Crise française : la démocratie en cause ?

Crise française : la démocratie en cause ?

De manière assez insidieuse l’idée se répand que le concept même de démocratie serait en cause dans l’inefficacité politique actuelle en France. Le baromètre de la confiance politique du Cevipof a mis en évidence une montée de l’attrait pour un pouvoir plus autoritaire : 48 % des Français estiment que « rien n’avance en démocratie, il faudrait moins de démocratie et plus d’efficacité » . Du coup, émerge notamment une demande d’homme fort et de remise en ordre du pays. La demande d’un homme fort découle sans doute de la très grande faiblesse des responsables qui alimentent le paysage politique aujourd’hui.
En cause notamment leur mode d’émergence. La plupart sont en effet des sortes d’oligarques qui en réalité ont transformé la fonction élective en activité professionnelle. Ces responsables sont souvent hors sol , ils vivent dans le monde virtuel de la politique et non dans les réalités économiques et sociales. Cela d’autant plus qu’ils ne sont pas représentatifs des réalités sociologiques du pays. Ils ne doivent leur avenir qu’aux partis nationaux. Notons d’ailleurs que ce sont ces partis nationaux qui délivrent les investitures et non les organisations locales dans la plupart des cas. Tout est donc centralisé et forcément polarisé. Pour se distinguer, il faut en effet se positionner sur une ligne contraire aux partis adverses. Sans nuances et avec l’accompagnement de démagogie pour convaincre. Pour résumer la démocratie est en cause dès le mode de désignation des candidats. La démocratie qui ensuite subit sans doute la plus grave atteinte lorsque les élus mettent en œuvre une politique contradictoire avec ce qu’ils avaient annoncé.
Les insuffisances de la démocratie commencent donc dès le processus de désignation des candidats, se poursuit pendant l’exercice du pouvoir en l’absence de processus d’association et d’évaluation de la population concernée. Avec Macron, qui a tout fait pour tuer toutes les organisations intermédiaires, y compris son propre parti, on a sans doute atteint des sommets au point qu’on peut bien considérer le régime politique de la France comme très monarchique.
Le caractère très centralisé dans la plupart des domaines régaliens, le poids de la dépense publique, facilitent et alimentent ce caractère monarchique. Le millefeuille administratif et politique ne sert qu’à générer des coûts de fonctionnement démentiels et pèse peu sur la problématique nationale. Régions, départements, communautés de communes et autres n’ont aucun poids vis-à-vis des grands enjeux économiques, politiques ou sociétaux. Ou de manière assez accessoire.
À cet égard ne manque pas de structure mais d’animation et d’objectifs des organisations intermédiaires aujourd’hui marginalisées voire méprisées; cela vaut pour le niveau central mais aussi local. Voir à cet égard les conseils de citoyens locaux bidons et ou anecdotiques.
D’une certaine manière, la crise n’est pas le produit de trop de démocratie mais plutôt l’inverse. Dernier exemple en date celui de Bayrou élu pour essayer de trouver une majorité et un projet collectif et qui bricole cet été tout seul dans son coin sa propre copie des futures finances publiques. C’est aussi de cette manière qu’on procède dans les grandes villes ; de manière aussi peu démocratique mais aussi peu efficace. Face aux grands enjeux pourtant il serait indispensable d’associer les acteurs sous différentes formes non seulement pour des motifs démocratiques mais pour davantage d’efficacité. Cela d’autant plus que ces enjeux sont de plus en plus complexes du fait notamment de leur interaction systémique.

0 Réponses à “Crise française : la démocratie en cause ?”


  • Aucun commentaire

Laisser un Commentaire




L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol