Archive pour le Tag 'modèle'

Hongrie: Un « modèle » de populisme

Hongrie: Un « modèle » de populisme

 

Tout leader populiste souhaitant se maintenir dans la durée peut désormais s’inspirer du modèle développé par le premier ministre hongrois, Viktor Orban, estime, dans une tribune au « Monde », le chercheur Tibor Dessewffy, membre du Conseil européen pour les relations internationales.
Plusieurs élections-clés se sont déroulées ou se dérouleront en 2024 et leurs enjeux sont d’autant plus élevés que nous assistons à une montée en puissance de la droite populiste. Les élections européennes de juin ont permis de constater à quel point l’extrême droite disposait de larges soutiens. En France, les résultats de ce vote ont poussé Emmanuel Macron à dissoudre l’Assemblée nationale et à convoquer des élections législatives anticipées, où le Rassemblement national a obtenu 125 députés. Tandis qu’en Autriche, le Parti de la liberté a enregistré, le 29 septembre, une victoire historique en arrivant en tête lors des élections générales.

A la suite de l’ascension inexorable de son parti, Fratelli d’Italia, la première ministre italienne, Giorgia Meloni, est désormais considérée comme une faiseuse de rois au sein du Parlement européen. En Allemagne, la croissance électorale d’Alternative pour l’Allemagne érode l’autorité de la coalition gouvernementale dirigée par le Parti social-démocrate. Et tout cela précède l’éventuel retour de Donald Trump à la tête des Etats-Unis, actuellement au coude-à-coude avec Kamala Harris dans les sondages [en vue de la présidentielle du 5 novembre].

Le succès électoral de ces partis est une chose, mais leur maintien au pouvoir en est une autre. Toutefois, en Hongrie, avec le premier ministre Viktor Orban, les populistes d’aujourd’hui disposent d’un exemple concret de la manière dont ils peuvent asseoir leur influence à long terme.

M. Orban est premier ministre de la Hongrie, avec une majorité constitutionnelle, depuis quatorze ans. Il dispose donc de tous les leviers pour remodeler le pays. Et son mandat au sommet du système politique en dit long sur la façon dont les institutions démocratiques peuvent devenir vulnérables aux stratégies populistes.

Pour réussir, un populiste doit posséder certaines caractéristiques essentielles : le charisme et un discours simpliste mêlant orgueil national et défense du pays contre de prétendues menaces extérieures. Mais il doit aussi disposer d’un savoir-faire pour construire les infrastructures politiques sur lesquelles s’appuyer afin de prendre véritablement le contrôle de son pays.

Peu de populistes détiennent tous ces atouts. Jaroslaw Kaczynski, chef du parti polonais Droit et justice au pouvoir de 2015 à 2023, a pu exercer une très large influence sur l’Etat, mais n’a pas eu le charisme suffisant pour que son parti conserve le pouvoir indéfiniment.

Des leaders comme Donald Trump ont cette qualité, mais peinent à s’organiser et à construire le pouvoir institutionnel nécessaire pour rester au pouvoir. M. Orban inspire cependant la droite américaine. Le sénateur J. D. Vance, colistier de l’ancien président, a récemment déclaré que les Etats-Unis « pourraient beaucoup apprendre » de la Hongrie. Quant à M. Trump lui-même, il a affirmé : « Il n’y a personne qui soit meilleur, plus intelligent ou meilleur dirigeant que Viktor Orban. Il est fantastique. »

 

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France: Pourquoi pas de modèle économique consensuel ?

France:  Pourquoi pas de modèle économique consensuel ? 

 

Le consultant Patrick d’Humières constate, dans une tribune au « Monde », qu’aucun parti politique ne soutient les principes d’une économie efficace et « responsable », alliant principes de bonne gouvernance et juste répartition de la valeur.

 

Nos partis politiques ne sont pas les meilleurs économistes du pays… Depuis deux siècles, chacun s’accroche à une vision idéologique des équilibres macroéconomiques qui n’a guère varié : les libéraux professent l’efficacité des marchés libres depuis la révolution industrielle du XIXe siècle, la répartition de la valeur devant rester leur affaire, et l’Etat n’aurait pas à s’en occuper ; les socioredistributifs, auxquels les échecs de l’Etat-providence n’ont rien appris jusqu’à ce jour, affichent depuis la grande crise des années 1930 un keynésianisme ; quant aux étatistes, qui ont eu leur heure de gloire à travers le redressement gaulliste, ils n’avouent pas qu’ils sont enfermés dans le protectionnisme et l’affaiblissement des droits contractuels des parties.

La crise démocratique actuelle a relancé cette triple offre régressive et dépassée, qui s’émancipe des savoirs d’efficacité économique existants et fait fi des schémas adoptés par la plupart de nos partenaires développés. En plus du fait qu’elle représente un coût social et démocratique très élevé.

Mais pourquoi donc la France n’est-elle pas parvenue à se doter au fil de ses soubresauts politiques d’un modèle économique consensuel qui aurait permis de sanctuariser les grandes règles du jeu économique applicables aux entreprises ? L’explication la plus connue est la complicité inavouée entre un pilotage étatique qui ne se lasse pas de faire gonfler la sphère de l’aide publique et les grands groupes qui savent négocier leur liberté et leur fiscalité, sans que la réflexion sur l’intérêt général soit très approfondie.

C’est ce mécanisme que révèle, par exemple, le récent rapport du Sénat sur la façon dont Total assume plus ou moins les intérêts collectifs français : les sénateurs en ont conclu qu’une action publique spécifique devrait permettre à l’Etat de faire mieux respecter les intérêts énergétiques français par la multinationale.

Les trois modèles historiques ont leurs thuriféraires intéressés dans chaque camp. Ils occultent la montée des aspirations de la plupart des Français pour une économie responsable, alliant des principes de bonne gouvernance à une juste répartition de la valeur, en passant par des constantes de fiscalité et de contribution locale et sociale visant un « juste profit ».

Pour un nouveau modèle de gouvernance financière

Pour un nouveau modèle de gouvernance financière

 

Le spécialiste en gestion et finance publiques Michel Bouvier et l’expert-comptable Emmanuel Millard plaident, dans une tribune au « Monde », pour un nouveau modèle de gouvernance financière publique qui accompagnerait la nouvelle législature.

 

La maîtrise de l’évolution des dépenses publiques, de la dette publique, des déficits publics voire de la pression fiscale fait problème depuis des décennies. Et, malgré une sophistication croissante des outils de gestion, c’est un constat d’impuissance qui s’impose. Par ailleurs, cela fait trop longtemps que les mêmes solutions sont avancées. Depuis plus de quarante ans, les propositions qui se sont succédé sont récurrentes et relèvent soit du bricolage de dispositifs existants à bout de souffle, soit de discours idéologiques inlassablement répétés.Ces réponses se rattachent à un monde en train de disparaître. Il est donc maintenant crucial, afin d’être en mesure de réguler efficacement le système financier public, d’inventer un modèle de gouvernance adapté à une société fragile et en devenir constant.

Or, à peine élus ou nommés, les nouveaux gouvernants devront s’affronter à l’enjeu majeur de l’assainissement des finances publiques. Ils auront, en premier lieu, à les piloter, ce qui ne peut se limiter au budget de l’Etat comme beaucoup de nos contemporains semblent encore le croire. Les finances publiques sont bien plus complexes.

Il faut en effet rappeler que l’on est en présence de trois types d’acteurs, l’Etat, les collectivités locales, la Sécurité sociale (dont les dépenses sont de loin les plus élevées des trois). Plus encore, ces acteurs sont eux-mêmes liés à de multiples opérateurs ou « satellites » dont le mode de pilotage est encore très imparfait et très différent.

