Archive pour la Catégorie 'agriculture'

Economie- Agriculture : la France importe de plus en plus

Economie- Agriculture : la France importe de plus en plus

« les chiffres de l’importation depuis cinq ans nous alarment : nous importons une part de plus en plus importante de notre alimentation : 40% de nos légumes, 60% de nos fruits, 50% de nos poulets, 25% de nos viandes bovines, 50% de nos viandes ovines », a ainsi interpellé Arnaud Rousseau.. Au-delà de « la capacité qu’a la France à pouvoir assurer, demain, la fourniture d’une alimentation de qualité et en quantité pour l’ensemble de ses compatriotes, [la souveraineté] c’est aussi la place que la France occupe en Europe et dans son environnement immédiat », a rappelé celui qui a été élu mi-avril à la tête de l’organisation, succédant à Christiane Lambert.

Malgré ses atouts indéniables, la France fait état d’une « balance commerciale des produits agricoles en chute libre », a regretté Arnaud Rousseau. « Il nous reste encore un peu les vins et les spiritueux, les produits laitiers et un peu les céréales, mais nous avons largement perdu des parts de marché », a-t-il signalé, regrettant que « depuis une vingtaine d’année sur bien des plans, nous sommes en recul : sur celui de la production, de la création de valeur ajoutée, des échanges ».

Or, la souveraineté alimentaire mondiale a été largement fragilisée à la suite de l’éclatement du conflit en Ukraine qui a provoqué une flambée des prix de certaines matières premières. Et ce, particulièrement sur le continent africain où « une bataille s’opère pour l’approvisionnement en céréales », explique Arnaud Rousseau. Mais si « seuls une dizaine de pays [dont la France, ndlr] sont capables de fournir durablement des produits laitiers, des céréales, des viandes, des huiles », « on voit bien que les grands blocs mondiaux, notamment les Etats-Unis et la Chine, regardent la question alimentaire comme une arme de soft power ».

« Il faut recréer un dialogue avec l’ensemble de la société », a en outre affirmé Arnaud Rousseau. Et d’expliquer qu’« il y a encore 10 ou 20 ans, la plupart de nos compatriotes avaient un lien avec l’agriculture plus ou moins direct, un cousin, un oncle, un grand-père. Aujourd’hui, un certain nombre de Français ne savent plus rien sur l’agriculture. Il faut réexpliquer l’intérêt de préserver une agriculture de production ».

Lors de son audition, le président de la FNSEA a également abordé la concurrence avec l’Europe quant à l’utilisation de produits phytosanitaires, évoquant la décision de la France « de retirer certaines molécules qui ne le sont pas ailleurs, ce qui nous questionne en matière de compétitivité ». Et d’estimer que « nos concurrents les plus féroces sont nos voisins immédiats, à l’intérieur de l’Europe ».

Le 21 avril, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a, en effet annoncé, l’interdiction des principaux usages du S-métolachlore, un puissant herbicide polluant les eaux souterraines en France. Une décision à laquelle s’est opposée la FNSEA, mais aussi le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. Ce dernier avait demandé fin mars à l’Anses « une réévaluation de sa décision » qui priverait les agriculteurs français de ce désherbant avant que l’interdiction ne soit généralisée dans l’ensemble de l’Union européenne.

« Je ne serai pas le ministre qui abandonnera des décisions stratégiques pour notre souveraineté alimentaire à la seule appréciation d’une agence », avait-il assuré devant les agriculteurs et représentants de la FNSEA réunis en congrès.

Le syndicat a également obtenu le soutien du Sénat qui a adopté le 23 mai dernier en première lecture une proposition de loi sur la compétitivité de l’agriculture, dont la mesure la plus controversée vise à autoriser le ministre à suspendre des décisions de l’Anses sur les pesticides, après évaluation du risque économique pour l’agriculture française. Une mesure qui revient sur l’indépendance même de l’agence pourtant consacrée par une loi datant de 2014. Et si le texte a peu de chances de prospérer en l’état, Marc Fesneau a néanmoins estimé qu’il constituait une « bonne initiative », dans le sens où il permet de replacer la notion de compétitivité agricole au coeur du débat.

Agriculture :la France importe de plus en plus

Agriculture : la France importe de plus en plus

« les chiffres de l’importation depuis cinq ans nous alarment : nous importons une part de plus en plus importante de notre alimentation : 40% de nos légumes, 60% de nos fruits, 50% de nos poulets, 25% de nos viandes bovines, 50% de nos viandes ovines », a ainsi interpellé Arnaud Rousseau.. Au-delà de « la capacité qu’a la France à pouvoir assurer, demain, la fourniture d’une alimentation de qualité et en quantité pour l’ensemble de ses compatriotes, [la souveraineté] c’est aussi la place que la France occupe en Europe et dans son environnement immédiat », a rappelé celui qui a été élu mi-avril à la tête de l’organisation, succédant à Christiane Lambert.

Malgré ses atouts indéniables, la France fait état d’une « balance commerciale des produits agricoles en chute libre », a regretté Arnaud Rousseau. « Il nous reste encore un peu les vins et les spiritueux, les produits laitiers et un peu les céréales, mais nous avons largement perdu des parts de marché », a-t-il signalé, regrettant que « depuis une vingtaine d’année sur bien des plans, nous sommes en recul : sur celui de la production, de la création de valeur ajoutée, des échanges ».

Or, la souveraineté alimentaire mondiale a été largement fragilisée à la suite de l’éclatement du conflit en Ukraine qui a provoqué une flambée des prix de certaines matières premières. Et ce, particulièrement sur le continent africain où « une bataille s’opère pour l’approvisionnement en céréales », explique Arnaud Rousseau. Mais si « seuls une dizaine de pays [dont la France, ndlr] sont capables de fournir durablement des produits laitiers, des céréales, des viandes, des huiles », « on voit bien que les grands blocs mondiaux, notamment les Etats-Unis et la Chine, regardent la question alimentaire comme une arme de soft power ».

« Il faut recréer un dialogue avec l’ensemble de la société », a en outre affirmé Arnaud Rousseau. Et d’expliquer qu’« il y a encore 10 ou 20 ans, la plupart de nos compatriotes avaient un lien avec l’agriculture plus ou moins direct, un cousin, un oncle, un grand-père. Aujourd’hui, un certain nombre de Français ne savent plus rien sur l’agriculture. Il faut réexpliquer l’intérêt de préserver une agriculture de production ».

Lors de son audition, le président de la FNSEA a également abordé la concurrence avec l’Europe quant à l’utilisation de produits phytosanitaires, évoquant la décision de la France « de retirer certaines molécules qui ne le sont pas ailleurs, ce qui nous questionne en matière de compétitivité ». Et d’estimer que « nos concurrents les plus féroces sont nos voisins immédiats, à l’intérieur de l’Europe ».

Le 21 avril, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a, en effet annoncé, l’interdiction des principaux usages du S-métolachlore, un puissant herbicide polluant les eaux souterraines en France. Une décision à laquelle s’est opposée la FNSEA, mais aussi le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. Ce dernier avait demandé fin mars à l’Anses « une réévaluation de sa décision » qui priverait les agriculteurs français de ce désherbant avant que l’interdiction ne soit généralisée dans l’ensemble de l’Union européenne.

« Je ne serai pas le ministre qui abandonnera des décisions stratégiques pour notre souveraineté alimentaire à la seule appréciation d’une agence », avait-il assuré devant les agriculteurs et représentants de la FNSEA réunis en congrès.

Le syndicat a également obtenu le soutien du Sénat qui a adopté le 23 mai dernier en première lecture une proposition de loi sur la compétitivité de l’agriculture, dont la mesure la plus controversée vise à autoriser le ministre à suspendre des décisions de l’Anses sur les pesticides, après évaluation du risque économique pour l’agriculture française. Une mesure qui revient sur l’indépendance même de l’agence pourtant consacrée par une loi datant de 2014. Et si le texte a peu de chances de prospérer en l’état, Marc Fesneau a néanmoins estimé qu’il constituait une « bonne initiative », dans le sens où il permet de replacer la notion de compétitivité agricole au coeur du débat.

Agriculture : la France importe de plus en plus

Agriculture : la France importe de plus en plus

« les chiffres de l’importation depuis cinq ans nous alarment : nous importons une part de plus en plus importante de notre alimentation : 40% de nos légumes, 60% de nos fruits, 50% de nos poulets, 25% de nos viandes bovines, 50% de nos viandes ovines », a ainsi interpellé Arnaud Rousseau.. Au-delà de « la capacité qu’a la France à pouvoir assurer, demain, la fourniture d’une alimentation de qualité et en quantité pour l’ensemble de ses compatriotes, [la souveraineté] c’est aussi la place que la France occupe en Europe et dans son environnement immédiat », a rappelé celui qui a été élu mi-avril à la tête de l’organisation, succédant à Christiane Lambert.

