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Réindustrialisation en cours d’après le ministre Roland Lescure

Réindustrialisation en cours d’après le ministre Roland Lescure

« industrie verte », le ministre de l’Industrie, Roland Lescure, détaille dans une longue interview accordée La Tribune la stratégie de réindustrialisation du gouvernement après plus de quatre décennies de délocalisations. Financement, rôle crucial d’EDF, accès au foncier, taxe carbone, pénurie de main-d’œuvre, discussions avec Tesla, sécurisation des matières premières, rôle des startups, Roland Lescure n’esquive aucun sujet dans une interview à la Tribune .

La loi industrie verte a été adoptée au Sénat la semaine dernière et passera à l’Assemblée le 20 juillet. Quand on voit l’ampleur de la désindustrialisation au cours des 40 dernières années et les multiples obstacles à franchir, à commencer par les freins culturels, votre projet de loi peut-il vraiment permettre de réussir le pari de la réindustrialisation ?

ROLAND LESCURE- Oui, j’en suis convaincu. Et pas seulement en raison du projet de loi. Cette ambition fait partie d’un dispositif politique plus large qui connaît déjà des succès puisqu’aujourd’hui en France, il y a plus d’usines qui ouvrent que d’usines qui ferment. Sur le quinquennat précédent, le solde net s’est élevé à 300 nouvelles usines et sur les deux dernières années à 200. Cela a permis de créer plus de 90 000 emplois en six ans. La réindustrialisation a donc commencé et commence à porter ses fruits. Pour autant, il faut désormais changer d’échelle. Nous sommes entrés dans un virage de la réindustrialisation et, pour en sortir, il faut accélérer, changer de braquet en agissant sur tous les fronts, car les défis sont nombreux : le financement, je rappelle que nous ne disposons pas comme d’autres pays de fonds de pension, le foncier, la formation, la transformation des mentalités, car nous devons être capables de démontrer que l’industrie permet de réconcilier économie et écologie. L’industrie c’est 20% du problème écologique, mais 100% des solutions. Le défi majeur est culturel.


Dans ce « Yalta industriel vert » qui s’organise, comment se place l’Europe ?

L’Europe a l’avantage compétitif d’être le plus grand marché du monde. C’est un intérêt pour développer la production. Les investisseurs internationaux cherchent des portes d’entrée. Et la France est plutôt privilégiée, c’est une des portes d’entrée favorite. L’Europe est le continent le plus décarboné du monde, le seul qui tient ses objectifs en la matière. C’est un avantage compétitif. Tout le monde fixe l’objectif de décarbonation 2050, mais on ne sait pas comment les Chinois et les Américains vont le faire. Nous nous sommes engagés à faire la moitié du chemin d’ici à 2030. Un citoyen européen émet aujourd’hui moins de carbone qu’un Américain ou un Chinois. La France est parmi les meilleurs de la classe et émet encore moins qu’un Autrichien ou un Allemand. Enfin, l’Europe a changé de logiciel sur les aides d’État. Elle a réalisé que financer la décarbonation nécessitait de l’argent public, car à court terme ce n’est pas rentable. Nous avons des plans de financements : les grands projets européens, les moyens de France relance et France 2030, l’acceptation des crédits d’impôt … Même si on est parfois un peu plus lent et un peu plus lourd que les États-Unis, on y arrive.

Le gouvernement accorde une baisse d’impôts de production de 9 milliards d’euros, comptez-vous aller plus loin pour améliorer la compétitivité de la France ?

Nous allons terminer la suppression de la CVAE. Il reste encore plus de 4 milliards qui seront votés dans le cadre du prochain Projet de Loi des Finances (PLF). Les grands industriels internationaux nous disent qu’aujourd’hui, le gouvernement a fait le « boulot » en matière de financement, avec la fiscalité ou les aides du plan d’investissement France 2030 (54 milliards d’euros). Les aides font la différence entre les grandes zones. Il y a notamment une guerre mondiale des subventions entre l’Asie, l’Amérique et l’Europe. Mais, une fois que les industriels ont choisi leur zone géographique, au sein de l’Europe, la différence ne se fait pas sur les aides qui restent surveillées par Bruxelles, mais sur d’autres critères.

Le vrai sujet aujourd’hui, ce qui fait la différence, c’est le foncier et les délais des procédures pour pouvoir ouvrir une usine. Certes en termes de compétitivité, d’autres pays européens comme le Portugal ou de pays de l’Est bénéficient d’un coût du travail plus bas que le nôtre, mais avec sa capacité d’avoir une électricité bas carbone à coût raisonnable, sa position géographique et la qualité de sa main d’œuvre, la France dispose d’avantages compétitifs importants. Il faut notamment continuer à amplifier notre avantage en termes d’électricité, construire des EPR, du solaire et de l’éolien. Il nous faut de l’électricité à bas carbone à coût raisonnable pour nos industriels, notamment pour les 50 sites les plus émetteurs de CO2, pour leur permettre de se décarboner. Ils représentent 60% des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’industrie et veulent se décarboner. C’est essentiel pour leurs clients, leurs investisseurs, leurs salariés, sinon ils n’arriveront plus à recruter, à vendre, ni à investir. Ils nous disent que pour décarboner, ils ont besoin d’aide, parce qu’à court terme, ce n’est pas profitable.

Ces bas tarifs ne sont pas forcément compatibles avec la volonté d’EDF de vendre son électricité à un prix permettant de financer les investissements. EDF vient d’être nationalisée, doit-il dans votre esprit, fonctionner comme une régie ?

L’objectif est d’avoir une électricité à bas carbone à juste prix, c’est-à-dire un prix qui garantisse la compétitivité de l’économie et la capacité d’investissement d’EDF, avec le soutien de l’État. Mais, quel serait l’intérêt d’avoir un EDF rentable sans industrie et donc sans clients significatifs ? Il y a une voie pour le faire, notamment avec la réforme du marché européen de l’électricité. Dans ce débat européen, il faut rappeler que le nucléaire est l’un des atouts de la France. Il a été financé avec l’argent des Français dans les années 70 et 80. Il faut en faire bénéficier les Français. Et, outre le nucléaire, il y a une capacité de développement dans l’éolien, le solaire. EDF, c’est une entreprise que l’on va développer, mais qui a une responsabilité industrielle extrêmement forte, qu’elle doit assumer.

Pour autant l’écart des prix de l’électricité entre les États-Unis et l’Europe, déjà favorable aux États-Unis avant l’IRA, se creuse depuis. Ne craignez-vous pas que ce manque de compétitivité pousse à la fois certains industriels français à choisir les États-Unis et des industriels étrangers qui souhaitaient investir en France et choisir les États-Unis ?

C’est évidemment un point de vigilance important que nous avons avec Bruno Le Maire . La priorité c’est de livrer de l’électron compétitif. Nous réussirons ce chantier industriel de l’énergie, ou nous ne réussirons pas à réindustrialiser le pays. Mais n’ayons pas à rougir de nos atouts, en France et en Europe. L’Europe, c’est un marché de l’électricité unifié, un réseau électrique robuste, très bien entretenu en particulier en France. Quand vous êtes un industriel en France, vous savez pouvoir compter sur un approvisionnement électrique de qualité, sans coupure, même en période de crise comme l’hiver dernier. Ce n’est pas un hasard si nous avons réussi à coupler en urgence le réseau ukrainien l’année dernière, là où certaines régions aux États-Unis connaissent des black-out régulièrement. La France c’est aussi un plan : nous poussons les curseurs au maximum sur le nucléaire et les renouvelables. Grâce à ses efforts historiques, le prix ressenti de l’électricité payé par les industriels est parmi les plus compétitifs d’Europe, ça ne va pas changer. Moi, je crois dans les réalisations concrètes, et les acteurs ne s’y trompent pas. Si nous avons enregistré un record d’investissement à Choose France cette année, avec des industriels comme Prologium, Holosolis, qui seront de gros consommateurs d’électricité, s’engagent dans nos territoires, c’est que les conditions et les opportunités qu’ils trouvent chez nous valent bien celles des États-Unis. Dans ces preuves, je salue également le contrat signé par EDF et l’aluminerie Trimet lundi à Saint-Jean-de-Maurienne, premier contrat de long terme depuis longtemps qui est un très bon signal sur ce qu’on peut faire.

