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Défense France : une armée échantillonnaire ridicule face à la Russie

Défense France : une armée échantillonnaire ridicule face à la Russie

Macron et les plus hauts responsables des armés évoquent actuellement le risque de conflit entre la France et la Russie. Et de faire étalage de nos capacités mais aussi de nos extrême faiblesses. La vérité c’est que l’état des forces de la France est ridicule face à ce que possède la Russie.

Un seul exemple en termes de mobilisation, la Russie peut compter sur au moins 2 millions d’hommes pour théoriquement 200 000 en France. Le résultat évidemment de la suppression du service militaire obligatoire lâchement abandonné par Chira pour des motifs électoraux. Un abandon également soutenu par une grande partie de la hiérarchie militaire bien contente de répartir entre ses membres les moyens financiers de la défense.

Le problème c’est qu’il faut des années pour reconstituer une armée de soldats, de sous-officiers et d’officiers et leur équipement. La guerre technologique n’est pas un outil substituable aux hommes en dernier ressort, on le voit en particulier avec la guerre en Palestine mais aussi et surtout en Ukraine. Les technologies sont utiles et même indispensables mais insuffisantes pour tenir toutes les postes de la ligne de front et terminer le travail sur le terrain.

Le plus ridicule sans doute c’est la question du porte-avions dont la France ne dispose qu’un exemplaire et la moitié du temps indisponible pour révision.
Certes il y a le la défense nucléaire mais on sait que son utilisation est surtout à vocation de dissuasion. En cas d’utilisation il y aurait de quoi faire sauter 100 fois la terre dans le cadre d’une guerre mondiale.

Les politiques et les plus hauts responsables militaires ont fait une faute grave en décidant de déshabiller l’armée liquidant au passage les équipements techniques et fonciers souvent pour des sommes dérisoires en tout cas en dessous des prix du marché.

Se préparer au risque d’affrontements avec la Russie, c’est prioritairement reconstruire une véritable armée avec les armes, les technologies et les hommes qui doivent la constituer. Or la France est ridicule voir même absente par exemple concernant les drones. La France est minuscule pour les autres équipements et les combattants.

Reconstituer une véritable force de combat complète constitue le meilleur garant contre un éventuel conflit avec la Russie. Ce ne sont pas les discours creux et bavards de Macron qui peuvent combler nos lacunes. Par parenthèse, un chef de l’État qui a profité des circonstances pour s’éviter le service militaire en raison de ses études ! Un curieux chef des armées !

En dehors des questions de défense ,il faut aussi prendre en compte l’intérêt sociétal du service militaire obligatoire qui permettait un grand brassage sociologique mais aussi l’apprentissage de la discipline collective et du respect des valeurs, en tout cas qui pouvait largement y contribuer d’autant que l’école a aussi abandonné ce terrain.


l’Etat des forces

Pays Chars blindés Sous-marins Avions de combat
Russie 12 400 30 100 70 772
USA 6 600 45 200 70 1 960
Chine 5 300 35 000 80 1 200
Ukraine 2 600 12 000 0 69
France 400 6 500 10 250
UK 230 5 000 10 120
Canada 78 1 500 4 63

L’extrême faiblesse de la défense française a été démontrée dans le cadre de la force barkhane supposée s’opposer aux islamistes en Afrique et qui finalement a dû battre en retraite face aux mercenaires russes et aux dictateurs du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Après cet échec cuisant, la France est d’ailleurs en train de se retirer d’à-peu-près toute l’Afrique laissant ainsi la place aux Russes et aux Chinois notamment tant sur le plan économique que militaire.

Une crise politique qui accélère le déclin de la France

Une crise politique qui accélère le déclin de la France

Rarement les politiques auront été autant discrédités dans l’opinion. 10 % seulement des Français leur accordent leur confiance. La condamnation est générale et vise à peu près toutes les tendances politiques. Il faut dire que les responsables pour la plupart sont à la fois incompétents et sans courage. Sans parler de leurs contradictions permanentes. Dernier exemple en date le problème de la suspension de la réforme des retraites confirmée par le premier ministre Lecornu et immédiatement démentie par le président de la république qui pense encore avoir un pouvoir. Et de proposer un illusoire référendum qui n’aura jamais lieu.

À l’étranger comme en France qui croire? L’image du pays continue d’être affaiblie par ces déclarations et actions caractérisées par des contradictions permanentes. En toile de fond, il y a bien sûr l’élection présidentielle de 2027 qui brouille encore un peu plus la position des candidats. Ainsi chez les Républicains, c’est la guerre entre Wauquiez et Retailleau. Ce dernier s’est tiré une véritable balle dans le pied en expliquant tout l’intérêt de sa présence de son parti au gouvernement tant qu’il y était et qui maintenant prône l’inverse depuis son départ. Une vraie maladresse, une erreur politique qui signe en partie sa disqualification comme candidat de la droite.

Il faut aussi citer l’invraisemblable démolition de Macron par Édouard Philippe qui trouve le président désormais incompétent et demande son départ alors qu’il a servi la même politique quand il était premier ministre. Édouard Philippe il faut s’en souvenir qui par ailleurs a flingué la réforme des retraites par points avec son fameux concept d’âge pivot. Édouard Philippe sorte de cocktail Juppé-Macron qui par ailleurs sur la forme ne se caractérise par un grand charisme. À droite, c’est la lutte entre Wauquiez et Retailleau mais aussi des tentations permanentes de changer de camp ; certains soutiennent indirectement le gouvernement, d’autres sont tentés par un rapprochement avec le Rassemblement national sans parler de ceux qui souhaitent demeurer dans un superbe isolement. La gauche est affectée tout autant par les oppositions et les contradictions. Globalement deux lignes s’affrontent avec d’un côté les marxistes et de l’autre les sociaux-démocrates. Des marxistes qui veulent le communisme immédiatement avec le soutien d’une révolution utopique et irresponsable. Les Insoumis établissent d’ailleurs régulièrement ce calendrier de la révolution et se ridiculisent en même temps d’autant qu’ils y ajoutent des provocations et des postures indignes d’élus nationaux. Chez les écolos, on est davantage rouge que vert et en parle bien plus des questions politiciennes que de l’environnement avec là aussi quelques figures clownesques et provocatrices. Le parti socialiste quant à lui demeure divisé entre marxistes et réformistes. Toutes ces contradictions autorisent les uns et les autres à dire les plus grandes bêtises sur les réalités économiques, financières, mais aussi sociétales.

On objectera sans doute que ces responsables ont été élus, qu’ils sont légitimes. faut-il cependant préciser que dans toutes les fonctions électorales en moyenne il suffit aujourd’hui de 15 % voire moins au premier tour pour être élu au second. Ceci étant les Français ont aussi les politiques qui méritent. Des français qui pour une grosse majorité ne comprennent pas non plus grand-chose à la problématique économique et financière, le champ régalien le plus dévasté. Dans la plupart des études menées sur cet aspect on vérifie presque toujours que parmi les pays européens la France est en dernière position concernant la compréhension de ces questions. Les propositions d’impositions nouvelles fusent de partout alors que la France détient déjà le record de prélèvements obligatoires qui plombent la compétitivité de son économie.

La question est celle de la réduction des dépenses alors qu’on y répond surtout avec l’augmentation des impôts. Évidemment personne n’aura le courage de faire comme les Allemands qui ont introduit dans leur constitution la nécessité de l’équilibre du budget. Ce serait évidemment possible en France avec un calendrier réaliste et surtout du courage. La démagogie conduit par exemple en matière de retraite à envisager le retour à 62 ans voire à 60 ans alors que la démographie française s’écroule et forcément pèse sur les équilibres financiers des retraites mais aussi sur le reste. En effet l’autre problème dominant lié c’est le manque de travail évalué environ 15 % par rapport aux autres pays de l’Europe. Il s’agit du temps total travaillé tout au long de la vie. Si ces 15 % étaient atteints la France ne connaîtrait plus de problèmes financiers. Il y a cependant l’affaiblissement de la valeur travail qui ne cesse de s’étioler et rend cette perspective difficile à envisager.

