Beaucoup de ménages et autres acteurs économiques seront sans doute surpris de constater qu’officiellement d’après l’INSEE l’inflation sur un an n’a évolué que de 1,2 % en hausse.
Un chiffre qui bien évidemment ne tient pas compte du bouleversement structurel de la consommation des ménages qui ont changé le volume et la nature de leurs achats. Parallèlement en effet, on assiste à une augmentation de la plupart des prix des services. De quoi s’interroger sur la mesure de l’inflation par l’INSEE. Pour schématiser beaucoup de produits baissent sans doute effectivement mais ne sont pas achetés en tout cas beaucoup moins. Selon la première estimation de l’Insee, l’inflation sur un an atteignait ce mois-ci, 1,2%. Son plus faible niveau depuis plus de trois ans, en juillet 2021.
Sur un mois, les prix ont diminué de 1,2% – la plus forte baisse mensuelle depuis 1990 -, alors qu’ils augmentaient, au contraire, de 0,5% en août. Ce ralentissement considérable s’explique d’abord par «un repli des prix de l’énergie en particulier ceux des produits pétroliers», notent les statisticiens. . «Au total, l’inflation resterait inférieure à +2,0 % d’ici la fin de l’année, et s’établirait à +1,6 % sur un an en décembre 2024», prévoyait l’Insee dans ses dernières projections.
Beaucoup de ménages et autres acteurs économiques seront sans doute surpris de constater qu’officiellement d’après l’INSEE l’inflation sur un an n’a évolué que de 1,2 % en hausse. Un chiffre qui bien évidemment ne tient pas compte du bouleversement structurel de la consommation des ménages qui ont changé le volume et la nature de leurs achats. Parallèlement en effet on assiste à une augmentation de la plupart des prix des services. De quoi s’interroger sur la mesure de l’inflation par l’INSEE. Pour schématiser beaucoup de produits baissent sans doute effectivement mais ne sont pas achetés en tout cas beaucoup moins. Selon la première estimation de l’Insee, l’inflation sur un an atteignait ce mois-ci, 1,2%. Son plus faible niveau depuis plus de trois ans, en juillet 2021.
Sur un mois, les prix ont diminué de 1,2% – la plus forte baisse mensuelle depuis 1990 -, alors qu’ils augmentaient, au contraire, de 0,5% en août. Ce ralentissement considérable s’explique d’abord par «un repli des prix de l’énergie en particulier ceux des produits pétroliers», notent les statisticiens. . «Au total, l’inflation resterait inférieure à +2,0 % d’ici la fin de l’année, et s’établirait à +1,6 % sur un an en décembre 2024», prévoyait l’Insee dans ses dernières projections.
Les trois économistes Eric Berr, Sylvain Billot et Jonathan Marie démontrent, dans une tribune au « Monde » que l’économie française a connu une désinflation en trompe-l’œil et qu’il n’y aura pas, par conséquent, de retour au « monde d’avant ».
Un récit s’installe : avec une inflation passant sous la barre des 2 %, la parenthèse inflationniste déclenchée après la levée des confinements provoqués par la crise sanitaire se refermerait. Et cela grâce à l’action clairvoyante des banques centrales qui aurait permis un « atterrissage en douceur » en élevant leurs taux d’intérêt directeurs.
Outre le fait qu’il s’agirait d’une longue parenthèse (trois ans environ), l’indicateur officiel de l’inflation subie par les ménages (l’évolution de l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), utilisé au niveau européen) est toujours au-dessus de 2 %.
En revanche, c’est l’indice des prix à la consommation (IPC) utilisé en France, qui sous-estime l’inflation depuis trois ans, qui a augmenté de 1,8 % (en glissement annuel) au mois d’août. Rappelons que l’IPCH est un indicateur plus pertinent puisque, contrairement à l’IPC, il inclut tous les produits payés par les ménages et exclut ce qui est pris en charge par les administrations publiques.
L’inflation récente ne s’explique pas par une « surchauffe » de l’économie, tirée par une demande excessive, qu’il aurait fallu « refroidir » par une hausse des taux d’intérêt. Elle a été provoquée par un choc d’offre négatif (hausse des prix de l’énergie, perturbations des chaînes d’approvisionnement liées au Covid). Elle a perduré en raison de problèmes structurels bien plus profonds que ces éléments déclencheurs.
Les éditions du Seuil publient « Inflation. Qui perd ? Qui gagne ? Pourquoi ? Que faire ?», un essai écrit par Eric Berr, Sylvain Billot et Jonathan Marie. L’ouvrage, dans une visée pédagogique, revient sur les termes rencontrés et les causes généralement avancées pour expliquer l’inflation. Les auteurs mettent en évidence que sous couvert d’un phénomène économique et passager, l’inflation est une manifestation de la permanence d’un conflit social et politique sur la répartition du revenu national. Dans l’extrait que propose The Conversation , les auteurs rappellent que l’impact de l’inflation n’est pas le même pour tous. Si certains ménages ont été relativement immunisés face à la hausse des prix, d’autres ont perdu du pouvoir d’achat.
par Jonathan Marie Professeur d’économie, Université Sorbonne Nouvelle, Paris 3
et Eric Berr Maître de conférences HDR, Université de Bordeaux
Globalement, les ménages ont vu leur pouvoir d’achat stagner en moyenne annuelle entre 2021 et 2023. Il a en revanche baissé de 1 % entre fin 2021 et fin 2023. Cependant, les effets de l’inflation sur les ménages varient fortement selon l’évolution de leurs revenus et la structure de leur consommation.
