Archive pour le Tag 'Macron'

Macron « Brainwash » : L’outrance d’un président impuissant

Macron « Brainwash » : L’outrance d’un président impuissant

Avant le sommet sur les océans à Nice, Emmanuel Macron a dénoncé ce 7 juin ses adversaires qui «“lavent le cerveau” sur l’invasion du pays et les derniers faits divers» sans parler du climat. La journaliste Céline Pina voit dans cette outrance le signe d’un président impuissant. ( dans le Figaro)


Céline Pina est journaliste à Causeur, essayiste et militante. Fondatrice de Viv(r)e la République, elle a notamment publié Silence coupable (Kero, 2016) et Ces biens essentiels (Bouquins, 2021).

Dans un entretien au Parisien ce 7 juin, Emmanuel Macron a regretté que, face à l’urgence climatique, certains de ses opposants «préfèrent brainwasher (laver le cerveau) sur l’invasion du pays et les derniers faits divers». Les deux enjeux sont-ils à mettre en perspective de cette façon ?

Céline PINA. – Les thèmes de l’insécurité et de l’immigration seront au centre de la campagne de 2027. Un président sans majorité et soutenu par un pan restreint de la population ne devrait pas ignorer les deux préoccupations principales des Français. D’autant que ce comportement explique le succès de la droite et de l’extrême droite. Puisque le président ne peut pas se représenter et que son impuissance parlementaire l’empêche de peser dans le jeu politique, la campagne va démarrer tôt. Elle a même déjà commencé avec l’émergence de Bruno Retailleau comme présidentiable, Gérald Darmanin qui se lance dans la course à l’échalote, Édouard Philippe et Gabriel Attal qui durcissent leur discours… Et face à cela un président qui trépigne, n’est plus écouté, comme si au fond tout le monde était passé à autre chose.

Cette sortie violente et non maîtrisée donne l’impression d’un président qui a du mal à gérer sa frustration car non seulement l’action lui échappe mais qu’il ne pèse pas non plus sur les thématiques structurant le jeu politique. Il n’a pas de poids moral, ce qui renvoie encore à une forme d’insignifiance. Il y perd son sens de la communication et montre son isolement. Sa sortie a choqué ? Il s’obstine et envoie Élisabeth Borne marteler le message dans un entretien au Parisien. Un message aussi creux que dilatoire arguant que l’on ne peut légiférer à chaud face à l’insécurité, quand ce qui rend fou les gens est l’inaction politique devant des problèmes récurrents. L’assassinat d’une surveillante dans un collège par un élève, après ce week-end de Pentecôte où la communication se concentrait sur l’indécence de mettre en avant l’insécurité comme question politique, a signé de manière tragique le décalage total entre le président, sa ministre de l’Éducation et le réel. Avec sa provocation qui blesse les Français, cible une partie de son gouvernement et signe son impuissance et son manque de contrôle, le président a donc ouvert un front sans avoir d’armée dans un contexte qui lui est hostile. Cette sortie est contre-productive.


Vous estimez que la déclaration s’est avérée contre-productive, mais à qui semblait-elle s’adresser à l’origine ?

Elle visait des membres de son gouvernement, en premier lieu Bruno Retailleau et Gérald Darmanin, deux candidats potentiels à la prochaine présidentielle. L’émergence de Retailleau s’est justement faite sur les thèmes que combat le président. Il cible par ailleurs les médias de la sphère Bolloré qui exciteraient ces bas instincts. Il ne fait aucun lien avec le fait que, si ces médias progressent dans un contexte de crise de l’information et d’attaques en infamie politique, c’est peut-être qu’ils correspondent à des attentes citoyennes qui n’ont rien d’excessives ou d’étonnantes : la sécurité au quotidien, le contrôle de l’immigration… Ces tabous qui ont sauté et que nombre de politiques voudraient rétablir car ils n’ont pas le courage d’agir ou manquent d’idées pour s’y atteler. Le problème, c’est que cela se voit. Le roi est nu même s’il essaie de se draper dans un personnage. En tout cas, en grande conscience morale dénonciatrice de l’emprise perverse de la droite, il ne convainc pas.


A-t-il également entendu profiter de l’exposition internationale conférée par la conférence de l’ONU à Nice pour rappeler au monde son engagement sur les questions climatiques et son combat contre le rejet de l’immigration ?

Si on veut parler d’exposition à l’International, un autre évènement a été bien plus marquant : les émeutes à la suite de la victoire du PSG. Personne n’a raté les scènes de combat urbain ni le nihilisme et la radicalité des jeunes déchaînés. Encore moins le fait que la police paraisse dépassée malgré une mobilisation sans précédent. Cela a pu être vu à l’étranger comme le signe d’un président dans l’incapacité d’assurer la sécurité dans son propre pays. Dans ce cas-là, on reçoit avec un sourire poli les leçons de morale et les bilans artificiellement gonflés.

Les Français ont fait leur deuil de Macron au-delà même du fait qu’il ne peut pas se représenter. Il ne représente rien à leurs yeux : ni direction, ni chemin ni garanties

Céline Pina

Pourtant, il pourrait revendiquer une logique écologique, en mettant en avant un investissement massif dans le nucléaire comme corollaire à notre modèle de développement. Mais Emmanuel Macron choisit de se comporter comme un militant contrarié de Greenpeace, qui invoque l’apocalypse déjà là et hurle à la trahison des États, parce qu’il n’a pas grand-chose de tangible à fournir sur l’écologie. Pire même, les rares mesures proposées, comme les zones à faible à émission, ont été interprétées comme le symbole d’une élite méprisante et l’écologie est vue aujourd’hui comme punitive par une partie de la population. Les opposants aux ZFE sont ainsi allés jusqu’à revendiquer le terme de «gueux», estimant que c’est ainsi que le président les considérait, qu’il les traitait. In fine ce sont les échos des gilets jaunes que l’on a entendus dans le succès de ce terme.

