Archive mensuelle de mai 2022

Economie, politique, société: les plus lus (31 mai 2022- 7h10)

Économie–croissance : confirmation de la baisse

Économie–croissance : confirmation de la baisse

 

Du fait des différents chocs  que doit affronter la croissance française, l’acquis de croissance en 2023 sera réduit à peu près à zéro (seulement plus 0,4 % pour l’ensemble de l’année) . L’OFCE, après d’autres instituts,  revoit donc sa prévision de croissance pour cette année, tablant désormais sur +2,7 % contre +4,2 % espéré il y a quelques mois, du fait d’une crise qui ne se limite pas à l’énergie.

 

 

 

L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) révise nettement à la baisse sa prévision de croissance pour la France cette année , mais note que les différentes mesures prises par l’exécutif pour amortir le choc des différentes crises ont permis d’atténuer ce sévère ralentissement.

Alors qu’il y a six mois l’activité économique était attendue en hausse de +4,2 % en 2022, désormais il ne faut plus tabler que sur +2,7 %, selon le centre de recherche. Dans le détail, la prévision intègre une croissance de +0,2 % au deuxième trimestre après la stagnation du premier trimestre, avant un rythme de +0,3 % pour les deux trimestres suivants. « La différence entre nos deux estimations à six mois de distance montre l’ampleur du choc subi par l’économie française. Par rapport à ce qui s’est passé lors de crises précédentes, on enregistre en réalité une multitude de chocs », souligne Mathieu Plane, économiste à l’OFCE.

Les mauvaises nouvelles n’ont en effet pas manqué ces derniers mois. La vague Omicron subie au début de l’année aurait eu un impact négatif de -0,1 % sur la croissance, selon l’OFCE, qui chiffre également les conséquences de la remontée des taux (-0,1 % de PIB), des ruptures de chaînes d’approvisionnement (-0,4 % de PIB) et des incertitudes et tensions géopolitiques (-0,5 %).

A cela, il faut bien entendu ajouter les effets de la flambée des prix de l’énergie, que ce soit le pétrole (-0,5 point) ou le gaz et l’électricité (-0,8 point). « Si l’on suppose que la situation d’avril 2022 va rester la même jusqu’à la fin de l’année, on s’attend à ce que les prix de l’énergie contribuent à accroître l’inflation au total de 4 points en 2022 (1,9 point en tenant compte des mesures de gouvernement), alors que ces produits représentent moins de 9 % de la consommation totale », souligne Mathieu Plane pour illustrer l’ampleur du problème.

En additionnant tout cela, ces différents chocs pourraient donc amputer la croissance française de 2,3 % de PIB cette année.

Une avancée majeure vers l’internet quantique

Une avancée majeure vers l’internet quantique

 

Des chercheurs ont réussi à allonger la portée d’une communication quantique en utilisant une sorte de relais.( Sciences et avenir)

Un internet quantique – qui ne devrait pas voir le jour avant une dizaine d’années – sera un réseau à grande échelle connectant les utilisateurs via des applications inédites et « impossibles à réaliser avec le web classique« , explique à l’AFP Ronald Hanson de l’Université de Delft (Pays-Bas), co-auteur de ces travaux parus dans la revue Nature. L’échange d’informations s’y fera non sous la forme de bits classiques – les 0 et 1 à la base de l’informatique – mais de bits quantiques (qubits).

Ces qubits exploitent les lois de la physique quantique, qui régit le monde à l’échelle de l’infiniment petit. L’une de ces propriétés est l’intrication, aussi appelée enchevêtrement, un étrange phénomène par lequel deux particules enchevêtrées se comportent de manière identique quelle que soit la distance les séparant : comme reliées par un fil invisible, elles partagent un même état.

L’état d’un qubit enchevêtré est ainsi partagé avec l’autre, et leur coordination est si parfaite qu’on parle de téléportation : en théorie, toute modification des propriétés de l’un modifie instantanément celles de l’autre, même à l’autre bout de la Terre. Les bits quantiques peuvent actuellement se transmettre par l’intermédiaire de fibres optiques, mais la téléportation reste limitée : au-delà d’une centaine de kilomètres, le signal s’atténue voire se perd. Si on veut maintenir l’intrication de bout en bout, il faut que les qubits soient directement reliés par une « chaîne » quantique.

C’est l’exploit décrit dans l’étude de Nature, par lequel les scientifiques ont introduit un relais, afin d’allonger la portée de la communication. La communication quantique, qui se limitait à deux acteurs communément appelés Alice et Bob, peut désormais compter sur un troisième personnage, Charlie. L’expérience s’est déroulée dans deux laboratoires de QuTech, une collaboration entre l’Université de technologie de Delft et l’Organisme néerlandais des sciences appliquées TNO.

Des qubits à base de diamant ont été placés sur un circuit comprenant trois interconnexions appelées « nœuds quantiques ». Les nœuds Alice et Bob se trouvent dans deux laboratoires distants de plusieurs mètres, et reliés par fibre optique, et pareillement Bob est directement relié à Charlie. Alice et Charlie ne peuvent pour l’instant pas se parler. Les chercheurs ont d’abord intriqué les nœuds physiquement reliés (le couple Alice-Bob et le couple Bob-Charlie). Puis utilisé Bob comme intermédiaire, et par un procédé d’échange d’intrication, réussi à enchevêtrer Alice et Charlie.

Bien que non reliés physiquement, ces deux derniers ont ainsi pu se transmettre directement un message. Le signal était de surcroît d’excellente qualité, sans aucune déperdition – une gageure au regard de l’extrême instabilité d’un bit quantique. Et cette transmission a pu se faire dans le plus grand secret, comme le veulent les lois quantiques : avec l’intrication, toute tentative d’interception ou d’espionnage du message change automatiquement les qubits, détruisant le message lui-même.

Ce premier réseau embryonnaire de téléportation quantique ouvre la voie à des connexions à grande échelle : il prouve à l’échelle du laboratoire le principe d’un répéteur quantique fiable – le fameux Bob – que l’on pourrait placer entre deux nœuds éloignés de plus de 100 km, et augmenter ainsi la puissance du signal. L’innovation décrite dans Nature représente « une victoire pour la science fondamentale » et une « solution dans le monde réel pour faire franchir une étape à la physique quantique appliquée« , se félicitent des scientifiques dans un commentaire « News & Views«  publié en marge de l’étude dans Nature.

 Quand il évoque l’internet quantique, le physicien Ronald Hanson décrit un univers où les communications seraient « ultra-sécurisées« , et l’ordinateur quantique accessible dans le cloud avec « une confidentialité de nos données garantie par les lois ‘naturelles’ de la physique, un réseau de capteurs hyper sensibles…« . Trouver des applications au web quantique est « un champ de recherche en soi« , ajoute le chercheur qui espère voir ce nouveau monde naître « dans moins de 20 ans« .