Si l’on y regarde de près, on est en présence d’un fourmillement d’institutions publiques et privées relevant toutes des politiques financières publiques. Ce serait une erreur que de les traiter isolément, car elles forment un ensemble au sein duquel les unes rétroagissent sur les autres. L’enjeu, difficile, est de les mettre en cohérence afin d’en réguler l’évolution. Il est donc impératif de cesser de les considérer comme des éléments indépendants les uns des autres, voire antagoniques. Il est primordial de rompre avec une conception cloisonnée de l’action publique.

Ben Laden : nouveau modèle idéologique !

Ben Laden : nouveau modèle idéologique !


Chez les étudiants gauchistes notamment anglo-saxons Ben Laden devient maintenant un modèle idéologique pour inspirer les luttes. Cela grâce au miracle des réseaux sociaux dont certains ressortent un vieux document du terroriste, sorte de nouvelle cible. Évidemment on fait l’impasse sur les crimes de l’intéressé, du contexte et tout simplement sur l’histoire.

Seul subsiste sur les réseaux sociaux, la mode de l’instant même si cela est contesté historiquement et scientifiquement. Compte tenu de la viralité, de ce document le journal britannique The Guardian a supprimé un lien vers cette lettre attribuée à Oussama Ben Laden, publiée en 2002, qui revendiquait les attentats du 11 septembre 2001, où il dénonçait le soutien américain à Israël et appelait à venger le peuple palestinien. Ce texte aujourd’hui très repris sur les réseaux sociaux et sorti de son contexte, en pleine guerre Hamas-Israël.

«Cette transcription publiée sur notre site internet a été largement partagée sur les réseaux sociaux sans le contexte complet. Nous avons donc décidé de l’enlever et à la place de rediriger nos lecteurs vers l’article qui la contextualisait à l’origine», précise le journal. Dans cette «Lettre à l’Amérique», Oussama Ben Laden, tué en 2011 par une unité d’élite américaine dans le nord du Pakistan, y justifiait les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis et menaçait de s’en prendre de nouveau aux intérêts occidentaux.

Cette lettre, qui appelle aussi à venger le peuple palestinien, a ressurgi notamment sur TikTok, dans le contexte du conflit déclenché le 7 octobre par l’attaque meurtrière du Hamas en Israël, qui en représailles a promis d’éradiquer le groupe islamiste et mène des bombardements massifs dans la bande de Gaza. L’origine de la résurgence de la lettre a été associée par plusieurs médias à une vidéo postée mardi sur TikTok par une influenceuse.Le réseau X (anciennement tweet) n’est pas en reste en matière d’intoxication puisque Elon Musk a même approuvé un texte antisémite !

Crise du logement : changer de modèle

Crise du logement : changer de modèle

Un collectif de 26 acteurs du secteur immobilier appelle, dans une tribune au « Monde », à favoriser la mobilité des parcours résidentiels, bloquée aujourd’hui par les règles fiscales, urbanistiques et techniques.

Il est toujours bon de le rappeler : le secteur du bâtiment est responsable de près de la moitié de la consommation d’énergie et d’un quart des émissions de gaz à effet de serre en France. Si le « verdissement » de l’activité est en cours avec, il y a comme dans tous les secteurs, des engagements sincères, des projets remarquables porteurs de réels impacts, mais aussi encore beaucoup trop de discours marketing dévoilant en creux la résistance de l’ancien monde de l’immobilier.

Cette transformation nous semble trop lente et surtout fait l’impasse sur une question majeure : l’évolution des modes de vie et les aspirations contrariées de celles et ceux qui vivent dans ces logements dans un contexte de crise sociale montante. Y répondre pourrait aider à s’engager sur la voie d’une sobriété immobilière devenue nécessaire.

Une enquête IPSOS pour RTE révèle que 30 % des ménages, soit neuf millions de ménages représentant près de 20 millions de personnes, envisagent de déménager pour aller vers un logement plus petit et faire ainsi des économies (c’est l’argument principal cité par 50 % des répondants) ou simplifier l’entretien d’un logement devenu trop grand (Modes de production, sobriété et efficacité énergétique : état des lieux sur les comportements et attitudes des Français, juin 2023).

C’est le moment de réinventer le modèle !
La mobilité résidentielle permettant de changer de logement en fonction des évolutions de la vie de chacun est une attente majeure. Cette attente est aujourd’hui bloquée. Trop de ménages se retrouvent assignés à résidence, piégés par un système qui, dopé depuis plusieurs décennies aux taux d’intérêt bas et aux aides gouvernementales multiples, a engendré une flambée des prix de l’immobilier.

Si un grand nombre a vu sa richesse immobilière s’accroître, l’accès à la propriété des Français les moins aisés a aussi fortement baissé et le marché locatif est à son tour touché. La mobilité résidentielle est aujourd’hui grippée par la chute du marché de la construction neuve, affaiblie par la montée des taux d’intérêt et l’explosion du coût des matériaux.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Quand l’immobilier n’est plus une valeur refuge

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Le spectre des années noires de 1990 et 2008 ressurgit tandis que certains prédisent une cure de sobriété immobilière forcée pour les plus jeunes et les moins argentés dans la décennie à venir. C’est le moment de réinventer le modèle ! Nous devons d’abord prendre conscience que le parc de logements existant est aujourd’hui en

Un collectif de 26 acteurs du secteur immobilier appelle, dans une tribune au « Monde », à favoriser la mobilité des parcours résidentiels, bloquée aujourd’hui par les règles fiscales, urbanistiques et techniques

Il est toujours bon de le rappeler : le secteur du bâtiment est responsable de près de la moitié de la consommation d’énergie et d’un quart des émissions de gaz à effet de serre en France. Si le « verdissement » de l’activité est en cours avec, il y a comme dans tous les secteurs, des engagements sincères, des projets remarquables porteurs de réels impacts, mais aussi encore beaucoup trop de discours marketing dévoilant en creux la résistance de l’ancien monde de l’immobilier.

Cette transformation nous semble trop lente et surtout fait l’impasse sur une question majeure : l’évolution des modes de vie et les aspirations contrariées de celles et ceux qui vivent dans ces logements dans un contexte de crise sociale montante. Y répondre pourrait aider à s’engager sur la voie d’une sobriété immobilière devenue nécessaire.

Une enquête IPSOS pour RTE révèle que 30 % des ménages, soit neuf millions de ménages représentant près de 20 millions de personnes, envisagent de déménager pour aller vers un logement plus petit et faire ainsi des économies (c’est l’argument principal cité par 50 % des répondants) ou simplifier l’entretien d’un logement devenu trop grand (Modes de production, sobriété et efficacité énergétique : état des lieux sur les comportements et attitudes des Français, juin 2023).

La mobilité résidentielle permettant de changer de logement en fonction des évolutions de la vie de chacun est une attente majeure. Cette attente est aujourd’hui bloquée. Trop de ménages se retrouvent assignés à résidence, piégés par un système qui, dopé depuis plusieurs décennies aux taux d’intérêt bas et aux aides gouvernementales multiples, a engendré une flambée des prix de l’immobilier.

Si un grand nombre a vu sa richesse immobilière s’accroître, l’accès à la propriété des Français les moins aisés a aussi fortement baissé et le marché locatif est à son tour touché. La mobilité résidentielle est aujourd’hui grippée par la chute du marché de la construction neuve, affaiblie par la montée des taux d’intérêt et l’explosion du coût des matériaux.

Le spectre des années noires de 1990 et 2008 ressurgit tandis que certains prédisent une cure de sobriété immobilière forcée pour les plus jeunes et les moins argentés dans la décennie à venir. C’est le moment de réinventer le modèle !

