Archive pour la Catégorie 'nouvelles technologies'

Dépendance technologique aux services américains : 265 milliards d’euros

Dépendance technologique aux services américains : 265 milliards d’euros

D’après une étude inédite sur la dépendance technologique de l’Europe, commandée par le Cigref pour nourrir la réflexion de la deuxième édition des Rencontres Numérique de Strasbourg, Le coût de la dépendance numérique serait de l’art de 265 milliards.

À l’occasion de ces rencontres, l’économiste Nicolas Bouzou, directeur du cabinet Asterès a dévoilé et commenté les résultats de l’étude. Celle-ci propose une première estimation de l’impact économique des achats de logiciels et services cloud américains par les entreprises européennes. Cette analyse novatrice met en lumière d’une part le manque de transparence des données concernant les flux commerciaux internationaux et appelle d’autre part à une mobilisation renforcée pour réduire cette dépendance.

3 constats principaux sont à retenir de l’étude :

80% du total des dépenses liées aux logiciels et services cloud à usage professionnel en Europe est passé auprès d’entreprises américaines, ce qui représente un volume de 265 milliards d’euros.

Ces dépenses concernant exclusivement le périmètre des logiciels et services cloud à usage professionnel représentent aux USA environ 2 millions d’emplois directs, indirects et induits.

L’étude se projette également sur des scénarios d’avenir. Si, en 2035, 15% de ces dépenses étaient retenues au sein de l’économie européenne, elles entraîneraient la création d’environ 500 000 emplois directs, indirects et induits au profit de celle-ci.

L’Europe face aux géants de la tech

L’Europe face aux géants de la tech

En infligeant des sanctions financières contre Apple et Meta, accusés d’avoir enfreint le règlement sur les marchés numériques, la Commission européenne rappelle la nécessité d’encadrer les acteurs majeurs de l’Internet afin de limiter leur puissance, de plus en plus problématique.( papier du Monde)

Négociations sur les droits de douane ou pas, la législation européenne sur les géants du numérique continue de s’appliquer. Le message que vient d’adresser la Commission européenne à Donald Trump est clair. L’exécutif bruxellois a annoncé, mercredi 23 avril, des sanctions financières contre Apple et Meta (Facebook, Instagram). Les deux groupes sont accusés d’avoir enfreint le nouveau règlement sur les marchés numériques, le Digital Market Act (DMA), adopté en 2022. Celui-ci vise notamment à faciliter la concurrence des petites entreprises face aux grands groupes de technologie.

La Commission européenne reproche à Apple d’empêcher les développeurs d’applications d’informer les utilisateurs sur des moyens alternatifs et moins coûteux d’acheter des produits numériques en dehors de l’App Store, le magasin d’applications du fabricant de l’iPhone. Meta, lui, est sanctionné pour avoir mis en place un système litigieux de consentement au partage de données personnelles à des fins de profilage publicitaire. La Commission européenne inflige ainsi ses premières amendes dans le cadre du DMA, d’un montant de 500 millions d’euros pour Apple et de 200 millions d’euros pour Meta.

Cette décision prend un relief particulier en pleines négociations sur les droits de douane que les Etats-Unis menacent d’appliquer sur les exportations européennes. Donald Trump les conçoit comme des mesures de rétorsion aux barrières tarifaires européennes, mais aussi à tous les dispositifs qui renchérissent le coût des exportations américaines, comme la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), les normes, mais aussi les législations sur le numérique, qualifiées par M. Trump d’« extorsion ».

Le rapport de force transatlantique ne fait que débuter. Il est évidemment hors de question pour l’Union européenne (UE) de se ranger aux arguments de l’administration américaine en se laissant dicter sa législation en fonction des intérêts commerciaux des Etats-Unis. Le DMA et le règlement sur les services numériques (DSA), qui vise à lutter contre les dérives (haine, désinformation, contrefaçons) des contenus en ligne diffusés par les géants de l’Internet, ne sont pas des outils de protectionnisme commercial, mais des instruments de régulation.

Ils visent à protéger les droits et les libertés des citoyens européens et à faire respecter la libre concurrence. Celle-ci est constamment bafouée, dans un secteur où une poignée d’acteurs sont en situation de quasi-monopole, et profitent de chaque avancée technologique pour étendre leur pouvoir de marché.

La meilleure preuve qu’il est indispensable de réguler l’activité des géants de l’Internet est qu’ils sont également poursuivis aux Etats-Unis par la justice antitrust. Deux procès sont en cours concernant Meta et Google, accusés d’avoir développé des stratégies anticoncurrentielles. Encadrer les géants de l’Internet n’est donc en rien une lubie des Européens pour protéger un marché qui leur échappe, mais une nécessité afin de limiter une puissance de plus en plus problématique.

L’UE doit rester ferme dans sa volonté en dépit des menaces commerciales brandies par Donald Trump. En infligeant des amendes modérées compte tenu des sanctions encourues, la Commission a choisi une approche proportionnée, tout en montrant qu’elle a les moyens d’imposer ses règles sur un marché dont ces entreprises peuvent difficilement se passer. Face à l’imprévisibilité de Donald Trump et à ses changements de pied intempestifs, la cohérence reste la meilleure réponse.

Google : menace de démantèlement

Google : menace de démantèlement

L’administration américaine souhaite toujours que Google soit démantelée notamment en se séparant de son navigateur chrome, cela pour faciliter la concurrence et l’innovation. Jugé coupable d’abus de position dominante, le groupe californien était au tribunal lundi pour déterminer s’il devait se séparer de son navigateur Chrome, alors que la course à l’IA menace de chambouler la recherche en ligne.

Pour Gail Slater, responsable du département antitrust du ministère américain de la Justice: «C’est l’avenir de l’internet qui est en jeu»,«Allons-nous donner des choix aux Américains et permettre à l’innovation et à la concurrence de prospérer en ligne ? Ou allons-nous maintenir le statu quo qui favorise les monopoles des grandes entreprises technologiques ?»

Les autorités antitrust américaines veulent que Google se sépare de Chrome, le navigateur internet le plus utilisé au monde, parce qu’il constitue un point d’accès majeur au moteur de recherche, sapant ainsi les chances de potentiels concurrents.

Elles demandent également au juge d’interdire à la firme de signer des accords avec Apple, Samsung et d’autres fabricants de smartphones pour installer par défaut Google sur leurs appareils. Des exigences que l’entreprise a qualifiées de «radicales» en novembre dernier.

«Mais rien ne fera progresser l’intelligence artificielle plus rapidement qu’un marché ouvert et concurrentiel, exempt de gardiens et de monopoles».

Semi-conducteurs, smartphones, ordinateurs: des droits de douane « dans un mois ou deux » ?

Semi-conducteurs, smartphones, ordinateurs: des droits de douane « dans un mois ou deux » ?