Aussi la question de la dégringolade du niveau de formation du primaire au supérieur. Avec d’énormes dispersions autour de la moyenne médiocre. Avec tout en haut heureusement encore l’exceptionnelle performance dans les technologies, les sciences et la recherche mais aussi à l’autre bout du spectre une ignorance crasse des savoirs fondamentaux. Et des bacs pro par exemple distribués comme des poignées de mains qui ne valent même pas le certificat d’études primaires des années 30. Bref, les faiblesses françaises sont autant imputables à un monde politique hors-sol qu’à des citoyens qui préfèrent les sirènes de la démagogie aux vérités documentées.

Avec Lecornu II , Macron précipite la France vers une crise historique

Avec Lecornu II , Macron précipite la France vers une crise historique

La plupart des observateurs conviennent que l’objectif principal de Macron est de durer quitte à utiliser des procédures douteuses voire dilatoires. Le chef de l’État outrepasse en effet le champ de ses responsabilités en s’immisçant directement dans le fonctionnement du gouvernement. Lecornu reconduit confirmera qu’il n’a pas l’épaisseur politique pour gérer les nombreuses contradictions du contexte politique tout en restant aux ordres du président de la république.

Le nouveau gouvernement Lecornu de sera donc encore nécessairement éphémère. En cause d’abord le fait que la tripartition actuelle à l’Assemblée nationale empêche toute majorité durable et surtout du fait que désormais la grande question tourne autour de la problématique de l’élection présidentielle. Les grandes formations politiques sont essentiellement animées par la perspective de cette élection et d’une certaine manière imperméables à tout compromis qui pourrait leur faire perdre des électeurs lors de cette échéance.
Ainsi la France va sans doute cumuler différentes dimensions d’une crise qui pourrait être historique. A la crise politique caractérisée par l’éclatement du paysage électoral et l’irresponsabilité de la classe politique va succéder une crise démocratique et au-delà une crise de régime. En effet la question du champ des responsabilités d’un président de la république aujourd’hui personnage quasi monarchique -surtout avec Macron qui n’écoute que lui-même- va se poser. En clair, c’est la constitution de la Ve République et ses anciens équilibres qui doivent maintenant être discutés.
Indirectement le problème de la durée du mandat et les conditions du départ du président seront également évoqués. Macron va fragiliser la durée de son mandat et surtout celui de ses successeurs. Cela d’autant plus que la plupart des présidents depuis Pompidou ont en général mis en œuvre des politiques incohérentes avec leurs propres orientations électorales. La crise de régime et inévitable et pourrait s’aplifier avec le président ou la présidente qui succédera à Macron surtout avec l’énorme écart entre les promesses et la gestion réelle du fait des contraintes.
Parallèlement, l’instabilité va contaminer le champ économique. La croissance était déjà très faiblarde, autour de 0,3 % par trimestre. Elle risque de devenir négative en raison de la timidité de la consommation moyen d’ajustement de la stagnation du pouvoir d’achat. Les investissements sont en recul faute de perspectives claires dans le domaine fiscal et financier; enfin il faut aussi observer notamment la nette tendance à la hausse des défaillances d’entreprises. En clair, la récession pourrait menacer dans les années à venir d’autant que le contexte international n’est guère favorable à l’Europe et à la France en particulier.
Le mécontentement social risque aussi de miner l’environnement du pays avec en particulier la multiplication des mouvements corporatifs ( et pas forcément de la part de ceux qui sont les plus défavorisés !). La France va dans ce domaine aussi payer le mépris récurrent de Macron vis-à-vis des organismes intermédiaires et en particulier des syndicats forcément tentés de se replier sur des positions radicales. Avec Lecornu II de Macron dirige la France vers le précipice accentuant encore les perspectives dramatiques d’évolution des finances publiques. Moins de croissance c’est forcément moins de recettes fiscales alors que les dépenses sont devenues quasi incontrôlables. Cela en raison du millefeuille administratif et les contradictions des politiques sectorielles. Avec Lecornu II va s’amplifier la crise multi factorielle, une crise qui pourrait durer des années. Le résultat notamment d’un président complètement immature et égocentrique mais qui n’exonère pas le monde politique et même les français de leur propres contradictions.

Lecornu: le choix entre une ouverture sociale ou le chaos

Lecornu: le choix entre une ouverture sociale ou le chaos

À chaque changement de premier ministre, le champ des possibles se réduit au point maintenant de faire émerger la question de la destitution du président de la république. Bien entendu, l’intéressé n’a nullement l’intention de démissionner de son poste de président. Un départ par la fenêtre hypothèquerait gravement son avenir politique. Or Macron se voit encore en responsabilité soit en Europe, soi-même en France à partir de 2032. Pourtant avec un soutien maintenant limité à 17 % dans le dernier sondage, le chef de l’État est bien sûr toujours légitime mais politiquement complètement discrédité. Cela d’autant plus qu’en dépit d’absence de soutien démocratique, il continue dans beaucoup de domaines de prendre des initiatives contradictoires et contre-productives .

Le plus bel exemple étant sans doute il y a quelques temps ces heures interminables passées au téléphone avec Poutine alors que désormais il ne parle plus à l’intéressé sauf par la voix d’insultes réciproques.

On pourrait relever de nombreuses autres contradictions comme la politique menée en Afrique où désormais la France est remplacée par les Russes, les Chinois, les Indiens et d’autres. Il faut dire que dans ce domaine la politique diplomatique très aristocratique du Quai d’Orsay a contribué à déconsidérer notre pays. Pour parler clair, l’indigence de notre politique de développement porte une responsabilité dans le regard critique des africains et explique en partie le phénomène de l’immigration sauvage.

Le gouvernement et désormais acculé avec trois hypothèses. La première déjà évoquée mais peu vraisemblable : le départ prématuré de Macron qui s’accrochera à son fromage jusqu’au dernier moment. La seconde serait la dissolution de l’assemblée nationale. Une solution sans doute utile pour nettoyer la chambre des députés des clowns et autres gueulards fous  » Insoumis » . Pour autant le résultat des élections risque d’aboutir une nouvelle fois à une absence de majorité. Reste alors la solution sociale avec des concessions forcément de chacun. Dans une déclaration commune- les syndicats- unis pour une fois- réclament « la justice fiscale avec la mise en place de dispositifs qui taxent les très hauts patrimoines et contraigne au reversement des dividendes » et la conditionnalité sociale et environnementale des aides versées aux entreprises. Ils demandent aussi « l’abandon de l’âge de départ à la retraite à 64 ans ».

Les thèmes sont suffisamment larges pour trouver des compromis intelligents. Il faudra en effet prendre des mesures dans le sens d’une plus grande justice sociale et fiscale mais évidemment sans tuer une économie déjà bien malade des prélèvements obligatoires , de la dette et des normes. Restera le difficile totem des 64 ans. Pourquoi ne pas revenir au principe de la retraite à la carte ( en fonction des années de versement et de la pénibilité notamment). Le conclave était sur le point d’aboutir avant d’être fusillé d’une part par le Medef, d’autre part par Bayrou.

On objectera sans doute que des avancées sociales même significatives pourraient être combattues par les syndicats les plus radicaux type Sud. On sait depuis longtemps que ces syndicats ont davantage de préoccupations politiques que de finalités sociales. L’intérêt d’un tel accord serait de donner une vision pour un temps, de réduire des mécontentements souvent d’ailleurs contradictoires, de rassurer l’opinion nationale et internationale et de redonner confiance aux acteurs économiques. Cela éviterait au moins pour un temps d’éviter à la France le déclassement et le ridicule aux yeux du monde entier. Surtout si parallèlement tout est mis en œuvre pour soutenir l’essentiel à savoir la croissance et l’emploi.

Une crise démocratique profonde

Une crise démocratique profonde

Depuis la dissolution de juin 2024, la France connaît une paralysie politique inédite. Pour le politiste Rémi Lefebvre dans The Conversation, ce blocage n’est pas seulement institutionnel : il révèle une crise plus profonde du lien représentatif, nourrie par la défiance, par la fragmentation sociale et par l’usure du fait majoritaire.

Depuis la dissolution en juin 2024, les gouvernements de Michel Barnier puis celui de François Bayrou ont été en incapacité de gouverner. De nombreux commentateurs ont estimé que ce blocage serait lié au manque d’esprit de compromis des partis politiques, ou à des règles du jeu institutionnel inadaptées. On peut, au contraire, penser que le dérèglement est plus profond. Le rapport à la politique s’est transformé ces dernières décennies et la crise actuelle n’est que le symptôme d’un étiolement et d’une décomposition du lien représentatif lui-même.

