Archive pour la Catégorie 'nouvelles technologies'

Climat et enjeux technologiques

Climat et  enjeux technologiques

À l’heure où les effets du changement climatique se font déjà sentir, l’adaptation technologique s’impose comme une priorité incontournable. Par Clarisse Angelier, DG ANRT, Olivier Appert, Denis Randet, Richard Lavergne, Présidents GT Transition Énergétique et Antoine Belleguie, Coordinateur GT Transition énergétique ( dans la Tribune)

 

Les travaux du Groupe de Travail (GT) Transition énergétique de l’Association nationale de la Recherche et de la Technologie (ANRT) en 2024 ont exploré cette question complexe, en identifiant les technologies clés pour renforcer la résilience de notre économie et de nos infrastructures. L’adaptation ne consiste pas seulement à répondre aux crises actuelles, mais à préparer les systèmes humains et naturels à un monde où les vagues de chaleur, les sécheresses et les inondations seront plus intenses et fréquentes. Les secteurs de l’eau, de l’énergie et de l’agriculture figurent en première ligne, tant pour leur vulnérabilité que pour leur rôle stratégique dans la résilience globale.

Le rapport du GT Transition énergétique met en lumière la nécessité d’une approche systémique : les solutions technologiques doivent intégrer les interconnexions entre secteurs. Ainsi, optimiser la gestion de l’eau, par exemple via des systèmes d’irrigation intelligente ou la réutilisation des eaux usées, ne peut se concevoir sans une coordination accrue entre agriculture, urbanisme et énergie.

Cette synergie est essentielle à plus d’un titre, ne serait-ce que pour l’optimisation des investissements qui permet de produire des solutions clés pour plusieurs secteurs simultanément. L’approche systémique est également utile pour réduire les coûts et éviter les effets de rebond ou les impacts négatifs non intentionnels. Enfin, appuyons-nous sur les interactions entre différents secteurs pour déployer une gestion intégrée des risques climatiques et ainsi mieux garantir la résilience des infrastructures critiques.

Certaines technologies sont déjà disponibles, mais nécessitent une montée en puissance rapide. C’est le cas des « smart grids », qui rendent les réseaux électriques plus résilients face aux aléas climatiques, ou encore des stations de transfert d’énergie par pompage (STEP), essentielles pour équilibrer les fluctuations des énergies renouvelables.

D’autres innovations, comme les systèmes de refroidissement à air pour les centrales thermiques, qui permettent de réduire la dépendance à l’eau dans les processus de refroidissement, sont particulièrement adaptées dans un contexte de stress hydrique croissant. Toutefois, leur mise en œuvre à grande échelle reste confrontée à des défis économiques et techniques, notamment en termes de coûts d’installation et d’efficacité énergétique par rapport aux systèmes traditionnels. Dans l’agriculture des technologies éprouvées telles que la sélection variétale pour des cultures résistantes à la sécheresse et l’adoption de pratiques agroécologiques sont déjà disponibles et doivent être déployées à grande échelle.

Ces approches constituent des priorités stratégiques pour garantir la sécurité alimentaire face à des régimes climatiques de plus en plus instables. Dans le secteur énergétique, les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) jouent un rôle clé en stockant l’énergie excédentaire produite par des sources renouvelables pour la restituer en période de forte demande, renforçant ainsi la résilience des réseaux. Dans l’industrie, la réutilisation des eaux usées pour les processus industriels réduit la pression sur les ressources en eau douce, tandis que la modernisation des chaînes de production grâce à la numérisation et à l’intégration de capteurs intelligents optimise la gestion des ressources et renforce la résilience face aux aléas climatiques.

Le rapport souligne l’urgence de moderniser les infrastructures critiques. En matière énergétique, l’enfouissement des lignes électriques et le renforcement des digues autour des centrales nucléaires sont des exemples d’adaptations nécessaires pour prévenir des interruptions catastrophiques de service.

Dans les villes, les îlots de chaleur urbains, aggravés par la densité des constructions et le manque de végétation, appellent à repenser l’urbanisme : ingénierie systémique des bâtiments, visant à garantir leur habitabilité en cas de chaleurs ou de pluies extrêmes, n’est plus une option, mais une nécessité.

Les technologies spatiales apportent un appui essentiel dans la planification et l’adaptation des infrastructures. Les satellites fournissent des données en temps réel sur les phénomènes climatiques majeurs, comme la montée des eaux, les zones inondables ou les évolutions de la biodiversité, permettant ainsi d’anticiper les vulnérabilités des infrastructures critiques et d’orienter les priorités d’adaptation.

Ces transformations exigent une gouvernance cohérente et une mobilisation massive des financements publics et privés. Le Plan national d’Adaptation au Changement climatique (PNACC) identifie des investissements prioritaires, mais le défi est immense. Chaque euro investi aujourd’hui en adaptation permettra d’économiser des sommes bien plus conséquentes demain, en évitant les coûts liés aux catastrophes climatiques.

Cependant, le financement seul ne suffit pas. Il est crucial de privilégier la recherche d’une cohérence systémique entre les stratégies, plans, règles et normes. Cette cohérence doit être fondée sur des bases argumentées et des objectifs clairement définis, afin de garantir une mise en œuvre efficace et alignée des solutions. Le rapport souligne également l’importance de la transversalité comme levier central, car aucune technologie ne peut réussir isolément.

