette, l’antisémitisme, les élèves maghrébins et le conflit israélo-palestinien constituent les trois thèmes les plus récurrents dans les contributions. Au contraire, les thématiques strictement scolaires (ainsi les difficultés et violences à l’école), certes présentes, sont moins fréquemment évoquées. L’orientation de l’ouvrage est donc explicite : la dénonciation d’un antisémitisme présent chez les élèves maghrébins, et/ou de culture musulmane, ravivé par la « seconde intifada » depuis 2000.

Une telle construction ouvrait une potentielle mobilisation du livre sur des thématiques allant bien au-delà de la seule école (surtout dans un contexte indéniable de flambée d’actes antisémites au début des années 2000), même si sa parution s’inscrivait précisément dans un discours croissant sur la « crise » de l’institution scolaire.

Ces perceptions territorialisées de l’échec scolaire sont toutefois à replacer dans une conception plus large de la faillite de cette institution, plus particulièrement dans les quartiers populaires. Un discours de « crise de l’école », par ailleurs multiforme, s’est en effet imposé comme une évidence dans la lecture des phénomènes scolaires au cours des dernières décennies.

Certes, ce discours n’est pas le seul existant sur le système éducatif, d’autres analyses moins tranchées étant faites sur les enjeux et les défis qui se posent à celui-ci, « les défis de l’an 2000 ». Cependant, les « Territoires perdus » viennent alimenter les positions qui dénoncent l’avènement de « La décennie des mal-appris », conséquence de la déroute des programmes et d’un « chaos pédagogique » qui en résulterait. Ce discours est particulièrement présent chez les enseignantes et enseignants du second degré, qui depuis les années 1980, ont été en première ligne de la démocratisation scolaire. Entre 1983 et aujourd’hui, le taux d’accès au baccalauréat d’une génération est passé de 28 % à presque 83 %, entraînant des mutations inédites dans les collèges et les lycées.
Il n’est, dès lors, pas étonnant qu’une partie des professeurs du second degré aillent jusqu’à dénoncer la dérive techniciste des conceptions éducatives fondées sur une « pédagogie du vide ». Ils rejoignent l’invitation que lançait Dominique de la Martinière en 1984, dans sa Lettre ouverte à tous les parents qui refusent le massacre de l’enseignement, à combattre ces « idéologues sans mandat (qui) ont sacrifié l’avenir de nos enfants et de notre pays à leurs chimères ».

Que l’école fasse polémique sur sa capacité à doter les élèves d’un bagage culturel minimum commun n’est pas surprenant tant les attentes sont fortes à son endroit. Sa faillite, qui serait révélatrice d’un État qui n’est plus en mesure de former les jeunes générations aux défis de demain, n’est pas non plus très originale chez celles et ceux qui, nostalgiques d’une école de classe, y dénoncent l’impuissance des pouvoirs publics à résoudre les problèmes scolaires.

Les « Territoires perdus » adoptent un point de vue différent de la critique conservatrice contre l’école de masse, que portaient les extrêmes droites françaises depuis les réformes scolaires de la IIIe République. Les auteurs sont d’ailleurs explicites sur ce point : selon leurs propres mots, dans l’édition de 2002, « Les territoires perdus de la République ne s’identifient pas à ces nouvelles zones de relégation sociale que sont les banlieues, ils n’épousent pas la vieille équation apeurée de la bourgeoisie (« classes laborieuses, classes dangereuses »), ils ne constituent pas le énième avatar du discours conservateur ».

Ce qui interroge en effet, selon nous, au-delà de la permanence des critiques adressées à l’institution scolaire dans cet ouvrage collectif, c’est le renouvellement des motifs autour desquels le constat est dressé à partir du début des années 2000. Les auteurs de celui-ci se retrouvent confrontés à des situations dont la difficulté s’accroît lorsqu’ils font face à cette « sidérante solitude » de l’enseignant devant des élèves qui lui discutent sa légitimité professionnelle.

La « crise de l’enseignement » ne viendrait donc pas des effets de sa massification mais d’un long processus de destitution de la fonction enseignante décrite dans les « Territoires perdus de la République », ouvrage qui, de manière révélatrice, aborde assez peu les autres métiers éducatifs comme les CPE, les personnels d’orientation ou administratifs. Restaurer l’autorité de l’institution scolaire pour que « les professeurs puissent redevenir des professeurs, et les élèves des élèves » traduit bien l’attente de ces enseignants qui se sont engagés dans ce métier et se retrouvent, le plus souvent en début de carrière, dans les écoles les plus dégradées et difficiles des quartiers populaires.

Les grands ensembles et ses habitants se retrouvent stigmatisés comme les responsables de la « souffrance enseignante », devenue depuis les années 2000 un enjeu croissant des analyses consacrées à ce métier. De difficiles, les conditions d’exercice du métier d’enseignant sont présentées à partir de ce cette décennie comme « impossibles ». La dégradation de l’image des banlieues, à laquelle se surajoutent les craintes vis-à-vis de l’islam politique après le 11 septembre 2001, alimentent la phobie des jeunes enseignants de s’y retrouver affectés.
Bien plus complexe qu’il n’y paraît, cette brève explication des attentes déçues d’une partie du corps enseignant nécessite d’être analysée. Plusieurs auteurs se sont essayés à des réflexions plus poussées pour faire « réussir l’école » à commencer par Philippe Joutard et Claude Thélot qui, en 1999, montraient combien le bilan de l’état du système éducatif était contrasté et que, si « tout est dans l’exécution », les acteurs doivent être aidés et soutenus localement.

Dernière explication possible, mobilisée par Laurence Cornu, Jean-Claude de Pompougnac et de Joël Roman, le début des années 1990 devait marquer la fin des utopies scolaires en limitant les missions confiées à l’école : « Demandons-lui moins, elle s’en acquittera mieux. Libérée des utopies scolaires comme des utopies politiques, elle doit aller à son rythme propre ». Plaidées pour combattre « l’hypocrisie scolaire », ces trois propositions entendent favoriser la rencontre entre les difficultés de la réalité du terrain et l’adaptation nécessaire afin d’être en mesure de les dépasser collectivement. C’est d’ailleurs une exigence qui court le long des « Territoires perdus de la République », qui demande un recentrement de l’institution scolaire sur une stricte mission d’apprentissage.

