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La faiblesse du niveau scolaire en France

La faiblesse du niveau scolaire en France

« Un système éducatif en situation d’échec » : le constat sévère de la Cour des comptes sur l’école primaire
Rythmes scolaires, attractivité du métier d’enseignant, niveau des élèves… Dans un rapport publié ce mardi 20 mai, la Cour des comptes établit un bilan général du fonctionnement de l’école primaire. Dans leur rapport, les Sages font état d’un « système éducatif en situation d’échec », d’inégalités croissantes entre les élèves et d’un manque d’attractivité du métier de professeur des écoles préjudiciable à la qualité d’enseignement.

Par Théodore Azouze dans site du Sénat

Elle préconise une refonte en profondeur d’un « système éducatif en situation d’échec ». Dans un rapport publié ce mardi 20 mai, la Cour des comptes pointe une « situation paradoxale et inquiétante » prégnante au sein de l’école primaire en France. En cause ? Une stagnation à un niveau toujours très bas des compétences des élèves, malgré une hausse de la dépense publique allouée à l’enseignement du premier degré. « La France est ainsi confrontée à une dégradation continue du niveau moyen de ses élèves, tout en formant moins de très bons élèves que le reste des pays européens », regrette la Cour des comptes.

Dépenses en hausse… mais niveau scolaire stagnant

Ces dernières années, les différents ministres de l’Éducation nationale ont souvent fait le même constat : le niveau des élèves français n’est pas suffisant. Selon les données de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), leurs capacités en matière de compréhension de l’écrit en CM1 stagnent depuis 2016, après une tendance à la baisse durant la précédente décennie. En mathématiques, la situation est encore pire : le niveau des Français, toujours en classe de CM1, se situe sous la moyenne de l’OCDE, selon l’enquête internationale Timss. La France ne se situe qu’à la 42e place des 58 pays étudiés.

Au-delà de ces chiffres, héritage d’une situation qui n’est pas nouvelle, un autre paramètre est mis en contraste par la Cour des comptes : en dix ans, la dépense consacrée au premier degré n’a cessé d’augmenter. Selon son estimation, celle-ci est passée de 41,3 milliards d’euros en 2013 à 52,1 milliards d’euros en 2022. Autrement dit, davantage de fonds ont donc été destinés à l’école primaire durant cette période, sans pour autant améliorer le niveau scolaire des élèves.

Autre facteur d’inquiétude : dans le même temps, les inégalités en milieu scolaire « s’aggravent », à plusieurs niveaux. Les différences à l’école entre filles et garçons se creusent. « Dès l’entrée à l’école élémentaire, et comme partout en Europe, les filles ont des résultats légèrement meilleurs que les garçons », souligne la Cour des comptes. Or, malgré cet avantage, confirmé par le fait que les filles sont ensuite moins en difficulté que les garçons durant la suite de leur apprentissage, elles restent convaincues d’être moins performantes qu’eux. « La situation en début de sixième est révélatrice : alors qu’elles sont plus nombreuses à réussir l’évaluation de français, les filles sont moins nombreuses que les garçons à éprouver un sentiment de réussite à son issue. »

Les inégalités sociales ne se résorbent pas davantage à l’école. Toujours d’après les données de la DEPP, la Cour des comptes remarque que plus l’indice de positionnement social des parents est élevé, plus les résultats scolaires de leurs enfants sont bons. Et ce, tant en français qu’en mathématiques. Ainsi, à l’issue de leur apprentissage au premier degré, « le groupe rassemblant les 20 % d’élèves les plus en difficulté aux évaluations nationales de 6e comprend 40 % des élèves avec l’indice de positionnement social le plus bas, contre seulement 6 % des élèves d’indice le plus élevé ». Des difficultés auxquelles il faut ajouter d’importantes disparités entre les élèves des différents territoires du pays, pas tous logés à la même enseigne en termes d’environnement éducatif.

Rappel de « l’effet néfaste » de la semaine de 4 jours

Passé ce constat, que critique plus précisément ce rapport ? Une longue partie est consacrée à la question des rythmes scolaires. La problématique est d’actualité : Emmanuel Macron vient d’annoncer le lancement le 20 juin prochain d’une convention citoyenne sur les « temps de l’enfant », qui sera organisée par le Conseil économique, social et environnemental (Cese). Outre le sujet des congés scolaires, les débats devraient aussi aborder de possibles évolutions d’horaires pour les élèves français.

Les rythmes ont beaucoup évolué dans le premier degré depuis 20 ans : Nicolas Sarkozy avait d’abord instauré la semaine de 4 jours durant son quinquennat. Élu en 2012, François Hollande avait fait de l’instauration d’une semaine de 4 jours et demi une des priorités de sa politique éducative. À l’époque, l’installation d’un temps d’activités périscolaires est aussi actée. Mais en pratique, sa concrétisation par les communes connaît alors moult difficultés. « Cette modification d’ampleur des rythmes scolaires s’est révélée très hétérogène dans sa mise en œuvre, avec des coûts très variables pour les collectivités. Elle n’a pas été évaluée, ni stabilisée dans le temps », pointe la Cour des comptes.

À son arrivée au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron laisse finalement le soin aux maires de conserver ce système dans leurs écoles ou de repasser à quatre jours. Une seconde option choisie par la plupart des municipalités… et regrettée par le rapport des Sages. « L’organisation du temps scolaire (…) n’apparaît pas prioritairement conçue en fonction des élèves », déplorent-ils dans le document. La plupart des pays de l’OCDE ont fait le choix d’un système avec une semaine à 5 jours.

« Selon l’Académie nationale de médecine, l’aménagement du temps scolaire en France n’est pas en cohérence avec les connaissances de la chronobiologie de l’enfant ; et cela, à tous les niveaux de l’organisation : journée, semaine ou année scolaire », a ajouté le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, lors d’une conférence de presse ce mardi. Le responsable fait référence à un rapport de 2010 publié par l’institution. Il pointait le « le rôle néfaste » de la semaine de 4 jours « sur la vigilance et les performances des enfants les deux premiers jours de la semaine liées à une désynchronisation liée au week-end prolongé ».

Attractivité du métier d’enseignant et rôle des directeurs d’écoles
La qualité d’enseignement à l’école primaire passera par ailleurs par une plus grande attractivité de la profession, estime l’instance. La fonction de professeur des écoles pâtit aujourd’hui d’une image dégradée : en 2024, plus d’un millier de postes ouverts sont restés non pourvus dans le premier degré. Affectations géographiques non désirées, manque de perspectives de carrière, « niveau de stress » important… Plusieurs paramètres sont listés par la Cour des comptes pour expliquer ces difficultés à recruter suffisamment.

Pour pallier les manques, le recours à des contractuels est devenu essentiel dans certaines zones. Or, « les enfants qui bénéficient d’un enseignement structuré et de qualité, dès le plus jeune âge, sont les plus susceptibles d’avoir de bons résultats scolaires par la suite », rappelle la Cour des comptes.

Second point intéressant concernant le personnel éducatif : la place accordée au rôle des directeurs d’école. Le rapport mentionne « l’absence de statut » clair pour ces enseignants qui doivent concilier heures de cours et pilotage d’une école primaire. Pour améliorer la gouvernance des établissements scolaires et limiter ce problème de manque de temps, la Cour des comptes recommande d’« engager la réforme du statut de directeur d’école en généralisant progressivement la fonction de directeur à temps complet, en commençant par les écoles regroupées ».

