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Résultats Législatives 2024 : une victoire en trompe l’oeil

Résultats Législatives 2024 : une victoire en trompe l’oeil

C’est en exprimant un grand « ouf » qu’une majorité de Français s’est couché ce 7 juillet au soir. Mais qu’on ne se méprenne pas : le soulagement est trompeur et de courte durée. Cette victoire en trompe-l’œil annoncera plus tard celle du Rassemblement national si le nouveau Parlement et le futur exécutif n’adoptent pas la culture du compromis transpartisan et n’engagent pas une refonte démocratique en profondeur. un excellant papier de  Denis Lafay dans la Tribune.
 

143 sièges sur 577 pour le Rassemblement national et ses alliés. Le choc est grand, mais la détente et même la délivrance dominent. « Ouf », ont ressenti la majorité de Français hostiles au RN et pétrifiés à la perspective d’une passation de pouvoir entre Gabriel Attal et Jordan Bardella sur le perron de Matignon. Ouf, après l’état de sidération dans lequel la dissolution de l’Assemblée nationale décrétée par le chef de l’Etat au soir du 9 juin les avait instantanément précipités. Ouf, après quatre semaines d’une campagne électorale éclair, électrique, éruptive, qui a enflammé le débat politique, écharpé la délibération publique, et parfois déchiré familles, amitiés, groupes de travail. Ouf, certes. Toutefois, le soulagement ne peut être que bref répit : maintenant, l’effroi s’est mué en vide, mais il stationne et prépare déjà son retour.

Le triomphalisme de posture qu’expriment les caciques des forces républicaines – déjà en campagne pour composer le gouvernement – ne doit tromper personne : sans la nature du scrutin et la digue de sable érigée entre les deux tours par l’arc républicain, le RN (et ses alliés) aurait peut-être raflé la majorité absolue. Son score relatif est contenu, mais le décompte absolu est sans appel : 37% des voix (contre 25% pour le Nouveau Front populaire et ses… 182 élus) et 10.151.896 suffrages.

Peut-être cet inventaire asymétrique forme-t-il d’ailleurs le piège le plus sournois : rasséréner dans l’excès, éloigner du débat public les colères contenues dans le vote RN, et laisser le parti d’extrême droite poursuivre son enracinement. Jusqu’au coup suivant qui, lui, pourrait connaître un funèbre achèvement.

Le soulagement ne peut être que fugace, parce que la nouvelle configuration de l’Assemblée nationale, compartimentée en trois blocs imperméables les uns des autres – et eux-mêmes lacérés de désunions programmatiques ou idéologiques -, conjecture une quasi ingouvernabilité législative. L’exécutif gouvernemental qui en résultera présage une hétérogénéité difficilement compatible avec d’autres ambitions que celle de « gérer les affaires courantes ». L’isolement dans lequel son geste « fou » de dissoudre, seul et impétueusement, l’Assemblée française au soir d’une défaite européenne l’a encagé, promet au chef de l’Etat la traversée d’un désert inhospitalier et une cohabitation potentiellement volcanique… ou atone. Le score honorable obtenu par sa formation lui doit bien moins qu’aux alliances républicaines de circonstance.

Comment Emmanuel Macron réagira-t-il et même survivra-t-il au fait, bien réel, d’être seul, dépossédé de son pouvoir, honni d’une majorité de la population, « auteur » d’une tragédie démocratique qu’absolument rien ne justifiait dans l’extrême précipitation et à quelques semaines de l’ouverture des Jeux olympiques ? Tragédie démocratique découvrant un « inconnu » économique, social, sociétal, environnemental, géopolitique dont le pays, la société et chaque citoyen se seraient bien passés.

Le soulagement ne peut être que furtif, car l’hydre d’extrême droite a déployé ses tentacules sur toute la France ; dans chaque territoire, au sein de chaque catégorie socio-professionnelle, à l’intérieur de chaque génération, la stratégie de normalisation initiée par Marine Le Pen, relayée par Jordan Bardella, cimentée depuis 2022 par quatre-vingt huit députés aux ordres, a fait mouche. Et elle a profité de l’hystérie, des outrances, des dérapages antisémites proférés à l’autre extrémité du registre parlementaire, dans le camp de La France insoumise. Personne n’est dupe : le couronnement pourrait n’être qu’une question de temps. La marche en avant du bulldozer d’extrême droite semble irrépressible, profitant d’un double ralliement : celui, politique, des factieux de LR ou de Reconquête ! ; celui, bien plus cardinal, des 10 millions d’électeurs. Lesquels, en nombre, pensent le RN affranchi de ses oripeaux racistes, antisémites, nationalistes, europhobes, liberticides, autocrates ; estiment trouver au RN la considération pour leurs difficultés que l’offre républicaine « traditionnelle » a négligées voire méprisées ; croient le RN lorsqu’il désigne à leurs maux des responsables qu’il promet de pourchasser.