Diplomatie République tchèque : Macron s’est encore trompé de cheval !

Diplomatie République tchèque : Macron s’est encore trompé de cheval !

Macron s’est encore trompé de cheval en soutenant Andreï Labiche le milliardaire candidat à l’élection présidentielle tchèque. Finalement ,le candidat de Macron a été largement battu. Une nouvelle fois Macon balbutie sa politique étrangère.

Mardi 10 janvier, Emmanuel Macron avait reçu à l’Elysée Andrej Babis, candidat à l’élection présidentielle tchèque. Or vendredi 27 et samedi 28 janvier, Babis a été très nettement battu par son rival Petr Pavel. Celui-ci le devance de plus de seize points, alors que le scrutin a été marqué par une forte participation. Les sondages donnaient Pavel vainqueur, grâce au report des voix d’une candidate progressiste, éliminée au premier tour.
.
Le vainqueur de la présidentielle tchèque est un général à la retraite, Petr Pavel, 61 ans. Ancien patron des forces spéciales, puis chef d’état-major de l’armée tchèque, il a été président du comité militaire de l’Otan (2015-2018). Les Français peuvent lui être redevables : en janvier 1993, à la tête de son unité déployée en ex-Yougoslavie, il a permis l’évacuation sous le feu d’une cinquantaine de militaires français depuis leur base de Katrin (Croatie). C’était exactement trente ans avant son élection à la tête de la République tchèque.

Macon fait encore à la preuve de son amateurisme en matière de politique étrangère

Election République tchèque : Macon s’est encore trompé de cheval !

République tchèque : Macon s’est encore trompé de cheval !

Macro s’est encore trompé de cheval en soutenant Andreï Labiche le milliardaire candidat à l’élection présidentielle tchèque. Finalement ,le candidat de Macron a été largement battu. Une nouvelle fois Macon balbutie sa politique étrangère.

Mardi 10 janvier, Emmanuel Macron avait reçu à l’Elysée Andrej Babis, candidat à l’élection présidentielle tchèque. Or vendredi 27 et samedi 28 janvier, Babis a été très nettement battu par son rival Petr Pavel. Celui-ci le devance de plus de seize points, alors que le scrutin a été marqué par une forte participation. Les sondages donnaient Pavel vainqueur, grâce au report des voix d’une candidate progressiste, éliminée au premier tour.
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Le vainqueur de la présidentielle tchèque est un général à la retraite, Petr Pavel, 61 ans. Ancien patron des forces spéciales, puis chef d’état-major de l’armée tchèque, il a été président du comité militaire de l’Otan (2015-2018). Les Français peuvent lui être redevables : en janvier 1993, à la tête de son unité déployée en ex-Yougoslavie, il a permis l’évacuation sous le feu d’une cinquantaine de militaires français depuis leur base de Katrin (Croatie). C’était exactement trente ans avant son élection à la tête de la République tchèque.

Macon fait encore à la preuve de son amateurisme en matière de politique étrangère

« Le 24 avril 2022 :mort d’une certaine idée de la République »

« Le 24 avril 2022 :mort d’une certaine idée de la République »

 

 La force de l’extrême droite dans la société française est d’avoir pratiquement contaminé toute la classe politique avec ses thèses, déplore le dramaturge et écrivain Mohamed Kacimi dans le « Monde. »

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Tribune.

 

A Jérusalem, il y a quelques années, je prenais un café en terrasse, sur la Via Dolorosa. Un jeune homme barbu s’installe à ma table et engage la discussion. D’emblée, il me confie, fièrement, qu’il fait partie du Hamas. Je regarde la patrouille de soldats, armés jusqu’aux dents, qui contrôlent les passants, les drapeaux israéliens qui flottent sur les maisons palestiniennes et lui demande :
« Franchement, vous pensez qu’en niant l’existence d’Israël avec cet entêtement, vous allez libérer la Palestine ? »
Le jeune homme me regarde et me pose la question :
« Dites-moi Monsieur, vous vous souvenez du comté d’Edesse ou du royaume de Tripoli ?
– Vous parlez du royaume des Francs ? Mais c’était il y a longtemps. »
Le jeune homme sourit et lâche :
« Non, c’était hier, mais personne ne s’en souvient. Voyez-vous, ce qui nous distingue, c’est qu’Israël a le temps, mais nous, Monsieur, nous avons l’éternité. »


Durant la soirée électorale du deuxième tour de l’élection présidentielle, je n’ai pas arrêté de penser à cette histoire. Quand je suis arrivé en France, en 1982, le Front national (FN) faisait moins de 1 % aux législatives. Ceux qu’on n’appelait pas encore les « Beurs » voyaient déjà leurs parents jetés à la rue, après la fermeture des grandes usines et des mines à charbon. Ils apparaissaient de temps en temps dans les faits divers, quand un Dupont la Joie, insomniaque, tirait à coups de .22 long rifle sur les gamins arabes qui jouaient en bas de chez lui. Cela se terminait souvent par un non-lieu. Car tuer un Arabe n’était pas un crime à l’époque dans un pays à peine sorti de trente années de guerres coloniales, dont celle d’Algérie.

En 1981, François Mitterrand est élu sur un programme « d’union de la gauche ». L’ancien ministre de l’intérieur durant la guerre d’Algérie en profite pour faire fleurir chaque année la tombe de Pétain, achève l’amistie des officiers putschistes (1961) et de l’OAS en leur restituant grades et pensions, protège Maurice Papon et René Bousquet. Durant les élections de 1983, il sort du chapeau Jean-Marie Le Pen. Les historiens soutiennent que c’était pour faire exploser la droite, mais force est de reconnaître que, au-delà du calcul politique, les deux avaient en commun quelques affinités idéologiques.

