Archive mensuelle de mars 2021

Economie, politique, société: les plus lus

Economie, politique, société: les plus lus

 

La confiance, premier vecteur du retour de la croissance

La confiance, premier vecteur du retour de la croissance

« Nous aurons gagné si nous profitons de la crise pour rebâtir notre économie autour de trois “plus” : plus écologique, plus numérique, et plus qualifiée », assure le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. ( l’Opinion)

 

Gouverneur de la Banque de France depuis 2015, François Villeroy de Galhau publie Retrouver confiance en l’économie, aux éditions Odile Jacob. Pédagogique et accessible, l’ouvrage détaille les différents leviers à enclencher pour réinstaurer la confiance en France et en Europe.

La situation économique est « plutôt moins mauvaise que ce qu’on pouvait craindre », constate François Villeroy de Galhau, qui ne voit pas, « à ce stade », de nécessité à revoir les prévisions de croissance de la Banque de France pour 2021.

Vous estimiez début mars que la croissance de notre économie pourrait atteindre 5,5 % en 2021. Restez-vous optimiste malgré le retour de restrictions plus sévères ?

Je me méfie toujours des termes « optimiste » ou « pessimiste ». Je crois plutôt à la confiance. Nous avons réalisé nos prévisions de manière prudente : elles reposent sur l’idée que les restrictions sanitaires seront maintenues jusqu’à l’été prochain. Il y aurait malgré tout une reprise sensible de l’économie au deuxième semestre. A ce stade, il ne nous semble pas que les restrictions actuellement en vigueur conduisent à revoir ces prévisions.

Optimisme, confiance… Quelle différence ?

L’optimisme relève de l’humeur ; la confiance c’est un état d’esprit, une volonté. Elle ne nie aucune des difficultés, mais passe à l’action après avoir établi un diagnostic. La confiance ne se décrète pas, mais nous Français pouvons soigner un peu notre confiance. Je suis toujours frappé par l’exemple des entrepreneurs, les plus réalistes des acteurs économiques, mais aussi les plus projetés vers l’avenir. Si nous avions un surcroît de confiance en France, ce serait le meilleur plan de relance.

Les prévisions économiques de la Banque de France sont réalisées à partir d’une enquête de terrain auprès de 8 500 entreprises. Que vous racontent-elles concernant le retour de la confiance ?

Nous ne la mesurons pas directement, mais les données liées à l’investissement ou à l’emploi en sont de bons baromètres. La situation est plutôt moins mauvaise que ce qu’on pouvait craindre. L’investissement a baissé, mais sans amplifier le cycle économique. Quant à l’emploi, on craignait une montée du chômage nettement plus forte que celle que nous aurons, sous les 10 % : le dispositif d’activité partielle a bien fonctionné. Mais la situation diffère bien sûr selon les secteurs. Je pense notamment à l’hébergement-restauration et à l’aéronautique. Dans les mois qui viennent, il nous faudra passer d’un soutien public massif à la confiance privée : la confiance des entrepreneurs, mais aussi celle des consommateurs. A l’été 2020, ceux-ci avaient permis un fort rebond français, le plus puissant d’Europe.

« La crainte du chômage, pour soi ou pour ses proches, peut générer une épargne de précaution qui minerait la relance »

Comment expliquer que l’économie américaine souffre moins que la nôtre des répercussions de la pandémie ?

Cette question doit nous stimuler, nous Européens. Les raisons sont tout d’abord conjoncturelles : les Etats-Unis ont moins eu recours aux restrictions, choix qu’ils ont payé par un nombre de morts plus élevé. Leur économie est par ailleurs plus tournée vers le digital que vers le tourisme, qui a en Europe durement pâti de la crise. Enfin, les administrations Trump puis Biden ont mis en place des stimulus budgétaires massifs pour compenser l’absence de sécurité sociale ou d’assurance chômage, qui chez nous assurent un rôle d’amortisseurs. Mais au-delà, leur capacité d’adaptation, de rebond, et d’innovation, est régulièrement supérieure à la nôtre. Nous devons, à leur manière, réconcilier les deux grands économistes européens du XXsiècle : Keynes, théoricien du soutien budgétaire, et Schumpeter, penseur de l’innovation.

Que pensez-vous de la pratique du chèque ciblé pour orienter une consommation des ménages nécessaire à la relance ?

Pourquoi pas, mais il faut surtout faire confiance aux consommateurs et à leurs libertés. L’essentiel, c’est que les ménages retrouvent confiance pour consommer les 110 milliards d’euros d’épargne forcée de 2020 liée à la Covid-19. Cela se fera au fur et à mesure de la levée des restrictions sanitaires. La vaccination sera donc la première clé du retour de la confiance. Sur le plan économique, je plaide pour la stabilité fiscale : pas de hausse, mais pas non plus de baisse que nous ne pouvons plus financer. En outre, tout ce qui est fait en faveur de l’emploi des jeunes, de la formation professionnelle et de l’apprentissage est décisif. La crainte du chômage, pour soi ou pour ses proches, peut générer une épargne de précaution qui minerait la relance.

« Le débat sur l’annulation de la dette est essentiellement français : ni les Etats-Unis, ni la Grande-Bretagne ou le Japon, ne l’envisage. Nos concitoyens posent en revanche une question très légitime : comment remboursera-t-on ? »

Vous faites partie de ceux qui défendent un remboursement de la dette. Comment s’y retrouver dans le débat quand cent économistes européens prônent son annulation ?

La liberté du débat est normale, mais l’annulation de la dette est une illusion. Elle reviendrait à sortir de la zone euro, puisque nous n’en respecterions pas les règles. Elle est aussi incompatible avec la confiance que la France doit inspirer à ses prêteurs. Le débat sur l’annulation de la dette est d’ailleurs essentiellement français : ni les Etats-Unis, ni la Grande-Bretagne ou le Japon, ne l’envisage. Nos concitoyens posent en revanche une question très légitime : comment remboursera-t-on ? Je le détaille dans ce livre ; il faut combiner trois ingrédients : le temps, la croissance, et une meilleure efficacité des dépenses publiques. Ayons un vrai débat sur la dette, mais ne perdons pas trop de temps avec celui inutile sur l’annulation.

La crise sanitaire a vu le recours au paiement sans contact s’accélérer, et les cryptomonnaies prendre de l’ampleur. Allons-nous vers la fin de la monnaie liquide ?