Une routine politique déréglée
Nous avons été habitués en France, notamment depuis les années 1970, au « fait majoritaire » : le président de la République était élu au suffrage universel direct, il avait besoin d’une majorité, qu’il obtenait en général. La vie politique avait une rythmique routinisée d’alternances avec des majorités. Puis ce système s’est peu à peu déréglé.

Les alternances sans alternative se sont multipliées créant un désenchantement chronique dans chacun des camps politiques. La progression de l’extrême droite qui prétend incarner une nouvelle voie est associée au brouillage du clivage gauche-droite. En 2017, l’arrivée d’Emmanuel Macron est comprise comme le produit de l’épuisement du clivage gauche-droite et une réponse à la crise démocratique portée par une rhétorique du « dépassement ».

Mais ce dernier a accentué cette crise en poussant les marges à s’extrémiser et, finalement, en polarisant la vie politique tout en droitisant son positionnement. Emmanuel Macron a nourri l’extrême droite et affaibli la gauche de gouvernement. Alors que les injonctions au compromis sont fortes, le Parti socialiste (PS) est sous la férule de La France insoumise (LFI) et sans cesse exposé à des procès en « trahison ». La difficulté à construire des majorités, liée à la tripartition de la vie politique, est aggravée par la fragmentation interne à chaque bloc.

Pourtant, on ne peut pas comprendre cette crise par le seul jeu politique. Il faut aussi prendre en compte les changements du rapport à la politique par en bas. Depuis le début des années 2000, le mécanisme même de l’élection est mis en cause. La légitimité donnée aux gouvernants par l’élection est de plus en plus faible, comme l’explique Pierre Rosanvallon. Cela est renforcé par le vote stratégique qui s’est largement développé : on vote de plus en plus « utile » pour éliminer, mais les électeurs n’expriment plus vraiment leur préférence, ce qui affaiblit leur engagement dans la désignation d’un représentant et la légitimité de ce dernier. Ainsi, la procédure électorale est abîmée dans ses fondements : on parle de démocratie « négative » (on élimine plus qu’on ne choisit).

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Par ailleurs, la fragmentation des identités politiques renvoie pour partie à la fragmentation de la société elle-même. La crise de gouvernance ou de gouvernabilité est liée à une société plus individualisée et fragmentée par des inégalités exacerbées et une forme de séparatisme. Les identités et des clivages sont plus complexes (genre, écologie, laïcité, islam…), moins structurés par des identités de classe homogènes, comme l’explique Gérard Mauger.

Si les partis politiques ne veulent pas faire de compromis, c’est aussi parce qu’ils ne veulent pas décevoir les groupes sociaux éclatés qui les défendent encore et parce qu’ils craignent de « trahir » des électeurs défiants et des clientèles électorales de plus en plus volatiles et étroites. La société est plus polarisée (la polarisation affective par les réseaux sociaux est indéniable) ce qui rend également les compromis politiques plus difficiles. On peut ajouter que l’émiettement et l’éclatement des identités politiques des électeurs sont favorisés par la faiblesse des partis et leur grand nombre – il y existe aujourd’hui 11 groupes parlementaires à l’Assemblée nationale, ce qui est un record). L’une des conséquences majeures est que les partis politiques n’arrivent plus à organiser le débat public autour de quelques visions cohérentes et simples.

L’impasse politique actuelle pourrait-elle être résolue par une dissolution, par des négociations, par de nouvelles élections législatives ou même par une élection présidentielle ? On peut en douter. Finalement, il est possible que le blanc-seing donné à un président à travers une élection législative succédant à son l’élection n’existe plus à l’avenir. Les majorités politiques sont introuvables mais peut-être aussi les majorités sociales et électorales (c’est-à-dire des alliances de groupes sociaux suffisamment larges pour porter les premières).

Défiance et désenchantement envers la politique
La crise conjoncturelle vécue depuis un an s’inscrit dans une tendance encore plus large, qui est l’accroissement considérable de la défiance à l’égard de la politique.

Selon le baromètre Cevipof 2025, environ 20 % des Français font confiance aux hommes et femmes politiques. Les Français jugent donc la classe politique incapable de régler les problèmes. Ils la jugent même indigne. Il faut dire que le spectacle donné est assez peu attractif, et on peut estimer que le niveau du personnel politique baisse. Le politiste Luc Rouban a montré que ce phénomène nourrit un désir de repli sur la sphère privée sur le mode « Laissez-nous tranquille, la politique on s’en fout ». La crise actuelle est donc le produit de cette défiance et l’incapacité de la classe politique à la résoudre renforce le phénomène.

La déception et le désenchantement se sont accumulés depuis des décennies. L’usure de l’alternance gauche-droite, qui rythmait la vie politique, est profonde. Nicolas Sarkozy n’a eu qu’un mandat, François Hollande également : tous deux ont fait campagne sur le volontarisme, mais ont rapidement déçu. Ils ont mené des politiques libérales sur le plan économique qui ont miné l’idée que la politique pouvait changer les choses. Emmanuel Macron, réélu, a déçu également. Il a favorisé le sentiment anti-élites qui s’est puissamment manifesté lors de la crise des gilets jaunes (et peut-être le 10 septembre prochain). Finalement, chaque camp est marqué par le désenchantement et produit des mécanismes de polarisation. Ainsi, les socialistes ont produit LFI, résultat d’une déception, celle de la gauche au pouvoir. L’extrême droite est aussi, dans une large mesure, le résultat de la désillusion politique. Ces forces (LFI et Rassemblement national) sont hostiles à tout compromis.

Cette défiance envers la politique n’est pas spécifique à la France, comme l’a montré Pierre Martin dans son analyse de la crise des partis de gouvernement. Ces mécanismes sont présents partout, en Europe ou aux États-Unis. Depuis les travaux de Colin Crouch, les sciences politiques parlent même de régimes « post-démocratiques », où les décisions échappent de plus en plus au pouvoir politique.

La mondialisation, l’européanisation, le pouvoir des très grands groupes financiers et des lobbys ont démonétisé le pouvoir politique et réduit ses marges de manœuvre. Or le politique suscite des attentes, et ses acteurs tentent de réenchanter le jeu électoral en faisant des promesses à chaque élection.

Cette situation est d’autant plus mal vécue en France qu’il existe une culture d’attentes très fortes à l’égard de l’État. Cette crise du volontarisme politique crée des déceptions à répétition. La dernière enquête du Cevipof montre que la défiance augmente et qu’elle est associée à un sentiment d’impuissance gouvernementale et électorale. Les Français pensent que la politique ne sert plus à rien : le jeu politicien stérile tournerait à vide, sans impact sur le réel.

La situation actuelle fait le jeu de l’extrême droite, car la défiance à l’égard de la politique nourrit l’antiparlementarisme et renforce aussi l’idée qu’une force politique qui n’a pas exercé de responsabilités peut être un recours.

Par ailleurs, une partie de la société se retrouve sur les thèmes de la droite : immigration, sécurité, rejet de l’écologie, etc. Dans ce contexte, la victoire de l’extrême droite peut apparaître comme inéluctable. Elle est advenue aux États-Unis, il est difficile d’imaginer pouvoir y échapper en France, étant donné la grande fragmentation de la gauche, ses écueils et ses impasses. Reste que si l’extrême droite arrive au pouvoir – ce qui ouvrirait une séquence dramatique – elle sera aussi confrontée à l’épreuve de pouvoir et décevra certainement, sans résoudre la crise politique que nous vivons. Son électorat, très interclassiste (populaire au Nord, plus bourgeois au Sud-Est), a des attentes contradictoires et il sera difficile de le satisfaire.

Comment sortir de l’impasse ?
Il serait naïf de croire en un « solutionnisme institutionnel » qui réglerait cette crise du politique. La démocratie ne se résume pas à des règles du jeu électoral et à des mécanismes institutionnels. Elle est portée par des valeurs, une culture, des pratiques, des comportements. Certaines évolutions ne sont pas moins souhaitables.

Ainsi, un changement de scrutin proportionnel inciterait les électeurs à voter par conviction et à marginaliser le « vote utile ». Il s’agirait de mieux refléter les préférences politiques des électeurs à travers un mode de scrutin et de relégitimer la procédure électorale.

