Archive pour la Catégorie 'économie générale'

L’Afrique attend toujours des transformations structurelles

L’Afrique attend toujours des transformations structurelles

 

Même si les situations sont contrastées d’un pays à l’autre, l’Afrique dans son ensemble affiche globalement un taux de croissance stable. Mais la dette publique augmente rapidement. Le secteur privé – africain comme non africain – est insuffisamment associé à l’investissement dans les transformations structurelles ; et le continent est affecté par des conflits régionaux persistants, ainsi que par les effets toujours plus sensibles du changement climatique. Face aux chocs économiques mondiaux – hausse des prix, conflits, changement climatique – l’économie continentale africaine fait preuve d’une résilience remarquable. En témoigne la progression soutenue du PIB moyen en Afrique, qui affiche un taux de croissance relativement stable (+3,0 % en 2024 contre +3,3 % en 2023) selon les calculs de l’Agence française de développement (AFD), basés sur les dernières estimations du Fonds monétaire international (FMI). Cette croissance tient, d’une part, à la hausse de la consommation privée et au recul de l’inflation ; d’autre part, à l’efficacité des politiques conçues pour minimiser les effets des chocs économiques et favoriser la croissance.

 

par 

Françoise Rivière
Responsable de la Cellule Economie et Stratégie, département Afrique, AFD, Agence Française de Développement (AFD)

Julia Brouillard
Économiste principale à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), Agence Française de Développement (AFD) dans The Conversation 

 

 

À l’échelle nationale, les divergences de trajectoire de croissance restent marquées par la désormais classique différenciation de structure économique entre les pays riches en ressources naturelles, davantage soumis aux aléas des cours des matières premières, et les autres, dont l’économie est plus diversifiée et la croissance du PIB plus solide.

Les conflits armés représentent un autre facteur majeur de divergence de croissance : là où ils sévissent, la croissance s’effondre, comme on le constate en observant les taux de croissance négatifs au Soudan et au Soudan du Sud en 2023.
Le FMI prévoit un rebond de la croissance pour 2025, avec une augmentation du PIB réel de 4,2 %, portée par la diminution attendue des facteurs pesant sur la croissance mondiale. Au niveau continental, toutefois, les risques pesant sur la croissance sont nombreux : multiplication des conflits régionaux, instabilité politique et, surtout, chocs climatiques à répétition pèsent sur des ressources limitées et pourraient accroître les tensions sociales.

Les transformations structurelles nécessaires n’ont pas encore eu lieu
À court terme, l’inflation – 24 % en 2024 en Afrique selon le FMI – continue à éroder les gains économiques réalisés ces dernières années. Elle reflète la persistance des prix élevés des denrées alimentaires et les déséquilibres entre l’offre et la demande sur les marchés alimentaires nationaux et mondiaux, et limite les marges de manœuvre monétaire des banques centrales africaines.

À moyen terme, les fruits de la croissance économique se sont révélés limités. Alors que le PIB réel a augmenté en moyenne de 3,3 % par an entre 1980 et 2020, le PIB réel par habitant n’a progressé que de 0,9 % sur la même période, la croissance économique étant structurellement inférieure à la croissance démographique. Selon la Banque africaine de développement (BAfD), d’ici à 2030, en l’absence de mesures visant à inverser la courbe de la pauvreté, près de 9 personnes extrêmement pauvres sur 10 dans le monde vivront en Afrique.

Par ailleurs, le changement structurel qui s’amorce depuis les années 1990 se traduit par une relative réaffectation des activités économiques et de l’emploi de l’agriculture vers d’autres secteurs peu productifs (services de commerce et de détail), plutôt que vers une industrie manufacturière plus compétitive et porteuse de davantage de croissance. En 2020, selon la Banque mondiale (BM), le secteur de l’agriculture concentre 46 % des emplois (57 % en 1991), le secteur des services 40 % (30 % en 1991) et le secteur industriel 14 % (13 % en 1991).

Aux défis structurels s’ajoutent les défis liés au changement climatique, un phénomène qui affecte tout particulièrement le continent. L’année 2023 a été marquée par de nombreuses catastrophes naturelles : cyclones au Malawi et Mozambique, sécheresses et crues dans la Corne de l’Afrique, dans le bassin du Congo et dans certaines zones d’Afrique centrale. Les impacts économiques à moyen terme sont massifs : entre 1986 et 2018, indique la BafD, le changement climatique a entraîné une réduction estimée entre 5 % et 15 % par an de la croissance du PIB par habitant.

Les besoins de financement du continent restent un sujet majeur pour la croissance africaine. Selon la Climate Policy Initiative, la mise en œuvre des objectifs de lutte contre le changement climatique nécessiterait à elle seule de mobiliser 2 800 milliards de dollars US entre 2020 et 2030. Or les flux financiers extérieurs classiques ne suffisent pas à combler les besoins de financement africains. L’Afrique n’attire que 2 % des flux mondiaux en investissements directs étrangers. Quant à l’aide publique au développement (APD), elle représente une part de plus en plus faible du PIB africain.

Les États africains ont procédé, ces dernières années, à une diversification coûteuse de leurs sources de financement, se tournant vers des financements bilatéraux (notamment chinois) et vers les marchés financiers. La dette publique est ainsi passée de 31 % du PIB en 2010 à 67 % en 2023 selon la BafD, portée par le resserrement des conditions financières mondiales (augmentation des taux d’intérêt, resserrement du crédit et augmentation de la prime de risque en particulier) et l’accroissement des dépenses liées notamment à la gestion de la pandémie de Covid, mais également aux chocs climatiques.