Russie : une culture de barbarie et dictature

 Russie : une culture de barbarie  et dictature

 

 

 La « guerre d’Hiver » de 1939-1940, entre l’URSS et la Finlande, et la première guerre de Tchétchénie (1994-1996) rappellent en bien des points l’actuelle « opération militaire spéciale » en Ukraine. Par Eric Martel-Porchier, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)

 

Si l’on compare l’actuelle guerre en Ukraine à deux conflits précédents qui ont impliqué l’armée soviétique et russe – la guerre soviéto-finlandaise de 1939 et la première guerre de Tchétchénie en 1994-1996 -, on ne peut qu’être surpris par leurs similitudes. Pourtant, les contextes historiques et sociaux sont totalement différents. Quelle proximité peut-il y avoir entre l’URSS de 1939, marquée par les terribles purges staliniennes et dont le gouvernement vit dans la peur d’une future invasion allemande, la Russie de 1994, société en plein effondrement où les logiques mafieuses prévalent et où les militaires doivent recourir à toutes sortes d’arrangements douteux pour se rémunérer, et la Russie de 2022, qui se serait, d’après une formule chère à Vladimir Poutine, « relevée » au cours des deux dernières décennies ?

Une constante apparaît à l’examen de ces trois conflits : la combinaison d’une peur ressentie par le Kremlin (paranoïa excessive dans l’URSS de Staline, crainte du démembrement de la Russie au début des années 1990, effroi face à l’extension de l’OTAN en 2022) et de la confiance démesurée du pouvoir russe dans sa propre armée, malgré une méconnaissance profonde de son mode de fonctionnement. De même, en 1939 et en 1994 comme en 2022, la force de l’ennemi est insuffisamment prise en compte. Cela peut se comprendre : sur le papier, le déséquilibre des forces est absolu. Pourtant, chaque fois, ce ne sont pas des éléments quantitatifs qui définissent réellement la force de l’armée soviétique ou russe mais son organisation, laquelle est directement corrélée à un élément essentiel : le niveau de motivation de ses hommes, qui reste fragile.

Car si l’armée soviétique ou russe est une structure autoritaire, l’obéissance de ses hommes est loin d’être acquise. C’est ainsi que le 31 décembre 1994, lorsque l’état-major russe ordonne à quatre colonnes d’entrer dans Grozny, la capitale de la Tchétchénie, seules deux vont s’exécuter, les commandants des deux autres unités refusant d’obéir.

Dans cette guerre, la capacité à commander du ministre de la Défense, Pavel Gratchev, « dépendait directement de sa présence sur le terrain ». Car lorsque les troupes russes sont peu motivées, les ordres tendent à se perdre dans des difficultés de transmission. Lors de la première guerre de Tchétchénie s’est établi un système d’autorité charismatique : le chef doit être « admirable » pour être obéi et doit donner en personne ses ordres à ses subordonnés. Cette présence obligatoire sur le terrain pourrait d’ailleurs expliquer le nombre important de généraux russes tués dans l’actuelle guerre d’Ukraine.

Dans ce contexte, le commandement se voit contraint de laisser la troupe s’auto-organiser, quitte à en perdre le contrôle. On comprend mieux les très nombreuses exactions commises par les troupes russes dans cette première guerre de Tchétchénie, l’état-major étant plus préoccupé par la résistance incertaine de ses troupes face à un ennemi redoutable que par l’existence avérée de comportements criminels.

Lors de la première guerre de Tchétchénie, loin de ressembler à des troupes abreuvées de propagande et prêtes à mourir pour la mère patrie, les soldats russes vont hésiter et ne pas comprendre pourquoi il faut attaquer cette région dont ils se sentent si proches et dont la capitale Grozny compte près de 29 % de Russes. Les ordres ne sont pas suivis ou n’arrivent pas à leurs destinataires. L’artillerie russe va même, en 1996, aller jusqu’à bombarder, à Pervomaiskaya, une unité de Spetnaz, dépendant du FSB, qu’ils détestent, invoquant des malentendus ou des erreurs de tirs.

Car l’armée russe des années 1990 est loin d’être une structure monolithique : à l’armée, qui dépend du ministère de la Défense, s’ajoutent les unités du ministère de l’Intérieur (le MVD), mais aussi les forces de sécurité dont le FSB fait partie et, sous la dénomination de « cosaques », des forces irrégulières. Les forces du MVD, réputées pour leur cruauté, leur niveau de corruption élevé et leur efficacité, sont particulièrement haïes par les conscrits qui forment l’essentiel de la troupe. C’est ainsi que, si le Kremlin exerce une autorité absolue sur ses forces armées, il ne les contrôle pas réellement, ce qui sera également le cas lors de la seconde guerre de Tchétchénie, victorieuse cette fois, effectuée sous l’impulsion de Vladimir Poutine.

Le phénomène s’est également produit lors de la guerre soviéto-finlandaise : les soldats s’étaient rapidement rendu compte du décalage entre la propagande soviétique du régime stalinien et la réalité du terrain : les Finlandais étaient loin d’être les barbares qui attendaient avec impatience d’être libérés par les troupes soviétiques que la propagande leur avait décrits. C’est ainsi qu’aux nombreux courriers de soldats soviétiques s’émerveillant de l’abondance des villageois finlandais vont s’ajouter des épisodes d’insoumission, tels que des chants contre la guerre après des tournées de vodka et quelques désertions. Le NKVD saura vite réprimer ces manifestations hostiles en fusillant les déserteurs et fuyards.

Dans ces deux conflits précédents, les troupes russes ont été soumises à un traitement redoutable face à une guérilla terriblement efficace. Si les militaires finlandais se concentrent sur les colonnes d’arrière-garde qu’ils détruisent systématiquement, les Tchétchènes vont mener des actions beaucoup plus éprouvantes avec l’utilisation de snipers, de destructions systématiques des colonnes de ravitaillement, de tirs sur les ambulances, voire de tirs ponctuels à partir d’hôpitaux dans le but d’inciter les soldats russes à réagir et pouvoir mettre en avant la brutalité de ces derniers.

Si les Tchétchènes se montrent particulièrement violents envers les soldats russes, ce n’est pas le cas des Finlandais qui commettent quelques exactions au début de la guerre, mais se font vite rappeler à l’ordre par leur propre gouvernement, car ces actions isolées ne peuvent qu’affaiblir le travail de communication mis en œuvre à la face du monde.

Dans ces deux guerres, les Finlandais et les Tchétchènes se révèlent de redoutables communicants, là où l’URSS et la Russie brillent par leur silence ou par une propagande en décalage avec la réalité. Si la communication des Tchétchènes et des Finlandais a pour but de mobiliser la communauté internationale, celle de Moscou vise avant tout à cacher à sa propre population la réalité de la guerre et de la difficile situation que traverse l’armée, voire de l’ampleur du nombre de soldats tués.

Les Tchétchènes s’attachent à montrer au monde de nombreux chars russes détruits, des frappes sur les bâtiments civils et les nombreuses exactions commises par les troupes russes. Les Finlandais, plus de cinquante ans plus tôt, avaient fait circuler des photos de soldats soviétiques morts gelés, révélant la faiblesse logistique de l’armée ennemie.

Ils avaient également décrit les soldats soviétiques comme des êtres incontrôlables « incapables de voir et réagir à l’autoritarisme de leurs maîtres », auxquels Helsinki opposait « la dignité, le courage, la virilité, la ténacité et la retenue » des militaires finnois. Ce faisant, ils avaient réussi à déclencher un véritable mouvement de sympathie des pays occidentaux à leur égard et même obtenu un résultat qui ferait pâlir d’envie l’actuel gouvernement ukrainien : la promesse d’une intervention armée de la France, qui n’aura finalement pas lieu. Édouard Daladier, président du Conseil, particulièrement sensible à l’esprit de résistance des Finlandais, était en effet allé jusqu’à proposer une intervention militaire, ce qui eut pour effet d’agacer le Quai d’Orsay, qui ne comprenait pas comment il serait possible d’entrer en conflit avec l’URSS alors que la France et le Royaume-Uni étaient déjà en guerre avec l’Allemagne nazie.

