Mépris politique : l’ambassadeur russe en Pologne ignore sa convocation
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Voiture électrique : la moitié des Français ignorent l’interdiction de production à partir de 2035
C’est pas encore gagné pour la voiture électrique puisque à peu près la moitié des Français ignorent encore l’interdiction de production d’automobiles thermiques à partir de 2035 . Une étude 2024 de l’Observatoire Cetelem, publiée mardi, montre que les automobilistes français, connaissent mal les réglementations et le futur de l’automobile. Par exemple, si l’UE a entériné en mars dernier la fin de la vente de voitures thermiques à partir de 2035, seul un Français sur deux (53%) est au courant de l’existence de cette interdiction future.
Par ailleurs, de plus en plus d’automobilistes doutent de l’intérêt de la voiture électrique. Seulement 19 % des Européens veulent changer de véhicule dans les 12 prochains mois contre 27 % il y a encore deux ans.
La plus grande partie des automobilistes ne croit pas au progrès technologique et environnemental de la voiture électrique. Cependant ce refus pourrait être nourri en réalité par le coût que représente l’investissement. En moyenne en effet une voiture électrique coûte le double d’une voiture à moteur thermique. Sans parler évidemment de l’interrogation sur un jour une fiscalité sur électricité consommée par les voitures.
Les Français demeurent moins bien informés que les Allemands (66%), les Britanniques (62%) ou encore les Espagnols (62%).
De même, sur les zones à faibles émissions (ZFE), ces zones urbaines dont l’accès est limité aux véhicules les moins polluants, le degré d’information demeure lui aussi parcellaire. Si 77% des Français connaissent leur existence, seuls 48% savent précisément de quoi il s’agit. L
Dans l’Hexagone, 11 métropoles ont jusqu’ici mis en place une zone à faibles émissions, dont Paris, Lyon, Marseille ou Strasbourg. Mais seuls six Français sur dix (59%) savent que ces ZFE sont bel et bien présentes dans l’Hexagone. «C’est en Allemagne, Belgique, Royaume-Uni et aussi en France que l’on recense les scores les plus élevés, nations qui ont mis en place des ZFE ou envisagent leur déploiement», précise l’Observatoire.
À ce «brouillard», comme l’appelle l’étude, s’ajoute le «doute qu’a jeté sur la voiture électrique» l’augmentation des prix de l’électricité à la suite de la guerre en Ukraine, a expliqué à l’AFP le directeur de l’Observatoire, Flavien Neuvy. Les «gens se demandent si c’est vraiment une bonne idée», affirme-t-il, alors que le passage à l’électrique est nécessaire pour limiter le réchauffement climatique. Ainsi, comme le résume l’Observatoire Cetelem, cette étude «montre en tout cas que les automobilistes sont dans l’expectative à maints égards, jusqu’à faire preuve de suspicion et de scepticisme» sur la voiture électrique.
Logement: Le gouvernement ignore la crise
Le gouvernement est sourd et ignore la crise du logement estime Muriel Boulmier, la présidente de l’Union régionale de nouvelle Aquitaine.Interview dans la Tribune
LA TRIBUNE – Quelle est la situation du logement social en Nouvelle-Aquitaine en cette rentrée 2023 ?
MURIEL BOULMIER – Le contexte est difficile pour les organismes HLM comme pour tous les acteurs du logement. On a le sentiment que le gouvernement est sourd face à la crise du logement et aux attentes des populations. Pour le logement social, la crise est importante car l’effondrement de la construction de logements neufs entrave la mobilité résidentielle : avec l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat, les locataires du parc social n’en sortent plus ! Dans ce contexte, on a en 2023 une programmation de moins de 9.000 nouveaux logements sociaux ! C’est très faible en comparaison des 11.000 logements annuels d’avant le Covid.
Le problème c’est qu’à l’autre bout de la chaîne, il y a des demandes toujours plus nombreuses d’entrer dans le parc social. Au niveau régional, on a 172.000 demandes de logements sociaux en attente, contre 139.000 il y a trois ans. À Bordeaux Métropole, on est à 47.000 contre 42.000 en 2020… C’est une véritable embolie, particulièrement dans l’agglomération bordelaise et sur la côte basque.
Quelles sont les racines du problème ?
Le taux du livret A, sur lequel sont assis ceux des prêts aux organismes HLM, a été multiplié par près de sept tandis que les loyers que nous percevons sont encadrés, et c’est bien normal. Mais parallèlement, la réduction de loyer de solidarité (RLS) imposée par l’Etat est maintenue alors que demandions qu’elle soit amoindrie ou suspendue le temps que le taux du livret A redescende. Pour la Nouvelle-Aquitaine, cela représente 10 % de notre capacité annuelle d’investissement alors même que les coûts de construction s’accroissent !