La Banque de France n’abandonnera jamais les billets et les espèces. En ce qui concerne les « crypto », ce ne sont pas des monnaies. Le Bitcoin n’a pas une valeur stable, et n’est pratiquement pas utilisable comme moyen d’échange. Néanmoins, le nombre de transactions effectuées en monnaie liquide diminuant au profit de paiements dématérialisés, par carte ou par mobile, notre rôle est d’assurer l’égale sécurité et qualité de ces formes de monnaies. La monnaie numérique de banque centrale pourrait permettre de garantir ces aspects. L’e-euro peut être une étape historique dans l’évolution des formes de monnaie centrale : il y a deux siècles, les billets de banque n’existaient pratiquement pas. Il n’est pour l’instant, qu’un projet en cours d’expérimentation par la BCE et la Banque de France.

« La bataille des compétences, c’est la clé de la compétitivité française et de l’égalité des chances. La plus grande chance que l’on puisse donner à un jeune, ce n’est pas de l’argent, mais une formation »

Vous êtes un Européen convaincu : quelle place doivent avoir l’Europe et l’euro dans le monde d’après ?

L’euro a déjà toute sa place dans le monde d’aujourd’hui. Plus que jamais pendant la crise, il a incarné, par la politique monétaire accommodante de la BCE, la confiance mais aussi la solidarité entre Européens. Plus largement, la jeunesse du monde aspire à une croissance plus verte, plus juste et éthique. Ce sont largement des valeurs européennes ! J’écris avec cette conviction : l’Europe doit cesser de raser les murs. Le monde de 2021 a besoin d’une Europe forte, qui croit en son modèle. Il lui faut pour cela structurer sa souveraineté en matière économique, en allant d’abord au bout du projet de l’euro. Il faut par exemple viser son internationalisation, et créer une Union de financement, pour mieux flécher l’épargne privée des Européens, très abondante, vers les grands besoins d’investissements. L’Europe peut aussi compter sur son autre grand levier : la puissance du marché unique. Ce n’est pas pour rien qu’au cours des négociations du Brexit, la Grande-Bretagne a voulu l’accès à notre marché. Nous aurons gagné si nous profitons de la crise pour rebâtir notre économie autour de trois « plus » : plus écologique, plus numérique, et plus qualifiée. N’oublions pas cette bataille des compétences, c’est la clé de la compétitivité française et de l’égalité des chances. La plus grande chance que l’on puisse donner à un jeune, ce n’est pas de l’argent, mais une formation.

Vous soulignez souvent le succès de la réforme de la Banque de France, peut-on s’en inspirer pour réformer le pays ?

Je ne prétends pas que ce que nous menons en interne est un exemple qui s’impose. Je souligne simplement que, contrairement à ce que nous croyons collectivement, la France n’est pas irréformable. Les hommes et les femmes de la Banque de France, car ce sont eux qui en ont le mérite, ont montré qu’il est possible de rendre plus de services tout en coûtant moins cher et en maintenant notre présence territoriale. Je crois profondément au service public, et il n’y a aucune fatalité empêchant qu’il soit performant.

Un million d’étudiants diplômés Microsoft dans 5 ans ?

« Les Gafam sont en train d’entrer dans l’éducation. Et je vous assure que beaucoup de jeunes préfèrent être qualifiés Microsoft que d’avoir un diplôme d’une université moyenne », souligne Marc-François Mignot Mahon, président de Galileo Global Education (l’ Opinion)

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Le président de Galileo Global Education, leader européen de l’enseignement supérieur privé, affiche ses objectifs sans ambages : « devenir la plus importante organisation humaine de la planète » en proposant des formations abordables dans des domaines aussi variés que le management, le design, la mode ou, dernier en date, l’art culinaire. Marc-François Mignot Mahon analyse le marché de l’éducation, déplore les blocages français et prédit un avenir sombre à un système universitaire américain « à bout de souffle ».

Votre groupe, Galileo Global Education, ambitionne de devenir le leader mondial de l’enseignement supérieur privé. Quelle est sa situation aujourd’hui dans un environnement très compétitif ?

Avec 140 000 étudiants, près de 30 000 collaborateurs, des écoles implantées dans quinze pays sur quatre continents (l’Europe mais aussi l’Amérique, l’Afrique et l’Asie), nous sommes déjà le numéro deux mondial. Nous sommes leader en Europe (75 % de nos étudiants sont d’origine européenne) et en France, qui reste notre ancrage le plus important avec 60 000 étudiants. Notre ambition est de compter un million d’étudiants dans cinq ans.

En France, vous avez des marques fortes comme le cours Florent, Penninghen, les Ateliers de Sèvres ou encore l’Ecole supérieure de gestion. Quels sont les domaines de l’enseignement que vous privilégiez ?

Nous sommes organisés autour de deux grands pôles. D’une part, le management au sens large, tout ce qui a trait à la gestion d’une entreprise. Et, ce qui constitue pour nous son pendant, un pôle organisé autour de la création et de l’innovation avec des écoles d’art dramatique, de design (Strate, Macromedia…), de mode (l’institut Marangoni…) et une forte présence dans le digital (Hétic, Digital campus…).

Ces univers paraissent assez éloignés. Pourtant, vous voulez en faire un atout. Comment ?

Par un enseignement hybridé, l’ADN de Galileo, qui pose un triple regard sur l’éducation. En premier lieu, l’accélération exponentielle des mutations technologiques oblige chaque manager, créateur, chef d’entreprise à être aussi chef de projet tant les connaissances sont interconnectées. Il ne s’agit plus d’être un expert chapellisé dans son coin car, derrière un iPhone, on trouve bien sûr de la technologie mais aussi du design, de la finance, du marketing et de la créativité. En 1900, 80 % du prix d’un objet venait de sa production. En 2020, 90 % du prix, c’est de l’information. Ensuite, vous ne pouvez plus imaginer concevoir un produit pour quatre personnes autour de vous. Le monde est un village, soumis à la compétition et à la multiculturalité. Quand nos étudiants sont sur un campus en Inde, au Sénégal ou en Italie, ils vivent une vraie expérience multiculturelle à des prix abordables. L’université, ce n’est pas Coca Cola et le même goût partout dans le monde. Enfin, nous sommes très attentifs aux neurosciences, aux avancées que permettent les technologies digitales, notamment en ce qu’elles rendent le « top-down » un peu obsolète. Nous avons besoin de professeurs qui deviennent les animateurs d’une communauté d’apprenants.

« Notre démarche n’est pas statutaire. Nous ne disons pas à nos candidats : “On est hypersélectifs et, en sortant, vous serez les meilleurs.” Nous leur expliquons : “Vous avez un niveau X, notre job c’est de vous amener à X+2 ou X+3”»

Vous regroupez 45 écoles et 82 campus. Comment attirer des étudiants quand il ne s’agit pas d’écoles qui ont déjà une identité forte ?