Cette phrase s’inscrirait donc à la suite des petites déclarations jugées méprisantes régulièrement prononcées par Emmanuel Macron depuis 2017 ?

Oui, mais à la différence que la messe est désormais dite. Les Français attendent l’élection présidentielle de 2027. Ils espèrent ce rendez-vous entre un homme, un peuple et un projet d’action et d’avenir. Ils ont fait leur deuil de Macron au-delà même du fait qu’il ne peut pas se représenter. Il ne représente rien à leurs yeux : ni direction, ni chemin ni garanties. Il peut même apparaître, à l’occasion de ses récentes sorties, comme un facteur qui empêche que des décisions fortes soient prises malgré l’augmentation des problèmes. Pour ce qui est de la majorité des Français, ils ont tourné la page et Emmanuel Macron n’a aucune place dans leurs projections imaginaires.

L’importation dans le débat politique de drames liés à l’insécurité ou l’immigration relève-t-elle généralement des «petites polémiques» dénoncées par le président ou repose-t-elle sur une véritable substance ?

Le fond est indéniable, appuyé par des chiffres : si on se penche sur la question de l’immigration, le nombre d’entrées sur le territoire est élevé et les écarts culturels se creusent entre les communautés. Les violences interreligieuses ou les tensions liées au séparatisme sont documentées et s’expliquent par les difficultés d’intégration. En matière de sécurité, les faits divers atroces se multiplient, certes, mais on voit surtout monter une haine politique et raciale archaïque, sans compter les attentats islamistes et l’œuvre séparatiste qui se poursuivent en Europe. Le sentiment d’insécurité n’est pas une surreprésentation d’inquiétudes exploitée par de méchants médias en manque de sensation. Il y a bien une réalité d’augmentation de l’insécurité, d’explosion des violences politiques, de déchaînements antisémites et les signaux ne sont pas faibles. Nier ces chiffres et, plus encore, le fait qu’ils préoccupent l’électorat à juste titre, est plus qu’une erreur politique. À ce stade, il devient de plus en plus dur d’habiller l’irresponsabilité des habits du déni.

Dissolution: Macron toujours hors sol

Dissolution: Macron toujours hors sol

Macron toujours hors sol concernant la dissolution de l’Assemblée nationale ; en effet à propos de sa décision du 9 juin 2024, le chef de l’État a reconnu à nouveau qu’elle n’avait pas été «comprise» par les Français et qu’elle n’avait pas «permis de clarifier les choses». Le pire évidemment, c’est que Macon n’a pas formellement écarté une nouvelle dissolution de cette assemblée. Le problème c’est que cela risque de déboucher sur une division encore plus importante du pays mais cette fois la question du maintien au pouvoir de Macron serait posée. Une crise politique encore plus importante serait alors susceptible de paralyser complètement le pays.

D’ores et déjà Macron re retrouve sans pouvoir et tente d’exister en vain en dépit de paroles « rassurantes » «Je vous rassure, je continue d’agir dans mes prérogatives et là où je suis, et vous le voyez aujourd’hui, je ne lâche aucun combat et je n’en lâcherai aucun», a insisté Emmanuel Macron en référence à son action pour les océans au niveau international.

Macron perd encore des soutiens en zone rurale

Macron perd encore des soutiens en zone rurale

Un sondage Ifop dans le Figaro souligne un net renforcement du sentiment de relégation des territoires ruraux et périurbains.

Le constat est accablant pour l’Élysée. Lorsqu’on les interroge sur l’impact de la politique menée par Emmanuel Macron depuis 2017, 73 % des habitants des territoires ruraux et 72 % des habitants des banlieues s’estiment perdants. Au sein de cette majorité, le sentiment de relégation est encore plus fort chez les jeunes (respectivement 78 % et 74 %) et les classes moyennes (85 % et 83 %). Entre 2017 et 2025, la part des habitants des banlieues s’estimant « gagnants » des politiques macronistes a chuté de 39 % à 22 %, tandis que celle des habitants des communes rurales est passée de 19 % à seulement 13 %, révélant un net renforcement du sentiment de marginalisation. Un sentiment plus intense encore dans les communes rurales, où seulement 48 % des habitants perçoivent une présence significative de l’État, taux qui chute à 44 % dans les zones à habitat très dispersé.

«Champion mon frère !( Macron le banlieusard !) »

«Champion mon frère !( Macron le banlieusard !) »

Pour redorer son blason, Macon une nouvelle fois instrumentalise le langage des quartiers en écrivant sur son site à propos du PSG : « champion mon frère ! » Une expression qui évidemment a un sens profond en Afrique mais qui sent la récupération politicienne. Ce que dénonce le Figaro.

Les mots du président de la République après le match du PSG en Ligue des champions apparaissent singulièrement déplacés à la lumière des évènements qui ont suivi le match, estime notre le Figaro.

Au moment où ces lignes sont écrites, le bilan humain et matériel d’une nuit de joie mauvaise n’autorise certainement pas la satisfaction, mais plutôt la consternation. À moins que l’on ne pense que la mort à Dax d’un adolescent poignardé à la poitrine en marge des festivités ne compte pour rien, au regard des cinq buts marqués par le PSG ?