Mais il est un leurre de circonscrire le suffrage RN au seul réflexe de protestation : il est devenu aussi une démarche d’adhésion. Adhésion qui traduit les « malaises » de l’époque, suggérés par l’inconfort et les frustrations du consumérisme, par les inégalités (sociales, patrimoniales, territoriales), par l’ivresse capitaliste insuffisamment régulée, par l’affolement du temps, par l’insaisissable (et pour beaucoup effrayante) suprématie technologique, par l’épouvante climatique, par des pratiques managériales et sociales parfois délétères…. qu’on peut regrouper dans un déficit abyssal de démocratie.

Deux stratèges se sont affrontés, dont le score s’est inversé depuis le coup d’envoi en 2017. Au stratège Macron, disqualifié, s’oppose désormais la stratège Le Pen, consacrée.

À propos du chef de l’Etat, le bilan de ces quatre semaines peut se résumer à un questionnement. « Que s’est-il « passé » dans sa tête pour décider un tel sabordage ? ». Auquel on peut ajouter un second : « Pourquoi a-t-il entraîné tout un pays dans le délire désespéré que l’humiliation des urnes lui a inspiré ? ».

Il est bien trop tôt pour mesurer les dégâts de ce « coup de folie » sur lui-même, et sur l’autorité, le crédit qu’il exercera dorénavant dans l’Hexagone – sur la gouvernance de l’Etat, vis-à-vis de son ex-majorité qu’il a atomisée, à l’égard des Français – et sur la scène internationale. En politique rien n’est jamais définitif, à moins d’insulter l’histoire qui regorge de retournements imprévisibles et de résurrections miraculeuses. Mais son chemin de Damas s’annonce de toute façon semé d’embûches, et quand bien même dans la singularité critique de la situation il révélerait une disposition rédemptrice a priori peu spontanée.

De Marine Le Pen, il faut espérer que l’Histoire ne grave pas sa victoire – ou celle de son disciple – en 2027 ou lors de législatives anticipées que les adversaires d’un Emmanuel Macron affaibli pourraient solliciter d’ici un an, date à laquelle le président de la République sera de nouveau autorisé à prononcer la dissolution. Il faut espérer, mais surtout il faut entreprendre pour écarter le spectre. Pléthoriques sont les raisons qui le commandent. Les débats des législatives ont obligé le loup à sortir du bois. Qu’il porte sur les volets économiques et financiers, sociaux et sociétaux, géopolitiques et démocratiques, le programme du RN a exhibé sa vacuité, ses illusions, ses mensonges et une impréparation confinant à l’irresponsabilité. À l’extraordinaire complexité des sujets il a répondu par une harangue simpliste qui frappe les esprits et esquive le réel.

L’heure est à réparer, apaiser, pacifier et peut-être même « ralentir » la société, étourdie par sept années de frénésie réformatrice et une gouvernance Macron insuffisamment sensible voire sourde à ses souffrances, ses aspirations, ses besoins… et ses idées. À réconcilier les « morceaux » de la société, que l’aggravation de certaines inégalités, le sentiment de ne pas être considéré, la tentation communautariste et l’épisode législatif ont éparpillés. À reconstituer la cohésion sociale, aujourd’hui fragmentée, et redéfinir un sens et un périmètre à la justice sociale. À s’approprier les trésors de la conflictualité et les vertus du débat rescapés des tyrannies uniforme, hystérique, haineuse, antagonique. Enfin, à essayer de rassembler autour d’un horizon partagé. Il ne sera possible d’envisager cette reconstruction qu’avec - et non pas contre - dix millions de personnes qui ont confié leur suffrage à un parti ennemi de la démocratie. Immense défi.