Fin de la Ve République ?

Fin de la Ve République ?

 

Après les législatives la France est menacée de paralysie politique estime un papier de la Tribune qui pose aussi la question de la fin possible de la Ve République

Le second tour a amplifié, tout en la confirmant, la déconfiture électorale de la majorité présidentielle. Ensemble n’obtient qu’une majorité toute relative et face à la poussée de la Nupes et du RN, va devoir s’allier pour gouverner. Avec la droite républicaine ou avec la gauche de gouvernement ? Ou les deux selon les circonstances, comme Rocard entre 1988 et 1991 ? De la réponse dépendra le sort du gouvernement d’Elisabeth Borne, réélue dans le Calvados. Face au risque d’un blocage du pays, Emmanuel Macron entame son second mandat par un désaveu qui rend la situation politique très instable dans un moment où l’économie le sera tout autant.

Au terme de deux interminables campagnes électorales, présidentielle et législatives, c’est un échiquier politique inattendu et totalement inédit qui sort des urnes en ce début d’été 2022 avec une Assemblée nationale qui reflète les divisions et les fractures apparues au cours du premier mandat d’Emmanuel Macron. Le président de la République réélu en avril va devoir affronter dans les prochains mois une situation très instable avec une absence de majorité absolue, pour la première fois depuis Mitterrand en 1988 ou les débuts de la Vème République.

Le fait majoritaire, qui servait d’ancre au fonctionnement des institutions depuis soixante ans, a volé en éclat lors du second tour des législatives et c’est un revers majeur pour la macronie qui, tout en arrivant en tête, tremble sur ses bases. Avec des personnalités emblématiques comme le président de l’Assemblée sortante, Richard Ferrand, battu par la Nupes, tout comme l’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, mais aussi la ministre de la planification écologique Amélie de Montchalin, La République en Marche a été sanctionnée durement. « Donnez moi une majorité pour agir » avait demandé Emmanuel Macron avant de se rendre à Kiev en milieu de semaine : les Français dans leur majorité, ont choisi de le sanctionner en envoyant à l’Assemblée une majorité introuvable.

Ce séisme politique est d’autant plus spectaculaire qu’il s’accompagne de changements tectoniques dans le rapport des forces. Pour la première fois, et c’est la grande surprise de ce second tour des législatives, le Rassemblement national remporterait entre 80 et 95 sièges, soit plus que la droite républicaine, ce qui constitue une victoire incontestable pour la finaliste de la présidentielle, Marine le Pen, largement réélue dans le Nord.

Quant à la poussée de la Nupes, elle ne permet pas à Jean-Luc Mélenchon, qui ne se représentait pas à Marseille, de réussir son pari : se faire « élire Premier ministre » en imposant une cohabitation. Le coup marketing est réel, avec une alliance des gauches hier irréconciliables, mais son appel à la jeunesse n’a pas été entendu, 78% des 18-24 ans s’étant abstenus à nouveau au second tour. Il reste aussi à voir si la Nupes restera unie alors que les députés siégeront dans leurs groupes respectifs (France Insoumise, PC, PS, EELV).

S’il n’y a donc pas de majorité alternative au bloc central Ensemble !, qui reste la première force politique du pays, Emmanuel Macron devra tendre la main pour gouverner, ce qui n’est pas son tempérament. Une alliance naturelle semble possible avec la droite républicaine même si celle-ci n’obtient qu’une soixantaine de députés. Mais ce serait aussi la fin du « en même temps », du « et de droite et de gauche », l’ambiguïté originelle du macronisme. A moins que le chef de l’Etat tente de louvoyer en draguant entre la gauche et la droite de gouvernement en fonction des projets de loi, ce qui ne sera pas aisé et expose le pays à un risque réel de paralysie sur les choix essentiels.

Devenu un « président minoritaire », comme l’a qualifié dimanche Marine le Pen, le chef de l’Etat sera en permanence pris en étau entre deux oppositions de force presque égale : la Nupes et son programme de gauche radicale et écologique ne le ménagera pas sur les retraites ou la nécessaire rigueur budgétaire que va imposer la remontée des taux d’intérêt. Et le RN sera tout aussi virulent sur le pouvoir d’achat ou sur les questions de sécurité ou d’immigration.

D’une certaine façon, nous avons donc peut-être assisté ce dimanche 19 mai à la fin de la Vème République telle que nous l’avons connue. Le régime, bousculé par la révolte des Gilets Jaunes au cours du premier quinquennat, bascule dans un parlementarisme qui reste à inventer dans un pays longtemps résigné à une pratique proche de la monarchie présidentielle. C’est à coup sûr la fin de l’hyper-présidence, l’exécutif étant contraint à une culture du compromis politique, ce qui n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour répondre à la crise démocratique.

Pour Emmanuel Macron, le changement, c’est donc maintenant. Après une telle claque électorale, le président de la République va devoir prendre des décisions rapides : comme l’a dit Bruno Le Maire, « gouverner ne va pas être simple, il va falloir faire preuve de beaucoup d’imagination ». Macron pourra-t-il maintenir à Matignon Elisabeth Borne, certes réélue dans le Calvados, mais très fragilisée par la défaite de la majorité qu’elle était censée conduire à la victoire ? Elle a appelé dimanche soir à construire « une majorité d’action », un concept bien flou… Quel sera le sort de la réforme emblématique des retraites ? La droite se laissera-t-elle tentée comme le maire de Meaux Jean-François Copé par un « pacte de gouvernement » avec Ensemble ? Sur quelles bases ? Quel est enfin le risque de blocage du pays sous la pression d’un quatrième tour social dans la rue et d’un parlement rendu incandescent par la poussée de la Nupes ?