Une sixième République permettrait certainement de régénérer des institutions liées à un présidentialisme épuisé, comme l’a montré Bastien François. Désormais, la verticalité du pouvoir ne fonctionne plus dans une société travaillée par des dynamiques d’horizontalité. L’imaginaire lié au président de la République accentue la déception, en créant un homme providentiel qui ne peut tenir ses promesses. Si les Français ne sont pas favorables à la suppression de l’élection présidentielle au suffrage universel direct, il est possible de limiter les pouvoirs du président – tout comme il est possible d’inverser le calendrier avec des législatives qui précèdent les présidentielles.

De nombreux travaux, comme ceux de Loïc Blondiaux, proposent également des pistes pour penser un nouvel équilibre entre démocratie représentative et démocratie participative, avec une démocratie plus continue, moins focalisée sur l’élection. Pendant longtemps, l’élection suffisait à faire la démocratie, or ce cycle est terminé. Cela suppose de bricoler, d’expérimenter – référendum, convention citoyenne, etc. – afin de trouver un nouvel équilibre entre participation et représentation. Reste que ces solutions sont complexes à mettre en place, alors que la démocratie par le seul vote était très simple. Enfin, la démocratie, c’est une culture, et il est nécessaire de favoriser la participation à tous les niveaux, en favorisant une société plus inclusive, moins compétitive, notamment à l’école ou dans l’entreprise.

Un autre sujet est celui des partis politiques : les citoyens n’y militent plus parce que ces derniers sont perçus comme peu attractifs. Certaines études proposent de les refonder et de repenser, par exemple, leurs financements publics, en conditionnant les dotations à la diversité des représentants élus.

Enfin, un enjeu démocratique majeur consiste à reprendre le pouvoir sur la sphère économique. Le débat sur la taxe Zucman signale le verrou politique à faire sauter : celui du pouvoir de l’oligarchie financière. Tant que le pouvoir politique devra courber l’échine devant la finance, la logique déceptive de la post-démocratie se poursuivra. Pourtant, les inégalités ont tellement augmenté que les sociétés pourraient exiger un rééquilibrage. En ce sens, la post-démocratie n’est pas inéluctable.

Les forces économiques tenteront de protéger leurs positions et leur pouvoir, mais, comme le montre Vincent Tibérj, l’attachement à la justice sociale et à la redistribution est très fort en France, y compris à l’extrême droite. Sous la pression, les élites pourraient donc être contraintes de céder.

Après Bayrou : vers une longue crise de régime

Après Bayrou : vers une longue crise de régime

Le passage de Bayrou comme premier ministre n’aura sans doute pas laissé une grande marque dans l’histoire politique mais ce départ marque vraisemblablement l’entrée du pays dans une crise de régime durable. Bayrou sera bien sûr remplacé comme l’ont été Barnier, Attal, Borne et Édouard Philippe. Mais le futur premier ministre sera soumis aux mêmes contraintes que Bayrou.

Des contraintes caractérisées par un extrême éclatement des forces politiques françaises et leur incapacité à dépasser leurs clivages pour former une majorité. Le futur premier ministre, comme Bayrou, comme les autres, ne disposera d’aucune majorité à l’assemblée. Il faudra faire du coup par coup pendant quelques mois et ce premier ministre sera lui aussi rapidement remercié.

L’hypothèse d’une dissolution de l’assemblée nationale ne résoudra rien. On risque vraisemblablement de retrouver les mêmes clivages à l’issue de nouvelles élections et donc l’immobilisme. Reste l’hypothèse d’un départ prématuré de l’actuel chef de l’État. Le problème c’est que le nouveau président risque d’être affronté à la même incapacité de s’appuyer sur une majorité cohérente…..et courageuse. En outre en précipitant la fin de Macron, le pays s’engage dans une voie d’instabilité durable. Inévitablement un nouveau chef de l’État rencontrera les mêmes problèmes pour constituer un soutien majoritaire cohérent à l’Assemblée nationale.

En outre, un départ avancé de Macron ouvrirait la porte à une pratique de limitation du mandat présidentiel en fonction de l’humeur du moment. En clair en l’état actuel des forces politiques, la Ve République est en train de devenir obsolète. L’impuissance du président, son incroyable impopularité, des premiers ministres éphémères avec une assemblée nationale éclatée et irresponsable constituent des caractéristiques de l’obsolescence constitutionnelle de la Ve République .

La situation se complique d’autant plus que les Français eux-mêmes montrent leur incapacité à comprendre les enjeux actuels notamment comme le risque de conflit militaire en Europe, le danger de l’ogre économique chinois, la montée des autoritarismes dans le monde, la mise en cause des valeurs républicaines et démocratiques, la place de l’immigration. Sans parler au plan socio-économique d’une perte de compétitivité dramatique et de finances publiques à la dérive.

Et de ce point de vue les Français portent aussi une grande responsabilité dans cette crise. Pour faire court, les Français ne sont d’accord que pour manifester des oppositions contradictoires. En cause en particulier une méconnaissance crasse de la problématique économique qui conditionne en grande partie le contexte social et financier.

IA- GPT 5: une application générative de niveau doctorat

IA- GPT 5: une application générative de niveau doctorat

Sortie, jeudi 7 août, GPT-5 est présenté comme son modèle d’IA le « plus intelligent », le « plus rapide » et le « plus utile » à ce jour d’après Franceinfo

« GPT-5, c’est comme de parler à un expert de niveau doctorat sur n’importe quel sujet », a assuré Sam Altman, patron et cofondateur d’OpenAI, lors d’un briefing pour la presse. Il a comparé GPT-3, à l’oeuvre dans la première version de ChatGPT, à un lycéen qui « parfois donne la bonne réponse, et parfois répond n’importe quoi », et GPT-4 à un étudiant à l’université.La quasi-totalité des grands groupes numériques œuvrent de leur côté pour un développement de l’IA générative.. et payante.

L’accès à GPT 5 est gratuit avec un quota limité. Une fois cette limite atteinte, l’utilisateur bascule automatiquement sur GPT-5 mini, une version allégée du modèle. Cette offre permet néanmoins une première expérience avec un modèle capable de raisonnement.
Plus : limites d’usage nettement supérieures à la version gratuite pour un usage plus fluide.
Pro : accès illimité à GPT-5 ainsi qu’à GPT-5 Pro, la version la plus complète.
Team / Enterprise / EDU : GPT-5 devient le modèle par défaut pour les usages professionnels et éducatifs, avec un déploiement prévu la semaine suivante.

Ukraine–Poutine: Trump prêt pour une rencontre hypothétique

Trump prêt pour une rencontre qui n’aura pas lieu


On continue évidemment de jouer au chat et à la souris côté américain sur le dossier ukrainien. Trump aurait sans doute pu envisager une rencontre avec Poutine mais il complique la situation en se montrant ouvert à une réunion avec Poutine mais aussi Zelinsky. Or on sait que Poutine refusera cette proposition de réunion avec le dirigeant ukrainien. L’objectif américain est sans doute de mettre un peu en difficulté sur le plan diplomatique un Poutine campé sur ses positions de défaite complète de l’Ukraine et qui réclame aussi le départ Zelinsky. Actuellement, même une réunion entre Trump et Poutine paraît hypothétique.

Pourtant Donald Trump est «ouvert à une rencontre à la fois avec le président (russe Vladimir) Poutine et avec le président Zelensky», a déclaré sa porte-parole, Karoline Leavitt, interrogée sur ces informations. Elle a précisé que «les Russes (avaient) fait part de leur désir de rencontrer» le président américain, dans un contexte qui s’est nettement tendu récemment entre Moscou et Washington.

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a toutefois nuancé mercredi en affirmant qu’il y avait «encore beaucoup de travail» avant une éventuelle rencontre entre le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine.