L’Etat se désengage depuis des années du logement social et la situation est bloquée malgré les aides des collectivités locales, qui perçoivent bien que le logement est un ferment d’agitation sociale pour leurs habitants, leurs salariés et leurs entreprises. Concrètement, l’équilibre des opérations est complètement remis en cause à tel point que nous avons environ 6.000 logements prévus mais qui ne peuvent sortir de terre en l’état. Et les sommes que nous investissons pour débloquer ces projets ne servent plus à financer de nouvelles opérations.
Face à ce blocage, quel est votre réaction vis-à-vis du contenu du projet de budget pour 2024 ?
Thomas Cazenave a toujours montré un intérêt pour le logement mais maintenant qu’il est ministre du Budget on attend des preuves ! Le représentant du gouvernement sera attendu de pied ferme par les professionnels du logement social lors du congrès de l’Union sociale pour l’habitat. Ce que je note de positif dans ce budget c’est la petite augmentation des APL. Ensuite, la prolongation du prêt à taux zéro c’est bien mais il est recentré sur les zones tendues. Croire qu’il n’y a des problèmes de logements que dans les zones tendues est une illusion, il faut donc revoir ce point.
Enfin, sur le plan de la rénovation énergétique, ce budget 2024 est ahurissant ! On sait tous que nous avons un impératif commun de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. Or, ce budget supprime les 700 millions d’euros prévus au niveau national pour la rénovation énergétique ! 700 millions sur trois ans ce n’était pas suffisant mais c’était déjà ça. La conséquence c’est que les organismes HLM vont devoir arbitrer leurs investissements entre rénovation et construction alors que la stratégie nationale bas carbone nous impose de réhabiliter 8.000 logements par an rien qu’en Nouvelle-Aquitaine !
Le gouvernement ignore la crise du logement
Le gouvernement est sourd et ignore la crise du logement estime Muriel Boulmier, la présidente de l’Union régionale de nouvelle Aquitaine.Interview dans la Tribune
LA TRIBUNE – Quelle est la situation du logement social en Nouvelle-Aquitaine en cette rentrée 2023 ?
MURIEL BOULMIER – Le contexte est difficile pour les organismes HLM comme pour tous les acteurs du logement. On a le sentiment que le gouvernement est sourd face à la crise du logement et aux attentes des populations. Pour le logement social, la crise est importante car l’effondrement de la construction de logements neufs entrave la mobilité résidentielle : avec l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat, les locataires du parc social n’en sortent plus ! Dans ce contexte, on a en 2023 une programmation de moins de 9.000 nouveaux logements sociaux ! C’est très faible en comparaison des 11.000 logements annuels d’avant le Covid.
Le problème c’est qu’à l’autre bout de la chaîne, il y a des demandes toujours plus nombreuses d’entrer dans le parc social. Au niveau régional, on a 172.000 demandes de logements sociaux en attente, contre 139.000 il y a trois ans. À Bordeaux Métropole, on est à 47.000 contre 42.000 en 2020… C’est une véritable embolie, particulièrement dans l’agglomération bordelaise et sur la côte basque.
Quelles sont les racines du problème ?
Le taux du livret A, sur lequel sont assis ceux des prêts aux organismes HLM, a été multiplié par près de sept tandis que les loyers que nous percevons sont encadrés, et c’est bien normal. Mais parallèlement, la réduction de loyer de solidarité (RLS) imposée par l’Etat est maintenue alors que demandions qu’elle soit amoindrie ou suspendue le temps que le taux du livret A redescende. Pour la Nouvelle-Aquitaine, cela représente 10 % de notre capacité annuelle d’investissement alors même que les coûts de construction s’accroissent !
L’Etat se désengage depuis des années du logement social et la situation est bloquée malgré les aides des collectivités locales, qui perçoivent bien que le logement est un ferment d’agitation sociale pour leurs habitants, leurs salariés et leurs entreprises. Concrètement, l’équilibre des opérations est complètement remis en cause à tel point que nous avons environ 6.000 logements prévus mais qui ne peuvent sortir de terre en l’état. Et les sommes que nous investissons pour débloquer ces projets ne servent plus à financer de nouvelles opérations.
Face à ce blocage, quel est votre réaction vis-à-vis du contenu du projet de budget pour 2024 ?
