Iran : L’erreur de Khamenei de ne pas négocier avec les États-Unis
Ali Khamenei, Guide suprême du régime iranien, a fermement rejeté l’idée de négociations avec les États-Unis. Cette position a suscité une réaction de l’ex-président Hassan Rouhani, qui a souligné la gravité de la situation et mis en lumière l’importance de distinguer les opinions personnelles de Khamenei des nécessités politiques. Par Hamid Enayat, politologue, spécialiste de l’Iran, collabore avec l’opposition démocratique iranienne (CNRI) dans La Tribune
En réponse à une lettre du président des États-Unis, le Guide suprême du régime iranien Ali Khamenei a déclaré le 12 mars :
«Certaines personnes à l’intérieur du pays soulèvent sans cesse la question des négociations et demandent : ‘Pourquoi ne négociez-vous pas avec les États-Unis ?’ Je veux être clair : si l’objectif des négociations est la levée des sanctions, cela n’arrivera pas. Au contraire, cela ne fera qu’aggraver la pression. »
Deux jours plus tard, l’ancien président du régime Hassan Rouhani, qui a exercé deux mandats entre 2013 et 2021, a réagi aux propos de Khamenei en avertissant :
« La situation est extrêmement critique et, à mesure que nous avançons, elle devient de plus en plus difficile et préoccupante. »
Il a ensuite souligné que la question des négociations ne devait pas être uniquement liée à l’opinion personnelle de Khamenei, affirmant :
« Nous débattons de savoir si nous devons négocier ou non. Mais quel genre de débat est-ce ? Ensuite, nous associons cela à l’idée que le Guide suprême est opposé aux négociations. La vérité est que le Guide suprême n’est pas fondamentalement contre les négociations. Compte tenu des circonstances actuelles, il peut être opposé aujourd’hui, mais dans quelques mois, dans un contexte différent, il pourrait les approuver. »
Bien que Rouhani tente en vain de persuader ou de contraindre Khamenei à accepter des négociations, sa plus grande crainte demeure la colère accumulée du peuple après quatre décennies de régime clérical. Une colère qui, telle une bombe à retardement, menace d’exploser sous les pieds du régime.
Khamenei est plus conscient que quiconque des menaces qui pèsent sur son régime. Il sait que l’effondrement économique et la faim, qui touchent désormais plus des deux tiers de la population iranienne, ont mis le pays au bord d’un soulèvement majeur. Il est pleinement conscient que cette fois, des milliers d’unités de résistance disséminées à travers l’Iran attendent la moindre étincelle pour déclencher une révolte à l’échelle nationale et précipiter la chute du régime.
Depuis dix ans, ces unités, créées par les Moudjahidines du peuple d’Iran (OMPI), l’ennemi juré du régime clérical, se sont implantées dans chaque quartier, ville et village. S’appuyant sur leur base sociale, elles ont réussi, malgré les innombrables caméras de surveillance et les forces de sécurité, à mener 60 opérations contre la répression à travers l’Iran au cours du seul mois de mars.
Khamenei sait également que cette fois, la communauté internationale — en particulier l’Europe et les États-Unis — est unie dans sa volonté de priver l’Iran de son programme nucléaire et de son influence régionale. Dans leur dernière déclaration, les membres du G7 ont affirmé :
« L’Iran est la principale source d’instabilité dans la région et ne doit jamais être autorisé à développer des armes nucléaires. L’Iran doit changer de cap, désamorcer les tensions et choisir la voie de la diplomatie. »
L’attaque contre les Houthis était un autre avertissement fort adressé directement à Khamenei pour le pousser à la table des négociations.
Cependant, Khamenei comprend parfaitement que toute négociation l’obligera à reculer étape par étape. Il devra d’abord renoncer à son programme nucléaire, et à partir de là, son autorité commencera inévitablement à s’effondrer, tel un bâtiment délabré. Cela exacerbera les conflits internes entre les factions du régime, les poussant à s’affronter plus violemment que jamais. Dans ces conditions, Et en raison de la présence d’une résistance organisée à l’intérieur de l’Iran, Ali Khamenei préfère éviter les négociations, même au prix de potentielles attaques contre ses centres nucléaires. La chute de Khamenei n’est plus une simple possibilité — c’est une fatalité.
Dans une société comparable à un baril de poudre, gouvernée par la répression et la violence depuis 45 ans, l’autorité de Khamenei — déjà contestée par de nombreux membres du régime après la chute du dictateur syrien — finit par s’effondrer. À ce moment-là, les « loups » du régime se retourneront les uns contre les autres, et dans cet état de faiblesse, l’émergence d’un soulèvement final et d’une révolution ne fera plus aucun doute.