Baisse des salaires, envolée des revenus du patrimoine
Il existe plusieurs définitions du salaire : le salaire mensuel de base (SMB) correspond à la première ligne du bulletin de paie, il n’inclut ni les primes ni la rémunération des heures supplémentaires : le salaire moyen par tête (SMPT) et le salaire horaire incluent tous les éléments de rémunération (y compris les primes, heures supplémentaires, intéressement et participation). Le salaire par tête et le salaire horaire ont connu des évolutions heurtées en 2020 et 2021 : le salaire horaire a fortement augmenté pendant les périodes de confinement (puisque les heures travaillées ont plus chuté que les salaires) avant de plonger ensuite. C’est l’inverse pour le salaire par tête, qui a chuté début 2020 (les indemnités de chômage partiel n’étant pas considérées comme du salaire par la comptabilité nationale, mais comme des prestations sociales) avant de remonter fortement ensuite.
Une baisse du pouvoir d’achat du SMIC
Si l’on regarde l’évolution du pouvoir d’achat de ces indicateurs depuis la première élection d’Emmanuel Macron, la chute est sévère. Entre le deuxième trimestre 2017 et le quatrième trimestre 2023, on observe : – 3,5 % pour le SMPT – 4,8 % pour le salaire horaire (dans le secteur marchand non agricole), et – 3,3 % pour le SMB. Cette baisse de pouvoir d’achat est concentrée sur les années 2022 et 2023, où l’inflation (IPCH pour indice des prix à la consommation harmonisé) en moyenne annuelle a été de 5,9 % puis de 5,7 %. Contrairement à une idée reçue, le SMIC n’est pas parfaitement indexé sur l’inflation : d’une part, parce qu’il est revalorisé en fonction de l’indice des prix à la consommation (IPC)* hors tabac des 20 % des ménages les plus pauvres, et non de l’IPCH ; d’autre part, parce que l’indexation sur l’IPC ne se fait pas en temps réel mais avec un décalage de quelques mois. En l’absence de tout « coup de pouce » (depuis 2012) en plus de la revalorisation légale, le pouvoir d’achat du SMIC (déflaté par l’IPCH) a baissé de 1,9 % entre janvier 2021 et décembre 2023.
Dans le même temps, les revenus du patrimoine des ménages se sont envolés. Entre le deuxième trimestre 2017 et le quatrième trimestre 2023, les revenus du patrimoine, toujours corrigés de l’IPCH, ont progressé de 19,1 %. Parmi ceux-ci, les loyers (réels et fictifs) ont augmenté de 8,8 % et les dividendes ont connu une hausse phénoménale : + 84,6 % !
Une augmentation de la pauvreté ?
La relative stabilité du pouvoir d’achat des ménages pendant la période inflationniste (entre 2021 et 2023) cache donc des évolutions très contrastées : les salariés se sont appauvris alors que les détenteurs du capital se sont enrichis. Il est donc fort probable que les inégalités aient augmenté. En effet, en 2017, les revenus du patrimoine représentaient 27 % du revenu des 20 % des ménages les plus riches (16 % pour les revenus financiers et 11 % pour les revenus du logement), alors qu’ils représentaient 10 % du revenu des 40 % les plus modestes (1 % pour les revenus financiers et 9 % pour les revenus du logement).
En 2021, le taux de pauvreté, qui mesure le pourcentage de personnes dont le niveau de vie est inférieur à 60 % du niveau de vie médian, avait déjà fortement augmenté, passant de 13,6 % à 14,5 %, soit son plus haut niveau depuis 1996, année où cet indicateur a été calculé pour la première fois. Il progressera probablement dans les prochaines années. Cela devrait être le cas en 2023 – estimation non encore publiée au moment du bouclage du livre –, année où les mesures socio – fiscales (c’est-à-dire celles qui ont davantage bénéficié aux plus pauvres) comme la prime inflation n’ont pas été reconduites, à la différence des boucliers tarifaires sur l’électricité et le gaz. En outre, le « taux de privation matérielle et sociale » (part de personnes ne parvenant pas à couvrir les dépenses strictement nécessaires à une vie décente) est en forte hausse en 2022. Il atteint 14 %, contre 11,3 % en 2021, c’est-à-dire son maximum depuis sa création en 2013.
La forte augmentation des prix de l’énergie et de l’alimentation a davantage pénalisé les personnes âgées que les jeunes, les ruraux (plus dépendants de la voiture) que les urbains, et les modestes davantage que les plus aisés. D’après l’OFCE, les 60 % des ménages les plus modestes ont subi une inflation plus élevée que la moyenne, alors que les 30 % les plus aisés ont supporté une inflation moindre.
« Si l’inflation a pu pousser les ménages les plus aisés à réduire certaines dépenses superflues, elle n’a pas altéré leurs conditions de vie. Ainsi, la consommation des services aux ménages » (loisirs, services domestiques, etc.), qui concerne avant tout les plus riches, a progressé (en volume) de 6,6 % depuis début 2022.
En revanche, l’inflation a eu des conséquences négatives voire dramatiques pour les ménages les plus pauvres. Un chiffre a été beaucoup commenté : la baisse de 11 % de la consommation en volume de biens alimentaires entre fin 2020 et fin 2023. Cela ne signifie pas que la quantité de nourriture consommée a baissé de 11 %, même si les ménages les plus pauvres sautent plus régulièrement des repas, mais plutôt qu’ils se sont rabattus vers des produits de qualité inférieure, faute de pouvoir maintenir leur consommation antérieure. L’inflation a donc été synonyme de privations et de déclassement pour une partie importante de la population. Selon une étude du Crédoc, la part des ménages déclarant « pouvoir manger tous les aliments voulus » est passée de 48 % en avril 2021 à 39 % en novembre 2022, alors que celle déclarant « ne pas avoir assez à manger » est passée de 10 % à 16 %.