Thomas Cazenave a toujours montré un intérêt pour le logement mais maintenant qu’il est ministre du Budget on attend des preuves ! Le représentant du gouvernement sera attendu de pied ferme par les professionnels du logement social lors du congrès de l’Union sociale pour l’habitat. Ce que je note de positif dans ce budget c’est la petite augmentation des APL. Ensuite, la prolongation du prêt à taux zéro c’est bien mais il est recentré sur les zones tendues. Croire qu’il n’y a des problèmes de logements que dans les zones tendues est une illusion, il faut donc revoir ce point.
Enfin, sur le plan de la rénovation énergétique, ce budget 2024 est ahurissant ! On sait tous que nous avons un impératif commun de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. Or, ce budget supprime les 700 millions d’euros prévus au niveau national pour la rénovation énergétique ! 700 millions sur trois ans ce n’était pas suffisant mais c’était déjà ça. La conséquence c’est que les organismes HLM vont devoir arbitrer leurs investissements entre rénovation et construction alors que la stratégie nationale bas carbone nous impose de réhabiliter 8.000 logements par an rien qu’en Nouvelle-Aquitaine !
Politique: La gauche a lâché le monde du travail et Macron l’a ignoré (Laurent Berger, CFDT)
A trois semaines de son départ, le secrétaire général de la CFDT règle ses comptes avec Emmanuel Macron mais aussi avec la gauche politique dans la Tribune.
Croyez-vous vraiment que la proposition de loi du groupe Liot, si toutefois elle était adoptée à l’Assemblée nationale, permettrait d’abroger la retraite à 64 ans pourtant promulguée le 14 avril dernier ?
Non, on n’a jamais fait croire ça aux gens. Mais puisque le gouvernement a voulu s’exonérer d’un vote du Parlement sur cet article-là, et que de l’autre côté, ce sont les Insoumis qui avaient bloqué l’examen de l’article 7, voilà enfin une occasion pour les députés de s’exprimer pour la première fois sur la retraite à 64 ans ! Ce n’est pas la CFDT qui a déposé cette proposition.
Est-ce bien raisonnable de faire croire aux Français qu’on reviendra sur la réforme, de dire comme vous le faites qu’on n’en finira jamais avec la réforme des retraites ?
Non, ce n’est pas un leurre. C’est plutôt l’illustration que cette réforme est le résultat d’un vice démocratique. Je maintiens l’expression à propos d’un projet de loi aussi fondamental sur lequel il n’y aura pas eu de vote et une adoption grâce au 49.3. Je l’avais dit. Oui, je le répète il y a eu vice démocratique car l’exécutif a usé de tout l’arsenal parlementaire pour changer radicalement la vie de deux millions de travailleurs et particulièrement ceux qui sont les plus exposés à des métiers difficiles. Ça pose un problème quand même que le Parlement, sur une mesure phare, les 64 ans, ne puisse pas délibérer par le vote.
Quand le match est perdu, vient le moment où les joueurs finissent par rentrer aux vestiaires non ?
Oui, mais on nous offre du temps additionnel. Le score n’est pas le plus favorable pour nous. Mais j’insiste, la proposition de loi est une initiative parlementaire. Elle ne vient pas de nous. Quand j’affirme qu’on n’en aura jamais fini avec la réforme des retraites, je veux dire que le ressentiment est profond. Bien sûr, que le texte s’appliquera le moment venu. Pas sûr d’ailleurs que toutes les mesures s’appliquent dès le 1er septembre si j’en crois les explications de certaines directions de la Sécurité Sociale tant les dispositions semblent complexes à mettre en place
Est-ce responsable d’appeler à une nouvelle journée de mobilisation, le 6 juin, contre cette réforme, compte tenu des risques de violences ?
Oui, il y a eu des dérapages dans quelques endroits lors de la dernière manifestation le 1er mai. Mais les violences ne viennent pas des organisations syndicales et nous les condamnons toutes. Ce ne sont pas les syndicats qui dérapent. C’est le fait d’irresponsables qui viennent casser du flic, du syndicaliste et de soi-disant symboles capitalistes. Tout ça ne constitue pas un argument suffisant pour nous faire renoncer à mobiliser les gens dans la rue quand nous portons des revendications justes.
En savez-vous plus sur les projets du gouvernement depuis votre dernière rencontre à Matignon notamment sur le contenu de la future loi Travail, sur la place des séniors, la pénibilité etc… ?
Non, pour l’instant, on n’en sait pas plus. Il y a eu ces réunions bilatérales avec la Première ministre. On a remis un certain nombre de propositions sur lesquelles on souhaitait avoir des débats, des discussions. Il y a le sujet des séniors, celui sur la pénibilité, mais aussi l’organisation du travail. La Première ministre a proposé une prochaine rencontre mais cette fois avec tous les partenaires sociaux. Pour l’instant, on n’a pas de date et on ne sait pas si ce sera à Matignon ou à l’Elysée. La CFDT est prête à construire un agenda social avec une part de négociations qui se feront entre syndicats et patronat si les sujets sont suffisamment prometteurs pour les travailleurs. En gros, on attend toujours que l’exécutif remette en route le dialogue social.