Trump: une vision impériale de l’économie

Trump: une vision impériale de l’économie


Ce dimanche, Ursula Von der Leyen et Donald Trump ont annoncé la signature d’un accord imposant 15 % de taxes sur la plupart des produits européens importés aux États-Unis. Cet accord, qui a suscité de vives protestations en France, correspond à la vision du monde du locataire de la Maison Blanche — une vision où l’idéologie semble, en l’occurrence, prendre le pas sur les considérations purement économiques. Nous vous invitions aujourd’hui à redécouvrir cette analyse rédigée après la première proclamation par Donald Trump d’une salve de tarifs douaniers visant de nombreux pays du monde…

par
Jérôme Viala-Gaudefroy
Spécialiste de la politique américaine, Sciences Po dans The Conversation

Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a lancé une nouvelle salve de droits de douane sans précédent aussi bien par leur ampleur que par leurs cibles. Alliés traditionnels et rivaux stratégiques sont désormais logés à la même enseigne, dans ce qui constitue un tournant radical de la politique commerciale états-unienne. Ce durcissement n’est cependant pas une rupture totale : il prolonge les orientations de son premier mandat en les amplifiant et en affichant une volonté de toute-puissance sans limites.

Comme en 2017, quand il parlait du « carnage américain », Trump brosse un portrait apocalyptique des États-Unis, réduits selon lui à une nation « pillée, saccagée, violée et spoliée ». À ce récit dramatique s’oppose une double promesse : celle d’une « libération » et d’un « âge d’or » restauré.

Les droits de douane deviennent ainsi les armes d’une croisade nationaliste où chaque importation est une atteinte à la souveraineté, et chaque exportation un acte de reconquête.

Une vision autoritaire du commerce international

Cette doctrine commerciale de Trump s’inscrit dans une stratégie plus large caractérisée par la confrontation, la centralisation du pouvoir exécutif et une conception néo-impériale de l’économie mondiale. Loin de viser uniquement la protection de l’industrie nationale, ses mesures tarifaires cherchent à refaçonner l’ordre global selon sa propre grille de lecture des intérêts de son pays. Ce deuxième acte de la révolution trumpiste est moins une répétition qu’une accélération : celle d’un projet autoritaire fondé sur le rejet du multilatéralisme – comme en témoigne le mépris total de l’administration actuelle à l’égard de l’Organisation mondiale du commerce – et la glorification d’une souveraineté brute.

Les justifications chiffrées de ces politiques semblent à la fois fantaisistes et révélatrices. Les méthodes de calcul avancées – la division du déficit commercial bilatéral par le volume des importations – servent d’abord à frapper les pays avec lesquels les États-Unis ont un déficit commercial. Officiellement, trois objectifs sont visés : réduire ces déficits, relocaliser la production et accroître les recettes fédérales.

Mais cette trilogie économique masque une visée politique plus profonde : renforcer l’autorité présidentielle et imposer un ordre international fondé sur la domination plutôt que sur la coopération.

L’expérience du premier mandat de Trump a montré les limites de cette stratégie. La guerre commerciale contre la Chine, en particulier, a provoqué une hausse des prix pour les consommateurs, désorganisé les chaînes d’approvisionnement et lourdement pénalisé les exportateurs agricoles. Une étude a estimé que ce sont les consommateurs états-uniens qui ont absorbé la majorité de ces coûts, avec une augmentation moyenne de 1 % des prix des biens manufacturés.

Trump n’est pas un chef d’État dont l’action s’inscrit dans le cadre du multilatéralisme. Il agit en seigneur solitaire, distribuant récompenses et sanctions au gré de ses intérêts politiques, voire personnels. Les droits de douane deviennent alors autant des messages médiatiques que des outils économiques. Présentés comme des « tarifs réciproques », ils construisent une narration simplifiée et percutante : celle d’un justicier qui redresse les torts infligés à des citoyens trahis par le libre-échange.

Ce récit est particulièrement populaire chez les ouvriers du secteur industriel, comme l’automobile. Il permet de désigner des coupables comme la Chine, l’Europe, ainsi que les élites nationales qui ont soutenu le libre-échange. Il transforme de fait le commerce en affrontement moral. Il ne s’agit plus de négocier mais de punir. Dans cette logique, la hausse spectaculaire des tarifs douaniers ne relève plus de l’économie, mais devient une question de souveraineté voire de puissance symbolique.

D’une obsession personnelle à une doctrine d’État

Ce protectionnisme n’a rien d’improvisé : il s’inscrit dans une obsession de longue date chez Donald Trump. En 1987, il dénonçait déjà les excédents commerciaux avec le Japon et appelait à imposer des droits de douane significatifs à Tokyo. Il parlait d’escroquerie et exprimait une forme de paranoïa face à l’idée que les États-Unis puissent être humiliés ou lésés. Cette attitude révèle sa volonté tenace de reprendre l’avantage, de « gagner » dans un monde qu’il perçoit comme fondamentalement conflictuel et hostile. C’est l’une des rares constantes chez Trump, qui n’est pas un idéologue, et qui, sur bien d’autres sujets, n’hésite pas à opérer des revirements spectaculaires.

Désormais, tout devient enjeu de souveraineté : terres rares, minerais stratégiques, données, routes maritimes. Cette vision rappelle le tournant impérialiste de la fin du XIXe siècle, notamment la présidence McKinley (1897-1901), que Trump a d’ailleurs célébrée lors de son discours d’investiture.

C’est dans cette logique qu’il faut comprendre certaines initiatives provocatrices : volonté d’acheter le Groenland, pressions sur le Canada pour accéder à ses ressources, ou encore intérêts miniers en Ukraine. Une idée implicite s’impose : les ressources sont limitées, et il faut s’assurer une part maximale du gâteau avant qu’il ne disparaisse. Dans cet univers concurrentiel perçu comme un jeu à somme nulle — quand il y a un gagnant, c’est qu’il y a forcément un perdant —, la domination remplace la coopération.

Vers un mercantilisme techno-nationaliste

Dans cette logique, la concurrence devient une menace à neutraliser plutôt qu’un moteur de progrès. L’objectif n’est pas d’élever la compétitivité des États-Unis, mais d’étouffer celle des rivaux. La vision qui préside à cette politique n’est plus celle d’un État démocratique jouant plus ou moins selon les règles du marché mondial, du moins dans le discours, mais celle d’une entreprise cherchant ostensiblement à imposer son monopole.

Ce virage autoritaire trouve un écho dans l’univers intellectuel trumpiste. Peter Thiel, mentor du vice-président J. D. Vance, affirme par exemple que « le capitalisme et la concurrence sont opposés », plaidant pour la suprématie des monopoles. Ainsi, les coupes drastiques dans l’appareil d’État fédéral et les dérégulations ne sont pas justifiées par une foi dans le libre marché, mais par un désir de contrôle et d’hégémonie.

L’objectif n’est plus d’intégrer les flux mondiaux, mais de les contourner. Il s’agit de construire une forme d’autarcie impériale, où l’Amérique dominerait une sphère d’influence fermée, protégée de la concurrence. Ce mercantilisme contemporain ne parle plus d’or ou d’argent, mais de données, d’infrastructures, de dollars et de cryptomonnaie. Il troque la coopération contre la coercition.

Vers un ordre international autoritaire ou un désastre politique ?

L’annonce du 2 avril 2025 ne peut être réduite à une mesure économique. Elle constitue un acte politique majeur, un jalon dans l’édification d’un nouvel ordre mondial fondé sur la force et la loyauté, au détriment du droit et de la coopération.

La continuité avec le premier mandat est claire. Mais l’ampleur, la radicalité et la centralisation du pouvoir marquent une rupture nette. D’ailleurs, Trump considère plus que jamais l’État comme sa propriété (ou son entreprise) personnelle, une forme de patrimonialisme. Le président impose un modèle autoritaire, où le commerce est une arme dans une guerre froide mondiale, nourrie par la peur du déclin et l’obsession du contrôle. Dans ce contexte, la prospérité cesse d’être un horizon collectif pour devenir un privilège réservé aux puissants.

Une telle dynamique pourrait se révéler politiquement explosive selon la résistance de Donald Trump à la chute des marchés financiers et à une probable inflation qui risquent de fragiliser le pouvoir exécutif.

Si, à l’issue de la période de 90 jours de suspension des droits de douane à laquelle il s’est résolue le 9 avril, il persiste dans son intransigeance malgré une baisse déjà sensible de sa popularité, les élus républicains au Congrès pourraient, sous la pression de leur base et de leurs donateurs, reprendre leur rôle de contre-pouvoir. Déjà, les premières critiques internes émergent, tandis que monte une colère populaire encore diffuse, mais palpable, contre le pouvoir.