Sport et préparation mentale : le modèle du rugby français

Sport et préparation mentale : le modèle du rugby français

Lors du match inaugural de la Coupe du monde de rugby, le XV de France a brillamment illustré le parcours solide qu’il a suivi au cours des quatre dernières années. Face aux All Blacks, un adversaire historique invaincu en phase de poules de cette compétition, les défis étaient multiples. Aussi, la sérénité manifestée par les joueurs français n’est pas le fruit du hasard. Elle souligne une transformation profonde dans l’approche de l’optimisation de la performance. Aujourd’hui, le rugby français témoigne d’une réorientation significative de la manière dont est intégrée la préparation mentale, désormais conçue comme une composante clé du plan de performance en s’appuyant sur des connaissances scientifiques avancées.

par Mickaël Campo
Chercheur en psychologie du sport et responsable de la préparation mentale à la FFR, Université de Bourgogne – UBFC dans the Conversation

Après plus de deux décennies d’initiatives diverses et variées ayant tenté de prendre en compte la dimension mentale, un tournant a été opéré en 2019 avec une collaboration inédite entre la Fédération française de rugby (FFR) et l’Université de Bourgogne. Objectif : mettre en place un accompagnement scientifique dans l’élaboration, la structuration et la mise en œuvre d’un modèle de performance incluant la dimension mentale au cœur des pratiques.

Cette initiative visait à conduire à la création d’un pôle de psychologie du sport au sein du département d’accompagnement à la performance de la FFR, résolument ancré dans une philosophie fondée sur la rigueur et l’évidence scientifique.

Le travail réalisé a alors permis d’accompagner les entraîneurs de l’ensemble des équipes de France de rugby (équipes masculines et féminines de rugby à XV et à 7 olympiques) au travers de différentes approches allant de la formation et l’accompagnement des staffs à l’intervention en préparation mentale des équipes, en passant par l’encadrement scientifique des projets de performance.

La mise en œuvre de ce modèle de performance impacte les jeunes potentiels dans leur formation. Ainsi, la planification de l’entraînement des habiletés mentales (PEHM) représente près de 200 heures d’entraînement spécifique dans le parcours de formation sur trois ans d’Académie Pôle-Espoirs. Nous incluons par exemple un travail sur le développement des compétences émotionnelles, ou les capacités de leadership.

Les joueurs et joueuses internationaux bénéficient de leur côté d’une prise en compte de l’optimisation de cette dimension, par les staffs désormais sensibilisés, voire clairement formés en interne aux connaissances en psychologie du sport.

Le XV de France est d’ailleurs l’une des principales illustrations, avec également l’apport d’un travail spécifique réalisé chaque semaine depuis quatre ans avec cette équipe.

En prévision des Jeux olympiques de Paris, la démarche mise en œuvre par la Fédération française de rugby offre ainsi un bel exemple de la manière dont les sciences humaines peuvent nourrir l’optimisation de la performance sportive, permettant in fine aux athlètes, staffs et équipes de maîtriser la pression des grandes occasions.

Mais il s’agit alors de savoir naviguer dans la complexité, dans l’univers encore méconnu de la préparation mentale en sports collectifs. Car lorsque l’on évoque la notion de préparation mentale en sports collectifs de très haut niveau, nous nous confrontons inévitablement à sa dimension labyrinthique et aux fines nuances qui l’entourent et qui exigent une approche adaptée aux réalités et besoins des équipes et des entraîneurs.

Il apparaît alors clairement que la préparation mentale « traditionnelle », réalisée le plus souvent en tête-à-tête avec un joueur dans un cadre de consultations individuelles, ne parvient pas à englober entièrement la profondeur et la complexité de l’écosystème de performance collective, riche en interactions sociales incessantes. Juste à titre d’illustration, on notera que le XV de France est constitué actuellement de plus de 60 personnes, comprenant 33 joueurs et un staff composé de 30 experts…

Dans un contexte où de nombreuses personnes aux formations diversifiées se revendiquent préparateurs mentaux, parfois sous des intitulés ambigus (coach mental, entraîneur cérébral, développeur de talent, etc.), il est courant de voir le recours à l’utilisation systématique et simpliste d’outils et d’approches dogmatiques qui prétendent offrir une solution universelle. On peut alors légitimement s’interroger sur la véritable profondeur de cette maîtrise, surtout lorsqu’il s’agit du domaine spécifique des sports collectifs.

La préparation mentale, en particulier dans les sports collectifs, requiert une expertise pointue et se base sur des fondements scientifiques solides, ne laissant pas de place à l’approximatif dont souvent découle aussi le manque d’éthique.

À l’image d’autres nations sportives majeures, le sport français peut à cet égard s’appuyer sur sa société savante, la Société française de Psychologie du Sport. Cette entité veille à la rigueur éthique et scientifique de la discipline, garantissant une orientation conforme aux standards les plus exigeants. Dans une volonté de parfaire son modèle, la FFR vient tout juste d’initier une collaboration étroite avec la SFPS.

Le département d’accompagnement à la performance de la Fédération française de Rugby (FFR), sous la responsabilité du docteur Julien Piscione, s’est longtemps ancré dans les sciences de la vie pour mener ses recherches visant l’optimisation de la performance et le soutien des jeunes talents.

Créé en 2002 en tant que cellule de recherche, il peut être noté que ce département était dirigé au départ par un chercheur en sciences de l’éducation (Daniel Bouthier de l’Université de Bordeaux), puis par une chercheuse en sciences sociales (Hélène Joncheray, de l’INSEP – Institut national du sport, de l’expertise et de la performance), avec donc une sensibilité déjà bien présente pour les SHS.

Il y a cinq ans, Julien Piscione et Didier Retières, alors directeur technique national, ont choisi de mettre davantage l’accent sur la dimension mentale. Initiée 25 ans plus tôt par des entraîneurs nationaux tels que Fabrice Brochard, Michel Jeandroz et Riadh Djaït, Julien Piscione et Didier Retières ont su reconnaître son importance et lui donner une place centrale dans la formation et la préparation des athlètes, poursuivant ainsi une tradition d’innovation dans l’optimisation de la performance à la FFR.

En s’inspirant du modèle systémique de la performance, qui souligne l’intrication profonde et complexe de la dimension mentale dans les sports collectifs, une grande importance a notamment été accordée à la formation des entraîneurs pour que les staffs des équipes de France aient en leur sein des personnes formées aux bases scientifiques de la psychologie du sport.

Au-delà de leur formation et de leur accompagnement, nos staffs peuvent aussi désormais être renforcés par l’apport de préparateurs mentaux, aguerris aux caractéristiques des sports collectifs et titulaires d’un doctorat en psychologie du sport.

Épousant ainsi une philosophie fermement ancrée sur la précision et l’évidence scientifique, une démarche méthodique a donc été adoptée pour structurer et développer la préparation mentale sur la base des connaissances en psychologie du sport, s’adressant à tous les niveaux, des écoles de rugby jusqu’aux équipes nationales, en englobant toute la filière jeune.

Le partenariat avec la faculté des sciences du sport de l’université de Bourgogne a donc permis non seulement de structurer une démarche, mais aussi de développer des programmes de recherche appliquée visant à répondre aux besoins d’innovation dans le domaine de la performance sportive, dans un contexte sportif international ultra-concurrentiel.

Le sélectionneur Fabien Galthié, très sensible à l’importance du facteur humain, a souhaité dès le début intégrer la préparation mentale comme l’un des pivots de sa stratégie de performance.

Cet élan global avait été notamment amorcé par les équipes de France olympiques de rugby à 7 dès 2018 avec les sélectionneurs Jérôme Daret (7 masculin) et David Courteix (7 féminin), puis les équipes de France jeunes et le XV de France féminin, toutes distinguées par de brillantes performances les plaçant sur de nombreux podiums de la scène internationale durant ces dernières années.

Ainsi, il doit être soulevé que l’observation de ce XV de France si « fort mentalement » est la résultante d’un processus beaucoup plus long et complexe qu’un potentiel lien simpliste et direct qui pourrait être fait avec les interventions en préparation mentale réalisées pendant une préparation de Coupe du monde ! L’incroyable capacité de ces athlètes de très haut niveau sur le plan mental est, il me semble, davantage le fruit d’une longue acculturation à la dimension mentale dans leur parcours de formation en club, en académies fédérales et au sein des équipes de France jeunes, ainsi qu’au travail approfondi réalisé par l’ensemble du staff du XV de France durant ces quatre années.