À court terme, les pays africains consacrent donc une part de plus en plus importante de leurs ressources budgétaires au service de la dette publique. Ainsi, de considérables remboursements de la dette publique extérieure en Afrique subsaharienne sont arrivés à échéance en 2024 (5,9 milliards USD en euro-obligations) ou arriveront à échéance en 2025 (6,2 milliards USD en 2025). À moyen terme, le haut niveau d’endettement, associé à des coûts de financement élevés, pousse les États africains à réduire certaines de leurs dépenses publiques essentielles et à réaffecter au service de la dette des fonds censés financer leur développement, ce qui met en péril les perspectives de croissance pour les générations futures.

De nouvelles sources de financement pour la transition ont récemment vu le jour, sans qu’elles soient suffisantes pour répondre aux besoins existants et à venir. Au-delà de ses programmes classiques, le FMI a notamment mis en place depuis octobre 2022, à destination des pays éligibles – pour l’essentiel des pays à faible revenu –, une facilité de résilience et de durabilité (Resilience and Sustainability Facility) visant à financer la lutte contre le changement climatique et les pandémies.

Accélérer le financement privé pour favoriser une croissance inclusive et diversifier les sources de financement est au cœur des modèles de développement promus par plusieurs institutions internationales. Selon le FMI, d’ici à la fin de la décennie, le secteur privé pourrait apporter chaque année des financements supplémentaires en faveur des infrastructures équivalant à 3 % du PIB de l’Afrique subsaharienne.

Le développement du secteur privé africain reste toutefois, à ce stade, limité. Symptomatique du peu d’attention porté jusque-là au secteur, peu de pays rendent compte de la part de l’investissement privé dans leurs statistiques. Selon les données disponibles, en 2020 l’investissement privé représente en moyenne 13 % du PIB avec des situations très diversifiées : le ratio investissement privé/PIB est de 7,4 % en Sierra Leone, face à 16,5 % en Côte d’Ivoire ou même 28,4 % au Sénégal.

Le développement du secteur reste largement entravé par la corruption et l’informalité. Selon les estimations de la BAfD, la corruption coûte à l’Afrique 148 milliards USD par an. Surtout, le très haut niveau d’informalité du secteur privé (estimé par la BM à 36 % du PIB et à 70 % de l’emploi en Afrique subsaharienne) limite l’assiette sur laquelle les États africains peuvent mettre le privé à contribution. Au niveau international, le secteur privé n’investit que faiblement dans les économies nationales africaines, du fait de la perception des risques associés à l’investissement en Afrique, notamment les risques monétaires et institutionnels.

Le rôle de catalyseur des institutions financières internationales pour le développement du secteur privé et la confiance des acteurs internationaux reste sans doute crucial. Dans ce domaine, alors que la Société financière internationale, filiale de la Banque mondiale dédiée au développement du secteur privé, opère de longue date en Afrique, l’extension des activités de la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD) sur le continent semble confirmer la priorité donnée au développement d’un secteur privé africain.

Finances -Fitch menace la France d’une dégradation

Finances -Fitch menace la France d’une dégradation

 

L’agence de notation, qui avait placé en octobre la note de la France sous perspective négative, a alerté vendredi sur les conséquences pour la politique budgétaire du renversement du gouvernement de Michel Barnier.

Cela « met en évidence à quel point le paysage politique français très fragmenté peut paralyser la mise en œuvre de la politique budgétaire », avertit Fitch dans un communiqué.

Fitch a cependant maintenu à AA- la note de la France. En octobre, elle avait assorti cette note d’une perspective négative, signalant qu’elle envisageait de l’abaisser à moyen terme.

En outre, « la fragmentation de l’Assemblée nationale rend difficile la recherche de compromis sur la consolidation budgétaire (…). Il est donc très peu probable que la France atteigne l’objectif de déficit de 5% du PIB initialement présenté par (Michel) Barnier », relève encore Fitch.

Notation financière de l’Espagne : relèvement de la note par Fitch

Notation financière de l’Espagne : relèvement de la note par Fitch

Alors que la plupart des agences de notation ont qualifié de négative l’évolution financière de la France, Fitch a contrario remonté à  « positive » la perspective de crédit de l’Espagne

L’agence de notation Fitch a relevé vendredi de « stable » à « positive » sa perspective de crédit pour l’Espagne, saluant des facteurs structurels à même de renforcer le potentiel de croissance et la résilience du pays face aux chocs extérieurs.

Fitch a notamment souligné les tendances positives du marché du travail grâce à une forte migration et des réformes, l’amélioration de la compétitivité et l’absence de déséquilibres macro-financiers.

 

Automobile : le matraquage

Automobile : le matraquage

 

Le secteur automobile risque de subir un véritable matraquage qui pourrait déclencher une crise durable dans l’automobile. Il y a d’abord le du durcissement du malus qui va renchérir le prix des voitures neuves et parallèlement un marché électrique qui peine à décoller tellement les automobilistes sont circonspects à la fois face au prix et aux technologies.

 

Résultat le marché du neuf déjà en recul de 25 % va encore faiblir au profit de l’occasion mais au détriment de l’environnement. Bref une vraie politique de gribouille trop brutale qui pourrait créer une crise durable dans l’industrie automobile européenne et particulièrement française

. «Les constructeurs risquent d’être taxés parce qu’ils ne vendent pas assez de véhicules électriques en Europe. On va être taxé parce qu’on vend trop de véhicules thermiques. Cherchez l’erreur ! Il faut faire des voitures à cheval. On marche sur la tête», a ajouté sur Franceinfo Luc Chatel, président de la plateforme automobile, groupement d’intérêt qui réunit tous les acteurs du secteur.