Face à l’accélération du changement climatique, il est impératif d’agir dès maintenant pour adapter nos systèmes technologiques et organisationnels. L’innovation ne doit pas être perçue comme un luxe, mais comme un outil incontournable pour adapter nos économies.

Par Clarisse Angelier, Olivier Appert, Denis Randet, Richard Lavergne et Antoine Belleguie

Pour une IA au service de l’humain

Pour une IA au service de l’humain

Plutôt que de célébrer la supériorité des machines, il faut mettre en avant leur avantage principal, c’est-à-dire l’amélioration et l’élargissement des capacités humaines, plaide, dans une tribune au « Monde » l’économiste Daron Acemoglu, Nobel d’économie

 
Nous vivons une époque incertaine et déroutante. Tandis que nous affrontons pandémies, changement climatique et vieillissement de la population au sein des grandes économies, l’intelligence artificielle (IA) est sur le point de transformer le monde tel que nous le connaissons.Si l’on en croit les acteurs de l’industrie ou les commentateurs technologiques des principaux journaux, la mise au point de l’intelligence artificielle générale (IAG) – une technologie d’IA capable d’accomplir n’importe quelle tâche cognitive humaine – est imminente. Le débat tourne principalement autour de la question de savoir si ces formidables capacités nous rendront prospères au-delà de nos rêves les plus fous, ou si elles seront au contraire synonymes de fin de la civilisation humaine à travers l’asservissement des êtres humains à des IA superintelligentes.

Comme je l’ai écrit [dans la revue Economic Policy], il ne faut pas s’attendre à ce que beaucoup plus de 5 % des tâches humaines soient remplacées par l’IA au cours des dix prochaines années. Les modèles d’IA ont besoin de bien davantage de temps pour acquérir les capacités de discernement, le raisonnement et les facultés sociales nécessaires dans la plupart des emplois.

Les acteurs du secteur devenant de plus en plus affirmatifs quant à la rapidité des avancées, il n’est certes pas impossible que des progrès majeurs viennent changer la donne plus tôt que prévu. Mais l’histoire abonde d’ambitieuses annonces formulées par des initiés, puis démenties…

Climat: Les enjeux technologiques

Climat: Les enjeux technologiques

À l’heure où les effets du changement climatique se font déjà sentir, l’adaptation technologique s’impose comme une priorité incontournable. Par Clarisse Angelier, DG ANRT, Olivier Appert, Denis Randet, Richard Lavergne, Présidents GT Transition Énergétique et Antoine Belleguie, Coordinateur GT Transition énergétique ( dans la Tribune)

 

Les travaux du Groupe de Travail (GT) Transition énergétique de l’Association nationale de la Recherche et de la Technologie (ANRT) en 2024 ont exploré cette question complexe, en identifiant les technologies clés pour renforcer la résilience de notre économie et de nos infrastructures. L’adaptation ne consiste pas seulement à répondre aux crises actuelles, mais à préparer les systèmes humains et naturels à un monde où les vagues de chaleur, les sécheresses et les inondations seront plus intenses et fréquentes. Les secteurs de l’eau, de l’énergie et de l’agriculture figurent en première ligne, tant pour leur vulnérabilité que pour leur rôle stratégique dans la résilience globale.

Le rapport du GT Transition énergétique met en lumière la nécessité d’une approche systémique : les solutions technologiques doivent intégrer les interconnexions entre secteurs. Ainsi, optimiser la gestion de l’eau, par exemple via des systèmes d’irrigation intelligente ou la réutilisation des eaux usées, ne peut se concevoir sans une coordination accrue entre agriculture, urbanisme et énergie.

Cette synergie est essentielle à plus d’un titre, ne serait-ce que pour l’optimisation des investissements qui permet de produire des solutions clés pour plusieurs secteurs simultanément. L’approche systémique est également utile pour réduire les coûts et éviter les effets de rebond ou les impacts négatifs non intentionnels. Enfin, appuyons-nous sur les interactions entre différents secteurs pour déployer une gestion intégrée des risques climatiques et ainsi mieux garantir la résilience des infrastructures critiques.

Certaines technologies sont déjà disponibles, mais nécessitent une montée en puissance rapide. C’est le cas des « smart grids », qui rendent les réseaux électriques plus résilients face aux aléas climatiques, ou encore des stations de transfert d’énergie par pompage (STEP), essentielles pour équilibrer les fluctuations des énergies renouvelables.

D’autres innovations, comme les systèmes de refroidissement à air pour les centrales thermiques, qui permettent de réduire la dépendance à l’eau dans les processus de refroidissement, sont particulièrement adaptées dans un contexte de stress hydrique croissant. Toutefois, leur mise en œuvre à grande échelle reste confrontée à des défis économiques et techniques, notamment en termes de coûts d’installation et d’efficacité énergétique par rapport aux systèmes traditionnels. Dans l’agriculture des technologies éprouvées telles que la sélection variétale pour des cultures résistantes à la sécheresse et l’adoption de pratiques agroécologiques sont déjà disponibles et doivent être déployées à grande échelle.

Ces approches constituent des priorités stratégiques pour garantir la sécurité alimentaire face à des régimes climatiques de plus en plus instables. Dans le secteur énergétique, les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) jouent un rôle clé en stockant l’énergie excédentaire produite par des sources renouvelables pour la restituer en période de forte demande, renforçant ainsi la résilience des réseaux. Dans l’industrie, la réutilisation des eaux usées pour les processus industriels réduit la pression sur les ressources en eau douce, tandis que la modernisation des chaînes de production grâce à la numérisation et à l’intégration de capteurs intelligents optimise la gestion des ressources et renforce la résilience face aux aléas climatiques.