Avez-vous confiance en Elisabeth Borne et son gouvernement ?
J’ai confiance en la Première ministre, sa loyauté et sa sincérité à vouloir construire un agenda pour avancer sur certains sujets essentiels pour les Français. J’ai des doutes, en revanche, sur son ministre du Travail sur son envie d’avancer avec nous. Mais plus globalement, ce qui est important, ce n’est pas d’avoir confiance ou pas en l’un ou l’autre, ce qui m’importe, c’est la situation des travailleurs et la volonté de construire du mieux pour eux. J’ai des doutes sur la volonté réelle d’obtenir de vraies avancées et sur le fait de se contenter de quelques mesurettes validées par le Président de la République.
Quel bilan tirez-vous des six ans d’Emmanuel Macron au pouvoir ?
Forcément contrasté. Sur l’emploi, on a quand même largement progressé même s’il subsiste encore un chômage de masse. La formation reste un sujet énorme. Globalement, les années Macron auront été celles d’une gouvernance trop verticale alors que les problèmes du pays sont de plus en plus complexes comme la transition écologique qui nécessite d’associer davantage les corps intermédiaires. Ce n’est pas à moi de tirer le bilan mais je constate un impensé sur trop de sujets comme le travail. Cette majorité n’est pas la seule malheureusement à avoir négligé ce sujet. La notion de travail est prise en otage entre deux visions : d’un côté ceux pour qui il s’agit juste d’une donnée productive et pas une réalité sociale, et de l’autre ceux qui ne conçoivent le travail qu’en termes de misère, d’exploitation et d’aliénation. Ce n’est pas ça le travail. Quand on écoute vraiment ce que disent les travailleurs, c’est entre les deux. C’est d’abord une réalité sociale, ça peut être un lieu de souffrance mais c’est aussi un vecteur de réalisation, d’émancipation.
Vous défendez une vision « en même temps » du travail… Vous aviez tout au départ pour vous entendre avec lui. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné entre vous ?
Sa vision des syndicats, de la place de la négociation sociale, de la démocratie sociale est aux antipodes de la nôtre. La CFDT, elle, n’a pas changé de logiciel. La preuve puisque nous avons signé dans les trois derniers mois trois accords nationaux interprofessionnels avec le patronat sur le partage de la valeur, sur la transition écologique et sur les accidents du travail. On continue donc de faire notre boulot de syndicaliste sur la base de compromis.
En fait, le président de la République n’est pas à l’aise avec cette notion de compromis. Il ne s’est pas ce que veut dire négocier c’est-à-dire entrer dans ce processus où on s’écoute, on se confronte et à la fin, évidemment, il y a accord ou non et alors dans ce cas il y en a un qui décide. Mais on a le sentiment que d’avoir écouté, ça a servi à quelque chose. A part pendant la période du Covid, on n’a jamais réussi à discuter, à être associés. On savait quand Emmanuel Macron a été élu en 2017 qu’il y aurait moins de place pour les organisations syndicales. Pour lui, les syndicats doivent être cantonnés au sein des entreprises et se mêler le moins possible des questions nationales. Je rappelle quand même qu’il y a un an, on a mouillé la chemise en signant une tribune avec Philippe Martinez pour appeler à voter pour lui contre le Marine Le Pen. Ce n’était pas gagné. On partait de loin… On aurait pu espérer repartir sur de bonnes bases au début de son deuxième mandat au moins en termes de discussions.
Vous avez préféré les années François Hollande. C’est aussi ça qui a coincé entre vous ?
Non. D’abord je n’ai aucune préférence. Je fais avec ceux qui sont en face. On m’a prêté pendant des années un rôle auprès de François Hollande qui n’était pas le mien. Je ne fréquente personne dans le monde politique en dehors de mes obligations professionnelles. J’admets que j’ai soutenu des choix sous la présidence Hollande comme le pacte de responsabilité. La CFDT n’a pas tout soutenu mais il y avait à l’époque une volonté d’associer davantage les syndicats aux décisions.
Dans votre livre « Du mépris à la colère » (Ndlr, éditions du Seuil), vous écrivez que la gauche a une vision « misérabiliste » du travail, qu’elle n’est pas « travailliste ». La gauche version sociale-démocrate est-elle fichue ?