Alerté par les géants de l’attaque, le président américain a dû sérieusement reculer à propos de la supère taxation des importations de Chine concernant le secteur.

Et pour cause la plupart de tout ou partie de l’industrie Tech est fabriquée en Asie et subirait de plein fouet les droits de douane américain. Désormais c’est la certitude qui règne quant à la décision finale des nouvelles taxes douanières. Pour tenter de rassurer, le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a déclaré ce dimanche 13 avril que les smartphones et les ordinateurs qui ont été exemptés des droits de douane imposés par les États-Unis à la Chine feraient, finalement, l’objet de droits de douane distincts qui seront mis en place dans environ un mois.
Des droits de douane seront appliqués dans « un mois ou deux » sur les semi-conducteurs, un secteur pour l’instant épargné par la surtaxe de 10% contre la plupart des partenaires commerciaux des États-Unis, a déclaré le secrétaire au Commerce américain ce dimanche 13 avril. Les smartphones et les ordinateurs seront également compris dans ces nouvelles mesures commerciales agressives. Mais il n’y a aucune certitude dans ce domaine tout dépendra de l’évolution de la balance commerciale des États-Unis vis-à-vis de l’Asie

Intelligence artificielle : pour des synergies européennes à la hauteur de l’enjeu

Intelligence artificielle : pour des synergies européennes à la hauteur de l’enjeu


L’Europe, malgré son excellence scientifique dans le domaine de l’intelligence artificielle, peine à transformer ses avancées en un impact mondial. Bien que ses centres de recherche soient parmi les meilleurs au monde, les géants de l’IA se forment souvent en dehors du continent. Un tournant stratégique est crucial pour que l’IA européenne atteigne son plein potentiel industriel et sociétal. Par Amir Banifatemi, Directeur exécutif chargé de l’IA responsable chez Cognizant (*) dans La Tribune

L’Europe regorge de talents en intelligence artificielle. Ses centres de recherche produisent certaines des avancées les plus pointues dans le domaine et la France en particulier peut se targuer d’un vivier exceptionnel de chercheurs et d’ingénieurs spécialisés. Son réseau d’écoles d’ingénieurs et de laboratoires, comme l’INRIA ou le CNRS, fait partie des meilleurs au monde. Pourtant, malgré cette excellence scientifique, les géants de l’IA ne naissent souvent ni Paris ni à Berlin, mais à San Francisco ou à Pékin.

Ce paradoxe évoque le syndrome du Concorde : une prouesse technologique européenne avant-gardiste qui, malgré son excellence, n’a pas réussi à s’imposer durablement à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, l’Europe produit d’excellents modèles d’IA, souvent rachetés ou exploités par des entreprises américaines ou chinoises. Sans un sursaut stratégique, l’IA européenne risque de ne pas atteindre son plein potentiel industriel et sociétal ni d’imposer ses valeurs dans le monde numérique de demain.

Si les États-Unis et la Chine dominent le marché de l’IA, c’est parce qu’ils ont su développer un écosystème où laboratoires de recherche, startups et investisseurs collaborent étroitement. Des initiatives comme le programme américain SBIR et l’accès à un capital-risque abondant financent massivement les startups deeptech dès leurs balbutiements. En Chine, l’État injecte des milliards dans des pôles technologiques comme Zhongguancun à Pékin, où chercheurs et entrepreneurs cohabitent pour accélérer le passage de la recherche à l’industrie.

En Europe, la dynamique est plus contrastée. Faute d’incitations, certains chercheurs restent cloisonnés dans le monde académique, mais des initiatives comme EDIH ou l’IPCEI en IA tentent de renforcer les liens entre recherche et industrie. Toutefois, ces programmes, encore sous-financés et fragmentés, peinent à créer un écosystème aussi dynamique que ceux de la Silicon Valley ou de Shenzhen.
Une régulation agile et une stratégie industrielle forte

L’IA est bien plus qu’un sujet technologique : c’est une bataille économique, stratégique et sociétale.

L’Europe a choisi de jouer un rôle de pionnier dans la régulation de l’IA avec l’AI Act. Mais pour éviter que la régulation ne devienne un frein à la compétitivité, il faut parallèlement investir massivement dans des dispositifs de soutien à l’innovation, comme le font les États-Unis et la Chine.

Plutôt qu’une contrainte, l’AI Act peut faire de l’Europe un pionnier d’une IA fiable et de qualité. En fixant des standards élevés en éthique et sécurité, un label IA européen pourrait devenir un gage d’excellence à l’international. Cette alliance entre innovation et éthique ouvrirait aussi de nouveaux marchés, notamment en santé, éducation et environnement, où la confiance est essentielle à l’adoption des technologies.

Construire sur les forces européennes

L’Europe dispose d’atouts uniques pour bâtir sa stratégie en IA. Son excellence scientifique est reconnue à l’international, avec une production significative de publications en IA. Son expertise dans l’industrie 4.0, la santé et les transports constitue un levier majeur. Elle peut aussi se démarquer par une IA frugale et durable, optimisant les ressources et limitant l’impact environnemental. Sa diversité linguistique et culturelle favorise des applications adaptées à divers contextes, tandis que son engagement en innovation sociale permettrait d’orienter l’IA vers les grands défis contemporains.

Multiplier les partenariats entre universités et entreprises et les soutenir financièrement est un levier clé pour dynamiser le passage de la recherche à l’industrie. Les collaborations existent, mais restent limitées face aux besoins existants. Il faut aller plus loin en intégrant dès la phase de recherche des objectifs de valorisation industrielle et d’utilité collective.

L’Europe n’a pas le luxe du temps. Si elle n’agit pas maintenant, elle continuera à voir ses talents et ses innovations captés par les géants américains et chinois. Il ne s’agit pas seulement d’un choix technologique ou économique, mais aussi d’un choix de société. En perdant sa souveraineté dans le domaine de l’IA, l’Europe risque de voir des technologies façonnées selon des valeurs et des priorités qui ne sont pas les siennes s’imposer dans tous les aspects de la vie quotidienne de ses citoyens.

L’enjeu est de transformer les découvertes scientifiques en véritables innovations industrielles et d’adopter une approche coordonnée à l’échelle du continent. Il est temps d’intensifier les mécanismes de financement, de favoriser des alliances stratégiques entre startups et grands groupes, et de faire de la régulation un levier de compétitivité plutôt qu’un frein. L’Europe a tous les atouts pour jouer un rôle majeur dans l’IA mondiale, à condition de se donner les moyens de ses ambitions.

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(*) Amir Banifatemi est Directeur exécutif chargé de l’IA responsable chez Cognizant et défenseur de longue date de l’IA responsable. Fort d’une carrière internationale et d’un rôle clé chez Cognizant, il est reconnu pour sa vision unique de l’IA comme levier de transformation durable pour les entreprises. Il est également actif sur la scène mondiale, comme en témoigne sa récente intervention à Davos, où il a partagé sa conviction que les pratiques d’IA responsable ne sont pas des contraintes, mais des catalyseurs de valeur pour les entreprises.

