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Filière professionnelle : restaurer l’image

Filière professionnelle : restaurer l’image
par
Maître de conférences en sciences de l’éducation, Université de Lille dans The Conversation


La dernière réforme de la voie professionnelle a été présentée jeudi 4 mai 2023 par le président Macron. Le dossier de presse qui accompagne ces annonces met en avant la nécessité de rendre la filière attractive et d’en faire une voie de réussite et d’excellence. En filigrane, il dresse ainsi le portrait d’un élève en manque de réussite subissant une orientation par défaut et enclin au décrochage.
Ces discours et ces propositions et mesures s’inscrivent dans une longue tradition d’actions en faveur de la revalorisation de la filière professionnelle, mises en œuvre depuis plus de 50 ans.

Rien d’étonnant ici à ce que dans nous retrouvions les habituels lieux communs, faisant du lycée professionnel (LP) un lieu accueillant avant tout des élèves en rupture avec l’école, ou avec certaines disciplines comme les mathématiques.
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Mais les jeunes inscrits dans cette filière ont-ils un rapport aux savoirs si différent de celui qu’affichent leurs camarades préparant un baccalauréat général ?

Perçue comme un facteur important dans l’échec scolaire de ces élèves, la question du sens qu’ils donnent au fait d’aller à l’école et d’y apprendre des choses nouvelles est centrale dans les réflexions sur la mise en œuvre des formations. Forts du contexte social dans lequel ils évoluent et de leur passé scolaire, les élèves de lycée professionnel ont développé essentiellement un rapport pratique aux savoirs. C’est-à-dire qu’ils mesurent en quelque sorte l’intérêt aux activités proposées et la légitimité des connaissances enseignées à l’aune de leur utilité et de leur caractère pratique.

Ils valoriseraient ainsi fortement l’apprentissage empirique et les savoirs professionnels permettant une action directe sur la réalité, tandis qu’ils rejetteraient la théorie et les savoirs décontextualisés. Cette entrée sociologique dessine une image du public reprise comme soubassement réflexif dans des rapports institutionnels (CNESCO, IGEN) ou des recherches portant notamment sur la mise en œuvre de l’enseignement de mathématiques.

On met souvent en avant que les lycéens professionnels privilégieraient l’apprentissage empirique. Shutterstock
Pour les acteurs éducatifs, l’affaire est entendue pour ainsi dire. Et c’est principalement pour raccrocher ces élèves à l’école que les dernières réformes ont mis en avant les finalités pratiques de la formation à travers la pédagogie de projet ou des dispositifs comme le chef-d’œuvre ou le co-enseignement. Objectif affiché : les aider à retrouver le sens et le goût des études.

La représentation que les acteurs éducatifs se font des élèves est décisive dans la définition des modalités d’enseignement des disciplines générales dans la filière professionnelle. Toutefois, cette focalisation sur la facette sociale des élèves interroge. Pour construire leur cours les enseignants essayent-ils de s’en détacher ? Ou cette facette sociale est-elle considérée en quelque sorte comme un caractère indiscutable de ce public, « être mauvais en mathématiques » faisant partie de la nature des élèves ?

En effet, si ces résultats sont massifs, ils ne sont pas absolus. D’abord, la filière professionnelle n’a rien de monolithique et se décline en de multiples spécialités, dialoguant avec des bassins d’emplois ayant tous leurs particularités et tenant compte des conditions locales de recrutement. Ensuite, si la forme de rapport au savoir indiquée précédemment est majoritaire chez les élèves de cette voie, elle n’est « ni unilatérale, ni fixée dans le temps ».

Au-delà de cette nécessaire prudence, c’est l’image même de l’élève de lycée professionnel mobilisée dans les discours qui est à interroger. A la fois de discipline « outil » et matière désintéressée, souvent juge de paix dans les décisions d’orientation, l’enseignement des mathématiques est un prisme intéressant pour questionner ces représentations.

Quel enseignement de mathématiques mener pour des élèves « en difficulté » et même « incapables d’abstraction », « qui ne peuvent pas apprendre », « en rupture avec les mathématiques » et l’école en général, « les moins doués », « des éclopés du système des enseignements classiques », qui sont uniquement intéressés par le métier, « des visuels », des manuels plus que des intellectuels, des élèves difficiles, qui ont besoin de restaurer une image positive d’eux-mêmes, et qui doivent être réconciliés avec l’école ?

Les termes repris ici agrègent un ensemble de propos tenus par des acteurs éducatifs (inspecteurs, enseignants, etc.) depuis 1945, date de la création de la filière professionnelle scolarisée et montrent que cette question n’est pas nouvelle. Mais sous l’apparente similitude des termes, se cachent en vérité de multiples glissements de la façon dont les élèves sont appréhendés.

Dans la période d’après-guerre, marquée par une pénurie de main-d’œuvre, la filière professionnelle est une voie désirée. Si certains enseignants mettent en avant les difficultés en mathématiques des élèves qui l’intègrent, c’est principalement en plein, dans leurs qualités, dans ce qu’ils ont de plus que les élèves des autres filières que les acteurs éducatifs les évoquent. Ils opposent le goût pour l’action et la matérialité des choses de ce futur professionnel, préparé au monde moderne et apte à travailler au bachelier, mathématicien ou latiniste, enclin à la spéculation intellectuelle, mais qui ne sait rien faire. Fort de ces spécificités l’enseignement des mathématiques est alors pensé dans une perspective de formation complète de « l’Homme, du travailleur et du citoyen », associant apprentissage de savoir-faire, formation de l’esprit et ouverture sur le monde.

À la fin des années 1960, s’engage un processus de dévalorisation de la voie professionnelle vers laquelle sont orientés les élèves ne disposant de résultats suffisants pour poursuivre en filière générale. La réforme des mathématiques modernes qui s’opère à cette époque dans l’ensemble du système éducatif place la théorie au cœur des apprentissages. L’élève du professionnel est pensé désormais en creux. Un élève comme les autres qui se démarque par ce qu’il n’a pas, une aptitude à apprendre des mathématiques abstraites.

Bien vite, à cette image d’un sujet disciplinaire en difficulté va être substituée durant les années 1980, celle d’un sujet scolaire appréhendé sous sa facette sociale, en rupture avec la discipline, voire avec l’école. Ce deuxième glissement de sens contribue à vider de sa substance le discours pédagogique mis en place au moment de la réforme des mathématiques modernes. L’enjeu est moins d’aider les élèves à surmonter leurs difficultés en mathématiques que de les réconcilier avec la discipline, et de façon plus globale, l’enseignement général ou l’école avec lesquels ils semblent être en rupture.