Ou que la vie du conducteur d’un deux-roues, percuté par une voiture dans le XVe arrondissement, peut être passée par pertes et profits ? Les quatre Grenoblois grièvement blessés par un conducteur ayant pris la fuite avant que de se rendre ne partagent peut-être pas l’enthousiasme présidentiel. Sans parler d’un policier placé dans un coma artificiel à la suite d’un jet de projectile à Coutances.

À côté de cela, il est peut-être inutile de mentionner les autres policiers blessés et les pillages en règle.

La presse convenue partagea longtemps l’enthousiasme présidentiel. Ce ne fut que progressivement que l’audiovisuel public admit en fin de matinée, et au compte-goutte, les drames de la nuit.

Le Monde lui-même reconnut que « la victoire du Paris Saint-Germain n’éclipse plus » ce que les réseaux sociaux révélaient depuis le début. Voilà les autorités d’occultation condamnées au respect du service médiatique minimum. Et de citer la prompte réaction du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, stigmatisant « ces barbares venus dans Paris commettre des délits et provoquer les forces de l’ordre ».

Macron: un activisme illisible

Macron: un activisme illisible

Hier salué par les siens, le goût du risque du président de la République est désormais assimilé à de la témérité. Une attitude incomprise, qui fait l’objet d’analyses fondées sur le registre émotionnel plus que rationnel.

par Claire Gatinois dans Le Monde.

Le sujet n’aura été abordé qu’à une seule reprise, sur le ton du dépit. Ce mardi 13 mai, l’entretien d’Emmanuel Macron sur TF1 est déjà bien avancé, lorsque Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, assure, étude à l’appui, que les Français approuvent, à une large majorité, l’abrogation de la réforme des retraites. « Il y a un an, il y avait à peu près le même sondage sur la dissolution. J’ai pris cette décision, je n’ai pas le sentiment d’avoir été plébiscité », grince le président de la République.

A l’approche de l’anniversaire, le 9 juin, de cette décision qui a privé le président de l’essentiel de ses pouvoirs, le voici qui débat, pendant plus de trois heures, face à des adversaires de tous bords. Dans une mise en scène proche de celle d’une campagne électorale, le chef de l’Etat défend son bilan et se défend lui-même, un an après son initiative incomprise. L’audience de l’émission est convenable (environ 5 millions de personnes). Mais que cherche-t-il ?

Au fil des heures, ses troupes s’interrogent. Certes, le chef d’Etat brille par son savoir, bondissant d’un dossier à un autre. Incollable. Il éclaire le public sur les questions internationales. Mais aucune annonce ne dessine le cap de la fin de ce second quinquennat laborieux. La promesse de référendums, ébruitée par l’Elysée, n’est, finalement, pas honorée. A la dernière minute, Emmanuel Macron a préféré temporiser. « Je ne comprends pas le sens », écrit au cours de la soirée un député macroniste sur la boucle Telegram des élus. « Qu’est-il venu faire dans cette galère ? », déplore un autre. « Ce soir, tout le monde aura compris que la place de Jupiter est sur l’Olympe », ironise le député de l’Eure-et-Loir Harold Huwart (Parti radical).

Le chef de l’Etat s’efforce de revenir au centre du jeu. Il a recadré ses ministres, lors d’un conseil de défense, le 21 mai, critiquant leurs propositions pour lutter contre l’entrisme islamiste. Mais il ne peut empêcher les membres des Républicains du gouvernement, le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, et la porte-parole, Sophie Primas, de le narguer en annonçant la mort imminente du macronisme, tandis que son parti Renaissance, aux mains de Gabriel Attal, lui échappe.

Nouvelle-Calédonie : Macron veut une nouvelle rencontre à Paris

Nouvelle-Calédonie : Macron veut une nouvelle rencontre à Paris

<strong>Suite à l’échec des négociations conduites par le ministre Manuel Valls, Macron veut une nouvelle rencontre à Paris

Le président Emmanuel Macron va inviter «les parties prenantes de la Nouvelle-Calédonie» à Paris à partir de la mi-juin, afin de «clarifier les sujets économiques, politiques et institutionnels en vue de parvenir à un accord partagé», après l’échec des récentes négociations, a indiqué mardi l’Élysée. En cause notamment les conditions de vote et les transferts de responsabilité, sans parler du développement économique.

Macron : l’impuissance d’un président réfugié dans le verbe

Macron : l’impuissance d’un président réfugié dans le verbe

Mardi 13 mai, le président de la République Emmanuel Macron a répondu, pendant plus de trois heures sur TF1, aux interpellations de Français, de journalistes et de personnalités. Il a, pour l’essentiel, défendu son bilan sans faire de réelles propositions politiques, mais n’écarte pas une nouvelle candidature à la présidentielle de 2032. Quel sens donner à cette prestation ? Que dit-elle de l’état de nos institutions ? Entretien avec le juriste et politiste Benjamin Morel dans The Conversation .

Comment jugez vous la prestation télévisée d’Emmanuel Macron sur TF1 ?

Benjamin Morel : De façon assez surprenante, en trois heures, il n’a à peu près rien dit. Il n’a fait aucune annonce, aucun plan…

Qu’est-ce que cela dit de la situation politique française ? On parle beaucoup d’impuissance d’Emmanuel Macron, d’immobilisme de François Bayrou… Emmanuel Macron a encore deux ans de présidence et il a surtout défendu son bilan.