 

Automobile : Toute la filière menacée

Automobile : Toute la filière menacée

 

ENTRETIEN  dans la Tribune avec  Luc Chatel, président du Groupement des industriels qui constatent une baisse de près de 25 % des ventes des voitures neuves. En cause l’orientation chaotique et précipitée vers un marché automobile… surtout chinois. Alors que le Mondial de l’auto débute ce lundi à Paris, le président du lobby organisateur, Luc Chatel, milite pour un « pacte industriel européen » afin de relancer le secteur. Faute de cela, le secteur pourrait connaître une crise dévastatrice et 40 000 emplois pourraient être menacés. 

-Le Mondial de l’automobile ouvre ses portes ce lundi dans un contexte de crise. Cela vous préoccupe-t-il ?

LUC CHATEL - Alors que le contexte est extrêmement difficile pour le secteur, nous allons, pendant une semaine, réenchanter l’automobile et faire du salon de Paris une fête. Les Français aiment l’automobile et le disent. Avant d’être une commodité, la voiture conserve une dimension émotionnelle forte. Cette 90ᵉ édition sera la rencontre entre l’innovation et la passion, entre passé et futur. Vous aurez par exemple l’exposition d’une vingtaine de véhicules emblématiques des innovations qui ont marqué le salon. En face, « La Fabrique de l’électrique », une expérience immersive au cœur des enjeux technologiques d’avenir.

 

Le problème reste que les Français achètent beaucoup moins de voitures…

Nous avons perdu, depuis 2019, l’équivalent d’une année de ventes d’automobiles en France. Et les immatriculations continuent d’afficher un recul de l’ordre de 23 % par rapport à leur niveau d’avant la crise du Covid. Le mois de septembre est le plus mauvais depuis vingt ans. Les incertitudes économiques pèsent lourdement sur le marché, dont on n’imagine pas qu’il puisse redécoller d’ici à la fin de 2024. Et les consommateurs sont perdus dans les méandres des aides à l’achat de véhicule électrique, qui changent en permanence. Depuis trois mois, les ventes d’électriques reculent ; c’est une alerte.

Très attendues au Mondial, les nouvelles citadines électriques permettront-elles de relancer le marché de l’électrique ?

Le salon fera en effet la part belle à la mobilité électrique de proximité, avec de petites citadines intégrant de grandes innovations. La nouvelle Renault 5 sera présente, par exemple, ou encore la Citroën ë-C3. Voilà deux véhicules des gammes françaises dont le prix commence à être plus abordable et qui seront les blockbusters des prochains mois en matière de passage à l’électrique.

On ne transforme pas ainsi un marché sans un niveau soutenu d’aides à l’achat.

 

 

Que peut faire l’industrie pour baisser davantage les prix, qui restent le principal frein à l’électrique ?

Je regarde déjà le chemin parcouru. En cinq ans, nous avons multiplié par dix la part de marché des véhicules électriques. Elle est de 17 % en France, quand la moyenne européenne se situe à 12 %. Mais soyons clairs : on ne transforme pas ainsi un marché sans un niveau soutenu d’aides à l’achat. Supprimez les aides, le marché s’effondre. En France, le bonus, dont le montant a déjà été revu à la baisse, a changé cinq fois en cinq ans, alors que nous n’avons jamais autant eu besoin de stabilité.

Qu’est-ce que vous anticipez sur le bonus-malus ?

On nous parle d’une enveloppe budgétaire pour les aides à l’achat qui serait réduite d’un tiers au moins. Et dans le même temps, on annonce que le malus sera alourdi comme jamais en 2025. Pour la filière automobile, c’est la double peine. Et, pour le consommateur, un impôt déguisé. Plus d’un véhicule vendu sur deux sera taxé, dont toute la gamme des Clio, des 208. Si on voulait accélérer le coup de frein sur le marché, on ne s’y prendrait pas autrement.

L’Europe a-t-elle eu raison de donner récemment son aval à une surtaxe sur les voitures électriques chinoises, selon vous ?

Nous aimons la compétition dans l’automobile, mais à condition qu’elle soit loyale. L’Europe juge que les constructeurs chinois ont pu bénéficier d’aides massives d’État, contraires aux règles de la concurrence. Il est logique qu’elle défende ses intérêts. Mais l’urgence, c’est aussi d’engager enfin une véritable stratégie industrielle en Europe.

Lire aussiMondial de l’automobile : l’éternel retour vers le futur

 

Entre Volkswagen qui pourrait fermer des usines et de nombreux avertissements sur résultats chez les constructeurs, l’industrie joue-t-elle sa survie ?

Oui, la survie de la filière est en jeu. L’Europe a déjà perdu de grandes industries… Même les géants peuvent mourir. Les têtes bien-pensantes à Bruxelles ont imaginé qu’on allait transformer une industrie centenaire du jour au lendemain à coups de règlements. Elles ont oublié qu’au bout du bout il y a le client. Le pire serait qu’à la fin, malgré les investissements sans précédent consentis par la filière dans l’électrique, les voitures ne se vendent pas. Il est temps que Bruxelles mette fin en Europe à la logique du tout-réglementaire et démontre sa capacité à se doter d’une véritable vision stratégique pour son industrie. Nous appelons à un pacte industriel européen pour l’automobile.

Partagez-vous le souhait de nombreux constructeurs de réviser l’objectif intermédiaire pour 2025 de la réglementation européenne sur les émissions de CO 2 ?

La seule façon de sortir par le haut est d’engager Bruxelles et les différents États à prendre sans délai des mesures pour stimuler la demande de véhicules électriques. La réglementation [dont l'objectif est d'en finir avec les ventes de voitures thermiques en 2035] prévoit par ailleurs une clause de revoyure en 2026. Ouvrons les discussions dès aujourd’hui et créons les conditions de réussite face à ce défi historique.

