Archive mensuelle de avril 2021

Economie, politique, société: les plus lus

Economie, politique, société: les plus lus

 

Amazon augmente les salaires

Amazon augmente les salaires

Amazon rehausse les salaires de son personnel employé à l’heure après que la majorité des travailleurs d’un de ses entrepôts a voté contre la création d’un syndicat.( Un article du Wall Street Journal)

Le géant du e-commerce a annoncé mercredi que plus de 500 000 de ses employés obtiendraient des augmentations dans une fourchette comprise entre 50 cents et 3 dollars de l’heure. Amazon, qui offre un salaire minimum de 15 dollars de l’heure et emploie environ 950 000 personnes aux Etats-Unis, a indiqué que ces augmentations représentaient un investissement de plus d’un milliard de dollars.

L’augmentation concerne différents types de travailleurs aux plannings variés, mais en moyenne, pour le nombre total de salariés affectés, elle correspond à environ 40 dollars par semaine et par tête.

Amazon a assuré que son salaire de départ resterait à 15 dollars de l’heure. La société n’a pas souhaité indiquer quelle serait l’augmentation moyenne, mais a fait savoir qu’elle dépendait de facteurs tels que l’ancienneté.

Une porte-parole de l’entreprise a expliqué qu’Amazon avait décidé d’avancer ses révisions salariales prévues en automne pour relever les paies dès à présent. Elle n’a pas précisé si les augmentations avaient un rapport avec l’élection d’un syndicat à Bessemer, en Alabama, mais a déclaré qu’elles étaient liées aux embauches et au maintien de la compétitivité d’Amazon sur le marché de l’emploi. L’entreprise a également annoncé des recrutements en cours pour des dizaines de milliers de postes aux Etats-Unis.

Amazon a dévoilé les augmentations un jour avant la publication de ses résultats trimestriels et alors que l’entreprise se prépare à une audience fédérale au sujet d’objections à sa victoire lors de l’élection syndicale du début du mois.

Le National Labor Relations Board (NLRB) a programmé une audience pour étudier les objections du syndicat de la distribution, de la vente de gros et des grands magasins (RWSSU), qui accuse Amazon d’avoir intimidé illégalement des salariés de l’entrepôt d’Alabama. Le NLRB doit entendre les arguments à partir du 7 mai, avant de statuer sur une certification des résultats de l’élection du 9 avril. Amazon nie toute irrégularité.

Le patron d’Amazon, Jeff Bezos, a déclaré après l’élection que l’entreprise souhaitait améliorer ses relations avec ses salariés employés à l’heure. Il a ajouté qu’elle travaillait à la création de solutions innovantes pour réduire le nombre de blessures dans ses centaines d’entrepôt. Il a également défendu les pratiques de l’entreprise contre des accusations selon lesquelles elle traite de manière injuste de sa main-d’œuvre.

Amazon est l’un des employeurs qui a procédé au plus d’embauches aux Etats-Unis, particulièrement pendant la pandémie de coronavirus, et la reprise économique devrait exercer une pression croissante pour qu’il reste compétitif sur le marché de l’emploi. Le groupe a recruté 500 000 nouveaux salariés dans le monde l’an dernier, portant ses effectifs à près de 1,3 million, dans un contexte de forte hausse de la demande de services de cloud computing et de distribution.

La pandémie a aussi donné à Amazon la puissance financière nécessaire pour rehausser ses rémunérations. Le quasi-milliard de dollars que l’entreprise prévoit de consacrer aux augmentations annoncées mercredi correspondent à environ 10 % de la hausse du résultat net de l’an dernier, qui a grimpé de 84 % pour atteindre 21,3 milliards de dollars.

Amazon a contribué à l’amélioration des bas salaires en 2018 en relevant son salaire horaire à 15 dollars, bien qu’il ait parallèlement abandonné certaines primes et rémunérations en actions.

Amazon fait partie des grands groupes américains à avoir appelé récemment à une hausse du salaire minimum fédéral, alors que le Congrès débat du sujet. Il est actuellement de 7,25 dollars de l’heure, soit le même qu’en Alabama.

Costco fait partie des autres entreprises proposant un salaire de départ d’au moins 15 dollars de l’heure.

Starbucks a annoncé l’an dernier qu’il relèverait les salaires dans ses magasins américains de 10 % pour les salariés en poste et de 5 % pour les nouvelles embauches, dans le but d’améliorer le recrutement et la rétention. L’entreprise s’est engagée à relever le salaire de tout son personnel en magasin américain à au moins 15 dollars au cours des trois prochaines années.

Walmart, le plus grand employeur du pays, a déclaré en février qu’il augmenterait son salaire horaire moyen à plus de 15 dollars, tout en maintenant le salaire minimum à 11 dollars. Le directeur général Doug McMillon a affirmé que l’entreprise soutenait la hausse du salaire fédéral minimum, mais qu’il devait y avoir une marge de manœuvre régionale et que les hausses devaient être progressives.

Jay Carney, principal porte-parole d’Amazon, a déclaré que l’adoption d’un salaire minimum à 15 dollars de l’heure « augmenterait les revenus de millions de salariés et revitaliserait l’économie nationale. »

Les plaintes des salariés d’Amazon portent sur des questions comme le salaire, le rythme auquel les travailleurs doivent traiter les commandes et colis, ainsi que les pauses et les avantages. Les employés peuvent se voir demander d’emballer des centaines d’articles en une heure. Certains d’entre eux ont aussi comparé la fortune d’Amazon et de Jeff Bezos à leurs rémunérations et leurs expériences professionnelles.

Amazon a affirmé que les salariés pouvaient prendre des pauses si nécessaire et a défendu les avantages offerts, qui incluent une mutuelle et un plan d’épargne retraite.

Ces questions étaient centrales lors de la bataille autour d’un syndicat à Bessemer. Les travailleurs pro-syndicats ont expliqué qu’ils auraient aimé négocier les politiques de l’entreprise sur les salaires, le rythme de préparation des colis et les changements de planning. Certains salariés ayant voté contre la syndicalisation se sont déclarés satisfaits de leurs rémunérations et avantages et ont remis en question la capacité d’un syndicat à améliorer le salaire ou les conditions de travail.

La victoire d’Amazon à Bessemer lui permet de conserver un contrôle total sur ses politiques en entrepôt. Toutefois, Jeff Bezos a déclaré courant avril que l’entreprise avait besoin de refléter une meilleure image auprès de ses salariés après l’élection. Le dirigeant a annoncé qu’il souhaitait faire d’Amazon le meilleur employeur et le lieu le plus sûr pour travailler en plus de sa réputation d’être une entreprise orientée client. ​

Sarah Nassauer et Heather Haddon ont contribué à cet article

Des salariés d’Amazon contre le syndicat, pourquoi ?

Des salariés d’Amazon contre le syndicat, pourquoi ? 

Les employés d’Amazon en Alabama qui se sont prononcés contre la syndicalisation justifient leurs choix par leurs grandes inquiétudes concernant la sécurité de l’emploi et la conviction que leurs salaires et leurs avantages sociaux ne seraient pas améliorés de manière significative avec le soutien d’un syndicat. ( Un article du Wall Street Journal)

La victoire retentissante du géant du e-commerce, deuxième employeur privé du pays, fait suite au succès de l’opération menée au niveau local qui a mis en avant les atouts de l’entreprise tout en contestant l’intérêt à se doter d’un syndicat. A l’échelle nationale, Amazon a multiplié les déclarations pour répondre aux critiques concernant les conditions de travail au sein de l’entreprise, comme en témoignent les échanges entre l’un de ses cadres dirigeants et des membres du Congrès sur Twitter.