Non, la gauche n’est pas fichue. En Europe, elle est encore puissante. On la voit à l’œuvre en Allemagne et dans certains pays nordiques. En France, oui, la gauche a trop souvent considéré que le travail était un sujet subalterne. Par manque de réflexion, par facilité ou aussi parce qu’elle avait perdu les ouvriers, la gauche a lâché le monde du travail. Résultat : elle s’est contentée le plus souvent d’une vision misérabiliste quand certains ont carrément opté pour la défense du droit à la paresse !
Est-ce que vous maintenez que le pays vit une « grave crise démocratique », ce que le président de la République a contesté ? N’est-ce pas plutôt une crise de la gouvernance ?
Cette crise démocratique existait avant le conflit des retraites et même avant l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Elle s’est beaucoup creusée. C’est un fait : les gens n’ont plus vraiment confiance dans les institutions qui sont censées nous régir collectivement. Il y a une défiance manifeste. Quand les gens ont le sentiment de ne plus être écoutés, que leur situation n’est pas prise en compte par ceux qui sont censés les représenter alors s’installe une crise démocratique. Et dans cette situation que nos gouvernants préfèrent nier, les plus audibles sont les extrêmes. Quand on est dans un débat public qui est vicié, il ne faut pas s’étonner que les gens aient envie de gueuler pour se faire entendre.
Etes-vous favorable au principe d’un ISF Vert pour financer les conséquences économiques de la transition climatique préconisé par l’économiste Jean Pisani-Ferry ?
Je salue ce travail qui nous permet de prendre la mesure du chemin à parcourir et avance des propositions concrètes pour financer ce qui doit constituer notre priorité. On ne peut pas les balayer d’un revers de main uniquement parce qu’un terme, ISF, ne plait pas. Je suis favorable à l’idée que pour financer les investissements nécessaires à l’indispensable transition climatique, nous aurons besoin d’investissements publics massifs. Il faudra donc trouver des ressources. Évidemment qu’il faudra mettre les plus hauts revenus davantage à contribution. Je m’inquiète de voir à quelle vitesse le gouvernement a refermé le débat lancé par deux économistes qui n’ont rien de dangereux gauchistes. J’ai peur que leur rapport finisse dans un placard. Or, nous sommes à un moment de bascule de l’histoire où il faut se demander comment on accélère en termes de transition écologique, de la planification écologique et qui, sous la responsabilité de la Première ministre, à l’évidence patine.
Faut-il une nouvelle réforme de l’immigration ?
La 21ème en vingt ans, c’est ça ? Non, je ne la crois pas nécessaire. Celle qui avait été préparée par Gérald Darmanin et Olivier Dussopt contenait quelques bonnes choses comme le dispositif permettant de régulariser les travailleurs sans papiers qui travaillent même s’il y avait aussi des manques. On ferait œuvre collective en régularisant les travailleurs sans papiers. On libérerait un certain nombre d’hôtels sociaux. On permettrait à des gens qui travaillent déjà de rentrer dans le circuit économique normal. Or à quoi assistons-nous ? A une nouvelle instrumentalisation du débat migratoire à des fins politiques.
Mais les Français réclament une réduction drastique de l’immigration comme l’ont fait certains pays scandinaves, ou comme le recommandent Les Républicains…
La question migratoire est avant tout européenne. J’ai le sentiment qu’à force de ne pas vouloir poser un peu sereinement les enjeux du débat, c’est à dire en écoutant par exemple le patronat et le nécessaire besoin de main d’œuvre, on court à la catastrophe. Il y a aussi un devoir d’humanité avec les migrants. Il faut une politique de régularisation j’en suis convaincu mais essayons de poser le débat de façon apaisée. Quand j’entends Bruno Retailleau vouloir supprimer l’Aide médicalisée d’urgence, je dis halte au n’importe quoi. Écoutons les médecins qui nous disent que c’est juste impossible de ne pas soigner des gens malades !
Que ressentez-vous à vingt jours de votre départ ?
Un mélange de sérénité et de mélancolie. Je suis serein pour deux raisons. D’abord, le sentiment d’avoir fait le job. On ne le fait jamais parfaitement mais je vois que la CFDT va bien. Je me réjouis que la passation de pouvoirs se passe dans d’excellentes conditions comme ce fut le cas entre François Chérèque et moi-même et, avant, entre Nicolas Notat et François. Ce n’est pas le cas dans toutes les organisations. Je vais retrouver une vie normale, en tout cas plus calme. Presqu’onze ans, ça commence à peser même si j’éprouve au moment du départ de la mélancolie. J’ai adoré cette fonction. J’ai aimé les gens avec qui j’ai travaillé au quotidien. La page se tourne mais je reste un militant.
