Archive pour la Catégorie 'enseignement'

École : le redoublement envisagé déjà contesté par le parti socialiste

École : le redoublement envisagé déjà contesté par le parti socialiste

Encore la preuve que le parti socialiste est largement hors sol par rapport aux réalités et aux sentiments des Français en matière d’éducation nationale. Le parti socialiste refuse l’hypothèse du redoublement au motif des discriminations sociales qu’il produit, bref au motif d’arguments socio-politiques alors qu’on ne devrait prendre en compte que le rapport des élèves à l’acquisition des savoirs fondamentaux et l’abaissement général du niveau du système scolaire français.

« Présenter le redoublement comme un remède à la baisse du niveau des élèves constitue le déni d’une triple réalité » estime Yannick Trigance, Secrétaire national du Parti socialiste , conseiller régional d’Ile-de-France et…..ancien enseignant .

Pas une semaine sans une annonce du ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal, qui, en matière de conservatisme et de vision passéiste de notre système d’enseignement, n’a décidément rien à envier à Jean-Michel Blanquer qui fut l’un de ses prédécesseurs. C’est ainsi que, mercredi 22 novembre, le ministre a affirmé qu’il allait « revoir » la « question du tabou du redoublement », promettant de « prendre des décisions » qu’il annoncera début décembre dans le cadre des conclusions de la mission « exigence des savoirs » lancée début octobre.

Supprimé en 2014 à un moment où la France en présentait un taux parmi les plus élevés des pays de l’OCDE, le redoublement d’une classe, avec l’accord des parents, a été rétabli par un décret de février 2018, avec également la mise en place un dispositif d’aide personnalisée qui n’a pratiquement jamais existé faute de moyens.

Au-delà de la visée quelque peu électoraliste – recommencer une classe reste très ancré positivement dans l’esprit de bon nombre de nos concitoyens –, le fait de présenter le redoublement comme un remède à la baisse du niveau des élèves n’en constitue pas moins le déni d’une triple réalité : redoubler une classe est injuste socialement, impactant psychologiquement et inadapté pédagogiquement.

En effet, comme l’ont montré bon nombre d’études, le redoublement reste fortement connoté socialement : 57 % des élèves de seconde professionnelle sont en retard, contre 20 % des élèves de seconde générale et technologique. Les enfants d’ouvriers redoublent bien plus que les enfants de cadres ; à niveau de difficulté égale, les enfants des familles monoparentales ont 37 % de risques de plus de redoubler une classe.

En un mot, le taux de redoublement dépend largement de la catégorie sociale des élèves : si la part d’élèves en retard en fin de collège chez les enfants d’ouvriers non qualifiés a diminué d’un tiers en dix ans, elle a, dans le même temps, été divisée par deux chez les enfants de cadres.

La question du redoublement à l’école, un débat trop politique ?

La question du redoublement à l’école, un débat trop politique ?

Le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal vient de déclarer au congrès des maires de France qu’« il faut revoir la question du tabou du redoublement : un élève qui entre en sixième sans savoir ni lire ni compter, c’est quasiment de la maltraitance ». Un « tabou » qui est loin d’être évident si l’on prend en compte qu’il y a 30 ans la moitié des élèves de troisième avaient redoublé au moins une fois, et le quart il y a 10 ans. Nombre de Français doivent donc penser par « expérience » que le redoublement fait partie de la « normalité », en dépit des études de suivi en la matière qui concluent au caractère inutile, voire néfaste, de la plupart des types de redoublement.

Enseignant-chercheur en histoire de l’éducation, professeur honoraire à Paris-Descartes, Université Paris Cité dans The Conversation

Ce n’est pas la première fois que la question du redoublement, qu’on aurait pu croire réglée, revient sur le devant de la scène. Un autre ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, avait déjà déclaré dans un entretien au Parisien en juin 2017 qu’« il n’est pas normal d’interdire le redoublement : il y a quelque chose d’absurde à laisser passer de classe en classe des élèves accumulant les retards ».

On peut noter la similitude de la mise en cause des deux ministres à six ans d’intervalle, d’autant plus que Jean-Michel Blanquer a pris effectivement un décret en ce sens dès 2018 : « À titre exceptionnel, dans le cas où le dispositif d’accompagnement pédagogique mis en place n’a pas permis de pallier les difficultés d’apprentissage rencontrées par l’élève, un redoublement peut être proposé par le conseil de classe »

Ce décret succédait à un décret pris en 2014 par la ministre de l’Éducation nationale qui l’avait précédé, Najat-Vallaud Belkacem. Ce décret pris en application de la loi de refondation de l’école de juillet 2013 qui prônait son « caractère exceptionnel » limitait le redoublement aux seuls cas de « ruptures des apprentissages » (une longue absence pour maladie par exemple) et aux situations dans lesquelles un élève n’obtiendrait pas l’orientation souhaitée en fin de troisième ou de seconde si les parents en faisaient la demande.

Ces dispositions réglementaires n’étaient pas survenues par hasard. Elles s’inscrivaient dans une longue évolution de la baisse des taux de redoublements plus ou moins encouragée par ses prédécesseurs et dans le contexte des conclusions de l’enquête internationale PISA rendues publiques fin décembre 2012 sur le sujet.

« En France, 28 % des élèves de 15 ans ont indiqué avoir redoublé au moins une fois, contre 12 % en moyenne dans les pays de l’OCDE […] Les résultats de l’enquête PISA 2012 montrent que, dans les systèmes qui pratiquent le redoublement, l’impact du milieu socio-économique des élèves sur leur performance est plus élevé […]. Les établissements qui ont une forte proportion d’élèves de 15 ans ayant redoublé au moins une fois obtiennent de moins bons résultats que ceux où cette proportion est moins importante. De même, en règle générale, les pays où le redoublement est une pratique courante pour gérer la difficulté scolaire ont de moins bons résultats que les autres pays. »

Ces résultats sont sans doute de l’ordre du contre-intuitif dans un pays où le redoublement a été longtemps pratiqué à haute dose et peut donc apparaître comme de l’ordre du « bon sens » pour nombre d’enseignants et de parents d’élèves, encore maintenant. C’est sans doute aussi ce qui explique la prudence de certains décideurs, voire des allers et retours en la matière parfois surprenants, aussi bien dans les décisions que dans la sphère politico-médiatique. Car le débat à ce sujet est récurrent et ne date pas d’hier.

Par exemple, si l’on en juge par une enquête menée en 2004 par la Sofres, la moitié des parents d’élèves dont l’enfant avait redoublé une ou plusieurs fois à l’école élémentaire considéraient que cela avait été une très bonne chose ; même si, parmi les parents d’élèves dont il avait été seulement envisagé que leur enfant redouble dans le primaire sans que cela se fasse, les trois quarts considéraient que c’était mieux que leur enfant n’ait pas redoublé et un quart qu’il aurait mieux valu qu’ils redoublent.

En cette même année 2004, le ministre de l’Éducation nationale François Fillon se prononce pour faciliter la pratique du redoublement (alors encore pourtant fortement répandue) en accusant la loi d’orientation de 1989 d’avoir « conduit à enlever aux enseignants leur pouvoir de décision en matière de redoublement ; or aucune étude ne démontre que passer automatiquement dans la classe supérieure soit un gage de réussite ».