Meilleure concertation avec les acteurs locaux pour allouer et flécher des fonds pour les écoles primaires, renforcement de la formation continue des enseignants, groupements d’établissements pour éviter les fermetures de classe… Les 120 pages du rapport de la Cour des comptes avancent de nombreuses autres propositions. La dernière partie est en partie consacrée à la transition écologique dans le premier degré, mais aussi à l’importance du recours aux ressources digitales utilisées à l’école primaire. Au moment où la ministre de l’Éducation nationale, Elisabeth Borne, vient d’annoncer des mesures pour favoriser le « droit à la déconnexion » des élèves, les Sages encouragent « une meilleure intégration du numérique comme outil au service de la pédagogie ».

Enseignement-Faiblesse du niveau scolaire en France : Analyses et propositions

Enseignement-Faiblesse du niveau scolaire en France : Analyses et propositions

« Un système éducatif en situation d’échec » : le constat sévère de la Cour des comptes sur l’école primaire
Rythmes scolaires, attractivité du métier d’enseignant, niveau des élèves… Dans un rapport publié ce mardi 20 mai, la Cour des comptes établit un bilan général du fonctionnement de l’école primaire. Dans leur rapport, les Sages font état d’un « système éducatif en situation d’échec », d’inégalités croissantes entre les élèves et d’un manque d’attractivité du métier de professeur des écoles préjudiciable à la qualité d’enseignement.

Par Théodore Azouze dans site du Sénat

Elle préconise une refonte en profondeur d’un « système éducatif en situation d’échec ». Dans un rapport publié ce mardi 20 mai, la Cour des comptes pointe une « situation paradoxale et inquiétante » prégnante au sein de l’école primaire en France. En cause ? Une stagnation à un niveau toujours très bas des compétences des élèves, malgré une hausse de la dépense publique allouée à l’enseignement du premier degré. « La France est ainsi confrontée à une dégradation continue du niveau moyen de ses élèves, tout en formant moins de très bons élèves que le reste des pays européens », regrette la Cour des comptes.

Dépenses en hausse… mais niveau scolaire stagnant

Ces dernières années, les différents ministres de l’Éducation nationale ont souvent fait le même constat : le niveau des élèves français n’est pas suffisant. Selon les données de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), leurs capacités en matière de compréhension de l’écrit en CM1 stagnent depuis 2016, après une tendance à la baisse durant la précédente décennie. En mathématiques, la situation est encore pire : le niveau des Français, toujours en classe de CM1, se situe sous la moyenne de l’OCDE, selon l’enquête internationale Timss. La France ne se situe qu’à la 42e place des 58 pays étudiés.

Au-delà de ces chiffres, héritage d’une situation qui n’est pas nouvelle, un autre paramètre est mis en contraste par la Cour des comptes : en dix ans, la dépense consacrée au premier degré n’a cessé d’augmenter. Selon son estimation, celle-ci est passée de 41,3 milliards d’euros en 2013 à 52,1 milliards d’euros en 2022. Autrement dit, davantage de fonds ont donc été destinés à l’école primaire durant cette période, sans pour autant améliorer le niveau scolaire des élèves.

Autre facteur d’inquiétude : dans le même temps, les inégalités en milieu scolaire « s’aggravent », à plusieurs niveaux. Les différences à l’école entre filles et garçons se creusent. « Dès l’entrée à l’école élémentaire, et comme partout en Europe, les filles ont des résultats légèrement meilleurs que les garçons », souligne la Cour des comptes. Or, malgré cet avantage, confirmé par le fait que les filles sont ensuite moins en difficulté que les garçons durant la suite de leur apprentissage, elles restent convaincues d’être moins performantes qu’eux. « La situation en début de sixième est révélatrice : alors qu’elles sont plus nombreuses à réussir l’évaluation de français, les filles sont moins nombreuses que les garçons à éprouver un sentiment de réussite à son issue. »

Les inégalités sociales ne se résorbent pas davantage à l’école. Toujours d’après les données de la DEPP, la Cour des comptes remarque que plus l’indice de positionnement social des parents est élevé, plus les résultats scolaires de leurs enfants sont bons. Et ce, tant en français qu’en mathématiques. Ainsi, à l’issue de leur apprentissage au premier degré, « le groupe rassemblant les 20 % d’élèves les plus en difficulté aux évaluations nationales de 6e comprend 40 % des élèves avec l’indice de positionnement social le plus bas, contre seulement 6 % des élèves d’indice le plus élevé ». Des difficultés auxquelles il faut ajouter d’importantes disparités entre les élèves des différents territoires du pays, pas tous logés à la même enseigne en termes d’environnement éducatif.

Rappel de « l’effet néfaste » de la semaine de 4 jours

Passé ce constat, que critique plus précisément ce rapport ? Une longue partie est consacrée à la question des rythmes scolaires. La problématique est d’actualité : Emmanuel Macron vient d’annoncer le lancement le 20 juin prochain d’une convention citoyenne sur les « temps de l’enfant », qui sera organisée par le Conseil économique, social et environnemental (Cese). Outre le sujet des congés scolaires, les débats devraient aussi aborder de possibles évolutions d’horaires pour les élèves français.

Les rythmes ont beaucoup évolué dans le premier degré depuis 20 ans : Nicolas Sarkozy avait d’abord instauré la semaine de 4 jours durant son quinquennat. Élu en 2012, François Hollande avait fait de l’instauration d’une semaine de 4 jours et demi une des priorités de sa politique éducative. À l’époque, l’installation d’un temps d’activités périscolaires est aussi actée. Mais en pratique, sa concrétisation par les communes connaît alors moult difficultés. « Cette modification d’ampleur des rythmes scolaires s’est révélée très hétérogène dans sa mise en œuvre, avec des coûts très variables pour les collectivités. Elle n’a pas été évaluée, ni stabilisée dans le temps », pointe la Cour des comptes.

À son arrivée au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron laisse finalement le soin aux maires de conserver ce système dans leurs écoles ou de repasser à quatre jours. Une seconde option choisie par la plupart des municipalités… et regrettée par le rapport des Sages. « L’organisation du temps scolaire (…) n’apparaît pas prioritairement conçue en fonction des élèves », déplorent-ils dans le document. La plupart des pays de l’OCDE ont fait le choix d’un système avec une semaine à 5 jours.

« Selon l’Académie nationale de médecine, l’aménagement du temps scolaire en France n’est pas en cohérence avec les connaissances de la chronobiologie de l’enfant ; et cela, à tous les niveaux de l’organisation : journée, semaine ou année scolaire », a ajouté le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, lors d’une conférence de presse ce mardi. Le responsable fait référence à un rapport de 2010 publié par l’institution. Il pointait le « le rôle néfaste » de la semaine de 4 jours « sur la vigilance et les performances des enfants les deux premiers jours de la semaine liées à une désynchronisation liée au week-end prolongé ».

Attractivité du métier d’enseignant et rôle des directeurs d’écoles
La qualité d’enseignement à l’école primaire passera par ailleurs par une plus grande attractivité de la profession, estime l’instance. La fonction de professeur des écoles pâtit aujourd’hui d’une image dégradée : en 2024, plus d’un millier de postes ouverts sont restés non pourvus dans le premier degré. Affectations géographiques non désirées, manque de perspectives de carrière, « niveau de stress » important… Plusieurs paramètres sont listés par la Cour des comptes pour expliquer ces difficultés à recruter suffisamment.

Pour pallier les manques, le recours à des contractuels est devenu essentiel dans certaines zones. Or, « les enfants qui bénéficient d’un enseignement structuré et de qualité, dès le plus jeune âge, sont les plus susceptibles d’avoir de bons résultats scolaires par la suite », rappelle la Cour des comptes.