Dans les deux cas, la guerre s’est déroulée en deux phases.

Si la première n’a été qu’une succession d’échecs militaires, la seconde est l’occasion d’une réorganisation de l’appareil militaire soviétique puis russe, ce qui donne des résultats plus probants. Pour la guerre de Tchétchénie, la seconde phase permit la prise de sa capitale Grozny, au prix de nombreux morts civils et des destructions massives. Pour la guerre d’Hiver, les Soviétiques décidèrent d’abandonner leur projet initial de conquête de la Finlande et se recentrèrent sur l’acquisition de territoires à haute valeur stratégique.

Dans les deux cas, la technique militaire utilisée fut la même : des bombardements massifs afin de tirer parti d’une artillerie infiniment supérieure et une progression lente et méthodique bien à l’encontre de la tradition doctrinaire de l’armée soviétique. Si dans le cas de la guerre d’Hiver un armistice put être conclu, ce qui provoqua des réactions plutôt hostiles de la population finlandaise, il en fut autrement en Tchétchénie. Après une première victoire, les troupes russes furent expulsées par surprise de Grozny quelques mois plus tard et durent conclure un armistice reconnaissant de facto l’indépendance de la Tchétchénie.

En suivant les enseignements de ces deux guerres, on ne peut que douter de la possibilité d’un armistice pour l’actuelle guerre d’Ukraine.

Lors de la guerre avec la Finlande, les Soviétiques souhaitaient libérer leurs forces armées afin de leur permettre de se préparer à un affrontement ultérieur avec l’Allemagne alors que l’armée finlandaise était au bord de l’effondrement. En ce qui concerne, la première guerre de Tchétchénie, le niveau de décomposition de la société russe était tel que le Kremlin se sentit contraint de signer un armistice. Rien de tel dans l’actuelle guerre en Ukraine, où aucun des deux belligérants ne se sentira obligé d’accepter un cessez-le-feu.

Si la Russie a subi d’importantes pertes, elle n’est pas sujette à une menace vitale la contraignant à cesser la guerre en renonçant à ses conquêtes ; quant à l’Ukraine, elle bénéficie d’un soutien externe, qui a fait défaut à la Finlande de 1940, ce qui lui permet de résister et de refuser des concessions territoriales trop importantes. Cette situation semble devoir aboutir à une guerre gelée aux conséquences internationales autrement plus sérieuses que celles liées à la guerre du Donbass de 2014

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Par Eric Martel-Porchier ,Docteur en Sciences de Gestion/Chercheur associé au LIRSA, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM).

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Avenir Métavers : espérance autant qu’illusion

Avenir Métavers : espérance autant qu’illusion

Une passion triste, tel est le sens de l’utopie développée par le projet métavers, estiment, dans une tribune au « Monde », la philosophe Valérie Julien Grésin et Alexandre Menais, vice-président d’Atos.

Dans son livre Le Jeu vidéo ou l’Aliénation heureuse (Post Editions, 2019), Douglas Hoare décrit avec minutie le processus de dépersonnalisation auquel s’exposent les joueurs : « Plus l’avatar est libre, plus le joueur est esclave. En jouant à un jeu vidéo, on échange une soumission réelle contre une liberté simulée. »

Plus ambitieux que le jeu vidéo (qui compte plus de 2,7 milliards de joueurs), plus constant, plus sérieux, un nouveau monde d’avatars se conquiert dans l’espace numérique, dont le nom, hérité du roman de science-fiction Le Samouraï virtuel [paru aux Etats-Unis en 1992, en France en 1996], de Neal Stephenson, le métavers, donne le « la ».

Le métavers, « au-delà de l’univers », porte l’ambition de faire converger les technologies du numérique existantes ou en cours de développement, pour créer un monde virtuel, persistant, interactif, interconnecté et immersif, soutenu par une volonté d’interopérabilité entre les plates-formes dans la portabilité des données.

Si le métavers n’est pas nouveau, ce qui l’est, en revanche, c’est la valorisation de tout ce que l’on peut y trouver, grâce à la blockchain et aux NFT [pour « non fungible token », « jetons non ­fongibles », des certificats numériques qui authentifient le caractère unique d’objets virtuels, comme des œuvres d’art]. En effet, le marché du métavers représente une fusion de trois technologies existantes, dont les capacités sont évolutives : les plates-formes rendues possibles par une capacité de calcul et une connectivité accrues ; puis la réalité augmentée – réalité virtuelle, réalité mixte ; et enfin les actifs numériques et Web3 activés par la blockchain.

Bien qu’il soit encore trop tôt pour dire exactement quelles technologies ou quelles plates-formes domineront, les grands acteurs des technologies ont pourtant déjà déterminé comment ils comptaient participer à l’écosystème du métavers – en achetant, comme Republic Realm, un terrain sur The Sandbox pour 4,3 millions de dollars (environ 4,07 milliards d’euros). Mais, plus encore, plusieurs grandes marques dans le commerce B to C (business to consumer, de l’entreprise au consommateur, comme les marques Gucci, H&M, etc.) ou B to B (business to business, commerce entre les entreprises) se sont lancées dans ce nouvel eldorado (Microsoft, avec le rachat pour 69 milliards d’Activision).

Economie: inflation jusqu’où ?

Economie: inflation jusqu’où ? 

Aux Etats-Unis et, dans une moindre mesure, en Europe, les Banques Centrales sont sur le point d’accélérer leur mouvement de normalisation. Pourtant, nous pensons que le pic inflationniste est proche d’être atteint. Par Emmanuel Auboyneau, Gérant associé d’Amplegest.

L’hypothèse d’une stabilisation des pics d’inflation peut toutefois être discutée puisque hier 30 mai 2022, l’inflation européenne a atteint 7,5 % en moyenne et qu’on ne distingue pas court et moyen terme d’évolution inverse NDLR

 

Le consensus table désormais sur la mise en œuvre de l’une des hausses à hauteur de 250 points de base pour les taux courts américains d’ici à la fin de l’année, ce qui implique une nette augmentation du rythme des relèvements. En Europe, la BCE qui ne devait pas agir avant 2023 pourrait désormais procéder à sa première hausse aux alentours de septembre 2022. Le contexte inflationniste justifie cet ajustement rapide, avec des rythmes de hausse des prix très supérieurs aux objectifs des Banques Centrales. L’institution monétaire chinoise qui avait déjà remonté ses taux, peut désormais se consacrer à la préservation de la croissance domestique, menacée à court terme par la résurgence de la pandémie.

Les deux incertitudes liées à la durée de la guerre en Ukraine et à l’importance de la vague de Covid en Chine rendent l’analyse aléatoire à court terme. Dans les deux cas, une amélioration rapide aurait des effets désinflationnistes immédiats (via les matières premières pour l’Ukraine et le rétablissement de la chaîne d’approvisionnement pour la Chine). Un prolongement de ces deux aléas ne ferait qu’arrimer l’inflation à des hauts niveaux.