 

Les aides à l’achat essentielles pour passer à l’électrique

Aux yeux des constructeurs automobiles, les aides à l’achat des voitures électriques sont fondamentales pour soutenir la filière. C’est ce que confirme une enquête du CSA pour le compte de la Plateforme automobile. D’après ce sondage mené au mois de septembre, 77 % des Français renonceraient à acheter une voiture électrique si la prime à la conversion et le bonus écologique devaient disparaître. Cet enseignement ne constitue pas une surprise. « En Allemagne, le marché s’est absolument effondré il y a un an parce que le gouvernement a arrêté les aides », rappelle Luc Chatel.

 

 

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Législatives Royaume-Uni : virage à gauche !

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Décidément les Britanniques ne font rien comme les autres. Alors qu’un peu partout en Europe et ailleurs  monte la vague de droite notamment en France, les Britanniques font en quelque sorte cavalier seul pour opérer un total virage à gauche, enfin une gauche réformiste qui n’a pas grand-chose à voir avec la gauche révolutionnaire française. Selon ces projections des télévisions britanniques, le Labour remporterait 410 sièges sur les 650 de la Chambre des Communes.

Alors que la droite nationaliste est susceptible d’accéder au pouvoir en France et que Donald Trump semble bien placé pour retourner à la Maison-Blanche, les Britanniques ont choisi massivement un dirigeant modéré de centre gauche. Keir Starmer, un ancien avocat spécialiste des droits humains de 61 ans, doit être chargé vendredi par le roi Charles III de former un nouveau gouvernement. «À tous ceux qui ont fait campagne pour le parti travailliste lors de ces élections, à tous ceux qui ont voté pour nous et qui ont fait confiance à notre nouveau parti travailliste, merci», a sobrement réagi Keir Starmer sur X.
Une sobriété britannique qui contraste avec les envolées utiles utopiques et lyriques françaises. On fera cependant objecter que les conservateurs ont nourri eux-aussi des discours complètement fous qui ont conduit au dramatique brexit qui a tellement affaibli le pays.

 

Après la crise politique, la faillite ?

Après la crise politique, la faillite ?

 

Après plusieurs années de déni de réalité, Bruno Le Maire, puis Emmanuel Macron viennent de reconnaître que la situation des finances publiques françaises est catastrophique. En outre il faudra ajouter le coût des promesses politiques faites pendant les législatives. Un drame qui n’est pourtant pas nouveau et qui est même en grande partie le fruit de leurs erreurs stratégiques. Cela fait d’ailleurs de nombreux trimestres que j’alerte sur ces dangers, presque seul contre tous. Ce changement de ton de la part de Bercy et de l’Elysée pose une question fondamentale : Pourquoi un tel revirement aujourd’hui, alors qu’il y a encore quelques semaines, on nous assurait que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes ?

 

par Marc Touati, président du cabinet ACDEFI et auteur de « RESET II – Bienvenue dans le monde d’après ».

Quels sont les arguments principaux qui ont justifié ce « retour sur terre » ? La stagnation économique, d’abord, qui se confirme et les indicateurs avancés de l’activité montrent que cette dernière va continuer de souffrir au moins jusqu’à l’été prochain. Après avoir déjà augmenté de 7,1 % à 7,6 % sur l’année 2023, le taux de chômage va donc encore s’aggraver. Dès lors, garder un discours excessivement euphorique tandis que de plus en plus de Français tombent la précarité ne pouvait plus tenir.

Alors qu’ils ont tous mené des efforts considérables pour éviter le dérapage de leurs finances publiques et de leur dette, les pays de l’Union européenne et en particulier ceux de la Zone Euro ne supportent plus que la France adopte un comportement inverse. Au troisième trimestre 2023, la dette publique française a d’ailleurs encore explosé pour atteindre un triste record historique. En l’occurrence, 3 088,25 milliards d’euros, soit 111,7 % du PIB.

Depuis deux trimestres, la France est ainsi entrée dans le top 3 des pays ayant les ratios dette publique/PIB les plus élevés de l’Union européenne, derrière la Grèce (165,5 %) et l’Italie (140,6 %) et devant l’Espagne (109,8 %), la Belgique (108,0 %) et le Portugal (107,5 %), des pays qui étaient pourtant loin devant nous pendant des décennies. À titre de comparaison, il faut savoir que, sur les 27 pays de l’Union européenne, 16 pays affichent un ratio dette publique/PIB inférieur à 65 %, et même inférieur à 60 % pour 14 d’entre eux. Citons par exemple, l’Allemagne (64,8 %), les Pays-Bas (45,9 %), la République tchèque (44,5 %), l’Irlande (43,6 %), ou encore et l’Estonie (18,2 %).

Autrement dit, l’explosion de la dette publique n’est pas une fatalité, y compris face à la pandémie, à la guerre en Ukraine et à l’inflation. De nombreux membres de l’Union ont effectivement réussi à limiter les dégâts, en dépit de la crise sanitaire, de la récession qui en a suivi, ou encore de la forte inflation des années 2021-2023. De quoi rappeler que la stratégie du « quoi qu’il en coûte » est certes favorable pour gagner du temps et masquer les problèmes, mais qu’elle constitue aussi un échec cuisant pour les pays qui l’ont mise en pratique, et en particulier notre « douce France ».

Encore plus troublant et plus préoccupant, depuis 2020, la France est devenue le premier contributeur de la dette publique de l’ensemble de la Zone Euro, une place qu’elle ne cesse de conforter. Comme viennent de le confirmer les statistiques harmonisées d’Eurostat : au troisième trimestre 2023, la part de la dette publique française dans celle de l’UEM est ainsi de 24,3 %, contre 22,4 % pour l’ancien numéro un, qui est donc devenu numéro 2, en l’occurrence l’Italie et 20,7 % pour l’Allemagne. Le plus triste est qu’en 2000, ces poids dans la dette publique totale de la Zone Euro étaient de 27,8 % pour l’Italie, 25,9 % pour l’Allemagne et 17,5 % pour la France. En 2010, ils étaient de respectivement 24,6 %, 23,7 % et 21,7 %.