Malgré ses atouts indéniables, la France fait état d’une « balance commerciale des produits agricoles en chute libre », a regretté Arnaud Rousseau. « Il nous reste encore un peu les vins et les spiritueux, les produits laitiers et un peu les céréales, mais nous avons largement perdu des parts de marché », a-t-il signalé, regrettant que « depuis une vingtaine d’année sur bien des plans, nous sommes en recul : sur celui de la production, de la création de valeur ajoutée, des échanges ».

Or, la souveraineté alimentaire mondiale a été largement fragilisée à la suite de l’éclatement du conflit en Ukraine qui a provoqué une flambée des prix de certaines matières premières. Et ce, particulièrement sur le continent africain où « une bataille s’opère pour l’approvisionnement en céréales », explique Arnaud Rousseau. Mais si « seuls une dizaine de pays [dont la France, ndlr] sont capables de fournir durablement des produits laitiers, des céréales, des viandes, des huiles », « on voit bien que les grands blocs mondiaux, notamment les Etats-Unis et la Chine, regardent la question alimentaire comme une arme de soft power ».

« Il faut recréer un dialogue avec l’ensemble de la société », a en outre affirmé Arnaud Rousseau. Et d’expliquer qu’« il y a encore 10 ou 20 ans, la plupart de nos compatriotes avaient un lien avec l’agriculture plus ou moins direct, un cousin, un oncle, un grand-père. Aujourd’hui, un certain nombre de Français ne savent plus rien sur l’agriculture. Il faut réexpliquer l’intérêt de préserver une agriculture de production ».

Lors de son audition, le président de la FNSEA a également abordé la concurrence avec l’Europe quant à l’utilisation de produits phytosanitaires, évoquant la décision de la France « de retirer certaines molécules qui ne le sont pas ailleurs, ce qui nous questionne en matière de compétitivité ». Et d’estimer que « nos concurrents les plus féroces sont nos voisins immédiats, à l’intérieur de l’Europe ».

Le 21 avril, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a, en effet annoncé, l’interdiction des principaux usages du S-métolachlore, un puissant herbicide polluant les eaux souterraines en France. Une décision à laquelle s’est opposée la FNSEA, mais aussi le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. Ce dernier avait demandé fin mars à l’Anses « une réévaluation de sa décision » qui priverait les agriculteurs français de ce désherbant avant que l’interdiction ne soit généralisée dans l’ensemble de l’Union européenne.

« Je ne serai pas le ministre qui abandonnera des décisions stratégiques pour notre souveraineté alimentaire à la seule appréciation d’une agence », avait-il assuré devant les agriculteurs et représentants de la FNSEA réunis en congrès.

Le syndicat a également obtenu le soutien du Sénat qui a adopté le 23 mai dernier en première lecture une proposition de loi sur la compétitivité de l’agriculture, dont la mesure la plus controversée vise à autoriser le ministre à suspendre des décisions de l’Anses sur les pesticides, après évaluation du risque économique pour l’agriculture française. Une mesure qui revient sur l’indépendance même de l’agence pourtant consacrée par une loi datant de 2014. Et si le texte a peu de chances de prospérer en l’état, Marc Fesneau a néanmoins estimé qu’il constituait une « bonne initiative », dans le sens où il permet de replacer la notion de compétitivité agricole au coeur du débat.

Agriculture : la concurrence vient surtout des pays proches et la France importe de plus en plus

Agriculture : la concurrence vient surtout des pays proches et la France importe de plus en plus

« les chiffres de l’importation depuis cinq ans nous alarment : nous importons une part de plus en plus importante de notre alimentation : 40% de nos légumes, 60% de nos fruits, 50% de nos poulets, 25% de nos viandes bovines, 50% de nos viandes ovines », a ainsi interpellé Arnaud Rousseau.. Au-delà de « la capacité qu’a la France à pouvoir assurer, demain, la fourniture d’une alimentation de qualité et en quantité pour l’ensemble de ses compatriotes, [la souveraineté] c’est aussi la place que la France occupe en Europe et dans son environnement immédiat », a rappelé celui qui a été élu mi-avril à la tête de l’organisation, succédant à Christiane Lambert.

Malgré ses atouts indéniables, la France fait état d’une « balance commerciale des produits agricoles en chute libre », a regretté Arnaud Rousseau. « Il nous reste encore un peu les vins et les spiritueux, les produits laitiers et un peu les céréales, mais nous avons largement perdu des parts de marché », a-t-il signalé, regrettant que « depuis une vingtaine d’année sur bien des plans, nous sommes en recul : sur celui de la production, de la création de valeur ajoutée, des échanges ».

Or, la souveraineté alimentaire mondiale a été largement fragilisée à la suite de l’éclatement du conflit en Ukraine qui a provoqué une flambée des prix de certaines matières premières. Et ce, particulièrement sur le continent africain où « une bataille s’opère pour l’approvisionnement en céréales », explique Arnaud Rousseau. Mais si « seuls une dizaine de pays [dont la France, ndlr] sont capables de fournir durablement des produits laitiers, des céréales, des viandes, des huiles », « on voit bien que les grands blocs mondiaux, notamment les Etats-Unis et la Chine, regardent la question alimentaire comme une arme de soft power ».

« Il faut recréer un dialogue avec l’ensemble de la société », a en outre affirmé Arnaud Rousseau. Et d’expliquer qu’« il y a encore 10 ou 20 ans, la plupart de nos compatriotes avaient un lien avec l’agriculture plus ou moins direct, un cousin, un oncle, un grand-père. Aujourd’hui, un certain nombre de Français ne savent plus rien sur l’agriculture. Il faut réexpliquer l’intérêt de préserver une agriculture de production ».

Lors de son audition, le président de la FNSEA a également abordé la concurrence avec l’Europe quant à l’utilisation de produits phytosanitaires, évoquant la décision de la France « de retirer certaines molécules qui ne le sont pas ailleurs, ce qui nous questionne en matière de compétitivité ». Et d’estimer que « nos concurrents les plus féroces sont nos voisins immédiats, à l’intérieur de l’Europe ».

Le 21 avril, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a, en effet annoncé, l’interdiction des principaux usages du S-métolachlore, un puissant herbicide polluant les eaux souterraines en France. Une décision à laquelle s’est opposée la FNSEA, mais aussi le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. Ce dernier avait demandé fin mars à l’Anses « une réévaluation de sa décision » qui priverait les agriculteurs français de ce désherbant avant que l’interdiction ne soit généralisée dans l’ensemble de l’Union européenne.

« Je ne serai pas le ministre qui abandonnera des décisions stratégiques pour notre souveraineté alimentaire à la seule appréciation d’une agence », avait-il assuré devant les agriculteurs et représentants de la FNSEA réunis en congrès.

Le syndicat a également obtenu le soutien du Sénat qui a adopté le 23 mai dernier en première lecture une proposition de loi sur la compétitivité de l’agriculture, dont la mesure la plus controversée vise à autoriser le ministre à suspendre des décisions de l’Anses sur les pesticides, après évaluation du risque économique pour l’agriculture française. Une mesure qui revient sur l’indépendance même de l’agence pourtant consacrée par une loi datant de 2014. Et si le texte a peu de chances de prospérer en l’état, Marc Fesneau a néanmoins estimé qu’il constituait une « bonne initiative », dans le sens où il permet de replacer la notion de compétitivité agricole au coeur du débat.

Le ministre de l’agriculture contre la proposition de la Cour des Comptes de limiter l’élevage

Le ministre de l’agriculture contre la proposition de la Cour des Comptes de limiter l’élevage

Une réaction typiquement corporatiste du ministre de l’agriculture qui s’oppose avec fermeté à la proposition de la Cour des Comptes de limiter l’élevage pour des questions de pollution.

De toute évidence, il y a au sein du gouvernement deux positions totalement opposées. Celles en provenance des ministères de l’écologie qui souhaitent une réduction de la consommation de viande et celle du ministre de la culture qui veut le statu quo. Sans parler aussi du ministre de l’économie qui met son grain de sel dans l’affaire en constatant que les protéines animales génèrent presque le double de CO2 par rapport aux protéines végétales.

De toute manière ce n’est pas en affichant des postures soit pro écolo, soit pro agriculture industrielle que la France progressera dans ce domaine.

Cela révèle à l’évidence que le ministère de l’écologie est un portefeuille sans contenu et sans influence. Une évolution dans ce domaine demanderait détermination et lucidité mais pourrait se passer de réactions corporatifs surtout de la part d’un ministre.

Du ministre de l’Agriculture lui-même, qui a volé au secours de ces professionnels. Dans un long tweet publié mardi soir, Marc Fesneau a vertement critiqué les conclusions des Sages, sans jamais mentionner explicitement l’institution. «Jamais, on ne peut avancer en stigmatisant et en donnant pour seule perspective à toute une profession, la vindicte populaire et la disparition. Et personne ne peut accepter cela», écrit le ministre MoDem.