Pourtant, il semblerait qu’un pic soit proche pour l’inflation mondiale. Tout d’abord, on remarque une augmentation récente de la production de pétrole dans le monde (notamment aux Etats-Unis avec la réouverture de puits exploitant le pétrole de schiste). Dans le même temps la demande stagne voire décroit légèrement. Un éventuel boycott du pétrole russe pourrait contrer cette tendance mais on constate que le monde finit toujours par s’adapter aux évènements, fussent-ils une guerre. Une baisse ou même une stagnation du prix des matières premières, compte tenu des effets de base, provoquerait une décrue de la partie conjoncturelle de l’inflation. C’est une hypothèse crédible à l’horizon du second semestre 2022.

La partie plus structurelle de l’inflation liée aux salaires, aux loyers ou au sous-investissement des entreprises touche surtout les Etats-Unis, même si en Europe la perception de l’inflation par les ménages provoque davantage de revendications salariales. On constate toutefois un ralentissement de la progression du salaire horaire américain, qui reste autour de +6%. Les loyers américains sont tirés par la pénurie de logements, qui mettra du temps à se résorber. L’inflation structurelle aux Etats-Unis est bien installée mais ne devrait pas s’accélérer à court-terme.

 

L’activité économique, qui était jugée trop forte par les Banques Centrales, va ralentir sous l’effet conjugué des politiques monétaires et des évènements internationaux. Mais la croissance mondiale reste solide. La valeur du PIB américain au premier trimestre (-1,4%) ne doit pas être surinterprétée car largement dépendante d’un effet commerce extérieur (-3,2%) et stocks (-0,8%). Les composantes internes de l’activité sont toujours fortes : la consommation tient à des hauts niveaux, aidée par une épargne abondante et l’investissement des entreprises accélère pour faire face au déficit d’offre par rapport à la demande. En Europe la croissance est également en léger repli mais les dernières statistiques de la consommation, des commandes de biens d’équipement ainsi que du niveau d’emploi laissent augurer d’une activité toujours solide. Une aggravation ou une extension du conflit ukrainien serait en revanche un facteur de faiblesse de l’activité.

Le contexte de hausse des taux et les évènements internationaux ont provoqué une baisse de l’ensemble des actifs risqués : les obligations ont subi des replis significatifs en avril alors que les marchés actions ont poursuivi leur déclin. La période reste compliquée et nous incite à une certaine prudence à court terme. Pourtant, la publication des bénéfices pour le premier trimestre 2022 est globalement rassurante et nous conforte dans notre volonté de conserver à moyen terme nos positions sur de belles sociétés à forte visibilité. Ces périodes de volatilité sont propices à quelques mouvements opportunistes sur les portefeuilles risqués pour tenir compte des exagérations constatées, tout en restant focalisés sur les actifs de qualité.

Emmanuel Auboyneau

Rachat d’Alstom et GE : La sulfureuse dimension financière et fiscale

Rachat d’Alstom et GE : La sulfureuse dimension financière et fiscale

 

 

Grâce à la bénédiction de Macron, les turbines d’Alstom de Belfort ont été rachetées dans des conditions sulfureuses. Un rachat pourrait être lié à des intérêts politico-financiers facilités par des optimisations fiscales.Le géant industriel américain General Electric (GE) a eu recours à de l’optimisation fiscale en France entre 2015 et 2020, lui permettant de transférer jusqu’à 800 millions de profit à l’étranger, selon des informations publiées dimanche par le site d’investigation Disclose d’après le Figaro.

Depuis le rachat de l’usine de turbines de Belfort à Alstom en 2015, la multinationale américaine aurait fait échapper 800 millions d’euros de bénéfices vers la Suisse et l’État américain du Delaware, soit un manque à gagner entre 150 et 300 millions pour le fisc français, selon les bilans de l’usine et des audits consultés par Disclose.

Selon ce montage financier, l’usine de Belfort était une «unité de fabrication sous contrat» ou «prestataire» de filiales suisses de GE, qui se chargent des ventes et engrangent la plupart des bénéfices. L’usine de turbines pour centrales électriques versait également des redevances à sa maison mère américaine pour l’utilisation de sa marque et de ses technologies. Bercy aurait validé au préalable le schéma fiscal, selon un protocole de «relation de confiance» avec l’administration fiscale, indique Disclose.

Dans leur assignation déposée en décembre 2021, le syndicat Sud Industrie et le Comité social et économique (CSE) de GE reprochaient à l’entreprise d’avoir minoré le résultat fiscal de l’entité turbines à gaz de Belfort (GE EPF) par le biais de transfert de richesses vers des filiales à l’étranger, où la fiscalité est plus avantageuse. Ils réclament un rattrapage de participation sur la période 2015-2020.

Le CSE estimait à environ un milliard d’euros le montant des profits localisés dans les paradis fiscaux au détriment de GE EPF ces dernières années. EDF a annoncé depuis le rachat d’une partie des activités du site pour 1,2 milliard de dollars.

Le paradoxe c’est que EDF a été contraint par le gouvernement de racheter une partie de l’activité des turbines de GE !
Alstom, c’est le péché originel dans l’aventure macronienne », estimait il y a quelques mois Jérôme Sainte-Marie, président de la société d’études PollingVox. Une opération vécue comme un abandon de souveraineté et qui « a donné l’impression que l’intérêt national était mal défendu »; Un euphémisme !

 

Guerre en Ukraine : un enjeu pour la liberté mondiale (Constantin Sigov)

Guerre en Ukraine : un enjeu pour la liberté mondiale (Constantin Sigov)

 

 

Philosophe, Constantin Sigov , philosophe, directeur du Centre européen à l’université de Kiev évoque l’enjeu de la liberté à l’occasion de la guerre en Ukraine ( l’Opinion)

Révolution Orange en 2004, révolution de la dignité ou révolution Maïdan en 2014 et l’incroyable résistance que montrent les Ukrainiens face à l’agression russe… Comment expliquez-vous l’attachement viscéral de vos compatriotes pour la liberté?

La résistance acharnée de Marioupol et de l’usine Azovstal de ces dernières semaines est le symbole de la bataille pour la liberté. S’y expriment le courage, la force, une vision très claire des valeurs pour lesquels chacun donne sa vie et la solidarité entre militaires et civils. J’ai reçu, il y a quelques jours, une vidéo où l’on voyait une femme et un homme, réfugiés la nuit dans un abri de Marioupol, chanter une chanson populaire du XVIIe siècle dont le thème principal est la liberté. C’est vous dire si cette liberté et la fidélité qui y est affichée remonte à très loin ! Ses paroles résonnent dans ma tête comme le poème de Paul Eluard, écrit face à l’occupation allemande. On peut parler de tradition. Vous connaissez le cri de ralliement «Pour notre liberté et la vôtre» répété à travers l’histoire par les Polonais et les Ukrainiens lorsqu’ils ont été envahis par l’Empire russe à la fin du XVIIIe siècle. Il est plus que jamais d’actualité. La culture, la langue et les publications en langue ukrainienne ont été interdites via des oukazes ; mais malgré tout nous avons continué à publier dans la clandestinité des livres, des manuels scolaires et des bibles. La diversité de l‘Ukraine fait d’ailleurs que la répression tsariste n’a pas touché la totalité du pays dont une partie appartenait encore, jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, à l’empire austro-hongrois et bénéficiait d’une totale liberté pour entretenir notre langue et notre culture.

La marque était si profonde?