B. M. : D’un point de vue constitutionnel, le président a des marges de manœuvre très limitées. Hier, il a surtout défendu le bilan de son premier quinquennat. Ce bilan-là n’est pas lié à des pouvoirs inscrits dans la Constitution, il est lié au fait que le président disposait d’une majorité qui lui donnait un vrai pouvoir. Il n’a plus cette majorité ni ce pouvoir. Il est désormais impotent et incapable de se projeter vers l’avenir.

Dans l’esprit de ses interlocuteurs et de beaucoup de Français, et d’une certaine façon dans son esprit, il y a cette idée que le chef de l’État est tout-puissant. Mais cette idée n’est pas une réalité juridique. La puissance du président de la République ne vient que d’une chose, c’est qu’il détient une majorité à l’Assemblée nationale.

Que nous signalent les registres de discours employés par Emmanuel Macron hier soir ?

B. M. : Le premier registre était celui de l’impotence, avec des réponses sous forme de « Je peux pas » ou « C’est le domaine du gouvernement », « Ce n’est pas moi », « Vous me demandez de faire des choses… », etc.

Le second registre était celui de l’échappement vers une forme d’irréalité. Le président a validé des projets dont il sait très bien qu’ils sont impossibles à réaliser. Par exemple, il a accepté la proposition d’Agnès Verdier-Molinié consistant à supprimer le statut de la fonction publique hospitalière et territoriale sur le modèle des agents de la SNCF. Faire ça, c’est déclencher une révolution à la Chambre et bloquer le pays. C’est politiquement impossible. Son « Pourquoi pas ! », ne l’engage à rien. Autre réponse très improvisée à une proposition de Robert Ménard : l’envoi de prisonniers dans des prisons à l’étranger.

Ces questions lui ont été posées comme dans un talk-show et il répond sur le mode « Chiche ! ». Ces idées n’ont pas été étudiées, elles ne sont même pas sur la table du gouvernement. Ces réponses peu réfléchies visent à montrer une capacité d’action, mais elles révèlent surtout une impuissance, car la parole du président est sans conséquence.

Le président a suscité beaucoup d’attentes à propos d’un référendum et finalement ne s’est engagé à rien. Pourquoi une telle timidité ?

B. M. : Notons que le président a déjà fait ce type d’annonce de référendum de très nombreuses fois sans aller au bout. Nous verrons d’ici quelques mois ce qu’il décide. Mais on se demande pourquoi communiquer sur cette idée de référendum avant le débat et, finalement, ne rien dire. Cela laisse dubitatif.

Est-ce qu’Emmanuel Macron a finalement pensé qu’un questionnaire à choix multiples qui n’a de valeur consultative et qui coûte 200 millions d’euros à organiser pourrait apparaître comme un onéreux « gadget » ? A-t-il fait faire des études juridiques et financières par le ministère de l’intérieur pour savoir ce qui était vraiment possible sans loi avant de temporiser ?

Juridiquement, l’idée d’une consultation à choix multiples n’est pas impossible, mais elle est bancale. Il n’existe aucune disposition législative pour l’encadrer. Le président de la République peut annoncer « Je vais organiser une consultation », mais sans loi, les maires n’auront pas obligation de l’organiser. Est-ce que le scrutin pourrait se tenir dans de bonnes conditions ? La réponse est probablement non.

Concernant l’idée d’organiser un « vrai » référendum défini par l’article 11 de la Constitution, d’autres problèmes se posent. Le référendum est limité à la ratification de traités internationaux, à l’organisation des pouvoirs publics, à la politique économique et sociale de la nation et aux services publics. Tout ce qui relève du domaine pénal ou civil en est exclu et, par conséquent, de nombreuses questions.

La fin de vie, juridiquement, va impliquer de dépénaliser certains actes consistant à donner une substance létale – donc c’est aussi du pénal : cela ne peut entrer dans le cadre de l’article 11 que dans une vision très extensive.

L’immigration n’est pas un domaine du droit français, c’est simplement un « sujet ». L’aspect économique de l’immigration pourrait être l’objet d’un référendum – par exemple le droit à l’aide médicale d’État, mais c’est très restreint. Si vous parlez de pénalisation de l’entrée illégale sur le territoire, c’est du pénal. Si vous parlez du droit du sol, ou de regroupement familial, c’est du civil. Donc pas de référendum possible.

La loi de finances ne peut pas vraiment être soumise à référendum, car la jurisprudence du Conseil constitutionnel de 2022 exclut la question de la fiscalité du champ référendaire.

La question des retraites pourrait être un sujet de référendum, mais Emmanuel Macron n’en veut pas.

Supprimer un échelon territorial comme le département ? Impossible, parce que les départements et les régions sont dans la Constitution : on ne peut les supprimer sans changer la Constitution.

Limiter le temps d’écran pour les jeunes ? Ce serait possible. Mais les Français vont-ils aller voter pour cela ?

Les sujets qui restent ne sont pas vraiment mobilisateurs ou suffisamment structurants dans l’opinion.

Le domaine international a été largement abordé par Emmanuel Macron. Il a rappelé son engagement diplomatique et militaire pour soutenir l’Ukraine, promettant de nouvelles sanctions, confirmé le projet d’une dissuasion nucléaire française étendue à l’Europe. Il a également dénoncé avec force la politique du premier ministre Benyamin Nétanyahou à Gaza. L’international est-il le seul domaine où Emmanuel Macron a le pouvoir d’agir ?

