Archive pour le Tag 'travail'

Procès de favoritisme contre le ministre du travail

Procès de favoritisme contre le ministre du travail

Le ministre du travail Olivier Dussopt est poursuivi en faveur du groupe de fourniture et de traitement de l’eau Saur. Affaire finalement assez classique qui consiste à privilégier un fournisseur avec un retour d’ascenseur.

Olivier Dussopt, élu maire PS d’Annonay (Ardèche) en 2008, avait fin à la délégation de service public attribuée à cette entreprise depuis les années 1960, pour passer la gestion de l’eau en régie publique. Mais En réalité l’exploitation de l’eau potable et l’assainissement sont immédiatement sous-traités notamment à Saur.

Cest donc le procès d’un autre membre du gouvernement en exercice qui s’est ouvert lundi 27 novembre : celui d’Olivier Dussopt, qui a protesté de sa «bonne foi» face aux soupçons de favoritisme lors d’un marché public passé en 2009.

«Je souhaite que cette audience me permette d’établir ma bonne foi», a déclaré le ministre du Travail, 45 ans, devant le tribunal correctionnel de Paris, dans une déclaration calquée sur ses précédentes expressions publiques au sujet de ce procès.

Enquête ouverte en 2020
Il a ainsi répété sa satisfaction que sur les cinq griefs initialement visés par l’enquête préliminaire, ouverte en mai 2020 après un article de Mediapart, «le parquet (ait) fait le choix de classer quatre d’entre eux». «C’est un point très important pour moi, car ça signifie qu’il a écarté» toute notion «de corruption, d’enrichissement personnel», a insisté Olivier Dussopt, débit de mitraillette et mains jointes dans le dos.

Le ministre du travail Olivier Dussopt est poursuivi en faveur du groupe de fourniture et de traitement de l’eau Saur.

Élu maire PS d’Annonay (Ardèche) en 2008, il avait fin à la délégation de service public attribuée à cette entreprise depuis les années 1960, pour passer la gestion de l’eau en régie publique. Mais En réalité l’exploitation de l’eau potable et l’assainissement sont immédiatement sous-traités notamment à Saur.

Saur, troisième grande entreprise de l’eau en France, est poursuivie pour recel de favoritisme.

Ils contestent également les faits. La commune d’Annonay n’a pas souhaité se constituer partie civile dans ce dossier. Ce procès devrait s’achever mercredi.

Extension de l’indemnité carburant pour le travail

Extension de l’indemnité carburant pour le travail

En dépit du ralentissement de l’inflation, les prix du carburant demeurent. Les prix du carburant, eux, restent relativement stables depuis la rentrée, à 1,84 euro le litre de gazole, 1,85 euro le litre de Sans Plomb 95, et 1,91 euro le litre de Sans Plomb 98, selon les dernières données répertoriées par le ministère de la Transition écologique.

À la demande du groupe indépendant Liot et des députés Horizons, l’indemnité carburant travailleur doit ainsi être élargie à 1,6 million de bénéficiaires supplémentaires – portant le nombre total de bénéficiaires à près de 6 millions de personnes -, pour atteindre un coût total d’environ 600 millions d’euros.

La mesure devrait concerner les personnes ne gagnant pas plus que 1.600 euros net par mois pour une personne seule et 4.800 euros pour un couple avec deux enfants à charge, au regard du Smic net en 2022 – à 1.329 euros net par mois.

En pratique, il faudra attendre la mi-janvier, comme l’an dernier, pour effectuer la demande d’indemnité carburant via un formulaire dédié sur le site impots.gouv.fr – muni de l’identifiant fiscal, du numéro d’immatriculation du véhicule utilisé et de son numéro de carte grise -, à condition d’utiliser son propre véhicule pour aller au bureau.

Social- Bangladesh: Un salaire de misère d’environ 100 euros pour 70 heures de travail par semaine

Social- Bangladesh: Un salaire de misère d’environ 100 euros pour 70 heures de travail par semaine

Le Bangladesh va devenir progressivement l’usine du monde du textile. Un développement exponentiel lié à la faiblesse des coûts salariaux. En effet un salarié gagne à peine 100 € pour de l’ordre de 70 heures de travail. Les ouvriers du textile demandent au moins le doublement voire le triplement de cette rémunération.

Près de 250 usines de confection ont fermé après de violentes manifestations. Des dizaines d’entre elles auraient été saccagées et vandalisées.

Deuxième exportateur mondial de vêtement derrière la Chine, le Bangladesh compte 3 500 usines et 4 millions de travailleurs. Fournisseurs de grandes entreprises occidentales, comme Gap, H&M ou Levi Strauss, ces usines exportent une grande partie de leur production vers l’Europe et les États-Unis.

