Archive mensuelle de août 2011

Les économies Fillon du budget 2011 déjà dépassées

Les économies Fillon du budget 2011 déjà dépassées 

  A grand renfort de communication, F. Fillon a annoncé il y a quelques jours une réduction du déficit 2011 de 1 milliard et même 10 milliards pour 2012. En fait de manière beaucoup plus discrète, le ministère du budget vient d’avouer qu’il  s’apprêtait à revoir ce déficit 2011 en hausse de 3,4 milliards, à 95,7 milliards d’euros. Autant dire que la prévision de réduction du déficit budgétaire est déjà caduque et qu’on sera autour de 6% de déficit fin 2011, que les perspectives 2012 sont aussi obsolètes et que l’objectif de revenir à 3% en 2013 est complètement illusoire. Le tassemenet de la croissance est passé par là et comme prévu, les recettes fiscales espérées ne sont pas à la hauteur. Le manque à gagner sur les impôts d’entreprises est de l’ordre de 3 milliards et la charges de la dette progresse d’environ 1.5 milliards du fait de l’inflation. Les économies annoncées par F. Fillon ne sont donc pas à la hauteur. Pour 2012 et encore davantage pour 2013, les annonces relèvent de la pure spéculation. En effet, du fait des élections présidentielles, le budget de 2012est tout à fait indicatif, quant à 2013 c’est encore plus douteux. Si comme prévu, la croissance en France ne dépasse pas 1% en 2012 , au mieux et à condition que la correction obligataire et financière soit reportée, les recettes fiscales seront très affectées. Avec la montée du chômage, il faudra compter sur les dérives des comptes sociaux. Recettes en moins, dépenses en plus nous éloigneront du mythique objectif de 3%. C’est cette situation qui donne de la légitimité au refus de la règle d’or par la gauche. Une règle considérée comme une fuite en avant complètement décalée par rapport aux réalités. Pour autant, cette règle d’or est indispensable, même si son application doit être décalée dans le temps. Mieux vaut un équilibre budgétaire reporté de quelques années, 2015, voire 2020, que l’acceptation d’un déficit permanent comme mode d’ajustement de nos dépenses excessives. Les marchés financiers (les prêteurs)  seraient davantage rassurés par des objectifs budgétaires crédibles que par des prévisions irréalistes ou le laisser-aller permanent. 

 