B. M. : Emmanuel Macron a beaucoup commenté son action diplomatique et militaire, domaine où il est très mobilisé. En matière diplomatique, parler c’est déjà faire, on peut donc dire, d’une certaine manière, qu’il agit.

Pour autant, le domaine réservé du président de la République, cela n’existe pas. François Bayrou laisse la main au président sur ces sujets, mais ce n’est en aucun cas un pouvoir défini par la Constitution. Quand le président de la République s’exprime dans le cadre d’un Conseil européen, il ne peut s’engager pour le pays si cela implique une modification de traité ou une directive.

Aujourd’hui, le gouvernement lui laisse le champ libre et les dossiers à traiter sont des dossiers purement diplomatiques et militaires qui n’impliquent pas de ratification du Parlement – ainsi le déploiement de l’arme atomique en Europe évoqué par Emmanuel Macron.

Finalement, on se demande pourquoi Emmanuel Macron a choisi cette mise en scène sur TF1 ? S’apprêterait-il à « débrancher » François Bayrou empêtré dans l’affaire Bétharram et à convoquer des législatives ? Quels sont les scénarios pour les deux ans de présidence à venir ?

B. M. : Je doute que l’objectif soit de « débrancher » François Bayrou. Si Emmanuel Macron décidait de dissoudre l’Assemblée demain, il aurait probablement un socle commun encore plus réduit. Même si une majorité absolue émergeait, elle ne sera pas macroniste, mais à la main d’Édouard Philippe ou de Gabriel Attal. Eux peuvent se présenter en 2027 alors qu’Emmanuel Macron ne le peut pas – ce qui l’empêche définitivement de reprendre la main. La seule chose qui reste aujourd’hui à Emmanuel Macron, c’est l’espoir de sauver son image et son bilan, de maintenir un lien avec les Français.

Mais tous les commentateurs soulignent l’échec de cet exercice – difficilement compréhensible en termes de stratégie…

B. M. : Lors du « grand débat national », contre toute attente, Macron a réussi, par la seule force de son verbe, à calmer la crise et à stabiliser son mandat. Il faut lui reconnaître ce talent. Depuis, il tente de rééditer l’exercice mais échoue. Je crois qu’il est persuadé qu’il peut convaincre parce qu’au fond, il est certain d’avoir raison, qu’il pense avoir bien fait, qu’il connaît sa force de conviction.

La différence, c’est qu’à l’époque du grand débat, Emmanuel Macron pouvait se projeter dans l’avenir, faire des promesses, il n’était pas aussi impuissant. Désormais, convaincre devient très compliqué, voire impossible.

La conclusion de son intervention était particulièrement inattendue. À la question : « Serez-vous candidat à l’élection présidentielle de 2032 ? » Emmanuel Macron répond : « Quand j’aurai fini, je réfléchirai à la suite. À ce moment-là, je pourrai vous répondre. Mais aujourd’hui, je n’ai pas réfléchi. »

B. M. : Effectivement, dans une séquence assez surprenante, il n’a pas fermé la porte à un troisième mandat. Il n’a pas le droit de faire plus de deux mandats successifs, et devra donc s’effacer en 2027, mais 2032 est bien une possibilité.

Election Présidentielle : Macron candidat en 2032 ; Au secours !

Election Présidentielle : Macron candidat en 2032 ; Au secours !

Macron ne doute de rien en dépit de l’insignifiance de son bilan politique, il envisagerait de se représenter en 2032. Ou quand l’échec constitue le moteur de la résurrection politique.

Interrogé sur la présidentielle de 2032, Emmanuel Macron a indiqué ce mardi soir « ne pas avoir réfléchi » à son avenir.
Emmanuel Macron dit ce mardi 13 mai ne pas avoir « réfléchi » à son avenir. Interrogé sur la présidentielle de 2032 sur TF1, le chef de l’État a indiqué que « quand j’aurai fini, je pourrai vous répondre, mais aujourd’hui je n’y ai pas réfléchi ».

« Je suis le premier président de notre histoire qui n’a pas le droit constitutionnellement de se représenter. Je pense chaque jour une seule chose: c’est notre pays, aller au terme de notre mandat. Je me battrai jusqu’au bout », a-t-il précisé.

Politique-Macron à la télé: Macron: du bavardage et de vagues référendums

Politique-Macron à la télé: Macron: du bavardage et de vagues référendums

On oubliera sans doute assez rapidement ce nouveau et interminable passage de Macron à la télé qui n’a strictement rien apporté de précis et de nouveau. D’abord une justification de sa politique menée mais sans perspective de sortie réelle de l’immobilisme actuel et de la dégradation économique et financière.

On ne peut même pas retenir la promesse de vagues référendums. Un seul, plusieurs? sur des sujets et des questions multiples et qui finiront sans doute en eau de boudin d’ailleurs d’ores et déjà 60 % des Français n’y croient pas. En cause, des sujets possibles non constitutionnels, anecdotiques et des questionnements confus voir démagogiques.

Pour Macron il s’agirait de trouver des thèmes susceptibles de recueillir une majorité donc assez anodins pour que la consultation ne se transforme pas en « pour » ou « contre » Macron.

En outre, on aura noté l’absence totale d’articulation avec un gouvernement que désormais Macron ignore. Bref deux immobilismes qui s’ajoutent à la paralysie de tout le système français. Et un président toujours content de lui-même ! Et qui envisage même de se représenter en 2032 !