Le rapport souligne l’urgence de moderniser les infrastructures critiques. En matière énergétique, l’enfouissement des lignes électriques et le renforcement des digues autour des centrales nucléaires sont des exemples d’adaptations nécessaires pour prévenir des interruptions catastrophiques de service.

Dans les villes, les îlots de chaleur urbains, aggravés par la densité des constructions et le manque de végétation, appellent à repenser l’urbanisme : ingénierie systémique des bâtiments, visant à garantir leur habitabilité en cas de chaleurs ou de pluies extrêmes, n’est plus une option, mais une nécessité.

Les technologies spatiales apportent un appui essentiel dans la planification et l’adaptation des infrastructures. Les satellites fournissent des données en temps réel sur les phénomènes climatiques majeurs, comme la montée des eaux, les zones inondables ou les évolutions de la biodiversité, permettant ainsi d’anticiper les vulnérabilités des infrastructures critiques et d’orienter les priorités d’adaptation.

Ces transformations exigent une gouvernance cohérente et une mobilisation massive des financements publics et privés. Le Plan national d’Adaptation au Changement climatique (PNACC) identifie des investissements prioritaires, mais le défi est immense. Chaque euro investi aujourd’hui en adaptation permettra d’économiser des sommes bien plus conséquentes demain, en évitant les coûts liés aux catastrophes climatiques.

Cependant, le financement seul ne suffit pas. Il est crucial de privilégier la recherche d’une cohérence systémique entre les stratégies, plans, règles et normes. Cette cohérence doit être fondée sur des bases argumentées et des objectifs clairement définis, afin de garantir une mise en œuvre efficace et alignée des solutions. Le rapport souligne également l’importance de la transversalité comme levier central, car aucune technologie ne peut réussir isolément.

Face à l’accélération du changement climatique, il est impératif d’agir dès maintenant pour adapter nos systèmes technologiques et organisationnels. L’innovation ne doit pas être perçue comme un luxe, mais comme un outil incontournable pour adapter nos économies.

Par Clarisse Angelier, Olivier Appert, Denis Randet, Richard Lavergne et Antoine Belleguie

IRIS² : 300 satellites pour l’ autonomie stratégique européenne

IRIS² : 300 satellites pour l’ autonomie stratégique européenne

 Il s’agit là d’un tournant pour l’Europe spatiale. Et surtout d’un signal fort pour une souveraineté européenne décuplée. La Commission européenne a annoncé fin octobre 2024 son engagement en faveur du programme IRIS², premier réseau de satellites multi-orbitaux en Europe, en attribuant ce projet au consortium SpaceRISE. Constituée d’environ 300 satellites, cette constellation sera opérationnelle aux alentours de 2030. Alors que le monde est marqué par l’essor de constellations, notamment américaines (Starlink, Kuiper) et que le besoin en connectivité n’a jamais été aussi fort, la connectivité sécurisée est absolument essentielle pour l’autonomie stratégique européenne. A ce titre, IRIS² incarne une Europe spatiale souveraine. Par Philippe Baptiste, président-directeur général du CNES (Centre National d’Études Spatiales). dans la Tribune

Décidée en 2023 par la Commission européenne, la constellation IRIS² (Infrastructure de résilience, d’interconnectivité et de sécurité par satellite) fournira d’ici à quelques années un service de communications sécurisées aux organismes et agences gouvernementales de l’Union européenne, tout en positionnant des acteurs privés européens sur le marché très prometteur des constellations de connectivité. L’architecture de la constellation permettra aux utilisateurs de communiquer avec une faible « latence », c’est-à-dire que la transmission ultra-rapide des informations permettra d’atteindre les performances des réseaux terrestres. Réduction de la fracture numérique, télémédecine pour l’intervention dans des zones isolées, véhicule connecté, défense, transports maritimes, des pans entiers de notre vie quotidienne en Europe seront transformés grâce à IRIS² !

L’Europe pourra utiliser les services sécurisés d’IRIS², c’est-à-dire des services dont la confidentialité est garantie, pour protéger efficacement ses citoyens. IRIS² contribue donc directement à notre autonomie stratégique et permettra à l’Europe de ne pas dépendre d’autres puissances spatiales, notamment en période de crise. Rappelons que lors du conflit russo-ukrainien, Elon Musk, tout en mettant à disposition de l’Ukraine son réseau Starlink, en a empêché l’utilisation aux abords de la Crimée, interférant directement sur la conduite de la guerre.

L’Union européenne peut d’ores et déjà s’enorgueillir de deux très grands succès spatiaux : Galileo, infrastructure de navigation par satellite grâce à laquelle trois milliards d’utilisateurs se positionnent chaque jour avec une extrême précision, et Copernicus, programme d’observation de la Terre par satellite qui permet d’accéder à des données essentielles pour comprendre notre climat et notre environnement. IRIS² est donc le troisième pilier de l’Europe spatiale. Il a pu voir le jour grâce à l’inébranlable volonté politique de l’ancien Commissaire européen Thierry Breton qui a fait fi des sceptiques, des conservateurs et de ceux toujours enclins au renoncement.