Une chose est sûre, la stratégie d’ouverture à gauche en nommant Elisabeth Borne est un échec patent dont le président, qui a longtemps hésité à nommer Catherine Vautrin pour faire campagne à droite, devra tirer toutes les conclusions politiques. Quant à la possibilité d’une dissolution, le chef de l’Etat ne pourra pas en user avant dans un an, ce qui nous promet douze mois agités dans un contexte économique et géopolitique particulièrement incertain.

Retour à la IVe République

 

Retour à la IVe République

 

 

Les résultats des législatives confirment l’éclatement des forces politiques en trois groupes particulièrement inconciliables. Du coup, Macron pourrait être réduit à passer son temps à trouver d’impossibles majorités sur chaque texte à l’Assemblée nationale.Avec à la clé des marchandages du type de ceux de la IVe République avec des majorités fragiles, fluctuantes et même ambiguës.

 

 

Inévitablement tout cela finira par une motion de censure et par une dissolution. La France installe donc dans une situation politique très instable au moment de grands enjeux sont à prendre en compte en particulier l’explosion de l’inflation, la crise sanitaire qui est loin d’être terminée, et les questions récurrentes concernant la santé, l’école, le climat  ou encore la sécurité. Sans parler évidemment de la situation financière très précaire.

Finalement une sorte de retour à la IVe République qui consistera régulièrement à débaucher certains leaders  (une pratique constante chez Macron) et à trouver des alliances de circonstance après marchandage. Le second septennat de Macron pourrait dégager un certain parfum de IVe République avec à la fois son inefficacité et ses compromissions fragiles et temporaires. 

Vers la fin de la Ve République ?

Vers la fin de la Ve République ?

 

Après les législatives la France est menacée de paralysie politique estime un papier de la Tribune qui pose aussi la question de la fin possible de la Ve République

Le second tour a amplifié, tout en la confirmant, la déconfiture électorale de la majorité présidentielle. Ensemble n’obtient qu’une majorité toute relative et face à la poussée de la Nupes et du RN, va devoir s’allier pour gouverner. Avec la droite républicaine ou avec la gauche de gouvernement ? Ou les deux selon les circonstances, comme Rocard entre 1988 et 1991 ? De la réponse dépendra le sort du gouvernement d’Elisabeth Borne, réélue dans le Calvados. Face au risque d’un blocage du pays, Emmanuel Macron entame son second mandat par un désaveu qui rend la situation politique très instable dans un moment où l’économie le sera tout autant.

Au terme de deux interminables campagnes électorales, présidentielle et législatives, c’est un échiquier politique inattendu et totalement inédit qui sort des urnes en ce début d’été 2022 avec une Assemblée nationale qui reflète les divisions et les fractures apparues au cours du premier mandat d’Emmanuel Macron. Le président de la République réélu en avril va devoir affronter dans les prochains mois une situation très instable avec une absence de majorité absolue, pour la première fois depuis Mitterrand en 1988 ou les débuts de la Vème République.

Le fait majoritaire, qui servait d’ancre au fonctionnement des institutions depuis soixante ans, a volé en éclat lors du second tour des législatives et c’est un revers majeur pour la macronie qui, tout en arrivant en tête, tremble sur ses bases. Avec des personnalités emblématiques comme le président de l’Assemblée sortante, Richard Ferrand, battu par la Nupes, tout comme l’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, mais aussi la ministre de la planification écologique Amélie de Montchalin, La République en Marche a été sanctionnée durement. « Donnez moi une majorité pour agir » avait demandé Emmanuel Macron avant de se rendre à Kiev en milieu de semaine : les Français dans leur majorité, ont choisi de le sanctionner en envoyant à l’Assemblée une majorité introuvable.

Ce séisme politique est d’autant plus spectaculaire qu’il s’accompagne de changements tectoniques dans le rapport des forces. Pour la première fois, et c’est la grande surprise de ce second tour des législatives, le Rassemblement national remporterait entre 80 et 95 sièges, soit plus que la droite républicaine, ce qui constitue une victoire incontestable pour la finaliste de la présidentielle, Marine le Pen, largement réélue dans le Nord.

Quant à la poussée de la Nupes, elle ne permet pas à Jean-Luc Mélenchon, qui ne se représentait pas à Marseille, de réussir son pari : se faire « élire Premier ministre » en imposant une cohabitation. Le coup marketing est réel, avec une alliance des gauches hier irréconciliables, mais son appel à la jeunesse n’a pas été entendu, 78% des 18-24 ans s’étant abstenus à nouveau au second tour. Il reste aussi à voir si la Nupes restera unie alors que les députés siégeront dans leurs groupes respectifs (France Insoumise, PC, PS, EELV).

S’il n’y a donc pas de majorité alternative au bloc central Ensemble !, qui reste la première force politique du pays, Emmanuel Macron devra tendre la main pour gouverner, ce qui n’est pas son tempérament. Une alliance naturelle semble possible avec la droite républicaine même si celle-ci n’obtient qu’une soixantaine de députés. Mais ce serait aussi la fin du « en même temps », du « et de droite et de gauche », l’ambiguïté originelle du macronisme. A moins que le chef de l’Etat tente de louvoyer en draguant entre la gauche et la droite de gouvernement en fonction des projets de loi, ce qui ne sera pas aisé et expose le pays à un risque réel de paralysie sur les choix essentiels.

Devenu un « président minoritaire », comme l’a qualifié dimanche Marine le Pen, le chef de l’Etat sera en permanence pris en étau entre deux oppositions de force presque égale : la Nupes et son programme de gauche radicale et écologique ne le ménagera pas sur les retraites ou la nécessaire rigueur budgétaire que va imposer la remontée des taux d’intérêt. Et le RN sera tout aussi virulent sur le pouvoir d’achat ou sur les questions de sécurité ou d’immigration.

D’une certaine façon, nous avons donc peut-être assisté ce dimanche 19 mai à la fin de la Vème République telle que nous l’avons connue. Le régime, bousculé par la révolte des Gilets Jaunes au cours du premier quinquennat, bascule dans un parlementarisme qui reste à inventer dans un pays longtemps résigné à une pratique proche de la monarchie présidentielle. C’est à coup sûr la fin de l’hyper-présidence, l’exécutif étant contraint à une culture du compromis politique, ce qui n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour répondre à la crise démocratique.