Marché automobile européen : Une triple crise

Marché automobile européen : Une triple crise

Une grave crise se confirme dans l’industrie automobile européenne avec un nouveau recul de 8 % en juillet sur un an. En cause peut-être d’abord la concurrence chinoise très compétitive dans le secteur de l’électrique. Précisément un domaine qui n’a été investi que tardivement par les constructeurs européens par ailleurs trop dépendant des technologies chinoises. L’Europe est également victime de ses propres normes avec l’échéance illusoire de 2035 pour la fin des voitures thermiques : un vrai cadeau pour la Chine. Enfin Trump avec ses taxes douanières vient de donner un coup de grâce à l’industrie notamment allemande qui devrait cependant résister car elle s’adresse à des couches moyennement aisées aux Etats-Unis.

Les immatriculations de voitures neuves ont encore reculé de 7,7% en juillet par rapport au même mois l’année dernière, selon les chiffres de la Plate Forme Automobile, qui regroupe constructeurs et équipementiers. Une baisse continue depuis le début de l’année, avec une diminution de 34% de voitures neuves à moteur essence depuis le début de l’année et moins 41% pour les voitures diesel.

Le marché français est désormais dominé par les modèles hybrides, avec 53% des ventes totales le mois dernier, contre seulement 17% pour l’électrique, qui patine toujours malgré le lancement de nombreux nouveaux modèles récemment, et en attendant le retour de l’opération de leasing social en septembre qui devrait alors booster le marché. La voiture électrique la plus vendue ces derniers mois reste la R5 mais elle n’occupe que la 13e place du classement total des ventes, toujours dominé par la Renault Clio, la Peugeot 208 et la Dacia Sandero.

Natalité: une baisse structurelle

Natalité: une baisse structurelle

La chute des naissances s’est poursuivie en France en 2024, de l’ordre de 2,8% sur un an, a annoncé l’Insee mardi 29 juillet. En cause, un recul de la fécondité. Autrement dit, les femmes françaises ont de moins en moins d’enfants, quels que soient leur âge et leur milieu social. La tendance est confirmée par l’indice conjoncturel de fécondité (ICF) : alors qu’en 2010 les femmes françaises donnaient naissance à 2,02 bébés en moyenne au cours de la vie, ce chiffre s’établit désormais à 1,66. Si le chiffre est en baisse, dans l’Union européenne, seule la Bulgarie fait mieux. Une situation étonnante, mais qui ne surprend pas Gilles Pison, démographe à l’Institut national d’études démographiques (Ined), interrogé par TF1info.

On peut toujours avoir des surprises, personne n’avait anticipé le baby-boom après la Seconde Guerre mondiale

En France, le nombre d’enfants par femme n’a fait que baisser depuis 15 ans, rappelle le chercheur : « Le retournement s’est fait au moment de la crise économique de 2007-2008. Cela a stoppé l’augmentation qu’on observait depuis les années 1990. » Cependant, l’Hexagone est toujours resté bien au-dessus de la moyenne de l’UE, qui s’établit en 2023 à 1,38.

Tout en bas du classement, on retrouve Malte (1,05 enfant par femme), l’Espagne (1,12) ou encore la Lituanie (1,19). Si la chute des naissances se poursuit, la France pourrait-elle atteindre ces niveaux historiquement bas ? « Ce serait très étonnant », assure Gilles Pison, qui se refuse néanmoins à tout pronostic : « Chacun peut faire ses hypothèses sur le seuil minimal que va atteindre la France et autour duquel elle va se stabiliser. Mais on peut toujours avoir des surprises, personne n’avait anticipé le baby-boom après la Seconde Guerre mondiale ! »

L’influence des politiques publiques sur la natalité

Avec la baisse de cet indicateur statistique, la France se retrouve dans une situation comparable à celle de la Bulgarie (1,81), de la Hongrie (1,55) et de la Roumanie (1,54), selon les dernières données disponibles d’Eurostat. Elle est ainsi le seul pays d’Europe occidentale aussi haut dans le classement. Notre plus proche voisin, l’Allemagne, se situe, elle, très proche de la moyenne européenne.

Malgré son décrochage relatif, la fécondité en France reste bien supérieure à celle enregistrée outre-Rhin, autour de 1,4. Pour Gilles Pison, qui est aussi professeur émérite au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, l’écart peut se creuser avec la mise en place de politiques publiques : « Berlin a développé une politique familiale importante en termes de part du budget national. Mais les mesures précises varient notamment au niveau de la scolarisation des jeunes enfants. En Allemagne, ils n’entrent à l’école qu’à 6 ans, et seulement le matin. Cela pose un vrai souci de garde pour les parents qui travaillent. »

De là à faire baisser le désir d’enfant ? Impossible de le savoir de manière certaine, mais l’hypothèse est avancée par de nombreux chercheurs : « Certaines femmes repoussent la grossesse pour continuer à travailler. En Allemagne, pendant longtemps, le fait de faire garder très tôt son bébé était mal vu. Même si ça évolue, c’est encore le cas aujourd’hui. » Les préjugés pourraient donc aussi jouer un rôle dans l’évolution de l’indice de fécondité et expliquer les différences avec nos voisins.

Selon les derniers modèles de prévision qui se projettent à horizon 2050, Paris devrait rester dans le haut du classement de l’UE, comme « depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ». Mais le seuil de remplacement des générations, fixé par l’Insee à 2,05 enfants par femme, semble s’éloigner inexorablement.

Economie- Pour une souveraineté agricole

Economie- Pour une souveraineté agricole

La moisson 2025 est abondante, avec plus de 33 millions de tonnes de blé. Pourtant, les céréaliers français peinent à célébrer. Les cours s’effondrent, les coûts explosent, et la rentabilité s’effrite. Derrière des silos pleins, c’est un modèle agricole à bout de souffle.
Collectif dans La Tribune(*)

La moisson 2025 s’annonce généreuse. Après une campagne 2024 désastreuse, la France renoue avec des rendements honorables. La récolte de blé devrait dépasser les 33 millions de tonnes. Et pourtant, les agriculteurs n’ont pas le cœur à la fête. (1)

Le contrat blé sur Euronext est passé sous la barre des 200 euros/tonne. En un an, ce sont plus de 45 euros/t qui ont été perdus. L’euro s’est fortement apprécié face au dollar, laminant la compétitivité des exportations. La Russie et la Roumanie inondent les marchés. L’Ukraine reste présente malgré les quotas. L’Algérie, jadis premier débouché du blé français hors Union européenne, achète désormais russe. (2)

Les coûts, eux, ne baissent pas. Les engrais azotés, toujours chers, pèsent lourdement sur la rentabilité. Le prix de la solution azotée à Rouen a bondi de 280 euros/t à 330 euros/t en un mois. L’instabilité géopolitique, l’incertitude logistique au Moyen-Orient, les taxes européennes sur les engrais russes… tout cela entretient une tension chronique. (3)

Résultat : des volumes récoltés, mais une équation économique intenable. Même avec des rendements satisfaisants, les prix de vente restent inférieurs aux coûts de production. Le modèle craque.

Face à ce constat, il ne suffit plus de « demander des aides » ou de « réformer la PAC ». Il faut penser plus large, plus stratégique. Voici une série de propositions concrètes, articulées autour d’un objectif : reconquérir notre souveraineté agricole, énergétique et industrielle.

La France consomme chaque année environ 3 millions de tonnes d’engrais azotés (urée, ammonitrate, solution azotée). Aujourd’hui, elle dépend quasi intégralement de l’étranger pour ces intrants agricoles essentiels. Dans un monde instable, c’est une vulnérabilité. (4)

Nous proposons de créer une filière nationale d’ammoniac et d’engrais azoté, décarbonée, compétitive et tournée vers l’exportation.