Au-delà de l’enjeu de souveraineté, IRIS² va aussi permettre à l’Europe spatiale d’investir dans le secteur des télécoms et des constellations où notre industrie a pris du retard. Le financement, provenant tout à la fois du secteur public et d’opérateurs privés, doit renforcer la compétitivité du secteur dans un contexte de concurrence accrue. En attribuant au consortium SpaceRISE le contrat de concession pour le développement, le déploiement et l’exploitation d’IRIS² sur 12 ans, la Commission européenne a envoyé un signal fort en faveur d’une ambition collective européenne qui constitue plus que la somme des intérêts nationaux. Ainsi, le consortium porté par le français Eutelsat, le luxembourgeois SES et l’espagnol Hispasat comprend également les très grandes entreprises européennes du spatial telles que Thales, Airbus, OHB, Deutsche Telekom, ou encore Orange. Mais ce sont aussi de nombreux acteurs émergents du spatial qui bénéficieront de ce nouvel élan.

IRIS² se démarque des constellations concurrentes Starlink ou Kuiper d’Amazon par une approche responsable et durable de l’utilisation de l’orbite basse. Seuls 300 satellites formeront la constellation IRIS² dans sa globalité. Un chiffre qui reflète la sobriété de ce projet, loin des dizaines de milliers de satellites de Starlink et de Kuiper. Cette stratégie illustre concrètement l’engagement de l’Europe pour des systèmes spatiaux contribuant à un espace plus durable.

Ce nouveau programme illustre parfaitement la montée en puissance et le rôle d’impulsion politique que doit donner la Commission européenne à la politique spatiale. Dans un paysage institutionnel et politique trop complexe, marqué par la coexistence de plusieurs acteurs – UE, États membres, Agence spatiale européenne – il faut un centre de décision unique et une ligne de mise en œuvre claire, pour éviter duplications et dilution de l’effort spatial européen. C’est l’UE, par le biais de la Commission, qui doit endosser ce rôle.

D’ailleurs, la constellation va de pair avec l’adoption, dans les prochains mois, d’une loi spatiale européenne. Au programme : un arsenal juridique pour la viabilité et la résilience des activités spatiales, ainsi que pour la gestion de débris spatiaux. L’ensemble de ces briques renforceront le leadership de l’Europe en portant une vision du spatial, centrée sur le service aux citoyens, le renforcement de la lutte contre le changement climatique et l’affirmation d’une indépendance européenne vis-à-vis de la Chine et des Etats-Unis.

Aux côtés d’Ariane 6 qui vient de faire son premier vol avec succès et qui doit naturellement mettre l’essentiel de la constellation en orbite, IRIS² est donc un nouveau moteur de l’Europe spatiale. L’accord de concession signé entre l’Union européenne et le consortium SpaceRISE le 16 décembre marque le véritable lancement d’IRIS². Cette signature intervient dans les premiers jours du mandat du nouveau Commissaire européen pour la défense et l’industrie spatiale, Andrius Kubilius, qui a d’ores et déjà plaidé pour une Europe spatiale forte. Qu’il soit entendu !

Les entreprises technologiques européennes écrasées

Les entreprises technologiques européennes écrasées

 

La puissance démesurée des géants technologiques freine le développement de modèles d’IA de moindre envergure, souligne la chercheuse Cori Crider dans une tribune au « Monde ».

 

Teresa Ribera est confrontée à un défi de taille. La vice-présidente socialiste du gouvernement espagnol a été nommée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, au poste de vice-présidente exécutive pour une transition propre, juste et compétitive, chargée de deux domaines politiques majeurs : la concurrence et l’action climatique. Il s’agit d’une vaste responsabilité, vouée à susciter de vives oppositions. Sur le front de la concurrence, Mme Ribera héritera de plusieurs dossiers importants, notamment du travail de l’Union européenne (UE) visant à démanteler le monopole de Google sur la publicité en ligne, un effort dont l’issue pourrait redéfinir l’économie numérique.

Non seulement les géants technologiques épuisent les ressources de l’Europe et mettent à rude épreuve les réseaux électriques du continent, mais ils constituent également une menace directe pour son économie. L’essor des centres de données s’inscrit dans le cadre d’un effort plus large visant à monopoliser l’infrastructure numérique. Plusieurs géants tels qu’Alphabet (Google) et Meta (Facebook) ont conscience que leurs modèles économiques actuels, qui dépendent de l’addiction des enfants, de la division des sociétés, ainsi que d’une utilisation abusive des données personnelles, sont de plus en plus impopulaires. C’est la raison pour laquelle ils renforcent leur emprise sur une partie de l’économie moins visible, mais pour autant essentielle : l’infrastructure. Google, Microsoft et Amazon contrôlent d’ores et déjà deux tiers de l’infrastructure mondiale du cloud, et cette proportion continue de croître rapidement.

Plus que n’importe quelle loi européenne, la puissance monopolistique des géants de la tech entrave la capacité des entreprises technologiques européennes à rivaliser au niveau mondial. Comme s’en inquiète Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne, dans son rapport sur la compétitivité de l’UE, le bloc risque de manquer la révolution de l’intelligence artificielle (IA) s’il n’aide pas les entreprises locales à prospérer et à exister face à la concurrence. Une politique industrielle est essentielle pour appuyer cet effort, ce qui ne suffira néanmoins pas au secteur technologique européen pour espérer rivaliser avec des sociétés dominantes telles que Google ou Amazon sous leur forme actuelle. Ces géants contrôlant en effet une grande partie de la puissance informatique mondiale, et ayant amassé d’immenses quantités de données, ils attirent inexorablement dans leur orbite les entreprises européennes d’IA. A titre d’exemple, hier considéré comme le champion national français de l’IA, Mistral AI s’est désormais associé avec Microsoft.