Il s’agit de rompre avec les méthodes du collège en mettant notamment en avant des projets interdisciplinaires, en limitant les évaluations, en mettant l’accent sur la facette utilitaire de l’enseignement, minorant alors l’appel à la réflexion. Ce qui pose la question de l’abandon d’une vigilance didactique sur les contenus au profit du maintien d’une certaine paix scolaire et de la baisse des exigences d’enseignement.

Mais ces représentations contrastent avec ce que les élèves associent comme émotion, sentiment, vécu à l’enseignement des mathématiques. En fait, de façon générale, ce qui structure leur vécu disciplinaire, positif ou négatif, est moins une opposition entre des aspects pratiques ou théoriques des enseignements que leur participation à la réalisation d’un projet personnel ou professionnel qui leur tient à cœur. En cela ils ne diffèrent pas vraiment de leurs camarades de la filière générale.

Emploi : crise de formation et de compétences en France

Emploi : crise de formation et de compétences en France

Denis Machuel (PDG) et Alexandre Viros (président France Adecco) notent une crise grave de formation et de compétences en France dans une interview à la Tribune

Alexandre Viros- Le groupe prévoit de former 50.000 personnes en 2023. C’est un record. Il n’y a pas de réindustrialisation sans les talents. Pour créer de la compétence, il faut beaucoup former. Le groupe assume le pari d’avoir des talents bien formés. Nous prévoyons un budget de près de 100 millions d’euros pour assurer ces formations, dans le cadre de nos contributions légales et conventionnelles.

Sur quels secteurs allez-vous concentrer vos efforts en matière de formation ?

Alexandre Viros- Il y aura beaucoup de formations sur l’industrie, l’automobile et le BTP. Ce secteur est intéressant car il est possible d’avoir une belle trajectoire professionnelle. La logique des formations est de répondre aux besoins réels de l’économie.

Emmanuel Macron a mis l’accent sur la réindustrialisation ces derniers jours. Vos agences ont-elles des difficultés à recruter des bras pour l’industrie tricolore ? L’Allemagne connaît-elle aussi des pénuries de main d’oeuvre pour son industrie ?

Alexandre Viros- La France a payé certains choix depuis plusieurs décennies en matière de compétences. La France a sûrement plus de difficultés que certains de ses voisins. C’est un défi important. Toutes les parties prenantes vont devoir marcher ensemble sur ces problématiques.

Denis Machuel- L’Allemagne a un passé industriel important. Elle reste malgré tout confrontée à des difficultés de recrutement. En France, il y a des viviers de talents dans les quartiers prioritaires de la ville, dans la population immigrée, dans les personnes éloignées de l’emploi. Il faut s’appuyer sur toutes nos forces.

Un an après votre arrivée à la tête du groupe, quelle est votre feuille de route pour les mois à venir ?

Denis Machuel- Le groupe a mis en place depuis deux ans la stratégie « Future at Work » sur l’avenir du travail. Cette orientation consiste à construire des briques autour des talents dont nos clients ont besoin. Dans l’industrie et les services, les entreprises ont besoin de talents pour livrer des performances. Cette stratégie repose sur nos 3 activités : Adecco, Akkodis et LHH et sur deux axes principaux : le focus client et le digital. Opérationnellement, notre dynamique s’articule autour de trois piliers : simplifier, exécuter et croître. Cette feuille de route a délivré de bons résultats au premier trimestre.

En Europe et en France, les créations d’emplois ont ralenti depuis plusieurs mois mais le chômage continue de baisser. Dans le même temps, la croissance marque le pas depuis la guerre en Ukraine. Comment expliquez-vous ce paradoxe d’une faible croissance riche en emplois ?

Denis Machuel- En Europe, ce paradoxe peut s’expliquer par la rareté des talents. Il y a des facteurs démographiques avec le départ à la retraite de la génération du baby-boom. Après la pandémie, beaucoup de travailleurs ont montré qu’ils étaient prêts à travailler moins et préfèrent améliorer leur qualité de vie. Beaucoup de femmes sont sorties du marché du travail. Certains seniors sont également sortis de ce marché. Enfin, il y a un fossé des talents. Avec la transition technologique et la transition écologique, il y a des savoir-faire qui ne sont pas à la hauteur des besoins.

Alexandre Viros- En France, les secteurs mis sous cloche pendant la pandémie comme l’hôtellerie-restauration ou le BTP n’arrivent toujours pas à recruter. Les salariés sont allés trouver du travail dans d’autres secteurs. Il y a aussi des difficultés liées à la géographie et à la desserte en transports en commun. Il faut favoriser la mobilité. Avec l’augmentation » du coût des carburants, les salariés ne vont pas forcément accepter un emploi éloigné de leur domicile.

La formation est un enjeu déterminant. Il s’agit de créer des compétences dans des secteurs en transformation profonde comme l’automobile. Le passage du moteur thermique au moteur électrique nécessite de nouvelles compétences. L’ouverture de nouvelles centrales nucléaires va nécessiter des soudeurs. Or la France n’a pas ses compétences. Il y a une crise de la compétence. Notre métier n’est pas juste d’aller chercher des clients. Il s’agit de comprendre les besoins en emploi.

La réforme des retraites a remis au centre des débats la question cruciale de l’emploi des seniors. Le taux d’emploi des plus de 55 ans est très bas dans l’Hexagone. Une autre partie importante n’est ni en emploi, ni à la retraite. Quels seraient les leviers pour améliorer l’emploi des seniors ?

Alexandre Viros- Pendant longtemps, cette question s’est résumée à la sortie des seniors du monde du travail. Nous n’étions pas hostiles à l’index des seniors proposé par l’exécutif. Il faut mesurer la participation des seniors dans les entreprises. Nous nous engageons à augmenter la part des seniors parmi nos intérimaires de 20% en 2023.

C’est un engagement important. Il y a aussi la question cruciale de la formation des seniors. Les seniors ont deux fois moins recours à la formation que les autres catégories d’âge. Il s’agit de réfléchir en termes de trajectoire professionnelle et pas uniquement de rétention. Je suis convaincu que le départ d’un salarié expérimenté est une perte sèche pour l’entreprise.

Denis Machuel- Dans un monde de rareté des talents, la sortie de gens expérimentés peut se payer très cher. On a pu le voir dans la filière nucléaire. La France a un réservoir de talents formidables. Il y a un sujet de flexibilité sur les fins de carrière. Il ne faut pas uniquement réfléchir en termes de coût pour l’entreprise. Il faut changer le regard sur le monde des seniors.

Malgré les aides massives en faveur de l’apprentissage, le taux de chômage chez les jeunes demeure élevé. Comment améliorer l’insertion professionnelle des jeunes ?