«Une réduction importante de l’élevage bovin »

«Une réduction importante De l’élevage bovin » (Cour des Comptes)

La Cour des Comptes estime que l’élevage bovin doit diminuer de manière significative pour une question d’émission de pollution et de soutien trop excessif sur le plan financier

Les Experts financiers de la Cour des Comptes appellent à «définir et rendre publique une stratégie de réduction du cheptel bovin», alors même que les pouvoirs publics et les filières luttent depuis des années pour maintenir cet élevage . De toute manière ,on risque d’assister à un ajustement mécanique entre une demande en baisse depuis que les Français ont décidé de manger moins de viande en raison de son coût.

«Le respect des engagements de la France en matière de réduction des émissions de méthane (souscrits dans l’accord international Global Methane Pledge) appelle nécessairement une réduction importante du cheptel», note en effet la Cour des comptes – sans donner de chiffre précis -, qui souligne que l’élevage bovin est «responsable en France de 11,8 % des émissions d’équivalents CO2, comparables à celles des bâtiments résidentiels du pays», principalement à cause du méthane produit lors de la digestion des animaux.

les dispositifs de soutien aux éleveurs. «La logique d’attribution des aides devrait évoluer en croisant les axes de la performance économique et de la performance socio-environnementale. (…) Il s’agit de tendre vers un modèle d’exploitations à la fois économiquement performantes et produisant des externalités positives pour l’environnement ou l’économie des territoires ruraux», réclame l’institution. Pour les éleveurs «les plus en difficulté», elle recommande de les accompagner «dans une nécessaire reconversion», soit «vers d’autres systèmes de production», soit carrément de les aider à «changer d’orientation professionnelle».

des comptes estime que «la production d’énergie (de biogaz par méthanisation, d’électricité dans le cadre de l’agrivoltaïsme) peut constituer une opportunité à saisir par les éleveurs français», «autant pour diversifier les revenus et que pour contribuer à la transition énergétique».

Agriculture–la « ferme France » du Sénat : une arnaque !

Agriculture–la « ferme France » du Sénat : une arnaque !

par Stéphane Foucart dans le Monde

Avec ses dispositions très controversées, notamment sur les pesticides et les mégabassines, la proposition de loi adoptée par les sénateurs le 16 mai vise surtout à détourner l’attention des vrais enjeux et à peser sur le débat public, estime Stéphane Foucart, journaliste au « Monde », dans sa chronique.

Porté par les sénateurs Laurent Duplomb (Les Républicains, LR, Haute-Loire, ancien agriculteur !), Pierre Louault (Union centriste, Indre-et-Loire, ancien agriculteur !), Serge Mérillou (Parti socialiste, Dordogne, fonctionnaire agricole) et Sophie Primas (LR, Yvelines), le texte « consacre une vision délirante, dogmatique, rétrograde » de l’agriculture, selon l’agronome Jacques Caplat, de l’association Agir pour l’environnement. Pour Alain Bazot, le président de l’UFC-Que choisir, il n’est autre qu’une « véritable lettre au Père Noël de la FNSEA » – la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles.

L’expression n’a rien d’exagéré. Le texte entend permettre le retour des épandages aériens, par exemple, et la mise en balance de la santé humaine avec d’éventuels bénéfices économiques dans le choix d’autoriser ou non le recours à tel ou tel pesticide.

Il prévoit la possibilité pour le ministre de l’agriculture de passer outre les décisions de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), la sanctuarisation des projets de mégabassines au nom d’un prétendu « intérêt général majeur », et veut lutter contre de supposées « surtranspositions » de la réglementation européenne qui porteraient préjudice à la compétitivité de la « ferme France » – qui, soit dit en passant, ressemble de moins en moins à une ferme et de plus en plus à une usine. Ce ne sont là que quelques exemples.

Les dispositions les plus controversées du texte, si elles venaient à être effectivement inscrites dans la loi, ne survivraient sans doute pas à une interprétation raisonnable de la jurisprudence et du droit européens, ou à l’application du principe de précaution, constitutionnalisé en 2005.

Des dispositions inapplicables

D’autres articles du texte sont simplement sans objet. Il faudrait lutter contre les surtranspositions qui mineraient la compétitivité de l’agriculture française ?

Dans l’Atlas des pesticides, coédité par la Fondation Heinrich Böll, l’association Générations futures a fait le compte : la France autorise 291 substances actives de pesticides et est le troisième pays le plus permissif de l’Union européenne, derrière l’Espagne (296) et la Grèce (298), mais loin devant la Belgique (279)ou la Pologne (271).

Carburants : les marges inadmissibles des distributeurs

Carburants : les marges inadmissibles des distributeurs

Les prix des carburants est exagérément élevé d’après l’association de consommateurs CLCV. Cette dernière accuse les distributeurs d’avoir engrangé des « marges brutes explosives » ces quatre derniers mois. « un record historique » pour les marges des distributeurs depuis le début de l’année, dépassant les 25 centimes au litre. Or, en se référant à la moyenne annuelle de 2018 à 2021, l’association estime que cette marge brute se situe en général aux alentours de 15 centimes le litre.

Selon la CLCV, les distributeurs opèrent actuellement un rattrapage de leurs marges après les pertes encaissées l’an dernier. Après le déclenchement de la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui a suivi, les distributeurs avaient en effet décidé de ne pas répercuter l’intégralité de la très forte hausse des cours du brut. Leurs marges brutes avaient chuté à des niveaux très faibles et ont même parfois été négatives, comme en septembre et en octobre.

Après avoir connu « un bref retour à la normale en décembre », ces marges sont brutalement remontées à partir de janvier 2023, déplore la CLCV, qui évoque des marges brutes atteignant 29 centimes le litre pour le gazole en avril. Or, en parallèle, les prix du brut ont fortement reculé, oscillant autour de 70-75 dollars le baril.

« S’il s’agissait probablement d’une opération de reconstitution de marges après avoir effectué des gestes pour le pouvoir d’achat cet été, ces marges explosives ne sont désormais plus justifiées. Les prix à la pompe doivent diminuer de 10 centimes », estime l’association.

Agriculture–la « ferme France » du Sénat : une mascarade !

Agriculture–la « ferme France » du Sénat : une mascarade !

par Stéphane Foucart dans le Monde

Avec ses dispositions très controversées, notamment sur les pesticides et les mégabassines, la proposition de loi adoptée par les sénateurs le 16 mai vise surtout à détourner l’attention des vrais enjeux et à peser sur le débat public, estime Stéphane Foucart, journaliste au « Monde », dans sa chronique.

Porté par les sénateurs Laurent Duplomb (Les Républicains, LR, Haute-Loire, ancien agriculteur !), Pierre Louault (Union centriste, Indre-et-Loire, ancien agriculteur !), Serge Mérillou (Parti socialiste, Dordogne, fonctionnaire agricole) et Sophie Primas (LR, Yvelines), le texte « consacre une vision délirante, dogmatique, rétrograde » de l’agriculture, selon l’agronome Jacques Caplat, de l’association Agir pour l’environnement. Pour Alain Bazot, le président de l’UFC-Que choisir, il n’est autre qu’une « véritable lettre au Père Noël de la FNSEA » – la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles.

L’expression n’a rien d’exagéré. Le texte entend permettre le retour des épandages aériens, par exemple, et la mise en balance de la santé humaine avec d’éventuels bénéfices économiques dans le choix d’autoriser ou non le recours à tel ou tel pesticide.

Il prévoit la possibilité pour le ministre de l’agriculture de passer outre les décisions de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), la sanctuarisation des projets de mégabassines au nom d’un prétendu « intérêt général majeur », et veut lutter contre de supposées « surtranspositions » de la réglementation européenne qui porteraient préjudice à la compétitivité de la « ferme France » – qui, soit dit en passant, ressemble de moins en moins à une ferme et de plus en plus à une usine. Ce ne sont là que quelques exemples.

Les dispositions les plus controversées du texte, si elles venaient à être effectivement inscrites dans la loi, ne survivraient sans doute pas à une interprétation raisonnable de la jurisprudence et du droit européens, ou à l’application du principe de précaution, constitutionnalisé en 2005.

Des dispositions inapplicables

D’autres articles du texte sont simplement sans objet. Il faudrait lutter contre les surtranspositions qui mineraient la compétitivité de l’agriculture française ?

Dans l’Atlas des pesticides, coédité par la Fondation Heinrich Böll, l’association Générations futures a fait le compte : la France autorise 291 substances actives de pesticides et est le troisième pays le plus permissif de l’Union européenne, derrière l’Espagne (296) et la Grèce (298), mais loin devant la Belgique (279)ou la Pologne (271).

Economie: Une agriculture sans agriculteurs ?

Economie: Une agriculture sans agriculteurs ?

La France ne compte plus que 496.000 chefs d’exploitation agricole, soit près de 20% de moins qu’il y a vingt ans. C’est le constat dressé par la Fédération Terre de Liens dans un rapport . En France, on ne compte plus que 496.000 chefs d’exploitations agricoles, selon le rapport de la Fédération Terre de Liens . Le constat est sans appel : le nombre d’agriculteurs à la tête d’exploitations ne cesse de décliner. Par Coline Vazquez dans la Tribune.