C’est vrai que l’histoire d’une école, sa notoriété sont des atouts, mais notre démarche n’est pas statutaire. Nous ne disons pas à nos candidats : « On est hypersélectifs et, en sortant, vous serez les meilleurs. » Nous leur expliquons : « Vous avez un niveau X, notre job c’est de vous amener à X+2 ou X+3. On travaille davantage l’employabilité de nos étudiants que le classement de sortie. Les Gafam sont en train d’entrer dans l’éducation. Et je vous assure que beaucoup de jeunes préfèrent être qualifiés Microsoft que d’avoir un diplôme d’une université moyenne. Les 200 millions d’étudiants mondiaux doivent devenir 400 en une génération. J’assume de dire que Galileo souhaite devenir la plus importante organisation humaine de la planète.

L’enseignement étant un secteur très encadré en France, votre développement n’est-il pas limité ?

Cette régulation est positive, c’est un gage de qualité. Mais il est vrai aussi que les pays parfois dominés par l’administration se heurtent à des problèmes d’adéquation entre l’offre et la demande. La crise de la Covid montre à quel point le numerus clausus dans la santé aboutit à une pénurie incroyable. Le rapport El Khomri sur les métiers du grand âge vient de confirmer que des dizaines de milliers de postes sont non pourvus. Environ 65 000 soignants manquent chaque année dans le secteur privé. Des besoins fondamentaux ne sont pas pris en charge. Le système français très régulé ne permet pas de former ces profils. Du coup, on va les chercher à l’étranger. Mais on ne peut pas continuer à « pomper » ainsi des aides-soignants dans les pays de l’Est laissant leurs propres populations dans une situation sanitaire dramatique. Dans les prochaines semaines, Galileo, en accord avec les autorités et la profession, va lancer des expérimentations pour former des aides-soignants, notamment via l’apprentissage et le digital. Il s’agira de reconversions dans le cadre de la transition post-Covid et de jeunes qui veulent embrasser ces carrières.

La France manque aussi d’ingénieurs, d’informaticiens. C’est un secteur à développer pour Galileo ?

Beaucoup de filières sont dramatiquement à la peine. Plus de 100 000 ingénieurs en informatique font défaut par an. L’obligation d’embaucher sur titre pénalise nos entreprises sur le plan mondial alors que les Anglo-Saxons sont beaucoup plus souples dans la tech. Si un jeune Français brigue un diplôme d’ingénieur, ses parents veulent l’orienter vers une école « reconnue », c’est normal. Nous formons à Hétic près de 1 800 étudiants par an sur le digital qui trouvent tous un boulot avec un « prix de sortie » (rémunération) autour de 40 000 euros annuels, pas très éloigné des Centraliens.

« Globalement, moins de 30 % des frais de scolarité restent à la charge des familles. Le coût des études n’est pas un frein »

Quelle est l’employabilité de vos étudiants en général ?

Elle se situe autour de 80-85 % avec des différences selon les formations. On peut sortir du cours Florent et ne pas être comédien tout de suite, mais travailler dans un théâtre, être animateur artistique dans une collectivité locale. Cinq ans après la fin des études, cette employabilité reste élevée : plus de 80 % de nos étudiants sont en activité, même si la typologie des métiers évolue rapidement. Or, le prix moyen d’une année de formation Galileo est de 6 850 euros par an. Un tiers de nos élèves sont boursiers (dans les écoles reconnues par l’Etat), un autre tiers finance tout ou partie de ses études par des jobs étudiants (beaucoup sont proposés via Galileo) et de nombreuses formations se font en alternance. Globalement, moins de 30 % des frais de scolarité restent à la charge des familles. Le coût des études n’est pas un frein.

Le modèle nord-américain de l’enseignement supérieur, déjà très fragile avant la crise de la Covid, est fortement remis en question. Est-il à bout de souffle ?

Le modèle des Etats-Unis, avec l’Ivy League, impressionne le monde entier. Mais, derrière la façade, il y a des budgets pharaoniques, des campus qui valent des milliards et des fondations qui pèsent des dizaines de milliards de dollars comme Harvard. Cette formation s’adresse à une toute petite élite mais, en dessous du top 50, l’offre américaine est très chère, de qualité très inégale. Rembourser 300 000 dollars pour un diplômé de Yale n’est pas un problème. En revanche, avoir à trouver 150 000 dollars, même sur 30 ans, pour un jeune qui sort d’une université de seconde zone et va gagner 3 000 dollars par mois, c’est s’endetter à vie. Les Etats-Unis sont dans la surenchère et la fuite en avant. Mais tout le monde n’a pas vocation à copier ce « modèle ». En France, nous avons des écoles de commerce que le monde entier nous envie, à un coût parfois dix fois inférieur au reste du monde et, en tout cas, aux Anglo-Saxons. L’Europe, et encore moins la France, n’a à rougir de son système éducatif.

Dernier-né du groupe Galileo, l’Institut culinaire de France, créé à Bordeaux. C’est un nouveau créneau ?

La France reste le génie de la gastronomie. Ferrandi est la meilleure école de cuisine au monde. 80 % des techniques culinaires sont à base française mais 90 % de ces techniques sont aujourd’hui enseignées par les Anglo-Saxons… A Bordeaux, un jeune chef qui vient passer un Bachelor sera formé à la cuisine, bien entendu, mais aussi à la mise en scène — c’est important pour le service en salle — par un professeur du cours Florent, au design par un enseignant de Strate et au digital par Hétic. C’est là encore la touche Galileo consistant à mélanger les savoirs.

Pour un Grenelle du numérique ?

Pour  un Grenelle du numérique ? 

Evidemment la question n’est pas de la même ampleur que le statut de nos soignants, celui de nos enseignants ou de nos policiers, mais un gouvernement, quel qu’il soit prendra la mesure de la nécessité de réfléchir sur les grandes questions posées par le numérique : responsabilité des acteurs, droit ou non de censure des réseaux sociaux, neutralité, fiscalité et taxation des géants du numérique, usage des réseaux sociaux par les mineurs, caractère international du réseau ou souveraineté numériqu par Eric Barbry, avocat associé – Equipe IP IT & Data Racine avocats dans l’Opinion. 

A la place, les gouvernements successifs se contentent d’une approche de « bouche-trou » et « petits pas » qui rend le droit du numérique de plus en plus compliqué pour les victimes de contenus illicites.

La dernière novation juridique est intégrée dans la loi confortant le respect des principes de la République qui prévoit un chapitre IV intitulé « dispositions relatives contre les discours de haine et les contenus illicites en ligne ». Les étudiants de première année de droit constitutionnel trouveront ici un exemple type d’un « cavalier législatif » qui est symptomatique du droit du numérique.

Le texte propose deux novations.