Autrement dit, pendant que les Allemands et les Italiens ont réduit notablement leur contribution à l’augmentation de la dette publique de la Zone Euro, la France a fait le chemin inverse. En devenant le premier « fournisseur » de dette publique de l’UEM, elle s’est automatiquement fragilisée tant d’un point de vue économique que politique, tout en perdant fortement en crédibilité. Comment la France pourrait effectivement donner des leçons de bonne gestion économique et financière, alors que c’est elle qui tire le plus la dette publique eurolandaise vers le haut, affaiblissant par là même l’ensemble de l’UEM ?

En outre, depuis que la BCE a arrêté sa « planche à billets » démentielle, la France et ses partenaires de la Zone Euro ont subi une forte augmentation des taux d’intérêt de leurs obligations d’État, qui n’est pas près de s’inverser. Mais, ne cherchons pas de bouc émissaire, si la France doit réduire ses déficits publics et sa dette, ce n’est pas pour faire plaisir à Bruxelles, c’est avant tout pour nos enfants et aussi pour nous-mêmes. Car, contrairement à ce que défendent certains, le coût de la dette ne sera pas seulement supporté par les générations à venir, mais il devient exorbitant dès aujourd’hui.

Bien loin des prévisions formulées par de trop nombreux prévisionnistes, les taux d’intérêt des obligations d’État ont fortement augmenté depuis trois ans et restent très élevés, ce qui alourdit le coût de la dette. Selon la loi de programmation des finances publiques, établie sur la base d’une croissance économique de 1,4 % et de taux d’intérêt modérés, la charge d’intérêts de la dette publique française avoisinera les 49 milliards d’euros en 2024 (après un niveau similaire en 2023), 57 milliards d’euros en 2025, 65,1 milliards d’euros en 2026 et 74,4 milliards d’euros en 2027.

Autrement dit, même selon les prévisions très optimistes de Bercy, la charge d’intérêts de la dette publique française atteindra la modique somme de 295 milliards d’euros sur cinq ans ! Et ce, après avoir déjà atteint 1 056,1 milliards d’euros de 2000 à 2022. Oui, vous ne rêvez pas : au moins 1 350 milliards d’euros uniquement pour payer les intérêts de la dette publique de 2000 à 2027. Et encore, si tout va bien, c’est-à-dire si les taux d’intérêt arrêtent d’augmenter. Ce qui est loin d’être assuré, en particulier si les finances publiques continuent de déraper.

D’où le changement de cap indispensable de MM. Macron et Le Maire, qui devient d’autant plus urgent que les agences de notations risquent, à juste titre, de dégrader la note de la France le 26 avril 2024 pour Moody’s et Fitch et le 31 mai 2024 pour Standard & Poor’s. Si tel est le cas, les taux d’intérêt de la dette publique française se tendront nettement, ce qui cassera encore davantage l’activité économique, donc accroîtra le chômage, les déficits et la dette, engageant la France dans un cercle pernicieux particulièrement dangereux.

Pire, de telles évolutions réactiveront la crise de la dette publique tant en France que dans l’ensemble de la Zone Euro. Cette dernière plongera alors dans une grave crise politique voire existentielle, ce qui ne manquera pas de provoquer une onde de choc mondiale… À force de jouer avec le feu, on finit forcément par se brûler…

Déficits : mise en garde de la BCE

Déficits : mise en garde de la BCE

Une sorte de cri d’alarme de la banque centrale européenne à propos de la dérive des déficits alimentés à court terme par le tassement de la croissance et menacés à plus long terme par les risques  liés au vieillissement démographique, à l’augmentation des dépenses de défense, au climat et au numérique. Un message qui vaut particulièrement pour la France qui affiche le plus grand déficit . 

 

Alors que Bruxelles a épinglé plusieurs pays – dont la France - pour déficit public excessif, la BCE appelle ce mercredi les gouvernements des pays de la zone euro à améliorer « immédiatement » leurs finances publiques face aux risques sur le long terme liés au vieillissement démographique, à l’augmentation des dépenses de défense, au climat et au numérique.

« Ces évolutions représenteront déjà suffisamment de défis isolément, et les pays seront confrontés à toutes ces évolutions simultanément », martèle l’auteur d’un article publié au bulletin mensuel de l’institut monétaire.

Par conséquent, « des mesures doivent être prises dès aujourd’hui – en particulier dans les pays très endettés, confrontés à des taux d’intérêt élevés et aux risques qui y sont associés », poursuit-il. Les efforts budgétaires nécessaires vont différer entre pays « avec des écarts allant de 0,5% à près de 10% du PIB ».

Pour ramener le ratio de dette sur PIB dans les clous de la règle européenne d’ici 2070, « il faudrait que les gouvernements de la zone euro augmentent immédiatement et de manière permanente leurs soldes primaires (avant paiement des intérêts de la dette) de 2% du PIB en moyenne », selon l’auteur de l’article.

Les déficits les plus élevés de l’UE ont été enregistrés l’an dernier en Italie (7,4% du PIB), en Hongrie (6,7%), en Roumanie (6,6%), en France (5,5%) et en Pologne (5,1%). La dette de la France est supérieure à 110% de son PIB, celle de l’Espagne s’en approche, alors que celle de l’Allemagne n’atteint que 64% du PIB du pays.

 

 

Législatives et marchés financiers, « on n’a encore rien vu »

Législatives et marchés financiers, « on n’a encore rien vu »

À juste titre la Tribune titre que les législatives pourraient provoquer des bouleversements sur les marchés financiers et qu’on a sans doute encore rien vu. En effet pour l’essentiel, la plupart des programmes politiques celui du Front National, celui du Front populaire ou même celui d’Attal sont essentiellement marqués de préoccupations sociales. Les aspects économiques, technologiques et financiers sont largement absents. Bref des programmes à usage essentiellement de campagnes électorales mais qu’il s’ils étaient appliqués pourraient créer une crise financière grave.