Amir Banifatemi

Sortir de la dépendance de technologies contrôlées par des géants étrangers

Sortir de la dépendance de technologies contrôlées par des géants étrangers


Les soupçons de corruption d’eurodéputés par le géant chinois de la tech Huawei rappelle que l’économie numérique n’est pas un secteur comme les autres, avertit l’élu écologiste dans une tribune au « Monde ». Son contrôle, même partiel, par des puissances étrangères constitue une attaque directe contre la sécurité des Européens.

La souveraineté numérique européenne est-elle à vendre ? Le 13 mars, un nouveau scandale a éclaté : Huawei, multinationale chinoise de la tech, est accusée de corruption au Parlement européen. Cette affaire n’est pas un cas isolé et soulève une question cruciale : quel est le prix de la souveraineté européenne ?

Ce « Huaweigate » est le symptôme d’un mal profond et systémique. A l’instar du « Qatargate », il nous confronte à une vérité inquiétante : les institutions européennes sont infiltrées, non seulement par des intérêts économiques liés à des lobbys aux pratiques bien connues, mais aussi par des puissances étrangères qui menacent directement notre souveraineté.

Si ces accusations se confirment, il faudra sanctionner durement cette entreprise, c’est-à-dire lui interdire l’accès au marché européen pour une durée indéterminée. Mais il faudra aussi remettre en question un système où l’influence extérieure n’est plus un accident conjoncturel, mais une stratégie systémique qui fragilise nos libertés, notre autonomie et, en fin de compte, nos valeurs fondamentales.

Haute trahison

Car la menace n’est pas seulement économique : elle est géopolitique et démocratique. Huawei, avec ses infrastructures 5G que la Commission européenne a voulu déployer à marche forcée, est désormais au cœur de notre économie numérique et donc de notre sécurité. Par ces réseaux transitent nos données et nos informations, dont nous ne pouvons plus garantir l’intégrité.

L’Europe a choisi de dépendre de ces technologies, et cette dépendance nous rend vulnérables. Que vaut notre autonomie si les infrastructures, les data centers et les moyens de traitement de nos données sont contrôlés par des géants étrangers, mus par leurs propres intérêts et non par ceux des citoyens européens ? Et qu’advient-il si les intérêts économiques de ces acteurs sont incompatibles avec le maintien de nos démocraties dans l’Union européenne (UE) ?

Le fait que certains groupes politiques – et certains partis – se mettent au service des multinationales étrangères, notamment du numérique, ne relève pas seulement de la corruption économique, mais bien de la haute trahison. Ce scandale éclate alors que l’UE traverse déjà une crise de légitimité après le « Qatargate ».

Attaque massive contre le réseau X

Attaque massive contre le réseau X

Le réseau social X, propriété d’Elon Musk, a été victime de plusieurs pannes mondiales ce lundi 10 mars qui a établi un lien entre les manifestations contre «Doge» (la commission à l’efficacité gouvernementale que dirige le milliardaire), les magasins Tesla «attaqués» et la panne sur X, sans apporter de preuves.

«Nous sommes attaqués tous les jours mais celle-ci a été organisée avec beaucoup de ressources. Un grand groupe coordonné est impliqué ou alors un pays !

Elon Musk a répété lundi après-midi que le service avait subi une «cyberattaque massive», ajoutant que ses équipes «soupçonnent» qu’elle a été menée «depuis la zone ukrainienne».

Les experts en cybersécurité sont divisés sur les affirmations du milliardaire. «Difficile de se prononcer avec des informations incomplètes, et à un stade précoce de la situation», a souligné Casey Ellis, fondateur de l’entreprise californienne de cybersécurité Bugcrowd. «Mais entre la longueur de la panne et le fait que Dark Storm Team s’en soit attribué le mérite sur Telegram, il semble bien qu’il s’agisse d’une cyberattaque légitime contre X», a-t-il ajouté.

Pour Chad Cragle, directeur de la sécurité de l’information chez Deepwatch, il s’agit bien d’un exemple de «cyberguerre». «X fait l’objet de cyberattaques incessantes, à toute heure et tous les jours», affirme-t-il. «Avec Musk sous les projecteurs et les tensions politiques actuelles, ces attaques présentent tous les indicateurs d’une agression de la part d’un État-nation. Ils font tout leur possible pour perturber le service, et, si possible, exposer des données personnelles».

Le réseau social a connu de nombreuses pannes depuis son rachat par Elon Musk fin 2022. En février et en décembre 2023, notamment, des dizaines de milliers d’utilisateurs mondiaux avaient signalé des problèmes d’utilisation. Les différents entretiens entre l’homme le plus riche au monde et des personnalités politiques de droite, sur les salons audio de la plateforme, ont aussi été marqués par des problèmes techniques, de la qualité du son à l’accès à la conversation.

Quel avenir de l’Europe dans l’espace ?

 Quel avenir de l’Europe dans l’espace ?

La directrice générale d’Eutelsat, Eva Beneke, qui opère la constellation OneWeb (650 satellites), appelle les pays européens à un sursaut existentiel en matière de connectivité spatiale face aux géants américains que sont Starlink et Kuiper et à des projets chinois de grande ampleur. En attendant la mise en service de la constellation IRIS², elle préconise de se servir solutions déjà disponibles. Il en va de l’autonomie stratégique de l’Europe dans l’espace. Par Eva Berneke, directrice générale d’Eutelsat dans la Tribune

 

L’industrie spatiale mondiale évolue à un rythme sans précédent. Des constellations de satellites non européennes, telles que celles de Starlink, Kuiper et des initiatives chinoises, étendent rapidement leur influence, mêlant ambitions commerciales, innovations technologiques et stratégies géopolitiques. Une constellation en orbite basse européenne existe et s’impose comme la principale force de l’Europe en offrant une alternative compétitive et souveraine en matière de connectivité spatiale, capable de rivaliser avec les grands acteurs mondiaux. L’Europe se trouve néanmoins face à un tournant décisif : prendra-t-elle le leadership de l’ère du « New Space » ou se contentera-t-elle d’un rôle de spectateur ?La connectivité n’est plus un luxe, mais un pilier essentiel sur le plan stratégique pour nos démocraties. Les satellites en orbite basse (LEO) offrent une latence réduite, une couverture étendue et des capacités de résilience accrues, autant d’atouts indispensables pour les infrastructures critiques, les opérations militaires et les applications commerciales. Pourtant, l’Europe reste aujourd’hui fortement dépendante de solutions non européennes, mettant ainsi en péril sa souveraineté.

Face à cette réalité, l’Europe doit adopter une approche multi-orbites, combinant satellites géostationnaires (GEO) déjà existants et (LEO) complémentaires. Cette hybridation est essentielle pour garantir une autonomie totale, tout en préparant l’avenir avec IRIS², le projet phare de l’UE pour la connectivité spatiale.