Second point intéressant concernant le personnel éducatif : la place accordée au rôle des directeurs d’école. Le rapport mentionne « l’absence de statut » clair pour ces enseignants qui doivent concilier heures de cours et pilotage d’une école primaire. Pour améliorer la gouvernance des établissements scolaires et limiter ce problème de manque de temps, la Cour des comptes recommande d’« engager la réforme du statut de directeur d’école en généralisant progressivement la fonction de directeur à temps complet, en commençant par les écoles regroupées ».

Meilleure concertation avec les acteurs locaux pour allouer et flécher des fonds pour les écoles primaires, renforcement de la formation continue des enseignants, groupements d’établissements pour éviter les fermetures de classe… Les 120 pages du rapport de la Cour des comptes avancent de nombreuses autres propositions. La dernière partie est en partie consacrée à la transition écologique dans le premier degré, mais aussi à l’importance du recours aux ressources digitales utilisées à l’école primaire. Au moment où la ministre de l’Éducation nationale, Elisabeth Borne, vient d’annoncer des mesures pour favoriser le « droit à la déconnexion » des élèves, les Sages encouragent « une meilleure intégration du numérique comme outil au service de la pédagogie ».

Formation-Faiblesse du niveau scolaire en France : Analyses et propositions ( Sénat)

Formation-Faiblesse du niveau scolaire en France : Analyses et propositions ( Sénat)

« Un système éducatif en situation d’échec » : le constat sévère de la Cour des comptes sur l’école primaire
Rythmes scolaires, attractivité du métier d’enseignant, niveau des élèves… Dans un rapport publié ce mardi 20 mai, la Cour des comptes établit un bilan général du fonctionnement de l’école primaire. Dans leur rapport, les Sages font état d’un « système éducatif en situation d’échec », d’inégalités croissantes entre les élèves et d’un manque d’attractivité du métier de professeur des écoles préjudiciable à la qualité d’enseignement.

Par Théodore Azouze dans site du Sénat

Elle préconise une refonte en profondeur d’un « système éducatif en situation d’échec ». Dans un rapport publié ce mardi 20 mai, la Cour des comptes pointe une « situation paradoxale et inquiétante » prégnante au sein de l’école primaire en France. En cause ? Une stagnation à un niveau toujours très bas des compétences des élèves, malgré une hausse de la dépense publique allouée à l’enseignement du premier degré. « La France est ainsi confrontée à une dégradation continue du niveau moyen de ses élèves, tout en formant moins de très bons élèves que le reste des pays européens », regrette la Cour des comptes.

Dépenses en hausse… mais niveau scolaire stagnant

Ces dernières années, les différents ministres de l’Éducation nationale ont souvent fait le même constat : le niveau des élèves français n’est pas suffisant. Selon les données de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), leurs capacités en matière de compréhension de l’écrit en CM1 stagnent depuis 2016, après une tendance à la baisse durant la précédente décennie. En mathématiques, la situation est encore pire : le niveau des Français, toujours en classe de CM1, se situe sous la moyenne de l’OCDE, selon l’enquête internationale Timss. La France ne se situe qu’à la 42e place des 58 pays étudiés.

Au-delà de ces chiffres, héritage d’une situation qui n’est pas nouvelle, un autre paramètre est mis en contraste par la Cour des comptes : en dix ans, la dépense consacrée au premier degré n’a cessé d’augmenter. Selon son estimation, celle-ci est passée de 41,3 milliards d’euros en 2013 à 52,1 milliards d’euros en 2022. Autrement dit, davantage de fonds ont donc été destinés à l’école primaire durant cette période, sans pour autant améliorer le niveau scolaire des élèves.

Autre facteur d’inquiétude : dans le même temps, les inégalités en milieu scolaire « s’aggravent », à plusieurs niveaux. Les différences à l’école entre filles et garçons se creusent. « Dès l’entrée à l’école élémentaire, et comme partout en Europe, les filles ont des résultats légèrement meilleurs que les garçons », souligne la Cour des comptes. Or, malgré cet avantage, confirmé par le fait que les filles sont ensuite moins en difficulté que les garçons durant la suite de leur apprentissage, elles restent convaincues d’être moins performantes qu’eux. « La situation en début de sixième est révélatrice : alors qu’elles sont plus nombreuses à réussir l’évaluation de français, les filles sont moins nombreuses que les garçons à éprouver un sentiment de réussite à son issue. »

Les inégalités sociales ne se résorbent pas davantage à l’école. Toujours d’après les données de la DEPP, la Cour des comptes remarque que plus l’indice de positionnement social des parents est élevé, plus les résultats scolaires de leurs enfants sont bons. Et ce, tant en français qu’en mathématiques. Ainsi, à l’issue de leur apprentissage au premier degré, « le groupe rassemblant les 20 % d’élèves les plus en difficulté aux évaluations nationales de 6e comprend 40 % des élèves avec l’indice de positionnement social le plus bas, contre seulement 6 % des élèves d’indice le plus élevé ». Des difficultés auxquelles il faut ajouter d’importantes disparités entre les élèves des différents territoires du pays, pas tous logés à la même enseigne en termes d’environnement éducatif.

Rappel de « l’effet néfaste » de la semaine de 4 jours

Passé ce constat, que critique plus précisément ce rapport ? Une longue partie est consacrée à la question des rythmes scolaires. La problématique est d’actualité : Emmanuel Macron vient d’annoncer le lancement le 20 juin prochain d’une convention citoyenne sur les « temps de l’enfant », qui sera organisée par le Conseil économique, social et environnemental (Cese). Outre le sujet des congés scolaires, les débats devraient aussi aborder de possibles évolutions d’horaires pour les élèves français.

Les rythmes ont beaucoup évolué dans le premier degré depuis 20 ans : Nicolas Sarkozy avait d’abord instauré la semaine de 4 jours durant son quinquennat. Élu en 2012, François Hollande avait fait de l’instauration d’une semaine de 4 jours et demi une des priorités de sa politique éducative. À l’époque, l’installation d’un temps d’activités périscolaires est aussi actée. Mais en pratique, sa concrétisation par les communes connaît alors moult difficultés. « Cette modification d’ampleur des rythmes scolaires s’est révélée très hétérogène dans sa mise en œuvre, avec des coûts très variables pour les collectivités. Elle n’a pas été évaluée, ni stabilisée dans le temps », pointe la Cour des comptes.

À son arrivée au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron laisse finalement le soin aux maires de conserver ce système dans leurs écoles ou de repasser à quatre jours. Une seconde option choisie par la plupart des municipalités… et regrettée par le rapport des Sages. « L’organisation du temps scolaire (…) n’apparaît pas prioritairement conçue en fonction des élèves », déplorent-ils dans le document. La plupart des pays de l’OCDE ont fait le choix d’un système avec une semaine à 5 jours.

« Selon l’Académie nationale de médecine, l’aménagement du temps scolaire en France n’est pas en cohérence avec les connaissances de la chronobiologie de l’enfant ; et cela, à tous les niveaux de l’organisation : journée, semaine ou année scolaire », a ajouté le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, lors d’une conférence de presse ce mardi. Le responsable fait référence à un rapport de 2010 publié par l’institution. Il pointait le « le rôle néfaste » de la semaine de 4 jours « sur la vigilance et les performances des enfants les deux premiers jours de la semaine liées à une désynchronisation liée au week-end prolongé ».

