Archive mensuelle de juin 2021

Economie, politique, société: les plus lus

Economie, politique, société: les plus lus

Reprise mondiale : impulsée par la consommation des États-Unis

Reprise mondiale : impulsée par la consommation des États-Unis

 

La relance fédérale et l’épargne accumulée durant la pandémie stimulent la consommation aux Etats-Unis et la croissance dans le reste du monde d’après Tom Fairless et Stella Yifan Xie  du Wall Street Journal (Extrait)

 

 

 

Stimulée par une relance de près de 6 000 milliards de dollars et avide de produits fabriqués dans le monde entier, l’économie américaine endosse aujourd’hui le rôle qu’avait joué la Chine au lendemain de la crise financière de 2008, observent les économistes.

Si le reste du monde se félicite largement de l’explosion de la demande dans la première économie mondiale, l’ampleur de l’expansion américaine produit un effet ricochet sur les marchés financiers et entraîne des perturbations à travers la planète – goulots d’étranglement dans le transport maritime en Asie orientale, impacts sur les devises et envolée des prix des matières premières.

« Nous nous attendons à voir déferler une vague d’inflation, déclare Angelo Trocchia, directeur général du lunetier italien Safilo, dont l’usine chinoise tourne à plein régime et fait face à l’augmentation des prix de matériaux comme le plastique. Nous avons besoin de savoir comment les banques centrales vont réagir. »

Jusqu’au milieu des années 2000, la croissance mondiale avait été tirée principalement par les Etats-Unis, jusqu’à ce que l’expansion spectaculaire de l’économie chinoise lui fournisse un second moteur, qui s’est souvent révélé plus puissant. A présent, la croissance chinoise, bien qu’encore vigoureuse, devrait décélérer dans le courant de l’année après s’être rapidement remise de la pandémie de Covid-19, le gouvernement cherchant à juguler l’activité de crédit. L’économie européenne, dont la reprise est plus lente et pâtit de la faiblesse des dépenses de consommation, contribue aussi à atténuer l’inflation et la demande mondiales.

A lui seul, le dernier plan de dépenses des Etats-Unis devrait accroître la production dans des proportions pouvant atteindre 0,5 point de pourcentage au Japon, en Chine et dans la zone euro au cours des douze prochains mois

Rapporté au PIB mondial, le plan de relance budgétaire américain est environ sept fois plus important que ne l’était celui de la Chine au lendemain de la crise financière de 2008.

A lui seul, le dernier plan de dépenses des Etats-Unis devrait accroître la production dans des proportions pouvant atteindre 0,5 point de pourcentage au Japon, en Chine et dans la zone euro au cours des douze prochains mois, et un point de pourcentage au Canada et au Mexique, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). En mai, l’OCDE a relevé sa prévision de croissance de l’économie mondiale à 5,8 % pour 2021, ce qui en ferait l’expansion la plus rapide depuis 1973.

« Ce sont des chiffres considérables, souligne Adam Posen, ancien membre du comité monétaire de la Banque d’Angleterre. La politique budgétaire américaine atteint des proportions inédites en temps de paix. » Le Japon et l’Europe ne peuvent probablement pas dépasser un taux de croissance d’environ 1 % par an, au mieux, dans la durée, estime-t-il. « Dans une certaine mesure, l’Europe, la Chine et le Japon profiteront à bon compte des largesses de la relance budgétaire américaine. »

L’effet ricochet de la vigoureuse croissance américaine sur le système financier mondial dépasse de loin celui de la Chine après 2008 ou aujourd’hui, car les marchés financiers chinois demeurent relativement isolés, tandis que le dollar domine les marchés internationaux de la dette ainsi que les réserves de change.

Mais ce que l’économie américaine florissante donne d’une main, elle le reprend d’une autre. Le reste du monde peut profiter de la forte augmentation des échanges commerciaux mais de nombreux pays risquent de pâtir d’une accélération de l’inflation, d’une appréciation du dollar et de la hausse des rendements obligataires, autant de facteurs susceptibles de limiter leur reprise.

Le billet vert s’est renchéri face aux autres monnaies depuis que les banquiers centraux de la Réserve fédérale ont indiqué mi-juin qu’ils comptaient relever les taux d’intérêt d’ici à la fin 2023. Pour contrecarrer la dépréciation de leurs propres monnaies et contrôler l’inflation, les banques centrales russe, brésilienne et turque ont augmenté leurs propres taux d’intérêt à plusieurs reprises ces dernières semaines.

La politique monétaire ultra-accommodante de la Fed a permis jusqu’ici de contrôler les flux financiers à destination des Etats-Unis, mais tout changement créerait un risque pour de nombreux marchés émergents

La dernière chose dont ont besoin les marchés émergents en ce moment est une hausse des coûts d’emprunt, note Tamara Basic Vasiljev, économiste chez Oxford Economics à Londres. « Mais si votre économie est dollarisée, vous êtes contraint de relever vos taux même si vous pensez que cela ne résoudra aucun problème », ajoute-t-elle.

La politique monétaire ultra-accommodante de la Fed a permis jusqu’ici de contrôler les flux financiers à destination des Etats-Unis, mais tout changement créerait un risque pour de nombreux marchés émergents, notamment ceux qui accusent d’importants déficits des comptes courants.

Un mouvement mondial de hausse des taux d’intérêt, avec la Fed à sa tête, pourrait freiner la reprise dans certaines régions, au moment même où la dette des pays émergents atteint un niveau record de plus de 86 000 milliards de dollars, selon l’Institut de la finance internationale.

Si la Fed maintient ses taux bas, néanmoins, elle risque de favoriser la création de bulles sur les marchés mondiaux d’actifs. Les banques centrales des pays scandinaves ainsi que celle de la Corée du Sud ont annoncé leur intention de resserrer leur politique monétaire en partie pour contrer le développement potentiel de bulles, notamment dans l’immobilier.

Le boom de la demande américaine pourrait aider les Etats-Unis à renforcer leurs relations économiques avec leurs alliés à l’heure où la Chine se replie de plus en plus sur son marché intérieur et où ses autorités suscitent une méfiance croissante dans le monde.