Certains pays européens se tournent vers des fournisseurs non-européens pour accélérer le déploiement de leurs programmes, mais cet usage doit impérativement être équilibré par des alternatives européennes afin de préserver le contrôle stratégique. L’histoire nous enseigne que l’interopérabilité et la coordination des systèmes au sein des coalitions transnationales renforce les capacités communes. L’Europe doit appliquer cette leçon à l’espace.

L’attente de la mise en service complète d’IRIS² ne doit pas ralentir nos ambitions. Des solutions complémentaires, compatibles à long terme avec IRIS², sont déjà disponibles et doivent être exploitées dès maintenant pour tracer la voie et garantir un avenir autonome. Les systèmes hybrides, alliant LEO et GEO, permettent d’ores et de renforcer sans attendre les infrastructures spatiales européennes, de garantir leur résilience et leur pérennité et d’accélérer la transition vers un réseau de connectivité 100 % européen.

Le projet IRIS² incarne une vision ambitieuse de l’Europe, celle d’une industrie spatiale souveraine et compétitive. Plus qu’un simple programme d’infrastructures, IRIS² représente une affirmation politique de la volonté européenne de se positionner comme un acteur de premier plan dans les technologies stratégiques les plus critiques. Clé de voûte des capacités de l’Europe dans les domaines du numérique et de la défense, IRIS² sera le garant de la d’une innovation européenne compétitive sur la scène mondiale, tout en sauvegardant les intérêts stratégiques du continent.

En attendant le déploiement intégral de ce programme, l’Europe doit agir dès maintenant pour combler l’écart et ne pas se laisser distancer. L’intégration immédiate de solutions hybrides combinant satellites LEO et GEO offre un levier unique et pragmatique aux impératifs de résilience flexibilité permettant à l’Europe de se préparer aux défis futurs.

IRIS² doit devenir, comme une figure de proue, le socle d’une connectivité sécurisée, répondant aux besoins des citoyens, des gouvernements et des forces armées européennes. Mais pour en maximiser le potentiel dès le premier jour, nous devons anticiper dès aujourd’hui : former les utilisateurs aux constellations LEO, développer des terminaux adaptés à tous les environnements (terrestres, aériens et maritimes) et renforcer les infrastructures au sol pour assurer une continuité de service optimale.

L’Europe possède déjà les capacités technologiques et industrielles pour exceller dans l’espace. Mais être leader exige vision et investissements durables. Soutenir des acteurs européens comme Eutelsat, fondé il y a plus de 40 ans pour garantir à l’Europe un accès indépendant aux télécommunications par satellite, est un choix stratégique pour affirmer sa souveraineté dans l’espace.

En tant qu’unique opérateur européen disposant d’une constellation LEO, Eutelsat est au cœur des objectifs stratégiques de l’Union européenne, en militant pour des solutions hybrides et en favorisant la coopération industrielle européenne. Eutelsat représente le parfait exemple de la manière dont les partenariats publics-privés peuvent être moteurs de l’innovation et garants de l’autonomie stratégique européenne.

Contrairement à certaines initiatives privées, dictées par des intérêts économiques ou étrangers, Eutelsat s’appuie sur une gouvernance régulée, soucieuse de garantir un service sécurisé et indépendant aux gouvernements et aux industries. Notre engagement dans IRIS² reflète notre foi en la capacité de l’Europe à construire son propre avenir spatial.

Si l’Europe veut conserver et renforcer son leadership mondial dans le secteur spatial, elle doit faire preuve d’ambition et continuer d’investir pour améliorer la compétitivité du secteur, notamment en réaction aux investissements considérables consentis par les concurrents américains et chinois. Pour tirer le meilleur parti du potentiel d’IRIS² dès le premier jour, nous devons prendre les devants dès aujourd’hui : en formant les équipes opérationnelles à l’utilisation des constellations LEO et en mettant au point des terminaux adaptés aux différents besoins des utilisateurs, que ce soit sur terre, dans les airs ou en mer. Il est également impératif que le segment sol soit robuste et le cadre réglementaire respecté si l’on veut fournir des services irréprochables.

À la différence des initiatives privées portées par des intérêts étrangers, économiques ou individuels, Eutelsat est solidement ancré en Europe et soumis à l’autorité d’organismes de régulation afin de proposer aux gouvernements et aux entreprises des services sécurisés et totalement indépendants. Notre attachement au programme IRIS² témoigne de notre foi en la capacité de l’Europe à forger son propre avenir dans l’espace. Le modèle européen, fondé sur la transparence, la gouvernance et les principes de développement durable, représente une alternative crédible et compétitive face aux modèles qui privilégient une expansion rapide au détriment du contrôle stratégique.

Pendant que Starlink, Kuiper et la Chine avancent au pas de charge et transforment le paysage spatial mondial à coups d’investissements massifs et des évolutions stratégiques, l’Europe se doit de réagir sans attendre. L’espace n’est pas un simple actif, c’est une ressource stratégique vitale. L’Europe ne peut pas se permettre de laisser passer sa chance. Sa souveraineté ne se résume pas à posséder ou construire des infrastructures, elle repose sur sa capacité à les exploiter en toute autonomie, à façonner son propre destin et à sceller des alliances solides au sein de l’UE et avec le reste du monde. L’heure des tergiversations est révolue.

Si l’Europe veut atteindre une véritable autonomie stratégique, elle doit agir maintenant. Cela signifie accélérer les investissements, renforcer l’interopérabilité entre États membres et favoriser une gouvernance commune, fondée sur l’intérêt collectif. Nous ne pouvons pas compter sur d’autres pour préserver nos intérêts dans l’espace. Sans une mobilisation décisive, l’Europe risque de devenir simple spectatrice dans une arène où d’autres puissances mondiales imposent leurs règles. Il est essentiel de miser sur la résilience, l’interopérabilité et la diversité des solutions pour en faire les piliers de notre indépendance future.

Les choix que nous faisons aujourd’hui détermineront si l’Europe reprend sa place de leader spatial mondial ou si elle sombre dans l’insignifiance. En misant sur la collaboration, l’innovation et l’ambition à long terme, nous pouvons assurer non seulement notre souveraineté, mais aussi un héritage durable de progrès pour les générations futures.

Le moment est venu ! L’Europe doit relever ce défi, non pas demain, ni plus tard, mais maintenant. Les décisions que nous prenons aujourd’hui façonneront notre place dans l’économie spatiale mondiale pour les décennies à venir. En faisant preuve de détermination, en osant investir massivement avec audace et en travaillant ensemble, nous pouvons garantir que l’Europe ne se contente pas d’être présente dans l’espace, mais qu’elle y joue un rôle de premier plan.

IA: Moins c’est compris plus c’est apprécié !

IA: Moins c’est compris plus c’est apprécié !