La loi d’orientation du 25 avril 2005, dite loi Fillon, légitime la pratique du redoublement avec toutefois une condition à l’école primaire : « lorsqu’un redoublement est décidé et afin d’en assurer l’efficacité pédagogique, un programme personnalisé de réussite éducative est mis en place » selon le décret d’application sur les dispositifs d’aide et de soutien à l’école.

Le décret de 2018 pris par Jean-Michel Blanquer est toujours en vigueur. Par rapport à 2017, que constate-t-on dans les évolutions des taux de redoublements par niveau ? Au CP, il a doublé, passant de 1 % en 2017 à 2 % en 2022. Et aussi au CE1, où il est passé de 0,7 % à 1,4 %. Une évolution significative donc au niveau des deux classes particulièrement cruciales de l’élémentaire. Le taux de redoublement est en revanche resté quasiment stable au collège, passant de 0,6 % à 0,5 % en classe de cinquième et quatrième, et de 2,4 % à 2,2 % en troisième.

Que veut exactement Gabriel Attal ? S’agit-il seulement d’un « effet d’annonce » ou bien d’autre chose. Mais quoi exactement et pour quoi ?

Enseignement-Redoublement : le tabou qui plombe le niveau scolaire

Enseignement-Redoublement : le tabou qui plombe le niveau scolaire


À la veille de la sortie du nouveau placement PISA qui évalue le système scolaire de chaque pays, la France va sans doute encore se retrouver entre en fin de tableau confirmant ainsi la dernière étude du ministère de l’éducation nationale qui montrait que seulement la moitié des élèves de quatrième sont capables de faire une lecture correcte.

Nombre d’élèves entrent au collège non seulement sans capacité de lecture suffisante mais évidemment sans les bases de la langue française et des mathématiques. Le ministre de l’Éducation nationale dévoilera donc début décembre un plan destiné à «élever le niveau général à l’école». Parmi les mesures envisagées : revoir le «tabou du redoublement». Une pratique aux bénéfices contestés.

Après l’interdiction des abayas, le retour du bac en juin, la réflexion autour de l’uniforme ou encore la lutte contre le harcèlement, Gabriel Attal impose un nouveau thème dans l’actualité éducative : la hausse du niveau des élèves. Assurant n’avoir «aucun tabou», le ministre de l’Éducation nationale distille depuis plusieurs jours ses pistes pour «élever le niveau général à l’école», avant ses annonces officielles prévues début décembre, dans la foulée de la publication du très attendu classement Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves).

Mercredi 22 novembre, au 105e congrès des maires de France, l’homme politique est revenu sur son idée de mettre en place des groupes de niveau en français et en mathématiques au collège puis a lâché une phrase tout sauf anodine. Il «faut revoir» la «question du tabou du redoublement», a-t-il déclaré, selon l’AFP, promettant de «prendre des décisions» en la matière.

Le pire évidemment c’est que les pédagogistes ont protesté contre cette éventualité du rétablissement du redoublement. Or les mauvais élèves tirent évidemment l’ensemble des classes vers le bas et c’est tout le système qui se trouve appauvri y compris jusqu’à l’université où nombre d’étudiants affichent de graves failles en français et en mathématiques. Résultat, nombre de diplômés à bac plus 3 ou bac plus 5 se retrouvent au chômage avec la seule perspective de se faire embaucher dans l’administration; Ce qui n’augmente pas son propre niveau y compris dans l’enseignement !

Enseignement -Vacances scolaires : la fin des zones ?

Enseignement -Vacances scolaires : la fin des zones ?

Passer de trois à deux zones de vacances dans le calendrier scolaire est contesté mais est cependant soutenu par certains. l’idée est partagée par beaucoup de ceux qui planchent sur le sujet dans le cadre de la commission consacrée au calendrier scolaire, installée au printemps dernier. La question de la durée des vacances se pose aussi mais peut-être encore davantage le contenu même des études si l’on se fie au faible niveau des élèves français.

Créée à la demande de la fédération de parents FCPE, elle regroupe syndicats enseignants, associations de parents et d’élus. La majorité des participants veut un meilleur équilibre pour les rythmes des enfants et éviter les déséquilibres actuels, avec tantôt cinq semaines de cours entre deux périodes de vacances, tantôt onze semaines. Les chronobiologistes plaident pour une alternance entre sept semaines de cours et deux semaines de vacances. Un tel rythme pourrait être possible avec des vacances d’hiver et de printemps réduites à deux zones au lieu de trois, plaident les partisans de cette idée.

Le débat relance aussi la question des vacances d’été. « Il y a trop de vacances », avait lancé Emmanuel Macron l’été dernier. « Les élèves […] qui en ont besoin, il faut qu’on puisse les faire rentrer dès le 20 août pour leur permettre de faire du rattrapage. » Des industriels du tourisme s’inquiètent , eux, d’une réduction du nombre de semaines de vacances.

Redoublement : le tabou qui plombe l’enseignement

Redoublement : le tabou qui plombe l’enseignement


À la veille de la sortie du nouveau placement PISA qui évalue le système scolaire de chaque pays, la France va sans doute encore se retrouver entre en fin de tableau confirmant ainsi la dernière étude du ministère de l’éducation nationale qui montrait que seulement la moitié des élèves de quatrième sont capables de faire une lecture correcte.

Nombre d’élèves entrent au collège non seulement sans capacité de lecture suffisante mais évidemment sans les bases de la langue française et des mathématiques. Le ministre de l’Éducation nationale dévoilera donc début décembre un plan destiné à «élever le niveau général à l’école». Parmi les mesures envisagées : revoir le «tabou du redoublement». Une pratique aux bénéfices contestés.

Après l’interdiction des abayas, le retour du bac en juin, la réflexion autour de l’uniforme ou encore la lutte contre le harcèlement, Gabriel Attal impose un nouveau thème dans l’actualité éducative : la hausse du niveau des élèves. Assurant n’avoir «aucun tabou», le ministre de l’Éducation nationale distille depuis plusieurs jours ses pistes pour «élever le niveau général à l’école», avant ses annonces officielles prévues début décembre, dans la foulée de la publication du très attendu classement Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves).

Mercredi 22 novembre, au 105e congrès des maires de France, l’homme politique est revenu sur son idée de mettre en place des groupes de niveau en français et en mathématiques au collège puis a lâché une phrase tout sauf anodine. Il «faut revoir» la «question du tabou du redoublement», a-t-il déclaré, selon l’AFP, promettant de «prendre des décisions» en la matière.

Le pire évidemment c’est que les pédagogie liste ont protesté contre cette éventualité du rétablissement du redoublement. Or les mauvais élèves tirent évidemment l’ensemble des classes et c’est tout le système qui se trouve appauvri y compris jusqu’à l’université où nombre d’étudiants affichent de graves failles en français et en mathématiques.

Vacances scolaires : la fin des zones

Vacances scolaires : la fin des zones ?