Denis Machuel- Le soutien à l’apprentissage doit se poursuivre. En Allemagne et en Suisse, l’apprentissage est très connecté aux besoins de l’entreprise. La force de l’apprentissage est la connexion entre la formation et les besoins. Une partie des formations que nous prévoyons va se concentrer sur l’apprentissage. Sur les 50.000 personnes formées, 6.500 seront consacrées aux apprentis.

En France, les recrutements se basent la plupart du temps sur l’envoi de CV. Quel regard portez-vous sur cette pratique ?

Alexandre Viros – La France est une société malade du diplôme. C’est contre productif. Les candidats de 35 ans ou 45 ans sont jugés sur les réussites et les échecs lorsqu’ils avaient 20 ans. C’est injuste. Notre groupe est un promoteur d’un recrutement sans CV à travers notamment notre plateforme digitale QAPA.

Il peut se faire sur des analyses scientifiques des soft skills. Ces pratiques permettent d’élargir le champ des emplois auxquels les candidats peuvent prétendre. Le recrutement sans CV est vertueux pour l’économie et les individus.

Enseignants : Macron promet 100 euros

Enseignants : Macron promet 100 euros

Non seulement le président de république remplace depuis longtemps la Première ministre mais il fait aussi fonction de ministre de l’éducation pour régler les problèmes sociaux et ceci sans concertation. Ainsi hier lors de sa visite en province il a lui-même annoncé une augmentation de 100 € minimum qui pourraient passer à 200 € voire davantage avec des engagements volontaires supplémentaires des enseignants. Comme en Alsace où il a rencontré des manifestants aussi véhéments que bruyants équipés de leur casserole, le chef de l’Etat n’a pu ignorer le mécontentement à Ganges, ville des Cévennes au nord-est de l’Hérault. Des œufs et des pommes de terre ont notamment été lancés par des opposants à la réforme des retraites.

Le chef de l’Etat a annoncé une hausse de salaires « entre 100 et 230 euros net en plus par mois » pour tous, lors d’un déplacement dans un collège de l’Hérault consacré à l’école.

Pour Sophie Vénétitay,SNUipp-FSU , ce n’est pas suffisant : « Emmanuel Macron ne tient pas les promesses qu’il avait faites pendant la campagne électorale ». Elle rappelle qu’il « avait promis 10% d’augmentation pour tous les enseignants sans contrepartie ». Or, « là il annonce des chiffres de 100 à 230 euros par mois, ce qui correspond à 1,9 milliard d’euros ». D’après ses calculs, « pour augmenter tous les professeurs de 10% sans nouvelle mission, il fallait mettre 3,6 milliards sur la table ». Pour la secrétaire générale, ces annonces sont « très loin des promesses » et ne rattrapent pas « le décrochage salarial » : « Ça ne prend pas la mesure de la grave crise de recrutement que nous connaissons ».

« Aujourd’hui, un professeur travaille 43h par semaine. On ne voit pas où on va pouvoir faire rentrer ces nouvelles tâches. Ce n’est pas ça qu’on attend ». Concernant les remplacements et la volonté d’Emmanuel Macron que les professeurs absents sur des courtes durées soient plus facilement et systématiquement remplacés, « ça suppose des moyens humains, ce qu’encore une fois Emmanuel Macron ne met pas sur la table ».

Sophie Vénétitay rappelle enfin que « dans les années 80, un professeur débutant gagnait 2,2 fois le smic » mais qu’aujourd’hui « il gagne 1,2 fois le smic. Pour revenir à ce niveau du début des années 80, il aurait fallu augmenter le salaire de 1 000 euros par mois. On en est loin », conclut-elle.

Apprentissage :enfin ! avec plus de 800 000 contrats

Apprentissage :enfin ! avec plus de 800 000 contrats

Une évolution intéressante à souligner: la réorientation de certains s’élève vers la filière de l’apprentissage au lieu de la voie sans issue de bacs et de formations supérieures plus ou moins bidon.

811 500 contrats d’apprentissage ont été signés dans le privé en 2022, soit une hausse de 14% par rapport à 2021, selon un bilan du ministère du Travail rendu public jeudi 2 mars. En ajoutant ceux du secteur public, le total s’élève à 837 000 contrats conclus.
Si la hausse est moins spectaculaire que ces deux dernières années (+46% en 2020 et +38% en 2021), elle reste en ligne avec l’objectif du gouvernement d’atteindre un million de contrats signés par an d’ici 2027.

Comme les années précédentes, cette hausse reste portée par l’enseignement supérieur, qui représente 63% des contrats d’apprentissage. Mais « il y a une augmentation du nombre de contrats pour tous les niveaux de diplômes », souligne le ministère du Travail. Accessible aux jeunes de 16 à 29 ans, l’apprentissage repose sur le principe de l’alternance entre enseignement théorique et formation au métier chez
Une majorité de contrats dans le secteur des services

Deux tiers des contrats sont signés avec des entreprises de moins de 50 salariés. Les services (avec 73% des contrats signés) se taillent la part du lion, devant l’industrie (14%) et la construction (11%). Deux jeunes sur trois sont en emploi six mois après la fin de leur apprentissage. Ce chiffre grimpe à 73% dans le secteur énergie/chimie/métallurgie, en tête devant transport/manutention/magasinage (72%) et mécanique/structures métalliques (71%).

La hausse des contrats s’explique notamment par la réforme de 2018, qui a libéralisé l’apprentissage à la fois en termes de conditions d’entrée et d’offre de formation. La dynamique a aussi été boostée par les aides exceptionnelles décidées pendant la crise. Cette prime (5 000 euros pour un mineur, 8 000 pour un majeur) a rendu le coût de la première année quasi nul pour l’employeur. Et les formations du supérieur y sont éligibles, ce qui n’était pas le cas pour les aides existant avant la crise Covid.

Éducation nationale :Le ministre reconnaît l’extrême faiblesse du niveau de l’école

Éducation nationale :Le ministre reconnaît l’extrême faiblesse du niveau de l’école

Jusque-là le ministre de l’éducation nationale s’est fait très discret. Cette fois, il sort un peu du bois pour annoncer des « exigences » qui en fait ressemblent davantage à des recommandations qu’à des orientations fermes.

En effet le propos du ministre de l’éducation nationale n’est pas nouveau. Il ne fait que rabâcher ce qui est connu à savoir le manque de niveau du primaire pour entrer en secondaire, la crise du recrutement. Quant à l’exigence de l’égalité des chances c’est évidemment un slogan qui ne pourra pas être résolu tant qu’une masse d’élèves en retard des connaissances de base viendront abaisser le niveau général dans le collège unique.