Les interventions spécifiques en préparation mentale ont juste complété ce travail de construction de longue haleine en apportant des connaissances scientifiques nouvelles et directement mobilisables par les joueurs dans la gestion mentale de la compétition à niveau international.

Une autre évolution marquante se manifeste également au sein même de l’activité scientifique, que ce soit dans le cadre d’une activité de recherche et développement ou dans l’accompagnement scientifique des équipes.

Particulièrement, une étude que nous avons menée dans le rugby a montré que les émotions collectives (la manière dont chaque joueur perçoit l’émotion de l’équipe en tant qu’entité) avaient plus d’effets sur les performances individuelles et collectives que les émotions individuelles des joueurs.

Partant d’un constat d’instabilité de performances des équipes de France de rugby à cette époque (rappelons-nous par exemple du match inaugural de la Coupe du Monde 2007 en France, où les Bleus avaient essuyé une défaite face à l’Argentine (12-17)), le pôle de psychologie du sport a investi ce nouveau paradigme scientifique, totalement aligné avec le terrain de la performance collective.

Avec la collaboration des entraîneurs nationaux, des normes d’expression émotionnelles ont été établies afin d’optimiser la façon d’exprimer ses émotions sur le terrain.

Des programmes visant à renforcer l’intelligence émotionnelle] ont été également intégrés aux planifications des rassemblements internationaux, favorisant ainsi le développement de compétences adaptatives et des stratégies collectives de régulation émotionnelle. Cela consiste essentiellement en la planification de travaux par groupes visant à développer les principales compétences émotionnelles (expression, reconnaissance, régulation, etc.), sur le plan individuel, mais surtout collectif.

L’objectif était de maîtriser les phénomènes de contagion émotionnelle à l’origine des craquages sous pression.

Dans ce contexte, nous avons développé la notion de « temps non-joués » qui correspond aux temps de match pendant lequel les joueurs, qui sont sur le terrain, ne sont pas impliqués directement dans l’action, dans le jeu (par exemple après un essai, pendant un arbitrage video, etc). Cela représente 54 % du temps d’un match international. Ces temps revêtent donc une importance cruciale dans l’optimisation de la performance collective, notamment dans l’opportunité que cela ouvre de pouvoir être davantage en maîtrise du vécu émotionnel collectif.

L’exemple typique que l’on peut observer sont les rassemblements des joueurs après avoir marqué un essai (bulles de maîtrise).

Ces travaux ont amené à prioriser la compréhension de l’identité collective et des phénomènes de contagion émotionnelle en tant que leviers d’optimisation de la performance.

Le projet TEAM SPORTS en est l’illustration majeure. Financé dans le cadre du Programme Prioritaire de Recherche Sport de Très Haute Performance, il est mené en collaboration avec les principales fédérations olympiques de sports collectifs (FFR, FFF, FFHB, FFVolley, et FFBB).

Mobilisant une trentaine de chercheurs, provenant d’institutions telles que l’Université de Bourgogne, l’Inserm, le CEA, l’ENSAM et l’Université de Rouen, ce programme ambitieux se penche sur la façon dont les dynamiques individuelles et collectives s’entrecroisent au sein des équipes de haut niveau.

Les premiers résultats montrent, par exemple, que lors de séance d’entraînements à haute intensité très utilisées à haut niveau, l’accent devrait être mis sur des enjeux individuels plutôt que sur l’appartenance à l’équipe pour permettre aux joueuses et joueurs de repousser leurs limites.

Aussi, à travers 196 entretiens approfondis, des éclairages ont été également obtenus sur les facteurs qui encouragent soit le renforcement du « JE », soit celui du « NOUS » (identité collective), des données qui peuvent venir éclairer les entraîneurs dans leur stratégie managériale.

D’autres résultats montrent également que le sentiment d’appartenance à une équipe influence profondément les interactions motrices et les décisions ainsi que de la manière dont les informations sont prises durant le jeu.

Par exemple, nos études ont montré que les joueurs qui sont moins identifiés au groupe ont tendance à davantage capter des informations qui pourraient leur être utile pour la réalisation d’une performance personnelle (par exemple, identifier un espace dans la défense adverse permettant une percée). A contrario, les joueurs les plus identifiés au groupe prendront davantage de repères sur les solutions collectives pour faire avancer le jeu.

TEAM SPORTS a aussi été l’occasion de créer des innovations technologiques, comme des environnements virtuels pour stimuler des états émotionnels, ou des algorithmes sophistiqués permettant de suivre en temps réel les indicateurs de body langage des joueurs, ainsi que d’évaluer en temps réels les niveaux de stress collectif de l’équipe et des adversaires.

Certaines de ces technologies et les connaissances acquises sont d’ailleurs en cours d’utilisation par le XV de France pour la Coupe du monde, permettant de les améliorer encore pour les Jeux de Paris. C’est ainsi, par exemple, que nous connaissons parfaitement nos tendances en compétition. Cela nous a permis de travailler sur la maîtrise de nos temps faibles, comme de nos temps forts, durant nos matches.

Tous ces travaux seront par la suite publiés une fois les Jeux Olympiques passés, pour permettre à la communauté de profiter de cet héritage des Jeux. Mais en amont, les quatorze études réalisées auprès de 900 athlètes et entraîneurs offrent d’ores et déjà un éclairage précieux aux encadrements sportifs, leur fournissant des connaissances pointues pour optimiser leur approche managériale et la gestion mentale de la compétition de haut niveau.

Ce programme de recherche a notamment conduit à l’élaboration d’une formation spécialisée en psychologie du sport, unique en Europe, axée sur l’optimisation de la haute performance collective (D.U OHPCo – Univ. Bourgogne).

Alors que les Jeux olympiques de Paris catalysent un intérêt grandissant pour la préparation mentale au sein du sport français, il est important de comprendre que, comme pour les autres métiers de l’encadrement sportif, la préparation mentale ne peut se construire sans un savoir-faire basé sur une forte assise scientifique.

L’exemple de la FFR, couplé à l’initiative du programme TEAM SPORTS, sert de rappel éloquent : pour être véritablement à la pointe et innover face à une concurrence internationale qui va extrêmement vite, les connaissances scientifiques sont une voie indispensable pour pouvoir naviguer de façon pertinente dans la complexité de la performance collective, et être en mesure non seulement de s’adapter aux chaos souvent rencontrés dans ces écosystèmes, mais aussi de permettre l’innovation incontournable pour performer.

Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 6 au 16 octobre 2023 en métropole et du 10 au 27 novembre 2023 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition porte sur la thématique « sport et science ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site Fetedelascience.fr.

Le projet TEAM-SPORTS a été soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Pour en savoir plus, consultez le site de l’ANR.

L’avenir du modèle économique de la télé classique menacé

L’avenir du modèle économique de la télé classique menacé

Le modèle économique de la télé classique est menacé depuis longtemps mais maintenant il pourrait même être marginalisé par les autres moyens notamment transitant sur Internet. Ainsi les ressources de publicité qui financent les télés privées et une partie des télés publiques sont fléchées aujourd’hui majoritairement vers Internet.

Causes et conséquences : la baisse de fréquentation des chaînes de télévision au bénéfice du Net. Difficile de distinguer les conséquences des causes qui en quelque sorte interagissent. D’une manière générale, l’économie des chaînes classiques contraint à des baisses de qualité qui elle-même génère moins de fréquentation et moins de recettes de publicité. Une sorte de système très pervers qui fait privilégier les longues séquences de bavardage d’experts plus ou moins qualifiés mais qui ont l’avantage de ne pas coûter très cher ( politique en recherche de popularité, militaire en retraite, expert proclamé, représentant d’organisations plus ou moins fantôme, ancienne gloire etc.). Et pendant des heures on rabâche les mêmes informations et sur les chaînes généralistes, on répète assez bêtement les dépêches des agences de presse et les communiqués officiels des institutions et des grandes organisations.