Que retenez-vous de votre décennie passée à la tête de la CFDT ? Avez-vous des regrets ?
Oui, des regrets forcément. Les chiffres d’adhésion sont meilleurs aujourd’hui mais, je regrette que l’on n’ait pas suffisamment développé la syndicalisation. Avant le conflit des retraites, on comptait à la fin de l’année 2022 610.000 adhérents. Depuis janvier, on a enregistré 40.000 nouvelles adhésions. Donc voilà, on redevient attractifs. Il faut poursuivre sur cette lancée. J’ai le regret que l’on n’ait pas toujours réussi à faire aboutir un certain nombre de négociations. Si on avait réussi sur le dialogue social en 2015, on aurait peut-être échappé aux ordonnances Pénicaud en 2017.
Le grand regret c’est aussi l’abandon du projet de loi sur le système de retraites universel qui permettait de corriger des inégalités du système actuel. La CFDT avait soutenu la réforme. Sans le Covid, ça passait. Mais il y a aussi de grandes fiertés comme En 2013, lorsqu’on a obtenu avec le Medef sous Laurence Parisot d’avoir des représentants salariés dans les conseils d’administration des entreprises. La plus grande étant sans doute d’avoir placé la CFDT tout en haut de la hiérarchie syndicale en 2018. Une première place confirmée en 2021.
Pourquoi dites-vous que le syndicalisme est sorti gagnant de la séquence des retraites alors que des millions de salariés ont marché pour rien ?
Je ne peux pas vous laisser dire qu’ils n’ont marché pour rien. Oui, le syndicalisme sort renforcé parce qu’on a démontré la centralité syndicale parce qu’il a permis à des millions de travailleurs d’exprimer leur dignité, leur fierté. Il faut quand même se rappeler d’où l’on vient. En 2018, on disait de nous après les gilets jaunes qu’on ne représentait rien, que la contestation sociale prendrait de nouvelles formes. C’est l’inverse qui s’est passé. Les cortèges ont dépassé nos espérances. Après, on nous a dit « ça va être le bordel ». Pas du tout. Les manifestations se sont déroulées dans un parfait calme à de rares exceptions. On a réussi à manifester dans la dignité. J’ajoute que la CFDT a assumé le leadership sur cette mobilisation. Bien sûr, à l’arrivée, on n’a pas réussi à faire revenir le gouvernement sur sa décision. On ne gagne pas à tous les coups.
Les syndicats ont perdu toutes leurs batailles ces dernières années…
Non, ce n’est pas vrai. Sur le terrain, les syndicats remportent des luttes locales. On a obtenu des augmentations salariales conséquentes, on a préservé des emplois, on a amélioré les conditions de travail de milliers de salariés dans les entreprises où nous sommes présents. Ce que je constate c’est qu’il y a trois ans, on n’avait pas le même regard sur les syndicats. On disait de nous que nous étions morts. Nous nous sommes remis en cause à la CFDT. On a mené un travail de fond pour élargir notre implantation et se mettre à l’écoute des salariés. Cela a payé. 60% de nos adhérents sont issus du privé. Nous sommes en prise avec le monde du travail réel. Je n’ai pas été surpris de voir ces salariés du secteur des services et de la santé participer à leurs premières manifs. Nous n’avons peut-être pas gagné au sens sportif du terme, mais on a montré qu’on savait mettre en exergue ce qui était l’expression du monde du travail et se mobiliser contre une réforme qu’on considère injuste.
Mais pendant le conflit des retraites, cela a tourné aussi à une affaire personnelle entre Emmanuel Macron et vous-même ? Vous allez d’ailleurs quitter la tête de la CFDT sans revoir le président de la République ?
Oui et alors ? Cette personnalisation du conflit est venue beaucoup de lui et sans doute aussi des médias. Quand il cible la CFDT dans son interview au journal de 13 heures, il jette inutilement de l’huile sur le feu. Il n’a pas cherché à apaiser la situation. Même chose quand il évoque le camp des irresponsables devant des éditorialistes. Il est président, je suis syndicaliste. Chacun est à sa place.
En 2012, vous déclariez que « le Front national était toujours trop haut et que ce parti était une tâche sur la démocratie ». Diriez-vous la même chose du Rassemblement national dix ans plus tard ?
Oui. Le Rassemblement national est beaucoup trop haut. Ça montre bien qu’on a un problème démocratique. Parce que c’est faux de croire que le Rassemblement national serait une réponse aux enjeux de transformation que sont la question écologique, la situation internationale, les tensions sociales. Je ne crois pas que le Rassemblement national soit un parti comme les autres et je continue de le penser. Je ne m’accommode pas de cette situation avec une Marine Le Pen aux portes du pouvoir.