Dorénavant le fait de révéler, diffuser ou transmettre, par quelque moyen que ce soit, des informations relatives à la vie privée, familiale ou professionnelle d’une personne permettant de l’identifier ou de la localiser, dans le but de l’exposer, elle ou les membres de sa famille, à un risque immédiat d’atteinte à la vie ou à l’intégrité physique ou psychique, ou aux biens, est puni de trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Lorsque ces faits seront commis au préjudice d’une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public, les peines sont portées à cinq ans et 75 000 euros.

Arsenal répressif. Cet ajout à notre arsenal répressif fait suite à la très triste affaire Paty. L’objectif est louable mais la solution est-elle la bonne ? Ne fallait-il pas simplement aggraver les peines pour l’infraction de mise en danger de la vie d’autrui si pour cette mise en danger il est fait usage des services de communication électroniques. Le spectre aurait été plus large.

Le projet se propose de modifier la loi pour la confiance dans l’économie numérique pour la énième fois. Après la censure cinglante du projet de loi Avia, voici que la « haine en ligne » est de retour.

Le texte est d’une complexité folle et sans doute inapplicable. Qu’attendent les victimes ou les associations qui les représentent ? Des actions immédiates pour faire supprimer des contenus illicites.

Que propose le texte ? Un parcours du combattant. Attendre une décision exécutoire, pour pourvoir saisir une autorité administrative, qui elle-même saisira les fournisseurs d’accès, les moteurs de recherche, annuaire ou service de référencement et, si cela ne marche pas, alors il sera possible de saisir le juge !

Le pouvoir politique doit repenser le cadre juridique de la responsabilité des acteurs du numérique qui date de plus de dix-sept ans ! Les acteurs du numérique doivent prendre leur part de responsabilité pour un Internet plus sûr et mettre un terme à une position ambiguë entre censure de Trump et neutralité du Net. Les juges enfin ont toute leur place dans ce dispositif. Il existe des procédures simples (requête notamment) qui leur permettent de contribuer à faire supprimer des contenus et identifier les voyous du Net. Or beaucoup encore résistent à faire droit à des demandes parfaitement justifiées renvoyant la victime à un contentieux de fond alors que beaucoup ne disposent pas des moyens et encore moins le temps d’attendre !

Eric Barbry est avocat associé – Equipe IP IT & Data Racine avocats.

Sondage : l’éclatement du front républicain

Sondage : l’éclatement du front républicain

 

 

Un sondage Harris Interactive pour Commstrat, que l’Opinion publie en exclusivité, donne Emmanuel Macron et Marine Le Pen, en duel au second tour de 2022, respectivement à 53 % et 47 % des voix.

En ce moment, la majorité passe des week-ends pourris. La semaine dernière, elle poussait des cris d’orfraie. Que des électeurs de gauche puissent envisager, dans Libérationne pas voter pour Emmanuel Macron dans le cadre d’un duel face à Marine Le Pen était une « dérive », un « reniement des valeurs » républicaines, qui relève de « l’irresponsabilité ». Ce lundi, un sondage mené par Harris Interactive pour Commstrat et l’Opinion, va donner au camp d’Emmanuel Macron de nouvelles sueurs froides. Et un sacré torticolis.

Les marcheurs ne peuvent plus se contenter de regarder le barrage contre le Rassemblement national tomber à gauche. Ils doivent aussi tourner la tête sur leur droite pour voir l’édifice s’effriter. L’étude de Harris Interactive donne le vertige. Qu’ils choisissent Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo ou Xavier Bertrand au premier tour de la prochaine présidentielle, les électeurs refusent majoritairement d’apporter leur concours à Emmanuel Macron au second.

Le phénomène est le plus spectaculaire chez les mélenchonistes. 52 % d’entre eux refusent de choisir entre la présidente du Rassemblement national et le chef de l’Etat. L’autre moitié se divise en deux parts égales : 24 % voteraient pour la première, autant pour le second. Cette équivalence est inédite. En 2017, seul, dirait-on aujourd’hui, un quart des partisans de Jean-Luc Mélenchon avait trouvé refuge dans l’abstention. Dimanche, le leader des Insoumis a annoncé, sur France 3, qu’il ne reprendrait « jamais l’initiative » de donner une consigne de vote en cas de duel Macron-Le Pen.

Le tableau n’est pas plus rose dans le reste de la gauche. 50 % de l’électorat d’Anne Hidalgo refuserait le duel proposé au second tour. Ils seraient 44 % chez Yannick Jadot, auxquels il faudrait ajouter les 5 % d’écologistes qui opteraient pour Marine Le Pen.

 

Enfin, à droite, l’abstention et le vote blanc n’atteindraient « que » 41 % de l’électorat de Xavier Bertrand. Mais seulement 38 % se reporteraient vers Emmanuel Macron et 21 % se déplaceraient pour la candidate du RN ! Pire, cette tentation pour Marine Le Pen qui gagne LR s’exprime dès le premier tour. L’électorat de François Fillon en 2017 se porterait pour moitié vers Xavier Bertrand (51 %), mais se distribuerait aussi à quasi-parité entre le chef de l’Etat (20 %) et sa rivale d’extrême droite (17 %).

La conclusion est cinglante : en 2022, aucun électorat d’un grand parti de gouvernement, à l’exception des écologistes d’une courte tête, ne viendrait majoritairement au secours d’Emmanuel Macron. La République en marche a eu beau cibler Jean-Luc Mélenchon depuis son refus d’appeler à voter pour elle en 2017. Elle a beau appeler les électeurs de la gauche à se réveiller depuis une semaine. Ou tenter de conforter sa spectaculaire conquête d’un tiers de l’électorat Fillon aux Européennes 2019. Elle ne peut que constater, avec ce sondage réalisé du 2 au 4 mars, que la fuite vers l’abstention ou le RN touche tout l’échiquier politique. Que peut-elle faire à présent ? Passer le lundi à secouer les mélenchonistes, le mardi les écologistes, le mercredi les socialistes, le jeudi les Républicains et conserver le vendredi pour faire la retape de sa propre action politique ?

La majorité présidentielle ne découvre évidemment pas le danger aujourd’hui. L’été dernier, Emmanuel Macron avait été averti par un de ses proches : son problème, ce n’est pas l’abstention en tant que telle mais l’abstention différentielle, l’écart de mobilisation entre l’électorat de Marine Le Pen et ceux des autres partis, las et friables.

« Accents dégagistes » Le directeur délégué d’Harris Interactive, Jean-Daniel Lévy relève « la solidité électorale marquée » de Marine Le Pen, qui « conserve son comportement », scrutin après scrutin. En face, Emmanuel Macron « ne retrouve pas à plein son électorat de 2017 ». La fidélité est pourtant importante. 69 % de ses sympathisants interrogés dans ce sondage révélé par l’Opinion feraient le même choix en 2022. C’est plus que Jean-Luc Mélenchon (55 %) et que les transferts de Benoît Hamon vers Anne Hidalgo (29 %) et Yannick Jadot (29 %). La cote de popularité du président en exercice est haute mais il reste englué dans une position périlleuse en cas de duel face à Marine Le Pen. En janvier, Harris Interactive les plaçait à 52 %-48 % en faveur du premier. Aujourd’hui, ils sont à 53 %-47 %.