Si les Etats-Unis restent la première économie mondiale, leur influence économique et politique en Asie a souffert de l’essor chinois durant la décennie passée. Des pays comme l’Australie ou Taïwan sont plus vulnérables aux pressions économiques chinoises lorsque Pékin décide de limiter ou de suspendre les échanges de certains biens en vue d’atteindre ses objectifs politiques.

L’économie chinoise devrait croître de 8,5 % cette année, selon l’OCDE, et son expansion jusqu’en 2026 devrait représenter l’équivalent du PIB de l’Australie chaque année.

L’économie américaine de son côté devrait connaître sa plus forte reprise depuis le début des années 1980, forte d’un taux de croissance de 6,9 % cette année, d’après l’OCDE. Ce dynamisme est crucial pour l’économie mondiale car les consommateurs américains sont la pierre angulaire du commerce mondial. Les Etats-Unis représentent environ 27 % des dépenses mondiales de consommation finale, contre seulement 11 % pour la Chine, selon des chiffres de 2017 de Deloitte.

Une grande partie de la production économique des autres pays est tributaire des dépenses des consommateurs américains, lesquelles sont attendues en hausse d’environ 10 % en 2021 par rapport à 2020, une fois corrigées de l’inflation – soit leur plus forte augmentation depuis 1946, selon Oxford Economics.

Les revenus des Américains ont continué de progresser durant la pandémie. Les ménages américains ont accumulé 2 600 milliards de dollars d’« épargne excédentaire », selon les calculs de Moody’s, qui a comparé leur comportement en 2020 à celui de 2019, et leurs dépenses sont très fortement orientées vers des biens fabriqués à l’étranger.

Les Etats-Unis devraient enregistrer environ 170 milliards de dollars d’importations supplémentaires chaque année jusqu’en 2026, contre 140 milliards pour la Chine, selon HSBC.

Ils dépenseront cette année en importations 876 milliards de dollars de plus que ce qu’ils tirent de leurs exportations – soit un déficit record des comptes courants – tandis que la Chine verra ses exportations dépasser de 274 milliards de dollars ses importations, selon le Fonds monétaire international. La Chine, qui affichait déjà l’année dernière l’excédent des comptes courant le plus élevé du monde, a enregistré une augmentation de près de 40 % de ses exportations au premier trimestre 2021 en glissement annuel.

L’ampleur de la demande américaine d’importations contraste nettement avec la situation observée au lendemain de la crise financière de 2008, lorsque de nombreux ménages cherchaient avant tout à rembourser leurs dettes.

La perspective de plusieurs années d’expansion aux Etats-Unis incite de nombreuses entreprises dans le monde à investir dans de nouvelles capacités de production. Morgan Stanley anticipe une hausse des investissements mondiaux, en données corrigées de l’inflation, de plus d’un cinquième d’ici à la fin 2022 par rapport aux niveaux de l’avant-pandémie, après plusieurs années de croissance médiocre.

Cette évolution est particulièrement importante pour la Chine, où l’augmentation des investissements et la vigueur de la demande d’exportations permettront de contrebalancer une reprise beaucoup plus lente de la consommation intérieure, selon l’OCDE.

 

Les entreprises allemandes de construction mécanique observent une envolée de la demande d’équipements à destination des usines asiatiques exportant leurs produits aux Etats-Unis. Taiwan Semiconductor Manufacturing a annoncé de vastes projets d’investissement visant à augmenter la production de semi-conducteurs, destinés pour l’essentiel aux Etats-Unis. Les exploitants agricoles de pays comme le Brésil commandent des machines pour pouvoir satisfaire la demande américaine croissante en huiles, entre autres.

« Les entreprises procèdent actuellement aux investissements qu’elles avaient reportés », explique Ayumi Hayashida, responsable des relations publiques et des relations avec les investisseurs du fabricant de robots industriels Yaskawa Electric. Celui-ci a vu ses commandes à destination de l’Amérique du Nord bondir de 26 % entre décembre et février par rapport au trimestre précédent.

L’expansion du marché immobilier américain a conduit Uponor Oyj, spécialiste finlandais de la tuyauterie dont les produits équipent environ un tiers des nouveaux logements aux Etats-Unis, à accroître le nombre de ses lignes de production « aussi rapidement que nos ingénieurs pouvaient les commander » sur un site de fabrication récemment acheté dans le Minnesota, explique le directeur général de l’entreprise, Jyri Luomakoski. Les ventes d’Uponor Oyj en Amérique du Nord ont progressé de 22 % au premier trimestre en glissement annuel, contre 8 % environ en Europe.

L’ampleur des bénéfices réalisés par des spécialistes du transport maritime comme A.P. Moller-Maersk, CMA CGM et Hapag-Lloyd incite ces entreprises à étoffer leurs flottes. Sur les cinq premiers mois de 2021, les commandes de nouveaux porte-conteneurs ont été presque deux fois plus importantes que le total de celles de 2019 et 2020, selon le fournisseur de données spécialisé VesselsValue.

 

La politique d’argent facile de la Fed a servi de couverture aux gouvernements et banques centrales dans le monde entier – y compris dans des pays émergents déjà très endettés comme le Brésil – pour ouvrir eux aussi généreusement les vannes du crédit bon marché et des dépenses publiques.

« Le fait que la Réserve fédérale ait l’intention de laisser ses taux d’intérêt inchangés pendant deux ans nous permet de respirer, a déclaré Jonathan Heath, gouverneur adjoint de la banque centrale mexicaine, lors d’un entretien le 31 mai. En temps normal, nous serions clairement en train de relever nos taux. »

L’ampleur du rebond américain n’est pas sans causer des tensions à travers le monde, cependant. Là où le boom tiré par la Chine avait entraîné une hausse des prix des matières premières, la reprise américaine provoque le renchérissement d’un très grand nombre de biens de consommation.

La forte demande d’appareils électroniques comme les ordinateurs portables, les téléphones mobiles et les téléviseurs durant la pandémie s’est traduite par une pénurie d’étain, dont les cours se sont approchés de niveaux record. La demande mondiale a toutefois été freinée par la faiblesse de la consommation des ménages dans l’Union européenne et dans les grands pays d’Amérique latine comme le Mexique et le Brésil.