Passer de trois à deux zones de vacances dans le calendrier scolaire est contestée mais est cependant soutenue par certains. Elle est partagée par beaucoup de ceux qui planchent sur le sujet dans le cadre de la commission consacrée au calendrier scolaire, installée au printemps dernier.
La question de la durée des vacances se pose aussi mais peut-être encore davantage le contenu même des études si l’on se fie au faible niveau des élèves français.

Créée à la demande de la fédération de parents FCPE, elle regroupe syndicats enseignants, associations de parents et d’élus. La majorité des participants veut un meilleur équilibre pour les rythmes des enfants et éviter les déséquilibres actuels, avec tantôt cinq semaines de cours entre deux périodes de vacances, tantôt onze semaines. Les chronobiologistes plaident pour une alternance entre sept semaines de cours et deux semaines de vacances. Un tel rythme pourrait être possible avec des vacances d’hiver et de printemps réduites à deux zones au lieu de trois, plaident les partisans de cette idée.

Le débat relance aussi la question des vacances d’été. « Il y a trop de vacances », avait lancé Emmanuel Macron l’été dernier. « Les élèves […] qui en ont besoin, il faut qu’on puisse les faire rentrer dès le 20 août pour leur permettre de faire du rattrapage. » Des industriels du tourisme s’inquiètent , eux, d’une réduction du nombre de semaines de vacances.

Hommage aux professeurs tués : seulement 85 élèves exclus

Hommage aux professeurs tués : seulement 85 élèves exclus

Alors qu’officiellement de l’ordre de 500 à 600 incidents sont intervenus lors de l’hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard seulement 85 élèves ont été exclus définitivement de leur établissement . Un total de 605 sanctions ont été prononcées lors de conseils de discipline après les hommages rendus aux deux enseignants assassinés, selon le ministère de l’Education nationale.

Un total de 605 sanctions, dont 85 exclusions définitives de l’établissement, ont été prononcées lors de conseils de discipline après les incidents qui ont émaillé les hommages, en octobre, aux professeurs Dominique Bernard tué à Arras et à Samuel Paty, assassiné en octobre 2020, a annoncé, jeudi 23 novembre, le ministère de l’Education nationale.

Parmi les 605 sanctions, 322 sont des exclusions temporaires de l’établissement et 47 des exclusions définitives avec sursis, a ajouté le ministère dans une communication que France Télévisions a pu consulter, en ne détaillant que les exclusions.

Pour les actes de contestation ou perturbation les plus graves, des mesures d’éloignement de l’établissement à titre conservatoire avaient été décidées dès le 16 octobre, date de l’hommage. Les conseils de discipline qui ont suivi ont décidé des sanctions allant d’un avertissement ou un blâme (huit élèves) à l’exclusion définitive de l’établissement.

« Systématiquement, on saisit le procureur de la République » et « on engage des procédures disciplinaires », avait-il dit. « Dans les cas les plus graves, j’ai demandé aux chefs d’établissement que ces élèves soient exclus à titre conservatoire, sans attendre le conseil de discipline ».

Niveau scolaire : Une véritable catastrophe d’après une nouvelle étude du ministère

Niveau scolaire : Une véritable catastrophe d’après une nouvelle étude du ministère


Selon le ministre de l’éducation nationale il s’appuie sur une étude, les résultats des élèves de 4e «ne sont pas satisfaisants et sont même plutôt inquiétants. Un peu plus de la moitié des élèves ne lisent pas convenablement et en mathématiques, plus de la moitié ne maîtrisent pas la résolution de problèmes et la géométrie».

D’après une étude du ministère concernant les CP, CE1, CM1, sixième et quatrième sur des compétences en français et en maths.

Pour contrer cet affaissement, le ministre souhaite «des groupes de niveau en français et en mathématiques. Bref, d’une certaine manière la remise en cause du collège unique. La taille du groupe étant réduite pour les élèves les plus en difficulté», a-t-il évoqué, tout en promettant annoncer «des mesures fortes début décembre sur le collège, pour une entrée en vigueur dès la rentrée prochaine». Peu de temps après son arrivée à la tête de ce ministère, Gabriel Attal avait souhaité «mettre le paquet sur les savoirs fondamentaux» en annonçant deux heures consacrées chaque jour à la lecture au CP, «au moins un texte écrit» chaque semaine pour les élèves de CM2.

Système éducatif en France : un des pires de l’OCDE

Système éducatif en France : un des pires de l’OCDE

Notre système éducatif est l’un des pires de l’OCDE en matière de discrimination, ce qui nous laisse une belle marge de progression. Lutter contre la ségrégation scolaire est devenu un enjeu pour les pays développés. Selon une étude récente, 40 % de la croissance américaine par habitant entre 1960 et 2010 s’explique par un meilleur accès aux métiers qualifiés : près de 94 % des juristes et doctorants étaient en début de période des hommes blancs, ils n’étaient plus que 62 % en 2010. Résultat d’une baisse de la discrimination à l’embauche, d’une réduction des inégalités d’accès à l’éducation, d’un moindre déterminisme social.

Par Frederic Cherbonnier (professeur à Sciences Po Toulouse et chercheur à Toulouse School of Economics)
dans Les Echos

Selon l’économiste R. J. Gordon, le système éducatif américain atteint ses limites et ne progresse plus en ce sens, ce qui va peser durablement sur la croissance.

En France, avec un peu de cynisme, cet argument peut être renversé : notre système éducatif est l’un des pires de l’OCDE en matière de discrimination, ce qui nous laisse une belle marge de progression.

Le problème ne réside pas dans des discriminations de genre, ou à l’encontre des personnes à ascendance migratoire, mais dans le retard des élèves issus d’un milieu défavorisé : la France est l’un des pays de l’OCDE où le lien entre statut socio-économique et performance est le plus fort.

La réponse à ce problème est loin d’être évidente. Parmi les questions qu’il soulève, comment répartir les élèves à travers les établissements scolaires et en leur sein ? Faut-il les rassembler par niveau pour mieux adapter la pédagogie ou au contraire les mélanger de façon à permettre une forme d’émulation.

Des approches opposées sont mises en place à travers le monde. En particulier, certains districts londoniens pratiquent le système du « banding » visant à obtenir dans chaque établissement la même proportion de bons et mauvais élèves.

En revanche, au sein des établissements, la plupart des pays anglo-saxons pratiquent le système du « tracking » consistant à répartir les élèves par classes de niveau.

Une crainte légitime est que cela ne pénalise les élèves issus de catégories modestes. Mais aucune étude n’apporte de réponse claire. Tout au plus sait-on que répartir tôt les élèves par filières de formation plus ou moins professionnelle aggrave les inégalités.

En revanche les répartir par niveau au sein d’un même établissement pourrait bénéficier à tous les élèves, y compris les plus faibles, d’après une étude reposant sur des données américaines.

En France, la carte scolaire a longtemps pénalisé les catégories modestes et induit une stratification sociale et spatiale, avec des prix du logement plus élevés pour les habitations proches de lycées et collèges réputés.