Privations et déclassements
Les dépenses préengagées et peu compressibles (dont l’énergie et les biens alimentaires) représentent environ 65 % des dépenses des 20 % les plus pauvres et 60 % de celles des ouvriers, contre environ la moitié des dépenses des 20 % les plus riches et de celles des cadres. Cela accentue le sentiment de privation des catégories populaires.
Les évolutions différenciées de revenu et les écarts dans les structures de consommation se cumulent pour expliquer les divergences d’évolution du pouvoir d’achat. Entre 2021 et 2023, selon l’OFCE, les ménages appartenant aux 10 % les plus pauvres ont certes connu une très légère hausse de leur pouvoir d’achat, grâce à des prestations ponctuelles qui ciblaient les plus modestes. Mais les minima sociaux sont revalorisés chaque année en avril en fonction de l’inflation constatée les douze derniers mois, ce qui crée un décalage avant que le montant de ces prestations prenne en compte la hausse du coût de la vie.
Ainsi, en décembre 2023, le pouvoir d’achat du RSA (corrigé de l’évolution de l’IPC des 20 % des ménages les plus pauvres) était de 28 euros inférieurs à son niveau de décembre 2020. Les catégories populaires et moyennes (les 60 % de ménages compris entre le 1er et le 7e décile des niveaux de vie) ont subi une baisse de leur pouvoir d’achat (comprise entre – 0,3 % et – 0,8 %). Ce sont ainsi les ménages qui vivent principalement de leurs salaires qui ont le plus subi le choc inflationniste.
En revanche, les ménages appartenant aux 20 % les plus aisés ont enregistré des gains de pouvoir d’achat : de 0,4 % pour les 10 % de ménages situés entre le 8e et le 9e décile à 1,2 % pour les 10 % de ménages les plus riches. La forte hausse des revenus du patrimoine et une inflation qui les touche moins ont dopé le niveau de vie des plus fortunés.
Inflation : légèrement en hausse L’inflation ( officielle!) en France s’est élevée à 2,3% sur un an en juillet, en légère hausse par rapport à juin (2,2%) en raison principalement de l’accélération des prix de l’énergie, a confirmé, ce mercredi, l’Insee dans son estimation définitive.
Petit rebond de l’inflation en France. Sur un an, la hausse des prix s’établit à 2,3% en juillet dans l’Hexagone, selon l’Insee. Un chiffre qui s’explique notamment par l’accélération des prix de l’énergie sur la période (+8,5%, après +4,8% en juin), et particulièrement ceux du gaz (+11,4%, après -10,8% en juin).
Pour les experts, cette hausse est qualifiée de « légère », fruit d’une augmentation des prix des services de 1,2% près +0,3% en juin, particulièrement de ceux des transports et de l’hébergement « comme chaque année en été », ainsi que des prix de l’énergie (+1,4% après -0,8% en juin).
La question de la véritable inflation constitue un enjeu économique, financier mais aussi surtout social. Par exemple en 2024 officiellement l’inflation paraît maîtrisée par rapport au passé avec une progression qui serait de 2,3 % sur un an en juillet. Dans le même temps , on espère une augmentation des salaires de l’ordre de 4% surtout en raison des difficultés de recrutement lié au manque de qualification et aux modifications du rapport au travail.
Nombres d’experts vont donc conclure qu’en moyenne le pouvoir d’achat des ménages aura augmenté. C’est évidement faire d’économie d’une analyse un peu approfondir de ce qu’est réellement l’inflation. Si on devait faire la démonstration que l’inflation est sous-estimée il suffirait de se référer à la baisse de consommation notamment concernant les produits alimentaires mais encore le budget moyen consacré par les Français à leurs vacances. Sur le plan méthodologique confondre un indice moyen des prix de la consommation avec l’inflation n’a aucun sens surtout quand l’indice des prix est obsolète en raison de la modification structurelle des dépenses selon le niveau de revenus des ménages.
La vérité c’est que tout augmente et bien davantage que ce qui est mesuré par l’INSEE qui produit toujours un indicateur obsolète qui ne rend pas compte de la modification structurelle des dépenses des ménages. Dans ces dépenses ,il faut prendre en compte le fait que le logement représente près de 25 %, à peu près autant que l’alimentaire. Reste en outre le transport qui représente 15 % comme les biens et services, en forte hausse également à 15 %. En gros, pour 80 % des ménages les dépenses sont déjà affectées. Et pour les moins favorisés les dépenses ajustables sont négligeables voire nulles.
L’inflation ne porte préjudice réellement que lorsqu’on est amené à effectuer des dépenses ce qui est le cas pour les ménages peu défavorisés qui ne peuvent épargner. L’inflation affecte donc en totalité les revenus dans ce cas. Il en va différemment pour les ménages plus aisés pour lesquels les dépenses de consommation courante ne sont finalement que marginales.
En moyenne en France, les ménages comprennent deux personnes pour un revenu toujours en moyenne de 2000 €. Par l’inflation est vraisemblablement égale au double de celle qui est mesurée depuis plusieurs années. Surtout si on prend mieux en compte l’évolution considérable du prix des services et autres abonnements qui pèsent de plus en plus dans les budgets. La vérité c’est que l’inflation constitue un véritable phénomène anti redistributif qui plombe le pouvoir d’achat des moins aisés au profit de ce qui peuvent faire des placements financiers dont la rentabilité s’est envolée à la hausse ces dernières années.