Certains constructeurs navals demandent à leurs clients de payer un supplément pour la livraison de nouveaux navires parce que les prix de l’acier ont augmenté. Wildlife World, entreprise britannique qui fournit de la nourriture et des équipements pour animaux ainsi que des caméras pour observer la vie sauvage, a vu les coûts d’envoi de ses produits quasiment sextupler, indique Vanessa McDonald, directrice des ventes.

Une partie de cette hausse est répercutée sur la clientèle. « Tout le monde accepte des hausses de prix importantes, observe Mme McDonald. Je n’ai jamais vu une telle demande. » L’entreprise a enregistré une augmentation de 90 % de ses ventes aux Etats-Unis durant l’exercice financier qui vient de s’achever.

Les centaines de milliers d’usines chinoises subissent la hausse rapide des coûts des matières premières. Pétrole, minerai de fer et métaux sont à l’origine d’une augmentation de 9 % des prix de sortie d’usine en mai en glissement annuel, soit la plus forte en près de 13 ans.

La hausse des prix constitue un casse-tête pour les banquiers centraux d’économies émergentes comme le Brésil et la Russie, où l’inflation atteint ses niveaux les plus élevés depuis des années. Ces deux pays ont déjà relevé leur taux directeur trois fois cette année afin de soutenir leur monnaie, entraînant un renchérissement des coûts d’emprunt alors même qu’ils continuent de lutter contre la pandémie. La moindre poussée d’inflation peut déstabiliser les investisseurs et causer une dépréciation des monnaies, réduisant la capacité des entreprises et des ménages à assurer le service de leur dette, laquelle est souvent libellée en dollars ou en euros.

 

Au Canada, la vigueur de la croissance américaine stimule les exportations, tirant à la hausse les prix du pétrole et soutenant le dollar canadien, dont la valeur atteint son niveau le plus élevé en six ans face au billet vert. L’inflation canadienne a grimpé à 3,6 %, un plus-haut en dix ans, poussant la banque centrale à relâcher ses mesures extraordinaires de relance malgré une troisième vague de Covid-19 qui devrait peser sur la croissance. La banque centrale a ralenti son programme d’achats d’actifs en avril, devenant la première du G7 à prendre une telle décision.

De son côté, la Banque centrale européenne a renforcé ses achats d’obligations en mars, dans le but de faire baisser les rendements des emprunts d’Etat, invoquant une hausse mondiale des coûts d’emprunt en partie imputable « aux anticipations d’inflation et aux prévisions de croissance du PIB aux Etats-Unis ». La relance monétaire de la BCE permet de contenir les coûts d’emprunt tout en maintenant le taux de change de l’euro face au dollar à un niveau bas, paramètre essentiel pour une région très dépendante des exportations.

Deux mois plus tard, la BCE a lancé une mise en garde contre les risques accrus de correction sur le marché immobilier résidentiel de la zone euro, sur fond de signes de surévaluation

Anthony Harrup, Juan Carlos Rivera et Megumi Fujikawa ont contribué à cet article

Projet de loi sur le renseignement : vers la dictature ?

Projet de loi sur le renseignement : vers la dictature ?

 

Ce que laissent entendre les juristes Arthur Messaud et Martin Drago qui alertent sur le fait que le texte examiné cette semaine au Sénat rend possible l’utilisation de « boîtes noires » capables d’analyser les comportements de toute la population.Une inquiétude évidemment excessivs voire  caricaturalessi on oublie que l’objectif est de viser les criminels extrémistes potentiels vis-à-vis desquels les démocraties sont bien mal armées.

 

Tribune.

A partir du mardi 29 juin, les sénateurs examineront, dans l’Hémicycle, le nouveau projet de loi relatif à la prévention d’actes de terrorisme et au renseignement. Nous les appelons à le rejeter entièrement.

Parmi les nombreuses dispositions de ce texte attentatoire à nos libertés [voir notamment le communiqué de l’Observatoire des libertés et du numérique et de Wikimédia France du 15 juin 2021 : « Loi Renseignement 2, refuser l’emballement sécuritaire »], l’une des plus graves concerne la surveillance de masse des communications par des algorithmes que l’on appelle aussi « boîtes noires ». Ces logiciels analysent l’ensemble des métadonnées (numéros de téléphone appelés, date et durée des appels, etc.) transitant sur les réseaux afin de détecter des comportements qui, d’après les services de renseignements, pourraient révéler des activités terroristes. Voté comme une mesure expérimentale en 2015, le nouveau projet de loi veut pérenniser ce dispositif et lui permettre d’analyser aussi, désormais, les adresses des sites Web consultés.

L’analyse des communications est automatique, réalisée par des machines. C’est là tout le problème : alors que la surveillance « humaine » ne permettait que des analyses « ciblées », l’automatisation rend possible de surveiller l’ensemble du réseau − toute la population. C’est la logique de la surveillance de masse, du « tous suspects » qui est pérennisée en même temps que cette mesure.

Le fait que le dispositif soit limité à la prévention du terrorisme ne doit en aucun cas nous rassurer : ce critère a déjà été dévoyé pour surveiller des opposants politiques, que ce soit dans l’affaire de Tarnac [affaire politico-judiciaire qui a abouti, en avril 2018, à la relaxe quasi générale de huit militants anticapitalistes] ou dans les diverses mesures de censure contre le réseau Indymedia [une plate-forme de médias alternatifs] en 2017.

Les services de renseignements n’étant limités par aucun contre-pouvoir indépendant, nous ne pouvons que redouter une pérennisation de ces dévoiements. Danq sa « stratégie générale du renseignement » publiée en 2019, l’Elysée considère, par exemple, que « l’anticipation, l’analyse et le suivi des mouvements sociaux et [des] crises de société par les services de renseignements constituent une priorité », et qu’« anticiper les dérives violentes s’applique également (…) aux affirmations de vie en société qui peuvent exacerber les tensions au sein du corps social ».

Algérie : 10 000 arrestations !

Algérie : 10 000 arrestations !

 

 

Le mathématicien Pierre Audin et l’architecte Samir Yahiaoui déplorent, dans une tribune au « Monde », que l’ONU n’ait pas pris acte de « l’état déplorable des droits humains » dans le pays.