La procédure Affelnet mise en place à la fin des années 2000 utilisait principalement la proximité géographique et les résultats scolaires pour répartir les élèves.

Gabriel Attal met l’accent sur les savoirs fondamentaux et la laïcité

La réforme engagée depuis 2021 à Paris accorde aux élèves issus d’un collège défavorisé un bonus social pour leur permettre d’intégrer un meilleur lycée. Les évaluations de cette réforme montrent une baisse de la ségrégation sociale au sein des lycées publics .

Mais l’affectation tiendrait peu compte du niveau scolaire et pénaliserait les élèves situés dans les bons collèges (qui par définition ne bénéficient pas du bonus social), ce qui risque de pousser plus de familles aisées à se tourner vers le privé, induisant encore davantage de ségrégation scolaire.

Le gouvernement doit éviter que les effets de cette réforme soient aussi contreproductifs, et aller plus loin en renforçant les ressources sur les établissements défavorisés sans faire l’impasse sur la question de l’enseignement privé.

1.Hsieh, C. T., Hurst, E., Jones, C. I., & Klenow, P. J. (2019). The allocation of talent and us economic growth. Econometrica, 87 (5), 1439-1474.

2.The demise of US economic growth : restatement, rebuttal, and reflections. Gordon R.J. NBER 2014

3.Schleicher, A. (2019). PISA 2018: Insights and interpretations. oecd Publishing.

4.Figlio, D. N., & Page, M. E. (2002). School choice and the distributional effects of ability tracking : does separation increase inequality ?. Journal of Urban Economics, 51 (3), 497-514.

5.Charousset P., Fack G., Grenet J. (2022). « La réforme d’Affelnet-Seconde GT à Paris : premiers éléments de bilan et d’analyse », Comité de suivi d’Affelnet-Seconde, Académie de Paris.

Niveau scolaire : catastrophique en France d’après une nouvelle étude du ministère

Niveau scolaire : catastrophique en France d’après une nouvelle étude du ministère


Selon le ministre de l’éducation nationale il s’appuie sur une étude, les résultats des élèves de 4e «ne sont pas satisfaisants et sont même plutôt inquiétants. Un peu plus de la moitié des élèves ne lisent pas convenablement et en mathématiques, plus de la moitié ne maîtrisent pas la résolution de problèmes et la géométrie».

D’après une étude du ministère concernant les CP, CE1, CM1, sixième et quatrième sur des compétences en français et en maths.

Pour contrer cet affaissement, le ministre souhaite «des groupes de niveau en français et en mathématiques. Bref, d’une certaine manière la remise en cause du collège unique. La taille du groupe étant réduite pour les élèves les plus en difficulté», a-t-il évoqué, tout en promettant annoncer «des mesures fortes début décembre sur le collège, pour une entrée en vigueur dès la rentrée prochaine». Peu de temps après son arrivée à la tête de ce ministère, Gabriel Attal avait souhaité «mettre le paquet sur les savoirs fondamentaux» en annonçant deux heures consacrées chaque jour à la lecture au CP, «au moins un texte écrit» chaque semaine pour les élèves de CM2.

Ecole France : une des pires de l’OCDE

Ecole France : une des pires de l’OCDE

Notre système éducatif est l’un des pires de l’OCDE en matière de discrimination, ce qui nous laisse une belle marge de progression. Lutter contre la ségrégation scolaire est devenu un enjeu pour les pays développés. Selon une étude récente, 40 % de la croissance américaine par habitant entre 1960 et 2010 s’explique par un meilleur accès aux métiers qualifiés : près de 94 % des juristes et doctorants étaient en début de période des hommes blancs, ils n’étaient plus que 62 % en 2010. Résultat d’une baisse de la discrimination à l’embauche, d’une réduction des inégalités d’accès à l’éducation, d’un moindre déterminisme social.

Par Frederic Cherbonnier (professeur à Sciences Po Toulouse et chercheur à Toulouse School of Economics)
dans Les Echos

Selon l’économiste R. J. Gordon, le système éducatif américain atteint ses limites et ne progresse plus en ce sens, ce qui va peser durablement sur la croissance.

En France, avec un peu de cynisme, cet argument peut être renversé : notre système éducatif est l’un des pires de l’OCDE en matière de discrimination, ce qui nous laisse une belle marge de progression.

Le problème ne réside pas dans des discriminations de genre, ou à l’encontre des personnes à ascendance migratoire, mais dans le retard des élèves issus d’un milieu défavorisé : la France est l’un des pays de l’OCDE où le lien entre statut socio-économique et performance est le plus fort.

La réponse à ce problème est loin d’être évidente. Parmi les questions qu’il soulève, comment répartir les élèves à travers les établissements scolaires et en leur sein ? Faut-il les rassembler par niveau pour mieux adapter la pédagogie ou au contraire les mélanger de façon à permettre une forme d’émulation.

Des approches opposées sont mises en place à travers le monde. En particulier, certains districts londoniens pratiquent le système du « banding » visant à obtenir dans chaque établissement la même proportion de bons et mauvais élèves.

En revanche, au sein des établissements, la plupart des pays anglo-saxons pratiquent le système du « tracking » consistant à répartir les élèves par classes de niveau.

Une crainte légitime est que cela ne pénalise les élèves issus de catégories modestes. Mais aucune étude n’apporte de réponse claire. Tout au plus sait-on que répartir tôt les élèves par filières de formation plus ou moins professionnelle aggrave les inégalités.

En revanche les répartir par niveau au sein d’un même établissement pourrait bénéficier à tous les élèves, y compris les plus faibles, d’après une étude reposant sur des données américaines.

En France, la carte scolaire a longtemps pénalisé les catégories modestes et induit une stratification sociale et spatiale, avec des prix du logement plus élevés pour les habitations proches de lycées et collèges réputés.

La procédure Affelnet mise en place à la fin des années 2000 utilisait principalement la proximité géographique et les résultats scolaires pour répartir les élèves.

Gabriel Attal met l’accent sur les savoirs fondamentaux et la laïcité

La réforme engagée depuis 2021 à Paris accorde aux élèves issus d’un collège défavorisé un bonus social pour leur permettre d’intégrer un meilleur lycée. Les évaluations de cette réforme montrent une baisse de la ségrégation sociale au sein des lycées publics .

Mais l’affectation tiendrait peu compte du niveau scolaire et pénaliserait les élèves situés dans les bons collèges (qui par définition ne bénéficient pas du bonus social), ce qui risque de pousser plus de familles aisées à se tourner vers le privé, induisant encore davantage de ségrégation scolaire.

Le gouvernement doit éviter que les effets de cette réforme soient aussi contreproductifs, et aller plus loin en renforçant les ressources sur les établissements défavorisés sans faire l’impasse sur la question de l’enseignement privé.

1.Hsieh, C. T., Hurst, E., Jones, C. I., & Klenow, P. J. (2019). The allocation of talent and us economic growth. Econometrica, 87 (5), 1439-1474.

2.The demise of US economic growth : restatement, rebuttal, and reflections. Gordon R.J. NBER 2014

3.Schleicher, A. (2019). PISA 2018: Insights and interpretations. oecd Publishing.