« L’écart se creuse  », se réjouit-on doucement à l’Elysée. Mais pas notre lanceur d’alerte de juillet dernier : « C’est n’importe quoi de s’en prendre aux électeurs de gauche et à la Une de Libération. » Il se souvient qu’en 2017, le candidat Macron empruntait au discours populiste des accents dégagistes. Sans aucun effet dans les sondages. « Il ne décrochait aucun électeur du FN. Quand vous votez FN, vous ne revenez pas en arrière. » 84 % de ceux qui avaient choisi Marine Le Pen en 2017 confirmeraient leur vote en 2022, mesure d’ailleurs Harris Interactive. Ils seraient même 90 % en cas de candidature de Valérie Pécresse en lieu et place de Xavier Bertrand.

 

Or, depuis l’été dernier, ces tendances qui inquiètent une partie de la majorité n’ont fait que se renforcer. Emmanuel Macron a eu beau muscler sa jambe de « l’égalité des chances » pour rattraper la gauche, seule la jambe sécuritaire, marquée à droite, a imprimé. « Les sujets sur l’égalité des chances, la précarité et les jeunes ne passent pas », confiait une source élyséenne. « Emmanuel Macron ne tire pas bénéfice de ses réformes sociales, note Jean-Daniel Lévy. Qui se souvient du plan pauvreté lancé en septembre 2018 pourtant bien accueilli par les associations ? Qui se souvient de l’extension du congé parental ? »

Dans le même temps, la crise sanitaire et la campagne de vaccination au ralenti ont écorné la promesse d’efficacité. Alors que les seniors avaient délaissé le vote LR pour Emmanuel Macron aux Européennes, vont-ils tenir le barrage, eux qui sont les premiers touchés par le virus ? « L’épreuve du feu sanitaire » a nourri la déception à droite, abonde Franck Louvrier, maire LR de La Baule et ex-conseiller de Nicolas Sarkozy. Mais le problème serait plus profond : « C’est le “en même temps” qui déçoit à gauche et à droite. En voulant faire plaisir aux uns et aux autres, Emmanuel Macron perd des deux côtés de l’omelette. En principe, on doit rassembler sa famille au premier tour puis élargir au second. Mais il élargit d’abord, alors il perd partout. Le macronisme a été une opportunité, pas un positionnement politique. Cela crée des déçus qui partent vers l’abstention ou les extrêmes. »

Islamo-gauchisme: le débat est nécessaire

Islamo-gauchisme: le débat est nécessaire

Dans le champ des sciences sociales comme dans celui de la philosophie, les querelles universitaires sont constitutives des processus d’élaboration de nouveaux concepts, rappelle l’historien Vincent Troger dans une tribune au « Monde », et mériteraient un débat plus approfondi qu’indigné.

Tribune.

 

Au mois d’octobre 2020, Jean-Michel Blanquer a dénoncé l’influence d’un courant « islamo-gauchiste » qui se serait développé au sein de certains départements universitaires de sciences humaines et sociales. En janvier, la ministre de la recherche et de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a renchéri dans le même sens. Ces déclarations ont provoqué une cascade de polémiques.

Pour qui veut tenter une analyse raisonnée de cette agitation, il faut d’abord rappeler que dans le champ des sciences sociales, et, avant leur naissance, dans celui de la philosophie ou même de la théologie, les querelles universitaires et les postures provocatrices qui les accompagnent ont toujours existé. Elles sont en fait constitutives des processus d’élaboration des nouveaux savoirs et des nouveaux concepts. Dans les universités médiévales, le mot latin « disputatio » (« dispute ») désignait d’ailleurs les épreuves au cours desquelles les universitaires de l’époque devaient convaincre public et jury de la légitimité de leurs thèses.

Sans remonter aussi loin, on peut rappeler les débats virulents qui ont agité les sciences humaines dans les années 1960-1980 : antagonismes entre historiens marxistes et non marxistes sur l’analyse de la Révolution française, conflits entre économistes libéraux, keynésiens ou marxistes à propos des évolutions du capitalisme, mouvement radical de déconstruction des savoirs établis en philosophie, littérature, sociologie ou linguistique derrière des auteurs comme Michel Foucault (1926-1984), Jacques Derrida (1930-2004) ou Pierre Bourdieu (1930-2002).

Intersectionnalité

Si on veut bien prendre le recul de l’histoire, on comprend assez vite que les affrontements contemporains autour de l’islamo-gauchisme s’inscrivent d’abord dans cette logique séculaire des antagonismes intellectuels qui accompagnent régulièrement l’émergence de nouvelles idées portées par de nouvelles générations d’universitaires.

Les accusations d’islamo-gauchisme visent en effet une nouvelle école de sociologie dite de « l’intersectionnalité ». Les chercheurs de ce courant se focalisent sur les discriminations ethniques ou de genre qu’ils analysent comme des mécanismes de domination à la fois masculine et raciale dans les démocraties libérales.

La dimension radicale de cette critique attire évidemment l’hostilité des défenseurs du système politique républicain, mais pas seulement. Car ces travaux remettent aussi en cause les thèses marxistes classiques, qui posent qu’en dernière analyse ce sont les questions de classes sociales qui sont déterminantes et qu’il n’y a pas de distinction à faire entre les travailleurs puisque toutes et tous, qu’ils soient hommes ou femmes, blancs, maghrébins ou noirs, hétérosexuels ou homosexuels, subissent la même injustice sociale.

Si on veut bien prendre le recul de l’histoire, on comprend assez vite que les affrontements contemporains autour de l’islamo-gauchisme s’inscrivent d’abord dans cette logique séculaire des antagonismes intellectuels qui accompagnent régulièrement l’émergence de nouvelles idées portées par de nouvelles générations d’universitaires.

Les accusations d’islamo-gauchisme visent en effet une nouvelle école de sociologie dite de « l’intersectionnalité ». Les chercheurs de ce courant se focalisent sur les discriminations ethniques ou de genre qu’ils analysent comme des mécanismes de domination à la fois masculine et raciale dans les démocraties libérales.

La dimension radicale de cette critique attire évidemment l’hostilité des défenseurs du système politique républicain, mais pas seulement. Car ces travaux remettent aussi en cause les thèses marxistes classiques, qui posent qu’en dernière analyse ce sont les questions de classes sociales qui sont déterminantes et qu’il n’y a pas de distinction à faire entre les travailleurs puisque toutes et tous, qu’ils soient hommes ou femmes, blancs, maghrébins ou noirs, hétérosexuels ou homosexuels, subissent la même injustice sociale.