En 2019, plus de 75 % des exportations de vêtements étaient destinées à ces régions. Le secteur de l’habillement représente 85 % des 55 milliards de ses ventes à l’étranger. Plusieurs marques, dont Adidas, Hugo Boss ou encore Puma, ont écrit le mois dernier à la première ministre, Sheikh Hasina, lui enjoignant d’augmenter les salaires conformément à la législation qui prévoit une hausse tous les cinq ans. Certaines entreprises pâtissent déjà de commandes bloquées à cause des grèves.

La colère des ouvriers a explosé après que la puissante association des fabricants et exportateurs de vêtements (BGMEA), représentant les propriétaires d’usines, a proposé une augmentation des rémunérations de seulement 25 %. Les usines sont régulièrement critiquées pour leur dangerosité, en atteste l’effondrement du Rana Plaza, en 2013, qui a coûté la vie à 1 100 personnes. Au-delà des incendies et des effondrements de bâtiments qui sont des menaces constantes, de nombreux travailleurs sont exposés à des risques chimiques nocifs et sans protection adéquate, décrient les syndicats.

Bangladesh: Un salaire de misère pour 70 heures de travail par semaine

Bangladesh: Un salaire de misère d’environ 100 euros pour 70 heures de travail par semaine

Le Bangladesh va devenir progressivement l’usine du monde du textile. Un développement exponentiel lié à la faiblesse des coûts salariaux. En effet un salarié gagne à peine 100 € pour de l’ordre de 70 heures de travail. Les ouvriers du textile demandent au moins le doublement voire le triplement de cette rémunération.

Près de 250 usines de confection ont fermé après de violentes manifestations. Des dizaines d’entre elles auraient été saccagées et vandalisées.

Deuxième exportateur mondial de vêtement derrière la Chine, le Bangladesh compte 3 500 usines et 4 millions de travailleurs. Fournisseurs de grandes entreprises occidentales, comme Gap, H&M ou Levi Strauss, ces usines exportent une grande partie de leur production vers l’Europe et les États-Unis.

En 2019, plus de 75 % des exportations de vêtements étaient destinées à ces régions.Le secteur de l’habillement représente 85 % des 55 milliards de ses ventes à l’étranger. Plusieurs marques, dont Adidas, Hugo Boss ou encore Puma, ont écrit le mois dernier à la première ministre, Sheikh Hasina, lui enjoignant d’augmenter les salaires conformément à la législation qui prévoit une hausse tous les cinq ans. Certaines entreprises pâtissent déjà de commandes bloquées à cause des grèves.

La colère des ouvriers a explosé après que la puissante association des fabricants et exportateurs de vêtements (BGMEA), représentant les propriétaires d’usines, a proposé une augmentation des rémunérations de seulement 25 %. Les usines sont régulièrement critiquées pour leur dangerosité, en atteste l’effondrement du Rana Plaza, en 2013, qui a coûté la vie à 1 100 personnes. Au-delà des incendies et des effondrements de bâtiments qui sont des menaces constantes, de nombreux travailleurs sont exposés à des risques chimiques nocifs et sans protection adéquate, décrient les syndicats.

Dégradation de la santé mentale des femmes au travail

Dégradation de la santé mentale des femmes au travail

Dans son « Baromètre Santé au travail » publié ce jeudi, Malakoff Humanis s’intéresse à la santé mentale des femmes. Et celle-ci se dégrade fortement. La prise en compte du sujet par les entreprises est désormais un enjeu de fidélisation des salariées. Extrait un article des Échos. Les femmes sont ainsi 44 % à se déclarer en mauvais état de santé psychologique, contre 32 % des hommes. Elles étaient 40 % à dresser le même constat en 2020. Troubles du sommeil, fatigue et anxiété sont les maux qui les touchent le plus, et de façon croissante. Elles sont en outre 52 % à se déclarer épuisées professionnellement.

Situations personnelles, comme professionnelles, sont évoquées pour expliquer le mauvais état de santé des femmes. L’un des principales raisons personnelles mises en avant, n’est pourtant pas complètement décorrélée du monde du travail. Il s’agit de la situation financière.

« Il y a une sorte de cercle vicieux, les femmes sont plus nombreuses à travailler à temps partiel parce qu’elles s’occupent aussi plus souvent de la famille et cela explique l’écart de revenus. Elles ont aussi moins accès dans le temps aux progressions professionnelles. Finalement, on conjugue à la fois des problématiques d’ordre personnel et professionnel », analyse Anne-Sophie Godon. Les femmes représentent par exemple dans 85 % des cas de monoparentalité, ce qui les plonge parfois dans la précarité.

Leur situation financière est ainsi la première raison personnelle avancée par les femmes (39 %) pour expliquer leur mauvais état de santé psychologique. Il s’agit seulement de la cinquième raison évoquée par les hommes, qui sont davantage préoccupés par leur situation familiale compliquée (37 %), leurs problèmes de santé physique (29 %), l’actualité (27 %) ou leur isolement social (27 %).