La perspective de Marine Le Pen favorite pour la présidentielle de 2027 pourrait-elle être une raison exceptionnelle pour vous engager en politique ?
Si, j’avais foi dans l’homme ou la femme providentielle… Mais je ne crois pas du tout que la réponse soit individuelle. Je ne veux pas faire de politique. Pas question de gêner la CFDT. Et puis, je n’ai pas le goût pour la politique. Pour autant, je ne me tairai jamais face au risque Le Pen. Je participerai au débat public sous une forme ou sous une autre mais à la place qui sera la mienne. Et après on verra bien ce qui se passe dans les années à venir. Mais si c’est pour aller conduire sur une liste ou aller chercher les suffrages, c’est non.
Que dites-vous à votre successeure Marylise Léon avant de prendre ses fonctions ?
Bon courage. C’est une chance de diriger l’organisation syndicale dans laquelle on a choisi de militer. C’est beaucoup de travail et des satisfactions. Je lui dis aussi de se méfier de l’écume des réseaux sociaux. La vérité se situe toujours sur le terrain, au contact des militants.
Qui seraient vos invités (personnages morts ou vivants) dans un dîner parfait ?
Nelson Mandela, un modèle, une inspiration par sa capacité à apaiser les situations les plus compliquées. Ensuite Pierre Mendès-France pour son éthique et sa pratique du pouvoir. Bruce Springsteen enfin car j’ai raté son dernier concert. Et puis, il y a mon prédécesseur François Chérèque, décédé trop tôt, et avec qui j’aurais aimé faire cette bouffe.
En quoi souhaiteriez-vous vous réincarner ?
En dauphin, ceux qu’on croise près de l’île de Sein.
Qu’aimeriez-vous sur votre épitaphe ?
La distance entre le rêve et la réalité s’appelle l’action.
Et si c’était à refaire, quel métier aimeriez-vous exercer ?
Journaliste. Cela permet de poser des questions et de ne pas y répondre.
De quoi rêviez-vous enfant ?
Je voulais être berger dans les montagnes.
Où aimeriez-vous être en 2027 ?
Sur un kayak le long des côtes bretonnes.
Danone : « le capital immatériel ignoré comptablement»
Deux chercheurs en management Walid Ben-Amar et Isabelle Martinez considèrent, dans une tribune au « Monde » qu’il faut arriver à mieux comptabiliser l’efficacité sociétale si l’on veut renforcer la légitimité du statut des entreprises à mission.
Tribune. L’éviction récente d’Emmanuel Faber interroge quant à la viabilité des sociétés à mission, statut créé en mai 2019 dans le cadre de la loi Pacte. Est-il vraiment impossible de concilier, ainsi qu’espéré, les intérêts financiers des actionnaires et les intérêts plus larges (écologiques, sociaux…) d’autres parties prenantes ?
Avec des actionnaires très nombreux, dont beaucoup ayant montré leur souci du développement de l’entreprise sur le long terme, rien n’obligeait, en réalité, les administrateurs de Danone à agir comme ils l’ont fait. Lorsque chez PepsiCo, par exemple, une stratégie de long terme analogue avait été remise en cause par des fonds spéculatifs activistes, les administrateurs avaient décidé de soutenir les choix de la direction.
Pourquoi, dans le cas de Danone, ont-ils cédé ? La trop grande concentration du pouvoir aux mains d’Emmanuel Faber, à la fois président du conseil et directeur général de la société, a été un des problèmes évoqués. Un tel cumul des mandats peut faciliter des prises de décision rapides, mais des recherches ont montré que ce pouvoir trop centralisé compromet la qualité des décisions en particulier dans les périodes de turbulences.
Les PDG concernés obtiennent en moyenne des résultats nettement inférieurs à ceux des firmes concurrentes. Et Danone a effectivement sous-performé dans la dernière période, notamment par rapport à Nestlé ou Unilever. Mais au-delà de ces questions spécifiques, la difficulté de toutes les sociétés à mission (ou B-Corp aux Etats-Unis) est d’arriver à rendre compte de manière convaincante à leurs actionnaires de leurs résultats en matière non strictement financière.
Certains fonds d’investissement visent le profit à court terme, mais d’autres, comme The Children’s Investment Fund, par exemple, choisissent délibérément d’investir dans des entreprises qui s’engagent sur le long terme, en luttant notamment contre le dérèglement climatique.