Il faut savoir aussi que l’Ukraine occidentale n’a pas été occupée par le pouvoir bolchevique avant 1939. Elle a donc échappé à la répression et aux purges des années 1930. Kiev n’a été atteinte qu’en 1937. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Ukraine occidentale a abrité des maquis qui ont résisté dix ans à l’Armée rouge et au pouvoir stalinien. C’est resté dans la mémoire de la génération de mes parents. On n’a jamais oublié non plus les crimes de Staline, la famine imposée au pays (le Holodomore), les goulags comme cela a été le cas en Russie. Après l’indépendance, en 1991, nous avons tout fait pour que les archives du KGB soient totalement ouvertes aux chercheurs à Kiev, ce qui n’a pas été le cas en Biélorussie et en Russie où Moscou a fermé l’organisation Memorial, en décembre, à la veille de l’invasion de notre pays. Ce qui était un signal très clair. En passant l’éponge sur les crimes de Staline, on justifiait ceux de Vladimir Poutine,

Incidents au Stade de France: Un exemple de la sécurité et du chaos

Incidents au Stade de France: Un exemple de l’insécurité et du chaos 

 

 

Les graves incidents qui se sont passés au stade de France lors de la finale de la coupe d’Europe de football témoignent des carences complètes qu’on peut constater dans le pays en matière de prise en charge de la sécurité. Cette fois il s’agit d’un incident dans le cas d’une manifestation sportive internationale. Le problème c’est que le championnat français de football–par ailleurs d’un niveau assez lamentable par rapport aux pays voisins–a enregistré depuis le début de la saison des incidents du même ordre. La faute est à imputer évidemment au pouvoir politique autant qu’aux autorités qui gèrent le football en France.

Plus généralement l’absence de capacité des forces de l’ordre à gérer le chaos dans l’espace public est manifeste lors des protestations et autres incidents violents. Des incidents par ailleurs  systématiquement minimisés dans les médias afin de dissimuler  l’ampleur du phénomène et les responsabilités.

Concernant plus précisément le stade de France plusieurs phénomènes se sont cumulés. Il y a d’abord les conditions techniques de délivrance des billets qui facilitent la fraude. Ensuite l’encadrement général très insuffisant aussi bien des stadiers que les forces de police. Enfin ces 200 à 300 voyous de banlieue qui ont profité de la situation pour piller les spectateurs et ajouter au chaos général.

Il faudra sans doute autre chose que les promesses à D. pour rassurer sur sa capacité à gérer la sécurité montante dans le pays. Les coups de menton type Sarkozy ne sont plus suffisants pour masquer la dérive du désordre en France

Les témoignages accablent les dysfonctionnements dans l’organisation française.

. La France est depuis pointée du doigt pour les dysfonctionnements dans l’organisation de l’événement, notamment par les Britanniques.

Sans éclipser le 14e sacre européen du Real Madrid, la presse européenne a aussi eu des mots très durs sur les incidents lors de la rencontre, qui ont retardé le coup d’envoi du match de plus de 30 minutes et provoqué des tensions à l’extérieur.

Plus que sur la défaite de Liverpool (1-0), les médias britanniques ont insisté ce weekend sur les graves défaillances constatées. Le tabloïd The Sun est le plus virulent avec un titre en français: « Stade de Farce ».

Il publie également le témoignage de Marvin Matip, le frère du défenseur des Reds Joel Matip, qui a raconté avoir dû se réfugier dans un restaurant avec sa femme enceinte pour échapper aux lacrymogènes dispersés dans leur direction. Le Telegraph publie de son côté le récit accablant de Jason Burt, le chef de la rubrique football du journal.

« J’étais devant la porte Y quand j’ai été pris dans les gaz lacrymogènes utilisés sans discernement par la police anti-émeute française au Stade de France. Je parlais à des supporters qui attendaient tranquillement, certains depuis trois heures, quand ils ont atteint mon visage, me piquant les yeux, mes lèvres et ma langue. J’ai vu qu’on en dispersait. Je n’arrivais pas à y croire (…) c’était absolument honteux », a-t-il raconté dans un billet.

Soulignant les « goulots d’étranglement » vers lesquels étaient dirigés les supporters des Reds pourtant arrivés deux heures et demi avant le coup d’envoi et les contrôles « insupportablement lents », Burt estime que « c’est une honte que l’UEFA ait accusé les supporters d’être arrivés tardivement. C’est tout simplement faux. Ils ont essayé de lancer leur version. Maintenant, ils doivent s’excuser ».

Du côté espagnol, l’accent est surtout mis sur le 14e titre continental du Real Madrid et les performances de l’infranchissable gardien belge Thibaut Courtois. Mais les incidents de la soirée tiennent également une large place dans les journaux ibériques.

Alfredo Relano, président d’honneur du quotidien sportif As et voix respectée du football espagnol, se montre très sévère dans un éditorial, dénonçant Liverpool et « ses hordes de barbares sans ticket d’entrée » qui « ont créé un scandale sans nom aux portes du stade, qui aurait bien pu provoquer une catastrophe, même si tout est heureusement rentré dans l’ordre avec le retard du coup d’envoi. » « Ces faits ne peuvent par rester impunis », a-t-il ajouté.

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PÉTROLE RUSSE: Réduction des deux tiers par l’union européenne

 PÉTROLE RUSSE: Réduction des deux tiers par l’union européenne

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Progressivement l’étau économique et financier se resserre autour de la Russie. Des sanctions qui forcément ne donnent des effets qu’à terme mais qui risquent  de peser très lourdement à partir de la fin de l’année. D’ores et déjà la Russie est très proche du défaut, il ne s’agit que d’une question de mois. L’objectif est de viser une faillite profonde et durable du pays l’obligeant à choisir sous la pression de l’opinion entre priorités aux guerres d’occupation ou priorité au développement. Or précisément sur ce terrain la Russie depuis l’arrivée de Poutine en particulier a largement délaissé son économie au profit des rentrées liées aux exportations de pétrole et de gaz. Certes on objectera que ce pétrole et ce gaz pourront être vendusà d’autres en particulier aux Chinois et aux Indiens. Le problème c’est que ce ne sera pas aux mêmes conditions économiques. Pour preuve l’Inde achète actuellement de l’énergie russe à bas prix pour le revendre à d’autres pays.Les 27 pays membres de l’Union européenne ont approuvé ce lundi soir un embargo sur le pétrole russe couvrant plus des « deux tiers » de leurs importations depuis ce pays, a annoncé le président du Conseil européen, Charles Michel.

Cet accord couvre pour l’instant « plus des deux tiers des importations de pétrole de Russie », a déclaré le président du Conseil, Charles Michel. Il va permettre de « supprimer une énorme source de financement à la machine de guerre » russe et exercer « une pression maximum » sur Moscou pour l’inciter à mettre fin à la guerre, a-t-il affirmé sur Twitter. Grâce à l’engagement volontaire de Berlin et Varsovie d’arrêter leurs importations par l’oléoduc de Droujba, l’embargo supprimera « environ 90% » des importations européennes de pétrole russe d’ici à la fin de l’année », a précisé Ursula von der Leyen, également sur Twitter.

Les importations par l’oléoduc de Droujba, qui alimentent aussi la Hongrie, seront exemptées dans un premier temps, ce qui a permis de lever le veto de Budapest qui bloquait depuis plusieurs semaines le 6e paquet de sanctions de l’UE contre l’invasion russe de l’Ukraine.