« Ce moment historique de la démocratie est l’aboutissement d’une dissolution démocratique qui exige un sursaut démocratique », estime l’ancien secrétaire général de la CFDT Laurent Berger dans l’entretien exclusif qu’il a consacré dimanche 7 juillet à La Tribune. « Plus que jamais, l’heure est à repenser les instruments de la démocratie afin de réenchanter la conviction démocratique », anticipait quelques jours plus tôt le président du Conseil économique, social et environnemental Thierry Beaudet. Instruments honorant l’appétit citoyen d’être acteur des grandes transformations, instruments de démocratie participative accomplie pour nourrir la démocratie représentative - elle-même exhortée à privilégier le compromis à la posture -, instruments faisant vivre la démocratie entre et non pas seulement pendant les élections… Construire une autre démocratie convoque en chacun un postulat incompressible : reconsidérer son individualité. Pour que le principe d’individuation – moi avec les autres, parfois même pour les autres – s’impose à l’individualisme – moi face aux autres, souvent même contre les autres. Un individualisme pulsionnel que le récit RN glorifie et instrumentalise. Une raison de plus d’agir pour réenchanter la démocratie, car elle forme le plus sûr rempart à l’indicible victoire de l’extrême droite.

« Au boulot ! », appelait Laurent Berger dans un livre publié en 2018 (L’Aube). C’était à propos de travail. Six ans plus tard, l’invocation sied particulièrement au nouveau chapitre qui s’ouvre, celui-là démocratique. Personne n’est naïf : la tâche est colossale, notamment dans un régime présidentiel impréparé à la culture du dialogue transpartisan et du compromis. Or il n’existe pas d’alternative : il faut se retrousser les manches, accepter de suer, et « se mettre au boulot ». Au risque, sinon, d’endosser la responsabilité, cramponnée à celle d’Emmanuel Macron, d’escorter Marine Le Pen ou Jordan Bardella jusqu’au sacre.

 

Législatives 2024 : une victoire en trompe l’oeil

Législatives 2024 : une victoire en trompe l’oeil

C’est en exprimant un grand « ouf » qu’une majorité de Français s’est couché ce 7 juillet au soir. Mais qu’on ne se méprenne pas : le soulagement est trompeur et de courte durée. Cette victoire en trompe-l’œil annoncera plus tard celle du Rassemblement national si le nouveau Parlement et le futur exécutif n’adoptent pas la culture du compromis transpartisan et n’engagent pas une refonte démocratique en profondeur. un excellant papier de  Denis Lafay dans la Tribune.
 

143 sièges sur 577 pour le Rassemblement national et ses alliés. Le choc est grand, mais la détente et même la délivrance dominent. « Ouf », ont ressenti la majorité de Français hostiles au RN et pétrifiés à la perspective d’une passation de pouvoir entre Gabriel Attal et Jordan Bardella sur le perron de Matignon. Ouf, après l’état de sidération dans lequel la dissolution de l’Assemblée nationale décrétée par le chef de l’Etat au soir du 9 juin les avait instantanément précipités. Ouf, après quatre semaines d’une campagne électorale éclair, électrique, éruptive, qui a enflammé le débat politique, écharpé la délibération publique, et parfois déchiré familles, amitiés, groupes de travail. Ouf, certes. Toutefois, le soulagement ne peut être que bref répit : maintenant, l’effroi s’est mué en vide, mais il stationne et prépare déjà son retour.

Le triomphalisme de posture qu’expriment les caciques des forces républicaines – déjà en campagne pour composer le gouvernement – ne doit tromper personne : sans la nature du scrutin et la digue de sable érigée entre les deux tours par l’arc républicain, le RN (et ses alliés) aurait peut-être raflé la majorité absolue. Son score relatif est contenu, mais le décompte absolu est sans appel : 37% des voix (contre 25% pour le Nouveau Front populaire et ses… 182 élus) et 10.151.896 suffrages.

Peut-être cet inventaire asymétrique forme-t-il d’ailleurs le piège le plus sournois : rasséréner dans l’excès, éloigner du débat public les colères contenues dans le vote RN, et laisser le parti d’extrême droite poursuivre son enracinement. Jusqu’au coup suivant qui, lui, pourrait connaître un funèbre achèvement.

Le soulagement ne peut être que fugace, parce que la nouvelle configuration de l’Assemblée nationale, compartimentée en trois blocs imperméables les uns des autres – et eux-mêmes lacérés de désunions programmatiques ou idéologiques -, conjecture une quasi ingouvernabilité législative. L’exécutif gouvernemental qui en résultera présage une hétérogénéité difficilement compatible avec d’autres ambitions que celle de « gérer les affaires courantes ». L’isolement dans lequel son geste « fou » de dissoudre, seul et impétueusement, l’Assemblée française au soir d’une défaite européenne l’a encagé, promet au chef de l’Etat la traversée d’un désert inhospitalier et une cohabitation potentiellement volcanique… ou atone. Le score honorable obtenu par sa formation lui doit bien moins qu’aux alliances républicaines de circonstance.