Attractivité du métier d’enseignant et rôle des directeurs d’écoles
La qualité d’enseignement à l’école primaire passera par ailleurs par une plus grande attractivité de la profession, estime l’instance. La fonction de professeur des écoles pâtit aujourd’hui d’une image dégradée : en 2024, plus d’un millier de postes ouverts sont restés non pourvus dans le premier degré. Affectations géographiques non désirées, manque de perspectives de carrière, « niveau de stress » important… Plusieurs paramètres sont listés par la Cour des comptes pour expliquer ces difficultés à recruter suffisamment.

Pour pallier les manques, le recours à des contractuels est devenu essentiel dans certaines zones. Or, « les enfants qui bénéficient d’un enseignement structuré et de qualité, dès le plus jeune âge, sont les plus susceptibles d’avoir de bons résultats scolaires par la suite », rappelle la Cour des comptes.

Second point intéressant concernant le personnel éducatif : la place accordée au rôle des directeurs d’école. Le rapport mentionne « l’absence de statut » clair pour ces enseignants qui doivent concilier heures de cours et pilotage d’une école primaire. Pour améliorer la gouvernance des établissements scolaires et limiter ce problème de manque de temps, la Cour des comptes recommande d’« engager la réforme du statut de directeur d’école en généralisant progressivement la fonction de directeur à temps complet, en commençant par les écoles regroupées ».

Meilleure concertation avec les acteurs locaux pour allouer et flécher des fonds pour les écoles primaires, renforcement de la formation continue des enseignants, groupements d’établissements pour éviter les fermetures de classe… Les 120 pages du rapport de la Cour des comptes avancent de nombreuses autres propositions. La dernière partie est en partie consacrée à la transition écologique dans le premier degré, mais aussi à l’importance du recours aux ressources digitales utilisées à l’école primaire. Au moment où la ministre de l’Éducation nationale, Elisabeth Borne, vient d’annoncer des mesures pour favoriser le « droit à la déconnexion » des élèves, les Sages encouragent « une meilleure intégration du numérique comme outil au service de la pédagogie ».

Faiblesse du niveau scolaire en France : Analyses et propositions ( Sénat)

Faiblesse du niveau scolaire en France : Analyses et propositions ( Sénat)

« Un système éducatif en situation d’échec » : le constat sévère de la Cour des comptes sur l’école primaire
Rythmes scolaires, attractivité du métier d’enseignant, niveau des élèves… Dans un rapport publié ce mardi 20 mai, la Cour des comptes établit un bilan général du fonctionnement de l’école primaire. Dans leur rapport, les Sages font état d’un « système éducatif en situation d’échec », d’inégalités croissantes entre les élèves et d’un manque d’attractivité du métier de professeur des écoles préjudiciable à la qualité d’enseignement.

Par Théodore Azouze dans site du Sénat

Elle préconise une refonte en profondeur d’un « système éducatif en situation d’échec ». Dans un rapport publié ce mardi 20 mai, la Cour des comptes pointe une « situation paradoxale et inquiétante » prégnante au sein de l’école primaire en France. En cause ? Une stagnation à un niveau toujours très bas des compétences des élèves, malgré une hausse de la dépense publique allouée à l’enseignement du premier degré. « La France est ainsi confrontée à une dégradation continue du niveau moyen de ses élèves, tout en formant moins de très bons élèves que le reste des pays européens », regrette la Cour des comptes.

Dépenses en hausse… mais niveau scolaire stagnant

Ces dernières années, les différents ministres de l’Éducation nationale ont souvent fait le même constat : le niveau des élèves français n’est pas suffisant. Selon les données de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), leurs capacités en matière de compréhension de l’écrit en CM1 stagnent depuis 2016, après une tendance à la baisse durant la précédente décennie. En mathématiques, la situation est encore pire : le niveau des Français, toujours en classe de CM1, se situe sous la moyenne de l’OCDE, selon l’enquête internationale Timss. La France ne se situe qu’à la 42e place des 58 pays étudiés.

Au-delà de ces chiffres, héritage d’une situation qui n’est pas nouvelle, un autre paramètre est mis en contraste par la Cour des comptes : en dix ans, la dépense consacrée au premier degré n’a cessé d’augmenter. Selon son estimation, celle-ci est passée de 41,3 milliards d’euros en 2013 à 52,1 milliards d’euros en 2022. Autrement dit, davantage de fonds ont donc été destinés à l’école primaire durant cette période, sans pour autant améliorer le niveau scolaire des élèves.

Autre facteur d’inquiétude : dans le même temps, les inégalités en milieu scolaire « s’aggravent », à plusieurs niveaux. Les différences à l’école entre filles et garçons se creusent. « Dès l’entrée à l’école élémentaire, et comme partout en Europe, les filles ont des résultats légèrement meilleurs que les garçons », souligne la Cour des comptes. Or, malgré cet avantage, confirmé par le fait que les filles sont ensuite moins en difficulté que les garçons durant la suite de leur apprentissage, elles restent convaincues d’être moins performantes qu’eux. « La situation en début de sixième est révélatrice : alors qu’elles sont plus nombreuses à réussir l’évaluation de français, les filles sont moins nombreuses que les garçons à éprouver un sentiment de réussite à son issue. »

Les inégalités sociales ne se résorbent pas davantage à l’école. Toujours d’après les données de la DEPP, la Cour des comptes remarque que plus l’indice de positionnement social des parents est élevé, plus les résultats scolaires de leurs enfants sont bons. Et ce, tant en français qu’en mathématiques. Ainsi, à l’issue de leur apprentissage au premier degré, « le groupe rassemblant les 20 % d’élèves les plus en difficulté aux évaluations nationales de 6e comprend 40 % des élèves avec l’indice de positionnement social le plus bas, contre seulement 6 % des élèves d’indice le plus élevé ». Des difficultés auxquelles il faut ajouter d’importantes disparités entre les élèves des différents territoires du pays, pas tous logés à la même enseigne en termes d’environnement éducatif.

Rappel de « l’effet néfaste » de la semaine de 4 jours

Passé ce constat, que critique plus précisément ce rapport ? Une longue partie est consacrée à la question des rythmes scolaires. La problématique est d’actualité : Emmanuel Macron vient d’annoncer le lancement le 20 juin prochain d’une convention citoyenne sur les « temps de l’enfant », qui sera organisée par le Conseil économique, social et environnemental (Cese). Outre le sujet des congés scolaires, les débats devraient aussi aborder de possibles évolutions d’horaires pour les élèves français.

Les rythmes ont beaucoup évolué dans le premier degré depuis 20 ans : Nicolas Sarkozy avait d’abord instauré la semaine de 4 jours durant son quinquennat. Élu en 2012, François Hollande avait fait de l’instauration d’une semaine de 4 jours et demi une des priorités de sa politique éducative. À l’époque, l’installation d’un temps d’activités périscolaires est aussi actée. Mais en pratique, sa concrétisation par les communes connaît alors moult difficultés. « Cette modification d’ampleur des rythmes scolaires s’est révélée très hétérogène dans sa mise en œuvre, avec des coûts très variables pour les collectivités. Elle n’a pas été évaluée, ni stabilisée dans le temps », pointe la Cour des comptes.

À son arrivée au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron laisse finalement le soin aux maires de conserver ce système dans leurs écoles ou de repasser à quatre jours. Une seconde option choisie par la plupart des municipalités… et regrettée par le rapport des Sages. « L’organisation du temps scolaire (…) n’apparaît pas prioritairement conçue en fonction des élèves », déplorent-ils dans le document. La plupart des pays de l’OCDE ont fait le choix d’un système avec une semaine à 5 jours.