Bref le vrai travail d’investigation et d’analyse est sacrifiée car il demande talent, tant est moyen.

Les télévisions classiques en général sont devenues un peu comme les McDo. C’est de l’info courante pas chère est finalement assez indigeste en tout cas sans véritablement de qualité.

Même les jeux sont bâtis sur le même modèle, les télés réalité et les interviews aussi. Les téléspectateurs un peu exigeant veulent évidemment des informations un peu plus pertinente, un peu plus pointues.

On vit une sorte de révolution indique Roch-Olivier Maistre, le président de l’Arcom, lors de son audition par la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale.

En premier lieu, la sacro-sainte durée d’écoute de la télévision (DEI) est « en diminution structurelle », a-t-il rappelé. Celle-ci reste « encore très élevée » dans l’Hexagone (environ 3 heures 30 par jour), mais a dégringolé de près de 20% depuis 2020. En parallèle, ceux qui regardent la télévision sont de plus en plus vieux. L’âge moyen du téléspectateur est désormais de 57 ans. « Il a augmenté de 10 ans en 10 ans ! », résume Roch-Olivier Maistre. Les jeunes désertent progressivement les chaînes traditionnelles au profit des services de vidéo à la demande (Amazon, Disney ou Netflix) comme des réseaux sociaux (Tiktok, Snapchat et Instagram).

L’essor des grandes plateformes vient bousculer les chaînes. « Elles constituent pour nos groupes nationaux une concurrence croissante sur l’acquisition, les coûts et la diffusion de programmes inédits, en audiovisuel comme en cinéma, et sur l’accès aux talents », poursuit le président de l’Arcom. Surtout, elles se taillent une part gigantesque du marché de la publicité, qui est le carburant des chaînes privées classiques.

« Les acteurs numériques absorbent à eux-seuls plus de la moitié des ressources publicitaires consacrées au médias, détaille Roch-Olivier Maistre. En 2022, nos médias traditionnels tiraient seulement 12% de leurs recettes publicitaires totales de leurs offres numériques. La même année, 66% des recettes de la publicité numérique en France était captée par trois acteurs extra-européens : Google, Meta et Amazon. »

. La distribution directe via Internet (OTT) vient bousculer le modèle historique de la box. » La télévision se mue « en véritable magasin d’applications, à l’image de nos smartphones », renchérit le président de l’Arcom. Elle est, en résumé, de moins en moins la chasse gardée des chaînes.

Le modèle économique de la télé classique menacé

Le modèle économique de la télé classique menacé

Le modèle économique de la télé classique est menacé depuis longtemps mais maintenant il pourrait même être marginalisé par les autres moyens notamment transitant sur Internet. Ainsi les ressources de publicité qui financent les télés privées et une partie des télés publiques sont fléchées aujourd’hui majoritairement vers Internet.

Causes et conséquences : la baisse de fréquentation des chaînes de télévision au bénéfice du Net. Difficile de distinguer les conséquences des causes qui en quelque sorte interagissent. D’une manière générale, l’économie des chaînes classiques contraint à des baisses de qualité qui elle-même génère moins de fréquentation et moins de recettes de publicité. Une sorte de système très pervers qui fait privilégier les longues séquences de bavardage d’experts plus ou moins qualifiés mais qui ont l’avantage de ne pas coûter très cher ( politique en recherche de popularité, militaire en retraite, expert proclamé, représentant d’organisations plus ou moins fantôme, ancienne gloire etc.). Et pendant des heures on rabâche les mêmes informations et sur les chaînes généralistes, on répète assez bêtement les dépêches des agences de presse et les communiqués officiels des institutions et des grandes organisations.

Bref le vrai travail d’investigation et d’analyse est sacrifiée car il demande talent, tant est moyen.

Les télévisions classiques en général sont devenues un peu comme les McDo. C’est de l’info courante pas chère est finalement assez indigeste en tout cas sans véritablement de qualité.

Même les jeux sont bâtis sur le même modèle, les télés réalité et les interviews aussi. Les téléspectateurs un peu exigeant veulent évidemment des informations un peu plus pertinente, un peu plus pointues.

On vit une sorte de révolution indique Roch-Olivier Maistre, le président de l’Arcom, lors de son audition par la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale.

En premier lieu, la sacro-sainte durée d’écoute de la télévision (DEI) est « en diminution structurelle », a-t-il rappelé. Celle-ci reste « encore très élevée » dans l’Hexagone (environ 3 heures 30 par jour), mais a dégringolé de près de 20% depuis 2020. En parallèle, ceux qui regardent la télévision sont de plus en plus vieux. L’âge moyen du téléspectateur est désormais de 57 ans. « Il a augmenté de 10 ans en 10 ans ! », résume Roch-Olivier Maistre. Les jeunes désertent progressivement les chaînes traditionnelles au profit des services de vidéo à la demande (Amazon, Disney ou Netflix) comme des réseaux sociaux (Tiktok, Snapchat et Instagram).

L’essor des grandes plateformes vient bousculer les chaînes. « Elles constituent pour nos groupes nationaux une concurrence croissante sur l’acquisition, les coûts et la diffusion de programmes inédits, en audiovisuel comme en cinéma, et sur l’accès aux talents », poursuit le président de l’Arcom. Surtout, elles se taillent une part gigantesque du marché de la publicité, qui est le carburant des chaînes privées classiques.

« Les acteurs numériques absorbent à eux-seuls plus de la moitié des ressources publicitaires consacrées au médias, détaille Roch-Olivier Maistre. En 2022, nos médias traditionnels tiraient seulement 12% de leurs recettes publicitaires totales de leurs offres numériques. La même année, 66% des recettes de la publicité numérique en France était captée par trois acteurs extra-européens : Google, Meta et Amazon. »

. La distribution directe via Internet (OTT) vient bousculer le modèle historique de la box. » La télévision se mue « en véritable magasin d’applications, à l’image de nos smartphones », renchérit le président de l’Arcom. Elle est, en résumé, de moins en moins la chasse gardée des chaînes.

Transport aérien : changer de modèle !!! (Karima Delli)

Transport aérien : changer de modèle !!! (Karima Delli)

Par Karima Delli, députée européenne, présidente de la commission transport et tourisme du parlement européen dans la Tribune

la députée Européenne issu d’Europe écologie les Verts propose de changer de modèle avant qu’il ne soit trop tard. Si le constat est classique par contre on a du mal à distinguer la nature du modèle proposé. Pour résumer utiliser le train , diminuer la flotte . C’est un peu court comme contenu de politique aérienne surtout de la part de la présidente de la commission transport et tourisme du Parlement européen.

Contradiction supplémentaire, Europe écologie les Verts s’est récemment associé aux manifestations contre la liaison ferroviaire Lyon Turin( après y avoir été favorable). Il y a lieu de s’inquiéter avec des propositions aussi creuses et tout aussi contradictoires. Exemple encore la réduction de la flotte qui vise à limiter évidemment la demande mais va favoriser une hausse des prix. Des prix accessibles désormais qu’aux plus favorisés !

tribune

D’après le GIEC, une hausse des températures comprise entre 1,5 et 2 degrés est déjà acquise. Les conséquences seront funestes puisqu’elles vont changer les équilibres climatiques : davantage d’épisodes caniculaires favorisant des feux de forêt incontrôlables, des réfugiés climatiques… Le véritable enjeu est de circonscrire le phénomène au maximum, car il est fort probable que ces prévisions sont sous-estimées.

Pendant ce temps-là, l’industrie du transport aérien continue comme avant. L’un des seuls secteurs à ne pas avoir baissé ses émissions de CO2 depuis 1990 est même en train de programmer son expansion dans des proportions totalement exorbitantes. Le trafic passager pourrait doubler d’ici 2030 tandis que la flotte d’avions serait doublée en vingt ans. Au Salon du Bourget, les commandes volent de record en record.