Les analystes estiment que l’échec de la tentative de syndicalisation renforcera Amazon, qui vient de connaître, dans le contexte porteur de la pandémie, une année de croissance et de succès spectaculaires. En 2020, son chiffre d’affaires a progressé de 38 % pour atteindre 386 milliards de dollars, et ses bénéfices ont presque doublé, alors que 500 000 personnes ont rejoint ses effectifs au niveau mondial.

Les travailleurs expliquent qu’ils se méfiaient du coût des cotisations syndicales et qu’ils n’étaient pas convaincus de la capacité du syndicat à faire augmenter sensiblement leur salaire ou à améliorer leurs avantages sociaux. En fin de compte, moins de 16 % de l’effectif total du site a voté en faveur de l’adhésion au Retail, Wholesale and Department Store Union

Certains employés affirment qu’Amazon a contribué à orienter leur vote contre la possibilité de se syndiquer. D’autres assurent qu’ils n’ont pas eux besoin d’être influencés par l’entreprise et qu’ils étaient dès le départ opposés à la syndicalisation.

Le géant de Seattle a insisté sur son salaire minimum de 15 dollars de l’heure, soit le double du salaire minimum en vigueur dans l’Etat — 7,25 dollars de l’heure —, qui est également le plancher au niveau fédéral. L’entreprise a également rappelé ses avantages en matière de couverture médicale et de retraite.

Les travailleurs expliquent qu’ils se méfiaient du coût des cotisations syndicales et qu’ils n’étaient pas convaincus de la capacité du syndicat à faire augmenter sensiblement leur salaire ou à améliorer leurs avantages sociaux. En fin de compte, moins de 16 % de l’effectif total du site a voté en faveur de l’adhésion au Retail, Wholesale and Department Store Union (RWDSU).

« Je travaille dur pour gagner mon argent et je ne veux pas que la moindre part aille à un syndicat dont on ne sait pas s’il pourrait nous obtenir un meilleur salaire ou des pauses plus longues », explique Melissa Charlton Myers, une employée de 41 ans de l’usine de Bessemer, en Alabama, qui a participé au scrutin. « Le jeu n’en vaut pas la chandelle ».

Lors des réunions au sein de l’entreprise, qualifiées par certains employés d’obligatoires, Amazon a présenté des informations sur des accords que la RWDSU avait négociés au nom des employés dans d’autres secteurs. Les conventions collectives que le géant du e-commerce a montrées aux employés ne semblaient pas indiquer de différence substantielle avec le régime en vigueur dans l’entreprise, raconte Cori Jennings, 40 ans, qui a voté contre la création du syndicat.

De son côté, ce dernier a avancé des données du Bureau américain des statistiques du travail qui révèlent que les employés syndiqués gagnent en moyenne plus que les non-syndiqués.

Lors d’une conférence de presse organisée par Amazon vendredi, certains employés qui se sont prononcés contre la syndicalisation ont déclaré qu’ils souhaitaient toujours assister à des évolutions sur le lieu de travail, comme une formation plus poussée des managers. Cependant, d’autres ont précisé qu’ils pensaient pouvoir résoudre les problèmes avec l’entreprise sans intervention d’une tierce partie.

La crainte des répercussions possibles de la formation d’un syndicat, notamment la possibilité qu’Amazon ferme le site, a également joué un rôle dans le résultat, selon certains employés. D’autres craignaient que la société n’annule son projet, annoncé l’année dernière, d’ouvrir deux autres entrepôts aux alentours.

Amazon n’a pas souhaité faire de commentaires.

Les employés pro-syndicat ont déclaré qu’ils voulaient avoir davantage leur mot à dire au sujet des temps de pause, de la manière dont ils sont évalués par l’entreprise et du rythme auquel ils sont censés trier et déplacer les colis. Le syndicat devrait d’ailleurs faire appel des résultats.

Iwan Barankay, économiste du travail à l’Université de Pennsylvanie, estime que si les tentatives de syndicalisation peuvent, au départ, être plébiscitées par les employés, les arguments avancés par les entreprises peuvent, au fil du temps, avoir raison de leur volonté, surtout s’ils sentent que cela fait peser un risque sur leur gagne-pain.

« L’emplacement du site a été un facteur important », poursuit M. Barankay. L’Alabama compte de nombreux habitants ayant de faibles revenus, « qui n’ont pas beaucoup d’autres opportunités de travail. Ces personnes ont vraiment pu ressentir les difficultés de la vie en période de pandémie. »

La défaite des pro-syndicats ôte une épine du pied à Amazon, mais d’autres menaces se profilent à l’horizon.

En fin d’année dernière, un comité du Congrès a affirmé qu’Amazon avait acquis un « pouvoir monopolistique » au détriment des vendeurs tiers présents sur sa plateforme, qu’il avait fait pression sur ses revendeurs et qu’il avait utilisé de manière abusive leurs données pour concurrencer ses rivaux. Amazon avait déclaré à l’époque que « les grandes entreprises ne sont pas par définition en position dominante » et que « l’hypothèse selon laquelle le succès ne peut que résulter d’un comportement anticoncurrentiel est tout simplement fausse. »

Le Congrès envisage actuellement de faire les modifications les plus importantes jamais apportées à la législation antitrust depuis des décennies, notamment en proposant des mesures qui permettraient aux pouvoirs publics de contester plus facilement les comportements anticoncurrentiels ou d’obliger les géants de la technologie à scinder leurs activités.

En parallèle, des groupements d’entreprises ont annoncé la semaine dernière la formation d’une alliance au niveau national pour mener une campagne en faveur de lois antitrust plus strictes. Cette initiative vient s’ajouter aux enquêtes et aux procès intentés par les Etats et les autorités fédérales contre Amazon au sujet de son poids et des conditions de travail à l’intérieur de la société. Le géant de Seattle a déclaré que son modèle économique profite à la fois aux consommateurs et aux millions de marchands indépendants qui vendent sur son site.

Par ailleurs, Amazon n’a pas fini d’affronter des batailles syndicales. Alors que les bulletins de vote étaient dépouillés pour l’élection de Bessemer, quelques employés ont manifesté sur un site de l’entreprise à Chicago pour protester contre les conditions de travail. Et en Europe, des employés se sont récemment mis en grève pour des raisons similaires. L’année dernière, le National Labor Relations Board a estimé que l’entreprise s’était, à de multiples reprises, rendue coupable de représailles à l’encontre d’employés qui s’étaient exprimés sur divers sujets. Amazon a affirmé que les mesures disciplinaires prises à l’égard d’employés étaient dues à des violations des règles en vigueur sur le lieu du travail. Quant aux manifestations à Chicago, il a indiqué qu’elles n’avaient pas perturbé ses activités.

« Je dis souvent que nous sommes le Bernie Sanders des employeurs, mais ce n’est pas tout à fait exact, car nous proposons réellement un lieu de travail progressiste »

Néanmoins, la victoire d’Amazon lors du scrutin en Alabama donne à l’entreprise une certaine souplesse dans la gestion de son entrepôt, observe Sucharita Kodali, analyste du commerce électronique chez Forrester Research. « Ils veulent être en mesure d’apporter des changements rapidement et comme ils l’entendent » sans provoquer de perturbations, ajoute-t-elle.

Alors que le vote se terminait à Bessemer, Amazon et ses dirigeants se sont exprimés avec plus de force. Dave Clark, directeur général de la branche Worldwide Consumer, a publié des tweets visant le sénateur indépendant du Vermont, Bernie Sanders, un détracteur régulier d’Amazon qui soutenait la syndicalisation à Bessemer et avait qualifié le PDG Jeff Bezos de personnage cupide.