S’ils détenaient avec leurs familles, 63% des terres agricoles entre 1982 et 1992, la réalité est aujourd’hui tout autre. C’est ce que pointe la Fédération Terre de Liens, qui réunit des membres de la société civile, du monde agricole et de la finance solidaire, dans un rapport publié ce mardi. Selon elle, sur les 4,2 millions de propriétaires privés qui détiennent 85% de la surface agricole française, la plupart d’entre eux ne sont plus des agriculteurs. En effet, on ne compte désormais plus que 496.000 chefs d’exploitation en France, c’est-à-dire de personnes physiques qui assurent la gestion courante de l’exploitation, contre 604.000 en 2010, soit une baisse de 18%. Un paradoxe qui se traduit ainsi selon Tanguy Martin, responsable plaidoyer au sein de Terre de Liens : « On tend à une agriculture sans agriculteurs.
Qui sont donc les nouveaux propriétaires agricoles ? Des investisseurs, s’alarme la fédération qui s’appuie dans son rapport sur une étude réalisée par le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA)

Faute de repreneurs, certains agriculteurs acceptent, en effet, de céder leurs terres à des investisseurs et, parmi eux, à de grandes firmes, françaises ou étrangères, intéressées à l’idée de contrôler toute leur chaîne de production ou de diversifier leur activité. Chanel est, par exemple, devenue le plus grand propriétaire viticole de Porquerolles. La maison de luxe a d’ailleurs racheté début 2021 les quatorze hectares du domaine Perzinsky, agrandissant celui de l’Île qu’elle possède déjà depuis 2019.

S’il existe bien une autorité chargée de réguler le foncier agricole, telles les sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER), placées sous tutelle des ministères de l’Agriculture et des Finances, leurs moyens semblent bien limités face aux techniques de contournement qui se sont instaurées. Les Safer disposent notamment d’un droit de préemption lors de la vente d’une terre agricole, lorsqu’elles estiment « que l’intérêt général serait mieux rempli en octroyant la terre à un autre acheteur que celui prévu par le vendeur », selon la loi d’Orientation Agricole de 1962, mais qui se révèle souvent inutile. Les firmes en quête de terres agricoles privilégient, en effet, l’achat de parts dans les sociétés d’exploitation à défaut d’acquérir directement la terre. Elles proposent aux agriculteurs partant à la retraite d’entrer au capital de leur société d’exploitation agricole puis de racheter leurs parts prenant ainsi le contrôle de la terre. Au total, en 2021, le droit de préemption des Safer n’a été exercé qu’à 3.040 reprises pour environ 7.000 hectares (ha) sur un total de 395.100 ventes notifiées et 102.200 ha.

Citant l’ouvrage de François Purseigle et Bertrand Hervieu, Une agriculture sans agriculteurs, paru en 2022, Terres de Liens assure que « les sociétés agricoles financiarisées, [c'est-à-dire] des sociétés à capital ouvert qui permettent à des investisseurs non-agricoles de prendre le contrôle des fermes, représentent désormais 1 ferme sur 10 et contrôlent 14% de la Surface Agricole Utile (SAU, la surface consacrée à la production agricole, Ndlr) ».
En 2015 déjà, le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) alertait déjà sur le fait que « faute d’instruments spécifiques de régulation, le risque d’exclusion des exploitants, à l’occasion du départ de l’un d’entre eux, risqu[ait] de concrétiser et d’aboutir à la prise de contrôle totale de l’exploitation par des investisseurs extérieurs à la production agricole ».

Parmi les investisseurs, nouveaux propriétaires agricoles, on retrouve également la présence d’entreprises de l’industrie agroalimentaire. Terre de Liens pointe notamment l’exemple du groupe Altho, PME familiale de 300 employés implantée en Bretagne, et qui détient la marque de chips Bret’s. « Derrière les chips paysannes se cache un puissant groupe passé maître dans l’art d’accaparer des terres via l’achat de parts de sociétés agricoles », dénonce-t-elle. De même, dans son livre, Hold-up sur la terre paru en 2022, la journaliste Lucile Leclair explique que le PDG d’Altho, Laurent Cavard, est devenu le co-gérant de trois SCEA, des sociétés civiles d’exploitations agricoles qui permettent la présence d’acteur non-issu du monde agricole au sein de leur capital. Situées autour de l’usine de Bretagne d’Altho, elles lui permettent d’exploiter 135 hectares de terres agricoles.

Un point que confirme l’entreprise qui précise néanmoins que, sur ces 135 hectares, elle ne possède que 80 hectares de foncier, « soit 0,004% du foncier agricole de la région Bretagne, superficie assez éloignée de « l’appétit foncier » et de la volonté « d’accaparement » décrits par Terre de Liens ». Ces 135 hectares exploités par les trois SCEA dont le groupe est propriétaire lui sont néanmoins bien précieux puisqu’ils accueillent « le réseau d’irrigation de l’entreprise (existant depuis 2006 et financé par Altho) qui utilise l’eau épurée venant de la station d’épuration ». Si une autre exploitation s’était installée sur ces terres, « elle n’aurait pas forcément utilisé ce réseau d’irrigation ce qui aurait été embêtant pour nous », reconnaît Laurent Cavard, PDG d’Altho, interrogé par La Tribune. Mais, selon lui, le groupe a surtout répondu à une demande des agriculteurs partant à la retraite : « On a eu une petite pression de leur part pour qu’on rachète leurs exploitations agricoles. Ce sont eux qui nous ont sollicités, sans que cela soit une politique voulue de notre part. Nous n’avons d’ailleurs aucun projet d’exploitation à venir », assure-t-il. Un argument que Tanguy Martin balaye d’un revers de la main : « Altho explique que les agriculteurs en question n’avaient toujours pas trouvé de repreneurs au bout de six mois. Or, une ferme ne se transmet pas en aussi peu de temps, cela doit être anticipé sur plusieurs années », rétorque-t-il.

Une question de la transmission à laquelle les agriculteurs semblent trouver de moins en moins de réponses. « Aujourd’hui, la transmission familiale est plus rare. Un grand nombre sont donc résignés à vendre leurs terres à une firme », explique Tanguy Martin. Ils devraient d’ailleurs être de plus en plus nombreux dans ce cas. Selon le dernier recensement agricole effectué en 2020, la moitié des exploitations françaises sont dirigées par au moins un exploitant âgé de 55 ans ou plus, « qui a déjà atteint ou atteindra l’âge de la retraite dans la décennie qui vient ». Et parmi ceux ayant dépassé 60 ans, les deux tiers n’ont pas cherché ou identifié de repreneurs.

D’autant que la taille des exploitations n’a eu de cesse de s’étendre. La surface moyenne par exploitation a ainsi augmenté de 50 hectares en cinquante ans. Elle est désormais de 69 hectares contre 15 en 1960. Un chiffre qui reste toutefois bien inférieur à la moyenne américaine, autour de 180 hectares, mais qui contribue à faire grimper le prix des exploitations. « Elles peuvent représenter un capital de plusieurs millions d’euros. Il est donc difficile pour leurs propriétaires de trouver rapidement un agriculteur repreneur capable de réunir la somme nécessaire. Sans compter que, bien qu’elles soient très capitalisées, ce ne sont pas des entreprises qui génèrent beaucoup de revenus », pointe Tanguy Martin qui concède : « Les pensions de retraite de nombreux agriculteurs étant faibles, ils vont tenter de vendre au plus cher pour se constituer un complément de retraite. » Et les groupes du luxe ou encore de l’industrie agroalimentaire, en quête de terres, savent se montrer persuasifs avec des prix tirés à la hausse. À titre d’exemple, l’hectare de terres viticoles situées en appellation contrôlée Côtes-de-Provence se négocie désormais entre 20.000 et 100.000 euros et parfois au-delà, alertait en 2021 Bruno Vieuville, le directeur de la Safer du Var auprès de 20 minutes.

Un constat sur lequel insistait déjà le CGAAER dans son rapport de 2015, mettant « en évidence le fait que, dans tous les scénarios prospectifs, l’installation en agriculture requiert des capitaux de plus en plus importants » et que « dans ce contexte, l’accès au financement constitue un frein important à l’installation ». Pourtant, il existe bel et bien des agriculteurs, souvent en reconversion, désireux de prendre la suite après un départ à la retraite, rappelle Terre de Liens. « Bien que l’on manque de candidats à la reprise d’exploitation pour atteindre l’objectif d’un million de paysans, paradoxalement, il y a 20.000 personnes qui n’arrivent pas à accéder à ces terres car les prix sont devenus trop hauts », explique le responsable plaidoyer, dénonçant un « cercle vicieux ». La France est néanmoins l’un des pays européens où les prix sont les plus bas, nuance-t-il. L’hectare de terre agricole se situe en moyenne environ à 6.000 euros contre près de 50.000 euros aux Pays-Bas, entre 10.000 et 20.000 euros en Italie, en Angleterre ou encore au Danemark.