Faut-il prolonger l’ARENH (« Accès régulé à l’électricité nucléaire historique ») qui oblige EDF à vendre à ses concurrents à des prix avantageux ?

L’ARENH se terminera fin 2025. Nous devons préparer une alternative. Nous ne pouvons pas dire que nous arrêtons sans proposer autre chose, parce que ce dispositif a su jusqu’à maintenant protéger nos industriels.

Mais il pénalise EDF….

L’ARENH est une manière de faire bénéficier l’économie française d’investissements passés faits par les Français. Le parc nucléaire appartient certes à EDF, mais c’est la France qui a investi de manière extrêmement ambitieuse pendant des décennies. Il est normal que cet investissement bénéficie à l’ensemble des consommateurs français. Nous sommes engagés auprès de l’Europe à trouver une alternative à l’ARENH d’ici à deux ans. Nous sommes dans une cause nationale. La révolution industrielle et l’industrie verte sont des opportunités exceptionnelles de prospérité dans les territoires, une opportunité politique… C’est une arme de restauration de l’espoir dans les territoires éloignés. Nous devons tous être derrière ce projet. Y compris les forces politiques dont j’attends qu’elles soient plutôt consensuelles autour du projet de loi.

Le coût de la décarbonation de l’industrie est estimé à 50 milliards d’euros d’ici à 2050, dont 30 pour les 50 sites les plus polluants. Quel serait le montant d’une enveloppe globale de subventions pour atteindre vos objectifs de réindustrialisation ?

C’est la beauté de la planification écologique. Depuis un an, nous travaillons à un vrai équilibre emploi-ressource de la décarbonation. Chaque secteur (industrie, logement, transports) présente son plan et ses besoins. Il y a les 54 milliards d’euros de France 2030 qui commencent à livrer, 9 milliards pour les projets de décarbonation, autant pour l’hydrogène. Nous avons déjà des enveloppes estimées qui permettent de lancer la machine. En novembre, le Président avait dit qu’il avait prévu 5 milliards pour la décarbonation des 50 sites, mais qu’il était prêt à doubler la mise si nous accélérions et que les industriels s’engageaient dans la démarche. C’est ce que nous sommes en train de finaliser pour pouvoir lui présenter des plans qui divisent par deux les émissions de l’industrie d’ici 2030 et permettent d’être carbone neutre en 2050. Pour cela, il faudra des moyens même si la priorité est de lancer les projets. Il faudra financer ces projets, en partie grâce au plan industrie verte qui orientera l’épargne des Français vers les investissements verts. Le fameux produit d’épargne climat pour les jeunes, c’est 1 milliard d’euros, avec l’assurance vie, ce sera 3 à 4 milliards …

Y aura-t-il des garanties climatiques à ces aides ?

Oui, nous suivrons de près les engagements de décarbonation pris par les industriels et il y aura des clauses de remboursement si les objectifs ne sont pas atteints.

Concernant le plan d’épargne climat pour les jeunes, pensez-vous que les Français suivront ?

Oui, parce que cela a deux avantages. Ce Plan avenir climat est exempté de charges et d’impôt et on peut l’ouvrir dès la naissance, avec des perspectives de rendement intéressant. J’imagine bien des grands-parents à la naissance de leurs petits enfants se dire je vais y mettre quelques centaines, voire des milliers d’euros. C’est l’occasion d’investir différemment dans l’économie verte. Il faut que les banques jouent le jeu pour financer l’industrie verte. Elles sont prêtes à le faire. Il faut aussi que les assureurs jouent le jeu. Ils ont des clients et des actionnaires. Et nous avons des discussions positives avec eux.

Vous l’avez souligné, le foncier est crucial dans la réindustrialisation. Il se heurte à l’objectif de « zéro artificialisation nette des sols » (ZAN) en 2050 fixé par la loi Climat de 2021, qui vise à réduire par deux d’ici à 2031, la consommation d’espaces naturels et agricoles puis d’atteindre d’ici à 2050, un solde net dans lequel les hectares « bétonnés » devront être compensés par la « renaturation » d’une surface équivalente. Faut-il sortir l’industrie du ZAN ?

L’industrie représente 5% du stock foncier. Et si on réindustrialise, 8% des flux. L’industrie ne devrait pas être un sujet de contentieux trop fort et nous disposons d’espaces très nombreux avec nos friches industrielles. Dans le nouveau foncier à déployer, l’essentiel se situe au niveau des infrastructures comme le canal Seine nord, ou le logement. Nous proposons d’exempter les grands projets industriels d’intérêt national et ceux liés à l’industrie verte du zéro artificialisation nette.

Le Sénat a modifié votre projet de loi qui visait à donner au préfet le pouvoir d’accorder les permis de construire, en ajoutant la nécessité d’avoir un avis conforme aux élus locaux concernés. Cela risque-t-il de freiner et de complexifier le processus d’attribution ?

L’objectif est que ça soit simple et efficace. C’est pourquoi nous voulions que le préfet et donc l’État soit le point d’entrée. C’est clairement ce que nous demandent les investisseurs internationaux.

Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre dans de nombreux secteurs d’activité, notamment l’industrie, comment trouver les bras nécessaires ?

Il y a des besoins énormes. Plus de 100.000 emplois dans le nucléaire. Compte tenu de la part de l’industrie dans l’emploi total, de notre perspective de réindustrialisation et des départs à la retraite, c’est au bas mot un million d’emplois industriels dont on aura besoin dans les 10 à 15 ans qui viennent. C’est énorme. Il faut accélérer, doubler, tripler les efforts. Là encore, la culture change. On a gagné le combat de l’apprentissage. Nous allons réformer le lycée professionnel. Quand je passe dans les usines sur les territoires, les gens ont envie que leurs jeunes se forment.

Au niveau de l’Éducation nationale, comment sensibiliser à l’industrie. Souvent c’est au moment de Parcoursup, mais les industriels disent que c’est trop tard. Qu’il faut le faire dès la fin de l’école primaire. Qu’en pensez-vous ?

Je suis d’accord. Il y a des visites d’usines. Des demi-journées découvertes pour faire entrer les jeunes dans l’usine et l’usine dans l’école. Mais, c’est encore un sujet culturel : trop d’industriels se méfient encore de l’école, et trop de directeurs d’école de l’industrie. Mais ça change. Sur la localisation des produits aussi. Pendant 20 ans on a dit qu’il valait mieux fabriquer nos iPhone et nos verres en Chine et en Inde plutôt qu’en France, ce n’est plus le cas. De plus en plus d’entreprises de textile se relocalisent en France : Petit Bateau, le Slip Français, le Coq Sportif qui va équiper l’équipe de France avec du made-in-France, l’Olympique de Marseille qui vend des maillots Puma faits à Marseille…

Au regard du coût du travail en France, la réindustrialisation est-elle compatible avec la volonté d’améliorer le pouvoir d’achat ?

C’est un défi énorme. Dans le textile, le made-in-France est un peu plus cher, mais il faut innover dans les processus de production pour faire baisser les prix. Mais les modes de consommation changent aussi. Il y a un sujet d’encadrement de la « fast fashion » et une réflexion à mener sur ce point, au moins sur l’étiquetage. Je suis effaré quand je vois des entreprises proposer des changements de collection tous les jours. Mais, changer de T-shirt ou de pantalon toutes les 3 semaines, est-ce une façon durable de consommer ? Les nouvelles générations font évoluer leur mode d’achat.

Les ouvertures d’usines suscitent souvent des oppositions en raison de leur impact environnemental. C’est le cas par exemple de celle de Crolles dans l’Isère, où STMicroelectronics va fabriquer des puces électroniques, en utilisant de l’eau. Comment jongler entre ces injonctions contradictoires ?

Il faut rester conscient de l’impact que va avoir l’usine de Crolles sur l’utilisation de l’eau. C’est pourquoi nous travaillons à un plan de recyclage des eaux. La réglementation est, par exemple, encore trop compliquée pour les industriels qui souhaitent réutiliser les eaux usées dans leur processus de production. Dans le plan industrie verte, il y a un volet pour la réutilisation des déchets. C’est essentiel, car aujourd’hui, par exemple, si vous recyclez une bouteille d’eau en plastique ailleurs que dans une usine qui fait des bouteilles d’eau, la procédure est très complexe…

Que comptez-vous faire face à la menace des recours qui planent pour tous les projets industriels ?