De plus en plus d’investisseurs institutionnels se déclarent également sensibles aux résultats sociétaux. Encore faut-il que les dirigeants soient capables de les convaincre, chiffres à l’appui, de la pertinence de leurs actions en ce sens. Le modèle comptable actuel n’est pas idéal car il valorise mal le capital immatériel à l’origine de la création de valeur sur le long terme.
Les rapports intégrés ont été créés pour remédier à ce problème. Au sein d’un document unique, ils mêlent des informations à la fois financières et extra-financières, notamment sociales et environnementales. George Serafeim, professeur à Harvard, a montré en 2015 que les sociétés qui publiaient des informations en suivant le modèle de ces rapports intégrés arrivaient ainsi mieux, en moyenne, à attirer les investisseurs de long terme.
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Macron ignore même la CFDT
Le problème central de Macron c’est qu’il ne peut s’appuyer sur aucune structure intermédiaire cela d’autant plus que le parti en marche est une organisation complètement virtuelle. Bref le macronisme n’est pas implanté sur le terrain. Or dès le départ Macron a voulu tuer tout inter $médiation aussi bien politique que syndicale ou associative. Le monarque républicain entendait conduire un dialogue direct avec les Français. De ce point de vue on peut dire qu’il a réussi son coup mais cette démocratie directe lui revient comme un boomerang et aujourd’hui il ne sait plus comment s’y prendre essayer de sortir de cette crise sociale devenue aussi politique. Laurent Berger le secrétaire général de la CFDT au début du mouvement avait proposé une démarche de médiation qui n’a reçu que mépris de la part pouvoir. Preuve encore, Laurent Berger déclare qu’il n’a eu aucun contact avec l’Élysée depuis un mois. “On est dans une impasse. On a un mouvement violent (…) et on a face à cela un gouvernement qui considère qu’il va pouvoir trouver les solutions tout seul, et ça ne marche pas”, a-t-il poursuivi, regrettant de ne pas avoir eu de contact avec le président de la République depuis le 10 décembre dernier, jour de présentation des mesures d’urgence sur le pouvoir d’achat. Pour le syndicaliste, le “grand débat” qui doit débuter le 15 janvier doit s’accompagner “d’une discussion avec les organisations syndicales, patronales, avec les élus locaux”.
Élise Fajgeles, députée LaREM de Paris, ignore le montant du SMIC !
Ce n’est pas la première fois qu’un politique se fait coincer en quelque sorte par une question portant sur la condition matérielle des couches moyennes et populaires. Cette fois il s’agit de la députée lise Fajgeles, suppléante de Griveaux ‘ (l’énarque) qui avoue ne pas connaître le montant du SMIC lors d’un débat sur C news. Un montant qui sert pourtant de repères à nombre de salaires pour environ 30% des actifs. Ce montant tourne autour de 10 € de leur, ce qui donne environ 1500 € bruts mais seulement 1150 € nets. Environ 10 % des salariés français sont au niveau du SMIC. Notons que l’intéressée est avocate et en plus comédienne, sans doute pourquoi elle ’été choisie par Griveaux. C’est tout le drame de la classe politique et particulièrement de ses députés sortis de nulle part qui sont pour la plupart des carriéristes sans aucune légitimité sociale ou politique. Certes ils ont été élus dans le cadre de la dynamique Macron mais une chèvre l’aurait été également. Pour preuve à chaque fois que ces députés participent à un débat public, ils sont ridiculisés faute de connaissances des réalités sociales, économiques et politiques. Pour tout dire certains paraissent tous droits sortis de l’école maternelle !
Asselineau s’énerve à la télé car il ignore le prix d’un porte avion !
Comme tout énarque bien constitué, Asselineau peut débiter son discours avec force précisions juridiques ou administratives. Par contre, il est incapable de connaître le prix d’un porte-avions. Dommage car dans son programme il demande que la France commende un second porte-avions. Sur CNews il est tombé dans le piège de l’incompétence car il était incapable d’indiquer le prix d’un porte-avions dont pourtant il demande l’achat. Du coup il s’est fortement énervé et a reproché au journaliste de lui poser des questions trop pointues. Il est ensuite parti dans une colère froide. «Est-ce que vous avez demandé comment MM. Macron et Fillon sont en train de préparer, eux, le programme des Français? Arrêtez de poser ce genre de questions pointues!», s’est-il emporté. Alors que le journaliste s’étonnait de constater que le candidat ne maîtrisait pas son propre programme, il s’est à nouveau énervé. «Non, c’est pas vrai, ça coûte pas 3 à 4 milliards», a-t-il affirmé, à tort – un porte-avion coût bien 4 à 7 milliards. «Vous voulez que je fasse du Macron?», a-t-il enfin interrogé, avant de chantonner «“Pensez printemps les amis”» tout en mimant une danse.