Elon Musk veut bloquer OpenAI à son profit

Elon Musk veut bloquer  OpenAI à son profit

Elon Musk traîne une fois de plus OpenAI en justice. En outre, il pourrait utiliser son nouveau statut de membre du gouvernement pour bloquer « Open AI » à son profit. Son nouvel objectif : empêcher l’entreprise d’opérer son changement de statut en entreprise à but lucratif, essentiel à sa survie financière. Le milliardaire, qui veut la peau de la start-up depuis le lancement de ChatGPT en 2022, n’a jamais été aussi influent. 

Comme une peine ne vient pas seule pour OpenAI, la pépite de l’IA se trouve à un tournant de son histoire. Elle a le lourd défi de prouver à ses investisseurs qu’elle peut devenir plus qu’une entreprise de recherche qui brûle les liquidités à vitesse grand V. Or, Elon Musk semble bien décidé à tout pour lui mettre des bâtons dans les roues, et faire de sa propre entreprise, xAI, l’incontournable de l’intelligence artificielle.

La plainte déposée en Californie accuse de pratiques anticoncurrentielles OpenAI, mais aussi toute une liste de personnalités et entités qui y sont liées : son président et cofondateur Greg Brockman ; le CEO et cofondateur Sam Altman ; son principal investisseur et partenaire d’affaires Microsoft ; l’ancien membre du conseil d’administration Reid Hoffman, un des plus grands investisseurs de la Silicon Valley ; ou encore un des vice-présidents de Microsoft, Dee Templeton, qui siégeait également au board de la start-up.

Dans le détail, la plainte de 36 pages accuse tout ce beau monde de décourager les investisseurs qui voudraient soutenir des rivaux d’OpenAI comme xAI, et d’user du partenariat avec Microsoft pour accéder à des informations sensibles sur les concurrents. Les avocats estiment par exemple que le choix de Stripe comme plateforme de paiement d’OpenAI nourrit l’intérêt financier de Sam Altman, qui détient encore des parts dans l’entreprise. Les avocats de Musk n’envisagent donc qu’un « seul remède approprié » face à la situation qu’ils dénoncent : empêcher OpenAI de faire son changement de statut. Pour ce faire, Ils demandent même une interdiction administrative en amont du procès.

L’homme d’affaires Sud-africain ne se trompe pas de cible. Le changement de statut est au centre du récent virage d’OpenAI, plus que jamais piloté par Sam Altman. L’entreprise brûlerait 5 milliards de dollars par an, selon le très bien renseigné The Information, ce qui la pousse à chercher de nouveaux canaux de commercialisation pour ses IA.

D’autant qu’en parallèle, le coût d’entraînement des nouvelles générations de modèles ne fait que grimper. Dans ces conditions, elle ne peut se permettre d’avoir à sa tête un conseil d’administration lié à la structure à but non lucratif, sans objectifs financiers.

 

Ce n’est qu’un épisode de plus dans la croisade d’Elon Musk contre OpenAI. Le milliardaire, visiblement remonté par le succès de la start-up, a tour à tour critiqué son manque d’ouverture ; la progression de ses IA qu’il jugeait trop rapide ; le soi-disant positionnement politique de ChatGPT, qu’il qualifie de « trop woke » [comprendre trop à gauche ou trop progressiste, ndlr] ; ou encore ses liens avec Microsoft.

Le milliardaire a quitté la start-up en 2018, après avoir tenté d’en prendre le contrôle. Il souhaitait un rapprochement avec une de ses autres entreprises, Tesla. Il affirmait que c’était la seule voie possible pour concurrencer Google, numéro 1 de la recherche en IA à l’époque, et partait pour lier la parole aux actes. Au final, il n’a lancé son projet concurrent que cinq ans plus tard, adossé au réseau social X et non à l’entreprise d’automobile électrique.

 

Composants électroniques : restriction aussi de la part de la Chine

Composants électroniques : restriction aussi de la part de la Chine

En réplique en quelque sorte aux restrictions américaines concernant les technologies exportées, la Chine a aussi décidé de mettre en place un encadrement quantitatif des métaux rares exportés notamment vers les États-Unis

 

La Chine représente 94% de la production mondiale de gallium, un métal stratégique utilisé dans les panneaux solaires, les radars ou encore les transistors, selon un rapport de l’Union européenne publié cette année. Elle est également la source de 83% du germanium, un métalloïde utilisé dans la fabrication de fibre optique ou de récepteurs infrarouges.

Ces matériaux jouent un rôle « critique dans l’industrie des technologies de pointe », et « beaucoup de fabricants intermédiaires avaient commencé à (les) stocker », affirme à l’AFP Brady Wang, directeur associé au cabinet de conseil Couterpoint.

La vente de produits à base de graphite « utilisés à des fins duales » vers les Etats-Unis fera l’objet de contrôles « plus stricts » concernant son utilisation finale, a ajouté mardi le ministère chinois du Commerce.