 

Tribune.

Quelque 10 000 arrestations – dont plus de 6 300 ces quatre derniers mois –, 300 détenus d’opinion, 700 procès, une dizaine de plaintes pour viols et tortures pendant les gardes à vue… C’est le bilan, forcément provisoire, établi à ce jour par la Ligue algérienne pour la défense des droits humains (LADDH) et le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Ses critiques du régime auront même coûté son poste à un magistrat, radié par ses pairs fin mai. La répression est désormais la seule réponse du régime en place depuis 1962 au mouvement citoyen pacifique du Hirak, débuté le 22 février 2019 pour réclamer ni plus ni moins qu’un Etat de droit.

Ce bilan répressif ne suffit pas au pouvoir algérien. Il l’assortit d’un discours conspirationniste, considérant les millions de marcheurs tantôt comme des idiots utiles, tantôt comme les supplétifs d’un vaste plan de subversion du pays conduit par une triple alliance maroco-israélo-française ! Dans cet objectif, deux documentaires, produits par le service de communication et d’orientation de l’armée et diffusés par la télévision d’Etat, développent ad nauseam cette élucubration, à grand renfort d’images de raids israéliens sur Gaza et d’« analyses » d’experts maison.

Le pouvoir en place en Algérie a d’ailleurs élargi le concept de « terrorisme » pour y englober le simple fait d’appeler à un changement de régime. En vertu de cette extension, tout citoyen appelant à la fin du régime risque désormais de voir son nom inscrit sur une liste nationale de terroristes et d’être traité comme tel.

Face à de telles outrances, pas moins de 82 organisations algériennes et internationales, dont la LADDH, Amnesty International, Human Rights Watch, Reporters sans frontières (RSF) et MENA Rights Group, ont tenu, avec une rare unanimité, à interpeller le Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur les dérives d’un pays membre : l’Algérie, dont le pouvoir bafoue au grand jour les résolutions internationales de protection des droits humains et contre la torture qu’il a paraphées et ratifiées et dont la Constitution affirme que les traités internationaux ont la primauté sur le droit national.

Les détenus et leurs proches, qui représentent toutes les couches de la société algérienne, chômeurs et étudiants, journalistes et avocats, universitaires, médecins, blogueurs, caricaturistes ou syndicalistes, ont attendu avec grand espoir que la 47e session du Conseil de droits de l’homme prenne publiquement acte de l’état déplorable des droits humains dans leur pays. Cet espoir a été déçu : la résolution finale ne fait nulle mention du cas algérien, alors même que l’Algérie n’a rien à envier aux régimes condamnés et dénoncés par le conseil lors de sa 47e session. La démarche des 82 ONG aurait-elle fait l’objet d’une fin de non-recevoir ? Et si oui, pourquoi ?

Reconstituer la gauche sur la base du strict minimum !

Reconstituer la gauche sur la base du minimum commun !

 

Une alternative démocratique, sociale et écologique crédible est possible à gauche, affirme un collectif d’universitaires et de militants qui appellent, dans une tribune au « Monde », à choisir un candidat ou une candidate à l’élection présidentielle de 2022 sur la base d’un « socle commun » de propositions. Bref le retour du programme commun revu encore à la baisse compte tenu des divergences insurmontables ( Par exemple entre les gauchistes d’Europe écologie les Verts et les communistes des insoumis. Une curieuse clarification politique .  Ou le retour de la tambouille politique. Peu importe le contenu Pourvu qu’on ait le programme !

 

Au terme des élections régionales, il est temps de tirer plusieurs enseignements de cette phase inquiétante pour la démocratie. Le principal résulte de l’ampleur de l’abstention : le fait que deux électeurs sur trois – dont presque neuf sur dix des 18-24 ans – n’ont pas été voter atteste que l’offre politique actuelle est en profond décalage avec les attentes de la grande majorité des citoyens et citoyennes.

Le duel imposé entre néolibéralisme et xénophobie identitaire ne passionne visiblement pas les foules et le clivage droite-gauche, donné pour mort, est bel et bien vivant et structurant. Et si le Rassemblement national (RN) n’a pas fait les scores escomptés, il a pris l’ascendant dans le débat public en orientant le positionnement d’une bonne partie de la droite.

Il n’en reste pas moins que la fragmentation de la gauche et de l’écologie désespère l’électorat, dopant l’abstention et empêchant de construire une alternative démocratique, sociale et écologique crédible. Les rassemblements qui ont pu s’opérer entre les deux tours, dans certaines régions, ont été trop tardifs pour pouvoir inverser cette dynamique négative.

Et cela, alors même que plusieurs millions de nos concitoyens et concitoyennes aspirent à ce que les partis qui mettent la justice et l’écologie au cœur de leurs préoccupations parlent d’une seule voix et s’organisent pour présenter, à temps, un programme et une candidature unique en 2022. C’est ce que montre une enquête réalisée par l’institut Harris, les 27 et 28 juin, selon laquelle 90 % des sympathisants de gauche et écologistes souhaitent une candidature unique.

Pour toutes ces raisons, nous, premiers soutiens de l’initiative de la « primaire populaire », invitons toutes celles et tous ceux qui aspirent à une authentique République sociale, démocratique, écologique et paritaire à nous rejoindre et demandons à tous et toutes les candidat(e)s, potentiel(le)s et déclaré(e)s qui partagent notre « socle commun », et souhaitent véritablement le voir mis en œuvre, de s’intégrer à ce processus.

Depuis plusieurs mois, nous travaillons à ce projet. En nous appuyant sur les revendications et les propositions des mouvements sociaux qui se sont manifestés ces dernières années, nous avons construit, avec l’ensemble des partis de gauche et écologistes, un socle commun qui montre combien leurs points d’accord sont nombreux.

Si des différences subsistent – et c’est heureux –, elles ne sont en aucune manière susceptibles d’empêcher la constitution d’une majorité parlementaire et d’une équipe gouvernementale solide et cohérente.

Inégalités: Nouveau sujet des banques centrales ?

Inégalités: Nouveau sujet des banques centrales ? 