« Je dis souvent que nous sommes le Bernie Sanders des employeurs, mais ce n’est pas tout à fait exact, car nous proposons réellement un lieu de travail progressiste », a tweeté M. Clark le 24 mars, en faisant référence au fait que le salaire minimum de 15 dollars pratiqué chez Amazon était supérieur au salaire horaire de 11,75 dollars en vigueur dans le Vermont. Le président Biden et des célébrités telles que l’acteur Danny Glover s’étaient joints à M. Sanders pour soutenir les employés d’Amazon en Alabama.

« Tout ce que je veux savoir, c’est pourquoi l’homme le plus riche du monde, Jeff Bezos, dépense des millions pour essayer d’empêcher les travailleurs de se syndiquer », a répondu M. Sanders le jour même sur Twitter.

Le compte d’actualités d’Amazon sur Twitter a également publié des messages défendant l’entreprise. Mais certains d’entre eux se sont retournés contre elle. Le géant du e-commerce a ainsi dû présenter ses excuses après la publication, le 24 mars, d’un tweet sur ce compte qui remettait en cause de manière erronée les récits de certains employés expliquant être parfois obligés d’uriner dans des bouteilles en raison du rythme soutenu de livraison des colis imposé par Amazon.

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Grégoire Arnould

La défaite pharmaceutique française

 

Le consultant en biotechnologie Claude Allary rappelle, dans une tribune au « Monde », que l’échec français sur le vaccin anti-Covid 19 n’est qu’un aspect de la difficulté à industrialiser en France les découvertes de la recherche en santé.

 

Tribune.

La fierté française a été touchée en apprenant que ni l’Institut Pasteur ni le géant pharmaceutique Sanofi n’avaient pu mettre au point un vaccin prévenant l’infection due au nouveau coronavirus. Nous devons nous contenter de remplir des flacons, une phase finale de production à faible valeur ajoutée économique.

Mais il est une autre défaite française singulière, c’est celle de la cession d’Yposkesi à des capitaux étrangers, seulement quatre ans après la création de cette entreprise de fabrication de médicaments issus des biotechnologies. Après des années chaotiques qui n’ont pas permis de faire décoller ce bel outil industriel, les fonds apportés par SK, un chaebol (conglomérat) coréen, qui prend 70 % du capital, permettent d’envisager un meilleur avenir. Les salariés d’Yposkesi à Evry (Essonne) ont retrouvé le sourire.

Qu’est-ce qui a fait capoter ce projet français audacieux ? N’aurait-on pas pu trouver d’autres voies ?

 

Les actionnaires, AFM-Téléthon et BPI, ont jeté l’éponge. Ils avaient apporté l’argent des donateurs du Téléthon complété par de l’argent public en 2016 pour créer Yposkesi. En réalité, ce n’était pas une création, mais un transfert des activités préindustrielles de Généthon.

Management confus

Généthon est le fer de lance des instituts de recherche financés par l’AFM-Téléthon. Un beau succès depuis sa création il y a trente ans, avec des produits commercialisés grâce à des licences données à de grands industriels américains, plus compétents en développement et plus riches pour mener à bien l’élargissement des découvertes de Généthon.
Généthon a permis de faire progresser la recherche en thérapie génique, une approche très innovante pour les maladies génétiques graves, permettant enfin de traiter des enfants en souffrance.

 

Mais on peut faire de la bonne recherche tout en étant de piètres industrialisateurs. C’est bien ce qui a miné le projet Yposkesi : sous-investissement, design industriel inadapté, insuffisance de moyens techniques pour le « scale-up » (l’entrée dans la phase de croissance régulière), management confus, gouvernance lourde.

Depuis longtemps, l’Etat souhaitait pourtant qu’une filière de production biotechnologique se renforce, mais c’est tout le contraire qui s’est produit : en 2019 déjà, le LFB, groupe biopharmaceutique détenu à 100 % par l’Etat, a cédé CellForCure, un autre établissement industriel de thérapie génique, au groupe pharmaceutique suisse Novartis.

Afghanistan : les raisons de la débâcle

« La défaite de l’OTAN en Afghanistan est le résultat d’une stratégie erronée et d’une vision du monde biaisée »

TRIBUNE

Adam Baczko

 

Les chercheurs Adam Baczko et Gilles Dorronsoro détaillent, dans une tribune au « Monde », les raisons qui ont conduit au retrait des troupes occidentales et qui expliquent l’échec des Etats-Unis et de leurs alliés dans la région.

Tribune

 

 

Si la victoire des talibans dans les prochains mois n’est que probable, notre défaite a été actée par la déclaration de Joe Biden annonçant le retrait total des troupes américaines pour le 11 septembre. Malgré un discours convenu sur la « victoire » américaine, aucun des objectifs fixés il y a vingt ans n’a été rempli : des centaines de militants d’Al-Qaida sont présents sur le sol afghan, l’organisation Etat islamique s’est implantée en 2014, les élections ont été depuis longtemps discréditées par des fraudes massives, les élites afghanes sont corrompues au-delà de toute description, la principale ressource de l’économie est la drogue, etc.

Les rares avancées − droit des femmes, liberté des médias − sont menacées depuis plusieurs années et disparaîtront rapidement avec le retrait définitif des forces occidentales. Comment la première alliance militaire du monde, l’OTAN, a-t-elle pu perdre cette guerre malgré un investissement de plus de 2 000 milliards de dollars, plus de 3 000 soldats tués et des dizaines de milliers blessés ? Le débat public est maigre, car cette défaite, dont nous subirons les conséquences dans les mois et les années à venir, ne passionne guère les opinions publiques.

Demande d’Etat

Il est alors facile de renvoyer notre échec à une exceptionnalité afghane. Après tout, l’Afghanistan n’est-il pas le « cimetière des empires » ? A l’inverse de ces poncifs, nous pensons que cette défaite, comme la débâcle en Syrie, en Irak et en Libye, est le résultat d’une stratégie erronée, d’une vision du monde biaisée et de mécanismes d’intervention inefficaces. Cinq éléments paraissent ici essentiels.

D’abord, le prêt-à-penser de la coalition a fait de l’Afghanistan un pays tribal, localiste dans ses intérêts, fondamentalement apolitique et allergique à l’Etat. D’un pays traversé par des courants révolutionnaires, soumis à une transformation sociale très rapide – multiplication des déplacés internes et des réfugiés, urbanisation rapide, naissance d’une classe moyenne urbaine –, les Occidentaux n’ont retenu que l’image d’un Afghanistan « traditionnel » et rétif à toute autorité étatique. Or ce qui nous a frappés est, au contraire, la demande d’Etat qui s’exprime en Afghanistan, en particulier la justice et la police, que la coalition n’a malheureusement jamais considérées comme une priorité.

 

Ensuite, la coalition n’a jamais fait l’effort de comprendre l’insurrection. Les qualificatifs qui lui étaient appliqués − « tribale », « ethnique », « archaïque », « moyenâgeuse » − par la plupart des experts et des militaires signalaient une méconnaissance tragique de la réalité de ce mouvement. En particulier, l’organisation d’un système judiciaire alternatif, la rotation des cadres entre les régions, l’efficacité de la propagande à destination de la population afghane auraient dû alerter les responsables militaires et politiques du potentiel de l’insurrection dès 2003.

Revenu universel et travail

 

 

Jean Latreille, Professeur agrégé de sciences économiques et sociales  explique, dans une tribune au « Monde », que le revenu universel devra rémunérer une gigantesque quantité de tâches indispensables au sauvetage de la planète, et espère que les gens se détournent des activités marchandes uniquement créatrices de profit.