Ces nouvelles règles sont « clairement une mesure de représailles contre les Etats-Unis », a analysé Dylan Loh, professeur adjoint à l’Université de technologie de Nanyang à Singapour.

 

Interdiction des réseaux sociaux aux moins de 16 ans en Australie

Interdiction des réseaux sociaux aux moins de 16 ans en Australie

Adopté ce jeudi, ce projet de loi inédit interdit aux plus jeunes australiens l’accès des plateformes telles que X, TikTok, Instagram ou encore Facebook. 

Les entreprises de la tech bénéficieraient d’un délai d’un an pour appliquer la nouvelle législation. En cas de non-respect de cette obligation, des amendes pouvant aller jusqu’à 31 millions d’euros seraient imposées. Plusieurs plateformes ont déjà dénoncé une décision « précipitée », exprimant de « sérieuses inquiétudes » sur de potentielles « conséquences imprévues ».

L’Australie fait partie des pays à la pointe de la régulation des réseaux sociaux pour protéger les enfants. La limite d’âge proposée serait l’une des mesures les plus strictes au monde, mais son mode d’application reste encore flou. Car le texte amendé par les députés interdit désormais aux géants technologiques d’exiger des nouveaux utilisateurs qu’ils présentent une pièce d’identité pour prouver leur âge.

Des analystes ont d’ailleurs exprimé des doutes quant à la faisabilité technique d’une interdiction stricte selon l’âge. Ce projet de loi pourrait finalement accoucher d’une « politique symbolique », estime le professeur en communication digitale à l’université de Sydney, Terry Flew.

Outre l’Australie, plusieurs pays et territoires ont déjà décidé d’imposer un âge minimum pour accéder aux plateformes.

En France, une loi votée en juin 2023 a instauré une « majorité numérique » à 15 ans. Le texte n’interdit pas l’accès des plus jeunes aux réseaux sociaux, mais impose l’obligation pour les plateformes de vérifier l’âge de leurs utilisateurs, et le consentement des parents pour les mineurs de moins de 15 ans.

En théorie, les réseaux sociaux ne sont pas ouverts aux moins de 13 ans. Mais la première inscription y interviendrait en moyenne vers 8 ans et demi, et plus de la moitié des 10-14 ans y sont présents, d’après la Commission nationale française de l’informatique et des libertés (CNIL).

 

Réseaux sociaux : interdiction aux moins de 16 ans… en Australie

Réseaux sociaux : interdiction aux moins de 16 ans… en Australie

 

Pour lutter notamment contre la violence contre toutes ses formes, l’Australie va fixer à 16 ans l’âge à partir duquel les mineurs pourront accéder aux réseaux sociaux, a déclaré jeudi 7 novembre le premier ministre Anthony Albanese, qui s’est engagé à sévir contre les entreprises technologiques qui ne protègent pas les jeunes utilisateurs.

«C’est (une mesure) pour les mamans et les papas. Les réseaux sociaux font beaucoup de mal aux enfants et j’ai décidé d’y mettre un terme», a-t-il déclaré aux journalistes. Albanese avait annoncé en septembre une future législation en ce sens, mais il n’avait pas été tranché à l’époque si elle s’appliquerait à partir de 14 ou de 16 ans.

Bientôt des trains légers autonomes sur lignes secondaires

Bientôt des trains légers autonomes sur lignes secondaires

La perspective de train autonome dans le ferroviaire paraît autrement plus sérieuse que celle concernant les engins  routiers. En cause, le fait que le fer dispose d’une infrastructure en site propre donc complètement dédiée à la seule circulation des trains. Depuis le mois de juin, une  rame de TER équipée de nombreux capteurs récolte déjà des données qui viendront abreuver le projet TELLi (Train Léger innovant), lequel vise «à élaborer la future génération de trains qui circuleront sur les lignes régionales de dessertes fines non électrifiées». (Notons qu’une expérimentation de train autonome est par ailleurs en cours concernant les TGV entre la France et l’Allemagne).

 
Les lignes de dessertes fines du territoire (LDFT) représentent environ 9100 kilomètres, soit un tiers du réseau ferré national. Avec les petites lignes dédiées au transport de marchandises (environ 3600 kilomètres), elles complètent le réseau principal et sont principalement destinées aux trajets quotidiens assurés par les régions. La SNCF prévoit de «régénérer» peu à peu ces lignes, avec un objectif de décarbonation de tous ses trains à l’horizon 2035. Les LDFT ne sont aujourd’hui électrifiées qu’à environ 15%. TELLi se présente comme une des solutions pour l’avenir de ces liaisons essentielles.

, TELLi, le «train du futur», devrait disposer de 70 places assises, rouler à 120 km/h et avoir 200 km d’autonomie (voire 1000 km avec la solution hydrogène). L’objectif est qu’il entre en gare toutes les 15 minutes. Il bénéficiera de plusieurs expérimentations testées dans le train laboratoire.

Depuis juin, Hitachi Rail (la filiale ferroviaire du groupe japonais Hitachi) a en effet installé près de 25 capteurs et calculateurs dans cette rame laboratoire, afin de «développer et améliorer des algorithmes pour se diriger vers la télé-conduite et une autonomie des trains».