Le plongeon a démarré dès lundi, après l’annonce de la dissolution. Le CAC 40, l’indice phare de la Bourse de Paris, a chuté de 6,48 % en cinq jours (-2,66 % pour la seule journée de vendredi). Près de 160 milliards d’euros de capitalisation se sont évaporés, dans la pire semaine boursière enregistrée depuis mars 2022, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Si toutes les entreprises du CAC 40 ont subi les dégâts de cette tempête, ce sont les banques (qui détiennent 7,7 % de la dette publique nationale), BNP Paribas, Crédit Agricole, Société générale et BPCE, qui en ont été les premières victimes. La Société générale (-14,87 %), déjà fragilisée avant le scrutin européen, a été davantage sanctionnée que ses concurrentes. Les groupes spécialisés dans les infrastructures – plus exposés à leur marché domestique – ont également encaissé de fortes baisses, à l’image de Veolia (-9,89 %).

Fret SNCF: Une vraie politique de gribouille

Fret SNCF: Une vraie politique de gribouille

 

D’un côté,  il y a les discours enflammés concernant le développement du rail par rapport au climat et à l’ environnement en général, de l’autre il y a la politique et les actes. Une contradiction totale puisqu’on va priver la SNCF de l’activité la plus rentable et la plus écologique à savoir les trains complets. On assiste ainsi à l’enterrement progressif de l’activité fret depuis des années et des années. On a d’abord supprimé le le trafic express ( petits envois qui pendant longtemps été transporté par des trains de voyageurs), puis on a bradé la messagerie et maintenant on s’apprête à liquider le reste avec une réforme invraisemblable .


Tout cela au motif que la SNCF reçoit des subventions illégales d’après l’Europe. En réalité une contribution qui découle d’une dette que la SNCF traîne toujours alors que la DB ( société nationale allemande) a vu la totalité de son endettement reprise par l’État.

Cette situation ne saurait cependant dédouanée la SNCF elle-même, par son manque de gestion, d’innovation et de compétitivité. Pire la SNCF accorde des avantages financiers à certaines catégories de cheminots alors qu’elle n’en a nullement les moyens ( en fait l’activité est subventionnée à hauteur de 50 %). Tout cela par peur des syndicats corpo et gauchistes qui tuent petit à petit l’entreprise avec des revendications irresponsables et des grèves à répétition. Bref une collusion de fait entre le pouvoir et les syndicats corpos pour tuer l’activité ferroviaire.

«TotalEnergies ne quittera pas la France» ?

«TotalEnergies ne quittera pas la France» ?

À lire l’interview du patron de Total il n’y a pas lieu d’être complètement rassuré. Certes il affirme que Total ne quittera pas la France ni la bourse de Paris. Cela n’est pas forcément contradictoire avec une autre cotation principale à New York par ailleurs évidemment Total va demeurer fournisseurs d’énergie en France. Encore heureux que Total ne disparaisse pas complètement du pays dans la mesure où cette entreprise est née à la suite du scandale de ELF,10 fois plus grandes que Total, compromise par la corruption politique et soldée en quelque sorte à Total. Total qui par ailleurs pendant des années n’a pas payé d’impôts. 

 

LE FIGARO. – Vous avez, encore, fait parler de vous en envisageant publiquement une cotation de votre groupe à New York. Cette hypothèse a été interprétée comme une forme de désaveu de la France et a beaucoup été commentée, y compris par le président de la République…

PATRICK POUYANNÉ. – Laissez-moi clarifier les choses et remettre un peu d’ordre dans cette affaire émotionnelle : il n’y a pas de « sujet France » chez TotalEnergies. Il n’est pas question de quitter la France. Je n’ai jamais dit que TotalEnergies quitterait la France, ni même la Bourse de Paris. On commente des rumeurs, des phrases que je n’ai jamais prononcées. C’est ici, en France, que TotalEnergies a son siège, qu’elle est cotée. Nous y avons 30 000 salariés. Nous y sommes très attachés. Nous y investissons. J’ai été décoré officier de la Légion d’honneur par le président de la République en personne, j’en ai été très fier, et à travers moi d’ailleurs, il a honoré l’ensemble de l’entreprise et de ses salariés…

 

IA générative : positive pour la croissance ?

IA générative :  positive  pour la croissance ?

Une annonce tout à fait hypothétique : la quantification de l’effet positif de l’intelligence artificielle sur l’économie. D’après un rapport officiel diffusé par l’Elysée, l’intelligence artificielle pourrait générer des gains de croissance de 10 à 15 % d’ici une vingtaine d’années. Des chiffres très discutables. La première raison, c’est qu’on mélange l’intelligence artificielle générative des autres formes d’intelligence artificielle qui déjà automatise les processus de production et de distribution. D’une certaine manière, l’intelligence artificielle est mise à toutes les sauces sans doute par effet de mode. Ce qui est sûr, c’est que l’intelligence artificielle tout court va continuer de se développer et est déjà largement à l’œuvre. Il faudra toutefois faire le moment venu un bilan pertinent des pertes et des créations d’emplois notamment dans les services qui seront largement affectés.
Essayer de quantifier les effets de l’intelligence artificielle sur la croissance relève de la recherche dans le marc de café. On pourrait tout aussi bien annoncer que l’intelligence artificielle va détruire 100 milliards  ou au contraire augmenter de à 600 milliards le PIB.Ce qu’on peut dire avec une certaine certitude c’est que l’intelligence artificielle va continuer de pénétrer l’économie et qu’il faut continuer de s’y préparer avec la formation et les investissements. Tout le reste relève de la spéculation

D’après l’Élysée, le rapport du comité interministériel sur l’intelligence artificielle générative prévoit un effet positif de l’IA sur l’économie française dès 2030, avec une hausse de PIB entre 250 milliards d’euros et 400 milliards. Ce texte sera rendu public demain, à la suite d’une remise officielle au président Emmanuel Macron.