La question de la véritable inflation constitue un enjeu économique, financier mais aussi surtout social. Par exemple en 2024officiellement l’inflation paraît maîtrisée par rapport au passé avec une progression qui serait de 2,3 % sur un an en juillet. Dans le même temps , on espère une augmentation des salaires de l’ordre de 4% surtout en raison des difficultés de recrutement lié au manque de qualification et aux modifications du rapport au travail.
Nombres d’experts vont donc conclure qu’en moyenne le pouvoir d’achat des ménages aura augmenté. C’est évidement faire d’économie d’une analyse un peu approfondir de ce qu’est réellement l’inflation. Si on devait faire la démonstration que l’inflation est sous-estimée il suffirait de se référer à la baisse de consommation notamment concernant les produits alimentaires mais encore le budget moyen consacré par les Français à leurs vacances.
La vérité c’est que tout augmente et bien davantage que ce qui est mesuré par l’INSEE qui produit toujours un indicateur obsolète qui ne rend pas compte de la modification structurelle des dépenses des ménages. Dans ces dépenses ,il faut prendre en compte le fait que le logement représente près de 25 %, à peu près autant que l’alimentaire. Reste en outre le transport qui représente 15 % comme les biens et services, en forte hausse également à 15 %. En gros, pour 80 % des ménages les dépenses sont déjà affectées. Et pour les moins favorisés les dépenses ajustables sont négligeables voire nulles.
L’inflation ne porte préjudice réellement que lorsqu’on est amené à effectuer des dépenses ce qui est le cas pour les ménages peu défavorisés qui ne peuvent épargner. L’inflation affecte donc en totalité les revenus dans ce cas. Il en va différemment pour les ménages plus aisés pour lesquels les dépenses de consommation courante ne sont finalement que marginales.
En moyenne en France, les ménages comprennent deux personnes pour un revenu toujours en moyenne de 2000 €. Par l’inflation est vraisemblablement égale au double de celle qui est mesurée depuis plusieurs années. Surtout si on prend mieux en compte l’évolution considérable du prix des services et autres abonnements qui pèsent de plus en plus dans les budgets. La vérité c’est que l’inflation constitue un véritable phénomène anti redistributif qui plombe le pouvoir d’achat des moins aisés au profit de ce qui peuvent faire des placements financiers dont la rentabilité s’est envolée à la hausse ces dernières années.
Prix et Consommation courante des ménages : une inflation de près de 50 % en 20 ans
Avec l’inflation, un caddie qui coûtait 100 euros en 2004 revient aujourd’hui à 143 euros, selon un économiste. Mais lorsque la réduction de la taille des produits est prise en compte, il devient encore plus onéreux pour les consommateurs.( info du Figaro)
Pour Quentin Demé, cofondateur du Congrès UPI et professeur d’Économie et Finance, si l’on additionne l’inflation et la réduction de la taille des produits, «c’est une double perte de pouvoir d’achat pour le consommateur». «Un caddie qui vous coûtait 100 euros en 2004, vous coûte désormais près de 143 euros en juin 2024. Premier état de fait : vous remarquez une inflation très importante sur votre caddie en 20 ans. Néanmoins, cette somme reste biaisée puisqu’elle n’intègre pas la pratique de la réduflation. Vous avez certes le même nombre de produits mais plus la même contenance. Ainsi, en intégrant cette pratique pour obtenir le même caddie qu’en 2004 (en supposant que tous les produits aient subi une perte de 14,3%), vous devriez non pas dépenser 143 euros mais près de 167 euros !», pointe le spécialiste.
Pour réaliser ce calcul, Quentin Demé a identifié une augmentation des prix de 43% sur vingt ans, uniquement pour l’inflation, soit environ 1,7% chaque année. Il s’est ensuite appuyé sur une étude menée au Canada au cours des vingt dernières années sur près de 300 produits ayant fait l’objet d’une «shrinkflation» qui démontre qu’en moyenne ceux-ci ont subi une réduction de leur taille de 14,3%. Au cours de son enquête, il a notamment découvert que des sachets de croquettes pour chien étaient passés de 10 à 7 kilogrammes en un an, tandis que leur prix avait évolué de 16,67 euros à 24,90 euros, soit une hausse de 49,7%.
Prix et Consommation courante des ménages : une inflation de près de 50 % en 20 ans
Avec l’inflation, un caddie qui coûtait 100 euros en 2004 revient aujourd’hui à 143 euros, selon un économiste. Mais lorsque la réduction de la taille des produits est prise en compte, il devient encore plus onéreux pour les consommateurs.( info du Figaro)
Pour Quentin Demé, cofondateur du Congrès UPI et professeur d’Économie et Finance, si l’on additionne l’inflation et la réduction de la taille des produits, «c’est une double perte de pouvoir d’achat pour le consommateur». «Un caddie qui vous coûtait 100 euros en 2004, vous coûte désormais près de 143 euros en juin 2024. Premier état de fait : vous remarquez une inflation très importante sur votre caddie en 20 ans. Néanmoins, cette somme reste biaisée puisqu’elle n’intègre pas la pratique de la réduflation. Vous avez certes le même nombre de produits mais plus la même contenance. Ainsi, en intégrant cette pratique pour obtenir le même caddie qu’en 2004 (en supposant que tous les produits aient subi une perte de 14,3%), vous devriez non pas dépenser 143 euros mais près de 167 euros !», pointe le spécialiste.
Pour réaliser ce calcul, Quentin Demé a identifié une augmentation des prix de 43% sur vingt ans, uniquement pour l’inflation, soit environ 1,7% chaque année. Il s’est ensuite appuyé sur une étude menée au Canada au cours des vingt dernières années sur près de 300 produits ayant fait l’objet d’une «shrinkflation» qui démontre qu’en moyenne ceux-ci ont subi une réduction de leur taille de 14,3%. Au cours de son enquête, il a notamment découvert que des sachets de croquettes pour chien étaient passés de 10 à 7 kilogrammes en un an, tandis que leur prix avait évolué de 16,67 euros à 24,90 euros, soit une hausse de 49,7%.