«L’objectif de TELLi est de redynamiser les “petites lignes” en offrant plus de services à coûts maîtrisés, et apporter une solution de mobilité ferroviaire pérenne et décarbonée aux territoires ruraux», résume la région Nouvelle-Aquitaine, avec à terme l’idée d’entraîner «une baisse significative des coûts sur l’ensemble de son cycle de vie pour accélérer le report modal vers le train», grâce à «l’emploi des technologies les plus avancées et à une nouvelle approche intégrant exploitation, matériel roulant et infrastructure».

La fin du travail avec l’intelligence artificielle ?

La fin du travail avec l’intelligence artificielle ?

 

 

La montée en puissance de l’intelligence artificielle entraîne des révolutions technologiques qui donnent le tournis en Californie, à ses meilleurs élèves : les salariés de la tech, constate Corine Lesnes, dans sa chronique au « Monde » 

Au tournant des années 2010, l’avènement de la voiture sans chauffeur faisait les gros titres. Le phénomène était imminent. « Une réalité », annonçait le New York Times en mai 2012. Les sociologues prédisaient la « fin du travail » tel que la civilisation occidentale le concevait depuis la révolution industrielle, à la suite de l’économiste Jeremy Rifkin dont le livre de 1995, La Fin du travail (La Découverte, 1997), explorait les conséquences de l’automatisation sur le marché de l’emploi.

Rien d’aussi spectaculaire n’a immédiatement suivi. Pendant deux décennies, la voiture sans chauffeur est restée au stade d’expérimentation, pour ne pas dire de mirage. Le taux de chômage n’a pas explosé, au contraire. Nous nous sommes habitués aux effets de manche des ploutocrates de la tech : coloniser Mars, occuper le métavers… Au risque de se retrouver blasés, et de négliger de prendre acte des révolutions, bien réelles, qui sont désormais parmi nous.

Aujourd’hui, les taxis autonomes circulent dans cinq villes américaines, sans anicroche ni accident (mais pas encore par tous les temps). A San Francisco, les Waymo (voiture sans conducteur) de Google sont devenues une attraction touristique au même titre que les cable cars de la fin du XIXe siècle. Et chaque trajet urbain conduit par un chauffeur fantôme suscite le même ébahissement : « wow », comme disent les Américains.

Quant à la « fin du travail » traditionnel, celle-ci n’est plus une vue de l’esprit, mais un phénomène en voie de banalisation du fait de la fulgurante accélération de l’intelligence artificielle (IA). Faut-il s’en plaindre ? Les « techies » sont en première ligne, cette fois, de la « disruption » causée par leurs propres inventions. Depuis trois ans, les charrettes se succèdent dans le secteur des technologies : 165 000 licenciements en 2022 ; 264 000 en 2023, un record ; 141 000 encore cette année, entre janvier et le 11 octobre, émanant de 468 entreprises.

Ferroviaire : des trains sans conducteur (Alstom)

Ferroviaire : des trains sans conducteur (Alstom)

 

 

En lien avec l’Allemagne, Alstom étudie actuellement la faisabilité d’une conduite automatique- et où à distance- de tous les trains. Le problème n’est pas nouveau. Cette possibilité était déjà apparue  avant le lancement du TGV en France dans les années 80. Cette orientation technique n’avait pas été retenue pour des questions d’acceptabilité de la part de l’usager. Cette technologie de conduite autonome si des trains apparaît beaucoup plus prometteuse que la conduite de voitures automobiles du fait que les trains circulent en site propre et non en site partagé entre différentes activités économiques humaines.

Alstom et ses partenaires doivent encore achever les essais. La plupart sont aujourd’hui finis et Arte (nom du projet) entre dans sa dernière phase, à savoir des tests en circuit ouvert avec du trafic, avant la remise du rapport final aux autorités allemandes. Cela conclura ce projet de trois ans environ et amener le concept jusqu’à un stade de pré-industrialisation, ouvrant la voie pour Alstom à un projet industriel avec un opérateur et à une certification.

 

Pour Alstom, la force de ce projet vient de son adaptabilité. Si tout se déroule comme prévu, ce projet doit ouvrir la voie à la mise en place de la conduite autonome sur des trains existants, possiblement d’autres constructeurs, grâce à du rétrofit pour des montants relativement modestes – qui pourraient être de l’ordre de 50.000 euros par rame. Ce qui multiplie les possibilités d’utilisation par rapport à un système limité à des matériels neufs.

Surtout, ces trains autonomes pourront être mis sur le réseau ferré existant sans ajout de systèmes de signalisation spécifique.

 

Si ce développement a pris pied outre-Rhin, cela vient de la volonté de l’Allemagne d’accélérer les projets de numérisation.

 

États-Unis : interdiction des technologies de connexion chinoises et russes sur les voitures ?

États-Unis : interdiction des technologies de connexion chinoises et russes sur les voitures

 

Pour des motifs de sécurité intérieure, les États-Unis envisagent l’interdiction des technologies de connexion chinoise et russe  ( Exemple GPS ou aide  à la conduite sur les voitures). Comme la plupart des voitures neuves sont connectées, la mesure vraisemblablement toucherait la totalité du parc intégrant des technologies chinoises et russes. Une disposition qui peut-être tient compte aussi du piégeage de bipeurs  au Liban. 

Après avoir instauré des droits de douane dissuasifs à l’importation de véhicules électriques produits en Chine, le gouvernement américain s’attaque maintenant à la technologie chinoise présente dans les composants et les systèmes logiciels des véhicules. Le ministère américain du Commerce vient de proposer d’interdire « pour des raisons de sécurité nationale » les pièces et logiciels fabriquées en Chine et en Russie utilisées notamment dans l’aide à la conduite et à la conduite autonome.