Ces candidats à l’installation sont, eux, à la recherche de terres plus petites pour y développer une agriculture davantage portée sur une production végétale, locale et plus fréquemment en bio que les générations précédentes. « Si certaines exploitations jugées trop petites ne sont pas reprenables en l’état, chez Terre de Liens, on estime qu’elles pourraient l’être en les faisant évoluer pour y installer des agriculteurs avec un modèle basé sur une production territoriale, plus respectueuse de l’environnement et donc plus adaptée à cette petite surface. Il y a un travail de formation à la transmission pour faire envisager cela aux paysans », plaide Tanguy Martin.

Un point sur lequel la Fédération nationale des Safer se veut optimiste. Reconnaissant qu’il y a « un vrai sujet en ce qui concerne les transmissions sous forme sociétaire, qui jusqu’à récemment, échappaient à toute régulation », « l’entrée en application de la loi dite « Sempastous » au 1er mars 2023 doit permettre de libérer du foncier en faveur des candidats à l’installation agricole et de préserver notre modèle d’exploitations à responsabilité personnelle et à taille humaine », explique la fédération nationale des Safer à La Tribune. Cette loi, qui porte sur des « mesures d’urgence pour assurer la régulation de l’accès au foncier agricole au travers de structures sociétaires », renforce, en effet, le rôle des Safer avec pour objectif de permettre aux préfets de conditionner certaines opérations à des mesures compensatoires dans un objectif de favoriser l’installation d’agriculteurs et le renouvellement des générations agricoles. Une évolution législative décrite comme « une belle avancée » par la fédération nationale.

De son côté, Terre de Liens insiste sur l’urgence pour l’exécutif de se saisir davantage de cette problématique alors que des négociations sont menées actuellement concernant la loi d’orientation et d’avenir agricoles qui concerne justement, l’orientation et la formation, la transmission et l’installation des jeunes agriculteurs. « Ce que nous défendons, c’est le fait que l’on peut incarner la propriété agricole de manière différente, collective et citoyenne pour faciliter l’installation des paysans avec de meilleures pratiques pour l’environnement », insiste le responsable plaidoyer de la fédération pour qui « il n’est pas encore trop tard, mais c’est maintenant qu’il faut agir. »
Coline Vazquez

Terres agricoles: les enjeux

Terres agricoles: les enjeux

par Marc Benoit, Ingénieur de recherches, agroéconomiste, Inrae dans The conversation.

La place de l’élevage dans notre société est aujourd’hui largement débattue. Au-delà de la question désormais centrale du bien-être animal, deux arguments très forts reviennent également dans le débat. Tout d’abord, les émissions de gaz à effet de serre, en particulier le méthane, majoritairement issu de la digestion des fourrages par les ruminants. Ensuite, la compétition de l’élevage pour la culture et l’utilisation de céréales, que les humains pourraient consommer directement et de façon beaucoup plus efficace. Rappelons que, pour une même quantité, les céréales nourrissent jusqu’à 10 fois plus de personnes que la viande. Depuis début 2022, l’impact de la guerre en Ukraine sur le coût de l’énergie entraîne également de fortes tensions sur le secteur de l’agriculture, relançant l’intérêt des surfaces agricoles pour la production d’énergie. L’élevage pourrait bien être le grand perdant de cette concurrence.

Les activités d’élevage des pays les plus développés sur le plan économique font appel à grandes quantités d’énergie. Ainsi, pour 1 mégajoule d’énergie consommée, l’élevage produit entre 0,5 et 1 mégajoule sous forme de lait ou de viande, alors que les grandes cultures (céréales, oléoprotéagineux) en produisent plus de six.

Cela signifie que, ramenée à l’énergie produite sous forme de diverses denrées agricoles, une augmentation du prix de l’énergie a une incidence six à dix fois plus grande, en moyenne, sur les produits issus de l’élevage, par rapport aux produits issus des grandes cultures. Cette forte répercussion du prix de l’énergie peut ainsi rendre ces produits difficilement accessibles au consommateur. Le constat peut d’ailleurs déjà être fait d’un fort recul des achats des produits d’origine animale de la part des ménages modestes du fait de la très forte inflation.

Au niveau des fermes d’élevage – en 2020, on en comptait 150 000 spécialisées dans cette activité sur les 416 000 exploitations agricoles françaises –, on peut considérer qu’en moyenne 75 % de la consommation d’énergie sont liés à l’alimentation des animaux. Cela comprend la mise en culture et l’utilisation des céréales et des prairies (labour, semis, récolte, transport, stockage, distribution), ainsi que la fertilisation des terres, qui repose en grande partie sur de l’azote de synthèse, très énergivore durant sa fabrication (il faut par exemple 1,8 équivalent litre de fuel pour 1 kg d’azote).

On le comprend aisément, limiter l’impact de l’augmentation du coût de l’énergie sur le prix des produits issus de l’élevage passe donc avant tout par des changements drastiques dans la manière d’alimenter les animaux.

L’augmentation très forte du prix des produits issus de l’élevage, combinée à la chute du pouvoir d’achat des ménages, pourrait conduire à une baisse importante de cette activité agricole. Une compensation du revenu des éleveurs par l’État parait difficilement envisageable, compte tenu du niveau déjà très élevé du soutien actuel. La part des aides publiques représente 87 % du revenu des éleveurs de vaches laitières et 195 % du revenu des éleveurs de vaches allaitantes…

Par ailleurs, les éleveurs ne pourront pas augmenter les prix de vente de leurs produits à la hauteur des surcoûts qu’ils subissent. Ils devront donc soit changer de production s’ils disposent de surfaces labourables, pour produire des cultures destinées à la consommation humaine ou à des fins énergétiques ; soit alimenter leurs animaux avec des ressources alternatives peu soumises à la concurrence d’autres usages.

Nous voyons ainsi se dessiner deux situations pour l’avenir de l’élevage.

Dans la première, il utilisera des ressources alimentaires disponibles dans les fermes de grandes cultures ou de cultures pérennes (arboriculture, viticultures) : coproduits divers et au sens large, c’est-à-dire non seulement ceux issus de la transformation des cultures (son, tourteaux, etc.), mais aussi toute la biomasse disponible et non valorisée, comme les cultures intermédiaires de fourrage visant à capter l’azote atmosphérique et à limiter la diffusion des maladies et des ravageurs sur les cultures suivantes ; ou encore, l’herbe poussant entre les rangs en cultures pérennes (et les fruits au sol, vecteurs de maladies).

L’élevage permettrait dans une telle configuration de limiter l’utilisation du matériel (pour la destruction de ces couverts végétaux), des herbicides, voire des fongicides (avec moins de maladies végétales).

La seconde situation concerne les zones historiquement dédiées à l’élevage, avec de fortes contraintes agronomiques. Il s’agit surtout de surfaces non labourables, par exemple les prairies naturelles des zones d’altitude du Massif central ou les landes et parcours de l’arrière-pays méditerranéen. Dans ces zones, l’élevage permet de maintenir des milieux ouverts, une diversité et une mosaïque paysagères favorables à la biodiversité, contribuant notamment à limiter les risques d’incendie.

Limiter les activités d’élevage à ces deux grands types de situations et de stratégie d’alimentation reviendrait à baisser fortement sa part dans la production agricole française et européenne, accompagnant une évolution importante de nos régimes alimentaires (une consommation moindre de produits d’origine animale).

L’impact d’une telle évolution serait majeur sur l’activité actuelle de certains territoires. Un impact très négatif en termes d’activité économique et d’emploi dans les territoires affichant une très forte densité animale (on pense à la Bretagne). Un impact positif dans les territoires où cette activité a quasiment disparu depuis des décennies, comme dans les zones céréalières de la Beauce, de la Champagne ou du Berry.

Dans ces zones, sa réintroduction pourrait générer de nouvelles activités économiques, avec les services nécessaires à l’élevage et à la mise en marché des produits (abattoirs, unité des conditionnements, etc.). Par ailleurs, cette redistribution de l’élevage sur l’ensemble des territoires accroîtrait leur autonomie alimentaire.

Le changement d’usage des surfaces de cultures actuellement utilisées par l’élevage est potentiellement très important ; pour rappel, ces surfaces représentent environ 500 millions d’hectares à l’échelle de la planète, à rapprocher des 26,7 millions d’hectares de surfaces agricoles françaises, prairies comprises.

Cependant, ces surfaces « libérées » pourraient avoir d’autres usages et être rapidement dédiées à la production de biocarburants ( !!!). On pense notamment aux perspectives du secteur aéronautique qui vise la neutralité carbone à l’échéance 2050, en s’appuyant majoritairement sur les biocarburants.

Face aux tensions importantes entre les différents secteurs économiques et à long terme sur le secteur énergétique, il est ainsi peu probable que l’utilisation des terres à des fins de production alimentaire soit compétitive, en particulier pour les activités d’élevage.

Face à la concurrence très probable de l’usage des terres dans les décennies à venir, associée à la difficulté d’accès aux produits d’origine animale pour une part croissante des consommateurs, les politiques publiques auront un rôle majeur à jouer : à la fois pour arbitrer l’usage des terres agricoles et renforcer la compétitivité de l’élevage, en particulier celui qui représente la seule activité agricole possible dans les zones difficiles où il fournit de multiples services, comme en Provence ou dans le Marais poitevin.