Répondre aux conséquences de l’inflation qui a sévi en France à la suite du Covid et de l’invasion de l’Ukraine et à une supposée baisse du pouvoir d’achat. La question est au cœur des programmes électoraux des élections législatives, les uns imaginant y répondre par une baisse de TVA sur certains produits, d’autres par une hausse du smic et une indexation des retraites sur le niveau des prix, d’autres encore par une réforme des aides aux entreprises et de la prime d’activité. Théoriquement, l’inflation est une composante importante de la perte de pouvoir d’achat des ménages : plus l’inflation augmente, plus le pouvoir d’achat diminue, du moins tant que les salaires nominaux n’augmentent pas. Dans la réalité, les salaires sont négociés, généralement une fois par an, pour éviter le grignotage de ce pouvoir d’achat, ou pour tenter, dans le meilleur des cas d’en gagner. Ces négociations ont toujours comme point de référence décisif l’indice de l’inflation : si l’Insee a enregistré une inflation de 4,9 %, comme cela a été le cas en 2023, les organisations syndicales tentent d’obtenir des augmentations de salaires d’au moins 4,9 % pour maintenir le pouvoir d’achat des salariés. Dans les cas où les rapports de force sont en faveur des travailleurs (chez les cadres par exemple, ou dans les secteurs bien couverts par les syndicats), les augmentations pourront être supérieures.
Professeur d’économie, membre du Centre lillois d’études et de recherches économiques et sociologiques, Université de Lille dans The Conversation.
Cette manière de voir les choses prend cependant pour acquis le fait que la mesure de l’inflation serait conforme à l’évolution du « coût de la vie » de chaque salarié. Or, on peut dire, avec très peu de chances de se tromper, que si les méthodologies étaient restées inchangées ces trente dernières années en matière de mesure de l’inflation, celle-ci serait aujourd’hui plus élevée que le chiffre produit par l’Insee, justifiant une hausse de certaines prestations indexées sur celui-ci, à l’instar du salaire minimum. Pourquoi ce delta ? Et pour quelles conséquences ?
De manière simple on peut dire que l’inflation est mesurée par l’évolution du prix d’un panier représentatif de la consommation des ménages. C’est une des raisons pour lesquelles on l’appelle en langage statistique non pas « inflation » mais « indice des prix à la consommation » (IPC). Le panier est composé de biens (par exemple les produits alimentaires ou l’équipement en technologie) de services (par exemple les services d’assurance et de restauration), et du loyer pour les ménages locataires. Cet IPC était originellement calculé comme une moyenne arithmétique des variations de prix des biens et services de ce panier, pondérée par les coefficients budgétaires, c’est-à-dire par la part de chacun de ces biens et services dans les dépenses globales des ménages.
Pour rassurante que soit cette référence à une formule statistique, celle-ci ne rend pas compte de l’ensemble des conventions qui ont présidé et continuent de présider à la construction de l’IPC et à ses métamorphoses. Comme nous l’observons dans nos travaux, les évolutions méthodologiques sont guidées, pour l’essentiel, par deux phénomènes.
D’une part, la statistique publique est en permanence challengée par les transformations du capitalisme. Elle l’est par le capitalisme tertiarisé, dans lequel la part des services dans la consommation ne cesse de progresser ; dans le capitalisme post-fordiste, qui valorise la singularité, renouvelle en permanence les produits, leurs fonctionnalités leur packaging, recrée des espaces de monopole pour les producteurs, et fait de la flexibilité des prix un enjeu majeur de ses modèles économiques ; dans le capitalisme financiarisé où la part des produits soumis à spéculation s’accroît sans référence à une quelconque valeur substantive.
Les évolutions méthodologiques sont, d’autre part, liées aux transformations dans le régime des idées et, dans notre cas d’espèce, à l’hégémonie de la microéconomie du consommateur comme seule référence légitime. Pour éclairer ce deuxième point, il nous faut convoquer l’histoire et revenir sur le tournant qu’a représenté le rapport Boskin en 1996.
Suscitée par Alan Greenspan, alors président de la Fed, une vive controverse sur les prix aux États-Unis émerge au milieu des années 1990. L’inflation serait-elle surestimée ? Greenspan avait commandé un rapport à une équipe d’économistes triés sur le volet, pour trouver des solutions à la hausse des dépenses publiques américaines et avait suggéré explicitement à Michael Boskin, ancien conseiller en politiques fiscales de Ronald Reagan, de réduire le chiffre officiel de l’inflation, à partir de réformes méthodologiques. Il avait en tête que ces réformes permettraient, par le jeu des indexations, de réduire les dépenses en prestations sociales, en minima sociaux, et, partant la dépense publique.
Boskin s’exécute. Après un an de travaux, il produit un rapport dans lequel il énonce que l’inflation officielle américaine aurait été surestimée de l’ordre de 1,3 % par an pendant les dix années précédant le rapport. La publication fait grand bruit du fait du hiatus important entre ce que devrait être, selon Boskin, le coût de la vie, et la mesure de l’inflation. Une succession de réformes méthodologiques suivent, allant dans le sens des propositions de Boskin. Pourtant à l’époque, cette controverse n’atteint pas complètement la France. L’Insee réagit en effet rapidement par deux publications importantes.C’est d’abord Michel Glaude, alors Directeur des statistiques démographiques et sociales de l’Insee, qui rédige un article dans lequel il n’hésite pas à considérer que « le débat américain semble avoir dérapé ». Il y dénonce certaines critiques relevant « de l’opportunisme politique », et l’« excès d’habileté d’Alan Greenspan pour justifier une politique monétaire qui se contente, de fait, d’un glissement annuel des prix de détail de 2 à 3 % ».