Les personnes les moins familiarisées avec les concepts derrière les systèmes d’IA considèrent souvent cette technologie comme « magique »… et fascinante. L’intelligence artificielle se répand, mais nombre de gens se demandent : qui est le plus susceptible d’adopter l’IA dans sa vie quotidienne ? Nombreux sont ceux qui pensent que ce sont les férus de technologies — qui comprennent le fonctionnement de l’intelligence artificielle — qui sont les plus désireux de l’adopter. Étonnamment, notre nouvelle étude, publiée dans le Journal of Marketing, révèle le contraire. Les personnes avec moins de connaissances sur l’IA sont en fait plus ouvertes à l’utilisation de cette technologie. Nous appelons cette différence d’appétence à adopter cette nouvelle technologie « faible niveau de littératie — forte réceptivité ».

 

par

Chiara Longoni
Associate Professor, Marketing and Social Science, Bocconi University

Gil Appel
Assistant Professor of Marketing, School of Business, George Washington University

Stephanie Tully
Associate Professor of Marketing, USC Marshall School of Business, University of Southern California

Ce lien se retrouve dans différents groupes, contextes et pays. Par exemple, les données de la société Ipsos, couvrant 27 pays, révèlent que les habitants des pays où le niveau moyen de connaissances en matière d’IA est plus faible sont plus réceptifs à l’adoption de l’IA, que ceux des pays où le niveau de connaissances est plus élevé.

De même, notre enquête auprès d’étudiants américains de premier cycle révèle que ceux qui ont une compréhension moindre de l’IA sont plus susceptibles d’indiquer qu’ils l’utiliseraient pour des tâches telles que des devoirs universitaires.

Nous pensons que ce lien contrintuitif entre niveau de littératie et appétence vient de la façon dont l’IA accomplit désormais des tâches que l’on pensait autrefois réservées aux humains : lorsque l’IA crée une œuvre d’art, écrit une réponse sincère ou joue d’un instrument de musique, cela peut sembler presque magique, comme si elle pénétrait en territoire humain.

Bien sûr, l’IA ne possède pas réellement ces qualités humaines. Un chatbot peut générer une réponse empathique, mais il ne ressent pas d’empathie. Les personnes ayant des connaissances plus techniques sur l’IA le comprennent.

Ils savent comment fonctionnent les algorithmes (ensembles de règles mathématiques utilisées par les ordinateurs pour effectuer des tâches particulières), les données d’apprentissage (utilisées pour améliorer le fonctionnement d’un système d’IA) et les modèles de calcul. Pour eux, la technologie est moins mystérieuse.

Pour ceux en revanche qui comprennent moins bien le fonctionnement des systèmes d’IA, elle peut apparaître comme quelque chose de magique et d’impressionnant. Nous pensons que c’est ce sentiment de magie qui rend ces utilisateurs plus ouverts à l’utilisation des outils d’IA.

De plus, nos études montrent que le lien entre faible niveau de connaissances et forte appétence est plus fort pour l’utilisation d’outils d’IA dans des domaines que les gens associent à des traits humains, comme le soutien émotionnel ou le conseil.

Au contraire, lorsqu’il s’agit de tâches qui n’évoquent pas ces qualités humaines – par exemple, analyser les résultats de tests – le schéma s’inverse : les personnes ayant un niveau de connaissances plus élevé en matière d’IA sont plus réceptives à ces utilisations car elles se concentrent sur l’efficacité de l’IA plutôt que sur ses qualités « magiques ».

Les chercheurs ont mené des enquêtes auprès de différents groupes, y compris des étudiants de premier cycle.
Notre rapport à l’IA n’est pas une question de capacité, de peur ou d’éthique
Il est intéressant de noter que, bien que les personnes ayant un faible niveau de littératie en IA soient plus susceptibles de considérer l’IA comme moins performante, moins éthique et même un peu effrayante, ce lien entre un faible niveau de littératie numérique et une plus grande réceptivité persiste. Leur appétence pour l’IA semble découler de leur émerveillement face à ces capacités, alors qu’ils en perçoivent bien les inconvénients.

Cette découverte offre de nouvelles perspectives sur les raisons pour lesquelles les gens réagissent si différemment aux technologies émergentes. En effet, certaines études suggèrent que certains consommateurs sont favorables aux nouvelles technologies, un phénomène appelé « appréciation des algorithmes », tandis que d’autres font état d’un scepticisme, ou « aversion pour les algorithmes ». Nos recherches indiquent que la perception de la « magie » de l’IA est un facteur clé qui façonne ces réactions.

Ces conclusions posent un défi aux décideurs politiques et aux éducateurs. Les efforts visant à améliorer la compréhension de l’IA pourraient – involontairement — freiner l’enthousiasme des gens à utiliser l’IA en la rendant moins magique. Cela crée un équilibre délicat entre aider les gens à comprendre l’IA et les garder ouverts à son adoption.

Pour tirer parti du potentiel de l’IA, les entreprises, les éducateurs et les décideurs politiques doivent trouver cet équilibre. En comprenant comment la perception de l’IA comme une technologie « magique » façonne l’appétence du grand public pour l’IA, nous pouvons contribuer à développer et déployer des nouveaux produits et services qui tiennent compte de la façon dont les gens perçoivent l’IA — et les aider à comprendre les avantages et les risques de l’IA.

Et idéalement, cela se fera sans entraîner une perte de l’émerveillement qui incite de nombreuses personnes à adopter cette nouvelle technologie.

IA : DeepSeek suspendue en Corée-du-Sud

IA :  DeepSeek suspendue en Corée-du-Sud

Comme d’autres pays, la Corée du Sud se méfie de l’IA chinoise DeepSeek.Fin janvier, le régulateur sud-coréen avait déjà annoncé avoir demandé des explications à DeepSeek concernant son traitement des informations fournies par les utilisateurs. Depuis, la société chinoise «a reconnu certains manquements» concernant le respect de la vie privée, a précisé la commission lundi.

Cette dernière a souligné qu’il faudrait «inévitablement un certain temps» pour rectifier la situation, d’où la décision de la Corée-du-Sudde retirer l’application des boutiques d’applications. Le robot conversationnel n’est donc plus disponible au téléchargement depuis samedi soir mais continue de fonctionner pour les utilisateurs qui l’ont déjà.

 

« Pour une IA populaire », par Arthur Mensch, cofondateur de Mistral AI

 « Pour une IA populaire », par Arthur Mensch,  cofondateur de Mistral AI

Passé par le laboratoire DeepMind de Google, Arthur Mensch est l’une des personnalités les plus observées de la tech tricolore. Le polytechnicien et normalien nous livre son plaidoyer pour une innovation ouverte à tous.( dans « La Tribune »)

 

« L’IA est-elle dangereuse ? », « L’IA est-elle intelligente ? », « L’IA va-t-elle remplacer mon travail ? » : ces quelques suggestions de recherche Google sur l’IA donnent à voir les questionnements profonds du grand public face à cette technologie à la fois connue, attendue et, dans le même temps, crainte.