BAROMÈTRE popularité. Macron et Bayrou toujours très bas

BAROMÈTRE popularité. Macron et Bayrou toujours très bas

Entre entre 70 et 80 % d’opinions défavorables pour les chefs de l’exécutif. Un désavœu qui explique largement l’immobilisme actuel.

Dans le baromètre mensuel Ipsos-Cesi école d’ingénieurs pour « La Tribune Dimanche », le Président enregistre toujours un fort taux d’opinions défavorables quand le Premier ministre poursuit sa chute.

Le Président enregistre 71% d’opinions défavorables, selon ce sondage Ipsos-Cesi, école d’ingénieurs pour La Tribune Dimanche, soit un point de plus qu’en avril.

Le Premier ministre enregistre 20% d’opinions favorables, soit quatre points de moins qu’en avril.

Macron à la télé: Macron: du bavardage et de vagues référendums

Macron à la télé: Macron: du bavardage et de vagues référendums

On oubliera sans doute assez rapidement ce nouveau et interminable passage de Macron à la télé qui n’a strictement rien apporté de précis et de nouveau. D’abord une justification de sa politique menée mais sans perspective de sortie réelle de l’immobilisme actuel et de la dégradation économique et financière.

On ne peut même pas retenir la promesse de vagues référendums. Un seul, plusieurs? sur des sujets et des questions multiples et qui finiront sans doute en eau de boudin d’ailleurs d’ores et déjà 60 % des Français n’y croient pas. En cause, des sujets possibles non constitutionnels, anecdotiques et des questionnements confus voir démagogiques.

Pour Macron il s’agirait de trouver des thèmes susceptibles de recueillir une majorité donc assez anodins pour que la consultation ne se transforme pas en « pour » ou « contre » Macron.

En outre, on aura noté l’absence totale d’articulation avec un gouvernement que désormais Macron ignore. Bref deux immobilismes qui s’ajoutent à la paralysie de tout le système français. Et un président toujours content de lui-même ! Et qui envisage même de se représenter en 2032 !

Politique-Présidentielle : Macron candidat en 2032 ; Au secours !

Politique-Présidentielle : Macron candidat en 2032 ; Au secours !

Macron ne doute de rien en dépit de l’insignifiance de son bilan politique, il envisagerait de se représenter en 2032. Ou quand l’échec constitue le moteur de la résurrection politique.

Interrogé sur la présidentielle de 2032, Emmanuel Macron a indiqué ce mardi soir « ne pas avoir réfléchi » à son avenir.
Emmanuel Macron dit ce mardi 13 mai ne pas avoir « réfléchi » à son avenir. Interrogé sur la présidentielle de 2032 sur TF1, le chef de l’État a indiqué que « quand j’aurai fini, je pourrai vous répondre, mais aujourd’hui je n’y ai pas réfléchi ».

« Je suis le premier président de notre histoire qui n’a pas le droit constitutionnellement de se représenter. Je pense chaque jour une seule chose: c’est notre pays, aller au terme de notre mandat. Je me battrai jusqu’au bout », a-t-il précisé.

Sondage Bilan Macron: Négatif pour près des trois quarts des Français

Sondage Bilan Macron: Négatif pour près des trois quarts des Français

Selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro, les trois quarts du pays (71 %) jugent négativement son bilan, après huit ans à l’Élysée.

Une défiance en hausse de + 19 points par rapport à mars 2022, conséquence directe d’« une réforme des retraites très décriée sur le fond et sur la forme, et une dissolution aussi rejetée qu’incomprise », analyse Erwan Lestrohan, directeur conseil chez Odoxa.

Maigre lot de consolation pour le président de la République : s’il s’approche dangereusement de la cote d’alerte de François Hollande, il ne tombe pas encore au niveau de son prédécesseur, dont le quinquennat reste sévèrement jugé par 73 % des sondés.

Politique-Bilan Macron : l’impuissance d’un président masquée par le verbe

Politique-Bilan Macron : l’impuissance d’un président masquée par le verbe

Mardi 13 mai, le président de la République Emmanuel Macron a répondu, pendant plus de trois heures sur TF1, aux interpellations de Français, de journalistes et de personnalités. Il a, pour l’essentiel, défendu son bilan sans faire de réelles propositions politiques, mais n’écarte pas une nouvelle candidature à la présidentielle de 2032. Quel sens donner à cette prestation ? Que dit-elle de l’état de nos institutions ? Entretien avec le juriste et politiste Benjamin Morel dans The Conversation .

Comment jugez vous la prestation télévisée d’Emmanuel Macron sur TF1 ?

Benjamin Morel : De façon assez surprenante, en trois heures, il n’a à peu près rien dit. Il n’a fait aucune annonce, aucun plan…

Qu’est-ce que cela dit de la situation politique française ? On parle beaucoup d’impuissance d’Emmanuel Macron, d’immobilisme de François Bayrou… Emmanuel Macron a encore deux ans de présidence et il a surtout défendu son bilan.

B. M. : D’un point de vue constitutionnel, le président a des marges de manœuvre très limitées. Hier, il a surtout défendu le bilan de son premier quinquennat. Ce bilan-là n’est pas lié à des pouvoirs inscrits dans la Constitution, il est lié au fait que le président disposait d’une majorité qui lui donnait un vrai pouvoir. Il n’a plus cette majorité ni ce pouvoir. Il est désormais impotent et incapable de se projeter vers l’avenir.