« La minorité asiatique corps étranger à la communauté nationale »!

« La minorité asiatique corps étranger à la communauté nationale »!

La sociologue d’origine taïwanaise Ya-Han Chuang détaille, dans un entretien au « Monde », les ambiguïtés des stéréotypes visant les immigrés asiatiques en Occident. ( Une analyse qui semble toutefois un peu datée NDLR)

Née à Taïwan, la sociologue et chercheuse à l’Institut national d’études démographiques (INED) Ya-han Chuang est arrivée en France en 2009. Son enquête de terrain, Une minorité modèle ? Chinois de France et racisme anti-Asiatiques (La Découverte, à paraître le 14 avril), se penche sur un mécanisme d’essentialisation encore peu étudié.

Aux Etats-Unis, cette étiquette repose sur un constat : les statistiques montrent une proportion importante d’Asiatiques dans les universités d’élite et leur revenu moyen est bien plus élevé que la moyenne nationale. Après la seconde guerre mondiale, un nombre important d’étudiants asiatiques (Japonais, Taïwanais, Chinois, Coréens) sont arrivés. Leur capital culturel a permis une intégration rapide dans la classe moyenne supérieure.

En France, il y a peu de donnés empiriques. L’enquête « TeO » de l’INED a démontré la réussite scolaire et professionnelle des descendants d’immigrés d’Asie du Sud-Est issus des boat people arrivés dans les années 1970 et 1980.

Les Chinois qui arrivent massivement en France à partir des années 1980 ont un capital culturel plus faible que ceux qui ont émigré aux Etats-Unis, mais beaucoup de ceux de la première génération sont commerçants, ce qui permet à M. Sarkozy de parler, en 2010, de « modèle d’intégration réussie »« Vous incarnez la valeur travail qui m’est chère », avait-il dit à l’occasion du Nouvel An lunaire.

Pourquoi c’est discriminant ?

Le stéréotype veut que l’Asiatique soit travailleur, réussisse, mais il est aussi associé à des caractéristiques plus négatives : docile, discret, sournois… La minorité en France a beau être perçue comme modèle en termes économiques, elle demeure, à bien des égards, comme un corps étranger à la communauté nationale.

C’est un outil à double tranchant, qui contribue à enfermer les populations asiatiques dans des représentations figées de « commerçants qui réussissent » – les agressions étant l’une des conséquences les plus violentes de ces stéréotypes positifs. Mon livre commence par le meurtre de Chaolin Zhang, en 2016, à Aubervilliers, mais, en fait, les agressions très violentes qui visent les Chinois ne sont pas une nouveauté.

Audrey Pulvar : « les voix destructrices de la droite»

Audrey Pulvar : « les voix destructrices de la droite»

La candidate aux élections régionales en Ile-de-France répond aux commentaires indignés qui, à droite, à l’extrême droite et jusque dans la majorité présidentielle, ont suivi ses propos sur les réunions « non mixtes ». ( le problème c(est que le débat ne concerne pas seulement la droite NDLR)

Tribune. 95 000. C’est le nombre de personnes qui, en cette fin mars, ont perdu la vie, en un an, dans notre pays, victimes du Covid-19. Un terrifiant bilan, hélas provisoire, auquel s’ajoutent le basculement de 1 million de personnes déjà précaires dans la grande pauvreté, les tourments d’une jeunesse sacrifiée, l’angoisse permanente pour des dizaines de milliers de chefs d’entreprises, de petits commerçants et artisans, le casse-tête quotidien de parents, sans recours devant des écoles fermées pour cause de nouveaux cas détectés.

Tandis que monte la troisième vague, soignants, enseignants, personnels qui accueillent des enfants, accompagnants de personnes en grande vulnérabilité, convalescents Covid long se remettant mal ne cessent de nous alerter sur la gravité de la situation et leur propre état d’épuisement physique et mental…


Pourtant, un sujet, un seul, occuperait les esprits depuis 72 heures, si l’on en croit réseaux sociaux, chaînes d’info et comptes propagateurs de haine : les propos que j’aurais tenus, intimant « aux Blancs » le silence, quand il s’agit de parler de racisme. Bigre ! Celles et ceux qui ont pris la peine de m’écouter savent, à condition d’honnêteté, qu’il n’en est rien.

Mais, par un spectaculaire retournement, là où je refusais le principe de réunions totalement fermées – j’ai dit mon opposition aux réunions « interdites à » –, là où j’invitais simplement à écouter, sans l’interrompre, la parole de victimes, qui doivent pouvoir être les premières à s’exprimer, la droite et l’extrême droite, complaisamment relayées, ont fait croire et répété à l’envi que je voulais empêcher la parole.

Jamais je n’ai dit vouloir réduire au silence une partie de la population, pour quelque motif que ce soit, et encore moins pour sa couleur de peau. Jamais je n’ai prononcé ni conçu les mots « les Blancs doivent se taire », phrase pourtant répétée à l’infini par des éditorialistes pressés d’en découdre et des zélotes de la pensée étroite. Une telle phrase ne m’aurait même pas effleuré l’esprit, tant elle est contraire à tout ce que je suis, à tout ce que je porte et tout ce pour quoi je me bats.

Des choix politiques aux dépens du scientifique

Des choix politiques aux dépens du scientifique

Invité de France Inter mardi, le chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Tenon de Paris a critiqué la stratégie du gouvernement et dénoncé une action politique sans cohérence avec les avis scientifiques.

 

Près de 1.500 patients en réanimation. La situation épidémique dans les hôpitaux d’Ile-de-France fait toujours l’objet de grandes inquiétudes. Le professeur Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon de Paris, a tiré la sonnette d’alarme mardi matin sur France Inter, décrivant l’afflux massif de malades auquel les établissements devaient faire face. Avec un taux d’incidence de 640 cas pour 100.000 habitants, l’Ile-de-France est l’une des régions les plus touchées par le Covid-19. Les hôpitaux comptent près de 1.500 patients contaminés en réanimation. « A l’échelle de mon hôpital, les mesures de freinage n’ont quasiment aucun effet », a déploré le professeur, critiquant le confinement local plutôt lâche adopté par les autorités.