Comment Emmanuel Macron réagira-t-il et même survivra-t-il au fait, bien réel, d’être seul, dépossédé de son pouvoir, honni d’une majorité de la population, « auteur » d’une tragédie démocratique qu’absolument rien ne justifiait dans l’extrême précipitation et à quelques semaines de l’ouverture des Jeux olympiques ? Tragédie démocratique découvrant un « inconnu » économique, social, sociétal, environnemental, géopolitique dont le pays, la société et chaque citoyen se seraient bien passés.

Le soulagement ne peut être que furtif, car l’hydre d’extrême droite a déployé ses tentacules sur toute la France ; dans chaque territoire, au sein de chaque catégorie socio-professionnelle, à l’intérieur de chaque génération, la stratégie de normalisation initiée par Marine Le Pen, relayée par Jordan Bardella, cimentée depuis 2022 par quatre-vingt huit députés aux ordres, a fait mouche. Et elle a profité de l’hystérie, des outrances, des dérapages antisémites proférés à l’autre extrémité du registre parlementaire, dans le camp de La France insoumise. Personne n’est dupe : le couronnement pourrait n’être qu’une question de temps. La marche en avant du bulldozer d’extrême droite semble irrépressible, profitant d’un double ralliement : celui, politique, des factieux de LR ou de Reconquête ! ; celui, bien plus cardinal, des 10 millions d’électeurs. Lesquels, en nombre, pensent le RN affranchi de ses oripeaux racistes, antisémites, nationalistes, europhobes, liberticides, autocrates ; estiment trouver au RN la considération pour leurs difficultés que l’offre républicaine « traditionnelle » a négligées voire méprisées ; croient le RN lorsqu’il désigne à leurs maux des responsables qu’il promet de pourchasser.

Mais il est un leurre de circonscrire le suffrage RN au seul réflexe de protestation : il est devenu aussi une démarche d’adhésion. Adhésion qui traduit les « malaises » de l’époque, suggérés par l’inconfort et les frustrations du consumérisme, par les inégalités (sociales, patrimoniales, territoriales), par l’ivresse capitaliste insuffisamment régulée, par l’affolement du temps, par l’insaisissable (et pour beaucoup effrayante) suprématie technologique, par l’épouvante climatique, par des pratiques managériales et sociales parfois délétères…. qu’on peut regrouper dans un déficit abyssal de démocratie.

Deux stratèges se sont affrontés, dont le score s’est inversé depuis le coup d’envoi en 2017. Au stratège Macron, disqualifié, s’oppose désormais la stratège Le Pen, consacrée.

À propos du chef de l’Etat, le bilan de ces quatre semaines peut se résumer à un questionnement. « Que s’est-il « passé » dans sa tête pour décider un tel sabordage ? ». Auquel on peut ajouter un second : « Pourquoi a-t-il entraîné tout un pays dans le délire désespéré que l’humiliation des urnes lui a inspiré ? ».

Il est bien trop tôt pour mesurer les dégâts de ce « coup de folie » sur lui-même, et sur l’autorité, le crédit qu’il exercera dorénavant dans l’Hexagone – sur la gouvernance de l’Etat, vis-à-vis de son ex-majorité qu’il a atomisée, à l’égard des Français – et sur la scène internationale. En politique rien n’est jamais définitif, à moins d’insulter l’histoire qui regorge de retournements imprévisibles et de résurrections miraculeuses. Mais son chemin de Damas s’annonce de toute façon semé d’embûches, et quand bien même dans la singularité critique de la situation il révélerait une disposition rédemptrice a priori peu spontanée.

De Marine Le Pen, il faut espérer que l’Histoire ne grave pas sa victoire – ou celle de son disciple – en 2027 ou lors de législatives anticipées que les adversaires d’un Emmanuel Macron affaibli pourraient solliciter d’ici un an, date à laquelle le président de la République sera de nouveau autorisé à prononcer la dissolution. Il faut espérer, mais surtout il faut entreprendre pour écarter le spectre. Pléthoriques sont les raisons qui le commandent. Les débats des législatives ont obligé le loup à sortir du bois. Qu’il porte sur les volets économiques et financiers, sociaux et sociétaux, géopolitiques et démocratiques, le programme du RN a exhibé sa vacuité, ses illusions, ses mensonges et une impréparation confinant à l’irresponsabilité. À l’extraordinaire complexité des sujets il a répondu par une harangue simpliste qui frappe les esprits et esquive le réel.