Produire une tonne d’engrais azoté par électrolyse (hydrogène vert) nécessite environ 6 à 9 MWh d’électricité. Pour produire 5 millions de tonnes par an (3 Mt pour la consommation française, 2 Mt pour l’export), il faudrait entre 30 et 45 TWh d’électricité par an — soit 6 à 9 % de la production électrique nationale. (5)

Ce chiffre peut sembler élevé… mais il ne l’est pas. La consommation électrique française a baissé de 15 % depuis 2005 du fait de la désindustrialisation (soit environ 60 TWh en moins). Nous disposons donc d’un gisement de consommation disponible pour produire localement ce que nous importons à prix fort. (6)

Avec de l’électricité à bas coût (20 €/MWh ou moins, comme c’est souvent le cas lors des pics de production renouvelable), le coût de production d’une tonne d’engrais azoté décarboné est estimé entre 150 et 250 €, incluant amortissement et fonctionnement des installations. Ce prix est compétitif avec les niveaux actuels du marché (330 à 450 €/t selon le type et l’origine). (7)

Dans un premier temps, cette nouvelle filière pourrait s’appuyer sur : nos gisements de gaz de houille (anciens bassins miniers du Nord et de Lorraine), nos gisements d’hydrogène natif, récemment redécouverts dans plusieurs régions (Massif central, Pyrénées), nos installations solaires et éoliennes existantes, souvent implantées en milieu rural, dont la production intermittente est peu valorisée. (8)

Il ne s’agit pas de construire des éoliennes supplémentaires. Il s’agit de donner une utilité agricole et stratégique à celles qui sont déjà là, en les connectant à des électrolyseurs capables de produire de l’hydrogène quand l’électricité est excédentaire.

Ce serait un juste retour pour les campagnes françaises, qui ont accepté ces installations, mais n’en retirent souvent que peu de bénéfices directs.

Nous proposons de créer un compte d’épargne d’exploitation agricole : Lors des bonnes années, l’agriculteur pourrait y verser une partie de son bénéfice, en tant que charge déductible. Lors des années difficiles, il pourrait retirer les sommes, requalifiées en produit d’exploitation.

Ce mécanisme, simple, responsabilisant, permettrait aux agriculteurs de lisser leur revenu sur plusieurs années, sans dépendre des aides ponctuelles.

Aujourd’hui, l’amortissement est linéaire et rigide. Il faut permettre aux exploitants d’amortir davantage lors des bonnes années, et moins en période difficile.

Cette souplesse fiscale donnerait plus d’autonomie à l’agriculture, sans coûter un euro de plus à l’État.

Nous proposons de (re) bâtir une diplomatie du blé. Depuis 25 ans, c’est un effet de nos propres embargos, la Russie a bâti une diplomatie du blé. Elle vend du blé… mais aussi du lien politique, du crédit diplomatique, du levier stratégique. Aujourd’hui, c’est la Russie qui nourrit l’Algérie. Pas la France. (10)

L’agriculture est un instrument de puissance. Il est temps que la France se dote d’une stratégie céréalière à l’international. Nos relations avec le Maghreb, l’Afrique de l’Ouest, le Proche-Orient devraient intégrer une logique d’approvisionnement et de coopération agricole à long terme.

La souveraineté alimentaire ne s’arrête pas à la moisson. Elle doit se poursuivre jusqu’à l’assiette.

Aujourd’hui, une part significative de notre production est transformée à l’étranger. Les céréales, les pommes, la viande, le lait… quittent nos fermes pour être découpés, emballés, reconditionnés ailleurs. (11)

Il faut réimplanter des unités de transformation en France : conserveries, meuneries, laiteries, légumeries, usines de protéines végétales. Cela créera de l’emploi, de la valeur ajoutée, de l’autonomie. Cela se fera, d’une part, en baissant le coût du travail par un basculant vers l’impôt des charges sociales non contributives qui sont actuellement payées par les travailleurs et les employeurs, d’autre part en faisant des économies drastiques dans le fonctionnement de l’État [cf programme general de Nouvelle-Energie]

Nous souhaitons plus de bons sens dans les décisions nationales. Aujourd’hui, un agriculteur peut obtenir un revenu garanti pendant vingt ans en installant des panneaux photovoltaïques sur ses terres, ou des éoliennes. Mais s’il veut produire du blé, on lui explique qu’il n’y a pas de solution face à la volatilité des marchés. (12)

Ce système est absurde. Il encourage la rente au détriment de la production, l’artificialisation au détriment du vivant, l’importation alimentaire au détriment de la souveraineté.

Il est temps d’inverser la logique.

Relocalisons la production d’engrais azotés, transformons nos matières premières sur notre sol, valorisons nos surplus d’électricité, stabilisons les revenus agricoles, menons une diplomatie du blé : c’est le programme que nous proposons.

Un programme de bon sens. Un programme de production. Un programme de souveraineté.

Une France agricole, énergétique, industrielle. Voilà ce que nous devons reconstruire.

Références :

(1) Chiffres de récolte de blé : FranceAgriMer, « Bilan de la récolte 2025′, juillet 2025.
(2) Prix du contrat blé sur Euronext : Argus Media, Note de conjoncture des marchés, juillet 2025.
(3) Prix de la solution azotée : Argus Media, idem.
(4) Données de consommation d’engrais azotés en France : Ministère de l’Agriculture, Agreste, « Utilisation des fertilisants », édition 2023.
(5) Énergie nécessaire à la production d’engrais par électrolyse : IEA, « Ammonia Technology Roadmap », 2021 ; Fertilizers Europe, « Carbon Footprint of Fertilizers », 2021.
(6) Consommation électrique française et baisse depuis 2005 : RTE, « Bilan électrique 2023′, janvier 2024.
(7) Prix de l’électricité en période de surproduction : EPEX SPOT, données marché France 2023-2024.
(8) Gisements de gaz de houille : BRGM, « Ressources énergétiques du sous-sol français », 2020.
(9) Hydrogène natif en France : IFPEN et Engie, « Hydrogène naturel : potentiel français », 2023.
(10) Diplomatie du blé russe : FAO, « Wheat Trade and Geopolitics », 2022.
(11) Transformation agricole hors de France : INSEE, Agreste, « Commerce agroalimentaire et transformation », 2022.
(12) Rentabilité des panneaux photovoltaïques agricoles : CRE, « Rémunération des installations photovoltaïques », 2024.

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(*) Signataires :

Angélique Delahaye, maraichère, ancienne députée européenne.
Thierry Moisy, agriculteur, Conseiller municipal à Saint-Paterne-Racan (Indre-et-Loire). Président d’une organisation de producteurs de pommes et de poires.
Arthur Portier, agriculteur dans l’Oise. Consultant sur les marchés de matières premières.
Thomas Danrée, ingénieur agronome.
Yves d’Amécourt, ingénieur de l’école des mines d’Alès, viticulteur, ancien élu local de Gironde (conseiller général, maire, Président d’EPCI, conseiller régional). Référent agriculture, forêt, pêche, ruralité, de Nouvelle-Energie et Porte-Voix de Nouvelle-Energie, le parti présidé par David Lisnard.
Théo Legrand, consultant et auteur.

Environnement-Loi Duplomb : pour une critique rationnelle

Environnement: Loi Duplomb : pour une critique rationnelle » Rubio

Face au débat soulevé par la loi Duplomb, Christophe Madrolle, président de l’UCE et conseiller régional Sud, et Raphaël Rubio, secrétaire général de l’association Egali-terre, proposent de redéfinir les cadres d’expression démocratique par la création d’un Défenseur de l’environnement.

par Christophe Madrolle, président de l’UCE et conseiller régional Sud, et Raphaël Rubio, secrétaire général de l’association Egali-terre.
Christophe Madrolle, président de l’UCE et conseiller régional Sud, et Raphaël Rubio, secrétaire général de l’association Egali-terre dans La Tribune.

« La démocratie ne peut fonctionner que si elle est soutenue par la raison », avertissait, il y a 20 ans, Jürgen Habermas, dans son ouvrage « Entre naturalisme et religion ». En ce sens, le philosophe posait un objectif, ou plutôt une exigence : « dépasser, écrivait-il, les passions partisanes pour construire un débat public éclairé et équitable.»

La récente loi Duplomb cristallise ces mêmes passions. Il est vrai que l’adoption assez expéditive du texte a pu être assimilée à un véritable « hold-up ». Son rapporteur, probablement mû par une frilosité excessive, est allé jusqu’à déposer une motion de rejet préalable. La volonté était claire : contourner le millier d’amendements déposés par les opposants. Dans cette perspective, le peuple passe à l’action. Une étudiante de 23 ans — presque une enfant — prend des airs de « Jeanne d’Arc » et rétablit, d’un trait, la légitimité de la parole démocratique. Une pétition circule, la discussion s’ouvre, la France s’engage sur le chemin d’une sorte de « guerre juste ». Le narratif paraît parfait. Une nation adulte, vent debout, réinvente sous nos yeux l’exercice de la liberté.