4.Figlio, D. N., & Page, M. E. (2002). School choice and the distributional effects of ability tracking : does separation increase inequality ?. Journal of Urban Economics, 51 (3), 497-514.

5.Charousset P., Fack G., Grenet J. (2022). « La réforme d’Affelnet-Seconde GT à Paris : premiers éléments de bilan et d’analyse », Comité de suivi d’Affelnet-Seconde, Académie de Paris.

Intelligence artificielle et éducation des enfants ?

Intelligence artificielle et éducation des enfants ?

Alors que les enfants étudient l’histoire, apprennent à compter et à écrire, l’intelligence artificielle est également un canal privilégié pour accéder à ces compétences. Face à son potentiel et aux métiers qu’elle menace, l’IA sonne-t-elle le glas de ces enseignements ? s’interroge Thomas Kerjean; Thomas Kerjean est secrétaire général de la French Tech Aix-Marseille et Vice-Président d’Hexatrust, dans Les Echos.

« Les IA sont amenées à remplacer des pans entiers de compétences humaines, déjà mises à mal par des capacités cognitives réduites chez les enfants utilisant avec excès les outils numériques. »
« Les IA sont amenées à remplacer des pans entiers de compétences humaines, déjà mises à mal par des capacités cognitives réduites chez les enfants utilisant avec excès les outils numériques. »

Les innovations basées sur l’IA que sont GPT-4, Codex, Dall-E, LLaMA ou encore LaMDA ont déferlé dans notre quotidien il y a un peu moins d’un an. Qu’il s’agisse de compréhension textuelle, de traduction ou encore de génération d’histoires ou de codes, ces nouveaux assistants virtuels remettent en perspective certains métiers et certains apprentissages.

Se nourrissant continuellement grâce aux interactions qu’elles entretiennent avec les Hommes, elles deviennent sans cesse plus performantes pour attirer l’attention. Quand ce n’est pas pour façonner l’opinion. À partir de nos informations personnelles disponibles en ligne, les IA sont capables de personnaliser le contenu que nous consommons afin de retenir notre attention le plus longtemps possible.

Ces outils digitaux, bien que particulièrement utiles, pourraient-ils diminuer nos capacités intellectuelles et interpersonnelles ? 96 % des enfants de 3 à 15 ans possèdent ou utilisent au moins un équipement numérique. Ils les pratiquent près de 1 h 20 par jour en semaine et plus de 2 heures par jour le week-end. Cette surconnectivité , amplifiée par les algorithmes puissants d’applications comme TikTok et Instagram, est en partie responsable de l’érosion de notre temps de concentration qui n’était déjà que de 8 secondes en 2013. Au regard d’un tel chiffre, nos efforts en matière d’éducation ne sont-ils pas vains ?

Les IA sont amenées à remplacer des pans entiers de compétences humaines, déjà mises à mal par des capacités cognitives réduites chez les enfants utilisant avec excès les outils numériques. Leurs capacités d’attention, de mémoire, et leurs compétences d’apprentissage, en pleine mutation, résisteront-elles à cette nouvelle offensive technologique ?

Si l’évolution de ces technologies se fait à un rythme sans précédent, il est évident que leur adoption ne se fera pas du jour au lendemain, d’autant qu’elle devra être régulée. Il est néanmoins important d’intégrer dès aujourd’hui des programmes éducatifs visant à développer la pensée critique et les capacités à discerner les informations générées par les IA.

Une étude menée en 2022 par les universités d’Oxford, de Brown et de la Royal Society indiquait que 78 % des interrogés ne sauraient distinguer une vidéo authentique d’un deepfake (fausse vidéo générée par de l’IA). Il convient d’éduquer rapidement les enfants sur les bonnes pratiques en ligne et sur leur capacité à prendre du recul et à remettre en question les informations qu’ils peuvent consulter sur la toile.

Une enquête de l’Unesco datant de mai dernier, menée auprès d’établissements scolaires et universités, révélait que moins de 10 % d’entre eux avaient mis en place un système d’encadrement à l’égard de l’IA générative. Pourtant, une éducation sur la pleine compréhension de son usage, son impact ou encore les risques qui y sont liés est nécessaire, dans un monde où elle est amenée à prendre une place croissante dans nos vies.

Mathématiques à l’école : dès le plus jeune âge

Mathématiques à l’école : dès le plus jeune âge

Compte tenu du niveau global particulièrement décevant actuellement la coordinatrice du Collectif Maths&Sciences, Mélanie Guenais, estime nécessaire de renforcer la formation en sciences dès le plus jeune âge.(Dans une interview du Figaro)

Coordinatrice du Collectif Maths&Sciences et vice-présidente de la Société Mathématique de France, Mélanie Guenais est maîtresse de conférences en mathématiques.

Le ministère de l’Éducation nationale a annoncé dimanche le retour d’un enseignement des mathématiques «obligatoire » à la rentrée 2023 pour tous les lycéens de la filière générale dès la classe de première, soldant l’une des mesures les plus controversées de la réforme Blanquer. Selon vous, est-ce suffisant pour enrayer le déclin du niveau des élèves en maths?

Mélanie GUENAIS. – Les évaluations qui montrent une baisse de niveau des élèves (Timss 2019 par exemple) concernent les classes de CM2 et de 4e. Par conséquent, une action sur le lycée n’a pas d’incidence sur le niveau d’élèves plus jeunes. Donc, s’il y a une influence, c’est avec beaucoup de décalage, parce que la formation en première pourra impacter le niveau de compétences des futurs enseignants de l’école et du collège, mais dans au moins sept ans. De plus, seuls les professeurs d’école seront concernés parce que les futurs profs de maths seront parmi ceux qui garderont la spécialité maths, enfin, je l’espère.

Pour les futurs profs d’école, il y a actuellement environ deux tiers des enseignants qui ont eu un bac S ou ES, avec un fort enseignement de maths au lycée (trois ou quatre heures en 1e et entre quatre et huit heures en terminale). Nous voyons bien qu’une heure et demie de math en première ne compense pas du tout ce qu’il y avait avant comme formation pour ces enseignants. Même les élèves de L avaient deux heures de maths jusqu’en terminale jusqu’en 2010. Donc actuellement, très peu d’enseignants n’ont pas fait de maths depuis la seconde: ce sont seulement ceux qui ont eu un bac L, et qui ont moins de 30 ans.


D’après le rapport du comité de consultation sur la place des maths au lycée du 21 mars 2022, les maths seront intégrées dans l’enseignement scientifique. Quel regard portez-vous sur ce choix? Risque-t-on de perdre l’ensemble des dimensions de la discipline?