Bref pas vraiment une révolution, pas même une évolution juste des mots surtout quand on prévoit d’appliquer ce qu’on qualifie de nouvelles orientations à partir du 1er janvier. Pap Ndiaye,Le ministre de l’éducation nationale, reconnaît les difficultés « concernent la crise du recrutement des professeurs » mais aussi « le niveau des élèves, dont les comparaisons internationales révèlent les lacunes préoccupantes. il Regrette que près « d’un Français sur deux ne fasse pas confiance à l’institution scolaire », le ministre évoque « la défiance générale, marquée par la montée en puissance du secteur privé et par le scepticisme exprimé d’une partie des parents ».

Le ministre a donc annoncé trois types de mesures pour 2023 . D’abord concernant les enseignements fondamentaux du CM1 à la 6e pour « faciliter le passage de l’école primaire au collège ». Ensuite
Pour faciliter « l’égalité des chances ». La troisième et dernière exigence portée par le gouvernement stipule une amélioration du fonctionnement de l’école, aussi bien dans le système de recrutement des enseignants, que dans les conditions d’accueil des élèves. Pour répondre à ses problématiques, le ministre de l’Éducation a indiqué qu’un « changement structurel » allait avoir lieu afin que les professeurs puissent notamment « mieux accompagner chaque élève ». Enfin, Pap Ndiaye a conclu sa tribune par le rappel d’un principe essentiel dans le système éducatif français : la laïcité. Un énième rappel sans beaucoup d’effet !

Compte personnel de formation: Arnaques et fiasco

Compte personnel de formation: Arnaque et fiasco

Pour faire moderne, la gauche a complètement marchandisé la formation permanente. On est passé du DIF au CPF. La grande différence c’est que les droits la formation étaient calculés en heure et en jour et qu’ils sont désormais calculés en valeur monétaire c’est-à-dire en euros.

Bref, une formation permanente déjà critiquée pour son opacité et son efficacité et jetée totalement dans les mains du marché et qui se caractérise non seulement par un fiasco mais aussi par de nombreuses arnaques. De toute manière, la nouvelle politique de formation ne remplit nullement ce rôle puisqu’elle ne concerne qu’à la marge les chômeurs.

Pire, compte tenu de la mauvaise gestion des comptes personnels de formation, désormais on veut faire participer les bénéficiaires de la formation au financement. Pourtant la formation professionnels est un véritable fromage de plus de 13 milliards dont se gavent nombre d’institutions voire d’organisations plus ou moins bidon. En plus avec désormais de nombreuses arnaques qui consistent à solliciter les titulaires pour de fausses formations ( avec ou sans l’accord des intéressés).

Encore une réforme de gauche libérale socialiste qui finira par un énorme scandale et surtout par un fiasco total quant à l’efficacité pour l’emploi

Les salariés devront donc participer financièrement à leur formation lorsqu’ils utilisent leur compte personnel de formation (CPF), prévoit un amendement déposé samedi par le gouvernement sur son projet de budget de l’État pour 2023. La participation pourra être proportionnelle au coût de la formation, dans la limite d’un plafond, ou fixée à une somme forfaitaire. Un décret en Conseil d’État devra en préciser les modalités.
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Le Parlement vient enfin d’adopter une proposition de loi pour interdire le démarchage commercial des titulaires de CPF, espérant tarir le flux de sollicitations subi par les particuliers.

Trop de technocrates, mais pas assez de soudeurs

France: «Trop de technocrates, mais pas assez de soudeurs» ! (Xavier Fontanet)


Un coup de gueule qu’on espère salutaire de la part de l’ancien président du groupe Essilor qui estime qu’on forme beaucoup trop de technocrates mais pas assez de soudeurs nécessaires dans l’industrie et en particulier dans l’industrie nucléaire.

L’ancien patron critique la politique d’orientation scolaire qui favorise les métiers intellectuels. Notons cependant la bienveillance de l’intéressé car nombre de filières ne correspondent ni à une orientation technique, ni à une orientation réellement intellectuelle. ( Un nombre incalculable de bacs pro voire de licences qui ne débouchent que sur le chômage ou sur l’emploi dans l’administration).

En cause, évidemment le système éducatif qui pousse la quasi-totalité des élèves vers des bacs dont beaucoup sans aucune valeur au lieu d’orienter vers des métiers techniques et manuels.

La responsabilité incombe aussi aux familles dont trop manifestent une forme de dédain pour les métiers manuels.

Le pire évidemment c’est que cette orientation forcée vers des bacs inutiles est responsables non seulement du manque de qualification et de compétence des salariés français mais aussi de l’écroulement du niveau scolaire

La pénurie de soudeurs dans les centrales nucléaires françaises témoigne des carences de notre système, qui ne valorise que les métiers intellectuels, argumente l’ex-PDG du groupe Essilor.
dans LE FIGARO. – En manque de main-d’œuvre, le groupe EDF a fait venir une centaine de soudeurs de la société américaine Westinghouse pour intervenir sur ses problèmes de corrosion. Comment en sommes-nous arrivés là?

Xavier FONTANET. – On comprend la réaction d’EDF quand on sait ce que coûte chaque mois de retard de fonctionnement d’une centrale nucléaire. Mais, si nous en sommes arrivés là, c’est pour deux raisons. D’abord, à cause de la décision européenne de couper les métiers de l’électricité en trois (la production, la distribution longue distance et la distribution finale) pour favoriser la concurrence, EDF a dû subventionner l’entrée de concurrents en production (éolien et solaire) et en distribution locale, en leur vendant sa production à prix cassés.

Ensuite, l’État, qui est au capital de l’entreprise, a sacrifié la stratégie nucléaire d’EDF pour obtenir les voix des écologistes. On l’a vu avec l’arrêt de la centrale nucléaire de Fessenheim.

L’économie française victime de la baisse du niveau scolaire et du manque de qualification

L’économie française Victime de la baisse du niveau scolaire et du manque de qualification

L’économiste Xavier Jaravel s’inquiète à juste titre problèmes de « capital humain » qu’il observe en France : insuffisance des aptitudes sociocomportementales, du niveau de formation scientifique et des investissements en recherche-développement.

La productivité française est particulièrement malade alors qu’on prétend souvent le contraire. On oublie de phénomènes importants d’une part le faible nombre d’actifs en France par rapport à l’ensemble de la population. Deuxièmement le phénomène des 35 heures sur le volume de travail mais peut-être encore davantage sur la culture RTT et la valeur travail. Dans les faits, la France est derrière d’autres pays concurrents comme l’Allemagne les États-Unis.