Les recours industriels ne sont pas les plus nombreux. Mais on a déjà dit au Sénat qu’on était prêt à regarder les recours abusifs. Ils sont soumis à des amendes qu’il faudrait peut-être durcir, tout comme il faudrait accélérer et simplifier les processus et les délais de traitement.

La réindustrialisation passe aussi par l’export. Dans le contexte de protectionnisme, n’y a-t-il pas un risque de représailles et de se couper des relations commerciales avec certains pays ?

Pour résorber notre déficit de la balance commerciale et repartir à la conquête du monde, il faut se réindustrialiser. Si on ne réindustrialise pas, la France va continuer à être bénéficiaire net dans les services et le tourisme et importer une bonne partie de ce que nous consommons du monde entier. Il faut être clair sur notre stratégie. Quand je vois de vrais relents protectionnistes, je m’inquiète. Parce que quand vous fermez une porte, elle se ferme dans les deux sens. Si vous empêchez des industriels internationaux de venir en France, vous risquez d’avoir des représailles. Entre le protectionnisme bête et méchant et la naïveté exagérée, il y a un juste milieu. Il faut une concurrence juste et équitable. Nous devons aussi être attentifs à la protection de l’environnement. On ne peut pas donner un bonus écologique à des véhicules électriques importés qui auraient été produits avec un impact carbone très négatif. Il ne s’agit pas d’interdire les importations ou d’empêcher les Français de choisir le véhicule qu’ils souhaitent, mais cela ne peut pas se faire avec une subvention du contribuable.

Le gouvernement prépare un bonus écologique pour le secteur automobile qui tiendra compte du bilan carbone du véhicule. Comment mesurer celui des voitures chinoises ?

Je ne veux stigmatiser aucun pays. Ce n’est pas le sens de notre politique. Nous sommes en train de définir précisément les critères pour évaluer la performance environnementale des véhicules électriques, en lien avec l’ADEME. Ce travail sera aussi mené pour tous les véhicules ! Tous les constructeurs devront prouver la bonne performance environnementale de leurs véhicules s’ils veulent que leurs clients bénéficient du bonus écologique… Il faut arrêter la naïveté, sans fermer les portes.

Allez- vous décliner cette mesure à d’autres secteurs ?

La politique d’achat public doit changer. Nous allons sécuriser les acheteurs qui souhaitent intégrer la composante environnementale dans l’achat public. Aujourd’hui c’est déjà prévu par la loi, mais les acheteurs publics sont insécurisés, ils craignent d’être taxés de favoritisme.

La taxe carbone aux frontières européenne fait débat au motif notamment qu’elle s’accompagne de la fin progressive des quotas de CO2 gratuits dont disposent certains industriels, lesquels craignent de devenir moins compétitifs ?

Tout le monde hurle en prétendant qu’il y aurait un effet boomerang. Mais c’est une très bonne idée, nous avons remporté le principe, il va falloir continuer à discuter pour en élargir le champ.

Peut-on revenir sur le rythme de fin des quotas gratuits ?

La fin des quotas gratuits est le sens de l’histoire, mais il y a peut-être une discussion à avoir autour des délais. Il faut s’assurer que le calendrier d’extinction (entre 2026 et 2034, Ndlr) est compatible avec l’ensemble. Les achats publics, la taxation aux frontières, les normes et la régulation. Il faut tout prendre en compte. Dans les batteries, on met en place des normes de recyclage minimum. À terme, elles devront avoir 40% de matériaux de base recyclés. C’est bon pour l’environnement, c’est aussi un avantage compétitif en Europe, qui recycle mieux les matériaux nobles des batteries que partout ailleurs dans le monde.

Faudrait-il taxer les importations des entreprises françaises qui ont délocalisé ?

Il n’y a pas de raison que les entreprises françaises qui produisent à l’étranger, typiquement Renault, soient défavorisées par rapport aux entreprises étrangères qui produisent à l’étranger. La vraie question est d’inciter des entreprises françaises à relocaliser leurs productions. Je suis plutôt favorable à la simplification des procédures, aux crédits d’impôt, aux subventions, aux achats publics. Cet arsenal va nous aider.

Que proposez-vous à Tesla pour qu’il s’installe en France ?

À Tesla, comme à tout grand projet industriel étranger, nous sommes en capacité de proposer du foncier, et parfois des emprises foncières très grandes, bien reliées aux infrastructures de transport, une énergie décarbonée abondante et à prix raisonnable et une main-d’œuvre qualifiée. J’ajouterais à cela, que dans le cas d’entreprises de l’automobile, nous avons désormais un écosystème dynamique en France, avec des entreprises qui fabriquent et recyclent les batteries, des constructeurs automobiles et des fournisseurs de nombreux composants, qu’il s’agisse du véhicule thermique ou du véhicule électrique. Tout cela intéresse les industriels du secteur, qui cherchent à se rapprocher de leurs clients et fournisseurs pour réduire les coûts logistiques et optimiser leurs produits. Enfin, le projet de loi sur l’industrie verte va nous permettre de réduire de moitié le temps nécessaire pour obtenir les autorisations pour l’implantation des sites industriels (de 17 mois à 9 mois).

Ne craignez-vous pas de mettre en danger les constructeurs français ?

Je préfère que des véhicules étrangers soient faits en France et bénéficient d’un bonus à l’achat plutôt que des véhicules français faits au bout du monde. D’ailleurs, je considère que Toyota est un constructeur français puisqu’il dispose d’une usine à proximité de Valenciennes, et crée de la richesse sur notre territoire. Le patriotisme cocardier m’insupporte.

Après la filière de batteries, comment faire pour développer d’autres filières ex nihilo comme les éoliennes ou les pompes à chaleur ?

La dynamique est lancée : on assemble des éoliennes en mer à Saint-Nazaire. Il y a des briques qui commencent à émerger. On va faire des microprocesseurs à Crolles. Dans certaines filières, nous devons accélérer et les structurer davantage. Mais on y travaille : on a réuni les industriels des énergies renouvelables, photovoltaïques et éoliens. Un plan de formation, de montée en gamme pour s’assurer qu’on aura les talents, est à l’étude. Il faut que nous travaillions sur les pompes à chaleur. C’est l’une de mes priorités. Le crédit d’impôt va aider. Cela fait partie des secteurs qui vont être appuyés.

Comment sécuriser les matières premières ?

C’est l’ un des autres nerfs de la guerre. Il est hors de question de remplacer une dépendance aux hydrocarbures, par une autre. Nous avons nommé un délégué interministériel aux matériaux rares, Benjamin Gallezot, pour piloter la stratégie. Il faut tout d’abord s’assurer qu’on ait accès à l’ensemble de la chaîne de valeur. Puis, pour les matériaux de base, voir si l’on peut en produire et en extraire en Europe et en France. Nous avons du lithium. En Alsace, Eramet va produire du lithium dans des usines de géothermie qui tournent bien. On peut en extraire chez nous, mais en extraire ailleurs aussi à condition de s’assurer que, d’un point de vue géopolitique, l’endroit est pertinent. Et que d’un point de vue du financement, on est capable de le faire. Et que du point de vue des clients, on est capable de prendre des commandes et les intégrer. Nous allons lancer un fonds d’investissement dans les matériaux de base, avec le gestionnaire, Infravia. L’État mettra 500 millions d’euros. L’objectif : avoir 2 milliards à terme. Ce fond public/privé de 2 milliards va développer des projets en France et ailleurs. Avec des partenaires qui sont des clients, Stellantis, Renault et d’autres, … prêts à faire des contrats d’off tech, d’approvisionnement assuré. Une bonne manière de ne pas dépendre de l’étranger pour les matériaux de base, c’est aussi de recycler, ce qu’on a déjà. Dans les directives européennes concernant les batteries, il y a un objectif de recyclage de 40% des matériaux. Il faut voir si on peut le faire dans d’autres secteurs.

Quel est le rôle des startups dans la réindustrialisation ?

Le vrai sujet des startups industrielles, qui font partie des priorités de France 2030, c’est l’accès au capital. Nous n’avons pas de fonds de pension, et elles ont besoin de capital. BPI fait sa part du boulot, France 2030 aussi, mais j’appelle les investisseurs qui ont de l’argent à investir dans les usines directement. Ce sont les family office et les institutionnels, comme les assurances vie.

Les investisseurs sont-ils trop frileux ?