La question de ce que sont les mathématiques est complexe. Les mathématiques sont en effet un outil indispensable pour la pratique des sciences qui sont très nombreuses et en lien avec les problèmes de la vie quotidienne: les sciences physiques et la technologie bien sûr, l’informatique et la gestion des données, les problèmes de l’intelligence artificielle, mais aussi tout ce qui concerne la modélisation et les statistiques: modèle de climat, gestion des ressources liées à l’écologie et aux géosciences, modèles d’épidémie ou de dynamique de population liés à la santé et la biodiversité, des statistiques liées à l’économie et la sociologie, la psychologie, les sciences du sport. Ce ne sont que des exemples parmi les multitudes de sujets que nous avons à traiter. En ce sens, voir qu’il y a des mathématiques dans un enseignement scientifique est intéressant. En revanche, les exemples cités nécessitent une bonne maîtrise des mathématiques, ils sont de haut niveau. Il est possible d’en donner des idées générales, une sorte de culture scientifique qui montre des liens mais pas vraiment de travailler les savoir-faire. C’est un autre objectif. Il sera difficile de faire pratiquer aux élèves de manière efficace les mathématiques dans ces contextes. Il n’est donc pas évident dans ce cadre de pouvoir garder une cohérence avec l’enjeu de la consolidation des automatismes en mathématiques.

Ceux voulant autant de sciences qu’avant en 1e S doivent avoir trois choix de sciences: maths et deux sciences. En terminale on en abandonne une, d’où le problème pour ceux briguant les filières avec des sciences, dont les maths.

Par ailleurs, les mathématiques ne sont pas seulement des outils, elles sont aussi travaillées pour elles-mêmes, c’est cela qui leur donne leur transversalité: un même objet mathématique peut apparaître dans des contextes très différents, et a priori sans rapport si nous ne connaissons pas le «modèle mathématique». Par exemple, au début on n’écrivait pas de la même manière les nombres selon qu’on parlait d’une quantité de grains ou de bétail. Utiliser la même écriture indépendamment des objets, c’est déjà penser les nombres comme une abstraction mathématique et on peut travailler dessus sans lien avec le concret. Il est donc nécessaire de travailler les mathématiques aussi en dehors d’un contexte appliqué aux sciences: sous d’autres formes qui peuvent être concrètes ou non, qui peuvent se traduire par des jeux, avec une réflexion sur la stratégie et un travail sur le raisonnement, ou par des liens avec des disciplines artistiques comme le dessin, l’origami, l’architecture, la poésie. Pour résumer, je dirais que si l’enseignement des maths est intégré dans l’enseignement scientifique, alors nous risquons d’arriver à des contenus qui, ou bien ne donneront qu’une vision partielle de ce que sont les maths, ou bien manqueront de cohérence d’ensemble.

L’option maths complémentaires, actuellement réservée aux élèves ayant suivi la spécialité maths, va s’ouvrir à tous. Quelles conséquences pour les élèves à profils scientifiques polyvalents?

Aujourd’hui, les élèves choisissent trois spécialités en première, et ceux qui veulent avoir autant de sciences qu’avant en 1e S doivent avoir trois choix de sciences: maths et deux sciences, souvent physique et SVT, ou physique et NSI. Mais en terminale il faut abandonner l’une des trois, et cela pose un problème pour les élèves qui veulent aller dans les filières dans lesquelles vont être travaillées plusieurs sciences, dont les maths: c’est le cas des géosciences par exemple, ou de la santé ou de la biologie qui allient SVT, physique et maths. Nous conseillons donc à ces élèves d’abandonner la spécialité maths et de choisir l’option maths de trois heures, qui est la seule solution pour garder ces trois disciplines. C’est le même problème avec les profils d’élèves qui souhaitent aller en économie et gestion: souvent, ils souhaitent avoir SES, maths et HGGSP ou anglais, et donc ils abandonnent la spécialité maths pour suivre MC. Pour résumer, cette option est présentée pour accéder à des formations scientifiques même si le volume de formation est faible pour être à l’aise dans certaines formations. Je pense aux classes préparatoires BCPST par exemple.

Mais si cette option est accessible pour tous les élèves qui ne suivent qu’une heure et demie de maths, alors ceux-ci risquent de se mettre en difficulté avec cet enseignement destiné aux élèves qui avaient fait spécialité maths en 1e. Donc il y a un risque de voir les contenus et les attendus diminuer, et dans ce cas, ce sera contradictoire avec l’idée qu’il s’agit d’un enseignement pour poursuivre des études scientifiques. Nous risquons de mettre tout le monde en difficulté dans cette option: soit c’est trop difficile pour ceux qui n’ont fait qu’une heure et demie en première, soit ceux qui vont en sciences l’année d’après seront en difficulté dans leurs études supérieures parce qu’ils n’auront pas assez approfondi les prérequis mathématiques pour l’accès aux formations.

Faire une épreuve anticipée en fin de première, et proposer deux niveaux de cours éviterait l’abandon précoce des mathématiques, ce qui donnerait une bonne visibilité pour les dossiers Parcoursup pour l’accès au supérieur.

Le gouvernement a aussi annoncé des objectifs chiffrés pour le taux de filles en maths et en sciences au lycée. Faut-il y voir une forme de discrimination positive? Est-ce une bonne manière de pousser les filles à se tourner vers les sciences?

Je pense que ces objectifs chiffrés ne sont pas du tout réalistes car ils ne reposent sur aucune proposition concrète qui permette de remonter le taux de filles de manière significative dans les classes de maths ou les parcours scientifiques pour les prochaines années. De la discrimination positive serait totalement contreproductive vu le système de choix. Imposer quoi que ce soit me semble douteux, c’est ce que dit le ministre aussi, heureusement. Certains dispositifs pourraient avoir un impact, et pas que pour les filles, parce que les milieux défavorisés socialement ou au niveau des territoires sont aussi concernés par ce problème: le principal résiderait dans une formation massive des équipes encadrantes aux stéréotypes de genre et sociaux. Mais c’est un dispositif de long terme, c’est-à-dire sur plus de dix ans. Les autres dispositifs, comme les rôles modèles ne font pas l’unanimité sur leur efficacité, et mobilisent de toute manière de nouveau les femmes scientifiques, minoritaires dans leur métier, sur leur temps de travail ou de leur vie privée. Cela suppose que ces actions doivent être financées et compensées à la hauteur de l’engagement que ces personnes devraient fournir pour avoir un impact. Il faut rappeler qu’une personne cadre scientifique dans le privé ou dans l’académique n’a pas de raison de travailler gratuitement pour pallier les effets pervers d’une réforme dont tous les acteurs de terrain avaient dénoncé les problèmes. Même les lycéens avaient manifesté leur opposition, c’était juste avant le Covid.

Pour résumer, en l’état actuel du système, il n’y a aucune chance d’obtenir la parité dans quatre ans dans les classes de maths. En terminale, le ministère de l’Éducation nationale dit que les filles sont 38 % en 2022, ce qui est encore une baisse par rapport à 2021 (39,6 %), et c’est absolument catastrophique. Sans changement radical de l’organisation, il n’y aura aucun effet permettant de retrouver rapidement le niveau des TS, où elles étaient arrivées à 47,5 %. Rappelons que les filles scientifiques de TS étaient 94.000 en 2019, elles ne sont plus que 36.000 avec des mathématiques en spécialité en 2021, et peut-être encore moins en 2022.


Que préconisez-vous pour améliorer l’enseignement en maths en France?