Comme toutes les inventions pivots avant elle, l’intelligence artificielle n’échappe pas à la règle. Elle est vilipendée par certains, considérée comme dangereuse par d’autres. Le train, la radio ou encore l’avion ont, eux aussi, suscité des craintes, tant rationnelles qu’irrationnelles. Ces mêmes questions se sont posées lors de l’arrivée d’Internet. Et pourtant, comment imaginer nos vies sans ces innovations qui occupent désormais notre quotidien ?

Il faut le reconnaître : un dialogue de sourds s’est installé entre la population et l’intelligence artificielle générative. On observe une convergence entre les instituts de sondage : environ 2 Français sur 10 utilisent l’IA générative au quotidien, alors qu’ils sont 8 sur 10 à en avoir déjà entendu parler. Clairement, la méfiance est là. Plutôt que de s’en désoler, il nous faut agir dès maintenant pour la dissiper.

À l’approche du sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle à Paris, des questions essentielles seront abordées : les enjeux de souveraineté nationale et européenne, l’émergence d’une dynamique industrielle, et bien plus encore. Ce sont des sujets cruciaux, certes, mais il manque un ingrédient essentiel : les gens.
Les citoyens, les étudiants, les travailleurs sont les grands oubliés de cette révolution qui va bouleverser nos vies. Ce sont eux qui peuvent transformer l’IA générative en un outil véritablement utile, accessible et universel. Une IA populaire, en somme.

Ce sujet ne peut plus être seulement réservé aux experts et initiés. C’est notre conviction chez Mistral AI. Notre rôle n’est pas seulement de fournir un outil à l’humain, mais de créer du lien entre l’homme et la machine. Nous devons réconcilier le grand public avec ce que l’IA générative a de mieux à offrir à la société, pour déjouer les peurs de toutes celles et tous ceux dont la vie et le travail peuvent être grandement facilités par cette technologie au potentiel immense.

Une technologie qui s’insère harmonieusement dans le quotidien, simplifie les tâches fastidieuses et libère des contraintes pour offrir un gain de temps précieux. Une IA capable de fluidifier les déplacements, d’anticiper les besoins, et de s’adapter aux réalités locales. Une IA qui devient un allié dans l’apprentissage, la création et l’accès au savoir. Une IA ouverte sur le monde et pleinement ancrée dans les attentes et les dynamiques sociétales, qu’il s’agisse des entreprises, de l’industrie, des médias, des institutions ou du monde académique.

Le sommet qui s’ouvre doit marquer un tournant décisif pour l’adoption massive de l’IA, un véritable sursaut collectif. Cela commence par un changement de récit. Changer le récit, c’est changer les imaginaires. Raconter l’IA de façon ouverte, en partant des usages du quotidien, c’est déjà permettre que l’engouement soit massif et donc que cette révolution devienne tangible et populaire.

IA: Les 109 milliards de Macron surtout étrangers

IA: Les 109 milliards de Macron  surtout étrangers

Si on peut se réjouir des perspectives de développement- cependant un peu tardif–de l’intelligence artificielle en France, il faut toutefois noter que les 109 milliards annoncés par le président de la république viendront essentiellement de l’étranger. Pour l’instant seulement quelques milliards viendront de la France. En outre cette annonce de besoins de financement restent théoriques pour une bonne partie. À mettre au crédit de la France surtout ses compétences d’ingénieurs et de techniciens, la qualité de son réseau numérique et ses capacités de production électrique.

D’après France Info,une grande partie des 109 milliards d’euros d’investissements annoncés proviennent des Emirats arabes unis. La pétromonarchie va dépenser 50 milliards d’euros pour donner naissance à un « campus » axé sur l’intelligence artificielle. Il hébergera notamment un data center géant, un centre de données d’une capacité de calcul pouvant aller jusqu’à un gigawatt.

Le fonds canadien Brookfield va investir 20 milliards d’euros en France d’ici 2030, selon l’Elysée. Les trois quarts de cette somme seront consacrés à de nouveaux centre de données, dont l’un à Cambrai (Nord), comme l’avait révélé La Tribune Dimanche(Nouvelle fenêtre). Ces data centers verront le jour par l’intermédiaire de la société Data4, dont le siège est à Paris.

Le dernier quart de l’enveloppe canadienne sera consacré à des  »infrastructures associées », comme le transfert de données, des puces et de l’énergie, un enjeu crucial pour les centres de données, particulièrement énergivores.

Le géant américain Amazon entend investir 6 milliards d’euros pour créer des centres de données et développer l’« infrastructure cloud [d'informatique à distance] en France d’ici 2031″, rapporte l’Elysée. Le fonds Apollo prévoit, lui, « une première tranche » d’investissements à hauteur de 5 milliards de dollars (4,85 milliards d’euros) consacrés à de « nouveaux programmes énergétiques ».

Autre acteur venu des Etats-Unis, Digital Realty, déjà bien implanté en France, financera « 13 nouveaux sites » de data centers « à Marseille et en région parisienne », pour un total de 5 milliards d’euros (et peut-être 1 milliard supplémentaire « pour un autre data center à Paris »). S’y ajoutent 3,5 milliards d’euros de Prologis (un fonds d’investissement spécialisé dans la gestion de bâtiments logistiques) et 630 millions d’euros de la société Equinix (spécialisée dans les centres de données).

L’entreprise Fluidstack s’est engagée sur « un premier investissement de 10 milliards d’euros » pour « déployer en France le plus grand supercalculateur au monde pour l’IA », avec une capacité attendue d’un gigawatt, selon l’Elysée. Les Suédois d’Evroc, spécialistes du cloud, vont construire une usine avec un data center à Mougins (Alpes-Maritimes), un projet qui « pourrait attirer des investissements allant jusqu’à 4 milliards d’euros à pleine capacité », avance Paris. Un investissement de 400 millions d’euros du groupe japonais Telehouse, bien que connu depuis mai, est également cité dans le calcul effectué par l’Elysée.

Sans dévoiler les montants en jeu, Emmanuel Macron a cité le nom de plusieurs entreprises françaises prêtes à investir dans l’intelligence artificielle en France, dont Iliad, Orange et Thales. La première, fondée par Xavier Niel, « porte son investissement à plus de 3 milliards d’euros » pour des data centers, mais aussi pour offrir aux abonnés Free Mobile la version pro de l’assistant Le Chat du Français Mistral AI, précise l’Elysée.

Cette dernière entreprise, en pointe dans ce secteur, va, elle, investir  »plusieurs milliards d’euros dans un [site] qui sera installé en Essonne », a promis son PDG, Arthur Mensch, dans Le Parisien(Nouvelle fenêtre). Ce projet, baptisé Eclairion, se poursuivra avec « la mise en chantier d’un second » lieu à Bessé-sur-Braye (Sarthe). Enfin, l’entreprise Sesterce va dépenser 400 millions d’euros pour un centre de données dans la Drôme.