En France, il y a un problème de culture d’investissement. Il faut que tous les investisseurs allongent leur horizon. Je salue la BPI, l’acteur public par excellence qui n’existait pas il y a 10 ans, et qui s’est imposé comme un acteur prêt à investir aux conditions de marché, avec un horizon plus long que la moyenne. Mais, tout le monde doit s’aligner là-dessus. Il faut changer les métriques. L’État fait sa part. On subventionne, on fait des crédits d’impôt. La France est le pays qui prête le plus et investit le moins. J’appelle vraiment tous les investisseurs à faire une petite refondation culturelle dans les processus. On parle beaucoup d’investissement socialement responsable (ISR) ou de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), c’est ça l’investissement social, c’est la capacité à allonger l’horizon.

Et les investisseurs étrangers ?

Ils font des fonds à impact, ils investissent dans les infrastructures. Le monde entier réalise que la transition écologique est une opportunité industrielle et financière sans équivalent. Ce qui manquait, c’est le financement public pour les rendre rentables des projets moins rentables à court terme. L’Europe le fait, les États-Unis le font. Je dis aux banquiers français… Allez-y. Ils doivent mieux prendre en compte les investissements véritablement socialement responsables. Ce ne sont pas des labels, des ratings, c’est un état d’esprit. Ne faisons pas les mêmes erreurs que par le passé. On a des chercheurs, des avantages technologiques, on a des entreprises françaises exceptionnelles.
Fanny Guinochet et Fabrice Gliszczynski
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Transport aérien – Emirates: Encore une grosse commande d’avions

Transport aérien – Emirates: Encore une grosse commande d’avions

Après l’annonce récente de Ryanair de commander 300 B737 MAX, celle, hier, de Turkish Airlines de passer prochainement la plus grosse commande de tous les temps (600 appareils), et les informations de Reuters sur l’existence de négociations entre Indigo et Airbus pour l’achat de 500 A320, Emirates évalue ses besoins jusqu’en 2040 et envisage également de passer de nouvelles commandes

Ce mardi, en marge de l’assemblée générale de l’Association internationale du transport aérien (Iata)qui se tenait à Istanbul, son président, Tim Clark, a déclaré que la compagnie qu’il dirige depuis une vingtaine d’années pourrait commander davantage d’Airbus A350 et de Boeing 777X ou de 787.

« Nous envisageons à la fois plus d’A350, plus de 777-9 et éventuellement la gamme 787 », a-t-il dit à des journalistes, refusant de préciser le nombre d’appareils long-courriers concernés.

Ces commandes d’avions traduisent la confiance des compagnies sur la croissance du secteur. Après avoir été torpillé par la pandémie, l’aviation est en train de signer un rétablissement spectaculaire. Les compagnies aériennes s’attendent à transporter 4,35 milliards de passagers dans le monde cette année, non loin du record de 4,54 milliards de 2019. Cette reprise vigoureuse du trafic, à la faveur notamment de la réouverture de la Chine, va se traduire par un retour aux bénéfices pour les transporteurs. Ils devraient dégager cette année 9,8 milliards de dollars de bénéfice net – soit le double de ce qu’envisageait jusqu’alors l’Iata, qui a aussi divisé par deux ses estimations de pertes pour 2022, à 3,6 milliards. Le chiffre d’affaires global des transporteurs aériens devrait de son côté atteindre 803 milliards de dollars, à portée des 838 milliards de 2019, selon l’Iata qui a donc révisé en hausse ses précédentes projections (779 milliards).

Même si les marges opérationnelles de l’industrie resteront très faibles cette année, à 1,2%, ces bénéfices, les premiers depuis le début de la pandémie, marqueront une amélioration spectaculaire par rapport aux 42 milliards de dollars perdus en 2021 et au gouffre de 2020 (137,7 milliards).

Toutes les zones géographiques ne retrouveront pas les bénéfices cette année, a toutefois prévenu l’Iata. Les transporteurs nord-américains, européens et moyen-orientaux devraient évoluer largement dans le vert, avec respectivement 11,5, 5,1 et 2 milliards de dollars cumulés. Mais les compagnies de la région Asie-Pacifique (-6,9 milliards de dollars), d’Amérique latine (-1,4 milliard) et d’Afrique (-500 millions) resteront déficitaires.

Turkish Airlines : Une commande de 600 appareils

Turkish Airlines : Une commande de 600 appareils

Une commande historique de 600 avions par Turquie Charlemagne qui entend concurrencer les aéroports et compagnies de l’Europe notamment.

600 appareils, soit plus ou moins trois fois la flotte exploitée aujourd’hui par Air France. Une commande qui traduit l’optimisme du secteur sur la poursuite de la croissance du trafic aérien mondial et, évidemment, l’ambition de la compagnie turque, géant du Moyen-Orient plus dangereux encore pour les compagnies européennes que les compagnies du Golfe.

Le président du conseil d’administration et du comité exécutif du transporteur turc, a dévoilé l’existence de pourparlers avec Airbus et Boeing pour l’achat de 400 appareils monocouloirs de type 737 MAX et A320neo, ainsi que 200 gros porteurs. Concernant ces derniers, il s’agira principalement d’appareils de la gamme des Boeing 787 ou des Airbus A350, capables d’accueillir environ 300 passagers, maiset également l’acquisition de 25 à 30 très gros porteurs de la gamme du 777X ou de l’A350-1000, à même d’emporter 400 passagers avec un grand rayon d’action.

Cette commande permettrait à Turkish Airlines de porter sa flotte à plus de 800 appareils d’ici à dix ans, contre 435 actuellement, pour un développement tous azimuts, notamment vers l’Afrique et l’Asie, en tirant parti du récent aéroport géant d’Istanbul, lui aussi le plus grand du monde. Soit quasiment le même nombre d’avions que les trois poids lourds du transport aérien mondial, les américaines Delta, American et United (900 appareils chacune).

Environnement–Pour un vrai verdissement de l’industrie

Environnement–Pour un vrai verdissement de l’industrie

par Pierre Veltz

membre de l’Académie des technologies

et Grégory Richa

directeur associé d’OPEO, cabinet de conseil en stratégie industrielle dans « Le Monde »

Le chercheur Pierre Veltz et le consultant Grégory Richa rappellent, dans une tribune au « Monde », qu’il faut agir sur tous les fronts : conception, marketing, design ; fabrication, distribution et logistique ; fin de vie et recyclage ; modes d’usage et modèles économiques

Les annonces le 22 mai d’Elisabeth Borne sur le « plan d’action » du gouvernement pour réduire les émissions de carbone secteur par secteur, après celles du président de la République et de Bruno Le Maire, ministre des finances, concernant la « réindustrialisation verte », vont dans le bon sens, comme tout ce qui contribue à renforcer l’industrie sur notre territoire, sous le double signe du gain de souveraineté et du « verdissement » de l’économie.

On peut évidemment s’interroger sur l’ampleur des moyens envisagés (face au plan massif de l’Inflation Reduction Act américain), sur les limites d’une démarche nationale lorsque la bonne échelle est l’Europe, sur les financements et sur la crédibilité d’un impact budgétaire promis comme neutre.

Mais cette séquence politique devrait être aussi une invitation à réfléchir sur ce que devrait être l’industrie « verte », notion qui reste en réalité bien floue. Le premier point à souligner est que celle-ci ne peut pas se limiter à des secteurs spécifiques. Cibler les batteries, le solaire, l’éolien et les pompes à chaleur est très utile.

Il ne faut pas rater ces virages énergétiques, de même qu’il faut décarboner en priorité les industries lourdes très émettrices (acier, aluminium, ciment). Mais c’est l’industrie tout entière, tous secteurs confondus, qui doit devenir verte. Deuxièmement, ce verdissement ne peut pas se limiter à la décarbonation des procédés industriels et de l’énergie employée. C’est un point crucial, mais mal perçu.

L’industrie verte ne sera pas une collection d’usines émettant moins de gaz à effet de serre (GES). Le changement de paradigme à opérer est plus profond. Pourquoi ? D’abord parce que la production du futur sera de plus en plus sous contraintes de ressources : énergie propre, mais aussi gestion de l’eau, interactions avec la biosphère, matières premières et composants en tension, compétences humaines rares.