L’heure est à réparer, apaiser, pacifier et peut-être même « ralentir » la société, étourdie par sept années de frénésie réformatrice et une gouvernance Macron insuffisamment sensible voire sourde à ses souffrances, ses aspirations, ses besoins… et ses idées. À réconcilier les « morceaux » de la société, que l’aggravation de certaines inégalités, le sentiment de ne pas être considéré, la tentation communautariste et l’épisode législatif ont éparpillés. À reconstituer la cohésion sociale, aujourd’hui fragmentée, et redéfinir un sens et un périmètre à la justice sociale. À s’approprier les trésors de la conflictualité et les vertus du débat rescapés des tyrannies uniforme, hystérique, haineuse, antagonique. Enfin, à essayer de rassembler autour d’un horizon partagé. Il ne sera possible d’envisager cette reconstruction qu’avec - et non pas contre - dix millions de personnes qui ont confié leur suffrage à un parti ennemi de la démocratie. Immense défi.

« Ce moment historique de la démocratie est l’aboutissement d’une dissolution démocratique qui exige un sursaut démocratique », estime l’ancien secrétaire général de la CFDT Laurent Berger dans l’entretien exclusif qu’il a consacré dimanche 7 juillet à La Tribune. « Plus que jamais, l’heure est à repenser les instruments de la démocratie afin de réenchanter la conviction démocratique », anticipait quelques jours plus tôt le président du Conseil économique, social et environnemental Thierry Beaudet. Instruments honorant l’appétit citoyen d’être acteur des grandes transformations, instruments de démocratie participative accomplie pour nourrir la démocratie représentative - elle-même exhortée à privilégier le compromis à la posture -, instruments faisant vivre la démocratie entre et non pas seulement pendant les élections… Construire une autre démocratie convoque en chacun un postulat incompressible : reconsidérer son individualité. Pour que le principe d’individuation – moi avec les autres, parfois même pour les autres – s’impose à l’individualisme – moi face aux autres, souvent même contre les autres. Un individualisme pulsionnel que le récit RN glorifie et instrumentalise. Une raison de plus d’agir pour réenchanter la démocratie, car elle forme le plus sûr rempart à l’indicible victoire de l’extrême droite.

« Au boulot ! », appelait Laurent Berger dans un livre publié en 2018 (L’Aube). C’était à propos de travail. Six ans plus tard, l’invocation sied particulièrement au nouveau chapitre qui s’ouvre, celui-là démocratique. Personne n’est naïf : la tâche est colossale, notamment dans un régime présidentiel impréparé à la culture du dialogue transpartisan et du compromis. Or il n’existe pas d’alternative : il faut se retrousser les manches, accepter de suer, et « se mettre au boulot ». Au risque, sinon, d’endosser la responsabilité, cramponnée à celle d’Emmanuel Macron, d’escorter Marine Le Pen ou Jordan Bardella jusqu’au sacre.

 

Inflation : tout le monde s’est trompé

Inflation : tout le monde s’est trompé


Le chercheur en finance Karl Eychenne commente, dans une tribune au « Monde », l’article des économistes Olivier Blanchard et Ben Bernanke sur les causes et la chronologie de l’inflation aux Etats-Unis.

Dans un article publié en juin (« What Caused the U.S. Pandemic-Era Inflation ? », Working Papers, NBER, 2023), Olivier Blanchard, ex-chef économiste du Fonds monétaire international (FMI), et Ben Bernanke, ex-gouverneur de la banque centrale américaine, reviennent sur l’inflation galopante qu’a connue l’économie américaine. Les auteurs semblent suggérer que tout le monde s’est finalement trompé, même ceux qui l’avaient prédite.

Bien que coécrit par l’un de ceux (Olivier Blanchard) qui avaient justement prédit l’accélération de l’inflation, cet article avance que les raisons qui furent alors invoquées ne sont pas celles qui ont été finalement observées. Les cassandres avaient tort d’avoir raison, en quelque sorte. Par ailleurs, à la différence des autres papiers qui s’attachent à analyser ou à prévoir l’inflation, cet article se concentre sur la chronologie des événements : ce qui l’amène à conclure que tout le monde avait tort, mais pas en même temps !

Ceux qui pensaient que l’inflation allait fortement accélérer ont eu raison concernant la fin de l’histoire, mais pas sur son déroulement. Leur idée phare était que le soutien excessif des politiques était la cause première d’une inflation galopante.

Selon ce scénario, le rebond de la demande postdéconfinement allait être exagéré par ces politiques de soutien, amenant le produit intérieur brut (PIB) à un niveau largement supérieur à l’offre potentielle. Le marché du travail serait alors mis à forte contribution afin que l’offre puisse répondre à la demande, provoquant ainsi des tensions sur les salaires, et in fine entretenant une inflation durable.