IA: Altman (open AI) félicite la France

IA: Altman (open AI) félicite la France

 

Sam Altman, PDG d’OpenAI : « Sur l’intelligence artificielle, la France a mis en place une stratégie que d’autres pays européens devraient suivre »

par Sam Altman

Cofondateur et PDG d’OpenAI

Le patron d’OpenAI, qui développe l’outil ChatGPT, considère, dans une tribune au « Monde », que la France est devenue un centre névralgique de l’IA sur le Vieux Continent et appelle les régulateurs européens à réfléchir aux conséquences de leurs décisions sur les opportunités de demain.

La France, berceau des Lumières, est renommée pour ses réalisations technologiques et culturelles, qui ont participé aux progrès fondamentaux de l’humanité. Du bateau à vapeur à l’aviation, en passant par la physique nucléaire et le cinéma, les innovations françaises ont dynamisé son économie et amélioré considérablement la vie de ses citoyens et des autres peuples du monde. Cela en fait un lieu naturel, en Europe, pour discuter de la manière de faire avancer l’intelligence artificielle (IA) et d’en étendre les retombées économiques, afin que tous, en France et dans toute l’Europe, puissent partager cette croissance.

Le prochain sommet pour l’action sur l’IA, organisé à Paris sous l’égide du président français, Emmanuel Macron, intervient à un moment où les nations du monde entier – et particulièrement en Europe – cherchent à stimuler leurs économies. En Europe, une grande partie des discussions s’est concentrée sur ce que l’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a qualifié de « fossé de l’innovation » entre l’Europe, les Etats-Unis et la Chine, et qu’il a décrit comme un « défi existentiel » pour l’avenir de l’Union.

L’IA est au cœur de ce défi. C’est une technologie qui améliore la productivité en mettant des outils entre les mains des individus pour les aider à résoudre des problèmes complexes – qu’il s’agisse d’améliorer les diagnostics médicaux, d’accélérer les recherches scientifiques ou d’aider les élèves à apprendre en classe. C’est pourquoi nous considérons cette époque comme le début de l’ère de l’intelligence.
Partout dans le monde, les pays tournés vers l’avenir comprennent que l’IA sera à la hauteur des grandes innovations technologiques historiques – l’électricité, le transistor, l’ordinateur personnel – qui, par les gains de productivité qu’elles ont générés, ont ouvert de nouveaux horizons économiques. Le développement des capacités productives de l’IA sera essentiel pour assurer une croissance durable, créer des emplois, améliorer la santé…

IA : Musk veut acheter OpenAI pour 100 milliards

IA :  Musk veut acheter OpenAI pour 100 milliards

Paradoxalement Elon Musk qui pendant longtemps a été un partisan d’un coup de frein sur le développement de l’intelligence artificielle ( simplement parce qu’il était en retard ce terrain) propose maintenant de racheter pour 100 milliards la société openAI. Selon le Wall Street Journal, le consortium emmené par l’homme le plus riche du monde aurait formulé son offre lundi au conseil d’administration d’OpenAI qui a refusé.

Un groupe d’investisseurs dirigé par Elon Musk tenterait de racheter l’organisation à but non lucratif qui contrôle OpenAI, d’après le Wall Street Journal, signe que le patron de Tesla et proche de Donald Trump n’a pas dit son dernier mot dans le conflit qui l’oppose au créateur de ChatGPT.

Selon le quotidien économique, le consortium emmené par le milliardaire a proposé 97,4 milliards de dollars (environ 94,48 milliards d’euros) lundi au conseil d’administration pour l’acquisition de l’entité. Cette offre non sollicitée arrive alors que Sam Altman, le patron d’OpenAI, essaie de lever des fonds et de transformer sa start-up en société à but lucratif.

 

IA: L’Europe trop absente

IA:  L’Europe trop absente

 

Derrière la relative facilité d’une requête sur ChatGPT se trouve un écosystème complexe d’entreprises. Passage en revue des principaux intervenants et des défis qui se posent à eux. Dans cet environnement, les entreprises européennes sont encore trop absentes. Pourront-elles rattraper leur retard ? Derrière l’intelligence artificielle (IA) se trouve un écosystème complexe et dynamique. Ce dernier comporte bien plus que des algorithmes et les stars de l’IA que sont devenus en quelques mois les OpenAI, Mistral et autres DeepSeek. Cet écosystème diversifié attire les investissements par milliards) et alimente bien des fantasmes et spéculations. Alors que s’ouvre le sommet de l’IA en France), quels sont les principaux rouages de l’IA ? Les principaux maillons de sa chaîne de valeur ? Les applications à destination des utilisateurs professionnels comme particuliers – les IA génératives – constituent la partie la plus visible de l’ensemble. Elles aident à produire en un temps record des textes, des images et même des sons et des vidéos, particulièrement convaincants. Si les IA génératives les plus célèbres sont généralistes, à l’image de ChatGPT, Grok ou Gemini, d’autres sont spécialisées : Harvey est destinée aux professionnels du droit, Arbridge à ceux de la santé… Ces applications offrent l’avantage de se focaliser sur un domaine dans lequel elles entendent être excellentes, et sont très souvent moins énergivores que leurs analogues généralistes.

 

par Julien Pillot
Enseignant-Chercheur en Economie, INSEEC Grande École dans The Conversation ( extrait)

 

 

Cette distinction entre IA générales et IA spécialisées est d’autant plus centrale que la plupart des secteurs d’activité connus sont en attente (ou utilisent déjà) de solutions ad hoc, qui seront très probablement apportées par des IA spécialisées, s’appuyant sur d’autres modèles que ceux à l’origine des IA génératives. Par exemple Tesla et Google dans la conduite autonome, Alphago dans la maîtrise du jeu de go, ou des entreprises telles que iCad, PaigeAI ou Imagene

AI dans la détection de cancers, n’utilisent pas les mêmes approches et les mêmes types de modèles d’entraînement que les IA génératives. C’est aussi dans l’application hyperspécialisée des solutions IA que résident les gains de productivité les plus conséquents.

Si les terminaux sont essentiels à la fourniture du service aux utilisateurs finaux, pour fonctionner, ces applications doivent avant tout s’appuyer sur une « infrastructure software ». Infrastructure dans laquelle nous allons d’abord trouver des entreprises spécialisées dans la création de modèles. Construit autour d’algorithmes qui apprennent à partir de données, un modèle d’IA doit être compris comme une représentation computationnelle de la capacité à apprendre et à prendre des décisions, ou bien à effectuer des tâches basées sur cette capacité. Leurs structures sont multiples, les plus répandues étant les réseaux neuronaux, les arbres de décision, les machines à vecteurs de support et autres méthodes de machine-learning. Des entreprises comme Meta, xAI, Open AI ou Mistral opèrent dans ce domaine.