Pour Emmanuel Macron, le changement, c’est donc maintenant. Après une telle claque électorale, le président de la République va devoir prendre des décisions rapides : comme l’a dit Bruno Le Maire, « gouverner ne va pas être simple, il va falloir faire preuve de beaucoup d’imagination ». Macron pourra-t-il maintenir à Matignon Elisabeth Borne, certes réélue dans le Calvados, mais très fragilisée par la défaite de la majorité qu’elle était censée conduire à la victoire ? Elle a appelé dimanche soir à construire « une majorité d’action », un concept bien flou… Quel sera le sort de la réforme emblématique des retraites ? La droite se laissera-t-elle tentée comme le maire de Meaux Jean-François Copé par un « pacte de gouvernement » avec Ensemble ? Sur quelles bases ? Quel est enfin le risque de blocage du pays sous la pression d’un quatrième tour social dans la rue et d’un parlement rendu incandescent par la poussée de la Nupes ?

Une chose est sûre, la stratégie d’ouverture à gauche en nommant Elisabeth Borne est un échec patent dont le président, qui a longtemps hésité à nommer Catherine Vautrin pour faire campagne à droite, devra tirer toutes les conclusions politiques. Quant à la possibilité d’une dissolution, le chef de l’Etat ne pourra pas en user avant dans un an, ce qui nous promet douze mois agités dans un contexte économique et géopolitique particulièrement incertain.

Politique: La fin de la Ve République ?

Politique: La fin de la Ve République ?

 

Après les législatives la France est menacée de paralysie politique estime un papier de la Tribune qui pose aussi la question de la fin possible de la Ve République

Le second tour a amplifié, tout en la confirmant, la déconfiture électorale de la majorité présidentielle. Ensemble n’obtient qu’une majorité toute relative et face à la poussée de la Nupes et du RN, va devoir s’allier pour gouverner. Avec la droite républicaine ou avec la gauche de gouvernement ? Ou les deux selon les circonstances, comme Rocard entre 1988 et 1991 ? De la réponse dépendra le sort du gouvernement d’Elisabeth Borne, réélue dans le Calvados. Face au risque d’un blocage du pays, Emmanuel Macron entame son second mandat par un désaveu qui rend la situation politique très instable dans un moment où l’économie le sera tout autant.

Au terme de deux interminables campagnes électorales, présidentielle et législatives, c’est un échiquier politique inattendu et totalement inédit qui sort des urnes en ce début d’été 2022 avec une Assemblée nationale qui reflète les divisions et les fractures apparues au cours du premier mandat d’Emmanuel Macron. Le président de la République réélu en avril va devoir affronter dans les prochains mois une situation très instable avec une absence de majorité absolue, pour la première fois depuis Mitterrand en 1988 ou les débuts de la Vème République.

Le fait majoritaire, qui servait d’ancre au fonctionnement des institutions depuis soixante ans, a volé en éclat lors du second tour des législatives et c’est un revers majeur pour la macronie qui, tout en arrivant en tête, tremble sur ses bases. Avec des personnalités emblématiques comme le président de l’Assemblée sortante, Richard Ferrand, battu par la Nupes, tout comme l’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, mais aussi la ministre de la planification écologique Amélie de Montchalin, La République en Marche a été sanctionnée durement. « Donnez moi une majorité pour agir » avait demandé Emmanuel Macron avant de se rendre à Kiev en milieu de semaine : les Français dans leur majorité, ont choisi de le sanctionner en envoyant à l’Assemblée une majorité introuvable.

Ce séisme politique est d’autant plus spectaculaire qu’il s’accompagne de changements tectoniques dans le rapport des forces. Pour la première fois, et c’est la grande surprise de ce second tour des législatives, le Rassemblement national remporterait entre 80 et 95 sièges, soit plus que la droite républicaine, ce qui constitue une victoire incontestable pour la finaliste de la présidentielle, Marine le Pen, largement réélue dans le Nord.

Quant à la poussée de la Nupes, elle ne permet pas à Jean-Luc Mélenchon, qui ne se représentait pas à Marseille, de réussir son pari : se faire « élire Premier ministre » en imposant une cohabitation. Le coup marketing est réel, avec une alliance des gauches hier irréconciliables, mais son appel à la jeunesse n’a pas été entendu, 78% des 18-24 ans s’étant abstenus à nouveau au second tour. Il reste aussi à voir si la Nupes restera unie alors que les députés siégeront dans leurs groupes respectifs (France Insoumise, PC, PS, EELV).

S’il n’y a donc pas de majorité alternative au bloc central Ensemble !, qui reste la première force politique du pays, Emmanuel Macron devra tendre la main pour gouverner, ce qui n’est pas son tempérament. Une alliance naturelle semble possible avec la droite républicaine même si celle-ci n’obtient qu’une soixantaine de députés. Mais ce serait aussi la fin du « en même temps », du « et de droite et de gauche », l’ambiguïté originelle du macronisme. A moins que le chef de l’Etat tente de louvoyer en draguant entre la gauche et la droite de gouvernement en fonction des projets de loi, ce qui ne sera pas aisé et expose le pays à un risque réel de paralysie sur les choix essentiels.

Devenu un « président minoritaire », comme l’a qualifié dimanche Marine le Pen, le chef de l’Etat sera en permanence pris en étau entre deux oppositions de force presque égale : la Nupes et son programme de gauche radicale et écologique ne le ménagera pas sur les retraites ou la nécessaire rigueur budgétaire que va imposer la remontée des taux d’intérêt. Et le RN sera tout aussi virulent sur le pouvoir d’achat ou sur les questions de sécurité ou d’immigration.