Selon l’Elysée, l’embargo progressif de l’UE sera limité dans un premier temps au pétrole transporté par bateau (soit les deux tiers des achats européens de pétrole russe). Des négociations doivent avoir lieu « dès que possible » pour mettre fin au reste des importations de pétrole russe de l’UE, a précisé l’Elysée.

Dette publique : Les désaccords au sein de l’Union européenne

Dette publique : Les désaccords au sein de l’Union européenne

En raison de la pandémie, les critères de Maastricht portant sur les budgets et la dette publique ont été suspendus. L’Allemagne plaide en faveur d’un retour à leur application, contrairement aux pays du Sud de l’Europe, Italie et France en tête, qui parient sur la croissance pour réduire les déficits. Un choix qui n’est pas sans risque. Par Marc Guyot et Radu Vranceanu, professeurs à l’Essec ( la Tribune)

 

Au début de la crise du Covid-19, en mars 2020, l’Union européenne (UE) a activé la clause générale de sauvegarde qui suspend la règle prudentielle de gestion budgétaire (Fiscal Compact), notamment le déficit maximal de 3%. Les gouvernements du Sud de l’Europe ont assimilé cet assouplissement à une licence à dépenser sans limites, le retour à la règle budgétaire étant remis aux calendes grecques. Cette semaine, l’UE a décidé de maintenir la suspension pour 2023.

La crise du Covid-19 pouvant être aujourd’hui considérée comme passée les pays européens font maintenant face à la gestion de la dette post-Covid-19 et aux divergences qu’elle révèle. Le point de vue exprimé par Christian Linder, le ministre allemand des Finances, dans le Financial Times du 21 mai 2021, semble en opposition nette avec le point de vue exprimé dans la lettre commune rédigée par Emmanuel Macron et Mario Draghi, le 31 décembre 2021 dans le même journal.

La croissance ne se décrète pas

Selon le duo latin, la bonne manière de réduire le poids de la dette est de favoriser la croissance. S’il est exact qu’une forte croissance réduise automatiquement le poids de la dette par rapport au PIB, nous sommes dubitatifs de voir les deux dirigeants des économies parmi les moins dynamiques de la zone euro faire fond sur cette stratégie. En effet, la croissance ne se décrète pas et ne s’est encore jamais obtenu à coup de grands plans de réindustrialisation et d’investissements publics dans la recherche. Si les deux compères tablent sur une croissance nominale nourrie par l’inflation, ils commettent une erreur grave en imaginant que les taux d’intérêt vont rester constants. En effet, le taux des obligations du trésor est sur le point d’augmenter avec l’inflation anticipée, et, face à l’inflation actuelle, la BCE n’a plus la capacité de racheter des dettes sans limite, sous peine de dégrader encore plus ces anticipations d’inflation.

Le ministre allemand Christian Linder plaide sans surprise pour un retour rapide aux règles pré-Covid-19 de déficits maitrisés et affirme clairement que si les pays membres de la zone euro peuvent encore actuellement dévier de la règle budgétaire, cela ne signifie pas qu’il est raisonnable de le faire.

L’Allemagne présente une gestion des finances publiques extrêmement rigoureuse, dont le principe de stabilité est gravé dans la constitution. En 2019, le ratio dette sur PIB de l’Allemagne était de 58,9% du PIB. Pendant la crise du Covid-19, le pays a mis en place de fortes mesures de soutien budgétaire qui ont porté la dette à 69,3% du PIB en 2021, ratio toutefois inférieur à son endettement de 2015 (données Eurostat). A situation exceptionnelle réponse exceptionnelle, puis ce pays s’est orienté vers un retour rapide à l’équilibre budgétaire, le déficit public allemand passant de -4,3% en 2020 à -3,7% en 2021.

La situation en Italie, Espagne, France et autres pays du Sud était déjà dans le rouge avant le Covid-19 avec des dettes publiques sur PIB respectivement de 134%, 98,3% et 97,4% en 2019. La lutte contre le Covid-19 les a fait passer à respectivement 150,8%, 118,4% et 112,9% du PIB en 2021. Avec des déficits publics à -6,9%, -7,2% et -6,5% en 2021, le retour rapide du déficit sous la barre des 3% semble être impossible. En France, où la campagne présidentielle a donné lieu à un concours de promesses et largesses électorales de tous les candidats, François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, s’est senti obligé, le 10 mai, de recommander à Emmanuel Macron de restreindre ses ambitions dépensières ou de nouvelles réductions d’impôts.

Un raisonnement superficiel nous dit que lorsque la dette publique représente 100% du PIB, si le taux d’intérêt augmente de 1 point de pourcentage, le coût de la dette augmente de 1% du PIB. Dans la mesure où les obligations du Trésor ont des maturités très variées, l’impact de la hausse du taux d’intérêt n’est pas immédiat mais il faut toutefois anticiper ses effets. D’ailleurs une partie de l’endettement public est basé sur des obligations indexées sur l’inflation qui répercutent immédiatement les anticipations d’inflation. En 2021, la charge d’intérêt de la dette a rebondi de 5 milliards d’euros comparé à 2020, essentiellement en raison de ces instruments.

Si le gouvernement se décide à adopter une politique de rigueur budgétaire, la réduction du poids de la dette ne va pas non plus être immédiate. Pour prendre un exemple simple, en supposant que le déficit primaire soit nul, avec un taux d’intérêt à 2% et une croissance nominale à 5%, la réduction du ratio dette/PIB de 100% à 60% prendrait… 17 ans. Avec un taux d’intérêt de 1%, il faudrait quand même 13 ans pour revenir à 60%.

Nous nous réjouissons du fait qu’Emmanuel Macron a décidé de mettre en place une planification énergétique pour réduire les émissions de carbone en ligne avec ses engagements européens. Il serait tout aussi sage de mettre en place une vraie planification budgétaire. S’il ne faut pas laisser la planète en piteux état aux générations futures, il ne faut pas non plus leur léguer une montagne de dettes publiques ayant essentiellement servi à soutenir le confort de cette génération. Si le débat est vif sur la règle budgétaire que l’Union européenne devrait adopter dans le monde d’après Covid-19, il est fort probable que la discipline budgétaire sera imposée aux gouvernements par le marché lui-même via la remontée des taux d’intérêts et le coût de la dette. Dès lors, la réduction de la dette relève plus de la sagesse pratique que de la discipline dogmatique.

 

 

Economie, politique, société: les plus lus (31 mai 2022- 5h50)

Pour une souveraineté minérale

Pour une souveraineté minérale

La transition énergétique à l’œuvre aujourd’hui est certainement le chantier majeur des cinquante prochaines années. La sortie du « tout-pétrole » actée par l’Union européenne représente en elle-même une formidable opportunité, qui ne sera pas sans conséquences tant nos habitudes de consommation, de déplacement vont être bouleversées dans les années à venir. Par Eugène Daronnat, consultant en énergie ( dans la Tribune)

 

Alors que nous pensions basculer dans un monde toujours plus virtuel, il apparait en réalité que notre dépendance aux matières premières et aux ressources minérales va s’accroitre de manière exponentielle. Si nous sortons à terme d’une dépendance au pétrole, nous rentrons de manière certaine dans une dépendance aux métaux stratégiques, indispensables à la transition énergétique et numérique. Le rapport Varin remis au mois de Janvier 2022 sur les enjeux « d’approvisionnement en matières minérales » pose de manière claire les enjeux.