Cette course à la croissance obéit à de vieilles règles économiques néolibérales bien connues : toute offre crée sa propre demande, et les rendements croissants. Autrement dit, plus on est gros, plus on fait grossir le marché.

Et les compagnies aériennes ne se privent pas de stimuler cette demande par tous les moyens: des prix ultra-attractifs, imbattables poussant l’anomalie à ce qu’ils soient moins chers que le train. De sorte que prendre un vol est devenu un acte consumériste comme un autre. En aucun cas, un aller-retour à 50 euros ne reflète le coût environnemental de ce qu’il puise en ressources naturelles. Or, il est temps de reconnaître que les dégâts environnementaux représentent une dette que nous léguons à nos enfants.

Ni les compagnies aériennes ni les régulateurs publics ne semblent avoir pris conscience de l’impact environnemental de cette course insensée aux volumes. L’Europe a bien fini par imposer quelques règles comme les quotas de CO2 ou l’obligation d’acheter des carburants alternatifs.

Il existe pourtant de nombreuses solutions pragmatiques qui visent à responsabiliser les comportements. Elles seules permettront d’échapper à des mesures extrêmes comme les quotas de vols.

D’abord, l’avion dispose d’alternatives crédibles, décarbonées et efficaces. Le train par exemple ! Le marché européen des vols intracontinentaux représente la moitié des vols… Il est facile d’imaginer que ce sont des liaisons parfaitement substituables par le train. Il faudrait néanmoins une nouvelle volonté politique pour rénover le réseau ferré européen, réinvestir dans un plan de liaisons transfrontalières plus ambitieuses et réhabiliter le train de nuit… Il faudra également revoir le modèle de financement du réseau ferroviaire (en taxant le kérosène par exemple). La prise de conscience citoyenne qu’une ou deux heures de plus passées dans un trajet pour économiser des millions de tonnes de CO2 fera le reste.

L’autre levier que nous avons identifié a, en plus du désastre environnemental qu’il provoque, une portée sociale symbolique très forte: les jets privés. Les chiffres illustrent l’extrême absurdité de la situation. Deux des trois liaisons les plus fréquentes en jets privés disposent d’alternatives ferroviaires de haute qualité: Paris-Genève et Paris-Londres. Le comble revient aux équipes de football qui, pour relier Lyon ou Nantes à Paris soit moins de deux heures de train, prennent des jets privés. D’après Greenpeace, un jet privé émet entre 5 et 14 fois plus de CO2 par passager qu’un vol commercial classique, et 50 fois plus que le train.

Enfin, il est temps d’interroger notre rapport à la distance. Cette culture du toujours plus loin, toujours plus vite, est une impasse environnementale. Dans l’imaginaire collectif, partir aux antipodes est devenu l’expression d’un accomplissement social. Notre responsabilité collective est pourtant de repenser la fréquence et la distance de nos vols. Le tourisme responsable et citoyen que je défends ne peut s’évaluer selon un critère de distance, mais de qualité environnementale.

Les compagnies aériennes feraient, elles aussi, mieux d’interroger la viabilité de leur modèle fondé sur les volumes. Il est scientifiquement prouvé qu’à terme, les ressources fossiles ne suivront pas, ce qui provoquera immanquablement une explosion des prix du carburant. Les compagnies n’auront alors pas le choix que de réduire la voilure de leur flotte, et il est peu probable qu’elles échappent à une grave crise structurelle due à la dette cumulée pour financer ces flottes gigantesques. Le modèle défendu par certaines compagnies n’est pas seulement une impasse environnementale, il est économiquement condamné.

Train régional: Le premier modèle hybride

Train régional: Le premier modèle hybride

Un premier train régional hybride de France avec une partie des motorisations diesel a été remplacée par des blocs de batteries lithium-ion sur cette rame de la gamme Régiolis.

« Ce train hybride offre les mêmes capacités et la même autonomie qu’un train non hybride. C’est le premier nouveau né d’une famille plus large de trains décarbonés ou moins polluants », se réjouit Nicolas Phan-Trong, le directeur des projets d’innovation technologique énergie et décarbonation à la SNCF, qui fait référence aux projets de train 100% batteries et train à hydrogène.

L’inauguration de cette rame Régiolis est le fruit d’une gestation entamée en 2018. À l’époque, quatre Régions (Occitanie, Nouvelle-Aquitaine, Grand Est et Pays-Centre Val de Loire) s’engagent à soutenir financièrement le développement de cette rame hybride, estimée autour de 17 millions d’euros. Dès 2019, le site Alstom de Tarbes, présenté par le groupe comme son site d’excellence mondial pour les systèmes de traction ‘verts’, est mobilisé pour faire aboutir ce projet.

« L’objectif d’Alstom avec ce projet de train hybride est avant tout de verdir la flotte de trains régionaux existante et donc faire du rétrofit à l’image de ce qui peut être fait sur d’autres moyens de transport. Pour cela, nous comptons profiter d’une opération de maintenance majeure que doit connaître chaque train diesel à mi-vie (sur une durée de vie estimée de 30 à 40 ans, ndlr) pour réaliser la conversion », ajoute le directeur du projet.

Pour offrir cette seconde vie, Alstom a équipé ce premier train hybride de batteries haute puissance développées et produites par la société française Forsee Power non loin de Châteauroux, dans son usine de Chasseneuil-du-Poitou (Vienne). Sur le papier, ces batteries ont une durée de vie de 7 à 10 ans.

Pour le moment, un seul train hybride a été produit, à savoir le prototype inauguré ce jour. Aucune commande n’a encore été passée malgré les 17 millions d’euros investis. Tous les porteurs de projet sont dans l’attente de la certification par les services de l’État dédiés à ce sujet pour lancer son exploitation commerciale en fin d’année 2023.Aussi dans l’attente de l’intérêt des nouveaux opérateurs puisque les lignes régionales sont désormais ouvertes à la concurrence et que l’intérêt économique voire écologique reste encore à démontrer pour ce train hybride régional.

Thomas Piketty :un modèle social et fiscal insoutenable

Thomas Piketty :un modèle social et fiscal insoutenable

Directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, Ecole d’économie de Paris

La science économique, trop centrée sur ses modèles mathématiques, doit remettre en cause plus systématiquement les inégalités, estime l’économiste dans sa chronique au Monde.

Réjouissons-nous : l’American Economic Association (AEA), principale organisation professionnelle des économistes aux Etats-Unis, vient de décerner la médaille Clark à Gabriel Zucman pour ses travaux sur la concentration des fortunes et l’évasion fiscale. Remise chaque année à un lauréat de moins de 40 ans, la distinction vient notamment récompenser des travaux novateurs démontrant l’importance considérable de l’évasion fiscale des plus riches, y compris dans les pays scandinaves, un peu vite considérés comme des modèles de vertu. Doté d’une immense capacité de travail, d’un rare souci du détail et d’un talent sans pareil pour dénicher des données nouvelles et les faire parler, Gabriel Zucman a aussi révélé l’ampleur insoupçonnée du contournement de l’impôt sur les sociétés par les multinationales de tous les pays.

Aujourd’hui directeur de l’Observatoire européen de la fiscalité, il consacre une même énergie à trouver des solutions aux maux qu’il documente. Dans l’un de ses premiers rapports, l’Observatoire a ainsi démontré que les Etats membres de l’Union européenne pourraient choisir d’aller plus loin que le taux minimal de 15 % fixé par l’Organisation de coopération et de développement économiques (trop faible et largement contournable), sans attendre l’unanimité. En imposant à chaque multinationale souhaitant exporter des biens et des services un taux de 25 % sur ses profits – le même que celui qui est payé par les producteurs installés sur le territoire national –, alors la France obtiendrait des recettes supplémentaires de 26 milliards d’euros et inciterait les autres pays à faire de même.