« La sanction est sans appel compte tenu du déficit structurel des échanges extérieurs avec un écroulement particulier en 2022 qui va se traduire par un déficit double de l’année précédente autour de 150 milliards. Ces importations nettement supérieures aux exportations tuent mécaniquement l’activité en France et les emplois. On dit parfois que la productivité du travail en France est élevée : ce constat n’est pourtant plus d’actualité, bien au contraire. Les données d’une récente note du Conseil d’analyse économique révèlent un ralentissement marqué depuis une quinzaine d’années par rapport à l’Allemagne et aux Etats-Unis. Alors qu’au milieu des années 2000 la productivité du travail en France était plus élevée qu’aux Etats-Unis et au même niveau qu’en l’Allemagne, quinze ans plus tard, le tableau n’est plus si rose : la productivité du travail en France a décroché, et nous sommes désormais distancés à la fois par l’Allemagne et par les Etats-Unis estime l’économiste Xavier Jaravel

La plupart des secteurs et des catégories d’entreprises participent à cette dégradation. En cause, le faible niveau scolaire, l’insuffisance de qualification de nombre de salariés et le déficit dans le domaine de la recherche-développement.

D’une manière générale, la France a toujours un certain mépris pour l’orientation des élèves vers les filières techniques et scientifiques. Les raisons sont de deux ordres, d’une part le faible niveau mathématique général, d’autres part une politique d’éducation insuffisamment centrée sur les matières et filières fondamentales pour l’économie. La France est par exemple l’un des pays qui forment le plus de psychologues au monde ! Des diplômés qu’on retrouve ensuite surtout chez les fonctionnaires.

À peu près tous les secteurs d’activité rencontrent des difficultés de recrutement aujourd’hui, difficultés qui sont la conséquence directe de la politique de l’éducation tout autant que d’un certain condescendance des familles pour les métiers techniques.

Si tous les secteurs et toutes les entreprises voient leur productivité décrocher, d’où vient alors le problème ? Notre analyse identifie le « capital humain » comme le facteur principal, selon deux aspects : d’une part, de mauvaises compétences mathématiques et sociocomportementales (la capacité à travailler en équipe, à négocier, à gérer des ressources) ; d’autre part, une insuffisante orientation des jeunes vers les métiers d’avenir, notamment les filières scientifiques.

Education : Améliorer sans dépenser forcément davantage

Education : Améliorer sans dépenser forcément davantage

 

Après avoir montré que l’enseignement français pèse 0,8 point de PIB de plus qu’en Allemagne, les deux économistes Pierre-André Buigues et Denis Lacoste exposent, dans une tribune au « Monde », quatre mesures qui amélioreraient l’éducation, sans augmentation des coûts.

 

 

Les candidats à l’élection présidentielle française de 2022 ont tous présenté des mesures en faveur de l’éducation : augmentation des heures d’enseignement, du nombre d’enseignants, des salaires, dédoublement des classes de primaire, mécanismes publics de soutien scolaire. Ces mesures conduiraient à une augmentation du budget de l’éducation nationale. Compte tenu des enjeux, il est important de comparer notre système avec celui des autres pays développés afin d’évaluer la pertinence de ces dépenses.Nous regarderons successivement quatre critères : le poids des dépenses publiques consacrées à l’enseignement, le taux d’encadrement, la rémunération des enseignants, et le niveau des performances de l’enseignement. En premier lieu, la France est un des pays développés où le poids des dépenses publiques d’enseignement dans le PIB est le plus élevé : 4,5 %, contre 4,1 % en moyenne dans l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).

 

L’Allemagne ne consacre que 3,6 % de sa richesse nationale aux dépenses publiques d’éducation. Pourtant, en second lieu, le taux d’encadrement (nombre d’élèves par enseignant) est relativement plus élevé en France. En 2018, un enseignant français du primaire encadrait 19,2 élèves, le taux le plus élevé de l’Union européenne (moyenne de 13,6). L’écart est plus faible dans le secondaire (13,3, contre 12 dans l’UE) et dans le supérieur (16,2, contre 15,3), mais reste toujours plus élevé en France.

L’Allemagne, dont le système éducatif est moins coûteux, a un taux d’encadrement bien meilleur : 15,3 dans le primaire et 12 dans le supérieur. Ce constat a amené le gouvernement français à dédoubler les classes de CP et de CE1 dans les zones d’enseignement prioritaire. En troisième lieu, les enseignants français bénéficient de salaires relativement faibles. En début de carrière, les enseignants de nos lycées touchent annuellement 27 700 euros.

Au 10e rang des 18 pays de l’UE retenus par Eurostat, ils touchent moins que les Suédois (37 900 €), les Danois (50 300 €) ou les Allemands, qui gagnent deux fois plus (58 500 €). A la fin de leur carrière, les enseignants français se situent au 9e rang et les Allemands sont toujours les mieux payés (82 000 €).

 

 

Enfin, les élèves français du primaire ont des niveaux de compréhension de l’écrit plus faibles que la moyenne de l’OCDE (étude PIRLS). Le score global est de 511 pour la France, 540 pour l’UE et 541 pour l’OCDE. Le constat est le même dans le domaine scientifique (enquête Trends in International Mathematics and Science Study/TIMSS).

Il faut augmenter le taux d’emploi et de compétences

Il faut  augmenter le taux d’emploi et de compétences 

L’économiste Patrick Artus, estime que la  part des Français âgés de 20 à 64 ans ayant un travail peut croître avec des politiques de formation et de baisse des impôts de production, et pas seulement grâce à la réforme des retraites, souligne l’économiste dans sa chronique. (Le Monde)

 

Après l’élection présidentielle, la priorité centrale de la politique économique du gouvernement devra être d’augmenter le taux d’emploi. En effet, cette augmentation serait à la fois le résultat de politiques économiques qui auront par ailleurs des effets bénéfiques, et aurait en elle-même des effets positifs sur les autres politiques publiques : finances publiques, réindustrialisation, commerce extérieur, inégalités de revenus, qualité des emplois, financement de la transition énergétique et de ses conséquences en matière d’inégalités.

Même s’il y a eu une amélioration récente, le taux d’emploi – c’est-à-dire la proportion des personnes âgées de 20 à 64 ans qui ont un emploi – est anormalement faible en France : il est au début de 2022 de 79 %, contre 91 % en Allemagne, 90 % en Suède, 84 % au Royaume-Uni, 96 % aux Pays-Bas. Une partie de cette faiblesse est due à l’organisation du système de retraite : un quart de l’écart de taux d’emploi entre l’Allemagne et la France vient de ce que le taux d’emploi des 60-64 ans est de 35 % en France, contre 62 % en Allemagne. Mais cela signifie également que les trois quarts de l’écart de taux d’emploi entre les deux pays viennent d’autres causes que l’âge du départ en retraite.