 

Tribune.

 

 C’est officiel : le revenu universel (RU) n’est plus un gadget socialiste. La preuve : The Economist, le très distingué hebdomadaire britannique, en a fait la « une » de son édition du 2 mars (traduit dans Courrier international n° 1588, 8 au 14 avril 2021). Les « indemnités Covid », très largement versées dans les pays riches, l’ont remis pour quelque temps à l’agenda politique.

Projet utopique pour les uns, cauchemar pour les autres, les adversaires du RU tournent leurs regards depuis l’origine dans la même direction : vers le « surfeur de Malibu » ! C’est avec cette figure emblématique du parasite social américain que John Rawls, philosophe de la justice sociale, avait interpellé son jeune collègue belge Philippe Van Parijs, farouche défenseur du revenu universel. La question posée était la suivante : le RU va-t-il détourner de la saine obligation de travail rémunéré des cohortes entières d’enfants gâtés de la société de consommation en leur permettant de sauter sur l’occasion pour ne plus jamais rien faire d’utile socialement ?

Car le système marchand est fait pour que l’on travaille pour lui à plein temps. C’est à cette obligation que Margaret Thatcher (1925-2013) [première ministre du Royaume-Uni de 1979 à 1990] faisait allusion en rappelant aux chômeurs les paroles de saint Paul : « Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. » Cette injonction au travail était odieuse de la part de quelqu’un qui pensait que le chômage est toujours volontaire, et qu’il ne pouvait être que la conséquence de la volonté individuelle de crever joyeusement de faim plutôt que de travailler.

En fait, le système marchand et le marché du travail rémunéré ne nous ont jamais laissé d’autre choix que de participer au grand cirque des créations de valeurs prédatrices de ressources et destructrices du climat. Ce fut notre malédiction. Et cela pourrait rester celle des générations à venir si l’on ne faisait rien pour changer les règles du jeu.

Or, l’une des règles les plus importantes du jeu économique – augmenter les ressources de l’efficacité productive – est en passe de changer inexorablement. Si nous voulons éviter la catastrophe climatique, nous devrions réduire l’usage des ressources fossiles au maximum. Avec cette conséquence automatique : la productivité du système va connaître une lente et inexorable décrue.

La science économique ne s’appuie pas sur un grand nombre de lois, mais il en est une qui est incontestable : quand la productivité diminue, le travail augmente. C’est pour cela que le revenu universel ne nous fera pas moins travailler. Il nous faudra au contraire travailler plus, en sachant être innovants pour rendre le travail enfin agréable, et en nous appuyant sur les low-tech. La réduction nécessaire et inévitable de la productivité qui nous attend, avec la mise au placard des énergies fossiles, va nécessiter une mobilisation inédite et inattendue, en réalité, de nos forces vives, désireuses de manger et de vivre bien, et prêtes pour y parvenir à « mettre la main à la pâte ».

L’enjeu de la numérisation dans l’innovation

Diktat du tout numérique : une course au progrès

Par Anthony Cirot (*)  |  25/04/2021, 17:17 | 992 mots Lecture 5 min.

 

 

 

 

 Par Anthony Cirot, Directeur Général de VMware France dans la Tribune.

Haine en ligne et désinformation, contrefaçons et produits dangereux, enjeux d’interopérabilité et de partage des données, transparence des algorithmes… les enjeux et dangers du digital ne manquent pas. Mais ils ne doivent occulter les formidables avancées réalisées en deux décennies. Et la course de vitesse dans laquelle les entreprises hexagonales comme la société française dans son ensemble, se sont engagées pour se numériser.

 

Comme nous le rappelle le spécialiste Marc Giget, les grandes vagues d’innovations se divisent historiquement toujours en trois étapes. Une première phase dite de R&D ou de « révolution scientifique ». Dans le cas récent du digital, c’est l’incroyable effervescence, dans les années 2000, des travaux autour des big data, de l’intelligence artificielle, du cloud ou encore de la blockchain et de l’IoT… À cette phase succède naturellement une « révolution technologique » : une débauche d’innovation, de nouveaux produits ou services. C’est tout à la fois l’e-commerce et le retargeting publicitaire, la smart city et la dystopie sécuritaire, les réseaux sociaux et l’économie de la surveillance…

Mais la formidable accélération du « tout numérique » engendrée par la crise du Covid, a peut-être précipité l’avènement de la troisième étape de ce cycle : celle nous faisant passer de l’innovation au progrès. Un moment de « synthèse créative humaniste » visant à répondre aux besoins réels des individus et de la société.

On l’a suffisamment répété depuis des mois : sans la tech, du e-commerce au télétravail, en passant par Netflix ou les cours en ligne, la pandémie aurait eu des conséquences bien plus graves sur nos vies. L’état lui-même a bien entamé sa mue. La clarté et l’ergonomie exemplaire du site Parcoursup qui doit gérer 660 000 étudiants et 15 500 formations, nous fait oublier le temps où certains services publics cumulaient le pire des deux mondes : paperasse et bugs informatiques !

La clé de ce changement : une Applelisation du monde. L’idée que l’informatique n’est plus un truc de nerds pour les nerds. La prise de conscience que l’ergonomie et la simplicité devaient guider la conception des outils et des applications pour le grand public comme pour les employés des entreprises. Utiliser un client VPN à la maison ou lancer une machine virtuelle de Windows avec la simplicité de YouTube, n’est plus de la science-fiction. Même s’il existe encore un décalage dans le monde de l’entreprise, c’est en train de changer.

Il y a eu un déclic accéléré par la crise. Un collaborateur déballant chez lui un nouvel ordinateur doit pouvoir accéder aux ressources de l’entreprise en toute sécurité. Pendant des années, tous les efforts des entreprises ont consisté à orchestrer leurs systèmes d’informations en grands silos métiers, une tâche lente et complexe. Cette époque est en passe d’être révolue, remplacée par une nouvelle vague sans précédent d’automatisation.

Cette révolution, en partie invisible sous le chaos et la profusion d’innovation numérique, se passe sous nos yeux : l’automatisation progressive des systèmes d’information des entreprises. La vision de ses architectes ? Tout se parle, tout s’auto-répare, tout s’auto-connecte. Un choc de simplification éprouvé par de nombreux clients français passant souvent de dizaines de Datacenters répartis sur le territoire à deux ou trois centres de données automatisés et résilients au maximum.

À l’image des parisiens circonspects à l’inauguration du métropolitain en 1900, cette automatisation extrême suscite de nombreuses inquiétudes : que va-t-il se passer en cas de problème, si tout est entièrement automatisé ? Néanmoins, comment tirer un trait sur ce raccourcissement de l’espace-temps, si indispensable à l’heure des confinements et du télétravail ? La barrière mentale a d’autant plus sauté, que le monde est désormais piloté par le logiciel.

C’est ce qu’ont compris les GAFA et ce qui fait leur force : avoir créé des datacenters partout pour offrir des services innovants en temps réel, entièrement piloté par le logiciel. S’il devait y avoir un effet cliquet à cette course technologique, c’est bien celui-là : tout doit être simple, instantané. Et sans rien à installer, car, subrepticement, l’ère du duopole Intel-Windows a laissé la place à un monde d’une grande diversité de puces et de systèmes d’exploitation, soit autant de millions de consommateurs ou d’employés souhaitant accéder aux mêmes services.

À l’heure de cette cloudification des entreprises et de l’économie, tout va-t-il donc pour le mieux dans le meilleur des mondes ? En la matière, l’angélisme n’est évidemment pas de mise. Entre dogmatisme de l’open source, anti-américanisme et propagande antichinoise, les débats font rage quant aux choix des fournisseurs. À l’heure des rêves souverains de cloud européen comme l’initiative Gaïa-X, que valent ces rêves d’indépendance face à la multitude d’offreurs extra-communautaires qui la composent?