Le fait que l’AEA choisisse de récompenser ces travaux est important, car cela montre que le cœur de la profession commence à prendre conscience du caractère insoutenable du modèle social et fiscal actuel. Ne forçons pas le trait : les économistes ont toujours été moins monolithiques qu’on ne l’imagine parfois, y compris aux Etats-Unis. En 1919, le président de l’AEA, Irving Fisher, choisit de consacrer sa « presidential address » à la question des inégalités. Il explique sans détour à ses collègues que la concentration croissante des richesses est en passe de devenir le principal problème économique de l’Amérique, qui risque, si l’on n’y prend garde, de devenir aussi inégalitaire que la vieille Europe (alors perçue comme oligarchique et contraire à l’esprit étatsunien).

L’inflation sanctionne la fin d’un modèle économique

L’inflation sanctionne la fin d’un modèle économique

 

L’économiste Anne-Laure Delatte considère, dans une tribune au « Monde », que la remontée des taux ne doit pas grever la capacité d’investissement indispensable au changement de modèle économique, dont l’épuisement est la cause de l’inflation.

 

Nous sommes déjà dans le monde d’après. La très forte croissance des prix au cours de l’année est la manifestation d’un régime économique épuisé. L’action publique est revenue en force, mais les recettes du monde d’avant ne seront pas efficaces. Des mesures alternatives sont donc nécessaires pour que nous puissions avancer. L’enjeu économique contemporain est de protéger les femmes et les hommes des conséquences du changement climatique, tout en opérant une bifurcation des modes de consommation et de production. C’est ainsi que toute mesure politique de lutte contre l’inflation devrait être pensée.

L’inflation est le reflet des raretés accumulées depuis 2020 : rareté de biens traditionnellement importés d’Asie, rareté des cargos pour acheminer cette marchandise, rareté de certaines matières premières, rareté de l’énergie – accentuée depuis six mois par le conflit avec la Russie. On a mis du temps à comprendre que ces raretés étaient la nouvelle norme.

Au départ, les prix ont baissé à cause du confinement de nos économies : ils reflétaient le ralentissement soudain de toute l’activité. Puis, ils ont fini par augmenter, mais on a jugé la hausse transitoire, pensant que les raretés allaient se résorber. La politique monétaire n’a pas changé.

En 2022, toutefois, les banques centrales américaines et européennes ont changé de position : l’inflation ne reviendra pas à 2 % sans une intervention publique. En juillet, la Banque centrale européenne (BCE) a arrêté d’acheter des titres sur le marché pour la première fois depuis sept ans, et a augmenté ses taux pour la première fois depuis onze ans. Cela a entraîné une augmentation des taux de marché dont peuvent témoigner celles et ceux qui envisageaient un achat immobilier.

Mais ce changement d’orientation monétaire s’est ressenti sur un autre marché absolument crucial dans le contexte actuel : celui des dettes publiques. Le risque italien, par exemple, a atteint cet été le même niveau inquiétant qu’en mars 2020, au tout début de la pandémie. Pourquoi un tel effet ? Depuis 2015, et particulièrement depuis la pandémie, la BCE protégeait la capacité des gouvernements à s’endetter. Elle maintenait ce marché sous cloche en se portant acquéreur de dette publique. Concrètement, elle rachetait les obligations des Etats membres aux banques privées, ce qui a permis aux gouvernements de la zone euro de s’endetter à des taux historiquement bas. La suspension de ces achats et la hausse des taux, survenues en juillet, sont donc venues signaler au marché un changement d’époque. Pour résumer, quand l’inflation est devenue une menace crédible, la BCE a agi, mais cela a détérioré les conditions d’emprunt de plusieurs dettes souveraines de la zone euro, et s’endetter est devenu plus cher pour tous les Etats membres.

Quel modèle de financement des études de l’enseignement supérieur

 

Quel modèle de financement des études de l’enseignement supérieur

 

 

La crise sanitaire que nous venons de traverser amène à nous interroger collectivement sur le modèle de financement des études. Les jeunes les plus précaires, notamment ceux qui doivent travailler en parallèle de leurs études pour les financer, sont ceux qui ont potentiellement été les plus touchés par la crise sanitaire.  Par Léonard Moulin, Institut National d’Études Démographiques (INED).

Cette situation concerne un nombre important d’étudiants, puisqu’en France 23 % des étudiants exercent une activité rémunérée pendant l’année universitaire sans aucun lien avec leurs études (calculs réalisés à partir de l’étude publiée par l’Observatoire de la vie étudiante en 2020).

À rebours du modèle français dans lequel les étudiants ne payent pas de frais d’inscription – mais ne sont pas non plus aidés financièrement à hauteur du coût de leurs études par l’État – existent deux autres modèles de financement des études. D’un côté, nous trouvons le modèle libéral, qui caractérise les pays anglo-saxons (États-Unis, Angleterre, Australie, etc.) dans lequel les étudiants doivent s’acquitter de frais d’inscription importants, où ils peuvent s’endetter pour financer leurs études et dans lequel il existe à la fois des bourses sur critères sociaux et académiques. De l’autre côté, nous trouvons le modèle social-démocrate dans lequel les étudiants ne payent pas de frais d’inscription et reçoivent des allocations pour financer leurs études.

Dans ces deux modèles de financement de l’enseignement supérieur, libéral et social-démocrate, les taux d’accès et de réussite dans le supérieur sont relativement plus élevés que dans les pays du modèle dit conservateur, caractérisant notamment la France. La part des dépenses consacrée à l’enseignement supérieur y est également plus importante (mesurée en pourcentage du PIB, dépenses publiques et privées confondues).

Se retrouvant pris entre deux modèles antagonistes, l’un reposant sur le financement collectif et la solidarité intergénérationnelle – via notamment l’impôt sur le revenu – et l’autre sur les contributions individuelles des étudiants – via notamment le recours au crédit – le modèle français ne parvient pas à garantir des chances d’accès et de réussite des étudiants similaires à ceux des pays du nord de l’Europe.

Si la France a récemment fait le choix d’instaurer des frais d’inscription dans plusieurs établissements et filières sélectives, ainsi que pour les étudiants extra-communautaires, il est possible de prendre exemple sur ce qui se fait dans les pays scandinaves pour mettre en place un modèle de financement de l’enseignement supérieur par répartition – par analogie avec le système des retraites et par opposition à un système par capitalisation.

Un tel choix de société a justement été fait il y a plusieurs décennies au Danemark. Jusqu’au début des années 1960, le financement des parcours de formation était réservé aux étudiants méritants et issus d’une catégorie sociale défavorisée, celui-ci étant alors composé de bourses et de prêts d’une somme modeste. Le système a connu un premier bouleversement en 1970 avec la création d’une agence nationale chargée des bourses et des prêts.

Dans les années 1980, à la suite de la suppression des prêts subventionnés en 1975 (qui furent par la suite réintroduits en 1982), les dettes des étudiants ainsi que la durée des études ont augmenté sensiblement. Pour réduire l’échec à l’université et l’ensemble des problèmes lié à l’augmentation de la dette, le gouvernement décide, en 1988, de mettre en place un système de bourses universelles. Celles-ci sont assorties de conditions de réussite.

À partir de 1993, le montant de l’allocation dépend des conditions de vie de l’étudiant mais est indépendant du revenu des parents. Ce système est combiné à des prêts subventionnés par l’État et à la suppression des prêts bancaires. Bien que ce système ait ensuite connu de nombreuses réformes, sa philosophie est restée inchangée.

Si le revenu des étudiants n’excède pas 1820 euros, ceux-ci perçoivent une bourse (versée durant 12 mois) d’un montant allant de 130 à 362 euros par mois s’ils vivent chez leurs parents et de 840 euros s’ils ne vivent plus chez leurs parents (les chiffres sont issus de Eurydice - 2021). Des compléments sont octroyés aux étudiants qui deviennent parents, à ceux qui sont parents célibataires ou à ceux qui sont en situation de handicap.

Historiquement, le calcul de l’allocation délivrée aux étudiants s’est fait sur la base du budget réel des étudiants en tenant compte des besoins des étudiants dans de nombreux domaines (logements, nourriture, vêtement, assurances, sport, téléphone, etc.).