Dans l’esprit de ses interlocuteurs et de beaucoup de Français, et d’une certaine façon dans son esprit, il y a cette idée que le chef de l’État est tout-puissant. Mais cette idée n’est pas une réalité juridique. La puissance du président de la République ne vient que d’une chose, c’est qu’il détient une majorité à l’Assemblée nationale.

Que nous signalent les registres de discours employés par Emmanuel Macron hier soir ?

B. M. : Le premier registre était celui de l’impotence, avec des réponses sous forme de « Je peux pas » ou « C’est le domaine du gouvernement », « Ce n’est pas moi », « Vous me demandez de faire des choses… », etc.

Le second registre était celui de l’échappement vers une forme d’irréalité. Le président a validé des projets dont il sait très bien qu’ils sont impossibles à réaliser. Par exemple, il a accepté la proposition d’Agnès Verdier-Molinié consistant à supprimer le statut de la fonction publique hospitalière et territoriale sur le modèle des agents de la SNCF. Faire ça, c’est déclencher une révolution à la Chambre et bloquer le pays. C’est politiquement impossible. Son « Pourquoi pas ! », ne l’engage à rien. Autre réponse très improvisée à une proposition de Robert Ménard : l’envoi de prisonniers dans des prisons à l’étranger.

Ces questions lui ont été posées comme dans un talk-show et il répond sur le mode « Chiche ! ». Ces idées n’ont pas été étudiées, elles ne sont même pas sur la table du gouvernement. Ces réponses peu réfléchies visent à montrer une capacité d’action, mais elles révèlent surtout une impuissance, car la parole du président est sans conséquence.

Le président a suscité beaucoup d’attentes à propos d’un référendum et finalement ne s’est engagé à rien. Pourquoi une telle timidité ?

B. M. : Notons que le président a déjà fait ce type d’annonce de référendum de très nombreuses fois sans aller au bout. Nous verrons d’ici quelques mois ce qu’il décide. Mais on se demande pourquoi communiquer sur cette idée de référendum avant le débat et, finalement, ne rien dire. Cela laisse dubitatif.

Est-ce qu’Emmanuel Macron a finalement pensé qu’un questionnaire à choix multiples qui n’a de valeur consultative et qui coûte 200 millions d’euros à organiser pourrait apparaître comme un onéreux « gadget » ? A-t-il fait faire des études juridiques et financières par le ministère de l’intérieur pour savoir ce qui était vraiment possible sans loi avant de temporiser ?

Juridiquement, l’idée d’une consultation à choix multiples n’est pas impossible, mais elle est bancale. Il n’existe aucune disposition législative pour l’encadrer. Le président de la République peut annoncer « Je vais organiser une consultation », mais sans loi, les maires n’auront pas obligation de l’organiser. Est-ce que le scrutin pourrait se tenir dans de bonnes conditions ? La réponse est probablement non.

Concernant l’idée d’organiser un « vrai » référendum défini par l’article 11 de la Constitution, d’autres problèmes se posent. Le référendum est limité à la ratification de traités internationaux, à l’organisation des pouvoirs publics, à la politique économique et sociale de la nation et aux services publics. Tout ce qui relève du domaine pénal ou civil en est exclu et, par conséquent, de nombreuses questions.

La fin de vie, juridiquement, va impliquer de dépénaliser certains actes consistant à donner une substance létale – donc c’est aussi du pénal : cela ne peut entrer dans le cadre de l’article 11 que dans une vision très extensive.

L’immigration n’est pas un domaine du droit français, c’est simplement un « sujet ». L’aspect économique de l’immigration pourrait être l’objet d’un référendum – par exemple le droit à l’aide médicale d’État, mais c’est très restreint. Si vous parlez de pénalisation de l’entrée illégale sur le territoire, c’est du pénal. Si vous parlez du droit du sol, ou de regroupement familial, c’est du civil. Donc pas de référendum possible.

La loi de finances ne peut pas vraiment être soumise à référendum, car la jurisprudence du Conseil constitutionnel de 2022 exclut la question de la fiscalité du champ référendaire.

La question des retraites pourrait être un sujet de référendum, mais Emmanuel Macron n’en veut pas.

Supprimer un échelon territorial comme le département ? Impossible, parce que les départements et les régions sont dans la Constitution : on ne peut les supprimer sans changer la Constitution.

Limiter le temps d’écran pour les jeunes ? Ce serait possible. Mais les Français vont-ils aller voter pour cela ?

Les sujets qui restent ne sont pas vraiment mobilisateurs ou suffisamment structurants dans l’opinion.

Le domaine international a été largement abordé par Emmanuel Macron. Il a rappelé son engagement diplomatique et militaire pour soutenir l’Ukraine, promettant de nouvelles sanctions, confirmé le projet d’une dissuasion nucléaire française étendue à l’Europe. Il a également dénoncé avec force la politique du premier ministre Benyamin Nétanyahou à Gaza. L’international est-il le seul domaine où Emmanuel Macron a le pouvoir d’agir ?

B. M. : Emmanuel Macron a beaucoup commenté son action diplomatique et militaire, domaine où il est très mobilisé. En matière diplomatique, parler c’est déjà faire, on peut donc dire, d’une certaine manière, qu’il agit.

Pour autant, le domaine réservé du président de la République, cela n’existe pas. François Bayrou laisse la main au président sur ces sujets, mais ce n’est en aucun cas un pouvoir défini par la Constitution. Quand le président de la République s’exprime dans le cadre d’un Conseil européen, il ne peut s’engager pour le pays si cela implique une modification de traité ou une directive.