Ces questions philosophiques de confiance et de souveraineté ne doivent en effet pas masqué d’autres réalités. Tout d’abord, pour les entreprises la priorité reste la sécurité. Un domaine devenu si pointu que peu d’organisations peuvent rivaliser avec les mastodontes des big tech. Ensuite, c’est bel et bien une course de vitesse qui s’est engagée au niveau mondial, une course à l’innovation et à la compétitivité, pour atteindre la taille critique et les objectifs visés. Le triste exemple du retard français lors du lancement d’une simple application de contact tracing comme « Tous Anti Covid »  doit nous alerter : s’affranchir de ses dogmes, se libérer de ses craintes, c’est potentiellement éviter de se retrouver hors-jeu dans cette nouvelle donne numérique.

Réindustrialiser, relocaliser , comment ?

Réindustrialiser, relocaliser , comment ? 

 Évoquer la « réindustrialisation » et la « relocalisation » exprime potentiellement un fantasme : celui du retour à un état antérieur. Mais est-ce même possible ? Et si oui, serait-ce souhaitable ? Par Alain Conrard, CEO de Prodware Group et le Président de la Commission Digitale et Innovation du Mouvement des ETI dans la Tribune  (*)​.

À la fin du mois de mars dernier, une image a fait le tour du monde : celle d’un tuyau soudain fermé par une vanne dans un schéma d’installation de plomberie. Sauf que le tuyau était le canal de Suez – l’une des voies commerciales les plus empruntées de la planète -, et la soupape, un porte-container de 400 mètres de long et de 220.000 tonnes à la dérive : l’Ever-Given. L’image satellitaire était frappante : elle rendait manifeste la fragilité liée à la globalisation. Tout d’un coup, on réalisait avec stupeur que 12% du commerce maritime mondial pouvait être interrompu en quelques minutes par un simple clapet qui se ferme. Tel un caillot géant obturant une artère essentielle du commerce international, le colosse échoué a fait courir à tout l’appareil circulatoire des marchandises un risque majeur de thrombose. En ces temps de pandémie, on a réalisé que le système économique lui aussi était susceptible de tomber gravement malade ; que pandémie et pénurie pouvaient aller de pair.

La pandémie de Covid a mis en lumière certaines faiblesses et travers des modèles industriels liés à la mondialisation. Le système de dépendances vis-à-vis de fournisseurs lointains dans des chaînes de fabrication et d’acheminement complexes occasionne la perte de pans entiers de souveraineté et de compétitivité, un dumping social, ainsi que la destruction parfois irrémédiable du tissu industriel local.

Pour desserrer ces dépendances, trouver des remèdes ou restaurer des équilibres, on parle beaucoup de « réindustrialiser » et de « relocaliser ». S’ils ne sont pas synonymes, ces deux termes sont pourtant intimement liés : comment réindustrialiser sans relocaliser, comment refabriquer du tissu industriel sans implanter localement des usines ou des ateliers dans des zones que la globalisation a méthodiquement désertées ? Dans cinq domaines jugés stratégiques (santé, électronique, agroalimentaire, télécoms et intrants pour l’industrie), le gouvernement français tente de favoriser une relocalisation de la production.

« RE » ? Une nouvelle cartographie mentale

Tout se joue dans le sens du « RE », présent dans ces deux mots. Le sens immédiat du préfixe suggère l’idée d’un simple retour en arrière, ou encore de la répétition à l’identique d’une action permettant de repasser par les mêmes points. Évoquer la « réindustrialisation » et la « relocalisation » exprime potentiellement un fantasme : celui du retour à un état antérieur. Mais est-ce même possible ? Et si oui, serait-ce souhaitable ? Y’a-t-il un sens à ces mots qui ne soit pas réactif, passéiste, nostalgique, mensonger, ou même tout simplement impossible ? La reproduction à l’identique qui semble évoquée par le « re » est illusoire, à la fois pratiquement et logiquement : refaire est toujours faire autrement, car entre ce que l’on a fait et ce que l’on refait, on a changé, évolué, le monde autour de nous s’est modifié.

Quel que soit notre spleen face à cette idée, le passé est perdu. Réindustrialiser comme relocaliser ne peuvent en aucun cas se produire par le rétablissement des gloires d’antan. Réindustrialiser consiste en fait à industrialiser selon de nouveaux modes : celui d’un « RE » tourné en direction du futur plutôt que vers le passé - un « RE » du re-déploiement. Il s’agit d’une nouvelle industrialisation dans laquelle transformation numérique et innovation sont clés. Et relocaliser passe par une nouvelle articulation entre local et global (l’innovation peut-être aussi dans les formes sociales, pourquoi la cantonner à la seule technologie ?). Comment concilier ce qui semble s’opposer : rentabilité et production locale ? Il faut ici aussi soutenir la pensée d’une rentabilité « élargie », pas seulement financière, mais aussi sociale, sociétale et écologique. La conclusion qui s’impose est que ce programme, s’il a un sens, ne peut que signifier penser et agir autrement.

Ainsi, si la Covid a été un accélérateur de relocalisation, il est aussi un accélérateur de changement. Au milieu d’une multitude de désastres, la pandémie a au moins une dimension positive : elle nous oblige à reconsidérer nos erreurs, nos impasses, nos égarements. Elle nous force à aller de l’avant, c’est-à-dire à tenter d’inventer un futur où l’on aurait envie de vivre et de travailler. Bref, elle nous contraint à innover.

La crise nous pousse à produire une nouvelle cartographie mentale, notamment sur cette question de la relocalisation où s’impose l’évidence des multiples bénéfices sociaux et écologiques des circuits courts. La rupture exigée par les solutions à trouver à cette crise, à la fois globale et multiforme, est totale. La nécessité de réindustrialiser et de relocaliser redistribue la question des frontières : frontières géographiques, bien sûr (où doit-on produire les biens de consommation ?), mais aussi frontières politiques (comment réinscrire sa souveraineté et créer de la valeur sur son territoire ?). Il s’agit aussi de déplacer les frontières de la réalité en reprenant en main notre destin économique grâce notamment à l’innovation. Cette nouvelle cartographie mentale consiste à « changer de logiciel » pour penser autrement, selon un modèle échappant aux réquisits de la mondialisation.

C’est même une révocation partielle de ce modèle économique dominant dont il est question. Cette révocation est rendue possible par les changements appelés par la crise mondiale, et surtout par le retour en force (et en grâce) du politique qui l’accompagne un peu partout dans le monde.

Le grand retour du politique :  une innovation majeure

Tout pouvoir nécessite un contre-pouvoir. De ce point de vue, faire aveuglément confiance à la seule économie pour diriger la marche du monde n’était peut-être pas une bonne idée sur le long terme. Alors, le politique se re-positionne comme moyen de réguler certains errements de l’économie – même s’il ne faut pas être naïf, et qu’à la fin, comme toujours, « it’s the economy, stupid » pour reprendre la phrase célèbre de James Carville, stratège de Bill Clinton, lors de sa campagne présidentielle en 1992.

Par un puissant mouvement de balancier, on assiste actuellement à un grand retour du politique après 40 années de libéralisme et de désengagement de l’État qui ont suivi la révolution conservatrice ayant mené Ronald Reagan au pouvoir en 1981 aux États-Unis.