Il s’agirait donc moins d’accompagner les activités d’élevage grâce à des compensations de coûts de production, que par une reconnaissance et une rémunération de services rendus à la collectivité, comme l’entretien et l’ouverture des paysages, le maintien de la biodiversité et d’activités socio-économiques (tourisme) ou encore la prévention des incendies.

Amazon en France: pour tuer l’agriculture ?

Amazon en France: pour tuer l’agriculture ?

Il pourrait bien se passer dans l’agriculture et la filière agro alimentaire ce qui s’est produit dans l’industrie et la distribution. À savoir l’installation d’un intermédiaire entre production et consommation de dimension mondiale capable de peser sur l’origine des produits et leur prix. Au départ on propose de commercialiser les produits locaux et progressivement on leur substitue comme par exemple dans l’agriculture des produits en provenance en particulier d’Amérique du Sud.

Le géant américain du e-commerce expose pour la première fois au Salon de l’agriculture à Paris, pour y présenter son espace de vente dédié aux petits producteurs.

« Nous avons un double objectif: faire connaître notre ‘Boutique des producteurs’ aux visiteurs, et montrer aux producteurs les opportunités offertes par le numérique », explique Patrick Labarre, directeur de la marketplace Amazon France.
Lancée en 2018, la « Boutique des producteurs » propose de la charcuterie, des fromages, des chocolats, des confiseries ou encore des vins et des liqueurs. Elle revendique 400 producteurs et environ 13.000 références à l’heure actuelle. « On a l’ambition de proposer le choix de produits le plus large possible », assure Patrick Labarre. Amazon s’attaque aussi à la viande et aux paniers de fruits et légumes, au travers de boucheries et de coopératives.

Peu connu pour son offre alimentaire, le géant du e-commerce veut convaincre des petites entreprises de passer par sa marketplace plutôt que d’ouvrir un site web en direct, pariant notamment sur l’attrait que peut susciter sa large clientèle. Outre l’abonnement mensuel de 39 euros, il faut s’acquitter d’une commission de 10% à 15% sur les ventes pour y vendre ses produits. S’y ajoute aussi le coût de la prestation logistique si on la confie à Amazon.

Vers Une agriculture sans agriculteurs ?

Vers Une agriculture sans agriculteurs ?

La France ne compte plus que 496.000 chefs d’exploitation agricole, soit près de 20% de moins qu’il y a vingt ans. C’est le constat dressé par la Fédération Terre de Liens dans un rapport publié ce mardi.

En France, on ne compte plus que 496.000 chefs d’exploitations agricoles, selon le rapport de la Fédération Terre de Liens paru ce mardi.
Le constat est sans appel : le nombre d’agriculteurs à la tête d’exploitations ne cesse de décliner. Par Coline Vazquez dans la Tribune.

S’ils détenaient avec leurs familles, 63% des terres agricoles entre 1982 et 1992, la réalité est aujourd’hui tout autre. C’est ce que pointe la Fédération Terre de Liens, qui réunit des membres de la société civile, du monde agricole et de la finance solidaire, dans un rapport publié ce mardi. Selon elle, sur les 4,2 millions de propriétaires privés qui détiennent 85% de la surface agricole française, la plupart d’entre eux ne sont plus des agriculteurs. En effet, on ne compte désormais plus que 496.000 chefs d’exploitation en France, c’est-à-dire de personnes physiques qui assurent la gestion courante de l’exploitation, contre 604.000 en 2010, soit une baisse de 18%. Un paradoxe qui se traduit ainsi selon Tanguy Martin, responsable plaidoyer au sein de Terre de Liens : « On tend à une agriculture sans agriculteurs.
Qui sont donc les nouveaux propriétaires agricoles ? Des investisseurs, s’alarme la fédération qui s’appuie dans son rapport sur une étude réalisée par le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA)

Faute de repreneurs, certains agriculteurs acceptent, en effet, de céder leurs terres à des investisseurs et, parmi eux, à de grandes firmes, françaises ou étrangères, intéressées à l’idée de contrôler toute leur chaîne de production ou de diversifier leur activité. Chanel est, par exemple, devenue le plus grand propriétaire viticole de Porquerolles. La maison de luxe a d’ailleurs racheté début 2021 les quatorze hectares du domaine Perzinsky, agrandissant celui de l’Île qu’elle possède déjà depuis 2019.

S’il existe bien une autorité chargée de réguler le foncier agricole, telles les sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER), placées sous tutelle des ministères de l’Agriculture et des Finances, leurs moyens semblent bien limités face aux techniques de contournement qui se sont instaurées. Les Safer disposent notamment d’un droit de préemption lors de la vente d’une terre agricole, lorsqu’elles estiment « que l’intérêt général serait mieux rempli en octroyant la terre à un autre acheteur que celui prévu par le vendeur », selon la loi d’Orientation Agricole de 1962, mais qui se révèle souvent inutile. Les firmes en quête de terres agricoles privilégient, en effet, l’achat de parts dans les sociétés d’exploitation à défaut d’acquérir directement la terre. Elles proposent aux agriculteurs partant à la retraite d’entrer au capital de leur société d’exploitation agricole puis de racheter leurs parts prenant ainsi le contrôle de la terre. Au total, en 2021, le droit de préemption des Safer n’a été exercé qu’à 3.040 reprises pour environ 7.000 hectares (ha) sur un total de 395.100 ventes notifiées et 102.200 ha.

Citant l’ouvrage de François Purseigle et Bertrand Hervieu, Une agriculture sans agriculteurs, paru en 2022, Terres de Liens assure que « les sociétés agricoles financiarisées, [c'est-à-dire] des sociétés à capital ouvert qui permettent à des investisseurs non-agricoles de prendre le contrôle des fermes, représentent désormais 1 ferme sur 10 et contrôlent 14% de la Surface Agricole Utile (SAU, la surface consacrée à la production agricole, Ndlr) ».
En 2015 déjà, le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) alertait déjà sur le fait que « faute d’instruments spécifiques de régulation, le risque d’exclusion des exploitants, à l’occasion du départ de l’un d’entre eux, risqu[ait] de concrétiser et d’aboutir à la prise de contrôle totale de l’exploitation par des investisseurs extérieurs à la production agricole ».

Parmi les investisseurs, nouveaux propriétaires agricoles, on retrouve également la présence d’entreprises de l’industrie agroalimentaire. Terre de Liens pointe notamment l’exemple du groupe Altho, PME familiale de 300 employés implantée en Bretagne, et qui détient la marque de chips Bret’s. « Derrière les chips paysannes se cache un puissant groupe passé maître dans l’art d’accaparer des terres via l’achat de parts de sociétés agricoles », dénonce-t-elle. De même, dans son livre, Hold-up sur la terre paru en 2022, la journaliste Lucile Leclair explique que le PDG d’Altho, Laurent Cavard, est devenu le co-gérant de trois SCEA, des sociétés civiles d’exploitations agricoles qui permettent la présence d’acteur non-issu du monde agricole au sein de leur capital. Situées autour de l’usine de Bretagne d’Altho, elles lui permettent d’exploiter 135 hectares de terres agricoles.

Un point que confirme l’entreprise qui précise néanmoins que, sur ces 135 hectares, elle ne possède que 80 hectares de foncier, « soit 0,004% du foncier agricole de la région Bretagne, superficie assez éloignée de « l’appétit foncier » et de la volonté « d’accaparement » décrits par Terre de Liens ». Ces 135 hectares exploités par les trois SCEA dont le groupe est propriétaire lui sont néanmoins bien précieux puisqu’ils accueillent « le réseau d’irrigation de l’entreprise (existant depuis 2006 et financé par Altho) qui utilise l’eau épurée venant de la station d’épuration ». Si une autre exploitation s’était installée sur ces terres, « elle n’aurait pas forcément utilisé ce réseau d’irrigation ce qui aurait été embêtant pour nous », reconnaît Laurent Cavard, PDG d’Altho, interrogé par La Tribune. Mais, selon lui, le groupe a surtout répondu à une demande des agriculteurs partant à la retraite : « On a eu une petite pression de leur part pour qu’on rachète leurs exploitations agricoles. Ce sont eux qui nous ont sollicités, sans que cela soit une politique voulue de notre part. Nous n’avons d’ailleurs aucun projet d’exploitation à venir », assure-t-il. Un argument que Tanguy Martin balaye d’un revers de la main : « Altho explique que les agriculteurs en question n’avaient toujours pas trouvé de repreneurs au bout de six mois. Or, une ferme ne se transmet pas en aussi peu de temps, cela doit être anticipé sur plusieurs années », rétorque-t-il.

Une question de la transmission à laquelle les agriculteurs semblent trouver de moins en moins de réponses. « Aujourd’hui, la transmission familiale est plus rare. Un grand nombre sont donc résignés à vendre leurs terres à une firme », explique Tanguy Martin. Ils devraient d’ailleurs être de plus en plus nombreux dans ce cas. Selon le dernier recensement agricole effectué en 2020, la moitié des exploitations françaises sont dirigées par au moins un exploitant âgé de 55 ans ou plus, « qui a déjà atteint ou atteindra l’âge de la retraite dans la décennie qui vient ». Et parmi ceux ayant dépassé 60 ans, les deux tiers n’ont pas cherché ou identifié de repreneurs.