Co-directeur du comité avec la chercheuse Anne Bouverot, l’économiste Philippe Aghion va présenter dans le rapport des « chiffres inédits sur le potentiel de création de valeur de l’IA », dixit l’Elysée. Le constat y serait au beau fixe : les effets positifs de l’IA générative sur l’emploi devraient largement dépasser les effets négatifs. Tout un chapitre est d’ailleurs dédié à la thématique « IA créatrice ou destructrice d’emploi ». « Le rapport évoque une hausse du PIB potentielle de 250 à 400 milliards d’euros grâce à l’IA à l’horizon 2030 », chiffre la présidence. Pour rappel, le PIB se situait à 2.640 milliards d’euros en 2022.

 

 

 

Le CAC 40 qui rit, l’Etat qui pleure !

Le CAC 40 qui rit, l’Etat qui pleure !

Le contraste est plus que saisissant ! Malgré le net refroidissement de l’économie française, qui a conduit le gouvernement à une première révision en baisse de sa prévision de croissance pour 2024, les marchés boursiers enchaînent records sur records. Vendredi, l’indice CAC 40 terminait une semaine euphorique à plus de 8000 points, après avoir franchi la barre des 7000 points il y a à peine deux ans. Rien ne laisse entendre que cette hausse spectaculaire, qui concerne l’ensemble des marchés mondiaux, soit une bulle. Elle est en effet légitimée par la croissance des bénéfices des entreprises qui, toujours pour le CAC 40, ont à nouveau atteint des niveaux élevés. Le bilan 2023 ne va pas égaler le record de la reprise post Covid de 2021 (157 milliards d’euros) mais, sur la base des 38 résultats d’entreprises du CAC 40 publiés, les bénéfices cumulés dépassent déjà l’an dernier le total de l’année précédente, à 146 milliards d’euros. C’est la troisième année consécutive qu’ils dépassent 100 milliards d’euros !

 

par  Philippe Mabille, directeur de la rédaction de La Tribune.

Cette bonne santé des champions français est une bonne nouvelle, et même si l’essentiel des bénéfices du CAC 40 sont réalisés à l’international, ils sont surtout la preuve que nos grandes entreprises françaises sont plutôt bien gérées.

On ne peut pas en dire autant de l’Etat dont les comptes se dégradent aussi vite que gonflent les profits des champions du CAC 40. La semaine dernière, le ministre de l’Economie et des Finances a durci le ton en annonçant une nouvelle vague d’économies budgétaires, pour répondre à la détérioration des déficits. En 2023, la France accusera un déficit nettement supérieur à la prévision initiale de 4,9% du PIB, a-il indiqué, ce qui va par ricochet impacter durement les budgets 2024 et 2025. En plus des 10 milliards d’euros de « rabot » décidé pour cette année, Bercy réclame aussi 20 milliards d’euros sur les comptes publics de 2025. Et cette fois, l’Etat ne sera pas seul à être mis à contribution.

La générosité du « modèle social français » risque d’en faire les frais, avec des décisions lourdes et difficiles qui ne manqueront pas d’animer l’actualité. Les malades en ALD (des maladies graves ou chroniques nécessitant des soins réguliers, comme les cancers, le diabète) attendent de savoir où passera le couperet de la révision de la liste « qui n’a pas été révisée depuis les années 1980 » a rappelé le ministre de la santé Frédéric Valletoux. Quant à l’assurance-chômage, Bruno Le Maire n’a pas fait mystère dans son entretien au Monde de vouloir que l’Etat reprenne la main « de manière définitive » sur la gestion de l’Unedic, avec pour conséquence un durcissement des règles d’indemnisation « qui sont parmi les plus longues des pays développés ».

En ouvrant ce débat sans attendre les élections européennes du 9 juin, pour lesquelles la majorité relative présidentielle est déjà mal embarquée, le ministre de l’Economie et des Finances prend un risque politique très calculé. Il se place dans la perspective de l’après-Macron, en défenseur de l’orthodoxie financière face à une crise des finances publiques qui risque de s’aggraver rapidement. Au printemps, on connaîtra le verdict des agences de notation sur la dette, et la perspective d’une dégradation maintes fois reportée pourrait bien sonner l’alarme, à défaut de l’hallali.

Le FMI l’a récemment rappelé, de tous les dangers qui pèsent sur la stabilité économique mondiale, le plus important est désormais l’accumulation de dettes souveraines insoutenables. Surtout à un moment où de nouvelles dépenses urgentes s’imposent, pour la transition écologique et pour financer notre défense face à une Russie de plus en plus agressive en Europe.

En France, il y a gros à parier que l’affichage de profits aussi élevés, dont une bonne partie sont largement redistribués aux actionnaires étrangers du CAC 40, nourrisse à nouveau le débat sur la taxation des bénéfices des entreprises. C’est une constante de l’histoire économique. Alors que l’Etat est mal géré et incapables de faire des réformes sérieuses, le couperet fiscal finit toujours par tomber sur ceux qui peuvent payer. Jusqu’ici, Emmanuel Macron a tenu bon en étant le seul président à n’avoir pas augmenté les impôts. Mais il n’a pas non plus réformé grand chose dans l’État profond, lui qui avait pourtant en 2015 appelé à mettre fin au statut de la fonction publique. La stabilité fiscale va-t-elle résister aux vents mauvais qui s’annoncent pour la conjoncture et les comptes publics au cours des trois dernières années de son quinquennat ? Il faut se souvenir que même Nicolas Sarkozy a dû se résoudre après la crise de 2008 à augmenter les impôts.