Ensuite, il faut regarder bien au-delà des usines, pour considérer les chaînes de valeur complètes, de bout en bout, en amont et en aval, y compris les usages. L’usine d’où sort le produit final ne représente souvent que 5 % à 10 % des émissions de GES totales de ces chaînes. Il faut aussi repenser les produits eux-mêmes, biens et services. On parle beaucoup de sobriété d’usage, mais la sobriété de conception est un enjeu fondamental.

Décarbonation- Industrie verte-logistique, même objectif

Décarbonation- Industrie verte-logistique, même objectif


La filière transports de marchandises et logistique est résolument engagée dans sa propre décarbonation (transition énergétique du transport routier, report modal, entrepôts de plus en plus écologiques…). Elle a également un rôle essentiel, souvent occulté, dans l’effort de verdissement de l’ensemble de l’économie productive. Par Anne-Marie Idrac, ancienne ministre, Présidente de France Logistique ( dans la Tribune)

La raison d’être des transports de marchandises et de la logistique est d’accompagner la production de l’industrie, l’agriculture, la construction, et enfin la distribution.

Rappelons quelques chiffres de flux : hors transit, l’agroalimentaire représente 30%, la construction 28%, l’énergie et les déchets 10%, les produits intermédiaires de l’industrie et les véhicules encore 10%, le reste donc quelque 20%.

Or, concrètement, l’industrie verte de demain passe par deux politiques complémentaires : la réindustrialisation et la décarbonation des industries existantes. Elles conduisent toutes deux à une augmentation sur notre territoire des flux et des stocks de produits.

En effet ces deux tendances ont pour effet, en réduisant la part des importations, une certaine dé-massification des flux et stocks de produits en circulation chez nous. Donc leur croissance. Cela au bénéfice de notre balance commerciale, de l’emploi et la valeur ajoutée nationale.

Réindustrialiser consiste – d’un point de vue logistique – à relocaliser sur notre territoire la multitude de flux/stocks de matières, composants et produits intermédiaires localisés auparavant de l’étranger.

Pour l’industrie existante, un important levier de décarbonation est le remplacement des matières premières neuves, par des matières recyclées. Cela vaut par exemple pour l’acier (à partir de ferrailles recyclées et non plus de minerai), l’aluminium (à partir de cannettes) ou le plastique….

D’un point de vue logistique, cette économie circulaire se traduit par toute une chaine de multiples flux/stocks pour recueillir/trier/ramasser puis consolider les nouvelles matières premières. C’est une organisation complexe et répartie sur tout le territoire, avec des systèmes de collecte et des hubs de regroupements pour finalement re-massifier et minimiser les distances des flux.

De même, les grands chantiers d’équipements énergétiques (nucléaire, éoliennes), ou la tendance à la rénovation des bâtiments auront besoin de puissantes organisations logistiques.

Quant à la décarbonation de la distribution et du commerce, elle suppose des chaînes bien organisées de massification et de mutualisation.

Tout cela avec l’usage des véhicules les plus verts possible.

La réussite des politiques de réindustrialisation passe (aussi) par l’amélioration des performances des chaines logistiques
L’indice de compétitivité logistique de la Banque Mondiale (LPI), paru fin avril, place la France à la 13e place mondiale, derrière beaucoup de nos proches voisins et concurrents pour l’implantation industrielle, malgré quelques progrès notamment douaniers.

Dans le cadre de la stratégie nationale publiée par le gouvernement en décembre dernier, nous devons donc collectivement poursuivre nos efforts pour améliorer la compétitivité logistique, indissociable de son verdissement, avec deux objectifs : en faire un outil d’attractivité des activités productives de demain, et bénéficier sur notre territoire des capacités de création d’emplois et de valeur du secteur lui-même – dont on oublie souvent qu’une large part est facilement délocalisable à quelques dizaines de km de nos frontières.

Le raccourcissement des délais et la simplification des procédures d’implantations industrielles et logistiques sont pour cela cruciales – en y incluant la question compliquée des recours.

La politique bien engagée de décarbonation des chaines logistiques doit aider les acteurs à offrir des solutions toujours plus performantes aux industriels, pour favoriser leur implantation en France.

Plus largement, pour assurer la réussite globale des politiques de décarbonation, il est indispensable de travailler, dans une vision de type « scope 3 », à l’échelle des chaines de valeur et pas seulement sur chacun des maillons.

Ainsi, les émissions du transport de marchandises, si elles doivent évidemment être maîtrisées aux bornes du secteur dans le cadre de la SNBC, peuvent-elles aussi être considérées plus largement au regard de leurs impacts pour la production industrielle nationale. Par exemple, le renouveau industriel national nécessitera sans doute davantage de transports sur notre territoire. De même, un maillage adéquat de localisation des entrepôts doit-il prendre en compte l’optimisation des distances de transports dans une France en voie de ré-industrialisation verte.

Finalement, l’intensité logistique va de pair avec l’augmentation de la part industrielle de notre croissance, et son efficacité est l’un des leviers de notre redressement productif.

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Réindustrialisation : des gadgets

Réindustrialisation : des gadgets

Le président de la République qui a regretté une désindustrialisation qu’on «a parfois laissé faire», est mal placé pour critiquer le passé lui qui a commencé par transférer les activités électriques d’Alstom à l’Américain General Electric , qui a largement favorisé la désindustrialisation au cours de son premier mandat et organisé la pagaille en matière de politique énergétique; témoin, de nombreuses entreprises qui ont dû fermer leurs portes. La part de l’industrie dans le produit intérieur brut tricolore n’a cessé de dégringoler passant de 27,7% en 1949 à 13,1% à la fin de l’année 2021, selon l’Insee. Et sous le premier quinquennat Macron, l’industrie a encore perdu du terrain dans le total de la richesse produite par l’économie tricolore (-1 point de PIB entre fin 2016 et fin 2021).

Et d’exprimer une vérité de Lapalisse « La réindustrialisation exigera la création de nombreux emplois industriels ». Pour que ces postes soient pourvus, Emmanuel Macron a annoncé que «700 millions d’euros seront engagés dès les prochains jours et dans l’année à venir pour faire évoluer la carte des formations à tous les niveaux de diplôme».

Par ailleurs sur le plan fiscal, Emmanuel Macron a annoncé la création d’un crédit d’impôt industrie verte. Ce crédit d’impôt pourra bénéficier aux technologies «identifiées dans les textes européens», comme les batteries, les pompes à chaleur, les éoliennes ou les panneaux solaires. Il devra permettre de lutter contre la concurrence d’autres nations exportant ces biens.

Face à la compétitivité des Américains et des Chinois, qui vont «beaucoup plus vite» que les Français pour valider les projets industriels,( Aujourd’hui des autorisations de projets qui s’étalent sur un an et demi).

Emmanuel Macron souhaite revoir les critères d’attribution du bonus automobile – le bonus écologique, servant à acheter un véhicule propre -, «pour mieux prendre en compte l’empreinte carbone de la production du véhicule». Un moyen, surtout, de soutenir les «batteries, les véhicules produits en Europe», et d’éviter que cette aide ne bénéficie aux fabricants asiatiques ou américains.

Bref des mesures très partielles qui ne constituent pas véritablement un plan de redressement d’une industrie qui s’est complètement écroulée en France-la balance commerciale qui accuse régulièrement 100 milliards par an quand les Allemands affichent un profit en moyenne de 200 milliards.

Il est clair qu’une véritable politique de réindustrialisation mérite d’être examinée et décidée branche par branche et non traitée de façon globale et finalement anecdotique. L’urgence étant sans doute de revenir à une énergie électrique très compétitive en prévoyant le plan de financement des futures centrales EPR.

Choose France et investissement : Macon va encore annoncer une pluie de milliards

Choose France et investissement : Macon va encore annoncer une pluie de milliards

Alors que la compétitivité de la France ne cesse de s’affaiblir en raison notamment de l’écroulement de l’industrie nationale Macon va annoncer une trentaine de projets pour une quinzaine de milliards d’investissements qui devraient créer 8000 emplois. De quoi faire oublier que la France accuse régulièrement un déficit de la balance commerciale de 10 milliards en moyenne par an ( avec un record de 160 milliards en 2022) alors que l’Allemagne, elle, affiche un gain annuel de l’ordre de 200 milliards. Conclusion la politique industrielle est en pleine déconfiture.