D’autant que la taille des exploitations n’a eu de cesse de s’étendre. La surface moyenne par exploitation a ainsi augmenté de 50 hectares en cinquante ans. Elle est désormais de 69 hectares contre 15 en 1960. Un chiffre qui reste toutefois bien inférieur à la moyenne américaine, autour de 180 hectares, mais qui contribue à faire grimper le prix des exploitations. « Elles peuvent représenter un capital de plusieurs millions d’euros. Il est donc difficile pour leurs propriétaires de trouver rapidement un agriculteur repreneur capable de réunir la somme nécessaire. Sans compter que, bien qu’elles soient très capitalisées, ce ne sont pas des entreprises qui génèrent beaucoup de revenus », pointe Tanguy Martin qui concède : « Les pensions de retraite de nombreux agriculteurs étant faibles, ils vont tenter de vendre au plus cher pour se constituer un complément de retraite. » Et les groupes du luxe ou encore de l’industrie agroalimentaire, en quête de terres, savent se montrer persuasifs avec des prix tirés à la hausse. À titre d’exemple, l’hectare de terres viticoles situées en appellation contrôlée Côtes-de-Provence se négocie désormais entre 20.000 et 100.000 euros et parfois au-delà, alertait en 2021 Bruno Vieuville, le directeur de la Safer du Var auprès de 20 minutes.

Un constat sur lequel insistait déjà le CGAAER dans son rapport de 2015, mettant « en évidence le fait que, dans tous les scénarios prospectifs, l’installation en agriculture requiert des capitaux de plus en plus importants » et que « dans ce contexte, l’accès au financement constitue un frein important à l’installation ». Pourtant, il existe bel et bien des agriculteurs, souvent en reconversion, désireux de prendre la suite après un départ à la retraite, rappelle Terre de Liens. « Bien que l’on manque de candidats à la reprise d’exploitation pour atteindre l’objectif d’un million de paysans, paradoxalement, il y a 20.000 personnes qui n’arrivent pas à accéder à ces terres car les prix sont devenus trop hauts », explique le responsable plaidoyer, dénonçant un « cercle vicieux ». La France est néanmoins l’un des pays européens où les prix sont les plus bas, nuance-t-il. L’hectare de terre agricole se situe en moyenne environ à 6.000 euros contre près de 50.000 euros aux Pays-Bas, entre 10.000 et 20.000 euros en Italie, en Angleterre ou encore au Danemark.

Ces candidats à l’installation sont, eux, à la recherche de terres plus petites pour y développer une agriculture davantage portée sur une production végétale, locale et plus fréquemment en bio que les générations précédentes. « Si certaines exploitations jugées trop petites ne sont pas reprenables en l’état, chez Terre de Liens, on estime qu’elles pourraient l’être en les faisant évoluer pour y installer des agriculteurs avec un modèle basé sur une production territoriale, plus respectueuse de l’environnement et donc plus adaptée à cette petite surface. Il y a un travail de formation à la transmission pour faire envisager cela aux paysans », plaide Tanguy Martin.

Un point sur lequel la Fédération nationale des Safer se veut optimiste. Reconnaissant qu’il y a « un vrai sujet en ce qui concerne les transmissions sous forme sociétaire, qui jusqu’à récemment, échappaient à toute régulation », « l’entrée en application de la loi dite « Sempastous » au 1er mars 2023 doit permettre de libérer du foncier en faveur des candidats à l’installation agricole et de préserver notre modèle d’exploitations à responsabilité personnelle et à taille humaine », explique la fédération nationale des Safer à La Tribune. Cette loi, qui porte sur des « mesures d’urgence pour assurer la régulation de l’accès au foncier agricole au travers de structures sociétaires », renforce, en effet, le rôle des Safer avec pour objectif de permettre aux préfets de conditionner certaines opérations à des mesures compensatoires dans un objectif de favoriser l’installation d’agriculteurs et le renouvellement des générations agricoles. Une évolution législative décrite comme « une belle avancée » par la fédération nationale.

De son côté, Terre de Liens insiste sur l’urgence pour l’exécutif de se saisir davantage de cette problématique alors que des négociations sont menées actuellement concernant la loi d’orientation et d’avenir agricoles qui concerne justement, l’orientation et la formation, la transmission et l’installation des jeunes agriculteurs. « Ce que nous défendons, c’est le fait que l’on peut incarner la propriété agricole de manière différente, collective et citoyenne pour faciliter l’installation des paysans avec de meilleures pratiques pour l’environnement », insiste le responsable plaidoyer de la fédération pour qui « il n’est pas encore trop tard, mais c’est maintenant qu’il faut agir. »
Coline Vazquez

Crise alimentaire : les Français veulent un pays plus autonome

Crise alimentaire : les Français veulent un pays plus autonome

Autour de 50 % des fruits et légumes sont importés. Les Français souhaitent donc une plus grande autonomie du pays pour des raisons de sécurité alimentaire et sanitaire

Selon un sondage réalisé par le cabinet d’études pour « Les Echos », Radio Classique et l’Institut Montaigne publié ce jeudi, ils sont même plus d’un tiers à considérer que l’Hexagone « importe beaucoup » et n’est dès lors « pas du tout autonome pour couvrir les besoins de sa population ».

Cette envie d’une autonomie plus importante ne rend pas pour autant les Français très optimistes sur la façon dont le pays peut y arriver. Il y a même un vrai doute. Ils ne sont que 60 % à juger qu’on sera capable de produire des aliments en quantité suffisante en 2050, ils ne sont plus que 53 % à envisager que cette production puisse être en même temps de bonne qualité, et moins de la moitié à imaginer qu’elle puisse être tout à la fois respectueuse de la planète.

Il est certain que la situation réelle de l’agriculture française et les discours d’alerte entendus récemment, comme sur la sécheresse, pèsent sur l’opinion.

Face à la flambée des prix alimentaires depuis un an, les Français jugent par ailleurs que les torts sont partagés. Ils sont à peu près autant à pointer du doigt l’industrie alimentaire « qui augmente trop fortement ses tarifs », la grande distribution « qui ne réduit pas assez ses marges » ou le contexte international de guerre en Ukraine.

Vers une agriculture sans agriculteur

Vers une agriculture sans agriculteurs ?

La France ne compte plus que 496.000 chefs d’exploitation agricole, soit près de 20% de moins qu’il y a vingt ans. C’est le constat dressé par la Fédération Terre de Liens dans un rapport publié ce mardi.

En France, on ne compte plus que 496.000 chefs d’exploitations agricoles, selon le rapport de la Fédération Terre de Liens paru ce mardi.
Le constat est sans appel : le nombre d’agriculteurs à la tête d’exploitations ne cesse de décliner. Par Coline Vazquez dans la Tribune.

S’ils détenaient avec leurs familles, 63% des terres agricoles entre 1982 et 1992, la réalité est aujourd’hui tout autre. C’est ce que pointe la Fédération Terre de Liens, qui réunit des membres de la société civile, du monde agricole et de la finance solidaire, dans un rapport publié ce mardi. Selon elle, sur les 4,2 millions de propriétaires privés qui détiennent 85% de la surface agricole française, la plupart d’entre eux ne sont plus des agriculteurs. En effet, on ne compte désormais plus que 496.000 chefs d’exploitation en France, c’est-à-dire de personnes physiques qui assurent la gestion courante de l’exploitation, contre 604.000 en 2010, soit une baisse de 18%. Un paradoxe qui se traduit ainsi selon Tanguy Martin, responsable plaidoyer au sein de Terre de Liens : « On tend à une agriculture sans agriculteurs.
Qui sont donc les nouveaux propriétaires agricoles ? Des investisseurs, s’alarme la fédération qui s’appuie dans son rapport sur une étude réalisée par le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA)

Faute de repreneurs, certains agriculteurs acceptent, en effet, de céder leurs terres à des investisseurs et, parmi eux, à de grandes firmes, françaises ou étrangères, intéressées à l’idée de contrôler toute leur chaîne de production ou de diversifier leur activité. Chanel est, par exemple, devenue le plus grand propriétaire viticole de Porquerolles. La maison de luxe a d’ailleurs racheté début 2021 les quatorze hectares du domaine Perzinsky, agrandissant celui de l’Île qu’elle possède déjà depuis 2019.

S’il existe bien une autorité chargée de réguler le foncier agricole, telles les sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER), placées sous tutelle des ministères de l’Agriculture et des Finances, leurs moyens semblent bien limités face aux techniques de contournement qui se sont instaurées. Les Safer disposent notamment d’un droit de préemption lors de la vente d’une terre agricole, lorsqu’elles estiment « que l’intérêt général serait mieux rempli en octroyant la terre à un autre acheteur que celui prévu par le vendeur », selon la loi d’Orientation Agricole de 1962, mais qui se révèle souvent inutile. Les firmes en quête de terres agricoles privilégient, en effet, l’achat de parts dans les sociétés d’exploitation à défaut d’acquérir directement la terre. Elles proposent aux agriculteurs partant à la retraite d’entrer au capital de leur société d’exploitation agricole puis de racheter leurs parts prenant ainsi le contrôle de la terre. Au total, en 2021, le droit de préemption des Safer n’a été exercé qu’à 3.040 reprises pour environ 7.000 hectares (ha) sur un total de 395.100 ventes notifiées et 102.200 ha.