D’une certaine façon, nous avons donc peut-être assisté ce dimanche 19 mai à la fin de la Vème République telle que nous l’avons connue. Le régime, bousculé par la révolte des Gilets Jaunes au cours du premier quinquennat, bascule dans un parlementarisme qui reste à inventer dans un pays longtemps résigné à une pratique proche de la monarchie présidentielle. C’est à coup sûr la fin de l’hyper-présidence, l’exécutif étant contraint à une culture du compromis politique, ce qui n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour répondre à la crise démocratique.

Pour Emmanuel Macron, le changement, c’est donc maintenant. Après une telle claque électorale, le président de la République va devoir prendre des décisions rapides : comme l’a dit Bruno Le Maire, « gouverner ne va pas être simple, il va falloir faire preuve de beaucoup d’imagination ». Macron pourra-t-il maintenir à Matignon Elisabeth Borne, certes réélue dans le Calvados, mais très fragilisée par la défaite de la majorité qu’elle était censée conduire à la victoire ? Elle a appelé dimanche soir à construire « une majorité d’action », un concept bien flou… Quel sera le sort de la réforme emblématique des retraites ? La droite se laissera-t-elle tentée comme le maire de Meaux Jean-François Copé par un « pacte de gouvernement » avec Ensemble ? Sur quelles bases ? Quel est enfin le risque de blocage du pays sous la pression d’un quatrième tour social dans la rue et d’un parlement rendu incandescent par la poussée de la Nupes ?

Une chose est sûre, la stratégie d’ouverture à gauche en nommant Elisabeth Borne est un échec patent dont le président, qui a longtemps hésité à nommer Catherine Vautrin pour faire campagne à droite, devra tirer toutes les conclusions politiques. Quant à la possibilité d’une dissolution, le chef de l’Etat ne pourra pas en user avant dans un an, ce qui nous promet douze mois agités dans un contexte économique et géopolitique particulièrement incertain.

La fin de la Ve République ?

La fin de la Ve République ?

 

Après les législatives la France est menacée de paralysie politique estime un papier de la Tribune qui pose aussi la question de la fin possible de la Ve République

Le second tour a amplifié, tout en la confirmant, la déconfiture électorale de la majorité présidentielle. Ensemble n’obtient qu’une majorité toute relative et face à la poussée de la Nupes et du RN, va devoir s’allier pour gouverner. Avec la droite républicaine ou avec la gauche de gouvernement ? Ou les deux selon les circonstances, comme Rocard entre 1988 et 1991 ? De la réponse dépendra le sort du gouvernement d’Elisabeth Borne, réélue dans le Calvados. Face au risque d’un blocage du pays, Emmanuel Macron entame son second mandat par un désaveu qui rend la situation politique très instable dans un moment où l’économie le sera tout autant.

Au terme de deux interminables campagnes électorales, présidentielle et législatives, c’est un échiquier politique inattendu et totalement inédit qui sort des urnes en ce début d’été 2022 avec une Assemblée nationale qui reflète les divisions et les fractures apparues au cours du premier mandat d’Emmanuel Macron. Le président de la République réélu en avril va devoir affronter dans les prochains mois une situation très instable avec une absence de majorité absolue, pour la première fois depuis Mitterrand en 1988 ou les débuts de la Vème République.

Le fait majoritaire, qui servait d’ancre au fonctionnement des institutions depuis soixante ans, a volé en éclat lors du second tour des législatives et c’est un revers majeur pour la macronie qui, tout en arrivant en tête, tremble sur ses bases. Avec des personnalités emblématiques comme le président de l’Assemblée sortante, Richard Ferrand, battu par la Nupes, tout comme l’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, mais aussi la ministre de la planification écologique Amélie de Montchalin, La République en Marche a été sanctionnée durement. « Donnez moi une majorité pour agir » avait demandé Emmanuel Macron avant de se rendre à Kiev en milieu de semaine : les Français dans leur majorité, ont choisi de le sanctionner en envoyant à l’Assemblée une majorité introuvable.

Ce séisme politique est d’autant plus spectaculaire qu’il s’accompagne de changements tectoniques dans le rapport des forces. Pour la première fois, et c’est la grande surprise de ce second tour des législatives, le Rassemblement national remporterait entre 80 et 95 sièges, soit plus que la droite républicaine, ce qui constitue une victoire incontestable pour la finaliste de la présidentielle, Marine le Pen, largement réélue dans le Nord.

Quant à la poussée de la Nupes, elle ne permet pas à Jean-Luc Mélenchon, qui ne se représentait pas à Marseille, de réussir son pari : se faire « élire Premier ministre » en imposant une cohabitation. Le coup marketing est réel, avec une alliance des gauches hier irréconciliables, mais son appel à la jeunesse n’a pas été entendu, 78% des 18-24 ans s’étant abstenus à nouveau au second tour. Il reste aussi à voir si la Nupes restera unie alors que les députés siégeront dans leurs groupes respectifs (France Insoumise, PC, PS, EELV).

S’il n’y a donc pas de majorité alternative au bloc central Ensemble !, qui reste la première force politique du pays, Emmanuel Macron devra tendre la main pour gouverner, ce qui n’est pas son tempérament. Une alliance naturelle semble possible avec la droite républicaine même si celle-ci n’obtient qu’une soixantaine de députés. Mais ce serait aussi la fin du « en même temps », du « et de droite et de gauche », l’ambiguïté originelle du macronisme. A moins que le chef de l’Etat tente de louvoyer en draguant entre la gauche et la droite de gouvernement en fonction des projets de loi, ce qui ne sera pas aisé et expose le pays à un risque réel de paralysie sur les choix essentiels.

Devenu un « président minoritaire », comme l’a qualifié dimanche Marine le Pen, le chef de l’Etat sera en permanence pris en étau entre deux oppositions de force presque égale : la Nupes et son programme de gauche radicale et écologique ne le ménagera pas sur les retraites ou la nécessaire rigueur budgétaire que va imposer la remontée des taux d’intérêt. Et le RN sera tout aussi virulent sur le pouvoir d’achat ou sur les questions de sécurité ou d’immigration.