Vaste question. Nous pouvons distinguer cependant deux types de leviers à court terme ou à long terme. Ceux qui permettent des changements à court terme sur un ou deux ans sont les changements de structure, qui changent l’organisation du lycée. Il n’y en a aucun autre d’aussi rapide. C’est bien ce que nous avons vu avec les grands changements depuis la réforme. Dans ce cadre, pour faire remonter significativement la part des filles en maths et annuler l’abandon massif en première, une possibilité serait de traiter les maths et le français de la même manière. Nous pourrions alors faire une épreuve anticipée en fin de première, et proposer deux niveaux de cours pour ne pas décourager les élèves en difficulté et prendre du temps avec eux. Cela éviterait l’abandon précoce qui commence même dès le collège puisqu’il n’y a pas de note au bac. Cela donnerait une bonne visibilité pour les dossiers Parcoursup pour l’accès au supérieur. Il y aurait plus de filles dans les cours de maths de niveau avancé, qui pourrait être l’analogue de l’actuelle spécialité maths, car nous constatons actuellement un détournement de nombreuses filles qui ont pourtant un très bon niveau en seconde, peut-être parce qu’elles ont plus de choix et ont envie de voir de nouvelles choses. Un autre effet à court terme pourrait être de pouvoir garder les trois spécialités en terminale, même en imaginant deux majeures et une mineure, pour pouvoir choisir sa mineure. De cette manière, il y aurait moins d’abandon des maths en terminale, et plus de filles car les filières concernées sont très largement féminisées.

Il est aussi nécessaire d’agir sur le long terme pour pouvoir remonter le niveau des élèves et lutter contre les inégalités qui sont très fortes dans notre système scolaire. Pour cela, des actions de formation aux stéréotypes sont indispensables, l’amélioration de la transparence de l’impact des choix sur l’orientation et des réflexions importantes sur la formation initiale et continue de tous les enseignants, y compris les contractuels doivent être mises en place. Certains dispositifs ont déjà été lancés lors des dernières années par le ministère de l’Éducation nationale. Ils semblent aller dans la bonne direction, mais il semble important de les évaluer pour mesurer leur efficacité. Cela permettrait de les améliorer et les soutenir dans le temps.

Enfin, il y a une réflexion générale à mener sur la place des sciences dans notre société, dont on dit partout qu’elles sont de plus en plus indispensables pour comprendre notre monde en pleine transformation. Mais alors, quel message notre lycée envoie-t-il aux élèves lorsque le socle minimum de sciences ne représente que 12% de la formation en première et 7% en terminale ? Est-ce cela le véritable poids des sciences dans la société ? Il est essentiel de réfléchir à l’image des sciences que le système actuel du lycée envoie vers ses élèves, en pleine contradiction avec nos besoins pour l’avenir. Alors que trop peu d’élèves s’orientent vers les études scientifiques, cette image est un frein majeur à la valorisation des sciences. Il est indispensable et urgent d’y remédier.

L’école dans la tourmente

L’école dans la tourmente

Trois ans après l’assassinat de Samuel Paty, le terrorisme vient à nouveau de frapper l’école, qui devient ainsi clairement une cible spécifique du djihadisme. Mais si les enseignants sont devenus une cible, c’est qu’ils sont aussi un rempart. Un rempart contre l’obscurantisme qui caractérise et anime leurs agresseurs, et menace toute la société. Ils se trouvent ainsi de facto, sans l’avoir vraiment voulu, chargés d’une mission qui dépasse la simple (mais déjà assez difficile !) mission d’enseigner : celle d’être un pilier dans la tourmente, pour toute la nation française.

Charles Hadji
Professeur honoraire (Sciences de l’éducation), Université Grenoble Alpes (UGA)
dans the Conversation

Il y a désormais un décalage entre ce que l’on attend de l’école, et ce que les enseignants sont habitués à y faire, en ayant été formés spécifiquement pour cela. Car ils doivent être plus que de simples enseignants, et cela n’est sans doute, pour eux, ni évident, ni facile.

Pour apprécier la charge que représente cette nouvelle tâche, et l’étendue du changement touchant le métier de professeur (des écoles comme de collège ou de lycée), on peut l’appréhender à partir de trois attentes essentielles touchant désormais l’école.

Ce décalage est déjà visible au niveau de la mission la plus traditionnelle de l’école, et qui perdure, en étant plus que jamais d’actualité : transmettre des savoirs. Mais, plus que d’un « choc des savoirs », selon l’expression de Gabriel Attal, il lui faut être le lieu d’un choc du savoir ! Non pas accumuler des savoirs, mais d’abord comprendre ce qu’est le savoir, et le distingue d’une opinion. Car l’essentiel est de dépasser les opinions (s’en délivrer), pour accéder au savoir.

C’est ce mouvement de « purification de l’entendement », pour parler comme Spinoza, qui compte, beaucoup plus que l’accès à tel ou tel savoir particulier. Telle est la « révolution copernicienne » qui est exigée de l’école pour devenir vraiment un rempart contre l’ignorance et l’obscurantisme : se centrer non sur les savoirs, mais sur la dynamique qui permet d’y accéder.

Les élèves doivent apprendre à différencier le savoir de l’opinion. Shutterstock
Le glissement est double. Il s’agit de porter un autre regard sur les disciplines scolaires. Et de vraiment ne laisser personne à l’écart. Du premier point de vue, les disciplines d’enseignement ne doivent plus être considérées comme des fins en soi, mais essentiellement comme des occasions de développer certaines capacités ou compétences fondamentales. Le professeur ne doit plus être au service d’une discipline, mais au service des élèves que cette discipline peut aider à grandir et à progresser en tant qu’êtres humains.

Il ne s’agit pas, par exemple, de former un mathématicien, ou un homme de lettres. Mais d’utiliser les mathématiques et les lettres pour armer l’élève d’outils cognitifs, qui le rendront capable d’innover, pour faire face à la variété de problèmes qu’il rencontrera dans le temps de crise, et d’incertitude, qui est désormais le nôtre.

Et quand se développent des outils numériques par lesquels on pourrait craindre d’être dépassé, il faut d’abord permettre à l’élève de se construire lui-même comme « outil pensant intelligent (smart) », capable de débusquer les contre-vérités, et d’imaginer des solutions aux problèmes rencontrés. La grande tâche de l’école est aujourd’hui de participer à cette construction.

C’est ce qui conduit à repenser les curricula (les programmes d’étude et de développement), en visant moins une pluralité de savoirs spécifiques (correspondant à des disciplines d’enseignement enseignées pour elles-mêmes), que ce que chaque discipline peut offrir comme méthodes de recherche, attitudes de travail, en matière de formation et de structuration de l’esprit.

Non pas la discipline pour elle-même, mais pour sa contribution à la sauvegarde et au développement des capacités cognitives. Il s’agit en somme de sauvegarder et de développer ce que Rousseau appelait la « perfectibilité », c’est-à-dire le pouvoir fondamental d’acquérir et de développer des pouvoirs (d’agir et de penser).