Aujourd’hui, le gouvernement lui laisse le champ libre et les dossiers à traiter sont des dossiers purement diplomatiques et militaires qui n’impliquent pas de ratification du Parlement – ainsi le déploiement de l’arme atomique en Europe évoqué par Emmanuel Macron.

Finalement, on se demande pourquoi Emmanuel Macron a choisi cette mise en scène sur TF1 ? S’apprêterait-il à « débrancher » François Bayrou empêtré dans l’affaire Bétharram et à convoquer des législatives ? Quels sont les scénarios pour les deux ans de présidence à venir ?

B. M. : Je doute que l’objectif soit de « débrancher » François Bayrou. Si Emmanuel Macron décidait de dissoudre l’Assemblée demain, il aurait probablement un socle commun encore plus réduit. Même si une majorité absolue émergeait, elle ne sera pas macroniste, mais à la main d’Édouard Philippe ou de Gabriel Attal. Eux peuvent se présenter en 2027 alors qu’Emmanuel Macron ne le peut pas – ce qui l’empêche définitivement de reprendre la main. La seule chose qui reste aujourd’hui à Emmanuel Macron, c’est l’espoir de sauver son image et son bilan, de maintenir un lien avec les Français.

Mais tous les commentateurs soulignent l’échec de cet exercice – difficilement compréhensible en termes de stratégie…

B. M. : Lors du « grand débat national », contre toute attente, Macron a réussi, par la seule force de son verbe, à calmer la crise et à stabiliser son mandat. Il faut lui reconnaître ce talent. Depuis, il tente de rééditer l’exercice mais échoue. Je crois qu’il est persuadé qu’il peut convaincre parce qu’au fond, il est certain d’avoir raison, qu’il pense avoir bien fait, qu’il connaît sa force de conviction.

La différence, c’est qu’à l’époque du grand débat, Emmanuel Macron pouvait se projeter dans l’avenir, faire des promesses, il n’était pas aussi impuissant. Désormais, convaincre devient très compliqué, voire impossible.

La conclusion de son intervention était particulièrement inattendue. À la question : « Serez-vous candidat à l’élection présidentielle de 2032 ? » Emmanuel Macron répond : « Quand j’aurai fini, je réfléchirai à la suite. À ce moment-là, je pourrai vous répondre. Mais aujourd’hui, je n’ai pas réfléchi. »

B. M. : Effectivement, dans une séquence assez surprenante, il n’a pas fermé la porte à un troisième mandat. Il n’a pas le droit de faire plus de deux mandats successifs, et devra donc s’effacer en 2027, mais 2032 est bien une possibilité.

Macron à la télé : une diversion pour masquer la crise et l’immobilisme

Politique- Macron à la télé : une diversion pour masquer la crise et l’immobilisme !

« Les annonces d’Emmanuel Macron sur TF1 risquent d’apparaître comme de la diversion si un chemin crédible n’est pas tracé pour réduire les déficits et la dette publique »

par Françoise Fressoz

Editorialiste au « Monde »

Le président de la République marginalise la question des finances publiques pour mettre sous les projecteurs la question démocratique, constate dans sa chronique Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde ».

Le retour du président de la République sur le devant de la scène intérieure est à la fois compréhensible et ambigu. Compréhensible parce que le décalage entre l’accélération des bouleversements dans le monde et la quasi-paralysie de la vie politique française a de quoi rendre perplexe. Si le pays ne muscle pas rapidement sa défense ainsi que son appareil de production, et s’il ne réinterroge pas le concept de citoyenneté à l’heure de l’essor des régimes autoritaires, il se met en grand danger. Fortement impliqué dans la riposte européenne aux foucades de Donald Trump, face au risque de désengagement militaire américain du continent européen et à la menace russe, le président français a toute légitimité pour jouer les éclaireurs.

Mais ce retour, concrétisé par une longue intervention télévisée, mardi 13 mai sur TF1, est en même temps ambigu. Le principal défi auquel est confronté le pays pour regagner en souveraineté est de parvenir à réduire le poids des remboursements de sa dette publique, dont le montant croissant obère ses marges de manœuvre. Or, il n’est pas certain que, sur ce chapitre, le chef de l’Etat soit dans la disposition d’esprit ou capable de voler au secours de son premier ministre.

Le récent différend apparu entre les deux têtes de l’exécutif à propos de l’usage du référendum éclaire l’impasse dans laquelle risque de se trouver François Bayrou lorsqu’il présentera, à l’été, son plan de redressement des finances publiques. A l’Assemblée nationale, son sort dépend étroitement du comportement du groupe socialiste, qui l’a sauvé à deux reprises en refusant de voter la motion de censure déposée par La France insoumise contre les projets de budget pour 2025 et de loi de financement de la Sécurité sociale.

Seule la neutralité durable de ce groupe peut lui garantir, à l’avenir, d’échapper à la coalition des oppositions (gauche, extrême droite) qui avait eu raison du gouvernement Barnier. Celle-ci est loin de lui être acquise pour trois raisons : quel que soit le résultat de son congrès en juin, le Parti socialiste continuera de se situer dans l’opposition ; le montant de l’effort à fournir – soit 40 milliards d’euros à trouver en 2026, près de 100 milliards d’euros d’ici à 2029 – pour simplement stopper la progression de la dette est si important qu’il oblige à réinterroger les politiques publiques et le modèle social alors qu’il n’existe aucun consensus sur le nouveau modèle à construire…

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