Citant l’ouvrage de François Purseigle et Bertrand Hervieu, Une agriculture sans agriculteurs, paru en 2022, Terres de Liens assure que « les sociétés agricoles financiarisées, [c'est-à-dire] des sociétés à capital ouvert qui permettent à des investisseurs non-agricoles de prendre le contrôle des fermes, représentent désormais 1 ferme sur 10 et contrôlent 14% de la Surface Agricole Utile (SAU, la surface consacrée à la production agricole, Ndlr) ».
En 2015 déjà, le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) alertait déjà sur le fait que « faute d’instruments spécifiques de régulation, le risque d’exclusion des exploitants, à l’occasion du départ de l’un d’entre eux, risqu[ait] de concrétiser et d’aboutir à la prise de contrôle totale de l’exploitation par des investisseurs extérieurs à la production agricole ».

Parmi les investisseurs, nouveaux propriétaires agricoles, on retrouve également la présence d’entreprises de l’industrie agroalimentaire. Terre de Liens pointe notamment l’exemple du groupe Altho, PME familiale de 300 employés implantée en Bretagne, et qui détient la marque de chips Bret’s. « Derrière les chips paysannes se cache un puissant groupe passé maître dans l’art d’accaparer des terres via l’achat de parts de sociétés agricoles », dénonce-t-elle. De même, dans son livre, Hold-up sur la terre paru en 2022, la journaliste Lucile Leclair explique que le PDG d’Altho, Laurent Cavard, est devenu le co-gérant de trois SCEA, des sociétés civiles d’exploitations agricoles qui permettent la présence d’acteur non-issu du monde agricole au sein de leur capital. Situées autour de l’usine de Bretagne d’Altho, elles lui permettent d’exploiter 135 hectares de terres agricoles.

Un point que confirme l’entreprise qui précise néanmoins que, sur ces 135 hectares, elle ne possède que 80 hectares de foncier, « soit 0,004% du foncier agricole de la région Bretagne, superficie assez éloignée de « l’appétit foncier » et de la volonté « d’accaparement » décrits par Terre de Liens ». Ces 135 hectares exploités par les trois SCEA dont le groupe est propriétaire lui sont néanmoins bien précieux puisqu’ils accueillent « le réseau d’irrigation de l’entreprise (existant depuis 2006 et financé par Altho) qui utilise l’eau épurée venant de la station d’épuration ». Si une autre exploitation s’était installée sur ces terres, « elle n’aurait pas forcément utilisé ce réseau d’irrigation ce qui aurait été embêtant pour nous », reconnaît Laurent Cavard, PDG d’Altho, interrogé par La Tribune. Mais, selon lui, le groupe a surtout répondu à une demande des agriculteurs partant à la retraite : « On a eu une petite pression de leur part pour qu’on rachète leurs exploitations agricoles. Ce sont eux qui nous ont sollicités, sans que cela soit une politique voulue de notre part. Nous n’avons d’ailleurs aucun projet d’exploitation à venir », assure-t-il. Un argument que Tanguy Martin balaye d’un revers de la main : « Altho explique que les agriculteurs en question n’avaient toujours pas trouvé de repreneurs au bout de six mois. Or, une ferme ne se transmet pas en aussi peu de temps, cela doit être anticipé sur plusieurs années », rétorque-t-il.

Une question de la transmission à laquelle les agriculteurs semblent trouver de moins en moins de réponses. « Aujourd’hui, la transmission familiale est plus rare. Un grand nombre sont donc résignés à vendre leurs terres à une firme », explique Tanguy Martin. Ils devraient d’ailleurs être de plus en plus nombreux dans ce cas. Selon le dernier recensement agricole effectué en 2020, la moitié des exploitations françaises sont dirigées par au moins un exploitant âgé de 55 ans ou plus, « qui a déjà atteint ou atteindra l’âge de la retraite dans la décennie qui vient ». Et parmi ceux ayant dépassé 60 ans, les deux tiers n’ont pas cherché ou identifié de repreneurs.

D’autant que la taille des exploitations n’a eu de cesse de s’étendre. La surface moyenne par exploitation a ainsi augmenté de 50 hectares en cinquante ans. Elle est désormais de 69 hectares contre 15 en 1960. Un chiffre qui reste toutefois bien inférieur à la moyenne américaine, autour de 180 hectares, mais qui contribue à faire grimper le prix des exploitations. « Elles peuvent représenter un capital de plusieurs millions d’euros. Il est donc difficile pour leurs propriétaires de trouver rapidement un agriculteur repreneur capable de réunir la somme nécessaire. Sans compter que, bien qu’elles soient très capitalisées, ce ne sont pas des entreprises qui génèrent beaucoup de revenus », pointe Tanguy Martin qui concède : « Les pensions de retraite de nombreux agriculteurs étant faibles, ils vont tenter de vendre au plus cher pour se constituer un complément de retraite. » Et les groupes du luxe ou encore de l’industrie agroalimentaire, en quête de terres, savent se montrer persuasifs avec des prix tirés à la hausse. À titre d’exemple, l’hectare de terres viticoles situées en appellation contrôlée Côtes-de-Provence se négocie désormais entre 20.000 et 100.000 euros et parfois au-delà, alertait en 2021 Bruno Vieuville, le directeur de la Safer du Var auprès de 20 minutes.

Un constat sur lequel insistait déjà le CGAAER dans son rapport de 2015, mettant « en évidence le fait que, dans tous les scénarios prospectifs, l’installation en agriculture requiert des capitaux de plus en plus importants » et que « dans ce contexte, l’accès au financement constitue un frein important à l’installation ». Pourtant, il existe bel et bien des agriculteurs, souvent en reconversion, désireux de prendre la suite après un départ à la retraite, rappelle Terre de Liens. « Bien que l’on manque de candidats à la reprise d’exploitation pour atteindre l’objectif d’un million de paysans, paradoxalement, il y a 20.000 personnes qui n’arrivent pas à accéder à ces terres car les prix sont devenus trop hauts », explique le responsable plaidoyer, dénonçant un « cercle vicieux ». La France est néanmoins l’un des pays européens où les prix sont les plus bas, nuance-t-il. L’hectare de terre agricole se situe en moyenne environ à 6.000 euros contre près de 50.000 euros aux Pays-Bas, entre 10.000 et 20.000 euros en Italie, en Angleterre ou encore au Danemark.

Ces candidats à l’installation sont, eux, à la recherche de terres plus petites pour y développer une agriculture davantage portée sur une production végétale, locale et plus fréquemment en bio que les générations précédentes. « Si certaines exploitations jugées trop petites ne sont pas reprenables en l’état, chez Terre de Liens, on estime qu’elles pourraient l’être en les faisant évoluer pour y installer des agriculteurs avec un modèle basé sur une production territoriale, plus respectueuse de l’environnement et donc plus adaptée à cette petite surface. Il y a un travail de formation à la transmission pour faire envisager cela aux paysans », plaide Tanguy Martin.

Un point sur lequel la Fédération nationale des Safer se veut optimiste. Reconnaissant qu’il y a « un vrai sujet en ce qui concerne les transmissions sous forme sociétaire, qui jusqu’à récemment, échappaient à toute régulation », « l’entrée en application de la loi dite « Sempastous » au 1er mars 2023 doit permettre de libérer du foncier en faveur des candidats à l’installation agricole et de préserver notre modèle d’exploitations à responsabilité personnelle et à taille humaine », explique la fédération nationale des Safer à La Tribune. Cette loi, qui porte sur des « mesures d’urgence pour assurer la régulation de l’accès au foncier agricole au travers de structures sociétaires », renforce, en effet, le rôle des Safer avec pour objectif de permettre aux préfets de conditionner certaines opérations à des mesures compensatoires dans un objectif de favoriser l’installation d’agriculteurs et le renouvellement des générations agricoles. Une évolution législative décrite comme « une belle avancée » par la fédération nationale.

De son côté, Terre de Liens insiste sur l’urgence pour l’exécutif de se saisir davantage de cette problématique alors que des négociations sont menées actuellement concernant la loi d’orientation et d’avenir agricoles qui concerne justement, l’orientation et la formation, la transmission et l’installation des jeunes agriculteurs. « Ce que nous défendons, c’est le fait que l’on peut incarner la propriété agricole de manière différente, collective et citoyenne pour faciliter l’installation des paysans avec de meilleures pratiques pour l’environnement », insiste le responsable plaidoyer de la fédération pour qui « il n’est pas encore trop tard, mais c’est maintenant qu’il faut agir. »
Coline Vazquez

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