Pour preuve, pendant la crise sanitaire, les étudiants ont eu le droit à un complément de bourse d’un montant de 130 euros versé en octobre 2020. De plus, les étudiants bénéficient de nombreuses réductions dans les transports publics, pour la culture, pour les dépenses de santé et d’assurance, de déductions d’impôts, de places en résidences universitaires, etc.

Un tel système permet alors aux étudiants de se consacrer pleinement à leurs études, sans avoir besoin de travailler à côté de leurs études pour les payer. Le financement de l’enseignement supérieur au Danemark permet aux étudiants de trouver leur voie en privilégiant l’autonomie et l’égalité des chances. Il permet aux jeunes de mieux se projeter dans leur avenir.

À l’opposé d’une logique en termes d’investissement individuel entraînant des retombées monétaires, l’éducation est vue dans ce pays comme un investissement qui bénéficie à la société dans son ensemble et dont les retombées sont non seulement individuelles, mais avant tout collectives. Les étudiants eux-mêmes participent à ce financement collectif dans la mesure où leurs bourses sont sujettes à imposition.

Un tel système est-il transposable en France ? Tout d’abord, il ne faut pas perdre de vue que les caractéristiques démographiques des deux pays ne sont pas les mêmes, le Danemark comptant moins de 310 000 étudiants en 2019, quand la France en comptait plus de 2 685 000. Nous avons étudié la faisabilité d’un tel modèle dans le cas français en termes financiers. Si le coût que cela représenterait pour les finances publiques est important (24 milliards d’euros par an), il relève avant tout d’un choix de société.

Néanmoins, il est important de garder en tête que les caractéristiques des systèmes d’enseignement supérieur des deux pays sont différentes. D’une part, il existe au Danemark une sélection à l’entrée à l’université. Et, d’autre part, la bourse est délivrée sous conditions de réussite. Ces deux garde-fous sont à ne pas omettre si l’on souhaite importer dans le débat public français l’idée d’une allocation d’études pour les étudiants.

________

Par Léonard Moulin, Research fellow, Institut National d’Études Démographiques (INED)

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Enseignement: le modèle japonais

Enseignement: le modèle japonais

 

 

 

Deux aspects fondamentaux du système éducatif japonais, que l’on ne connaît guère, résonnent fortement avec des enjeux éducatifs actuels en France, notamment après la nomination du nouveau ministre de l’éducation, Pap Ndiaye : le traitement du salaire des enseignants et celui des programmes scolaires. Le professeur des universités Christian Galan nous invite, dans une tribune au « Monde », à faire le rapprochement.

Un article intéressant qui propose de s’inspirer pour l’école du modèle japonais. On pourrait aussi tout simplement retourner aux méthodes et au contenu français d’il y a 50 à 70 ans quand  le certificat d’études primaires valait nombre de Bacs de maintenant ! Enfin, Il faudrait sans doute réapprendre la rigueur et la discipline pour éviter que certains enseignants ne passent leur temps à rétablir l’ordre dans certaines classes.NDLR

Le Japon nous donne une leçon très simple en matière de système éducatif : si l’on veut des élèves bien formés, et accessoirement performants dans les classements internationaux, il faut s’assurer avant tout de deux choses. Il faut tout d’abord pouvoir compter sur des enseignants compétents et motivés, et pour cela il n’y a pas d’autres solutions que de rémunérer ceux-ci décemment. Il faut ensuite inscrire les programmes d’enseignement dans la durée afin de donner à ces derniers la possibilité de bien les maîtriser.

Le système éducatif japonais fait autant l’objet d’éloges que de critiques, et cela aussi bien en dehors du Japon que dans le pays lui-même. D’un côté, on encense en général son caractère hautement performant sur le plan de la transmission des savoirs fondamentaux, qui lui permet notamment de placer ses élèves dans le peloton de tête de toutes les études internationales de type Timss ou PISA. De l’autre, on pointe souvent du doigt son uniformité et son caractère excessivement normatif, obstacles à la formation d’individus créatifs et adaptés aux besoins de l’économie, et qui causent par ailleurs des dégâts certains en termes de développement personnel et de psychologie infantile ou adolescente.

Pour les non-Japonais, séduits par les performances internationales de son école et qui ne cherchent souvent au Japon que des solutions toutes prêtes aux problèmes de leurs propres systèmes éducatifs, le contresens, que ce soit dans l’éloge ou dans la critique, n’est jamais très loin. Qu’on l’encense ou qu’on le dénigre, le système éducatif japonais n’est en effet pas en l’état importable, ni dans sa totalité ni – et encore moins – en partie. Sa cohérence et son efficacité empêchent de le retenir ou de l’adapter sans adopter également… la société japonaise tout entière qui l’a pensé, produit et qui en est le fruit, en retour.

Les deux aspects évoqués plus haut et qui relèvent, non du système japonais lui-même mais, si l’on peut dire, de la métastructure de tout système éducatif, paraissent en revanche potentiellement inspirants et réplicables, en dehors de l’archipel.

Société–École : le modèle japonais

Société–École : le modèle japonais

 

 

 

Deux aspects fondamentaux du système éducatif japonais, que l’on ne connaît guère, résonnent fortement avec des enjeux éducatifs actuels en France, notamment après la nomination du nouveau ministre de l’éducation, Pap Ndiaye : le traitement du salaire des enseignants et celui des programmes scolaires. Le professeur des universités Christian Galan nous invite, dans une tribune au « Monde », à faire le rapprochement.

Un article intéressant qui propose de s’inspirer pour l’école du modèle japonais. On pourrait aussi tout simplement retourner aux méthodes et au contenu français d’il y a 50 à 70 ans quand  le certificat d’études primaires valait nombre de Bacs de maintenant ! Enfin, Il faudrait sans doute réapprendre la rigueur et la discipline pour éviter que certains enseignants ne passent leur temps à rétablir l’ordre dans certaines classes.NDLR

Le Japon nous donne une leçon très simple en matière de système éducatif : si l’on veut des élèves bien formés, et accessoirement performants dans les classements internationaux, il faut s’assurer avant tout de deux choses. Il faut tout d’abord pouvoir compter sur des enseignants compétents et motivés, et pour cela il n’y a pas d’autres solutions que de rémunérer ceux-ci décemment. Il faut ensuite inscrire les programmes d’enseignement dans la durée afin de donner à ces derniers la possibilité de bien les maîtriser.

Le système éducatif japonais fait autant l’objet d’éloges que de critiques, et cela aussi bien en dehors du Japon que dans le pays lui-même. D’un côté, on encense en général son caractère hautement performant sur le plan de la transmission des savoirs fondamentaux, qui lui permet notamment de placer ses élèves dans le peloton de tête de toutes les études internationales de type Timss ou PISA. De l’autre, on pointe souvent du doigt son uniformité et son caractère excessivement normatif, obstacles à la formation d’individus créatifs et adaptés aux besoins de l’économie, et qui causent par ailleurs des dégâts certains en termes de développement personnel et de psychologie infantile ou adolescente.

Pour les non-Japonais, séduits par les performances internationales de son école et qui ne cherchent souvent au Japon que des solutions toutes prêtes aux problèmes de leurs propres systèmes éducatifs, le contresens, que ce soit dans l’éloge ou dans la critique, n’est jamais très loin. Qu’on l’encense ou qu’on le dénigre, le système éducatif japonais n’est en effet pas en l’état importable, ni dans sa totalité ni – et encore moins – en partie. Sa cohérence et son efficacité empêchent de le retenir ou de l’adapter sans adopter également… la société japonaise tout entière qui l’a pensé, produit et qui en est le fruit, en retour.

Les deux aspects évoqués plus haut et qui relèvent, non du système japonais lui-même mais, si l’on peut dire, de la métastructure de tout système éducatif, paraissent en revanche potentiellement inspirants et réplicables, en dehors de l’archipel.

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