Comment expliquer la faiblesse du taux d’emploi en France ? Quand on compare les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), il apparaît qu’une fraction très importante des écarts de taux d’emploi s’explique par deux facteurs, outre l’organisation du système de retraite : premièrement, les compétences de la population active ; deuxièmement, le poids des impôts sur les entreprises, qui les contraignent à des arbitrages aux dépens de l’emploi et de l’investissement. Les compétences de la population active expliquent 53 % des écarts à la moyenne entre les taux d’emploi des pays de l’OCDE ; le poids des cotisations des entreprises et des impôts de production en explique 35 %.

Or la France se situe dans le dernier quart du classement des pays de l’OCDE en ce qui concerne les compétences des adultes, et se trouve en dernière position en ce qui concerne les compétences des jeunes en sciences. La France a aussi, après la Suède, le poids des impôts de production et des cotisations sociales des entreprises le plus élevé de l’OCDE (13,5 % du produit intérieur brut, contre 8,3 % pour le reste de la zone euro). Cette faiblesse globale des compétences et cette lourdeur de la fiscalité expliquent très largement la faiblesse du taux d’emploi en France.

Patrick Artus : « Augmenter le taux d’emploi et de compétences

Patrick Artus : « Augmenter le taux d’emploi et de compétences 

, L’économiste Patrick Artus, estime que  part des Français âgés de 20 à 64 ans ayant un travail peut croître avec des politiques de formation et de baisse des impôts de production, et pas seulement grâce à la réforme des retraites, souligne l’économiste dans sa chronique.(Le Monde)

 

Après l’élection présidentielle, la priorité centrale de la politique économique du gouvernement devra être d’augmenter le taux d’emploi. En effet, cette augmentation serait à la fois le résultat de politiques économiques qui auront par ailleurs des effets bénéfiques, et aurait en elle-même des effets positifs sur les autres politiques publiques : finances publiques, réindustrialisation, commerce extérieur, inégalités de revenus, qualité des emplois, financement de la transition énergétique et de ses conséquences en matière d’inégalités.

Même s’il y a eu une amélioration récente, le taux d’emploi – c’est-à-dire la proportion des personnes âgées de 20 à 64 ans qui ont un emploi – est anormalement faible en France : il est au début de 2022 de 79 %, contre 91 % en Allemagne, 90 % en Suède, 84 % au Royaume-Uni, 96 % aux Pays-Bas. Une partie de cette faiblesse est due à l’organisation du système de retraite : un quart de l’écart de taux d’emploi entre l’Allemagne et la France vient de ce que le taux d’emploi des 60-64 ans est de 35 % en France, contre 62 % en Allemagne. Mais cela signifie également que les trois quarts de l’écart de taux d’emploi entre les deux pays viennent d’autres causes que l’âge du départ en retraite.

Comment expliquer la faiblesse du taux d’emploi en France ? Quand on compare les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), il apparaît qu’une fraction très importante des écarts de taux d’emploi s’explique par deux facteurs, outre l’organisation du système de retraite : premièrement, les compétences de la population active ; deuxièmement, le poids des impôts sur les entreprises, qui les contraignent à des arbitrages aux dépens de l’emploi et de l’investissement. Les compétences de la population active expliquent 53 % des écarts à la moyenne entre les taux d’emploi des pays de l’OCDE ; le poids des cotisations des entreprises et des impôts de production en explique 35 %.

Or la France se situe dans le dernier quart du classement des pays de l’OCDE en ce qui concerne les compétences des adultes, et se trouve en dernière position en ce qui concerne les compétences des jeunes en sciences. La France a aussi, après la Suède, le poids des impôts de production et des cotisations sociales des entreprises le plus élevé de l’OCDE (13,5 % du produit intérieur brut, contre 8,3 % pour le reste de la zone euro). Cette faiblesse globale des compétences et cette lourdeur de la fiscalité expliquent très largement la faiblesse du taux d’emploi en France.

École : Rééquilibrer les priorités vers les élèves pauvres

École : Rééquilibrer les priorités vers les élèves pauvres

 

Quand cessera-t-on de « faire des économies » sur les crédits destinés aux élèves pauvres ?, s’interroge, dans une tribune au « Monde », Jean-Paul Delahaye, ancien directeur général de l’enseignement scolaire. La priorité, pour le prochain gouvernement, sera de renforcer en urgence l’accompagnement sanitaire et social des élèves.

 

 

 

En France, 20 % des élèves des écoles, collèges et lycées vivent dans des familles pauvres. L’école n’est certes pas responsable de toutes les inégalités à l’œuvre dans une société qui continue à produire de la précarité, du chômage, de l’exclusion, des ghettos urbains, de la grande pauvreté.

Si les pauvres étaient moins pauvres, évidemment, leurs enfants viendraient à l’école avec une plus grande égalité de droits. Comment, en effet, entrer sereinement dans les apprentissages quand on rencontre des difficultés pour se loger, pour s’habiller, pour se nourrir, pour participer à une sortie scolaire, pour se cultiver, pour acheter les fournitures, pour se soigner ?

 

 Mais l’école n’est pas sans possibilité d’action. Or, il faut reconnaître qu’on est loin du compte pour la partie de l’action sanitaire et sociale qui est de la responsabilité de l’éducation nationale.

Il faut en particulier que le prochain gouvernement, quel qu’il soit, renforce en urgence l’accompagnement sanitaire et social des élèves. En nombre insuffisant, les assistants et assistantes des services sociaux s’épuisent dans l’accompagnement des élèves et des familles. Dans un rapport de décembre 2021, la Cour des comptes signale les effets de la pénurie de médecins et d’infirmiers scolaires : en 2018-2019, 58 % des enfants de 6 ans n’ont été vus par aucun professionnel de santé de l’éducation nationale (ils n’étaient « que » 26 % en 2013-2014).

Il faut aussi augmenter le montant des bourses qui ne sont pas aujourd’hui au niveau qu’il faudrait : par exemple, malgré la revalorisation effectuée en 2016, le montant maximal d’une bourse de collège n’est que de 459 € par an, soit 2,50 euros par jour de classe, c’est-à-dire même pas le prix d’un repas à la cantine scolaire. Il faut aussi mieux accompagner les familles pour réduire le taux de non-recours aux bourses, car la numérisation récente de la procédure d’accès à ce droit entraîne de lourdes difficultés. La « start up nation » oublie que les pauvres sont aussi des pauvres en numérique.

