Burkina Faso: démission de Compaoré et maintenant l’armée ?
Le président Compaoré, bousculé à la fois par la rue et par l’armée a été contraint d’annoncer sa démission. Après sa démission, le chef d’état-major, Honoré Traoré, a déclaré qu’il prenait la tête de l’Etat. Le commandant adjoint du Régiment de sécurité présidentielle, Issac Zida a annoncé la suspension de la Constitution. La question qui se pose est de savoir si ce sera maintenant une transition démocratique ou une nouvelle fois une prise de pouvoir par l’armée ; sans compter les contradictions internes à l’armé dont certains éléments ne reconnaissent pas la légitimité d’Isaac Traoré. Quelle transition, quelle durée, avec qui ? Des élections quand ? Autant de questions en suspens. L’armée pourrait être tentée de reprendre en main le pays comme c’est la tradition dans ce pays où Compaoré s’était emparé du pouvoir pendant 27 ans et envisageait de le conserver encore pendant 15 ans. Pas sûr que la société civile accepte une telle solution tellement elle est frustrée depuis longtemps à la fois de démocratie mais tout autant de progrès social. Il y a en effet peu de chances pour la jeunesse de s’épanouir socialement et économiquement au Burkina et la solution la plus courante consiste à quitter le pays pour rejoindre en particulier la Côte d’Ivoire où résident environ 3 millions de Burkinabés (pour une population totale de 17 millions). . La jeunesse a certes soif de démocratie mais tout autant de développement économique. Un développement dont les fruits sont comme souvent en Afrique accaparés par une oligarchie qui tourne autour de présidence de la république et d’autres institutions. Contrairement à l’idée reçue le Burkina n’est pas un pays aussi pauvre qu’on le dit ; l’agriculture (de l’ordre de 40% du PIB) est une ressource importante qui occupe 80% de la population. Le Burkina Faso est le premier exportateur africain de coton (dont les prix malheureusement chutent), mais aussi de haricots verts. Certes la question du développement est centrale mais auusi la redistribution des richesses. Or sans démocratie il sera difficile sinon impossible de remettre en cause l’actuelle distribution de la richesse nationale.