 

Le pic de la première vague dépassé quoiqu’il arrive? Mais ce sont surtout les projections qui affolent les médecins. « Les semaines qui vont s’écouler sont déjà écrites », soupire Gilles Pialoux. Le médecin a participé à une réunion de crise le 27 mars à l’AP-HP pour préparer le difficile mois d’avril à venir. Selon les estimations, le nombre de malades en réanimation est amené à exploser dans les prochains jours, quelles que soient les mesures restrictives prises par le gouvernement. Ainsi, si un confinement strict entrait en vigueur le 1er avril, un pic pourrait être atteint le 12 avril avec plus de 3.400 patients en réanimation. Si le confinement mettait une semaine de plus à arriver, ce chiffre pourrait passer à plus de 4.400 patients en réanimation le 29 avril. Ces niveaux sont donc amenés à dépasser ceux du pic de la première vague lors duquel 2.877 lits étaient occupés par les patients Covid. Gilles Pialoux décrit une situation « à la Lombarde » qui se profile : un tri devra s’opérer entre les patients, certains mourront « sur les brancards ».

« Le politique a éclipsé le scientifique ». Selon lui, en faisant le pari de ne pas reconfiner, « le politique a éclipsé le scientifique ». « Depuis janvier, on a des décisions politiques qui n’ont aucune cohérence scientifique », s’exclame-t-il au micro de France Inter. En plus des mesures de freinage actuelles qu’il juge inefficaces, le professeur dénonce l’absence de transparence du gouvernement sur sa stratégie sanitaire. Selon lui, l’exécutif est conscient que les déprogrammations d’opérations à venir et la dégradation de la qualité des soins vont être des conséquences directes de sa stratégie.

Macron l’apprenti épidémiologiste. Des critiques émergent au sein des scientifiques et de la classe politique sur l’attitude du président de la République qui s’émanciperait de plus en plus de l’avis des experts. Alors qu’Emmanuel Macron avait scrupuleusement suivi les recommandations du Conseil scientifique au cœur de la première vague, il semble désormais les considérer comme un avis parmi d’autres, à mettre en balance avec les conséquences sociales de la pandémie. Il avait effectué un premier pas de côté en avril 2020, en rouvrant les écoles contre l’avis du Conseil scientifique. Mais la bascule s’est réellement opérée lorsque le chef de l’Etat a refusé de reconfiner le pays en janvier. Certains commentateurs lui prêtaient alors une attitude « d’apprenti épidémiologiste ». Le 25 mars, lors d’un point presse, Macron refusait tout « mea culpa » et défendait sa stratégie face au virus. Des propos qu’il réitérait dans les colonnes du JDD dimanche.

Islamo-gauchisme : « poser le problème est une bonne chose »

Islamo-gauchisme : « poser le problème est une bonne chose »

Dans une enquête intitulée Les Fossoyeurs de la République à paraître mercredi*, le journaliste Mohamed Sifaoui décrit la façon dont selon lui les tenants d’un islam politique ont fait de l’enseignement supérieur une cible.

« L’islamo-gauchisme – j’assume pleinement l’utilisation de ce néologisme qui ne fait que montrer la convergence entre l’islam politique et les milieux gauchistes – tue l’université française depuis plusieurs années. Pas seulement à coups de pétitions, de revendications et d’actes militants. Mais aussi, et surtout, en dévitalisant sa pensée. La plupart des universitaires sont aujourd’hui incapables de distinguer ce qui relève de l’islam et ce qui relève de l’islamisme. Ils sont par conséquent prompts à piétiner la liberté d’expression, confondant critique contre le dogme islamiste et attaques contre les musulmans.

On a trop longtemps fustigé le terrorisme, sans nommer sa matrice idéologique, l’islam politique

Ceci est le résultat du travail mené par les activistes. Les Frères musulmans, détachés des codes vestimentaires et langagiers islamistes, ont tout fait pour infiltrer le monde de l’éducation. C’est un de leurs objectifs prioritaires : capter les générations futures. Ce n’est pas un hasard si le fondateur du mouvement, comme ses deux petits-fils, ont eux-mêmes été professeurs. Ils ont œuvré, via l’UOIF [Union des organisations islamiques de France], pour la création des Jeunes Musulmans de France. Et se sont appuyés sur des compagnons de route, souvent recrutés chez les catholiques de gauche, sensibles aux minorités religieuses et peu à la laïcité, pour porter leur message.

 

J’ai moi-même été victime de cet entrisme. En 2018, je devais organiser un séminaire sur la prévention de la radicalisation et la détection des signaux faibles à l’université de la Sorbonne. Des avocats, des policiers, des fonctionnaires et même des imams s’étaient inscrits aux cours. Mais tout a été annulé : des associations islamistes mais aussi des enseignants et des étudiants m’ont dépeint comme un affreux islamophobe. Aujourd’hui, des ministres comme Jean-Michel Blanquer et Frédérique Vidal nomment le problème et c’est une bonne chose. On a trop longtemps fustigé le terrorisme, sans nommer sa matrice idéologique, l’islam politique.  »

* Editions de l’Observatoire, 448 pages, 23 euros.

Virus: « Il faut tester les enfants »

Virus: « Il faut tester les enfants »

Pour  le pédiatre, Robert Cohen, il ne faut pas hésiter à faire tester les enfants .

“Je crois qu’il faut vraiment faire tester les enfants. Quand ils sont testés en salivaire, ce n’est vraiment pas douloureux. Ensuite, il faut savoir que même quand on les teste par voie nasale, quand c’est bien fait, ce n’est pas douloureux.

Et puis on arrêtera l’épidémie qu’en testant et en isolant à la fois les adultes et les enfants. On n’a pas d’autre choix que de le faire au stade où on en est de l’épidémie. Il faut bien comprendre que cette maladie demande à ce qu’on s’adapte au fur et à mesure. Là, nous sommes à un point critique donc il ne faut pas hésiter à le faire”, insiste-t-il.

Robert Cohen, pédiatre infectiologue, appelle à « tester les enfants (…) ce n’est pas douloureux. On n’a pas d’autres choix à ce stade de l’épidémie »#ApollineMatin pic.twitter.com/X9sKfcECdr

— RMC (@RMCinfo) March 30, 2021

Pour l’instant, les écoles restent ouvertes et Catherine Da Silva, directrice d’un groupe scolaire à Saint-Denis, incite les familles à réaliser des tests dès que nécessaire.

“C’est vrai que c’est compliqué pour certaines familles, mais ça reste vraiment minoritaire et à la marge. Après, je suis obligé de le dire que s’il est cas contact dans la famille il prend sept jours de plus donc c’est beaucoup”, appuie-t-elle.

Pour Jean-Christophe Lagarde, député de Seine-Saint-Denis et président de l’UDI, ce n’est pas aux parents de porter la responsabilité des tests.

“Qu’on arrête de dire que c’est aux familles de faire le boulot, elles le font. Qu’on aille dans les pharmacies, vous verrez qu’elles se testent. Mais ce n’est pas elles qui peuvent prendre la décision que les écoles ferment. Ca, c’est de la responsabilité du président de la République”, confie-t-il.

 

Le député a d’ailleurs écrit hier au président de la République pour réclamer la fermeture des écoles.