Sur tous les projets Choose France, nous ne précisons pas l’ampleur des soutiens publics [...] Les montants varient en fonction de la taille du projet et de la nature des entreprises », explique-t-on. Par ailleurs on indique pas d’où provient l’argent alors que le budget accuse déjà un déficit de 6 % du PIB et que la dette flambe. Il s’agit surtout d’une opération de communication.

Pourtant, le commissaire au Plan François Bayrou, présent lors de la réception organisée à l’Elysée, a commenté une note particulièrement alarmante sur l’état de la balance commerciale française, la veille lors d’un point presse. « La situation du commerce extérieur français, à la fois symptôme et moteur de la désindustrialisation, continue de se dégrader », ont expliqué les auteurs de la note.

En outre, les chiffres de la statistique publique décrivent une réalité moins favorable. La part de l’industrie dans le produit intérieur brut tricolore n’a cessé de dégringoler passant de 27,7% en 1949 à 13,1% à la fin de l’année 2021, selon l’Insee. Et sous le premier quinquennat Macron, l’industrie a encore perdu du terrain dans le total de la richesse produite par l’économie tricolore (-1 point de PIB entre fin 2016 et fin 2021).

Sur le front de l’emploi, le solde entre les destructions et les créations de postes est largement positif en 2021 à 37.000 mais il est encore loin d’avoir retrouvé son niveau d’avant crise sanitaire. En 2020, plus de 50.000 postes ont été détruits lors du pic de la pandémie. Autrement dit, l’économie française crée d’abord de l’emploi dans les services. Surtout, les récentes créations sont très loin de compenser les 2 millions de postes industriels disparus depuis 40 ans en France.

Economie-Macron et la réindustrialisation : des gadgets

Economie-Macron et la réindustrialisation : des gadgets

Le président de la République qui a regretté une désindustrialisation qu’on «a parfois laissé faire», est mal placé pour critiquer le passé lui qui a commencé par transférer les activités électriques d’Alstom à l’Américain General Electric et qui a largement favorisé la désindustrialisation au cours de son premier mandat et organisé la pagaille en matière de politique énergétique; témoin: de nombreuses entreprises qui ont dû fermer leurs portes.Le « plan »"n a été renvoyé un organisme marginal et la DATAR, ell,e a été totalement supprimée comme le ministère de l’industrie !

Et d’exprimer une vérité de Lapalisse « La réindustrialisation exigera la création de nombreux emplois industriels ». Pour que ces postes soient pourvus, Emmanuel Macron a annoncé que «700 millions d’euros seront engagés dès les prochains jours et dans l’année à venir pour faire évoluer la carte des formations à tous les niveaux de diplôme».

Par ailleurs sur le plan fiscal, Emmanuel Macron a annoncé la création d’un crédit d’impôt industrie verte. Ce crédit d’impôt pourra bénéficier aux technologies «identifiées dans les textes européens», comme les batteries, les pompes à chaleur, les éoliennes ou les panneaux solaires. Il devra permettre de lutter contre la concurrence d’autres nations exportant ces biens.

Face à la compétitivité des Américains et des Chinois, qui vont «beaucoup plus vite» que les Français pour valider les projets industriels,( Aujourd’hui des autorisations de projets qui s’étalent sur un an et demi).

Emmanuel Macron souhaite revoir les critères d’attribution du bonus automobile – le bonus écologique, servant à acheter un véhicule propre -, «pour mieux prendre en compte l’empreinte carbone de la production du véhicule». Un moyen, surtout, de soutenir les «batteries, les véhicules produits en Europe», et d’éviter que cette aide ne bénéficie aux fabricants asiatiques ou américains.

Bref des mesures très partielles qui ne constituent pas véritablement un plan de redressement d’une industrie qui s’est complètement écroulée en France-la balance commerciale qui accuse régulièrement 100 milliards par an quand les Allemands affichent un profit en moyenne de 200 milliards.

Il est clair qu’une véritable politique de réindustrialisation mérite d’être examinée et décidée branche par branche et non traitée de façon globale et finalement anecdotique.

Illusion – « La France, première puissance industrielle…….. « décarbonée » en Europe  » ( Le Maire)

Illusion – « La France, première puissance industrielle…….. « décarbonée » en Europe  » ( Le Maire)


Faute d’être performante en matière industrielle, la France gouvernementale affirme que l’objectif est de devenir la première puissance industrielle mais….. décarbonée. Un objectif certes intéressant mais qui constitue aussi l’aveu de l’échec industriel global depuis 20 ans avec cette sanction indiscutable du déficit chronique de la balance commerciale en moyenne de plus de 100 milliards par an ( quand les Allemands dégagent , eux, un profit de 200 milliards !

Pour l’instant l’industrie verte qui va faire l’objet d’une future loi demeure évidemment un fantasme car au mieux on va réduire les émissions polluantes mais certainement pas les supprimer. En outre, sur le plan méthodologique il sera particulièrement difficile de distinguer ce qui est vert et ce qui n’est pas, ce qui est pollution locale et pollution importée.

La loi sur l’industrie verte a été ce jeudi par le président de la République. Face aux Etats-Unis et à la Chine, « la France va être la première nation en Europe à soutenir massivement son industrie et à protéger son marché », Le ministre de l’économie. Le rétablissement des comptes publics, ensuite !

L’idée n’est pas vraiment de faire un plan Marshall pour baisser les impôts, mais plutôt les dépenses publiques.

intreview De Bruno Lemaire dans la tribune

Le président de la République décline, ce jeudi 11 mai, la future loi sur « l’industrie verte » annoncée par vous-même en janvier. Combien d’emplois à la clé ? Combien de nouvelles usines ?

BRUNO LE MAIRE- Il y a deux objectifs très clairs dans ce texte sur « l’industrie verte » : produire de nouveau en France et produire mieux. Produire mieux parce que nous voulons être la première puissance industrielle décarbonée en Europe. Produire de nouveau en France parce que nous avons perdu plus de deux millions d’emplois industriels au cours des quatre décennies passées. C’est la faute économique la plus grave commise en France depuis l’après-guerre. Nous avons commencé à inverser la tendance avec la réforme de la fiscalité du capital en 2017, en créant un cadre fiscal favorable à l’industrie, notamment en baissant les impôts sur les sociétés et les impôts de production. Aucune majorité ne l’avait fait avant nous ! Avec ce projet de loi industrie verte, nous voulons accélérer la relance de notre machine à produire. C’est plusieurs dizaines de milliers d’emplois industriels supplémentaires d’ici 2030. L’enjeu est stratégique : face à la transition climatique, les grandes puissances s’organisent. La Chine soutient massivement son industrie et protège son marché. Les États-Unis, avec l’IRA, soutiennent massivement la production industrielle verte et protègent leur marché. Il faut que l’Europe fasse de même et la France, sous l’impulsion du président de la République, va être la première nation en Europe à s’engager dans cette voie.

Mais le risque de désindustrialisation reste élevé face à la concurrence américaine en raison des coûts de l’énergie trois fois plus élevés chez nous qu’aux USA…

Oui, les États-Unis ont un avantage compétitif. Mais nous avons tous les moyens pour nous défendre. Encore faut-il avoir le courage de briser un certain nombre de tabous ! Premier tabou : la fiscalité sur le capital. Oui, il faut une fiscalité sur le capital attractive si on veut réindustrialiser. Parce que l’industrie a une caractéristique, elle est lourdement capitalistique. Nous l’avons fait. Résultats : 300 usines ouvertes en deux ans et 90 000 emplois industriels créés. Deuxième tabou : l’accès à une électricité décarbonée à un coût raisonnable. La question énergétique est la grande question économique du XXIᵉ siècle. Notre réponse, c’est construire six nouveaux EPR et investir dans le nucléaire de nouvelle génération, notamment les réacteurs de petite taille. Le nucléaire doit s’accompagner d’une accélération du développement des énergies renouvelables et de sobriété.

Politique de réindustrialisation : des gadgets

Politique de réindustrialisation : des gadgets

Le président de la République qui a regretté une désindustrialisation qu’on «a parfois laissé faire», est mal placé pour critiquer le passé lui qui a commencé par transférer les activités électriques d’Alstom à l’Américain General Electric , qui a largement favorisé la désindustrialisation au cours de son premier mandat et organisé la pagaille en matière de politique énergétique; témoin, de nombreuses entreprises qui ont dû fermer leurs portes.