Mais il y avait une condition nécessaire à la réalisation d’un tel scénario. Il fallait que les salaires réagissent au marché du travail, ce qui ne semblait plus être le cas depuis quelques décennies. Dans le langage des économistes cela supposait que la fameuse courbe de Phillips, reliant le taux de chômage à l’inflation, cesse d’être plate (« What Is the Phillips Curve (and Why Has It Flattened) », Federal Reserve Bank of Saint Louis, 2020). Dans un tel scénario, les banques centrales seraient alors amenées à réagir en remontant leurs taux directeurs. Et c’est ce qu’elles ont fait, effectivement.

Pourtant, démontrent Olivier Blanchard et Ben Bernanke, le déroulé des événements invalide un tel scénario. Pour une raison et une seule : les salaires n’ont pas réagi aussi fortement qu’attendu aux tensions sur le marché du travail, que ce soit en 2021 ou en 2022. Après, oui, les salaires vont finir par accélérer enfin, mais plus tard qu’attendu.

Diplomatie République tchèque : Macron s’est encore trompé de cheval !

Diplomatie République tchèque : Macron s’est encore trompé de cheval !

Macron s’est encore trompé de cheval en soutenant Andreï Labiche le milliardaire candidat à l’élection présidentielle tchèque. Finalement ,le candidat de Macron a été largement battu. Une nouvelle fois Macon balbutie sa politique étrangère.

Mardi 10 janvier, Emmanuel Macron avait reçu à l’Elysée Andrej Babis, candidat à l’élection présidentielle tchèque. Or vendredi 27 et samedi 28 janvier, Babis a été très nettement battu par son rival Petr Pavel. Celui-ci le devance de plus de seize points, alors que le scrutin a été marqué par une forte participation. Les sondages donnaient Pavel vainqueur, grâce au report des voix d’une candidate progressiste, éliminée au premier tour.
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Le vainqueur de la présidentielle tchèque est un général à la retraite, Petr Pavel, 61 ans. Ancien patron des forces spéciales, puis chef d’état-major de l’armée tchèque, il a été président du comité militaire de l’Otan (2015-2018). Les Français peuvent lui être redevables : en janvier 1993, à la tête de son unité déployée en ex-Yougoslavie, il a permis l’évacuation sous le feu d’une cinquantaine de militaires français depuis leur base de Katrin (Croatie). C’était exactement trente ans avant son élection à la tête de la République tchèque.

Macon fait encore à la preuve de son amateurisme en matière de politique étrangère

Réanimations: Macron s’est lourdement trompé !

Réanimations: Macron  s’est lourdement trompé !

 

«Quoi que nous fassions, près de 9000 patients seront en réanimation à la mi-novembre», a déclaré Emmanuel Macron le 29 octobre dernier or le 15 novembre, ils étaient 4880 personnes, selon Santé Publique France. Le président s’est trompé d’un facteur proche de deux. Ces derniers jours, beaucoup ont commenté cet écart sur les réseaux sociaux, d’aucuns y voyant le signe d’un gouvernement exagérément catastrophiste. Un discours anxiogène qui en attendant occupe tous les terrains et aimer un voile public sur la situation économique, sociale et financière catastrophique est plus grave que dans la plupart des pays comparables

Réforme Retraites: Macron s’est trompé de réforme

Réforme Retraites: Macron s’est trompé de réforme

 

 

 

Macron vient de commettre une erreur stratégique fondamentale en se trompant de réforme. L’urgence n’est pas  de définir ce que seront les retraites de ceux qui aujourd’hui ont 47 ou 57 ans et moins ( donc avec application en 2025 ou 2035). Ce n’est pas l’âge de la retraite qu’il faut reculer mais le temps de travail qu’il faut augmenter. Notons que la France a la durée de travail annuelle la plus faible de l’Europe.  1646 heures travaillées, soit 434 heures de moins que la Roumanie !

 

 La solution, c’est de travailler plus longtemps tout au long de sa vie pour partir plus tôt, à 62 ans. Au lieu de travailler 35 heures, il faut travailler 37 ou 40 heures  et cela équilibrera les retraites et la balance commerciale qui accuse régulièrement un déficit de 50 à 60 milliards par an.

 Pour des questions démographiques et de justice, une réforme des retraites est indiscutablement nécessaire. Mais l’urgence n’est sans doute pas de retarder de manière uniforme l’âge de la retraite mais de travailler davantage tout au long de sa vie en tenant compte des spécificités du métier.  Le problème, c’est que la France a pris l’habitude d’enfiler les réformettes tous les cinq ans en moyenne sans s’attaquer aux questions de fond. Il y a forcément l’équilibre financier à trouver entre les actifs et les retraités.