 

La pandémie de Covid-19 a amplifié un peu plus encore la hausse des inégalités déjà à l’œuvre avant la crise. Si les banques centrales ne peuvent pas freiner cette tendance, elles peuvent néanmoins contribuer à l’atténuer, explique dans le Monde  Luiz Awazu Pereira da Silva, directeur général adjoint de la Banque des règlements internationaux. Mardi 29 juin, l’institution a publié son rapport annuel, dans lequel elle s’inquiète également de l’hétérogénéité de la reprise.

Quelles séquelles la récession engendrée par la pandémie de Covid-19 laissera-t-elle sur nos économies ?

Cette crise a été très grave, mais un peu moins qu’on aurait pu le craindre, grâce à l’action coordonnée des banques centrales et des politiques budgétaires visant à en limiter les effets. Elle laissera néanmoins de sérieuses séquelles en matière d’emploi, d’inégalités, et sur les secteurs les plus touchés.

Les incertitudes sont nombreuses : comment les ménages utiliseront-ils l’épargne accumulée ces derniers mois ? Dans quelles mesures certains services basculeront-ils vers le numérique, avec un contenu en emploi différent ? La reprise se fera-t-elle avec la même empreinte carbone ? Cette crise offre la possibilité de rebâtir une croissance plus verte, mais aussi de penser une réponse coordonnée au niveau mondial dans la lutte contre les pandémies.

Comment cette crise va-t-elle creuser les inégalités ?

Elle a accentué les tendances déjà à l’œuvre ces dernières années. A savoir l’augmentation des inégalités de revenus et de patrimoine, dans le sillage de la révolution technologique et de la mondialisation, qui ont toutes deux fragilisé les moins qualifiés. Réduire ces inégalités passera par des politiques structurelles complexes, notamment en matière de formation et de qualification.

Les politiques monétaires expansionnistes ont-elles contribué à creuser ces inégalités ?

Comme nous l’indiquons dans le rapport, ces dernières années, les inégalités sont devenues un sujet de préoccupation qui retient de plus en plus l’attention de la communauté des banques centrales. Ces dernières reconnaissent qu’il est important de les étudier afin de mieux comprendre comment elles peuvent influer sur l’efficacité de leurs mesures.

Covid Afrique: Pour une campagne adaptée aux réalités locales

 

Covid Afrique: Pour une campagne adaptée aux réalités locales

 

Moumouni Kinda, Directeur de l’ONG Alima, Moumouni Kinda plaide, dans une tribune au « Monde », pour des solutions associant les acteurs de la société civile afin d’éviter une troisième vague.Une réflexion pleine d’un urgent bon sens. Avec cependant des précautions à prendre quant à l’usage des fonds qui pourraient se perdre dans les méandres d’organisations locales douteuses.

 

Tribune.

 

On aurait tort de penser que les défis de la vaccination contre le Covid-19 en Afrique se résument à la question de la disponibilité des vaccins. Certes, la lenteur et la faible quantité des livraisons demeurent un vrai obstacle et, pour tout dire, un « échec moral catastrophique », comme l’a déclaré le directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, en janvier. En Afrique à ce jour, on compte 2,5 doses administrées pour 100 habitants, contre 87 aux Etats-Unis et 47 en Europe. La moyenne mondiale est de 26 doses pour 100 habitants. Cependant, si l’on en croit les annonces du G7 du 13 juin, le dispositif Covax va progressivement entrer en plein régime. Il faut donc se tourner résolument vers l’avenir et préparer des campagnes de vaccination efficaces et adaptées aux réalités africaines ! D’après notre expérience de terrain d’ONG humanitaire médicale présente dans douze pays d’Afrique, cette mobilisation passe par quatre priorités stratégiques et des préconisations spécifiques au continent. Premièrement, l’identification des publics prioritaires. Parce que l’Afrique n’a pas droit à l’abondance immédiate des vaccins, elle doit encore plus qu’en Europe procéder avec méthode et discernement. Cela concerne en premier lieu les personnels de santé, davantage exposés au virus et dont la mobilisation est essentielle, ainsi que les populations fragiles (personnes âgées et/ou porteuses de comorbidités). Mais le contexte africain se distingue malheureusement par la présence de publics très fragiles, victimes de maladies endémiques comme le paludisme et la malnutrition, ou de conflits sous-régionaux. Il faudra s’appuyer sur l’expertise des humanitaires et des communautés elles-mêmes pour accéder aux camps de réfugiés et de personnes déplacées (par exemple, les 62 000 personnes réfugiées en Mauritanie, à la frontière avec le Mali, ou les milliers de personnes déplacées au Nigeria ou au Burkina Faso). Mais il faudra aussi garantir une bonne mise en œuvre de la vaccination, notamment dans le renforcement de la pharmacovigilance, c’est-à-dire évaluer, documenter et bien sûr prendre en charge les quelques effets indésirables des vaccins. Seule une stratégie rigoureuse respectant les normes internationales et impliquant les acteurs locaux permettra de lever les réticences constatées actuellement. Deuxièmement, le déploiement de la logistique vaccinale. Le risque est grand de voir les vaccins uniquement disponibles et administrés dans les capitales et grands pôles urbains des pays africains. Il faut impérativement que la vaccination soit mobile, ce qui implique des savoir-faire logistiques mais surtout des technologies de gestion de la chaîne du froid. Ce défi du « dernier millimètre » de l’injection se complique dans de nombreux pays, à l’image de la Guinée, touchée par Ebola, où il faut prévenir les risques supplémentaires liés à la difficulté de gestion de plusieurs épidémies. Troisièmement, la préparation en amont des opinions publiques. Comme les autres continents, l’Afrique a sa part de résistance sociale et culturelle aux campagnes de vaccination. Mais à la différence des pays occidentaux, nous ne pouvons pas nous appuyer sur les chiffres pour convaincre. En effet, les données officielles sont relativement faibles, en raison de l’absence de tests à grande échelle, ce qui provoque une baisse d’attention de la population, qui finit par questionner l’existence de la maladie et donc la nécessité du vaccin. Il est impératif de préparer les campagnes de vaccination par une sensibilisation des populations que seule une approche communautaire impliquant les acteurs locaux pourra rendre efficace. C’est ainsi que la demande citoyenne viendra renforcer la pression sur l’offre vaccinale et donc accélérer la livraison des doses à l’Afrique. Enfin, quatrième spécificité, les alliances multi-acteurs. Au-delà de la disponibilité des vaccins, la plupart des Etats africains ne disposent pas des infrastructures de santé suffisantes pour affronter seuls ce défi de la vaccination devant aboutir à 10 % des populations immunisées d’ici à septembre, selon les objectifs de l’OMS. Le virus a eu l’effet d’une bombe systémique, révélant les problèmes structurels africains, comme notre retard en matière d’accès à l’oxygène, qui entrave tragiquement la qualité des soins d’urgence. Et pourtant, c’est aussi en Afrique que s’inventent, avec la lutte contre le paludisme ou Ebola, les nouvelles réponses de l’humanité contre les pandémies et zoonoses. Comme on le voit sur ces terrains, les solutions fonctionnent quand la société civile y est associée dans toutes ses dimensions. Il faudra aussi s’appuyer sur l’expertise africaine en matière de vaccination de masse et de routine développée dans le cadre du Programme élargi de vaccination de l’OMS depuis les années 1970. Avec la mobilisation de l’ensemble des acteurs, l’objectif d’immunisation du continent est bien un objectif réaliste.   En tant qu’humanitaires et médecins africains, nous allons faire face à l’urgence en mobilisant les moyens locaux, nos savoir-faire techniques, notre compréhension des spécificités culturelles, et ce grâce à l’aide internationale qui doit renforcer nos campagnes de vaccination. Il faut à tout prix éviter une troisième vague, qui menace les populations africaines du fait de la baisse de vigilance sur les mesures de prévention et des risques de mutation du virus sur les continents en retard sur la vaccination. Mais tout comme en France ou d’autres pays occidentaux, la crise du Covid-19 doit être l’occasion de repenser nos systèmes sanitaires. Le récent appel de dirigeants africains et européens à un « new deal » pour l’Afrique nous semble aller dans le bon sens et ouvrir des horizons constructifs, notamment en matière de financements et d’investissements. Mais prenons garde à ce que les acteurs de la société civile africaine ne soient pas tenus à l’écart une fois de plus. Ils sont au contraire au centre de la refondation africaine et incarnent plus encore la promesse d’un nouveau modèle de gouvernance sanitaire que nous allons, avec d’autres, construire et proposer au monde. Moumouni Kinda est directeur général de l’ONG Alima (The Alliance for International Medical Action).

La démocratie face à la menace chinoise

La démocratie face à la menace chinoise

Le succès du Parti communiste chinois, aujourd’hui centenaire, est indéniable, bien qu’incomplet. Il oblige les pays démocratiques à mieux prouver l’exemplarité de leur modèle, si ils veulent retrouver leur aura auprès de la jeunesse chinoise.

 

Editorial du « Monde ».

 

Pékin célèbre en grande pompe le centième anniversaire de la création du Parti communiste chinois (PCC), fondé en juillet 1921 à Shanghaï par une poignée d’intellectuels, sous l’étroite surveillance de Moscou. Depuis, l’élève a dépassé le maître. Le Parti communiste de l’Union soviétique n’a jamais pu commémorer le soixante-quinzième anniversaire de la révolution de 1917. Le PCC, lui, au pouvoir depuis soixante et onze ans, n’a jamais paru aussi fort.

Aucun parti n’a dirigé autant d’hommes aussi longtemps. Son succès est indéniable. En l’espace de quarante ans, la Chine est devenue la deuxième puissance économique mondiale, creusant chaque jour davantage l’écart avec son grand rival indien et se rapprochant rapidement des Etats-Unis. L’économie chinoise pourrait même dépasser l’économie américaine avant la fin de la décennie. Si le monde parvient à atteindre avant terme les objectifs de développement pour le millénaire que s’est fixés l’ONU en 2000, c’est en grande partie grâce aux performances de Pékin. Enfin, la pandémie de Covid-19, mieux maîtrisée en Chine que dans la plupart des autres pays, a incontestablement renforcé la légitimité du pouvoir auprès de la population.

 

Cependant, ce succès est incomplet. Parce qu’il s’accompagne de graves atteintes aux droits de l’homme et d’entraves aux libertés, parce qu’il repose en partie sur un modèle de développement non durable, et parce que la Chine, contrairement à ce qu’elle affirme, remet en question l’ordre international et rejette le multilatéralisme dès qu’il va à l’encontre de ses propres intérêts.

Le « modèle chinois » n’en est pas un. Les dirigeants qui, à Pékin, insistent sur les « caractéristiques chinoises » de leur « socialisme » ne prétendent d’ailleurs pas vraiment l’exporter. Le monde ne deviendra pas chinois, et l’on ne peut que s’en féliciter. Pour autant, le succès chinois est un défi pour l’Occident. Sauf un bouleversement que rien ne laisse aujourd’hui présager, la Chine ne deviendra pas non plus un pays démocratique – rien ne permet d’ailleurs d’affirmer qu’une majorité de Chinois le souhaiteraient. De même, il est erroné de croire que le nationalisme chinois n’est qu’une créature du Parti communiste. Celui-ci l’entretient en permanence, l’exploite souvent, le canalise parfois, mais ne le maîtrise pas totalement. Le reste du monde doit donc s’habituer à vivre avec une Chine puissante, nationaliste, voire menaçante, au moins pour ses voisins.

 

Face à ce nouveau géant, chaque pays, à l’exception des Etats-Unis, pèse bien peu. Puisque la Chine cherche à diviser le reste du monde, la réponse ne peut être que dans des alliances à géométrie variable, sur le plan tant économique que stratégique. Mais cela ne suffira pas. Face au défi chinois, les démocraties occidentales, notamment l’Union européenne, ne doivent pas se contenter de dénoncer les atteintes aux droits de l’homme dans ce pays. Elles ne seront crédibles que si elles illustrent elles-mêmes la réussite du modèle démocratique, par leur comportement et leurs performances.

La jeunesse chinoise n’est pas stupide. Elle est bien davantage connectée au reste de la planète qu’on ne le pense en Europe ou aux Etats-Unis. La meilleure façon pour l’Occident de reprendre le leadership dans ses relations avec Pékin est de retrouver l’aura qui était naguère la sienne auprès de cette Chine de demain.

Economie, politique, société: les plus lus

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Rapport Blanchard-Tirole : Une vision étroite

Le rapport de la commission internationale présidée par Olivier Blanchard et Jean Tirole entend relever trois grands défis économiques de notre temps : le climat, les inégalités et l’insécurité, et le changement démographique.

Le choix de limiter les questions environnementales au seul climat est problématique, car il conduit à abandonner les autres… Il est en retrait par rapport à la taxonomie européenne qui va organiser la relation entre finance et environnement autour de six objectifs environnementaux : l’atténuation du changement climatique ; l’adaptation au changement climatique ; l’utilisation durable et la protection des ressources aquatiques et marines ; la transition vers une économie circulaire ; la prévention et la réduction de la pollution ; la protection et la restauration de la biodiversité et des écosystèmes.

La forte dimension systémique de ces questions étroitement liées rend nécessaire le déploiement de processus d’évaluation et d’outils politiques diversifiés et complémentaires.

 

Or le rapport présente la tarification du carbone comme l’outil ultime, en focalisant toutes ses critiques sur les défauts des mesures sectorielles : inefficacité économique, effets d’aubaine, fuites… Pour ceux qui ne disposent que d’un marteau tout ressemble à un clou. La rationalité économique vue sous le seul angle de la monétarisation ne s’applique facilement qu’au climat : il est alors tentant pour ses défenseurs de limiter leur champ de considération à la seule question climatique.

La seconde limite du rapport Blanchard-Tirole est la focalisation du rapport sur les technologies et l’innovation à caractère disruptif, en laissant de côté les innovations « low tech » et celles qui concernent l’organisation et les modèles économiques et sociaux.

En fait, le rapport apporte un éclairage scientifiquement établi pour gérer certaines technologies et les échanges internationaux. Il est en effet tout à fait légitime de financer le développement des technologies stratégiques du photovoltaïque, du stockage de l’électricité, du vecteur hydrogène ou de la séquestration du carbone.

Il est de même tout à fait fondé de mettre en place une taxe carbone aux frontières qui puisse contrebalancer les prix du carbone, différents selon les pays. Il est enfin tout aussi nécessaire d’appliquer une évaluation économique attentive des actions climatiques qui peuvent engendrer selon le rapport un coût allant de 5 euros à 1 000 euros par tonne de CO2 non émise.

Le système scolaire d’orientation français complètement obsolète

 Le système scolaire d’orientation français complètement obsolète

Alors que la procédure Parcoursup continue, Vincent Troger, maître de conférences honoraire en sciences de l’éducation, invite, dans une tribune au « Monde », à centrer davantage l’orientation sur le projet de vie des jeunes.

 

Tribune. 

 

Depuis fin mai et jusqu’au 16 juillet (pour la phase principale), les lycéens et étudiants en réorientation reçoivent, au compte-gouttes, les réponses aux vœux d’orientation vers l’enseignement supérieur qu’ils ont exprimés sur la plate-forme Parcoursup. Cette année, comme les précédentes, la procédure n’a pas manqué de relancer les débats sur la politique d’orientation en France.

 

Dans un « cadre national de référence » publié en mai 2019, le ministère de l’éducation nationale rappelle sa logique de l’orientation à l’école : « permettre aux jeunes (…) d’élaborer progressivement leur projet d’orientation » à partir des informations que leur fournissent les documents de l’Onisep, les enseignants et les conseillers d’orientation. Ces informations reposent toutes sur le même principe : elles présentent « tous les diplômes proposés dans le cadre du service public d’éducation » et donnent « l’information sur les métiers et les formations » qui correspondent à ces diplômes. Ce dispositif repose donc sur l’idée qu’à chaque profession et niveau de qualification correspond une formation et un diplôme. Or cette logique d’une adéquation entre la formation, le diplôme et l’emploi est désormais de plus en plus obsolète. Comme si l’orientation scolaire était désorientée.

En effet, ce que l’on sait de l’entrée des jeunes sur le marché du travail montre que si, globalement, le diplôme protège à long terme du chômage, il ne garantit plus depuis longtemps une insertion stable dans le domaine professionnel correspondant théoriquement à la formation suivie. Plus exactement, cette garantie ne concerne plus que la proportion des jeunes qui accèdent, après le baccalauréat, aux formations sélectives de l’enseignement supérieur : certains BTS, IUT, médecine, sciences politiques, écoles de commerce, classes préparatoires aux grandes écoles… Or ces formations n’accueillent qu’environ 35 % d’une classe d’âge.

Pour les 65 % restants, l’insertion professionnelle est longue et discontinue. Une enquête de suivi de l’insertion professionnelle publiée par le Centres d’études et de recherches sur les qualifications en 2019 montre que dans la génération sortie du système scolaire en 2010, 17 % n’ont connu pendant sept ans que « chômage récurrent » ou « inactivité », et seulement 55 % d’entre eux ont obtenu rapidement un CDI. Et à la fin de la période d’enquête, ils sont encore 20 % à n’avoir qu’un emploi en CDD ou en intérim. Pour la majorité des jeunes, titulaires de diplômes universitaires, de bacs professionnels ou de CAP, les années qui suivent la sortie du système éducatif seront donc celles des CDD, de l’intérim, des petits boulots, des périodes de chômage, des retours en formation. En 2015, dans son étude intitulée « La face cachée des “Tanguy” », la Fondation Abbé Pierre recensait 338 000 jeunes adultes de plus de 25 ans obligés de recohabiter avec leurs parents en raison notamment de pertes d’emploi ou de revenus insuffisants.

Covid Royaume-Uni, 50% de vaccinés parmi les morts du variant delta

Covid Royaume-Uni, 50% de vaccinés parmi les morts du variant delta

 

Sur 117 personnes décédées du variant Delta 50 étaient complètement vaccinées (42,7% du total) et 20 primovaccinées (17,1%). Autrement dit, 59,8% des personnes décédées en raison du variant delta.