Jusqu’à présent, on a subi les effets macro-économiques de la globalisation, avec une prévalence écrasante de l’économie dans les prises de décision qui a très largement restreint la latitude des options politiques. Or, la frontière idéologiquement placée pour limiter le rôle de l’État aux fonctions régaliennes et au maintien de l’ordre est en train de céder. Sous les effets conjugués de la crise environnementale, de la crise sociale et de la crise sanitaire (ces trois crises n’étant vraisemblablement que des facettes de la même réalité), quelque chose se grippe sous nos yeux dans cette machine jusqu’alors parfaitement huilée, et, comme s’il sortait d’un long sommeil, l’État doit intervenir, en urgence et avec autorité.

Inspiré par les exemples du New Deal ou de la Great Society de ses prédécesseurs Roosevelt et Johnson, le 46e président américain ouvre grandes les vannes des financements fédéraux (n’oublions pas que le 2e prénom de Joe Biden est « Robinette »). Avec son gouvernement, il injecte des milliers de milliards de dollars dans l’économie, avec notamment un ambitieux programme de grands travaux sur les infrastructures – terme entendu au sens large : routes, généralisation des accès à l’Internet de haut débit, prise en charge des personnes âgées et handicapées, équipements et réseaux nécessaires à la transition vers les énergies renouvelables, etc.

Aux États-Unis, comme dans de nombreux pays, l’innovation et la transformation digitale sont amenées à jouer un rôle central dans ces processus de redéfinition et de redéploiement de l’activité.

Innover repose sur l’idée d’en finir avec des habitudes ou des méthodes au profit de moyens plus performants. L’innovation est généralement le résultat d’un regard neuf qui apporte des solutions en matière de technologie. Ici, la disruption réside dans un champ technologique différent de celui où on la situe d’habitude : celle des technologies de gouvernement. Longtemps ringardisée par l’application sans nuances des théories monétaristes et libre-échangistes de l’école de Chicago (Milton Friedman) ayant inspiré la plupart des politiques économiques libérales à partir des années 80, la puissance publique s’est réaffirmée un peu partout dans le monde depuis l’année dernière comme l’ultime rempart pour contenir la pandémie, et contrer ses effets délétères. Le recours aux technologies de la décision spécifiques à la puissance publique en matière économique est alors à comprendre comme une innovation majeure.

Bien sûr, on ne peut pas attendre individuellement tout du politique. En aucun cas, l’attente et la revendication passives ne peuvent remplacer l’action. Il faut que chacun tente, dans la mesure du possible, de prendre son destin en mains. Par ailleurs, d’un point de vue collectif, il faut souscrire à l’idée que choisir, c’est arbitrer. Donc, renoncer à certaines choses pour en permettre d’autres. Par exemple, il est plus que jamais nécessaire aujourd’hui de s’engager tous ensemble dans des réformes indispensables pour donner plus de flexibilité.

Quoi qu’il en soit, cette décision de replacer l’État à l’initiative de l’action en le dotant de moyens considérables apparaît comme un sursaut salvateur. Il est à saluer comme un cadre de pensée et d’action innovant et moderne. L’une de ses principales qualités est qu’il est porteur d’optimisme et de confiance, deux notions essentielles pour la bonne marche de la société en général, et de l’économie en particulier.

Sur le principe, ce retour du politique a tout pour être l’une des solutions à la crise. Pourquoi ? Parce que le champ politique est, malgré tous les défauts dont on peut l’accuser et tous les soupçons dont il est l’objet, une expression de la volonté populaire, c’est-à-dire du plus grand nombre. Il tient compte de l’intérêt général plus que tout autre champ d’action dans le cadre des sociétés humaines. Et une politique de commandes publiques a montré plus d’une fois dans l’histoire sa capacité à rétablir la santé de l’économie, signe manifeste de la santé de la société. De ce point de vue, seule la volonté politique est susceptible de favoriser les conditions pour qu’une réindustrialisation et une relocalisation, concrètes sur le plan social et réalistes sur le plan économique, puissent avoir lieu en France et en Europe.

Encore faut-il que cette volonté soit présente là où c’est nécessaire ou utile, et pertinente dans ses modalités d’application.

Alors, innovons politiquement !

Les ETI au coeur du mouvement

Il devient aujourd’hui parfaitement clair que le rétablissement de la souveraineté passe par le fait de (re)donner aux territoires et aux régions les moyens de leur action et de leur autonomie. En effet, ceux-ci ont un rôle irremplaçable dans le développement et le maintien de l’activité économique. Et ceci passe par une reconsidération de la fonction essentielle remplie par tout l’écosystème, et notamment par les Entreprises de Taille Intermédiaires (ETI) dans le maillage des territoires. En effet, 68% des sièges sociaux se trouvent hors d’Ile-de-France, et 75% des sites de production sont situés dans des villes moyennes ou en zone rurale. En tant que premier employeur en France, (335.000 emplois créés entre 2009 et 2015), les ETI soutiennent une fonction de lien social. En créant des emplois, elles maintiennent l’activité et la vie dans les territoires.

Ainsi, au-delà de leur stricte fonction économique, les ETI assurent une partie de la paix sociale, celle qui va avec l’emploi et les conditions de vie décentes qu’il permet. Elles sont ainsi un élément central de stabilité politique. En cette période de forte inflammabilité sociale, les ETI forment une sorte d’extincteur de crise.

Relancer le pays, c’est relancer l’industrie. Or, avec leurs 3,3 millions de salariés qui représentent 38% des emplois de l’industrie manufacturière, les ETI forment le cœur vivant de l’industrie partout dans les territoires. En effet, une ETI sur trois est industrielle. Les ETI constituent une armée de reconquête de tout premier ordre pour notre souveraineté économique, dans les domaines sanitaire, alimentaire ou industriel.

Alors, si l’on veut réindustrialiser et relocaliser, on peut s’appuyer sur le maillage territorial composé par cette multitude d’ETI qui forment le tissu économique et industriel de notre pays, aux côtés des autres actifs constitués aussi par les PMI et grands groupes industriels. Il faut articuler les différents acteurs pour des solutions robustes et durables, celles de l’économie réelle.

Nous avons toutes les forces pour cela.

Nous avons toutes les bonnes volontés pour cela.

Nous avons tout le savoir-faire, les capacités d’innovation et les moyens industriels pour cela.

Ne blâmons personne si nous ne réussissons pas : notre réussite ne dépend que de nous.

____

(*) Alain Conrard, auteur de l’ouvrage Osons ! Un autre regard sur l’innovation, un essai publié aux éditions Cent Mille Milliards, en septembre 2020, CEO de Prodware Group et le Président de la Commission Digitale et Innovation du Mouvement des ETI (METI)​

Sondage Turquie dans l’Union européenne : 56 % des Turcs pour mais 52 % n’y croient pas

Sondage Turquie dans l’Union européenne : 56 % des Turcs pour mais 52 %  n’y croient pas

Selon  une enquête d’opinion publique menée conjointement dans ce pays par le German Marshall Fund of United States, un think tank américain, et l’Union des chambres de commerce et des bourses de Turquie (TOBB). C’est ainsi que si 56 % des personnes interrogées (la proportion est de 66 % ches les jeunes) se montrent favorables à une adhésion et que 60,1 % (69 % pour les jeunes) voteraient « oui » dans le cadre de l’organisation d’un éventuel référendum, 40 % (34 % de jeunes) pensent que cela ne se fera jamais, 19 % estimant en tout cas que cela ne se produira pas au mieux avant cinq ans. Aux yeux de 52,1 % des sondés, l’Union européenne n’a en fait pas vraiment l’intention d’accueillir la Turquie dans ses rangs.