La seconde préoccupation (ne laisser personne à l’écart) devrait conduire à privilégier une « école du socle ». C’est-à-dire une école centrée sur les fondamentaux, dans le sens évoqué ci-dessus, et accompagnant les élèves sur un temps suffisamment long : pas de différenciation, ou d’orientation importante, avant la fin du collège actuel. Tous les enfants et adolescents doivent être touchés par le mouvement de « réforme de l’entendement ».

Bien plus que l’instauration d’un nouveau rapport au savoir, le deuxième changement risque d’être déstabilisant pour les enseignants. Il s’agit pour eux d’être les acteurs d’une véritable expérimentation concrète de la laïcité. Cela peut encore être saisi à deux niveaux.

Le premier est celui d’un enseignement de la laïcité. Ce travail incombe en grande partie aux professeurs d’histoire-géographie, à qui il appartient, depuis 2015, d’assurer un enseignement moral et civique (EMC) poursuivant trois finalités, précisées par le Bulletin officiel n° 30 du 26-7-2018 de l’Éducation nationale : respecter autrui ; acquérir et partager les valeurs de la République ; construire une culture civique.

Le nouvel « enseignement moral et civique » (EMC) inscrit dans la loi de refondation de l’école de 2013 a suscité d’importants débats, sur son opportunité, son sens, sa légitimité, et même sa possibilité. Les événements récents montrent qu’un tel enseignement est absolument nécessaire.

Tous les élèves doivent comprendre ce que signifie la laïcité, et quel est le sens du principe qui la fonde : la distinction entre les lois, libre expression du peuple souverain, qui s’imposent à tous les citoyens, égaux en tant que tels ; et les convictions, religieuses ou autres, que chacun est libre d’adopter et de défendre, à la seule condition qu’elles n’entraînent pas d’actes contradictoires avec les lois de la République.

Mais les professeurs d’histoire-géographie ne doivent pas être laissés seuls sur les créneaux du rempart ! Il appartient à l’ensemble de la communauté éducative (au sein de l’établissement), de faire en quelque sorte expérimenter concrètement la laïcité. En rappelant, chaque fois que l’occasion en est donnée, en cours, comme dans la « vie scolaire », la nécessité du respect des opinions individuelles, et des personnes qui les expriment, mais toujours dans le cadre du respect premier et fondamental des lois de la République. Et en n’hésitant pas à assurer le rôle de garant et de gardien de la laïcité, en intervenant quand un acte mérite sanction.

De ce point de vue, tous les acteurs de la communauté que constitue l’établissement, dont les professeurs, doivent accepter de jouer le rôle de représentants, et s’il le faut de gendarmes, de l’exigence laïque.

Il y a bien un combat à mener, mais finalement contre la haine, qui fait oublier que l’autre (le Palestinien, le juif, le chrétien, le Français…), est mon semblable, et mon égal. Quelqu’un envers qui j’ai des devoirs, qui ne sont que l’autre, et première, face de mes droits.

L’école comme espace où l’on vit de façon protégée les temps de l’enfance et de l’adolescence
L’école est aussi le lieu où l’on passe une partie essentielle des longues, et souvent heureuses, années de son enfance et de son adolescence. Années qu’on les passe au sein de groupes sociaux rassemblant des personnes d’à peu près le même âge, mais de convictions et de milieux relativement divers, et avec certaines desquelles on nouera des amitiés durables.

Ce lieu où se tissent des amitiés, où se construisent, et s’interpénètrent, des parcours de vie, se doit d’être un lieu protecteur. Or la menace djihadiste en fait un lieu où les enseignants, comme les élèves, deviennent des cibles particulièrement exposées au risque d’agression terroriste, et peuvent se sentir condamnés à vivre dans la peur.

L’école se doit d’être un espace hautement sécurisé, qui met à l’abri de la peur. Mais sans devenir une forteresse coupée du reste de la société. En dehors de ce qui relève de l’action des forces de police, voire de l’armée, le souci de la sécurité peut d’ailleurs commencer à se manifester dans des actes tels que l’instauration de « places aux enfants », espaces libérés de la circulation automobile devant l’entrée des établissements. Ou dans une ferme politique de lutte contre le harcèlement, à laquelle tous les enseignants peuvent, et doivent, participer.

Car s’il faut craindre les agressions mortelles en provenance de l’extérieur, l’histoire récente montre que des agressions proprement scolaires, relevant du harcèlement, peuvent s’avérer, in fine, tout aussi mortelles. Tout doit être fait pour que les élèves puissent vivre en paix, à l’abri de toutes les agressions, d’où qu’elles viennent.

Le combat pour la sécurité et la paix est ainsi un combat multiforme, et de tous les instants. Les enseignants sont, plus que jamais, invités à y participer. Et cela peut commencer par l’instauration d’une atmosphère de travail paisible, fondée sur le respect réciproque, au sein d’une classe où l’erreur n’est pas une faute, et où l’on peut apprendre sans avoir peur : ni la peur de se tromper ; ni la peur d’être moqué ou agressé par les autres ; ni la peur d’être victime d’un attentat.

Il est clair, toutefois, que les enseignants ne pourront vraiment s’investir dans ce triple nouveau rôle d’accompagnateur de la réforme de l’entendement, de représentant actif de la laïcité, et d’agent de la paix, qu’à une double condition. La première est qu’ils bénéficient d’une triple formation adéquate. La seconde, que la société leur manifeste (enfin) une reconnaissance à la hauteur de l’importance de leur rôle, et de leur engagement dans ce triple combat.

Ecole: hommage contesté : 68 élèves renvoyés

Ecole: hommage contesté : 68 élèves renvoyés

La tolérance suffit a déclaré le ministre de l’éducation nationale Gabriel Attal. Du coup, 68 élèves sur 179 qui ont perturbé ou contesté l’hommage aux professeurs assassinés seront renvoyés à sa demande. Enfin un discours de fermeté assortie de mesures tout aussi déterminées. Le ministre de l’éducation nationale a sans doute compris que les Français étaient fatigués de ses discours de compassion et de promesses jamais suivies. Son discours de fermeté en cohérence avec ses actions depuis son arrivée au ministère de l’éducation nationale tranche évidemment avec l’attitude générale pouvoir.

De ce fait, Gabriel Attal fait une percée remarquée dans l’opinion publique et ils passent même en tête devant tous les autres candidats pressentis pour les élections présidentielles de 2022. Un résultat sans doute inespéré pour l’intéressé lui-même et qui devrait le conforter dans cette posture enfin cohérente.
«179 saisines du procureur de la République qui partent ce jour pour engager des poursuites contre ces élèves, 179 procédures disciplinaires qui partent également», a précisé .

Sur ces 179 élèves, 68 ont eu «des propos et actes d’une particulière gravité», confie-t-on mardi soir dans l’entourage de Gabriel Attal. Pour ces 68 cas relevant de l’apologie du terrorisme, le ministre a adressé aux chefs d’établissement «une demande d’exclusion immédiate», sans attendre la convocation du conseil de discipline. La rue de Grenelle durcit le ton.

«À un moment, la tolérance, ça va ! La bienveillance, ça va ! Et le pas de vague, c’est fini ! » avait prévenu le ministre à l’Assemblée.

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