Environ 92 000 infections par ce variant ont été recensées entre le 1er février et le 21 juin (dont près de 80 000 dans les vingt-huit derniers jours), d’après le dernier bulletin publié vendredi. Dans presque 66,4 % des cas de variant delta pour lesquels on connaît le statut vaccinal (81 014 cas), les personnes infectées n’étaient pas vaccinées ; 7,7 % avaient reçu une première dose depuis moins de 21 jours, 16,9 % depuis plus de 21 jours, et 8,9 % disposaient de deux doses. Les moins de 50 ans sont surreprésentés puisqu’ils représentent 89,6 % des cas. Ces derniers étaient (toujours pour ceux dont on connaît le statut vaccinal) à 72,8 % non-vaccinés. Les autorités britanniques font observer que nombre de décès pourrait être imputé à d’autres pathologies que le seul variant Delta. À noter aussi que nombres de jeunes sont concernés. Bref, on voit mal comment l’Europe pourrait continuer à lever complètement toutes les mesures restrictives alors que le variant Delta particulièrement contagieux( pas forcément plus mortel) qui va contaminer de plus en plus de monde se répand à grande vitesse.

Loi PMA pour les homosexuelles pas pour les autres

Loi  PMA pour les homosexuelles pas pour les autres

l’article premier de la loi qui ouvre la PMA a été votée par l’Assemblée nationale. Elle consacre surtout le droit à la procréation assistée pour les homosexuelles mais pas forcément pour les autres à moins, elles aussi, de devenir homosexuelles ! !

 

Loi PMA : en juillet pour les homosexuelles et célibataires mais pas pour les mariées !

 

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Christophe castaner  le président du groupe en marche à l’Assemblée nationale s’explique sur la future loi PMA qui pourrait être mise en œuvre à partir de juillet. Pour l’essentiel,  elle doit permettre d’assister la procréation pour les homosexuels et les célibataires. Un grand trou cependant dans la raquette celui concernant les femmes mariées qui pour une raison ou une autre ne peuvent procréer et dont on demande des conditions d’âge du mari  (!) pour accéder à la PMA. Ou alors faudra-t-il que les femmes intéressées divorcent, deviennent homosexuelles et célibataires pour bénéficier elles aussi de la PMA ?  La preuve que cette loi nécessaire a surtout été inspirée par des groupes de pressions minoritaires et qu’on a tout simplement oublié la normalité maritale en matière de procréation.

 

L’interview de Christophe Castaner

 

 

Quand les femmes homosexuelles et célibataires pourront-elles, en France, s’engager dans un parcours PMA?
Ce sera possible avant la fin de l’été ; nous souhaitons que la loi soit promulguée en juillet.

La PMA sera-t-elle remboursée par la Sécurité sociale?
Oui, pour toutes les femmes, c’est dans le texte. Ce nouveau droit ne doit pas être réservé à quelques-unes.

 

Ce marqueur sociétal était-il indispensable, au moment des élections locales et à un an de la présidentielle? Ou au contraire risqué?

Seul l’aboutissement compte. La PMA pour toutes s’inscrit dans un quinquennat de progrès : nous avons allongé le congé paternité, combattu les violences intrafamiliales, assuré le versement par la CAF des pensions alimentaires impayées… Sur l’allongement de deux semaines du délai légal pour avoir recours à l’avortement, j’ai demandé au Premier ministre que nous puissions l’intégrer au projet de loi de finances de la Sécurité sociale, examiné cet automne.

Pourquoi ne pas avoir ce débat à l’occasion de la campagne présidentielle de 2022, comme le souhaitent certains élus et comme vous le préconisez en ce qui concerne la fin de vie?

Où étaient ces élus en 2017? Le candidat Macron s’était prononcé en faveur de la PMA. Nous mettons donc en œuvre la promesse présidentielle. Si nous écoutions les LR, ils proposeraient ensuite de renvoyer le débat à 2027, 2032… En revanche, Emmanuel Macron ne s’était pas prononcé sur une nouvelle loi sur la fin de vie.

La majorité pourrait-elle aller plus loin et autoriser la PMA post-mortem ou pour les personnes transgenres?
La position de mon groupe est de retrouver les équilibres du texte voté en deuxième lecture à l’Assemblée nationale. Nous ne porterons donc pas de nouveaux éléments.

Comment augmenter le nombre de donneurs de sperme, dans un contexte de levée partielle de l’anonymat?
D’autres pays ont connu une baisse des dons, mais seulement temporaire. Il faudra faire de la pédagogie, rassurer. Mais il n’y a aucune raison que nous n’y arrivions pas.

 

 

Covid Monde : 4 millions de morts

  • Covid Monde : 4 millions de morts

La pandémie a fait au moins 3.932.561 morts dans le monde depuis fin décembre 2019, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles mardi à 10h00 GMT. Les États-Unis sont le pays le plus touché avec 604.115 morts. Le Brésil, qui compte 514.092 morts, est suivi par l’Inde (397.637), le Mexique (232.608) et le Pérou (192.163), pays déplorant le plus de morts par rapport à sa population. Proportionnellement sa démographie la France est aussi l’un des pays les plus touchés (plus de 100 000 morts).

Ces chiffres, qui reposent sur les bilans quotidiens des autorités nationales de santé, sont globalement sous-évalués. L’Organisation mondiale de la santé estime que le bilan de la pandémie pourrait être deux à trois fois plus élevé que celui officiellement calculé.

Covid Australie: retour au confinement pour 10 millions de personnes

  • Covid  Australie: retour au confinement pour 10 millions de personnes

Environ 10 millions d’Australiens ont reçu la consigne d’observer un confinement dans plusieurs villes de l’immense île-continent, confrontée depuis quelques semaines à une flambée de cas, en particulier du très contagieux variant Delta, en raison de failles dans les dispositifs de quarantaine pour les voyageurs en provenance de l’étranger.

Après les habitants de Sydney (sud-est), Darwin (nord) et Perth (ouest), ce sont ceux de Brisbane (est) et de plusieurs zones de l’État du Queensland qui vont devoir rester chez eux à compter de mardi soir, pour une durée initiale de trois jours.

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