 

Enfin, les crédits consacrés aux fonds sociaux des établissements du second degré (pour permettre l’achat d’une tenue de sport, l’accès à la cantine scolaire, le paiement de la sortie scolaire…) doivent cesser d’être des variables d’ajustement budgétaire et être augmentés de façon significative. Rappelons que ces fonds ont été divisés par 2,3 entre 2001 (73 millions d’euros) et 2012 (32 millions d’euros). Après une augmentation de 2013 à 2017 (59 millions d’euros), ils ont à nouveau été divisés par 2 en 2020, avant d’être portés à 49,6 millions d’euros en 2022, soit encore 16 % de moins qu’en 2017. Quand cessera-t-on de faire des économies sur les crédits destinés aux élèves pauvres ?

50 ans de formation professionnelle

 50 ans de formation professionnelle 

Dans un ouvrage résolument critique, l’économiste Didier Gelot et le syndicaliste Djamal Teskouk regrettent l’individualisation et la marchandisation de la formation professionnelle, loin de l’esprit émancipateur des débuts.

Par Jules Thomas dans le Monde 

Le livre.

 

Il était une fois un idéal, « une obligation nationale » à laquelle devait participer l’ensemble de la société, sous l’égide de l’Etat : améliorer la qualification des travailleurs, assurer leur adaptation aux besoins de l’économie et contribuer à l’émancipation des personnes. La loi Delors de 1971, qui a notamment inscrit dans le marbre la contribution financière des entreprises, a posé les bases du dispositif de la formation professionnelle continue. Pourtant, ces grands principes se sont dilués avec le temps.

Dans l’essai 1971-2021. Retour sur 50 ans de formation professionnelle (Editions du Croquant), deux spécialistes mêlent leurs analyses complémentaires : l’un, l’économiste Didier Gelot, fut chargé de l’évaluation de la formation professionnelle au ministère du travail ; l’autre, Djamal Teskouk, fut en tant que conseiller confédéral CGT impliqué dans les nombreuses négociations interprofessionnelles sur la formation. Le produit de ce bilan à la fois global et opérationnel est destiné aux acteurs de la formation – notamment aux acteurs syndicaux –, mais pas uniquement.

La formation n’étant pas un objet isolé, les auteurs lient étroitement ses évolutions aux choix économiques et politiques opérés au fil du temps. Des réformes régulières – une quinzaine, souvent des accords nationaux interprofessionnels (ANI) suivis d’une loi – se sont succédé pour actualiser le cadre juridique de la formation, en faisant davantage coïncider actions de formation et emploi pour répondre aux crises successives, à la mondialisation et au chômage de masse. En outre, les régions et les organismes paritaires ont vu leur rôle évoluer.

Le développement des compétences au détriment des qualifications symbolise le dévoiement du système de 1971, selon Didier Gelot et Djamal Teskouk. Il fait de l’individu le responsable de son employabilité. « La notion de responsabilisation des salariés, apparue au milieu des années 1990, a été fortement étendue et est aujourd’hui associée à celle de parcours professionnel », avancent les auteurs. Les inégalités d’accès à la formation continue se sont dès lors accrues, et les salariés ont de plus en plus été invités à se former hors temps de travail, en partie sur leurs deniers. Le droit individuel à la formation (DIF) consacre en 2004 ce principe dit de « co-investissement », qui dissocie temps de formation et temps de travail.

Les auteurs pointent surtout du doigt la loi de 2018 « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » : précédée par l’introduction du compte personnel de formation (CPF) en 2014, elle sonne l’aboutissement d’un processus d’individualisation excessive de la formation, et d’une « déresponsabilisation des employeurs ». Elle considère que le salarié doit s’adapter aux besoins immédiats des entreprises, ce qui favorise la multiplication des formations courtes sans réelle valeur ajoutée, notamment dans les métiers peu qualifiés.

 

La formation professionnelle: Enjeu stratégique de l’économie

La formation professionnelle: Enjeu stratégique de l’économie

Il est urgent de faire monter en compétences la population active estime un papier de Carole Papazian dans L’Opinion .

 

Un article intéressant qui souligne la dimension sociale de la relance économique durable et l’énorme effort à opérer en matière de formation dans les quelques années à venir. Un papier qui toutefois n’aborde pas suffisamment l’attractivité de certains métiers dans les conditions d’exercice n’incite pas à s’y investir ( les auxiliaires de vie par exemple, certaines catégories médicales ou encore certains métiers du bâtiment). Le manque aussi de différences entre les revenus du travail et les revenus de la solidarité. Sans parler de l’affaiblissement de la valeur travail. À noter également la responsabilité parentale qui favorise des orientations vers l’université et qui traduit une certaine condescendance voir un mépris pour l’apprentissage. Bilan des diplômes universitaires dévalorisés dont certains conduisent directement  dans la fonction publique ou à pôle emploi.

 

Comment atteindre le plein-emploi et suivre la trace de pays où le taux de chômage est historiquement bas, comme l’Allemagne (5,3 % en novembre), les pays scandinaves (autour de 6 %) ou ceux d’Europe de l’Est (4 % environ en moyenne) ? Malgré un taux de chômage de 7 %, et un marché des offres d’emploi dynamique, le Graal est encore loin pour la France, qui comptabilise 3 millions d’actifs inoccupés. Le contexte de la crise sanitaire rend l’objectif d’autant plus compliqué à atteindre que l’Hexagone pèche par ses capacités de production et de services et du niveau de qualification de sa population active.

C’est un des chevaux de bataille de Patrick Artus, directeur de la recherche et des études économiques de Natixis et membre du Cercle des économistes, qui explique combien le déficit de formation d’une partie de nos jeunes pose problème, en dépit du rebond de la croissance économique, indéniable, mais qui ne doit pas occulter les défis qui attendent la France… Et comme ces jeunes deviennent ensuite des adultes, cette carence perdure tout au long de leur vie. L’enjeu, aujourd’hui, porte à la fois sur les formations initiale et professionnelle. Selon l’institut Rexecode, « le marché du travail français exclut de plus en plus les moins diplômés (soit 18 % des 20 à 64 ans en France contre 14 % en Allemagne). Or, on ne gagnera pas la bataille du plein-emploi sans eux. « Depuis vingt ans, nous avons transformé de nombreux emplois intermédiaires en emploi bas de gamme. Il faut désormais augmenter le niveau de gamme des emplois », analyse Patrick Artus.