La sortie de l’Euro

Conséquences de  la sortie de l’euro      La sortie de l’euro (ou son éclatement)  est posée par de nombreux souverainistes de droite comme de gauche. On ne peut intellectuellement ignorer cette hypothèse et se contenter de dire que ce serait une catastrophe ou au contraire la vraie solution pour sauver la France du désastre. Pour tenter de répondre à ce questionnement, il faut rappeler la réalité de notre situation. Schématiquement, nous accumulons les déficits depuis 35 ans au point aujourd’hui d’avoir à gérer une dette officielle de l’ordre de 2000 milliards soit à peu près l’équivalent du PIB fin 2011(il faudrait prendre en compte les dettes hors bilan, les dépenses non provisionnées  etc.). On peut bien sûr simplifier et considérer que nous n’avons pas à répondre de ces dettes. Ce serait alors faire défaut et les conséquences seraient catastrophiques vis-à-vis de notre monnaie et des taux d’intérêt. Supposons que nous sortions brutalement de l’euro pour retrouver par exemple le franc. Immédiatement, la monnaie subirait une dévaluation de l’ordre de 20%. Certains diront que c’est une dévaluation compétitive qui nous permettrait  de mieux exporter. Ce raisonnement n’est pas faux mais compte tenu de nos importations contraintes (énergies, biens non produits en France), le renchérissement de ces importations serait au moins de 20%. Donc retour à la case départ. On pourrait objecter que notre industrie notamment pourrait se développer sur les biens actuellement importés. Sans doute mais on ne reconstruit pas un appareil industriel en une ou deux années. Il faut tenir compte des investissements à réaliser et de la productivité à dégager pour être compétitifs. Si on ne change pas fondamentalement la structure et le niveau de nos dépenses, aucune compétitivité ne pourra être restaurée. La sortie de l’euro provoquerait par ailleurs un mouvement économique autarcique généralisé qui nuirait aux échanges, or les échanges internationaux portent la croissance, ils sont même supérieurs à la progression de l’activité. Le protectionnisme qui en résulterait amènerait inévitablement des mesures de rétorsion de la part des pays où nous exportons (matériel de transport comme les Airbus  ou  TGV, centrale électriques, BTP, produits pharmaceutiques, industrie chimique etc.). Pour la plupart de ces productions, nous tirons une grande part de compétitivité de la complexification des processus de production qui permettent de profiter des avantages de la spécialisation spatiale. Notre industrie automobile par exemple n’est réellement française qu’à hauteur d’environ 25%.  Une automobile entièrement française verrait son prix doubler compte tenu du niveau de nos coûts de production. Il en serait de même pour de nombreux produits. La dévaluation issue de la  sortie de l’euro générerait une hausse considérable des taux d’intérêt, or une économie moderne ne peut vivre sans le recours  à l’emprunt même s’il faut bien considérer que certains  emprunts sont excessifs quand ils ne peuvent être apurés dans des délais satisfaisants. La dévaluation provoquerait une inflation importante certainement supérieure au montant de la dévaluation puisque nos productions seraient en grande partie soumises  au niveau de nos coûts. Ou alors il conviendrait parallèlement d’engager un plan d’austérité sans précédant, c’est-à-dire par exemple augmenter les prélèvements obligatoires de 10% et réduire nos dépenses de 10% également. Pour résumer, la sortie de l’euro est possible mais il faut alors avoir le courage de dire que cela se traduira par une baisse drastique du niveau de vie. Pourquoi pas, ce serait une modification fondamentale de notre mode de vie et notamment de notre mode de consommation (ce que souhaitent les écolos purs et durs). Pendant une longue période, celle correspondant au réajustement des modes de production et de consommation, il faudrait alors compter sur une hausse également brutale du chômage ; officiellement le taux de chômage est de l’ordre  de 10%, en réalité environ 15% si on compte les personnes aidées – RSA par exemple). Le chômage pourrait alors doubler ; ce serait autant de ressources fiscales en moins, autant de consommation en moins, autant de croissance en moins. L’analyse de l’économie moderne s’accommode mal des raisonnements simplistes car on ne peut faite abstraction des effets systémiques d’un brusque retour en arrière. L’euro  au moins le mérite d’apporter un peu de stabilité (notamment dans les échanges). Il n’est pas parfait car il souffre d’une insuffisance de gouvernance économique et politique.de plus. De toute manière, il faudra construire une nouvelle Europe de manière plus progressive afin d’harmoniser les conditions économiques et sociales (Europe des cercles) En outre, l’économie mondiale présente de graves insuffisances en matière de régulation notamment pour harmoniser progressivement la concurrence notamment ses dimensions économiques, monétaires, sociales et environnementales. Il est exact qu’après la crise de 2008, on a vite oublié les promesses en matière de régulation. Ceci étant toutes ces insuffisances ne sauraient donner la moindre légitimité scientifique au discours populiste du repli sur soi. Ajoutons un dernier argument, politique celui-là, à savoir que le repli sur les seuls intérêts nationaux a toujours correspondu dans histoire aux conflits les plus dramatiques. La France a besoin d’Euro et réciproquement pour le progrès comme pour la paix. 

 

Une crise plus grave qu’en 1929

 

L’histoire reteindra sans doute, d’ici quelques années que la crise qui se prépare doit beaucoup à l’incompétence et à l’irresponsabilité des autorités politiques de la plupart des pays développés. Les citoyens ne sont sans doute pas  innocents car ils ont toujours préféré élire ceux qui promettent des lendemains enchanteurs.  A cet égard, il faut bien constater une incertaine cohérence  entre le profil des dirigeants et la mentalité des peuples. Promettre des larmes et du sang n’a jamais été très vendeur. Pourtant, la crise qui se prépare sera vraisemblablement plus dramatique que celle de 1929. En effet pour les Etats- Unis comme pour la France, il n’avait fallu qu’une dizaine d’année pour retrouver le niveau d’activités économiques de 1929. Cette fois il faudra sans doute environ 20 à 40 ans pour s’en sortir. Il suffit pour s’en persuader de regarder en face quelques réalités chiffrées simples.

 

 