La Banque centrale ( BCE ) en déficit !

La Banque centrale ( BCE ) en déficit !

Il y a quelque chose de surréaliste dans cette annonce du déficit de la banque centrale européenne qui  a enregistré une perte de 1,3 milliard d’euros.  C’est le quatrième recul annuel de suite du résultat, depuis le bénéfice de 2,4 milliards d’euros en 2019. Cela démontre à l’évidence que la banque centrale européenne comme toutes les institutions administratives sont davantage gérées avec la culture des fonctionnaires qu’avec la culture de gestionnaires.
Comment comprendre le déficit d’une banque centrale qui pourtant est en charge de l’émission et du contrôle de la monnaie. La gestion de la banque centrale européenne est catastrophique notamment parce qu’elle a racheté sans discernement les dettes des Etats beaucoup trop en déficit ; soit des actifs douteux voire pourris. Ensuite parce qu’elle a déversé des milliards et des milliards aux banques commerciales  et sans intérêt. Du coup aujourd’hui avec l’inflation, la source de revenus de la banque centrale européenne est dans le rouge.
On objectera que cette politique visait à soutenir l’économie après la pandémie du Covid et la crise énergétique. À peine 50 % de ces sommes sont allés à l’économie réelle. En réalité ,une grande partie de ces sommes ont servi à la spéculation et soutenu les marchés financiers qui se sont gavés mais ce qui a augmenté encore l’inflation  notamment dans l’immobilier-qui plombe aussi la banque centrale européenne. Ce sont d’ailleurs encore ces milliards qui alimentent la spéculation des marchés financiers et alimentent toujours l’inflation. Comment expliquer sinon que la croissance s’écroule partout alors que les cours des marchés financiers s’envolent ?

 

Les taux plus élevés ont « entraîné une augmentation des charges d’intérêt » payées aux banques centrales de la zone euro, explique le communiqué de la BCE. Résultat ? Une facture de plus de 14 milliards d’euros d’intérêt l’an dernier, contre 2 milliards en 2022.
Dans le même temps, les intérêts perçus sur la masse d’obligations accumulées par la BCE au cours des années de lutte contre la crise n’ont pas suivi. Ces actifs sont assortis de taux d’intérêt fixes et d’échéances longues, et ont été rachetés lorsque les coûts d’emprunt étaient très bas. Cet effet de ciseau dans les comptes financiers fait que la BCE devrait « subir des pertes au cours des prochaines années », selon son rapport annuel.

COP 28: le pétrole sauvé encore pour longtemps

COP 28: le pétrole sauvé encore pour longtemps

Comme d’habitude les grands médias vont ce contenter d’abord de reprendre l’essentiel de l’accord. En même temps, elles vont se féliciter des résultats de la négociation qui pourtant se résume à un appel à une transition mais sans calendrier, sans contrainte et sans moyens. Bref, on a sauvé surtout les énergies fossiles pour au moins 30 à 50 ans.

Deux raisons à cela d’abord une grande partie du monde ne peut se passer d’abord du charbon de très loin la première énergie utilisée surtout pour les pays en développement. La seconde l’extraordinaire pression de l’OPEP qui évidemment vit de cette ressource pétrolière et plus généralement des énergies fossiles comme le gaz aussi.

La transition demandera donc un certain temps . Un temps certain pour tenir compte des réalités. Symboliquement, on va multiplier à côté du sauvetage des synergies fossiles le programme des renouvelables mais qui en réalité pour la plupart ne joueront qu’un rôle accessoire et souvent intermittent. Notons que c’est aussi la redécouverte du Nucléaire

Il s’agit d’une décision « historique pour accélérer l’action climatique », a déclaré Sultan Al Jaber, président de la conférence de l’ONU et patron de la compagnie pétrolière émiratie, Adnoc.

« Nous avons une formulation sur les énergies fossiles dans l’accord final, pour la première fois. Nous devons être fiers de ce succès historique, et les Emirats arabes unis, mon pays, sont fiers de leur rôle pour y parvenir. Nous quittons Dubaï la tête haute », a-t-il ajouté,
La France a salué « une victoire du multilatéralisme et de la diplomatie climatique », par la voix de sa ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, présente à Dubaï pour cette COP28.

Le texte, dont chaque mot a été négocié par les Emiratis, appelle à « transitionner hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action dans cette décennie cruciale, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050 conformément aux préconisations scientifiques ».

En choisissant le terme de « transitioning away » (« transitionner hors de », « s’éloigner », « abandonner » selon les traductions possibles en français), le texte ne parle plus de « phase-out » (« sortie ») du pétrole, du gaz et du charbon, un terme devenu depuis des mois la bannière derrière laquelle se rangeaient plus d’une centaine de pays et des milliers d’ONG.

L’ONG WWF a qualifié le nouveau projet d’accord d’ »amélioration » concernant les énergies fossiles, par rapport à la version précédente, tout en notant l’absence d’appel à une « sortie complète » des fossiles. Mais « si ce texte est adopté, il représenterait un moment significatif », avait estimé Stephen Cornelius, de WWF.

Dans le projet d’accord des Emirats figure une reconnaissance du rôle joué par des « énergies de transition », allusion au gaz, pour assurer la « sécurité énergétique » des pays en développement, où près de 800 millions de personnes manquent d’accès à l’électricité.

Le texte contient de multiples appels liés à l’énergie: tripler les capacités d’énergies renouvelables et doubler le rythme d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030; accélérer les technologies « zéro carbone » et « bas carbone », dont le nucléaire, l’hydrogène bas carbone, et le balbutiant captage et stockage du carbone, défendu par les pays producteurs de pétrole pour pouvoir continuer à pomper des hydrocarbures.

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