Michel Glaude est suivi par François Lequiller, à l’époque « chef adjoint du département des prix à la consommation, des ressources et des conditions de vie de l’Insee, chargé de l’indice des prix à la consommation ». Dans un article d’Economie et Statistique qui servira de référence à la communauté française pendant une décennie, il considère que la France est plutôt à l’abri d’une telle surestimation. Il affirme en outre que Boskin aurait dû se dispenser de proposer une évaluation chiffrée du « biais » :
« Avancer un chiffre quelconque sur ce problème dans l’état actuel de nos connaissances n’est guère raisonnable. »
Il insiste même :
« Dans un cas comme celui-là, la réponse du statisticien doit être de reconnaître son ignorance et de travailler à la réduire et non à faire des estimations hasardeuses. »
Ces prises de position nuancées et étayées – et pour Glaude quelque peu inquiètes – ont cependant progressivement été renvoyées aux oubliettes : le rapport Boskin fait figure aujourd’hui, malgré l’intention politique explicite de Greenspan à l’époque, de rapport de référence.
Cette amnésie tient aux changements dans la sociodémographie des statisticiens de l’Insee : à partir des années 2000 en France, la référence dominante à toutes les transformations est d’une part celle de Boskin, et d’autre part la théorie microéconomique du consommateur, les deux se renforçant mutuellement. Depuis, toutes les réformes méthodologiques de la mesure de l’inflation prennent appui sur la théorie néoclassique pour modifier le calcul de l’indice.
Progressivement l’indice des prix à la consommation n’a ainsi plus été un indice représentatif de la consommation de l’ouvrier parisien (1913), ni même du consommateur moyen (années 1970). Aujourd’hui l’indice des prix à la consommation est un indice de référence du coût de la vie d’un consommateur théorique, véritable Homo œconomicus, consommateur aux désirs idiosyncrasiques, être souverain et sans contrainte si ce n’est la contrainte du revenu, hyper rationnel dans ses consommations, parfaitement informé, aux préférences stables dans le temps, et donc s’orientant toujours vers les consommations les moins chères toutes choses égales par ailleurs. Chaque réforme méthodologique de l’indice s’appuie sur cette représentation du consommateur théorique. Chaque réforme méthodologique de l’indice conduit aussi incidemment à décoter l’inflation.
La manière dont est traitée la notion de « qualité » est assez révélatrice des limites de cette méthode. La statistique publique raisonne sur l’idée de « prix purs », débarrassés des bruits de variation de qualité : l’augmentation de prix occasionnée par l’augmentation de sa qualité ne sera pas enregistrée dans la mesure de l’inflation. Et ce même si pour le consommateur réel, le prix à l’achat a bien augmenté. Par ailleurs, les éléments caractéristiques de la qualité telle que peut l’objectiver l’Insee sont énoncés « à dires d’experts », ou sont documentés par les producteurs eux-mêmes, ou encore sont médiés par les agences marketing, avec tous les biais que cela peut comporter.
Symétriquement, on pourrait s’attendre à ce que chaque dégradation de la qualité provoque une surcote sur l’inflation. Cela n’est pas le cas : aucun statisticien ne documente les conséquences de la surconsommation de télécommunications ou encore de réseaux sociaux, de psychotropes, de produits gras et sucrés, ou encore de transport aérien sur la santé individuelle et collective. S’ils ne le font pas, c’est que dans leur cadre théorique, si les consommateurs achètent ces caractéristiques, c’est « qu’ils en ont pour leur argent », c’est qu’ils sont souverains de leur choix et qu’ils augmentent, par ces achats choisis, leur bien-être.
Ces constats n’ont pas comme unique effet de donner à déchiffrer des controverses picrocholines chez les économistes. Ils ont aussi comme conséquence de proposer des méthodologies qui viennent sous-estimer l’inflation par rapport à ce qu’elle aurait été s’il n’y avait pas eu ces transformations méthodologiques.
Mais alors de combien ? C’est évidemment une question d’autant plus complexe à documenter que, contrairement à ses homologues américains par exemple, ou britanniques, l’Insee ne propose pas d’études contrefactuelles. Il ne l’a pas fait quand a été introduit le passage de la moyenne arithmétique à la moyenne géométrique, quand ont été adoptés des profils de consommateurs pour rendre compte des variations de prix dans les télécommunications, ou encore quand, en 2020, ont été introduites les données de caisse.
Depuis le début des années 1990, l’inflation telle qu’on la mesure a connu une progression de 73,2 %. Si l’on fait l’hypothèse que le calcul l’inflation a pu être frappée d’une marge d’erreur de 10 % de sa valeur annuelle, alors le manque à gagner serait de 9,7 points… Et si suppose que les méthodologies ont pu conduire à réduire le niveau de l’inflation de 0,3 point par an, cela signifierait un manque à gagner de 13,2 points sur cette trentaine d’années.
Lorsque certains programmes politiques réclament une hausse des salaires minima de 14 %, on serait donc bien dans une fourchette raisonnable de justice statistique.