Spécificités régionales. Beaucoup de métiers sont aujourd’hui sous tension et les entreprises peinent à recruter. C’est le cas dans l’hôtellerie et la restauration, mais aussi dans les professions du grand âge. Il existe aussi des spécificités régionales. « Les causes de ces tensions diffèrent d’un bassin à l’autre : problèmes d’accès au logement dans les zones les plus attractives (Pays de la Loire, Provence-Alpes-Côte d’Azur…), faible niveau de formation des demandeurs d’emploi (60 % d’entre eux ont un niveau infrabac dans la région Grand Est), freins à la mobilité dans les territoires ruraux (Normandie, Bourgogne-Franche-Comté…), manque d’attractivité des métiers peu qualifiés et à forte pénibilité, gestion des gardes d’enfants… », a reconnu récemment Elisabeth Borne, la ministre du Travail. Ce sont les acteurs de terrain qui connaissent le mieux la conjoncture locale. « En Ile-de-France, trois secteurs sont en forte progression, le sanitaire et le social, la construction et la tech » explique Stéphane Maas, directeur de Transitions Pro Ile-de-France.

Pour faire face à ces tensions, les pouvoirs publics ont décidé d’investir dans le capital humain avec un budget de 1,4 milliard d’euros pour le plan de réduction des tensions de recrutement. Concrètement, il s’agit de permettre aux entreprises de s’adapter aux transitions numériques et écologiques. L’État va ainsi débloquer 600 millions d’euros afin de permettre aux PME de moins de 300 salariés de former 350 000 personnes en plus. Un effort est également mis sur les demandeurs d’emploi : une enveloppe supplémentaire de 560 millions d’euros a été mise sur la table pour former 1,4 million d’entre eux en 2022. Enfin, pour accompagner les chômeurs de longue durée et répondre aux besoins des entreprises, 240 millions d’euros seront mobilisés pour étendre les aides à l’embauche de 8 000 euros dans le cadre des contrats de professionnalisation, aujourd’hui réservés aux jeunes. C’est le bon moment pour relever ce défi des compétences. En effet, la pandémie, le changement de modèle pour une croissance plus responsable et les avancées technologiques peuvent être des catalyseurs pour former les actifs dont les métiers sont en panne. « Depuis cette crise, de nombreux salariés ont aussi réfléchi à leur profession et ils sont plus nombreux qu’avant à envisager de se reconvertir. La crise sanitaire a aussi débloqué le recours à la formation professionnelle : avant, certaines entreprises freinaient, maintenant, elles ont compris qu’elles ont intérêt à anticiper et à permettre à leurs salariés dont les métiers seront en difficulté dans l’avenir de se former. C’est une stratégie de moyen-court terme, mais aussi de long terme pour les emplois émergents », constate Stéphane Maas, directeur de Transitions Pro Ile-de-France, organisme paritaire régional interprofessionnel, créé en janvier 2020, connu auparavant sous le nom de Fongecif.

Anticiper. Afin d’aider les Français à s’orienter vers les métiers à forte perspective d’emploi, les préfets ont d’ailleurs établi une liste régionalisée de métiers porteurs en concertation avec les Comités régionaux de l’emploi, de l’orientation et de la formation professionnelles (CREFOP). Pour que le pari fonctionne, il faudra toutefois que l’effort de formation reste au cœur de l’action publique dans les années qui viennent.

L’enjeu, c’est évidemment d’éviter l’augmentation du chômage structurel, celui de personnes inadaptées à l’économie de demain. « Les compétences, c’est une variable centrale dans l’économie. Elles sont complètement corrélées au taux d’emploi, au taux de chômage, au poids de l’industrie dans l’économie, à la vitesse de modernisation des entreprises, à la vitesse de numérisation de l’économie, au commerce extérieur », avertit Patrick Artus. Pour augmenter les compétences, il faudra agir à plusieurs niveaux, dès les petites classes à l’école, en développant davantage l’apprentissage et en suivant les jeunes déscolarisés. La formation permanente doit aussi enclencher une vitesse supérieure. « Notre système de formation va devoir aborder un immense défi : reconvertir, accompagner, former des millions de travailleurs disqualifiés par la crise » prévenait dès l’an dernier l’économiste selon qui nous sommes à l’aube d’un « grand reset social, professionnel et économique ».

« Il va falloir recalibrer les instituts de formation pour qu’ils voient arriver des centaines de milliers de gens qui vont essayer de se requalifier. Le problème est de ne pas être submergé par le monde, c’est bien de former les gens mais c’est compliqué, c’est très individualisé… », admet ce dernier. Si les besoins de reconversion montent en flèche, il faudra trouver des moyens de répondre à la demande. « La plupart des organismes de formation n’auront ni les moyens technologiques, ni pédagogiques, ni même organisationnels d’accueillir des centaines de milliers (ou millions) de travailleurs à reconvertir dans les 2 ou 3 ans à venir », estimait l’économiste il y a un an. L’Etat a dégagé une première enveloppe budgétaire conséquente depuis, mais l’effort budgétaire nécessaire pour gagner la bataille de la formation professionnelle ne fait sans doute que commencer.

Formation- Trop d’élèves dans les universités pas assez en apprentissage

Formation- Trop d’élèves dans les universités pas assez en apprentissage

 

L’enseignant  Erwan LE CORNEC agressé de toutes parts pour avoir dénoncé le niveau lamentable de son université en Bretagne occidentale explique dans le Figaro que le niveau de l’université ne cesse de diminuer surtout avec le bac [Covid. ] . Il dénonce l’orientation scolaire qui conduit nombre d’étudiants à rejoindre l’université sans en avoir les compétences au lieu de les orienter vers des métiers manuels dont la France manque cruellement.

 

Dans votre courriel, vous décrivez l’UBO comme une université de «seconde zone». Qu’entendez-vous par là?

À l’université, le niveau est hélas devenu catastrophique. J’ai 25 ans de service public et je constate qu’il n’a fait que se dégrader. C’est un effet domino: à partir du moment où, à l’école primaire, on ne met pas suffisamment les moyens pour leur faire acquérir les fondamentaux, qu’on impose aux enseignants des méthodes pédagogiques idiotes et surtout dangereuses et qu’on fait croire aux jeunes que leur salut c’est l’université, alors forcément leur retard et leurs difficultés ne vont faire qu’augmenter.

Quelles solutions alors?

Leur place, à ces jeunes qui ont accumulé les insuffisances tout au long de leur circuit scolaire jusqu’à l’université, n’est précisément pas à l’université. Ils ont d’autres qualités mais pas celles qui permettent un parcours dans le supérieur. On a aujourd’hui besoin de boulangers, de plombiers, de tapissiers, de plaquistes, de charpentiers, de couvreurs, de peintres en bâtiment… Que ces gamins-là, au lieu d’être induits en erreur et encouragés à s’inscrire à l’université, s’inscrivent en CAP ou trouvent des contrats d’apprentissage.

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