 

 De ce point de vue, la France souffre d’un taux d’inactivité trop important ( 6 à 8 millions de personnes ) comparé aux autres pays . Ce sont en effet  les cotisations d’actifs qui permettent d’assurer le financement des pensions ( principe de la répartition). Jusqu’alors,  on a surtout raisonné en termes de catégories professionnelles, d’entreprises et de secteurs. De sorte qu’on a fait l’amalgame entre les conditions de vie d’un employé dont le travail ne comporte pas de sujétion particulière avec celui d’un autre  salarié soumis à des conditions de travail difficiles ( charge physique, charge mentale, cadence, horaires, travail des dimanches et jours de fête etc.).

 

 Si une véritable réforme égalitaire devait intervenir, elle devrait prendre en compte les conditions individuelles de chaque salarié et non son appartenance à un secteur à une entreprise. À l’hôpital, tous les salariés sont loin d’être soumis aux contraintes d’un service d’urgence; à la SNCF nombre de postes ne justifient nullement une retraite anticipée par rapport à la norme;  chez les fonctionnaire en général s’ajoutent des conditions de travail généreuses à des sureffectifs. Certes, certains métiers, dans certaines fonctions et dans certaines circonstances subissent des contraintes qui justifient un départ en retraite anticipé. Cette réalité ne doit toutefois pas servir d’alibi pour justifier la généralisation de cet avantage a la masse des autres salariés concernés.

 

On objectera qu’un salarié peut au  cours de sa carrière changer de poste, certains plus difficiles que d’autres. Ce sont précisément ces sujétions particulières qui doivent être évaluées, prises en compte pour justifier un niveau de retraite particulier.

 

 C’est l’approche globale qui rend la réforme actuelle complètement confuse en même temps qu’injuste. Pour preuve , il y a une différence d’espérance de vie de 10 ans environ  entre certains ouvriers et des cadres. C’est la philosophie même du régime des retraites qui doit être mise en cause. L’approche méthodologique par secteur, statut, grande entreprise est complètement obsolète et nourrit l’inefficacité et l’ injustice. Enfin pour éviter d’avoir à engager une réforme tous les cinq ans, il convient de prendre le temps d’organiser les inévitables transitions car on ne passe pas d’un système aujourd’hui particulièrement incohérent et inégalitaire à un système universel.

 

Bref, comme sur beaucoup d’autres sujets, l’approche du gouvernement se caractérise par une grande incompétence technique et sociale. Enfin et peut-être surtout l’ urgence n’est sans doute pas le report uniforme de l’âge de la retraite mais l’augmentation du temps de travail tout au long de la vie. Ce qui permettrait de maintenir un âge de départ réel autour de 62 ans.

Retraites: Macron s’ est trompé de réforme

Retraites:  Macron s’ est trompé de réforme

 

 

 

Macron vient de commettre une grave erreur en se trompant de réforme. Une erreur économique dont il paiera le prix politiquement. L’urgence n’est pas  de définir ce que seront les retraites dans 20 ou 40 ans. Ce n’est pas l’âge de la retraite qu’il faut reculer mais le temps de travail annuel qu’il faut augmenter. Notons que la France a  la durée de travail annuelle la plus faible de l’Europe.  1646 heures travaillées, soit 434 heures de moins que la Roumanie ! La solution, c’est de travailler plus longtemps, tout au long de sa vie pour partir plus tôt, à 62 ans par exemple. Au lieu de travailler 35 heures par semaine , il faut travailler 37 heures au moins  et cela  équilibrera les retraites (et la balance commerciale qui accuse régulièrement un déficit de 50 à 60 milliards par an).

 

Pour des questions démographiques et de justice, une réforme des retraites est indiscutablement nécessaire. Mais l’urgence n’est sans doute pas de retarder de manière uniforme l’âge de la retraite mais de travailler davantage tout au long de sa vie en tenant compte des spécificités du métier.  Le problème, c’est que la France a pris l’habitude d’enfiler les réformettes tous les cinq ans en moyenne sans s’attaquer aux questions de fond. Il y a forcément l’équilibre financier à trouver entre les actifs et les retraités. De ce point de vue, la France souffre d’un taux d’inactivité trop important ( 6 à 8 millions de personnes ) comparé aux autres pays . Un handicap qui s’ajoute à la faiblesse du temps de travail annuel des actifs . Ce sont en effet  les cotisations d’actifs qui permettent d’assurer le financement des pensions. Jusqu’alors,  on a surtout raisonné en termes de catégories professionnelles, d’entreprises et de secteurs. De sorte qu’on a fait l’amalgame entre les conditions de vie d’un employé dont le travail ne comporte pas de sujétion particulière avec celui d’un autre  salarié soumis à des conditions de travail difficiles ( charge physique, charge mentale, cadence, horaires, travail des dimanches et jours de fête etc.).