Consommation courante des ménages : une inflation de près de 50 % en 20 ans
Avec l’inflation, un caddie qui coûtait 100 euros en 2004 revient aujourd’hui à 143 euros, selon un économiste. Mais lorsque la réduction de la taille des produits est prise en compte, il devient encore plus onéreux pour les consommateurs.( info du Figaro)
Pour Quentin Demé, cofondateur du Congrès UPI et professeur d’Économie et Finance, si l’on additionne l’inflation et la réduction de la taille des produits, «c’est une double perte de pouvoir d’achat pour le consommateur». «Un caddie qui vous coûtait 100 euros en 2004, vous coûte désormais près de 143 euros en juin 2024. Premier état de fait : vous remarquez une inflation très importante sur votre caddie en 20 ans. Néanmoins, cette somme reste biaisée puisqu’elle n’intègre pas la pratique de la réduflation. Vous avez certes le même nombre de produits mais plus la même contenance. Ainsi, en intégrant cette pratique pour obtenir le même caddie qu’en 2004 (en supposant que tous les produits aient subi une perte de 14,3%), vous devriez non pas dépenser 143 euros mais près de 167 euros !», pointe le spécialiste.
Pour réaliser ce calcul, Quentin Demé a identifié une augmentation des prix de 43% sur vingt ans, uniquement pour l’inflation, soit environ 1,7% chaque année. Il s’est ensuite appuyé sur une étude menée au Canada au cours des vingt dernières années sur près de 300 produits ayant fait l’objet d’une «shrinkflation» qui démontre qu’en moyenne ceux-ci ont subi une réduction de leur taille de 14,3%. Au cours de son enquête, il a notamment découvert que des sachets de croquettes pour chien étaient passés de 10 à 7 kilogrammes en un an, tandis que leur prix avait évolué de 16,67 euros à 24,90 euros, soit une hausse de 49,7%.
Prix et Grande consommation : inflation presque bloquée mais maintien des prix à haut niveau
Certes l’inflation des prix des produits de grande consommation en rayons est quasiment revenue à zéro sur un an, selon les dernières données analysées par le panéliste Circana et s’affiche à +0,5% entre avril 2023 et avril 2024, soit une forte diminution par rapport à mars 2024 (+2,6%). Reste que les prix globalement continue de légèrement augmenter en moyenne et surtout que ces prix demeurent à un très haut niveau.
Ce chiffre de +0,5% ne signifie pas que les prix de tous les produits ont arrêté de grimper. Circana parle d’un «équilibre» entre des produits dont les prix baissent et d’autres dont les étiquettes gonflent encore. Car on retrouve des prix encore en progression au rayon liquides (+1,7%) et épicerie (+1,1%). Dans le détail, les produits les plus inflationnistes en avril sur un an sont les fromages à la coupe (+11,9%), les purées de pommes de terre déshydratées (+9,8%), les flageolets en conserve (+9,6%), les huiles (+7,8%) et le maïs en conserves (+7,8%).
À l’inverse, le rayon entretien/hygiène (DPH) est fortement déflationniste, à -2,4% sur un an.
Invité sur BFMTV/RMC fin mars, le PDG de Système U Dominique Schelcher avait déjà rapporté une telle tendance. «Il y a un rayon où il y a des baisses significatives en ce moment, ce sont les produits d’entretien. C’est la conséquence de la nouvelle loi qui a changé la règle sur les promotions dans ce rayon, qui fait qu’il y a un peu moins de promotions sur les produits d’entretien et d’hygiène, par contre les prix des produits du quotidien dans ces rayons baissent du coup, jusqu’à 5% et même plus», a indiqué le dirigeant de l’enseigne.
Ainsi, sur un an, quatre des cinq produits les plus déflationnistes font partie de ces rayons : les colorations (-7,4%), les soins du visage (-6,2%), les après shampooings et soins (-6%) et les soins du corps (-5,5%). Et au mois le mois, si l’inflation globale continue sa phase de décroissance (-0,3% sur un mois), ce sont les produits d’hygiène et d’entretien qui tirent les prix à la baisse (-1,6%). En l’espace d’un mois, les soins du visage ont ainsi vu leurs étiquettes baisser en moyenne de plus de 9%, les colorations de près de 8% et les après shampooings et shampooings d’environ 5%.
Si la (longue) parenthèse inflationniste, qui aura duré plus de deux ans, semble se refermer, les prix ne reviendront pas à leur niveau d’avant, comme l’ont assez répété les distributeurs. Et certains produits ont vu leur prix particulièrement gonfler : «par rapport à il y a un an, nous payons l’huile d’olive 25% plus chère, le jus d’orange (100% pur jus) 11% plus cher et le chocolat à pâtisser 7% plus cher», a détaillé Emily Mayer sur LinkedIn. D’autres produits ont tout de même vu leur prix baisser depuis un an, à l’image de l’huile de tournesol (-25%), des fruits surgelés (-10%), du jambon de volaille et des soins du visage (-6%).
Grande consommation : inflation presque bloquée mais maintien des prix à haut niveau
Certes l’inflation des prix des produits de grande consommation en rayons est quasiment revenue à zéro sur un an, selon les dernières données analysées par le panéliste Circana et s’affiche à +0,5% entre avril 2023 et avril 2024, soit une forte diminution par rapport à mars 2024 (+2,6%). Reste que les prix globalement continue de légèrement augmenter en moyenne et surtout que ces prix demeurent à un très haut niveau.
Ce chiffre de +0,5% ne signifie pas que les prix de tous les produits ont arrêté de grimper. Circanaparle d’un «équilibre» entre des produits dont les prix baissent et d’autres dont les étiquettes gonflent encore. Car on retrouve des prix encore en progression au rayon liquides (+1,7%) et épicerie (+1,1%). Dans le détail, les produits les plus inflationnistes en avril sur un an sont les fromages à la coupe (+11,9%), les purées de pommes de terre déshydratées (+9,8%), les flageolets en conserve (+9,6%), les huiles (+7,8%) et le maïs en conserves (+7,8%).
À l’inverse, le rayon entretien/hygiène (DPH) est fortement déflationniste, à -2,4% sur un an.
Invité sur BFMTV/RMC fin mars, le PDG de Système U Dominique Schelcher avait déjà rapporté une telle tendance. «Il y a un rayon où il y a des baisses significatives en ce moment, ce sont les produits d’entretien. C’est la conséquence de la nouvelle loi qui a changé la règle sur les promotions dans ce rayon, qui fait qu’il y a un peu moins de promotions sur les produits d’entretien et d’hygiène, par contre les prix des produits du quotidien dans ces rayons baissent du coup, jusqu’à 5% et même plus», a indiqué le dirigeant de l’enseigne.
Ainsi, sur un an, quatre des cinq produits les plus déflationnistes font partie de ces rayons : les colorations (-7,4%), les soins du visage (-6,2%), les après shampooings et soins (-6%) et les soins du corps (-5,5%). Et au mois le mois, si l’inflation globale continue sa phase de décroissance (-0,3% sur un mois), ce sont les produits d’hygiène et d’entretien qui tirent les prix à la baisse (-1,6%). En l’espace d’un mois, les soins du visage ont ainsi vu leurs étiquettes baisser en moyenne de plus de 9%, les colorations de près de 8% et les après shampooings et shampooings d’environ 5%.
Si la (longue) parenthèse inflationniste, qui aura duré plus de deux ans, semble se refermer, les prix ne reviendront pas à leur niveau d’avant, comme l’ont assez répété les distributeurs. Et certains produits ont vu leur prix particulièrement gonfler : «par rapport à il y a un an, nous payons l’huile d’olive 25% plus chère, le jus d’orange (100% pur jus) 11% plus cher et le chocolat à pâtisser 7% plus cher», a détaillé Emily Mayer sur LinkedIn. D’autres produits ont tout de même vu leur prix baisser depuis un an, à l’image de l’huile de tournesol (-25%), des fruits surgelés (-10%), du jambon de volaille et des soins du visage (-6%).
Social–Une inflation qui remet en cause le partage de la richesse
L’inflation constatée en France depuis deux ans aurait dû relancer le débat sur le partage de la richesse et notamment des superprofits. En effet les consommateurs sont affrontés à une augmentation générale des prix alors que leur pouvoir d’achat ne suit pas .Parallèlement les profits, les dividendes ont atteint des records. Tout cela en grande partie grâce au mécanisme de l’inflation formidable outil anti redistributif. En effet l’inflation se nourrit de la spéculation et permet en même temps une dévaluation de fait du pouvoir d’achat. Une sorte de transfert antisocial parfaitement huilé et légal.
Jusque-là le pouvoir a freiné des quatre fers pour mettre sur la table la question de l’éventuelle taxation des supers bénéfices car l’inflation qui handicape les ménages en général profite à certaines entreprises pour des raisons essentiellement spéculatives. Discrètement, ces entreprises profitent du climat inflationniste général pour ajouter quelques points de hausse qui viennent gonfler les profits sans vraies raisons économiques. Ces entreprises joue un rôle négatif en profitant d’abord de l’inflation, en alimentant ensuite.
La question de la montée de l’inflation va forcément être très discutée d’autant que la taxation n’est pas forcément le meilleur moyen de la gérer. En effet une nouvelle fiscalité ira se noyer dans le trou du budget général de l’État.
Fondamentalement ce qui est en cause, c’est le partage de la richesse produite entre profits, investissements et rémunérations.
Inflation : la politique monétaire restrictive n’est pas efficace
par
Patrick Artus
le Cercle des Economistes, économiste à Natixis dans » Le Monde » .
Une analyse très « classique » qui passe sous silence le phénomène de spéculation qui a largement alimenté l’inflation et continue de faire les beaux jours des bourses. NDLR
Un choc négatif d’offre, c’est-à-dire la réduction du niveau de l’offre des biens et services, peut venir d’une hausse du prix des matières premières importées (pétrole, gaz naturel, métaux industriels), d’une hausse importante des salaires résultant d’une tension forte sur le marché du travail, ou encore d’obstacles au commerce mondial. Un recul de l’offre de biens et services par rapport à la demande engendre une augmentation de l’inflation en même temps qu’une baisse de la croissance. Aujourd’hui encore, les économies américaine et européenne subissent les effets d’un tel choc d’offre : les restrictions au commerce mondial et les difficultés de recrutement, qui font monter les salaires, sont toujours là.
Traditionnellement, la réaction de la politique économique face à un choc négatif d’offre est de passer à une politique monétaire plus restrictive : hausse des taux directeurs de la banque centrale, c’est-à-dire des taux d’intérêt à court terme ; réduction de l’offre de monnaie (quantitative tightening), c’est-à-dire baisse de la taille du bilan de la banque centrale. C’est la politique mise en place aux Etats-Unis et dans la zone euro depuis le printemps et l’été
D’abord, les délais entre la mise en place d’une politique monétaire restrictive et ses effets stabilisants sur l’inflation sont longs – au moins un an et demi –, ce qui permet à l’inflation due à un choc soudain (par exemple, une hausse des prix des matières premières) de se transformer en inflation salariale par le jeu des mécanismes d’indexation des salaires sur les prix. C’est clairement ce qui est arrivé aux Etats-Unis, et plus encore en Europe, avec la forte hausse des salaires (4,5 % sur un an aux Etats-Unis en 2023, et 5,5 % dans la zone euro), conséquence des hausses des prix du gaz naturel, du fret maritime, des semi-conducteurs et des matières premières alimentaires à partir du milieu de l’année 2021.