Sondage «lettre des généraux» : 58 % des Français d’accord

Sondage «lettre des généraux» : 58 % des Français d’accord

 

D’après un sondage Harris Interactive/LCI 58 % des Français déclarent soutenir les militaires signataires. Cette tribune remporte un franc succès à droite avec 71 % des sympathisants LR et 86 % de ceux du RN. Une très forte majorité de Français partage la vision exprimée par les anciens militaires sur « la société française en train de se déliter » (73%) ou « une forme d’antiracisme qui produit une haine entre les communautés » (74%). Du pain bénit pour la présidente du FN.

Quant aux tentations putschistes qui leur sont prêtées quand ils parlent de « l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national », le sondage montre qu’un Français sur deux (49 %) pense que « l’Armée devrait intervenir sans qu’on lui en donne l’ordre afin de garantir l’ordre et la sécurité en France. »

Suez : nouveau départ et nouvel actionnariat ?

Suez : nouveau départ et nouvel actionnariat ?

 

C’est évidemment un Suez plus réduit après l’absorption d’une partie par Veolia qui réfléchit à son développement ainsi que son actionnariat..

 

L’accord entre Veolia et Suez prévoit le maintien d’un Suez indépendant représentant près de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit moins de la moitié du groupe actuel, avec des activités surtout concentrées sur la France.

La solution GIP-Meridiam-CDC reste « la base de travail » pour constituer l’actionnariat du futur Suez, alors que l’allemand Remondis s’est dit également intéressé, a indiqué jeudi le directeur général de Suez Bertrand Camus.

«  »Cela confirme qu’il n’y avait aucun souci pour trouver des investisseurs pour accompagner Suez, au niveau global ou sur les différents actifs de Suez », a relevé le dirigeant. Précédemment « beaucoup d’investisseurs se sont retirés de par le côté inamical (de l’OPA lancée par Veolia, ndlr). A partir du moment où il y a accord entre les parties, à conclure, et que cet accord prévoit l’émergence d’une nouvelle entité, sur la base du périmètre négocié le week-end du 11 avril, énormément d’investisseurs remanifestent leur intérêt, et Remondis en fait partie », a-t-il observé,

Economie, politique, société: les plus lus

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l’IA pour détecter les maladies neuro végétatives

l’IA pour détecter les maladies neuro végétatives

La  medtech Pixyl développe un outil d’aide à la décision des radiologues en se basant sur de l’IA, qui vise à prédire également l’évolution des pathologies neurodégénératives, comme la sclérose en plaques.

 

Cet  outil d’aide à la décision intégrant de l’intelligence artificielle permet déjà de réduire les temps de lecture en neuro-imagerie de 50%, tout en proposant une analyse fine qui permettrait également de réduire la marge d’erreur.

« Nous pouvons détecter également sur des clichés des lésions de plus petite taille, et analyser plus finement des jeux d’images de scanner, qui demandent habituellement beaucoup de temps », indiquent les responsables.

Car en se connectant sur la base de données d’imagerie médicale des hôpitaux ou des cabinets de radiologie, l’outil de Pixyl ne nécessite pas de changer les appareils en place. « Nous traitons les images à partir du matériel existant, dans lequel vient s’insérer notre système de deep-learning, en réinjectant ensuite les clichés analysés, qui peuvent être annotés pour mettre en exergue certaines anomalies, etc ».

Faillite : 15 % à 20 % d’entreprises zombies

Faillite : 15 % à 20 % d’entreprises zombies

Stéphane Regnier, le directeur général de RCA Consulting, qui ne croit pas au scénario d’une reprise euphorique prévoit la faillite de 15 à 20 % des PME–TPE qui sont des entreprises zombies. Ce spécialiste de la trésorerie des TPE et PME analyse pour La Tribune l’équation particulièrement dangereuse de la sortie de crise.

 

Quelles sont les problématiques financières rencontrées par vos clients dirigeants de TPE et de PME ?

STÉPHANE REGNIER, directeur général de RCA Consulting - Le contexte que nous traversons aujourd’hui est très particulier et pourrait devenir explosif quand le gouvernement donnera un calendrier crédible de sortie de la crise sanitaire et des aides qui vont avec. Beaucoup d’entreprises ne savent tout simplement pas comment elles vont faire pour effectivement redémarrer leur activité ! Leur problématique c’est notamment de savoir comment sortir du PGE (prêt garanti par l’Etat) : est-ce qu’il faut le rembourser ou est-ce qu’il vaut mieux le garder et, si oui, avec quelles modalités ?

Le problème c’est que pour prendre une bonne décision, dans des situations qui peuvent être extrêmement différentes, il faut s’appuyer sur des simulations fiables. Or, les TPME et PME disposent de très peu d’outils de gestion prévisionnelle de la trésorerie. Elles sont donc très nombreuses à se retrouver dans le brouillard à bidouiller des tableaux Excel qui ne leur apportent pas de réponses !

Quels sont les principaux paramètres à prendre en compte avant de décider vis-à-vis du PGE ?

Le PGE concerne 670.000 entreprises, soit environ une entreprise sur six. Nombre d’entre elles sont aujourd’hui en demeure de prendre une position sur le PGE sans avoir les bonnes cartes en main. D’autant que, déjà avant la crise, les entreprises françaises souffraient d’une rentabilité moyenne inférieure à celles constatées dans la plupart des pays européens. Cela peut être lié à la fiscalité importante en France et à des besoins en fonds de roulement élevés à cause de structures lourdes. Mais cela signifie surtout que pour être en mesure de redémarrer leur activité tout en remboursant le PGE, ces entreprises vont devoir afficher une rentabilité plus élevée qu’avant la crise. En d’autres termes, il va leur falloir afficher un chiffre d’affaires équivalent à 120 % ou 130 % de celui enregistré 2019, et ça on se demande bien comment ça pourrait arriver !

Cela pourrait-être le cas avec un scénario optimiste de reprise vigoureuse dès le second semestre…

Je ne crois pas vraiment à un scénario de l’euphorie du jour au lendemain avec la fin de la crise sanitaire. Il va bien sûr y avoir un effet rebond mais, mécaniquement, il ne pourra pas durer très longtemps puisque depuis plusieurs mois les entreprises ont bloqué leurs investissements et leurs embauches tandis que, dans pratiquement tous les secteurs, les tarifs des matières premières ont explosé et que les capacités de transport maritime vont atteindre un plafond si tout le monde redémarre en même temps. Donc, techniquement, le redémarrage à plein régime de l’économie ne sera pas possible en trois mois, voire même en six mois à un an ! Ce n’est évidemment pas vrai pour tous les secteurs mais ce sont les secteurs les plus capitalistiques et industriels qui mettront le plus de temps à retrouver des conditions à peu près normales. Et avec 80 à 90 % du chiffre d’affaires de 2019 et une rentabilité encore plus dégradée qu’elle ne l’était déjà à l’époque, il me semble difficile d’imaginer de pouvoir rembourser un PGE qui représente parfois un quart du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise.

Dans ces conditions, faut-il s’attendre à ce que des reliquats de PGE restent dans le bilan des entreprises pendant encore cinq voire dix ans comme le disait Mikael Hugonnet, le président de l’Ordre des experts-comptables de Nouvelle-Aquitaine ?

Oui, parce que quand l’Etat constatera l’impossibilité de rembourser ces PGE il va les décaler, à mon avis, au moins de trois à cinq ans de plus parce que le calendrier actuel est totalement improbable. Deuxièmement, il y a énormément d’entreprises aujourd’hui qui sont ce qu’on appelle des entreprises zombies, c’est-à-dire qu’elles n’ont pas les moyens de ressortir de cette crise normalement, elles sont sous perfusion des aides publiques et toujours dans l’attente de l’aide d’après. C’est une réalité ! René Ricol, l’ancien Haut-commissaire à l’investissement, estimait ainsi que pour beaucoup de TPE qui vont se retrouver à la barre du tribunal de commerce l’Etat allait devoir tout simplement subventionner la dette pour éviter la liquidation et les garder en activité !