« Selon l’Académie nationale de médecine, l’aménagement du temps scolaire en France n’est pas en cohérence avec les connaissances de la chronobiologie de l’enfant ; et cela, à tous les niveaux de l’organisation : journée, semaine ou année scolaire », a ajouté le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, lors d’une conférence de presse ce mardi. Le responsable fait référence à un rapport de 2010 publié par l’institution. Il pointait le « le rôle néfaste » de la semaine de 4 jours « sur la vigilance et les performances des enfants les deux premiers jours de la semaine liées à une désynchronisation liée au week-end prolongé ».

Attractivité du métier d’enseignant et rôle des directeurs d’écoles
La qualité d’enseignement à l’école primaire passera par ailleurs par une plus grande attractivité de la profession, estime l’instance. La fonction de professeur des écoles pâtit aujourd’hui d’une image dégradée : en 2024, plus d’un millier de postes ouverts sont restés non pourvus dans le premier degré. Affectations géographiques non désirées, manque de perspectives de carrière, « niveau de stress » important… Plusieurs paramètres sont listés par la Cour des comptes pour expliquer ces difficultés à recruter suffisamment.

Pour pallier les manques, le recours à des contractuels est devenu essentiel dans certaines zones. Or, « les enfants qui bénéficient d’un enseignement structuré et de qualité, dès le plus jeune âge, sont les plus susceptibles d’avoir de bons résultats scolaires par la suite », rappelle la Cour des comptes.

Second point intéressant concernant le personnel éducatif : la place accordée au rôle des directeurs d’école. Le rapport mentionne « l’absence de statut » clair pour ces enseignants qui doivent concilier heures de cours et pilotage d’une école primaire. Pour améliorer la gouvernance des établissements scolaires et limiter ce problème de manque de temps, la Cour des comptes recommande d’« engager la réforme du statut de directeur d’école en généralisant progressivement la fonction de directeur à temps complet, en commençant par les écoles regroupées ».

Meilleure concertation avec les acteurs locaux pour allouer et flécher des fonds pour les écoles primaires, renforcement de la formation continue des enseignants, groupements d’établissements pour éviter les fermetures de classe… Les 120 pages du rapport de la Cour des comptes avancent de nombreuses autres propositions. La dernière partie est en partie consacrée à la transition écologique dans le premier degré, mais aussi à l’importance du recours aux ressources digitales utilisées à l’école primaire. Au moment où la ministre de l’Éducation nationale, Elisabeth Borne, vient d’annoncer des mesures pour favoriser le « droit à la déconnexion » des élèves, les Sages encouragent « une meilleure intégration du numérique comme outil au service de la pédagogie ».

Politique – Défense européenne : la grande faiblesse

Politique – Défense européenne : la grande faiblesse

L’Europe n’est pas une grande puissance militaire, mais ses instruments financiers lui permettent de peser sur le champ de bataille. Elle doit néanmoins lancer au plus vite un véritable programme d’investissement dans la défense, estime le chercheur Pierre Haroche dans une tribune au « Monde ».

« L’Europe est un géant économique, un nain politique et un ver de terre militaire », observait, il y a plus de trente ans, Mark Eyskens, ancien ministre belge des affaires étrangères. Cependant, la guerre en Ukraine nous rappelle que la frontière entre puissance économique et puissance militaire est extrêmement poreuse. Non seulement les sanctions économiques et financières adoptées depuis février relèvent des compétences de l’Union, mais c’est aussi sa force de frappe budgétaire qui permet à la Commission européenne de proposer un plan de 210 milliards d’euros afin de réduire la dépendance européenne aux énergies fossiles russes. Et sur le terrain des livraisons d’armes, c’est un instrument récent, la Facilité européenne pour la paix, qui a permis à Bruxelles de subventionner le soutien militaire à l’Ukraine à hauteur de 2 milliards d’euros.

Autrement dit, si l’Europe n’est pas une grande puissance militaire, ses instruments financiers lui permettent de peser sur le champ de bataille.

Le 18 mai, la Commission européenne a proposé de franchir un pas supplémentaire : utiliser le budget européen pour subventionner le réarmement des Etats membres et favoriser les achats en commun. En réponse à l’agression russe, de nombreux Etats membres ont en effet décidé d’augmenter leurs dépenses de défense. En proposant de faciliter et de subventionner les projets d’achat de mêmes capacités militaires par plusieurs Etats membres, la Commission cherche à renforcer la coopération entre armées nationales et à créer des économies d’échelle.

L’expérience montre que l’achat du même matériel favorise souvent, en aval, la coopération en matière de formation, d’entraînement, de doctrine, et d’entretien. In fine, des armées disposant des mêmes équipements se coordonnent beaucoup plus facilement en opération. Financer des acquisitions conjointes, c’est enclencher une spirale vertueuse, une forme d’intégration militaire, non par le haut – les structures de commandement – mais par le bas – le matériel et la pratique.

L’objectif est aussi d’éviter la concurrence entre armées européennes. Comme l’acquisition conjointe des vaccins contre le Covid-19, celle de matériel militaire protégerait particulièrement les « petits » pays, qui risqueraient, sinon, de voir leurs commandes passer après celles des « gros » acheteurs.

L’objectif est enfin de promouvoir l’autonomie stratégique européenne en favorisant l’achat d’armes fabriquées en Europe plutôt qu’importées des Etats-Unis. Il s’agit ainsi de faire bénéficier l’économie européenne des emplois que peut générer cet effort de réarmement, mais aussi de ne pas être trop dépendant de puissances extérieures. Le casse-tête que pose actuellement la dépendance énergétique de l’Europe à l’égard de la Russie nous y incite. Même si, contrairement à la Russie, les Etats-Unis sont des alliés, la présidence Trump a montré que cet allié n’était pas forcément toujours aligné sur les intérêts européens.

Politique de Défense européenne : la grande faiblesse

Politique de Défense européenne : la grande faiblesse

L’Europe n’est pas une grande puissance militaire, mais ses instruments financiers lui permettent de peser sur le champ de bataille. Elle doit néanmoins lancer au plus vite un véritable programme d’investissement dans la défense, estime le chercheur Pierre Haroche dans une tribune au « Monde ».

« L’Europe est un géant économique, un nain politique et un ver de terre militaire », observait, il y a plus de trente ans, Mark Eyskens, ancien ministre belge des affaires étrangères. Cependant, la guerre en Ukraine nous rappelle que la frontière entre puissance économique et puissance militaire est extrêmement poreuse. Non seulement les sanctions économiques et financières adoptées depuis février relèvent des compétences de l’Union, mais c’est aussi sa force de frappe budgétaire qui permet à la Commission européenne de proposer un plan de 210 milliards d’euros afin de réduire la dépendance européenne aux énergies fossiles russes. Et sur le terrain des livraisons d’armes, c’est un instrument récent, la Facilité européenne pour la paix, qui a permis à Bruxelles de subventionner le soutien militaire à l’Ukraine à hauteur de 2 milliards d’euros.

Autrement dit, si l’Europe n’est pas une grande puissance militaire, ses instruments financiers lui permettent de peser sur le champ de bataille.

Le 18 mai, la Commission européenne a proposé de franchir un pas supplémentaire : utiliser le budget européen pour subventionner le réarmement des Etats membres et favoriser les achats en commun. En réponse à l’agression russe, de nombreux Etats membres ont en effet décidé d’augmenter leurs dépenses de défense. En proposant de faciliter et de subventionner les projets d’achat de mêmes capacités militaires par plusieurs Etats membres, la Commission cherche à renforcer la coopération entre armées nationales et à créer des économies d’échelle.