Et d’exprimer une vérité de Lapalisse « La réindustrialisation exigera la création de nombreux emplois industriels ». Pour que ces postes soient pourvus, Emmanuel Macron a annoncé que «700 millions d’euros seront engagés dès les prochains jours et dans l’année à venir pour faire évoluer la carte des formations à tous les niveaux de diplôme».

Par ailleurs sur le plan fiscal, Emmanuel Macron a annoncé la création d’un crédit d’impôt industrie verte. Ce crédit d’impôt pourra bénéficier aux technologies «identifiées dans les textes européens», comme les batteries, les pompes à chaleur, les éoliennes ou les panneaux solaires. Il devra permettre de lutter contre la concurrence d’autres nations exportant ces biens.

Face à la compétitivité des Américains et des Chinois, qui vont «beaucoup plus vite» que les Français pour valider les projets industriels,( Aujourd’hui des autorisations de projets qui s’étalent sur un an et demi).

Emmanuel Macron souhaite revoir les critères d’attribution du bonus automobile – le bonus écologique, servant à acheter un véhicule propre -, «pour mieux prendre en compte l’empreinte carbone de la production du véhicule». Un moyen, surtout, de soutenir les «batteries, les véhicules produits en Europe», et d’éviter que cette aide ne bénéficie aux fabricants asiatiques ou américains.

Bref des mesures très partielles qui ne constituent pas véritablement un plan de redressement d’une industrie qui s’est complètement écroulée en France-la balance commerciale qui accuse régulièrement 100 milliards par an quand les Allemands affichent un profit en moyenne de 200 milliards.

Il est clair qu’une véritable politique de réindustrialisation mérite d’être examinée et décidée branche par branche et non traitée de façon globale et finalement anecdotique. L’urgence étant sans doute de revenir à une énergie électrique très compétitive en prévoyant le plan de financement des futures centrales EPR.

Politique industrielle :un véritable désastre

Politique industrielle :un véritable désastre

Macron a encore tenté de glorifier sa politique relative à la réindustrialisation de la France. Pourtant cette politique constitue un véritable désastre. C est Résultat d’un choix idéologique qui a délocalisé l’industrie dans les pays de main-d’œuvre à bas coût pour se consacrer essentiellement aux services. En moyenne depuis déjà longtemps, la France accuse en effet un déficit de leur de presque 100 milliards par an de la balance commerciale (les importations dépassent les exportations). Or la situation de la balance commerciale constitue l’indicateur fondamental de la compétitivité du pays relatif surtout à l’industrialisation. Pire en 2022 le déficit a atteint plus de 150 milliards. À noter que dans le même temps régulièrement l’Allemagne affiche un bénéfice annuel du commerce extérieur de 200 milliards environ.( Seulement 85 milliards en 2022 à cause de la crise internationale).

Le haut-commissariat au Plan s’est penché, dans une note publiée ce mercredi sur l’attrait de ses produits auprès des consommateurs internationaux . «Nous avons décidé de nous intéresser aux produits, notamment aux produits de la vie quotidienne, a expliqué François Bayrou, le haut-commissaire au Plan. Nous avons établi une liste de plus de 9000 d’entre eux. Il ressort que les deux tiers sont en déficit commercial, et plus de 1000 affichent des déficits supérieurs à 50 millions. Conclusion la très grosse partie des biens manufacturés consommés en France provient de l’étranger du fait de la faiblesse de l’industrie française.

Economie-« La désindustrialisation a bien été une décision idéologique » (Anne-Sophie Alsif, économiste)

Economie-« La désindustrialisation a bien été une décision idéologique » (Anne-Sophie Alsif, économiste)

L’économiste, spécialiste des relations économiques internationales, estime que la désindustrialisation a bien été une décision idéologique.

Interview dans la tribune

Le chef de l’Etat a expliqué hier que la désindustrialisation était un choix « presque idéologique ». Les annonces d’hier marquent-elles le retour d’un protectionnisme industriel assumé ?

La désindustrialisation a bien été une décision idéologique. Lorsque les pays en développement sont apparus dans les chaînes de production, les pays développés ont admis que leur industrie ne pourrait pas rivaliser avec des coûts de main-d’œuvre beaucoup plus faibles et serait inévitablement délocalisée, particulièrement en Asie. Le projet économique était de tout miser sur les services, par définition pas délocalisables.

Le choc de compétitivité subi par l’industrie française et européenne ne peut se comprendre qu’à travers cette doctrine, encore très présente chez les économistes. Aujourd’hui, nous en sommes progressivement sortis. En tant qu’économiste, je parle ouvertement d’un retour du protectionnisme car c’est de cela dont il s’agit. Ce mouvement est visible depuis quinze ans. Avant même la crise de 2008, l’Inde, la Chine, la Russie, l’Amérique Latine avaient déjà de plus en plus recours à des barrières non-tarifaires pour défendre leur marché intérieur.

Pourquoi préfère-t-on parler de « souveraineté » que de « protectionnisme » ?

Le terme de « protectionnisme » est politiquement sensible. Certains pays du Nord de l’Europe y sont hostiles. Emmanuel Macron parle donc souveraineté pour ne pas froisser ses partenaires européens. Au fond, l’enjeu reste le même. Les chocs géopolitiques vont être de plus en plus nombreux. Ainsi, il faut être un minimum autosuffisant sur le plan industriel pour réduire ses dépendances à l’extérieur. Aujourd’hui, la géopolitique a pris le dessus sur l’économie, à l’image du conflit qui se profile entre la Chine et les Etats-Unis.

Emmanuel Macron en a pris acte. Néanmoins, ce n’est pas du tout le paradigme de l’Union européenne, construite sur un marché le plus ouvert possible et des prix bas pour les consommateurs. Redonner la priorité à la production industrielle aura pour conséquence une hausse des prix. Cette politique de souveraineté industrielle est inflationniste. Il faut clairement dire qu’acheter un jean à 20 euros produits dans 50 pays ne sera plus possible.

Un crédit d’impôt en faveur des industries vertes, sur le modèle de celui de l’IRA (Inflation Reduction Act, aux Etats-Unis) se prépare. De quels outils utilisés à l’étranger la France doit-elle s’inspirer pour se réindustrialiser ?

Il est d’abord nécessaire de débloquer des subventions industrielles et surtout de les conditionner à l’achat de produits faits localement, à la manière de ce qu’exigent les Etats-Unis. Les aides publiques doivent, en outre, être simples et rapides à toucher, sur le modèle du crédit d’impôt de l’IRA.

Enfin, le dernier levier, peut-être le plus important, est le prix de l’énergie. La France possède un avantage comparatif sur l’Allemagne et l’Italie avec le nucléaire pour fournir aux industriels de l’énergie bon marché. Sur ce point, les Etats-Unis, autosuffisants en hydrocarbures, sont très en avance.

Le plan pour les industries vertes de la France intervient près d’un an après le vote de l’IRA. Le crédit d’impôt annoncé par Emmanuel Macron suppose encore d’attendre que les Européens s’accordent sur les produits concernés. Dans le même temps, les investissements affluent aux Etats-Unis et la Chine a des années d’avance sur les véhicules électriques ou les panneaux solaires. Est-ce que l’industrie française et européenne pourra rattraper son retard ?

Non, on ne rattrapera pas notre retard sur les technologies existantes comme les panneaux solaires ou les batteries actuelles. En revanche, nous sommes au tout début de l’émergence de technologies d’avenir. Les batteries produites dans cinq ans n’auront rien à voir avec les modèles actuels. Elles seront plus puissantes, plus économes, plus rapides à charger. Il nous appartient de nous positionner maintenant comme leader sur ces innovations pour se réindustrialiser dans des secteurs d’avenir.

Fumisterie- « La France, première puissance industrielle…….. « décarbonée » en Europe  » ( Le Maire)

Fumisterie- « La France, première puissance industrielle…….. « décarbonée » en Europe  » ( Le Maire)


Faute d’être performantes en matière industrielle, le gouvernement affirme que l’objectif est de devenir la première puissance industrielle mais décarbonée. Un objectif certes intéressant mais qui constitue aussi l’aveu de l’échec industriel global depuis 20 ans avec cette sanction indiscutable du déficit chronique de la balance commerciale en moyenne de plus de 100 milliards par an ( quand les Allemands dégagent , eux, un profit de 200 milliards !