Dans cette architecture software, on trouve également des entreprises telles que Palantir ou Databricks qui sont spécialisées dans la délivrance de données nécessaires à l’entraînement des modèles. Lorsqu’elles sont sollicitées, ces entreprises portent une responsabilité importante dans la qualité des résultats produits par les modèles puisqu’elles en fournissent le carburant. Enfin, ces modèles sont appelés par l’utilisateur de façon distante via son terminal numérique, ce qui exige une infrastructure cloud.

On l’oublie un peu trop souvent mais, bien loin d’être immatériels, les services numériques s’appuient sur des infrastructures lourdes dédiées essentiellement aux fonctions de calcul et au stockage, ainsi que des infrastructures de télécommunications (absentes de notre infographie par souci de simplification). Les centres de données sont ainsi le centre névralgique de l’écosystème IA. Or, si ce segment de marché est largement dominé par les « hyperscalers », ces géants globaux du cloud (Amazon avec AWS, Microsoft, Alphabet…) capables de gérer et de traiter d’énormes quantités de données à très grande échelle et avec des temps de latence très faibles, il ne faut par oublier la multitude de concurrents, souvent régionaux, et parfois mieux-disants sur les aspects environnementaux ou de confidentialité des données.

Ces centres de données sont donc des infrastructures qui peuvent fonctionner en symbiose avec des services d’AI cloud et d’inférence. Les premiers mettent à disposition, via Internet, les capacités de calcul et de stockage des centres de données à la demande de développeurs ou d’entreprises qui sont intéressées par lesdites capacités, mais sans avoir les moyens d’investir dans des infrastructures lourdes et onéreuses. Les seconds délivrent un service consistant à appliquer les mégamodèles (ceux ayant été entraînés sur d’immenses quantités de données que nous avons abordées dans la partie « infrastructure logicielle ») au monde réel pour accomplir, via l’analyse de données nouvelles et non vues auparavant (souvent liées à l’action de l’utilisateur), des tâches précises telles que la génération de contenu, la traduction, la reconnaissance d’image ou la classification. Si l’inférence est le plus souvent déployée dans le cloud, elle peut l’être au niveau des terminaux, notamment pour protéger la confidentialité des données.

Bien naturellement, ce tour d’horizon de l’amont de la chaîne de valeur de l’IA ne serait pas complet sans évoquer les différents fournisseurs essentiels à la création, l’exploitation, l’interconnexion et l’alimentation de ces centres de données. Ceux-ci sont de grosses infrastructures faisant appel à de l’ingénierie et des équipements spécifiques. Les Devs-Ops tels qu’Equinix ou Vantage ont une maîtrise d’œuvre qui leur permet d’intervenir dans la création de centres de données pour des tiers, mais aussi de fournir des centres de données « neutres » à l’échelle mondiale dans lesquels des entreprises pourront héberger leurs contenus ou effectuer des calculs.

Plus dans le détail, les centres de données reposent sur des équipements IT spécifiquement dédiés au stockage, à la connectivité, au refroidissement… mais aussi, et surtout, sur des semi-conducteurs fournissant la mémoire et la puissance de calcul indispensables à l’entraînement des modèles et à l’inférence. C’est ici que les GPUs et les ASICs prennent une place prépondérante, et une part substantielle de la valeur ajoutée.Ces puces – flexibles pour les premières et spécialisées (optimisées) pour les secondes – sont à même de gérer des calculs de haute performance grâce à leur architecture parallèle. Si une entreprise comme Nvidia a vu sa capitalisation multipliée par 20 en 5 ans pour atteindre, au moment où nous rédigeons ces lignes, les 3000 milliards de dollars, cela s’explique par son leadership technologique et industriel en la matière. Pensons que ses GPUs de génération H-100 sont présentés au prix de 25 000 dollars pièce, et qu’il n’est pas rare de les trouver à près de 50 000 sur le marché secondaire. Quand on sait qu’un projet tel que Stargate prévoit de mobiliser quelque 100 000 GPUs H-100…

Ce survol de la chaîne de valeur de l’IA ne saurait être exhaustif, et occulte de nombreux acteurs plus confidentiels, force est de constater que l’Union européenne peine à faire émerger des champions de l’IA. Tout espoir n’est pas perdu pour autant. Les positions de marché ne sont pas encore figées, à plus forte raison que les défis à relever sont nombreux et peuvent permettre à de nouveaux acteurs d’intégrer victorieusement l’écosystème.

Pensons, tout d’abord, au défi de la sobriété. Les solutions IA s’appuient sur des infrastructures gourmandes en ressources, notamment en métaux, en énergie et en eau. L’émergence de DeepSeek montre que cela n’est pas une fatalité. Hypothèse faite que l’entreprise a été parfaitement transparente sur les ressources mobilisées, son existence montre qu’il y a de la place pour des solutions « good enough », basées sur l’open source, moins onéreuses et s’appuyant sur des architectures « Mixture of Experts » nettement moins énergivores que les architectures « Transformers » mobilisées par les solutions nord-américaines.

Il y a ensuite le défi de la souveraineté. Pourquoi continuer à systématiquement confier nos grands marchés publics aux géants de la Tech américains dont on sait qu’il sont susceptibles, en vertu du FISA (Foreign Intelligence Surveillance Act), de communiquer les données en leur possession aux autorités fédérales ? À titre d’exemple, la France a récemment fait le choix de confier la gestion des données de santé à Microsoft, et celle des données relatives à la maintenance de son parc nucléaire à Amazon. N’était-il pas envisageable de réserver ces marchés, extrêmement sensibles, à des acteurs français ou européens s’appuyant sur des infrastructures plus décentralisées et surtout plus soucieux des questions de confidentialité ? Réserver la commande publique aux acteurs européens, outre d’envoyer un message ferme aux velléités protectionnistes américaines, permettrait de compenser quelque peu le déficit de dynamisme de notre marché du « venture capital ».

Il y a enfin le défi économique et concurrentiel. À force d’intégration verticale, certaines entreprises telles que Microsoft, Amazon ou Google prennent d’ores et déjà des positions tout au long de cette chaîne de valeur de nature à préoccuper les autorités de concurrence. La puissance de leurs solutions techniques et de leur marketing, couplée à des modèles propriétaires de nature à même de rendre les utilisateurs captifs, pourraient à terme verrouiller l’accès au marché. Un argument supplémentaire pour que l’Europe joue pleinement la carte de l’open source.

Enfin, il faut bien garder à l’esprit qu’une grande par de la valeur sera captée par les entreprises de cet écosystème qui, en bout de chaîne, seront capables de délivrer des solutions spécialisées offrant les niveaux de gains de productivité attendus par le marché. À cette aune, alors que les solutions existantes peinent à produire des effets productifs à la hauteur des promesses formulées, les jeux sont encore bien ouverts.

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