L’expérience montre que l’achat du même matériel favorise souvent, en aval, la coopération en matière de formation, d’entraînement, de doctrine, et d’entretien. In fine, des armées disposant des mêmes équipements se coordonnent beaucoup plus facilement en opération. Financer des acquisitions conjointes, c’est enclencher une spirale vertueuse, une forme d’intégration militaire, non par le haut – les structures de commandement – mais par le bas – le matériel et la pratique.

L’objectif est aussi d’éviter la concurrence entre armées européennes. Comme l’acquisition conjointe des vaccins contre le Covid-19, celle de matériel militaire protégerait particulièrement les « petits » pays, qui risqueraient, sinon, de voir leurs commandes passer après celles des « gros » acheteurs.

L’objectif est enfin de promouvoir l’autonomie stratégique européenne en favorisant l’achat d’armes fabriquées en Europe plutôt qu’importées des Etats-Unis. Il s’agit ainsi de faire bénéficier l’économie européenne des emplois que peut générer cet effort de réarmement, mais aussi de ne pas être trop dépendant de puissances extérieures. Le casse-tête que pose actuellement la dépendance énergétique de l’Europe à l’égard de la Russie nous y incite. Même si, contrairement à la Russie, les Etats-Unis sont des alliés, la présidence Trump a montré que cet allié n’était pas forcément toujours aligné sur les intérêts européens.

Français : Faiblesse également criante des enseignants

Français : Faiblesse également criante des enseignants

Si le classement international Pisa a révélé le niveau assez lamentable des élèves de l’Hexagone tant en mathématiques qu’en français, un des facteurs explicatifs provient aussi de l’extrême faiblesse des enseignants eux-mêmes. En cause, l’affaiblissement de la formation et des diplômes ainsi que des conditions sociales indigentes.

Partout en France, les jurys d’académie pointent des faiblesses criantes des futurs professeurs des écoles en maîtrise de la langue française.

Des étudiants de niveau bac+5 qui ne connaissent pas le mot «chancelant», qui confondent déterminants et pronoms et dont les références littéraires sont pauvres, supplantées par les séries et dessins animés.

Alors que les inscriptions aux concours enseignants 2023 sont closes , les rapports de jury des épreuves 2022 viennent cruellement éclairer le niveau des futurs professeurs des écoles.

Publiés par les académies avant que ne débute la future session, pour aiguiller les candidats, ils pointent, partout en France, d’importantes lacunes en maîtrise de la langue française. «Les qualités rédactionnelles demeurent essentielles pour ce concours visant à recruter de futurs experts qui ont en charge l’apprentissage de la langue aux plus jeunes de nos élèves, rappelle le rapport de jury de l’académie d’Aix-Marseille.

Economie-Baisse de productivité: en cause la faiblesse de l’industrialisation

Economie-Baisse de productivité: en cause la faiblesse de l’industrialisation

Comme souvent, il y a plusieurs facteurs explicatifs à la baisse inquiétante de la productivité en France. Parmi les facteurs conjoncturels on note la guerre en Ukraine, le Covid. Mais il y a des facteurs plus structurels comme la baisse de l’industrialisation depuis des années, le manque de qualification aussi le rapport au travail. La France crée bien des emplois mais ce sont surtout des emplois de services gourmands en main-d’œuvre. La richesse nationale augmente moins que les effectifs.

Entre fin 2019 et fin 2022, près de 1,1 million d’emplois nets se sont additionnés, soit une hausse de 4,3 %, alors que la valeur ajoutée dépasse à peine son niveau de fin 2019, en hausse de 1,2 %. Ce qui a contribué à ramener le taux de chômage à 7,2 % fin 2022.

Cette nouvelle croissance riche en emplois réjouit d’un côté mais inquiète d’un autre . En trois ans, la productivité par tête a baissé de 3,4 % en France. «On change de monde», résume Eric Heyer, le chef économiste de l’OFCE. Sur les dix dernières années, la productivité augmentait en moyenne de 0,85 % par an en France. La rupture de tendance est encore plus nette dans l’industrie manufacturière, avec une baisse de 7 % des gains de productivité depuis 2019.

Mis à part l’Espagne, aucun autre grand pays européen n’a enregistré une chute aussi brutale de sa productivité depuis le Covid.

Compte tenu de la faiblesse de la production du secteur industriel toujours inférieure de 7 % à l’avant-Covid, le nombre d’emplois aurait dû être inférieur de 350 000 à son niveau actuel de fin 2022 si la productivité était restée à son rythme tendanciel. «Il est possible que les entreprises gardent des équipes de réserve pour faire face aux arrêts maladie et à l’augmentation du turn-over. Mais là aussi, l’effet sera transitoire. Si cela devient la nouvelle norme, elles adapteront leur organisation», estime l’économiste Eric Heyer.

Mais d’après une étude du conseil d’analyse économique, rattaché à Matignon, il y a des facteurs plus structurels: la baisse de la formation en mathématiques et en sciences en général, et l’adéquation des compétences. «Nous sommes dans une situation étrange où jamais nous n’avons eu autant de salariés diplômés et pourtant la productivité baisse» abonde Denis Ferrand. Bref des formations mal adaptées aux besoins de l’économie. Donc des salariés moins bien qualifiés, ( Soudeurs par exemple) alors qu’on forme des armées de sociologues.

Chute productivité: en cause la faiblesse de l’industrialisation

Chute productivité: en cause la faiblesse de l’industrialisation

Comme souvent, il y a plusieurs facteurs explicatifs à la baisse inquiétante de la productivité en France. Parmi les facteurs conjoncturels on note la guerre en Ukraine, le Covid. Mais il y a des facteurs plus structurels comme la baisse de l’industrialisation depuis des années. La France crée bien des emplois mais ce sont surtout des emplois de services gourmands en main-d’œuvre. La richesse nationale augmente moins que les effectifs.

Entre fin 2019 et fin 2022, près de 1,1 million d’emplois nets se sont additionnés, soit une hausse de 4,3 %, alors que la valeur ajoutée dépasse à peine son niveau de fin 2019, en hausse de 1,2 %. Ce qui a contribué à ramener le taux de chômage à 7,2 % fin 2022.

Cette nouvelle croissance riche en emplois réjouit d’un côté mais inquiète d’un autre . En trois ans, la productivité par tête a baissé de 3,4 % en France. «On change de monde», résume Eric Heyer, le chef économiste de l’OFCE. Sur les dix dernières années, la productivité augmentait en moyenne de 0,85 % par an en France. La rupture de tendance est encore plus nette dans l’industrie manufacturière, avec une baisse de 7 % des gains de productivité depuis 2019.

Mis à part l’Espagne, aucun autre grand pays européen n’a enregistré une chute aussi brutale de sa productivité depuis le Covid.

Compte tenu de la faiblesse de la production du secteur industriel toujours inférieure de 7 % à l’avant-Covid, le nombre d’emplois aurait dû être inférieur de 350 000 à son niveau actuel de fin 2022 si la productivité était restée à son rythme tendanciel. «Il est possible que les entreprises gardent des équipes de réserve pour faire face aux arrêts maladie et à l’augmentation du turn-over. Mais là aussi, l’effet sera transitoire. Si cela devient la nouvelle norme, elles adapteront leur organisation», estime l’économiste Eric Heyer.

Mais d’après une étude du conseil d’analyse économique, rattaché à Matignon, il y a des facteurs plus structurels: la baisse de la formation en mathématiques et en sciences en général, et l’adéquation des compétences. «Nous sommes dans une situation étrange où jamais nous n’avons eu autant de salariés diplômés et pourtant la productivité baisse» abonde Denis Ferrand. Bref des formations mal adaptées aux besoins de l’économie. Donc des salariés moins bien qualifiés, ( Soudeurs par exemple) alors qu’on forme des armées de sociologues.