COVID-19: MACRON VEUT SURTOUT NE PAS EMPLOYER LE MOT CONFINEMENT

COVID-19: MACRON VEUT SURTOUT NE PAS EMPLOYER LE MOT CONFINEMENT

 

DEVANT LA MONTÉE SPECTACULAIRE DE LA TROISIÈME PHASE QUI DÉPASSE MAINTENANT LA SECONDE, MACRON VA ÊTRE CONTRAINT DE PRENDRE DES MESURES DE TYPE RECONFINEMENT MAIS SURTOUT SANS DIRE LE MOT. RECONFINEMENT EST EN EFFET DANS LE VOCABULAIRE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE COMPLÈTEMENT TABOU. IL VA DONC IMPOSER DES MESURES RESTRICTIVES DANS LES ZONES LES PLUS TOUCHÉES NOTAMMENT EN RÉGION PARISIENNE MAIS EN AFFIRMANT AVEC FORCE QU’IL NE S’AGIT SURTOUT PAS D ‘UN RECONFINEMENT.

 

Un exercice d’équilibriste ou d’en  même temps dont il sera difficile de persuader l’opinion.

La France a dépassé ce mardi la barre des 5000 personnes en réanimation, avec 5072 patients actuellement en soins intensifs dans l’ensemble des hôpitaux français. Ce niveau d’occupation des lits n’avait pas été atteint depuis un an. 5056 personnes se trouvaient ainsi en réanimation le 30 mars 2020.

L’Hexagone compte également 28.510 personnes hospitalisées, avec 2579 nouvelles admissions qui ont été comptabilisées en 24 heures.

Le nombre de personnes testées positives entre lundi et mardi, 30.702, déjà particulièrement haut, est sous-évalué en raison d’une erreur technique. Il se situerait plutôt autour de 40.000 nouvelles contaminations en 24 heures.

Vaccin Spoutnik : Merkel et Macron discutent avec Poutine

Vaccin Spoutnik : Merkel et Macron discutent avec Poutine

 

Face à la faillite de la campagne de vaccination organisée par l’union européenne Merkel et Macron se retournent  vers Poutine pour envisager les conditions d’une collaboration afin d’utiliser le vaccin russe en complément des autres. Pour faire bonne figure. Merkel et Macron ont évoqué la question de la détention de l’opposant Navalny , de la situation en Ukraine, en Syrie et en Libye ainsi que le dossier nucléaire iranien. Des questions pas forcément liées mais qui visent à montrer que les occidentaux ne se rendent pas à Moscou à genoux pour sauver la campagne de vaccination.

 

Les prix du carbone : trop bas pour être efficaces (OCDE)

Les prix du carbone : trop bas pour être efficaces (OCDE)

Le  prix est trop bas et l’évolution est trop lente. C’est ce qu’a mis en évidence l’OCDE en examinant les prix effectifs du carbone en 2018 dans 44 pays membres et du G20 – responsables d’environ 80% des émissions dans le monde – et en étudiant l’écart avec une valeur cible de 60 euros la tonne. Il faudrait sans doute plus que doubler le prix du carbone et en espérant que cette augmentation répercutée dans les entreprises et chez les particuliers incitera à une consommation plus réduite. Le problème c’est que cette taxation du carbone ne résoudra pas les inégalités fiscales et la concurrence faussée.

Cette valeur de 60 euros est considérée comme une « estimation moyenne du coût réel des émissions de CO2 pour 2020 et une estimation basse pour 2030″. Il s’agit d’un chiffre « compatible avec un scénario de décarbonation lente d’ici 2060″, précise l’OCDE.

Résultat: seules 19% des émissions de carbone se voyaient appliquer une tarification de 60 euros la tonne ou plus.

« Les progrès varient considérablement selon les secteurs économiques, le prix du carbone étant généralement le plus élevé dans le transport routier », précise le rapport. Il est au contraire « très faible » dans les secteurs de l’électricité et de l’industrie, sauf dans quelques pays.

L’OCDE estime qu’une augmentation du prix de 1 euro par tonne de CO2 conduit en moyenne à une réduction de 0,73% des émissions dans la durée.

Dans un rapport séparé, l’OCDE constate aussi une hausse de 5% en 2019 du soutien public aux combustibles fossiles dans 50 pays de l’OCDE, du G20 et du Partenariat oriental de l’UE, pour un total de 178 milliards de dollars.

Cette hausse des subventions vient inverser une tendance à la baisse de cinq ans. Selon le rapport, le soutien direct et indirect à la production en particulier a bondi de 30%, marquée notamment « dans les pays de l’OCDE, sous l’impulsion de l’Amérique du Nord ».

Veolia dit encore non à une négociation avec Suez

Veolia dit encore non à une négociation avec Suez

Pour résumer le patron de Veolia dit non à la proposition de Suez alliée au fond Ardian qui permettrait de démanteler le groupe. Notons que Veolia propose de vendre les actifs de Suez au fond Méridien. Dans les deux cas Suez serait dépecé. En outre ,Veolia refuse de payer l’action à 20 € au lieu des 18 proposés. Bref la confusion persiste et même simplifie et le risque c’est de porter une atteinte dommageable tant à  Suez qu’à Veolia notamment au plan international. On voit mal en effet des opérateurs confier leurs activités à des sociétés prêtes à vendre leurs actifs notamment à des fonds plus ou moins spéculatifs.

« Suez nous demande de racheter le groupe avec un prix très élevé, et de revendre plus de la moitié des activités à deux fonds d’investissement court-termistes, des actifs partout dans le monde et parmi les plus rentables. Re-céder la moitié des actifs de Suez, ce n’est pas compatible avec mon projet industriel de création d’un grand champion, qui implique de rassembler le maximum d’activités et d’équipes », a déclaré Antoine Frérot.

« Quand on nous propose de discuter en nous mettant un pistolet sur la tempe, avec l’activation d’une fondation hollandaise pour empêcher la mise en place des remèdes que prendra l’anti-trust sur l’eau, c’est ce que j’appelle une négociation sous un chantage. Non, il n’y a pas une volonté d’entamer une véritable discussion avec la proposition qui a été faite », a-t-il ajouté.

Suez a mis en place, au début de cette bataille, une fondation de droit néerlandais destinée à empêcher la cession de ses actifs sur l’eau, cœur de son métier. Il a aussi obtenu une offre ferme d’Ardian-GIP au prix de 20 euros par action, contre 18 euros proposés par Veolia. Le consortium reprendrait la France, mais aussi les activités « Eau et Technologie »  à l’international.

Faute d’accord à l’amiable, il reviendrait aux actionnaires de Suez d’arbitrer, à l’occasion de leur prochaine assemblée générale, attendue d’ici la fin juin.

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