D’une certaine façon, nous avons donc peut-être assisté ce dimanche 19 mai à la fin de la Vème République telle que nous l’avons connue. Le régime, bousculé par la révolte des Gilets Jaunes au cours du premier quinquennat, bascule dans un parlementarisme qui reste à inventer dans un pays longtemps résigné à une pratique proche de la monarchie présidentielle. C’est à coup sûr la fin de l’hyper-présidence, l’exécutif étant contraint à une culture du compromis politique, ce qui n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour répondre à la crise démocratique.

Pour Emmanuel Macron, le changement, c’est donc maintenant. Après une telle claque électorale, le président de la République va devoir prendre des décisions rapides : comme l’a dit Bruno Le Maire, « gouverner ne va pas être simple, il va falloir faire preuve de beaucoup d’imagination ». Macron pourra-t-il maintenir à Matignon Elisabeth Borne, certes réélue dans le Calvados, mais très fragilisée par la défaite de la majorité qu’elle était censée conduire à la victoire ? Elle a appelé dimanche soir à construire « une majorité d’action », un concept bien flou… Quel sera le sort de la réforme emblématique des retraites ? La droite se laissera-t-elle tentée comme le maire de Meaux Jean-François Copé par un « pacte de gouvernement » avec Ensemble ? Sur quelles bases ? Quel est enfin le risque de blocage du pays sous la pression d’un quatrième tour social dans la rue et d’un parlement rendu incandescent par la poussée de la Nupes ?

Une chose est sûre, la stratégie d’ouverture à gauche en nommant Elisabeth Borne est un échec patent dont le président, qui a longtemps hésité à nommer Catherine Vautrin pour faire campagne à droite, devra tirer toutes les conclusions politiques. Quant à la possibilité d’une dissolution, le chef de l’Etat ne pourra pas en user avant dans un an, ce qui nous promet douze mois agités dans un contexte économique et géopolitique particulièrement incertain.

Après les législatives, le retour à la IVe République

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Les résultats des législatives confirment l’éclatement des forces politiques en trois groupes particulièrement inconciliables. Du coup Macron pourrait être réduit à passer son temps à trouver d’impossibles majorités sur chaque texte à l’Assemblée nationale.

 

 

Inévitablement tout cela finira par une motion de censure et par une dissolution. La France installe donc dans une situation politique très instable au moment de grands enjeux sont à prendre en compte en particulier l’explosion de l’inflation, la crise sanitaire qui est loin d’être terminée, et les questions récurrentes concernant la santé, l’école, le climat  ou encore la sécurité. Sans parler évidemment de la situation financière très précaire.

Finalement une sorte de retour à la IVe République qui consistera régulièrement à débaucher certains leaders  (une pratique constante chez Macron) et à trouver des alliances de circonstance après marchandage. Le second septennat de Macron pourrait dégager un certain parfum de IVe République avec à la fois son inefficacité et ses compromissions fragiles et temporaires. 

La République… c’est les collectivités locales ?

Face à la nécessité de résoudre les fractures du pays dont ont témoigné les résultats de l’élection présidentielle, il est indispensable de démultiplier la République pour répondre aux besoins des Français. Pour cela, la coopération de tous les instants entre État et collectivités n’est plus une option mais une obligation. Par Sébastien Martin, Président d’Intercommunalités de France, Président de la Communauté d’Agglomération du Grand Chalon ( la Tribune)

Un plaidoyer en faveur d’une décentralisation vers les collectivités locales. Pas sûr cependant que le millefeuille administratif garantisse vraiment une plus grande efficacité et une plus grande démocratie surtout depuis la création des communautés de communes, une étagère supplémentaire pas toujours très utile. Notons enfin que la démocratie dans ces collectivités locales n’est pas toujours très exemplaire ! NDLR

 

La République, c’est l’action commune de l’État et des collectivités. Car avant d’être Président, Ministre, élu local ou agent de la fonction publique nous sommes toutes et tous au service de la République. Et c’est la République qui doit répondre aux angoisses, mais aussi aux espérances exprimées lors du scrutin présidentiel.

C’est pourquoi ce quinquennat doit être celui où l’on « démultipliera » la République, partout, dans sa capacité d’action.

Face aux inégalités, la « République démultipliée » doit être celle qui « entre » partout, et se réaffirme comme une, indivisible et plus que jamais décentralisée.

Un nouveau cadre de dialogue État-Collectivité doit être imaginé et appliqué. Il doit nous permettre de prendre en main tous les enjeux de l’action publique du prochain quinquennat et de cheminer ensemble vers des solutions.

Car chacun le sait, l’État ne peut pas tout. Rares sont les domaines où il agit seul. Même la sécurité, compétence pourtant hautement régalienne, est aujourd’hui l’affaire de tous. Il suffit de voir pour cela le rôle de plus en plus important joué par les Polices municipales.

Créer la République démultipliée, c’est créer plus de cohérence, de complémentarité entre échelles de décision et donc, d’efficacité de l’action publique dans une France des bassins de vie. Cette dernière ne doit plus se limiter à des frontières administratives, pour enfin s’adapter au territoire vécu par nos concitoyens.

Dans cette quête de pertinence de l’action publique, chaque acteur concerné doit savoir et pouvoir jouer sa partition. Il nous faut donc des échelons territoriaux stratégiques et d’autres de mise en œuvre opérationnelle selon les enjeux. Pour y parvenir, l’État doit être fédérateur et facilitateur.