La priorité « écologique » est évidemment de pérenniser le parc nucléaire existant (en optimisant notamment le facteur de charge de nos centrales nucléaires, aujourd’hui pour moitié à l’arrêt) tout en lançant le chantier de nouveaux EPR (15 au minimum pour répondre aux besoins croissants en électricité). Mais les combats écologiques de demain porteront aussi sur les métaux stratégiques. La France devra être à l’avant-garde de ce combat, et ce pour deux raisons.

Premièrement, pour sécuriser les approvisionnements Européens et Français en métaux stratégiques, alors que la dépendance aux matières premières est en train de devenir l’enjeu n°1. Un embargo de la Chine sur les métaux rares comme nous l’avons connu en 2010 serait dramatique pour nos économies. Nous devons accélérer fortement les investissements en la matière à travers le lancement du « fonds d’investissement dans les métaux stratégiques », qui doit être doté de plusieurs milliards d’euros, pour répondre à l’enjeu.

Par ailleurs, la refonte du code minier et la relance de la filière minière doivent être érigées en priorité, pour que nous ne connaissions pas une situation analogue à celle de la filière nucléaire, qui a connu depuis plusieurs dizaines d’années une perte de compétences que nous payons cher aujourd’hui.

Deuxièmement, pour des raisons écologiques, parce que l’exploitation des métaux stratégiques dans des conditions écologiques désastreuses, en Chine ou en Afrique notamment, va devenir dans les mois et les années à venir un sujet porté à la connaissance de l’opinion publique. Les Français, et notamment les jeunes générations ne nous pardonneraient pas de ne pas avoir pris les devants, en cautionnant cette délocalisation de pollution dans des pays moins soucieux de l’environnement.

Concrètement, la France pourrait diligenter une recherche approfondie de la présence de métaux précieux sur son sol et dans ses océans pour s’assurer que les éléments en notre possession sont à jour, et lancer ensuite rapidement sous le quinquennat une expérimentation d’exploration. Dans le même temps, il est essentiel d’accélérer sur la thématique du recyclage de ces métaux précieux.

La culture minière faisant partie de l’histoire de notre pays, de nombreuses régions pourraient être sensibles à de telles initiatives, par ailleurs pourvoyeuse d’emplois dans le moyen-terme, à travers la relance de la filière. Et si la souveraineté minérale était la réponse française au défi de la transition énergétique ?

Spéculateurs et analystes financiers : Deux spécialités qui s’opposent

Spéculateurs et analystes financiers : Deux spécialités qui s’opposent

Les diagnostics des financiers qui parient sur la chute des cours de titres et de ceux rattachés à une entreprise ou une banque peuvent différer en raison d’objectifs de communication opposés. Par Hervé Stolowy, HEC Paris Business School et Luc Paugam, HEC Paris Business School

En juin 2020, en dépit de sa réussite apparente, la fintech allemande Wirecard a connu une chute spectaculaire en admettant que 1,9 milliard d’euros mentionnés dans son bilan étaient fictifs et que sa dette s’élevait à 3,5 milliards d’euros.

Pourtant, ce n’était pas une surprise pour tous les observateurs attentifs. D’après des journalistes et des vendeurs à découvert, cela faisait des années que les signaux étaient au rouge. Le Financial Times a publié plusieurs rapports sur les pratiques financières suspectes de la société et des vendeurs à découvert qui cèdent des titres qu’ils ne possèdent pas en pariant sur une baisse future du titre pour réaliser une plus-value, tels que Zatarra Research, avaient également fait part d’une profonde préoccupation.

En revanche, la plupart des analystes sell-side (c’est-à-dire qui travaillent pour le compte d’une institution financière ou en compte propre) avaient une opinion positive de Wirecard jusqu’à peu avant son effondrement. Les autorités financières allemandes elles-mêmes ont d’abord ouvert une enquête criminelle à l’encontre des journalistes et des vendeurs à découvert plutôt qu’à l’encontre des dirigeants de Wirecard. Plusieurs mois après la révélation des malversations comptables, Commerzbank a licencié son analyste Wirecard, qui avait été, selon les rapports, « l’un des plus fervents défenseurs de Wirecard » jusqu’à la fin.

Cette affaire illustre de manière saisissante l’écart de points de vue entre les vendeurs à découvert activistes (c’est-à-dire qu’ils cherchent à influencer la gouvernance d’une entreprise cible) et les analystes financiers, dans un secteur où l’autorité narrative peut influer sur le cours des actions et le sort des entreprises. Au moment où le scandale a éclaté, l’action de Wirecard a ainsi plongé de 100 euros à moins de 2 euros en une semaine.

Notre dernier article de recherche (co-écrit avec Yves Gendron et à paraître dans la revue Accounting, Organizations and Society) s’inscrit dans le prolongement de nos travaux antérieurs sur la fraude comptable et les lanceurs d’alerte. Les vendeurs à découvert activistes, qui exposent publiquement leurs recherches, pointent du doigt les irrégularités de certaines entreprises et dénoncent par la même occasion les rapports généralement positifs des analystes financiers. Ils tirent leur profit de la perte de valeur des actions d’une entreprise.

Les analystes financiers, quant à eux, travaillent généralement pour des banques d’investissement, dont les revenus proviennent de la souscription d’émissions de nouvelles actions. Il leur semble donc souvent nécessaire d’entretenir de bonnes relations avec les entreprises qu’ils suivent, et ils ont donc un intérêt à produire des rapports de recherche optimistes sur leurs actions.

Dans le monde volatile de la finance, où les informations abondent et où l’incertitude règne à propos de l’avenir, l’autorité narrative joue un rôle important pour orienter les investissements. Traditionnellement, les analystes sell-side sont qualifiés d’experts.

Les recherches précédentes dans ce domaine se sont concentrées uniquement sur les analystes financiers, et peu sur le rôle du storytelling sur les marchés financiers. Nous nous sommes intéressés à la rivalité entre ces deux fonctions pour obtenir l’autorité narrative.

Dans leurs rapports, les vendeurs à découvert activistes reprochent aux analystes leur manque d’expertise technique et d’esprit critique (manque de scepticisme à l’égard des entreprises qu’ils couvrent) et mettent en avant leur conflit d’intérêts.

Dans un rapport, un vendeur à découvert écrivait ainsi sur un ton sarcastique :

« Oups… On en oublierait presque que, pour réussir en tant qu’analyste sell-side, il faut commencer par dissimuler toutes les données susceptibles de présenter vos récentes introductions en bourse sous un jour négatif. »

Malgré ces critiques, il est étonnant de constater que les analystes ne réagissent pas ou peu aux attaques. Environ un tiers seulement répond aux accusations, généralement sous la forme d’une réponse écrite formelle dans le cadre d’un rapport de recherche. Ceux qui y répondent renvoient la pareille et accusent les vendeurs à découvert de manquer d’objectivité et de connaissance du marché, et d’agir dans leur seul intérêt, à savoir faire baisser le cours des actions.

Nous avons voulu découvrir les coulisses de cette confrontation. C’est pourquoi, en plus de consulter les rapports de vendeurs à découvert et d’analystes financiers, nous avons réalisé des entretiens avec des représentants des deux camps pour essayer de comprendre pourquoi les analystes ne répliquent pas plus souvent. Nous avons découvert plusieurs raisons à cela.