Panne informatique : Le risque de la dépendance aux géants de l’informatique

Panne informatique mondiale  : Le risque de la dépendance aux géants de l’informatique

Le professeur Jean-Gabriel Ganascia souligne, dans une tribune au « Monde », le défi que la dépendance aux géants de l’informatique lance à la souveraineté des Etats.

 

La panne informatique survenue le 19 juillet atteste de notre dépendance au numérique : plus de 22 000 vols retardés ou annulés, hôpitaux désorganisés, perturbations dans la diffusion des journaux télévisés… les dérèglements occasionnés ont été innombrables.

Pourtant les causes ont été connues très tôt, et vite corrigées, en moins d’une heure et demie. II ne s’agit pas d’une attaque informatique conduite par des cybercriminels, mais d’une incompatibilité entre deux logiciels consécutive à une mise à jour hâtive de l’un d’entre eux. Cela a pourtant suffi à désorganiser l’ensemble de la planète. A n’en pas douter, les leçons que l’on en tirera seront multiples et l’événement restera dans les annales.

Dès à présent, trois points cruciaux méritent qu’on y porte attention.

Le premier tient à la fragilité des infrastructures numériques. Une erreur de programmation minime suffit à provoquer des incidents en cascade aux effets tout à la fois catastrophiques et imprévisibles. Aujourd’hui, il n’est plus possible de prouver irréfutablement la solidité de systèmes informatiques, compte tenu de leur complexité. On ne saurait donc assurer une protection absolue !

On peut néanmoins réduire la probabilité de survenues de pannes. A cette fin, on procède à des tests massifs pour détecter des anomalies. On fait même parfois intervenir des « équipes rouges » chargées d’envisager tous les possibles pour déceler des failles potentielles. Mais, là encore, c’est coûteux et cela prend du temps. On doit donc faire des compromis du fait du nombre vertigineux de points de vulnérabilité.

Anticiper l’improbable

A cette fragilité s’ajoute le risque d’attaques adverses destinées à déstabiliser des entreprises, des institutions publiques, voire des ministères ou même des pays entiers, comme ce fut le cas pour les cyberattaques de 2007 en Estonie. A cet égard, il n’est pas anodin de constater que l’origine de l’incident massif du 19 juillet tint à la mise à jour d’un dispositif de protection, le système CrowdStrike, destiné à aider les responsables de la sécurité informatique à repérer des comportements inhabituels potentiellement responsables de malveillances.

Panne informatique mondiale : Les dangers de l’hyper concentration

Panne informatique mondiale : Les dangers de l’hyper concentration

Cette panne informatique mondiale montre que  »les positions dominantes rajoutent toujours une couche de danger », assure le président de l’ONG Internet Society France. « Elle crée une dépendance. » Il pointe « une tendance un peu masochiste en France » en choisissant « un logiciel américain » en se disant que « l’on va être un peu plus protégés, cela pose vraiment la question de notre souveraineté numérique. »« Cela révèle une âme un peu moutonnière de beaucoup d’entreprises », a expliqué vendredi 19 juillet sur franceinfo Nicolas Chagny, président de l’ONG Internet Society France, alors qu’une panne informatique géante a touché de nombreux secteurs à travers le monde, du Japon aux Etats-Unis.

Cette panne, qui a débuté jeudi soir, a été provoquée par une mise à jour défectueuse sur les systèmes Windows (Microsoft) d’une solution informatique du groupe américain de cybersécurité CrowdStrike. Son PDG assure sur X qu’« il ne s’agissait pas d’un incident de sécurité ou de cyberattaque ». George Kurtz réitère ses excuses qu’il a présentées à la télé américaine, ajoutant que les clients de son entreprise « restent entièrement protégés ».

Pour Nicolas Chagny, CrowdStrike est « une entreprise qui a fait beaucoup de bruit il y a quelques années, en étant sur des sujets de cybersécurité ». Cela a conduit « des milliers d’entreprises » à choisir « ce même logiciel et à faire confiance à cette société »« On a confié une mise à jour à cette société sans la valider avant. On a une entreprise tierce qui peut faire une mise à jour de son propre chef, qui est déployée dans le monde entier sur des postes utilisateurs et qui rendent ces postes totalement inutilisables. » Cette situation révèle  »que les entreprises qui ont fait le choix de ce logiciel ont fait le choix de ne pas mettre de garde-fous et d’autoriser sa mise à jour ».

Nicolas Chagny rappelle la crise du Covid a mis en lumière  »des problématiques de souveraineté sur l’approvisionnement, notamment dans la santé ». Il pointe également « la crise ukrainienne » qui a « révélé des problèmes de souveraineté sur l’énergie, l’alimentation »« Dans le numérique, on doit choisir des logiciels européens, des logiciels français pour nous sécuriser. » L’ONG Internet Society France appelle à « faire confiance à des entreprises françaises. Il y en a plein qui existent et qui parfois ne sont pas choisies »« Sur les données de santé, au lieu d’aller chercher un hébergeur qui aurait pu tout à fait faire l’affaire en France ou en Europe, on est allé chercher un acteur américain pour héberger ces données de santé », regrette Nicolas Chagny. Il faut donc  »aller chercher ces pépites parce qu’elles existent ».

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