Chine : l’inflation se tasse nettement avec la faiblesse de la croissance

Chine : l’inflation se tasse nettement avec la faiblesse de la croissance

Sous l’effet du tassement de l’activité, l’inflation se montre particulièrement sage en Chine. La Chine vise à contenir l’inflation à +3% sur l’ensemble de 2023. Elle serait alors légèrement plus élevée que l’année dernière (+2% en 2022).

L’alimentaire a tiré les prix vers le haut en mars en Chine. En particulier les fruits frais (+11,5% sur un an) et la viande de porc, de loin la plus consommée dans le pays (+9,6%).

En revanche, le prix des carburants pour le transport a baissé de 6,4% sur cette période Notamment grâce au rachat au rabis du pétrole russe.

La Chine vise à contenir l’inflation à +3% sur l’ensemble de 2023, sur fond de flambée des cours mondiaux des matières premières et de l’alimentaire. Reste que, depuis l’invasion russe de l’Ukraine, le pays est relativement épargnée par ces hausses. L’inflation chinoise serait néanmoins légèrement plus élevée que l’année dernière (+2% en 2022).

À titre de comparaison, l’inflation s’est élevée à 5% en février aux États-Unis et à 6,9% sur un an dans la zone euro en mars. La France (+5,6%) fait toujours un peu mieux que l’Allemagne (+7,8%) et l’Italie (+8,2%).

La Chine vise en tout cas un objectif de 5% de croissance cette année. Ce serait mieux que 2022 où son PIB a augmenté de 3%, mais resterait l’un des plus faibles depuis des décennies. Le Premier ministre chinois Li Qiang a d’ailleurs averti le mois dernier qu’il pourrait être difficile à atteindre.

Connaissances économiques- Le niveau des connaissances des Français qui expliquent la faiblesse du pays

Connaissances économiques- Le niveau des connaissances des Français qui expliquent la faiblesse du pays

Un sondage Ifop-Fiducial pour la Fondation Concorde montre que les Français, bien qu’intéressés, ne sont pas complétement à l’aise dans ce domaine. Si l’intérêt pour l’économie est majoritaire (66%), moins d’un Français sur deux déclare ne pas se sentir à l’aise avec les sujets relatifs à l’économie en général (PIB, dette, SMIC, taux de chômage, activité des entreprises, etc.) (46%).

Ces résultats sont confirmés par les réponses à la série de 9 questions relatives aux connaissances effectives des personnes interrogées. Seules 6% d’entre elles ont alors obtenu entre 7 et 9 bonnes réponses, tandis que 25% n’ont pas réussi à répondre correctement à plus de 2 questions. La microéconomie apparaît alors comme le domaine dans lequel les connaissances sont les plus partielles. 27% des Français évaluent correctement le coût mensuel d’un salarié au SMIC pour son entreprise , tandis que le dimensionnement d’une PME n’est connu que de 7% des personnes interrogées, contre 84% le sous-estimant.

Le groupe Allianz, de son coté a fait un sondage pour comparer les connaissances dans 19 pays européens. La France s’était classée dernière. De quoi expliquer certains blocages et retards économiques !

Echantillon de 1003 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, catégorie socio-professionnelle) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne (CAWI – Computer Assisted Web Interviewing) Du 6 au 10 octobre 2017.

Éducation nationale :Le ministre reconnaît l’extrême faiblesse du niveau de l’école

Éducation nationale :Le ministre reconnaît l’extrême faiblesse du niveau de l’école

Jusque-là le ministre de l’éducation nationale s’est fait très discret. Cette fois, il sort un peu du bois pour annoncer des « exigences » qui en fait ressemblent davantage à des recommandations qu’à des orientations fermes.

En effet le propos du ministre de l’éducation nationale n’est pas nouveau. Il ne fait que rabâcher ce qui est connu à savoir le manque de niveau du primaire pour entrer en secondaire, la crise du recrutement. Quant à l’exigence de l’égalité des chances c’est évidemment un slogan qui ne pourra pas être résolu tant qu’une masse d’élèves en retard des connaissances de base viendront abaisser le niveau général dans le collège unique.

Bref pas vraiment une révolution, pas même une évolution juste des mots surtout quand on prévoit d’appliquer ce qu’on qualifie de nouvelles orientations à partir du 1er janvier. Pap Ndiaye,Le ministre de l’éducation nationale, reconnaît les difficultés « concernent la crise du recrutement des professeurs » mais aussi « le niveau des élèves, dont les comparaisons internationales révèlent les lacunes préoccupantes. il Regrette que près « d’un Français sur deux ne fasse pas confiance à l’institution scolaire », le ministre évoque « la défiance générale, marquée par la montée en puissance du secteur privé et par le scepticisme exprimé d’une partie des parents ».

Le ministre a donc annoncé trois types de mesures pour 2023 . D’abord concernant les enseignements fondamentaux du CM1 à la 6e pour « faciliter le passage de l’école primaire au collège ». Ensuite
Pour faciliter « l’égalité des chances ». La troisième et dernière exigence portée par le gouvernement stipule une amélioration du fonctionnement de l’école, aussi bien dans le système de recrutement des enseignants, que dans les conditions d’accueil des élèves. Pour répondre à ses problématiques, le ministre de l’Éducation a indiqué qu’un « changement structurel » allait avoir lieu afin que les professeurs puissent notamment « mieux accompagner chaque élève ». Enfin, Pap Ndiaye a conclu sa tribune par le rappel d’un principe essentiel dans le système éducatif français : la laïcité. Un énième rappel sans beaucoup d’effet !

Déficit extérieur : la faiblesse concerne les biens

Déficit extérieur : la faiblesse concerne les biens

 

L’économiste Sébastien Jean constate, dans une tribune au « Monde », que le déficit commercial français concerne davantage les biens industriels, dont la production est délocalisée, que les services et les investissements à l’étranger, qui se portent plutôt bien.

 

Cent milliards d’euros. Au mois de mars, le déficit commercial de la France sur douze mois a franchi une barre symbolique et frappé les esprits. D’autant que le problème est loin d’être nouveau : il y a presque dix ans, le premier ministre Jean-Marc Ayrault, alarmé de voir le déficit commercial annuel de la France dépasser 70 milliards d’euros, missionnait Louis Gallois pour concevoir un « pacte de compétitivité ». Au-delà de la dégradation récente, liée en grande partie à la hausse des prix de l’énergie et aux perturbations issues de la crise sanitaire, c’est pour le moins le signe d’une incapacité tenace à regagner du terrain, en dépit des pactes, plans, crédits et baisses d’impôts alignés depuis avec régularité et qui ont, de fait, résorbé l’écart de coût salarial unitaire vis-à-vis de l’Allemagne, qui s’était creusé dans les années 2000.

En conclure que le pays « vit au-dessus de ses moyens » serait pourtant hâtif : le besoin de financement extérieur de l’économie est mesuré par son solde courant, qui intègre également les échanges de services et les revenus de ou vers l’étranger ; celui de la France est certes déficitaire, mais il est resté relativement stable au cours de la dernière décennie si l’on excepte l’année 2020, à − 0,7 % du PIB en moyenne (20 milliards d’euros sur douze mois en mars 2022), un niveau très modéré à l’échelle de l’économie.

S’il est une inquiétude en la matière, elle tient plutôt au fait que la situation macroéconomique de la France ne peut s’apprécier que dans le contexte de la zone euro, dont le solde courant est largement excédentaire depuis des années – même si la hausse des prix de l’énergie et les perturbations de la production industrielle l’ont plongé lui aussi en déficit au mois de mars, probablement de façon temporaire.