Plusieurs solutions sont d’ailleurs activables rapidement, sans grande réforme, sans grande loi, mais par le changement des façons de procéder. D’abord, en confortant les contrats État-collectivités qui ont prouvé leur efficacité (CRTE, CPER, Action Cœur de Ville, Territoires d’Industrie…) et en assumant d’abandonner ceux qui ont montré leurs limites. Ensuite, en facilitant la délégation de certaines compétences entre collectivités qui, d’évidence, seraient mieux exercées à un niveau plus local. Certaines expérimentations ont montré que le versement des aides aux entreprises, compétence des régions, pouvait être assumé de manière efficace par une intercommunalité sur son territoire, du fait de sa meilleure connaissance des besoins. Dès lors, pourquoi l’État n’incite-t-il pas les régions à conventionner avec les bassins de vie les plus à même de s’en charger ? Pourquoi ne serait-il pas possible de déléguer aux blocs locaux en capacité de le faire la gestion des procédures d’implantation d’entreprises quand on sait que le gain de temps engendré permettrait de conforter l’attractivité de tout un territoire ?

C’est à l’échelle des bassins de vie, et grâce à cette manière plus pragmatique de procéder, que nous pourrons répondre aux enjeux majeurs de la réindustrialisation du pays, de sa transition écologique et de la cohésion sociale et territoriale indispensable à l’unité de la République.

Cela implique de donner aux territoires qui le peuvent, les pouvoirs financiers et opérationnels suffisants pour déployer eux-mêmes les stratégies qui les tirent vers le haut tout en accompagnant vers la pleine maîtrise de leurs compétences ceux qui en ont besoin.

Pour que le prochain mandat permette de résorber les fractures, son début devra être marqué par l’ouverture, dans tous les territoires, de l’indispensable débat du « qui peut faire quoi et mieux », en conviant, par exemple dans chaque région, les différentes collectivités à un échange sur les capacités à faire de chacune.

C’est par cette action coordonnée et commune entre États et collectivités, que nous pourrons répondre à l’exigence des Français de vivre dans un pays qui se préoccupe d’eux, de leur quotidien, de leur futur, de celui de leurs enfants. C’est en osant une « décentralisation de la confiance », où élus locaux, services déconcentrés et État central additionnent leurs envies et leurs possibilités, que l’on construira une République à même de démultiplier les énergies et donc, à la hauteur des défis de notre époque.

Sébastien Martin

Macron , Reine d’Angleterre ou président de la république ?

Macron , Reine d’Angleterre ou président de la république ?

Dans un papier du monde on souligne les contradictions de posture de Macron qui la côté appel au rassemblement et au débat mais en fait ce comportent en monarque républicain s’efforçant de neutraliser les institutions démocratiques.Témoin quand le chef de l’État annonce son intention de créer un « Conseil national de la refondation ». Projet très flou qui a surtout pour objet de neutraliser le Parlement ; peut-être en prévision d’ailleurs de la perte de la majorité absolue.

 

papier  du Monde

 

nouveau quinquennat, nouvelle méthode de travail. Celle qu’Emmanuel Macron a tracée, vendredi 3 juin, lors d’un entretien avec la presse régionale, a de quoi laisser dubitatifs ceux qui l’ont vu présider le pays entre 2017 et 2022. Même la tenue du grand débat national au lendemain du mouvement des « gilets jaunes » n’a pas atténué l’impression que tout, dans cette république présidentielle, dépend de la volonté d’un homme : le président de la République.

Instruit par les blocages auxquels il s’est confronté cinq ans durant, Emmanuel Macron en est arrivé à l’indéniable conclusion que « les Français sont fatigués des réformes qui viennent d’en haut ». A rebours de tout ce qu’il a incarné, il propose désormais de les associer à travers un « Conseil national de la refondation » qui regrouperait « les forces politiques, économiques, sociales, associatives, des élus des territoires et des citoyens tirés au sort ». Réuni plusieurs jours au lendemain des élections législatives puis convoqué pour des rendez-vous réguliers, ce Conseil aurait pour mission de rendre possibles les grands chantiers de réformes tracés par le candidat Macron durant la campagne présidentielle pour tenter d’atteindre le plein-emploi, viser la neutralité carbone, réformer les services publics (éducation, santé, en priorité) et améliorer le fonctionnement de la vie démocratique.

Tout reste encore très flou dans la proposition présidentielle. Ainsi, la liste précise des acteurs conviés n’est pas fournie, la nature de l’exercice non plus. Simple concertation ou réelle collaboration, avec quels moyens ? Selon quelle méthode ? A ce stade, seule l’appellation est fixée, directement inspirée du Conseil national de la Résistance, qui, en 1944, était parvenu à poser les jalons de la reconstruction du pays par-delà les querelles partisanes.

 

Depuis la crise sanitaire, le chef de l’Etat rêve d’un grand moment d’unité nationale pour contrecarrer le repli citoyen et la montée des extrêmes. Malgré le retour du tragique dans l’histoire, il ne l’a pas trouvé et en est réduit à tâtonner pour tenter d’élargir ses soutiens, au moment où le pays encaisse le choc de la guerre en Ukraine, la reprise de l’inflation et la remontée des taux d’intérêt.

Le schéma proposé est une tentative de réponse collective à la dureté des temps qui s’annonce. Il tient compte de la faiblesse des forces en présence : l’exécutif est privé d’état de grâce, le Parlement est démonétisé, les syndicats sont faibles et les forces vives atones. Tous sont sollicités pour entrer de nouveau dans le jeu et se revivifier au côté d’autres acteurs, associations et citoyens tirés au sort. Là encore, le tâtonnement est manifeste, à la hauteur de la crise démocratique que traverse le pays.

Dans l’épreuve, le partage des responsabilités est en passe de devenir le thème majeur du nouveau quinquennat. A la main tendue par le chef de l’Etat, beaucoup d’acteurs vont être tentés de répondre par la négative en raison du passif qui s’est créé durant son précédent mandat. Deux considérations devraient cependant les inciter à réfléchir. D’abord, il y a urgence à inventer collectivement les moyens de redonner confiance à deux services publics en grande difficulté : l’éducation nationale et l’hôpital public. A ce jour, aucun gouvernement n’est parvenu à les remettre sur pied. Ensuite, il est vital d’inventer en dehors des sentiers battus le moyen de revivifier la démocratie. Si l’occasion en était réellement offerte, il n’y aurait rien à perdre à essayer.

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