 

Si une véritable réforme égalitaire devait intervenir, elle devrait prendre en compte les conditions individuelles de chaque salarié et non son appartenance à un secteur à une entreprise. À l’hôpital, tous les salariés sont loin d’être soumis aux contraintes d’un service d’urgence; à la SNCF nombre de postes ne justifient nullement une retraite anticipée par rapport à la norme;  chez les fonctionnaire en général s’ajoutent des conditions de travail généreuses à des sureffectifs. Certes certains métiers, dans certaines fonctions et dans certaines circonstances subissent des contraintes qui justifient un départ en retraite anticipé. Cette réalité ne doit toutefois pas servir d’alibi pour justifier la généralisation de cet avantage a la masse des autres salariés concernés. On objectera qu’un salarié peut au  cours de sa carrière changer de poste, certains plus difficiles que d’autres. Ce sont précisément ces sujétions particulières qui doivent être évaluées, prises en compte pour justifier un niveau de retraite particulier.

 

C’est l’approche globale qui rend la réforme actuelle complètement confuse en même temps qu’injuste. Pour preuve , il y a une différence d’espérance de vie de 10 ans environ  entre certains ouvriers et des cadres. C’est la philosophie même du régime des retraites qui doit être mise en cause. L’approche méthodologique par secteur, statut, grande entreprise est complètement obsolète et nourrit l’inefficacité et l’injustice. Enfin pour éviter d’avoir à engager une réforme tous les cinq ans, il convient de prendre le temps d’organiser les inévitables transitions car on ne passe pas d’un système aujourd’hui particulièrement incohérent et inégalitaire à un système universel. Bref , comme sur beaucoup d’autres sujets, l’approche du gouvernement se caractérise par une grande incompétence technique et sociale. Enfin et peut-être surtout, l’ urgence n’est sans doute pas le report uniforme de l’âge de la retraite mais l’augmentation du temps de travail tout au long de la vie. Ce qui permettrait de maintenir un âge de départ réel autour de 62 ans selon les métiers et la pénibilité réelle.  

 

Inégalités : Piketty s’est trompé (FMI)

Inégalités : Piketty  s’est trompé (FMI)

 

D’après le FMI,  Piketty se serait trompé sur sa théorie de la croissance des inégalités. Pas étonnant,  les économistes sont souvent comme les médecins de Molière préconisant des remèdes qui ne font qu’amplifier la gravité des pathologies du malade. Très marqué à gauche Piketty  a un peu trop sollicité les corrélations, ce que font aussi les économistes marqués à droite. Une déviance politique facilitée par le fait que l’économie n’est pas une science exacte. La complexité des interactions systémiques  rend difficile les approches pertinentes. Du coup beaucoup d’économistes procède par des raccourcis un peu simplificateurs  pour conforter leurs thèses. L’objet de cette enquête, pilotée par l’économiste Carlos Goes: tester la thèse de Thomas Piketty sur « les moteurs des inégalités de revenus » en l’appliquant à 19 pays développés durant ces trente dernières années. Avec un objectif affiché: vérifier l’exactitude des hypothèses de Piketty afin de mieux cerner les causes profondes des inégalités. Sa conclusion est sans appel: « Je n’ai trouvé aucune preuve empirique démontrant que la dynamique va dans le sens suggéré par Thomas Piketty », tranche Carlos Goes. Ainsi, « même si son ouvrage est très riche en données, il n’offre aucune formule empirique permettant de vérifier la chaîne de causalité de sa théorie », assène l’économiste. Pour rappel, la thèse de Piketty repose sur le postulat selon lequel les inégalités de revenus ont tendance à augmenter dès lors que les revenus du capital augmentent plus vite que la croissance. Une théorie qui ne se vérifierait pas dans les faits selon l’équipe du FMI ayant planché sur le sujet. En effet, selon les conclusions Carlos Goes, dans 75% des pays étudiés, une croissance des revenus du capital supérieure de 1 point à la croissance économique s’accompagne d’une baisse… de la part des richesses détenue par les 1% des plus riches. Soit l’exact opposé de ce qu’avance l’économiste français. L’auteur du rapport admet tout de même qu’ »il est possible » que la thèse de Thomas Piketty se vérifie « sur le long terme ».

(Avec Challenges)




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