Ici, nous nous en tiendrons à des ordres de grandeur afin de ne pas nous perdre dans les détails qui font oublier l’essentiel. Cela ne saura satisfaire l’esthétisme des experts qui attache souvent pus d’importance au quatrième chiffre après la virgule qu’aux sommes en jeu. Pour s’en tenir seulement à la France, la dette actuelle est grossièrement de l’ordre de 2000 milliards (on peut ergoter sur ce montant  du fait d’approche comptables différentes) soit  à peu près l’équivalent du PIB en 2011. Autrement dit, le taux d’endettement par rapport au PIB atteint 100%. Si rien ne devait changer et à condition que l’équilibre budgétaire soit réalisé dès 2012, cette dette atteindrait 4000 milliards dans 20 ans en supposant un taux d’intérêt moyen de 3% (taux actuel préférentiel avec la note Aaa). En moyenne annuelle pour apurer complètement cette dette, il faudrait donc rembourser 200 milliards par an. Soit pendant 20 ans un prélèvement supplémentaire de 10% du PIB. Or il faut rappeler que nos prélèvements obligatoires sont déjà de l‘ordre de 50% (là aussi on peut ergoter sur le taux). La compétitivité française déjà plombée par la fiscalité n’y résisterait pas et la croissance en serait gravement affectée. On objectera justement que ces hypothèses chiffrées ne tiennent pas compte de la croissance future donc des ressources fiscales à venir. Or depuis plusieurs dizaines d’années, ce taux de croissance tourne autour de 2% par an en moyenne. On ne voit pas pourquoi, brusquement ce taux évoluerait à la hausse compte tenu de l’émergence des nouveaux pôles économiques mondiaux. On peut même craindre une baisse pour n’atteindre que 1% en moyenne, ce qui ne serait déjà pas un mauvais résultat. Il faut en effet prendre en compte que nous allons connaître une période forte récession donc une croissance négative pendant plusieurs années. Il s’agira des conséquences de la crise obligataire, de la hausse des taux d’intérêt, du ralentissement des échanges mondiaux, de la baisse de la consommation intérieure et du chômage. 5 à 10 ans seront nécessaires pour nous redresser comme en 1929 mais il faudra encore une dizaine d’années pour retrouver une croissance satisfaisante. En moyenne donc une croissance de 1% serait donc déjà un résultat acceptable. Evidemment les hypothèses de remboursement de la dette doivent, parallèlement aux scénarios de croissance et de rentrées fiscales, tenir compte de l’évolution des dépenses. Il faudra de toute manière en réaliser de gré ou de force. Elles devront être au moins supérieures à 200 milliards par an d’une part pour rembourser la dette d’autre part pour équilibrer le budget. En gros, le déficit budgétaire sera d’environ 10% en 2012. Il faudra donc ponctionner 200 milliards pour le remboursement de la dette et 100 milliards pour équilibrer le budget toutes choses égales par ailleurs. C’est donc 15% qu’il faut ponctionner en plus sur la richesse nationale. Maintenant rien ne dit que les taux d’intérêt resteront en moyenne à 3% (à noter que Standard and Poor’s prévoit si la situation ne change une notation de  AA en 2020, d’un A en 2025, d’un BBB en 2030 et d’un pays noté en catégorie spéculative avant 2040 ; une situation à la grecque). Pour vérifier le raisonnement, il suffit de lire le dernier rapport de la cour des comptes qui résume la situation ainsi  « La France a des ressources fiscales pour assumer 10 mois par an de dépenses, le reste, elle  l’emprunte ! » C’est donc bien environ 15% de ressources supplémentaires qu’il faut trouver d’une manière ou d’une autre (et sans doute pas par combinaison de toutes). 

Si le taux d’intérêt  devait passer à 6%, il faudrait ponctionner 30% supplémentaires sur la richesse nationale. Donc au total presque 80% ! La situation est donc beaucoup plus rave qu’en 1929 pour la France (mais pour beaucoup de pays qui ont des situations comparables y compris les Etats-Unis). Dès lors, on se demande qui aura la lucidité et le courage pour engager le redressement nécessaire car les efforts à demander seront bien incompatibles avec les promesses électorales indispensables pour se faire élire. On peut effectivement imaginer que les autorités politiques n’auront ni la capacité, ni la volonté de gérer une telle situation et que finalement ce sont les marchés qui vont réguler nos dettes. De quelle manière ? Vraisemblablement par l’inflation et la dévaluation. Pour simplifier à l’extrême et ne pas se perdre dans les dans les calculs scientistes, c’est 15 à 20 % qu’il prendre dans la poche des contribuables et/ou des consommateurs et cela pendant une vingtaine d’années et à condition de ne plus laisse le budget dériver. L’effort à demander sur 20 ans sera sans doute excessif, il faudra donc étaler le rééquilibrage sur 30 ou 40 ans. Rien de surprenant puisque nous avons laissé dériver nos grands équilibres depuis une quarantaine d’années, il en faudra autant pour remonter le courant. On est loin de propos rassurants des « autorités européennes » qui ne voient dans la crise actuelle qu’un « fébrilité temporaire des marchés ». Pour permettre le rétablissement durable des grands équilibres, il faut aussi une nouvelle régulation économique et financière d’abord en Europe puis au plan mondial. Bref, une véritable Europe,  un véritable G20. C’est-à-dire concilier l’efficacité du marché avec des règles équitables en matière économique, fiscale, sociale et environnementale. D’immenses chantiers, la question est de savoir si nous trouverons les chefs de chantiers compétents et courageux pour ces travaux. 

  

  

 




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