S’il leur est arrivé d’admettre que les vendeurs à découvert avaient raison sur certains dysfonctionnements au sein des entreprises, les analystes se devaient de garder un bon contact avec elles sous peine de contrarier leur propre direction, ils étaient limités par des contraintes juridiques et craignaient pour leur réputation s’ils défendaient leur point de vue mais qu’il était finalement prouvé qu’ils avaient tort.

Un analyste nous l’a expliqué en ces mots :

« À partir du moment où l’on réagit, on reconnaît l’existence de quelque chose, et cela contribue à ce que l’on en parle encore plus. »

Face à une menace pour leur réputation, de nombreux analystes préfèrent donc éviter toute réaction publique susceptible de donner davantage de visibilité à leur autorité narrative fragile. À l’inverse, ils optent plutôt pour une approche indirecte, en contactant en privé certains acteurs du marché : analystes buy-side (qui travaillent pour un courtier ou un fonds de pension) ou gestionnaires de portefeuille. Souvent, ils ne modifient pas vraiment leurs recommandations en faveur d’une entreprise, même lorsqu’ils sont confrontés aux critiques des vendeurs à découvert, mais ils baissent leurs objectifs de cours, ce qui est moins visible que de revoir complètement leurs recommandations.

Malgré leur apparent antagonisme, nous avons pu observer un respect mutuel entre les deux parties lors des entretiens. Les analystes ont admis que les critiques des vendeurs à découvert étaient souvent pertinentes, tandis que les vendeurs à découvert ont concédé que les analystes financiers se trouvent dans une position délicate, car ils sont souvent dans l’incapacité d’exprimer leur véritable opinion ou n’ont pas accès aux informations utiles.

Nous considérons à présent que nos recherches doivent être approfondies, pour étudier l’influence mutuelle qu’exercent ces deux groupes, et ce que cette influence nous apprend sur la puissance de l’autorité narrative sur les marchés financiers.

_______

Par Hervé Stolowy, Professeur, Comptabilité et Contrôle de Gestion, HEC Paris Business School et Luc Paugam, Professeur Associé, Comptabilité et Contrôle de Gestion, HEC Paris Business School.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

L’inflation augmente encore en Europe

L’inflation augmente encore en Europe

Pendant des semaines et des mois des autorités officielles et des experts ont soutenu que l’inflation était de nature conjoncturelle. Conclusion qu’il était inutile d’y accorder beaucoup d’importance et que la situation rentrerait dans l’ordre en 2023. Force est de constater qu’il ne s’agit nullement d’un événement éphémère. Cette inflation est bien structurelle. Elle découle notamment de l’augmentation des matières premières aussi bien industrielles qu’alimentaires, de la restructuration de l’appareil de production et de la logistique ainsi que des effets de la guerre en Ukraine sans parler de la sécheresse qui pèse sur les prix agricoles.

L’un des facteurs explicatifs revient aussi de la situation post covid. Au cours de la crise sanitaire pour prendre en charge la maladie en même temps que les conséquences sociaux économiques des milliards ont été déversées par les banques centrales de manière assez aléatoire. Il faut évidemment un jour ou l’autre remboursait les dettes qui en résultent et l’inflation et le moyen traditionnel de faire payer aux ménages le prix d’une politique monétaire accommodante pour ne pas dire complètement laxiste et insuffisamment ciblée.

Sur l’ensemble de la zone euro, l’inflation a atteint le taux record de 7,5% sur un an en avril.  Elle  progresse un peu partout en Europe.

En Allemagne, l’indice des prix à la consommation a atteint un nouveau record en mai, à 7,9% sur un an. .  Pour trouver un chiffre d’inflation aussi élevé, il faut remonter à janvier 1952, à l’époque de l’Allemagne de l’Ouest. En Espagne, l’inflation est également repartie à la hausse au mois de mai pour atteindre 8,7% sur un an, soit 0,4 point de plus qu’en avril, selon une estimation publiée lundi par l’Institut national de la statistique (INE). Cette nouvelle hausse survient alors qu’un léger ralentissement avait été observé en avril (8,3%), laissant espérer un début de modération après un pic à 9,8% atteint en mars, le niveau le plus élevé en Espagne depuis 37 ans.

Au Royaume-Uni, l’inflation a atteint en avril son niveau le plus haut en 40 ans, à 9% sur un an. En France, après avoir atteint 4,8% au mois d’avril, l’indice des prix à la consommation pourrait dépasser la barre symbolique des 5% d’ici juin. « Nous avons aujourd’hui en France un taux d’inflation d’un peu moins de 5% », a indiqué lundi le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, à la veille de la publication de l’indice des prix à la consommation par l’Insee. Sur l’ensemble de la zone euro, l’inflation a atteint le taux record de 7,5% sur un an en avril. L’indicateur pour mai, qui sera très scruté, est également attendu pour mardi.

Dans ce contexte, la Banque centrale européenne (BCE) plaide pour une hausse graduelle des taux. Le taux de référence de la BCE est actuellement fixé à -0,5%, niveau auquel il campe depuis 2019. Il s’agit du taux d’intérêt que paient les banques qui confient une partie de leur dépôts dormants aux banques centrales de la zone euro. Cette politique, entamée en 2014, visait à soutenir le crédit aux ménages et aux entreprises pour stimuler l’activité économique et, in fine les prix.

Mais face à cette inflation record, sortir des taux négatifs en septembre « est logique », estime Philip Lane chef économiste de la BCE, qui s’exprimait lundi dans les colonnes du quotidien économique espagnol Cinco Días. D’après lui, un rythme « de référence » pour y parvenir consisterait en deux hausses de « 25 points de base » chacune, en juillet et en septembre, a-t-il déclaré confirmant ainsi la perspective récemment dessinée par la présidente de l’institution, Christine Lagarde. «Sur la base des perspectives actuelles, nous devrions être en mesure de sortir des taux d’intérêt négatifs d’ici la fin du troisième trimestre», soit en septembre, avait écrit cette dernière dans une note de blog publiée la semaine dernière sur le site internet de la BCE.

Aux Etats-Unis, la banque centrale (Fed) est plus offensive. Alors qu’elle relève habituellement ses taux directeurs par tranches d’un quart de point de pourcentage, début mai, elle a eu recours à une forte hausse d’un demi-point, pour la première fois depuis 2000/ L’objectif : juguler l’inflation record, qui s’affichait à 8,3% sur un an en avril. Lundi, lors d’un discours virtuel devant l’Université Goethe de Francfort, en Allemagne, Christophe Waller, un responsable de la Fed a anticipé plusieurs hausses des taux directeurs d’un demi-point d’ici la fin de l’année, « jusqu’à ce que l’inflation soit revenue proche de notre cible de 2% ». Il estime cela possible sans faire grimper le chômage.

Les taux, qui se situent dans une fourchette de 0,75 à 1,00%, devraient, selon lui, être relevés d’ici la fin de l’année jusqu’à dépasser le niveau dit «neutre», considéré comme compris entre 2,00 et 3,00% environ. Il a ainsi dit être sur la même ligne que les attentes des marchés, évoquant des taux en hausse de 2,5 points au total sur l’année, passant de la fourchette de 0 à 0,25% dans laquelle ils se trouvaient jusqu’en mars, à 2,5-2,75%. «Si nous devons faire plus, nous le ferons», a-t-il encore assuré. Et de souligner : un tel mouvement doit permettre de réduire «la demande de produits et de main-d’œuvre, (l’aligner) davantage sur l’offre et (aider) ainsi à maîtriser l’inflation».

 

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