C’est justement le sens des récentes déclarations de Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des finances, qui évoque des annulations « au cas par cas »

Oui ça va dans le bon sens mais tout dépend de quelle partie de la dette et de quelle entreprise on parle ! Bruno Le Maire connaît mieux les grandes entreprises du CAC 40 que les TPE/PME mais en termes d’emploi et de nombres d’entreprises il vaut mieux s’occuper des millions de TPE. Selon nos estimations, 15 % à 20 % des TPE/PME sont des entreprises zombies qui ne survivront pas à la crise parce qu’elles n’ont la capacité ni de redémarrer sans aides ni de changer leur modèle économique !

Concrètement, de quel type d’entreprises parlez-vous ?

On peut citer l’exemple des sous-traitants de l’aéronautique, nombreux notamment en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie. Ce sont des entreprises qui font vite quelques millions ou dizaines de millions d’euros de chiffre d’affaires mais, quand elles doivent absorber une baisse de -30 % à -40 % de leurs carnets de commandes liés à des donneurs d’ordre comme Airbus, la situation devient très compliquée. Soit elles licencient la moitié de leurs salariés et se vident de leurs compétences, souvent très pointues ; soit elles ne peuvent pas s’en sortir dans un contexte où les perspectives de l’aéronautique ne sont pas riantes même à long terme alors que le coût des matières premières augmente. Ce sont des boîtes dont le modèle est complètement déstabilisé et pour longtemps !

Aurait-il fallu conditionner l’octroi d’un PGE à une réflexion en profondeur sur le modèle économique de l’entreprise, comme le suggéraient certains professionnels, pour éviter que le PGE ne serve qu’à gagner du temps ?

Oui, pourquoi pas. Mais schématiquement, il y a deux cas de figures : des entreprises qui ont souscrit un PGE par précaution et n’y ont pas touché ; et d’autres qui ont déjà consommé quasiment l’intégralité de leur PGE parce qu’elles n’avaient pas le choix et n’ont rien changé. Pour celles-là, la situation est dramatique parce que l’équation est impossible à résoudre en l’état, notamment parce que la transformation numérique est passée par là et s’accélère.

Quelle est la part de ces deux catégories d’entreprises dans votre clientèle parmi celles qui ont effectivement souscrit un PGE ?

Ce n’est pas un chiffre exact, mais selon des observations concordantes, on estime qu’il y a environ 50 % des entreprises qui n’ont pas touché à leur PGE et qui sont donc en capacité de le rembourser instantanément s’il le faut. L’autre moitié l’a consommé soit en partie, soit en totalité. Par ailleurs, lors des crises économiques précédentes, on a observé que 17 à 18 % des entreprises disparaissent à l’issue de la crise entre les faillites, les cessions et les fermetures pures et simples. Avec la crise actuelle, qui est aussi violente qu’inédite, on risque d’avoir plus que 17 % de disparitions. J’ai peur qu’à partir du second semestre 2021, les dégâts se matérialisent durement. Les efforts massifs des pouvoirs publics iront peut-être jusqu’à l’élection présidentielle du printemps 2022 pour des raisons politiques mais pas au-delà.

 

Vous parliez de la faiblesse structurelle de la trésorerie des entreprises françaises. Comment expliquez-vous qu’en mars 2020, lors du 1er confinement, beaucoup d’entreprises n’avaient même pas six semaines de trésorerie dans leurs caisses ?

Cela rejoint la question de la faible rentabilité et celle de la gestion de nos TPE/PME. Ces chefs d’entreprises sont souvent des bons techniciens mais pas forcément des bons gestionnaires. Ensuite, je pense aussi que les experts-comptables ne s’intéressent pas suffisamment aux enjeux de trésorerie parce qu’ils se concentrent sur les obligations légales et la gestion actuelle et passée. Sur ces aspects de pilotage budgétaire, la France est en retard notamment par rapport au monde anglo-saxon. Ensuite, rappelons-nous que 2019 a été une très bonne année pour de très nombreux secteurs ! Personne n’anticipait une mauvaise année 2020 et ne prévoyait donc d’épargne de précaution. Aujourd’hui, on est dans l’exact inverse.

La position d’attentisme de beaucoup d’entreprises se mesure notamment dans le recul – annulation ou report – de leurs investissements. Quelle est l’ampleur de ce phénomène chez vos clients ?

La vitesse de circulation de la monnaie se situe à un niveau historiquement faible ce qui diminue son effet multiplicateur pour l’économie et signifie que les acteurs économiques dépensent globalement moins. Chez les TPE/PME, les dispositifs d’aides en 2020 – reports de charges, chômage partiel, PGE, etc. – ont permis de gagner du temps mais pas d’écarter le danger. Tout l’enjeu est désormais de se projeter dans l’avenir et de gérer au mieux la trésorerie qui est un élément plus important que la rentabilité ou le chiffre d’affaires. Beaucoup de TPE et PME ont arrêté d’embaucher et d’investir par précaution et faute de visibilité.

Outre un effacement de tout ou partie de la dette par l’Etat, quelles sont vos conseils aux chefs d’entreprise qui se trouvent dans les situations que vous décrivez ?

Il faut se faire aider par un spécialiste qui sera capable de simuler plusieurs hypothèses de redémarrage plus ou moins optimistes pour permettre de se projeter et de prendre des décisions fondées. Dans plusieurs scénarios la boîte peut disparaître mais, pour l’instant, le chef d’entreprise ne le sait pas et n’est donc même pas en capacité de prendre des décisions pour éviter ces scénarios en modifiant le modèle économique avec des objectifs de court et moyen terme. L’urgence aujourd’hui est donc d’éviter de rester dans le noir et se contentant de répéter « jusqu’ici tout va bien » ! Sinon, il y aura une casse économique énorme. Les derniers chiffres du mois de mars 2021 esquissent à mon avis un retournement de la tendance sur les disparitions d’entreprises avec en particulier 80 % d’entreprises qui sont directement liquidées au tribunal de commerce ! Ça sent le roussi…

 

RCA Consulting, créé en 2006 et basée à Arès, sur le Bassin d’Arcachon (Gironde), compte parmi ses clients plusieurs centaines de cabinets d’expertise-comptable et plusieurs milliers d’entreprises principalement des PME jusqu’à 200 à 250 salariés. Avec une dizaine de salariés, l’entreprise vise un peu plus d’un million d’euros de chiffre d’affaires en 2021 principalement grâce à ses prestations de consultants et l’édition de logiciels de suivi et de gestion de la trésorerie, dont Turbopilot.

Voitures diesel : interdites à Strasbourg en 2028

Voitures diesel : interdites  à Strasbourg en 2028

La ville et son agglomération, qui prévoyaient d’interdire dès le 1er janvier 2025 l’ensemble des voitures diesel, reportent cette interdiction à 2028 « au plus tard », ont annoncé le 28 avril la maire Jeanne Barseghian (EELV) et la présidente de l’Eurométropole Pia Imbs. Les véhicules sans vignette ou titulaires d’une vignette Crit’Air 5 seront bannis dans la zone à faibles émissions (ZFE) dès 2022, mais les sanctions n’interviendront qu’en janvier 2023 au terme d’une période de contrôles pédagogiques. Les catégories intermédiaires (Crit’Air 4, 3 et 2) seront bannies progressivement entre 2024 et 2027.

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