Pour l’instant l’industrie verte qui va faire l’objet d’une future loi demeure évidemment un fantasme car au mieux on va réduire les émissions polluantes mais certainement pas les supprimer. En outre, sur le plan méthodologique il sera particulièrement difficile de distinguer ce qui est vert et ce qui n’est pas, ce qui est pollution locale et pollution importée.

La loi sur l’industrie verte sera détaillées ce jeudi par le président de la République. Face aux Etats-Unis et à la Chine, « la France va être la première nation en Europe à soutenir massivement son industrie et à protéger son marché », Le ministre de l’économie. Le rétablissement des comptes publics, ensuite !

L’idée n’est pas vraiment de faire un plan Marshall pour baisser les impôts, mais plutôt les dépenses publiques.

intreview De Bruno Lemaire dans la tribune

Le président de la République décline, ce jeudi 11 mai, la future loi sur « l’industrie verte » annoncée par vous-même en janvier. Combien d’emplois à la clé ? Combien de nouvelles usines ?

BRUNO LE MAIRE- Il y a deux objectifs très clairs dans ce texte sur « l’industrie verte » : produire de nouveau en France et produire mieux. Produire mieux parce que nous voulons être la première puissance industrielle décarbonée en Europe. Produire de nouveau en France parce que nous avons perdu plus de deux millions d’emplois industriels au cours des quatre décennies passées. C’est la faute économique la plus grave commise en France depuis l’après-guerre. Nous avons commencé à inverser la tendance avec la réforme de la fiscalité du capital en 2017, en créant un cadre fiscal favorable à l’industrie, notamment en baissant les impôts sur les sociétés et les impôts de production. Aucune majorité ne l’avait fait avant nous ! Avec ce projet de loi industrie verte, nous voulons accélérer la relance de notre machine à produire. C’est plusieurs dizaines de milliers d’emplois industriels supplémentaires d’ici 2030. L’enjeu est stratégique : face à la transition climatique, les grandes puissances s’organisent. La Chine soutient massivement son industrie et protège son marché. Les États-Unis, avec l’IRA, soutiennent massivement la production industrielle verte et protègent leur marché. Il faut que l’Europe fasse de même et la France, sous l’impulsion du président de la République, va être la première nation en Europe à s’engager dans cette voie.

Mais le risque de désindustrialisation reste élevé face à la concurrence américaine en raison des coûts de l’énergie trois fois plus élevés chez nous qu’aux USA…

Oui, les États-Unis ont un avantage compétitif. Mais nous avons tous les moyens pour nous défendre. Encore faut-il avoir le courage de briser un certain nombre de tabous ! Premier tabou : la fiscalité sur le capital. Oui, il faut une fiscalité sur le capital attractive si on veut réindustrialiser. Parce que l’industrie a une caractéristique, elle est lourdement capitalistique. Nous l’avons fait. Résultats : 300 usines ouvertes en deux ans et 90 000 emplois industriels créés. Deuxième tabou : l’accès à une électricité décarbonée à un coût raisonnable. La question énergétique est la grande question économique du XXIᵉ siècle. Notre réponse, c’est construire six nouveaux EPR et investir dans le nucléaire de nouvelle génération, notamment les réacteurs de petite taille. Le nucléaire doit s’accompagner d’une accélération du développement des énergies renouvelables et de sobriété.

Politique industrielle : le désastre

Politique industrielle : le désastre

Macron a encore tenté de glorifier sa politique relative à la réindustrialisation de la France. Pourtant cette politique situe un véritable désastre. En moyenne depuis déjà longtemps, la France accuse en effet un déficit de leur de presque 100 milliards par an de la balance commerciale (les importations dépassent les exportations). Or la situation de la balance commerciale constitue l’indicateur fondamental de la compétitivité du pays relatif surtout à l’industrialisation. Pire en 2022 le déficit a atteint plus de 150 milliards. À noter que dans le même temps régulièrement l’Allemagne affiche un bénéfice annuel du commerce extérieur de 200 milliards environ.( Seulement 85 milliards en 2022 à cause de la crise internationale).

Le haut-commissariat au Plan s’est penché, dans une note publiée ce mercredi sur l’attrait de ses produits auprès des consommateurs internationaux . «Nous avons décidé de nous intéresser aux produits, notamment aux produits de la vie quotidienne, a expliqué François Bayrou, le haut-commissaire au Plan. Nous avons établi une liste de plus de 9000 d’entre eux. Il ressort que les deux tiers sont en déficit commercial, et plus de 1000 affichent des déficits supérieurs à 50 millions. Conclusion la très grosse partie des biens manufacturés consommés en France provient de l’étranger du fait de la faiblesse de l’industrie française.

« La France, première puissance industrielle…….. « décarbonée » en Europe « 

« La France, première puissance industrielle…….. « décarbonée » en Europe  » ( Le Maire)


Faute d’être performantes en matière industrielle, le gouvernement affirme que l’objectif est de devenir la première puissance industrielle mais des carbonée. Un objectif certes intéressant mais qui constitue aussi l’aveu de l’échec industriel global depuis 20 ans avec cette sanction indiscutable du déficit chronique de la balance commerciale en moyenne de plus de 100 milliards par an ( quand les Allemands dégagent , eux, un profit de 200 milliards !

Pour l’instant l’industrie verte qui va faire l’objet d’une future loi demeure évidemment un fantasme car au mieux on va réduire les émissions polluantes mais certainement pas les supprimer. En outre sur le plan méthodologique il sera particulièrement difficile de distinguer ce qui est vert et ce qui n’est pas.

La loi sur l’industrie verte sera détaillées ce jeudi par le président de la République. Face aux Etats-Unis et à la Chine, « la France va être la première nation en Europe à soutenir massivement son industrie et à protéger son marché », Le ministre de l’économie. Le rétablissement des comptes publics, ensuite !

et clairement, l’idée n’est pas vraiment de faire un plan Marshall pour baisser les impôts, mais plutôt les dépenses publiques.

intreview De Bruno Lemaire dans la tribune
Le président de la République décline, ce jeudi 11 mai, la future loi sur « l’industrie verte » annoncée par vous-même en janvier. Combien d’emplois à la clé ? Combien de nouvelles usines ?

BRUNO LE MAIRE- Il y a deux objectifs très clairs dans ce texte sur « l’industrie verte » : produire de nouveau en France et produire mieux. Produire mieux parce que nous voulons être la première puissance industrielle décarbonée en Europe. Produire de nouveau en France parce que nous avons perdu plus de deux millions d’emplois industriels au cours des quatre décennies passées. C’est la faute économique la plus grave commise en France depuis l’après-guerre. Nous avons commencé à inverser la tendance avec la réforme de la fiscalité du capital en 2017, en créant un cadre fiscal favorable à l’industrie, notamment en baissant les impôts sur les sociétés et les impôts de production. Aucune majorité ne l’avait fait avant nous ! Avec ce projet de loi industrie verte, nous voulons accélérer la relance de notre machine à produire. C’est plusieurs dizaines de milliers d’emplois industriels supplémentaires d’ici 2030. L’enjeu est stratégique : face à la transition climatique, les grandes puissances s’organisent. La Chine soutient massivement son industrie et protège son marché. Les États-Unis, avec l’IRA, soutiennent massivement la production industrielle verte et protègent leur marché. Il faut que l’Europe fasse de même et la France, sous l’impulsion du président de la République, va être la première nation en Europe à s’engager dans cette voie.

Mais le risque de désindustrialisation reste élevé face à la concurrence américaine en raison des coûts de l’énergie trois fois plus élevés chez nous qu’aux USA…

Oui, les États-Unis ont un avantage compétitif. Mais nous avons tous les moyens pour nous défendre. Encore faut-il avoir le courage de briser un certain nombre de tabous ! Premier tabou : la fiscalité sur le capital. Oui, il faut une fiscalité sur le capital attractive si on veut réindustrialiser. Parce que l’industrie a une caractéristique, elle est lourdement capitalistique. Nous l’avons fait. Résultats : 300 usines ouvertes en deux ans et 90 000 emplois industriels créés. Deuxième tabou : l’accès à une électricité décarbonée à un coût raisonnable. La question énergétique est la grande question économique du XXIᵉ siècle. Notre réponse, c’est construire six nouveaux EPR et investir dans le nucléaire de nouvelle génération, notamment les réacteurs de petite taille. Le nucléaire doit s’accompagner d’une accélération du développement des énergies renouvelables et de sobriété.

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