Et pourtant. Une analyse attentive permet de mesurer combien une série de mythes structure cette « belle histoire ». Le plus dangereux d’entre eux semble être celui de l’empoisonnement. Ce dernier est marqué par des accusations contre des groupes marginalisés ou plus récemment contre des élites perçues comme intrinsèquement malveillantes. Dans ce contexte, une angoisse similaire traverse les anti-vax et les adversaires les plus acharnés de la loi Duplomb. Tandis que les premiers assimilent les vaccins à des vecteurs de maladies ou de contrôle, les autres accusent les autorités de promouvoir des pesticides pour intoxiquer les « honnêtes gens ». Ces mouvements, bien que distincts, traduisent une crainte commune : celle de la dégénérescence. La chair du peuple, à savoir son corps symbolique, devient alors un objet politique à part entière.

Le phénomène est inquiétant. Le mélange entre « grande peur », mythe invérifiable et menace existentielle peut conduire au pire. À cet égard, il est pour nous hors de question de participer à la dévalorisation du débat public. Depuis trop longtemps, une espèce d’irrationalité colle à la peau des écologistes : méfiants envers la science, technophobes, tenants d’un naturalisme vaguement romantique, les Verts alimentent à plus soif un discours factieux, qui, in fine, se retournera contre eux !

Le mélange entre « grande peur », mythe invérifiable et menace existentielle peut conduire au pire.
La loi Duplomb, certes, est critiquable. Sa remise en cause doit toutefois être réalisée sur des bases rationnelles. Nous refusons ainsi le déploiement d’une agriculture intensive. Écologistes pragmatiques, nous désirons un système neuf, susceptible de garantir un revenu décent aux exploitants tout en préservant les sols, les ressources hydriques et la santé des consommateurs. Par ailleurs, la facilitation des mégabassines ou encore l’assouplissement des normes environnementales sont inacceptables.

Bien évidemment, la réintroduction dérogatoire de l’acétamipride, un néonicotinoïde interdit depuis 2018, constitue, à nos yeux, une menace contre les pollinisateurs.

En réalité, les questions du partage de l’eau ou de l’élevage industriel sont trop sérieuses pour être traitées au détour d’une proposition parlementaire dont les débats ont été réduits à portion congrue.

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Des champignons pour en finir avec les pesticides

Plus profondément, la loi Duplomb devrait être l’occasion de redéfinir les cadres d’expression démocratique. Comment dépasser les crispations partisanes et établir un équilibre entre science, société civile et travail des élus ? Une piste devrait être envisagée : la création d’un Défenseur de l’environnement.

Proposée dès 2018 par Cécile Muschotti, ancienne députée LREM du Var, cette initiative répond à l’urgence d’une écologie rationnelle.

Un Défenseur de l’environnement serait pertinent, et ce pour plusieurs raisons : il permettrait, tout d’abord, d’éteindre les fantasmes complotistes et de favoriser un dialogue factuel entre élus, scientifiques et société civile.

Il pourrait ensuite, en s’appuyant sur la Charte de l’environnement de 2005, arbitrer les conflits entre productivité agricole et préservation écologique. Nous imaginons de plus une mutualisation des instances existantes (Commission nationale du débat public, Médiateur de l’énergie), de façon à offrir un guichet unique capable de garantir la concertation.

Écologie et démocratie sont indissociables. La valeur de la parole rationnelle, libre, et structurée dans des espaces de citoyenneté apaisées doit, coûte que coûte, être renforcée.

Tel est, précisément, le sens de notre combat.

France : Une démocratie de contestataires ?

France : Une démocratie de contestataires ?

Les sujets avec lesquels des Français ne sont pas d’accord fleurissent à l’occasion de l’examen du budget . Pour simplifier, on constate des majorités contre mais très rarement des majorités constructives. Une addition de contradictions, d’opposants, de corporatistes et souvent de démagogues. Comma dans la pétition de la loi Duplomp.

Exactement à l’image de ce qu’est l’Assemblée nationale : sorte d’auberge espagnole où tous les avis mêmes les plus tordus peuvent s’exprimer. Dernier exemple en date la déclaration de l’exhibitionnisme Sandrine Rousseau qui déclare à propos de la compétitivité de l’agriculture : « je n’en ai rien à péter ». Une confusion sans doute entre le bistrot et le Parlement. Bref des propos qu’on peut admettre après cinq ou six tournées d’apéritifs mais pas de la part d’une députée censée représenter l’intérêt général. L’addition des oppositions à la loi Duplomb révèle la même coagulation de toutes les contradictions. Pour les pétitionnaires tout cas pour beaucoup, peu importe que toute l’Europe soit en faveur du rétablissement d’un pesticide destiné surtout aux betteraves!( néonicotinoïdes). Pour eux, c’est la France qui a raison contre les experts internationaux officiels et de s’appuyer sur l’avis de quelques chercheurs traditionnellement gauchistes du CNRS. Cela contre l’avis des organismes officiels français et internationaux.

Certes les pétitions comme les manifestations participent de la démocratie, elles peuvent être utiles voir nécessaires. Elles ne sauraient être cependant déterminantes car le plus souvent elles ne représentent que de 2 à 3 % du corps électoral. Et de toute manière, on ne gouverne pas un pays en fonction des humeurs protestataires des uns ou des autres. Il est assez pitoyable de voir des partis de gouvernement comme le parti socialiste tenter de survivre en suivant les protestations manipulées par l’extrême gauche. La question du pesticide destiné en particulier aux betteraves est complexe et nécessite une régulation à l’échelle internationale. Un traitement nationaliste ne fera qu’empirer la situation en France pour le consommateur.

Une part croissante de la dépense publique pour soutenir l’activité marchande

Une part croissante de la dépense publique pour soutenir l’activité marchande ?


« Une part croissante de la dépense publique soutient l’activité marchande plutôt que l’éducation, la santé, le logement ou l’environnement »; par Anne-Laure Delatte,Directrice de recherche au CNRS dans Le Monde

En France, les aides publiques aux entreprises ont triplé depuis 1979. A l’heure où le gouvernement cherche désespérément 40 milliards d’euros, elles sont l’angle mort du débat budgétaire, affirme l’économiste Anne-Laure Delatte, dans une tribune au « Monde ».

Alors que la commission d’enquête sénatoriale sur les aides publiques aux grandes entreprises a rendu ses conclusions mardi 8 juillet, la question de leur ampleur, de leur efficacité et de leur pilotage est loin d’occuper la place qu’elle devrait dans le débat budgétaire. Et pourtant, les auditions menées ces derniers mois ont confirmé un constat largement partagé par les chercheurs comme par les administrations : ces aides sont nombreuses, peu lisibles et rarement évaluées. Leur poids dans les finances publiques, comme leur rôle dans les orientations économiques du pays justifieraient un examen bien plus soutenu.

L’une des raisons tient à leur nature. Une grande partie des aides publiques aux grandes entreprises ne prend pas la forme de subventions directes, mais passe par des avantages fiscaux (comme les allègements d’impôt) ou des exonérations de cotisations sociales. Ces dispositifs ne donnent pas lieu à des versements : ce sont des recettes que l’Etat ou la Sécurité sociale choisissent de ne pas percevoir. Résultat : ils n’apparaissent pas comme des dépenses dans les documents budgétaires, et échappent en grande partie au débat public – alors même qu’ils représentent une forme de dépense à part entière.

Notre étude, publiée cette semaine dans la Revue d’économie politique (Abdelsalam, Delatte, Guillaume, 2025), propose pour la première fois une estimation globale et historique de ces aides indirectes. Elles n’avaient jusqu’ici jamais été rassemblées en un seul endroit, dans une perspective historique permettant d’en suivre l’évolution et d’en apprécier les tendances de long terme. En exploitant quarante-cinq ans d’archives économiques et financières, nous mettons en lumière trois faits marquants.

D’abord, leur ampleur : en moyenne, plus de 90 milliards d’euros d’avantages fiscaux et d’exonérations sociales sont accordés chaque année aux entreprises. En 2022, cela représentait plus de 110 milliards d’euros de recettes non perçues. Pour 100 euros d’impôt sur les sociétés théoriquement dus, seuls 70 sont effectivement collectés. Pour 100 euros de cotisations sociales dues, la Sécurité sociale n’en reçoit que 84. Ces soutiens indirects représentent désormais près de 60 % de l’ensemble des aides.

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