Ce contexte peut rassurer sur la solidité de la position extérieure de la zone euro prise dans son ensemble, mais il devrait plutôt inquiéter pour le cas particulier de la France. En effet, l’excédent courant de la zone euro est un problème pour ses partenaires, parce qu’il les contraint de fait à absorber son excédent d’épargne dans un monde où elle est déjà surabondante. La question est alors de savoir quelle forme prendrait un rééquilibrage éventuel : s’il passait principalement par une appréciation du taux de change de l’euro, il serait déstabilisant pour l’économie française, car il creuserait son déficit courant du fait de la dégradation de compétitivité. D’où l’importance d’un rééquilibrage macroéconomique au sein même de la zone euro, par des politiques relançant la demande interne des pays fortement créditeurs faisant porter la pression du rééquilibrage sur les pays créditeurs, et pas seulement sur les pays débiteurs – une asymétrie que Keynes avait déjà mise au cœur des discussions de la conférence de Bretton Woods en 1944, et qui reste d’actualité aussi bien en Europe qu’au niveau mondial.

Poutine, produit de la faiblesse de l’occident

Poutine, produit de la faiblesse de l’occident

Ecrivain et cinéaste,  Jonathan Littell,  estime que  si le président russe croit qu’il est assez fort pour défier l’Occident, c’est parce que « tout ce que nous avons fait ou, plus précisément, pas fait depuis vingt-deux ans lui a appris que nous sommes faibles ».

 

Tribune.  

Il y a vingt-deux ans, une guerre vicieuse, déjà, a amené Vladimir Poutine au pouvoir. Depuis lors, la guerre est restée l’un de ses principaux outils. Il l’a continuellement utilisée, sans hésiter, au cours de son long règne. Poutine existe grâce à la guerre, et a prospéré par la guerre. Espérons maintenant que c’est encore une guerre qui causera sa chute.

En août 1999, Vladimir Poutine, alors inconnu du grand public, fut nommé premier ministre quand son prédécesseur refusa de soutenir une réinvasion totale de la Tchétchénie. Poutine, lui, était prêt, et en retour de leur soutien inconditionnel il lâcha la bride aux militaires, leur permettant de laver leur humiliante défaite de 1996 dans le sang et dans le feu. La nuit du 31 décembre 1999, un Boris Eltsine vieilli et brisé démissionna, transmettant la présidence comme un cadeau au nouveau venu. En mars 2000, après avoir fameusement juré de « buter les terroristes jusque dans les chiottes », Poutine fut triomphalement élu président. A l’exception de quatre ans comme premier ministre (2008-2012), il règne sur la Russie depuis lors.

Je suis revenu travailler en Tchétchénie, comme humanitaire, dès le début de la seconde guerre. En février 2000, j’ai dîné dans la région avec Sergueï Kovalev, le grand défenseur russe des droits de l’homme, et je lui ai posé la question qui était alors sur toutes les lèvres : qui donc était ce nouveau président inconnu ? Qui était Poutine ? Je peux encore citer de mémoire la réponse de Kovalev : « Vous voulez savoir qui est Vladimir Poutine, jeune homme ? Vladimir Poutine est un lieutenant-colonel du KGB [les services de renseignement soviétiques]. Et vous savez ce que c’est, un lieutenant-colonel du KGB ? Rien du tout. »

Ce que Kovalev voulait dire, c’est qu’un homme qui n’avait jamais dépassé ce rang, qui n’avait jamais même été promu colonel, était un simple agent de peu d’envergure, incapable de penser stratégiquement, incapable de planifier plus d’un coup en avance. Et s’il est vrai que Poutine, en vingt-deux ans de pouvoir, a immensément grandi en stature et en expérience, je pense que feu Kovalev avait fondamentalement raison.

Poutine, toutefois, se révéla vite un brillant tacticien, surtout lorsqu’il s’agissait d’exploiter les faiblesses et les divisions de l’Occident. Il mit des années à écraser les Tchétchènes et à installer un satrape à sa botte, mais il réussit. En 2008, quatre mois après que l’OTAN a promis un chemin vers l’accession à l’Ukraine et la Géorgie, il réunit ses armées pour des « manœuvres » à la frontière géorgienne et envahit le pays en cinq jours, reconnaissant l’indépendance de deux « républiques » sécessionnistes. Les démocraties occidentales protestèrent, et ne firent presque rien.

Crise ukrainienne : crise aussi de la faiblesse de l’union européenne

Crise ukrainienne : crise aussi de la faiblesse de l’union européenne

Confrontée à l’escalade des tensions entre Kiev et Moscou, l’Union européenne se repose sur les Etats-Unis tout en subissant un chantage au gaz de la part de la Russie. Il est indispensable de sortir de cette double dépendance, analyse la politiste Alexandra de Hoop Scheffer, dans une tribune au « Monde ».

Tribune.

Le président Biden se trouve aujourd’hui face au même dilemme que son prédécesseur Barack Obama en 2014 : il est arrivé à la Maison Blanche avec l’ambition de se concentrer sur la Chine, perçue comme le plus grand défi géopolitique pour les Etats-Unis, mais ce sont une nouvelle fois les enjeux de sécurité européenne et la Russie qui remobilisent Washington dans son rôle de « gendarme de l’Europe ».

Tirant les leçons de l’époque Obama, Joe Biden a accepté d’entamer des négociations sans précédent avec Vladimir Poutine. En associant les partenaires européens au processus de négociation, il cherche avant tout à les « responsabiliser » dans une crise qui menace leur sécurité avant tout, à défaut de pouvoir leur sous-traiter le rôle de médiateur – comme Barack Obama l’avait fait en 2014 en le déléguant à l’Allemagne. Washington réclame un partage du fardeau sur la défense collective et donc une prise en charge plus importante par les Européens de leur propre dissuasion.

C’est la proposition faite par le président Emmanuel Macron devant le Parlement européen le 19 janvier : « L’Europe doit enfin construire un ordre de sécurité collective sur notre continent. » Cela est d’autant plus important que la capacité de dissuasion américaine convainc de moins en moins. La volte-face du président Obama en Syrie, qui avait renoncé aux frappes contre les armes chimiques du régime à l’été 2013, marque un tournant géopolitique difficilement réversible. Les rivaux craignent moins les Etats-Unis et les alliés doutent de leurs engagements. La décision, poussée par le Pentagone, d’envisager parmi les options le déploiement de troupes américaines en Europe de l’Est et dans les pays baltes est une réponse à ces craintes.

La crise ukrainienne renvoie aussi les Européens à leurs vulnérabilités, lesquelles proviennent de leur double addiction, au leadership américain d’une part et au gaz russe d’autre part. L’Europe continue d’attendre tout des négociateurs américains, renforçant le mépris de Moscou à son égard, et subit le chantage énergétique de la Russie. Une stratégie de sortie de cette double dépendance est vitale pour l’Europe si elle veut pouvoir maîtriser ses frontières et son avenir politique. Cela dépendra en grande partie de l’Allemagne, dont les tergiversations de la nouvelle coalition gouvernementale nuisent, pour l’instant, à l’unité déjà fragile de l’Union européenne (UE) face à la Russie.La crise ukrainienne est un conflit asymétrique où, face aux lignes rouges de Vladimir Poutine, celles des Etats-Unis et des Européens paraissent rose pâle. La distinction ambivalente de Joe Biden entre « incursion mineure » et « attaque » russe en Ukraine et la réticence de l’UE à discuter de sanctions spécifiques à l’encontre de Moscou créent un flou stratégique peu convaincant et enhardissent Vladimir Poutine.

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