Autre élément mis en avant pour expliquer leur santé mentale dégradée : la surreprésentation des femmes dans le secteur de la santé, très pénible psychologiquement. Ainsi, 67 % des salariés du secteur de la Santé et de l’action sociale sont des femmes.

Social-Inégalités–Pour un big-bang entre revenus du capital et du travail

Social-Inégalités–Pour un big-bang entre revenus du capital et du travail


Jean-Philippe Debas, spécialiste de l’actionnariat salarié dans les entreprises non cotées, explique, dans une tribune au « Monde », qu’il faut créer un big bang de l’actionnariat salarié pour remédier à l’inégalité entre les revenus du travail et ceux du capital.

Avec la conférence sur les bas salaires et le début de l’examen par le Sénat du projet de loi sur le partage de la valeur, l’agenda social de ce mois d’octobre est bien rempli. On ne peut pas dire que les corps constitués et les partenaires sociaux ne se mobilisent pas pour répondre à une crise sociale qui s’installe.

Pourtant, le moment est sans doute venu de reconnaître que le modèle social français est en état de mort cérébrale. Le décrochage inéluctable des revenus du travail par rapport à ceux du capital et le retour de l’inflation lui ont été fatals.

Alors que les dépenses de la Sécurité sociale pour les volets santé et retraite augmentent sous l’effet conjugué du vieillissement de la population et de l’allongement de l’espérance de vie, leur financement est précisément asséché par les mesures du moment. A savoir la baisse massive des cotisations sociales sur les salaires inférieurs à 1,6 fois le smic et la multiplication des dispositifs de partage de la valeur qui ont pour effet de « variabiliser » la rémunération du travail et de la soumettre à un régime social plus favorable pour les entreprises.

A court terme, ces dispositions atteindront probablement l’objectif recherché, qui est de soutenir le pouvoir d’achat. Mais, à moyen terme, les entreprises s’ajusteront. Qu’on les appelle intéressement, participation, prime de partage de la valeur, plan de partage de la valorisation de l’entreprise, ces dispositifs restent des frais de personnel pour les entreprises et seront comptabilisés comme tels. Or, il est dans la nature des dirigeants d’entreprise de maîtriser leurs coûts et de ne pas accorder plus qu’il ne leur semble nécessaire.

L’enjeu est plutôt de mettre en place les bons outils pour que le travail redevienne rémunérateur et qu’il redonne aux salariés la capacité d’améliorer leur niveau de vie, sans nuire au financement de la Sécurité sociale. Cela commence par s’extraire de problématiques insolubles pour adresser la bonne cible : le capital.

Quand une entreprise verse des dividendes ou bien que la valeur de son action monte, ses coûts ne sont pas impactés, sa compétitivité n’est pas affectée, au contraire. L’entreprise est d’autant plus satisfaite quand cela bénéficie à ses salariés plutôt qu’à des fonds de pension étrangers. D’où l’attractivité et la puissance de cette réussite française : l’actionnariat salarié. Mais pour que celui-ci change la vie des gens il faut qu’il soit universel et massif, ce qui est un objectif inaccessible en l’état. En effet, comment imaginer que des salariés qui ne peuvent pas finir le mois puissent acheter des actions ?

Inégalités–Pour un big-bang entre revenus du capital et du travail

Inégalités–Pour un big-bang entre revenus du capital et du travail


Jean-Philippe Debas, spécialiste de l’actionnariat salarié dans les entreprises non cotées, explique, dans une tribune au « Monde », qu’il faut créer un big bang de l’actionnariat salarié pour remédier à l’inégalité entre les revenus du travail et ceux du capital.

Avec la conférence sur les bas salaires et le début de l’examen par le Sénat du projet de loi sur le partage de la valeur, l’agenda social de ce mois d’octobre est bien rempli. On ne peut pas dire que les corps constitués et les partenaires sociaux ne se mobilisent pas pour répondre à une crise sociale qui s’installe.

Pourtant, le moment est sans doute venu de reconnaître que le modèle social français est en état de mort cérébrale. Le décrochage inéluctable des revenus du travail par rapport à ceux du capital et le retour de l’inflation lui ont été fatals.

Alors que les dépenses de la Sécurité sociale pour les volets santé et retraite augmentent sous l’effet conjugué du vieillissement de la population et de l’allongement de l’espérance de vie, leur financement est précisément asséché par les mesures du moment. A savoir la baisse massive des cotisations sociales sur les salaires inférieurs à 1,6 fois le smic et la multiplication des dispositifs de partage de la valeur qui ont pour effet de « variabiliser » la rémunération du travail et de la soumettre à un régime social plus favorable pour les entreprises.

A court terme, ces dispositions atteindront probablement l’objectif recherché, qui est de soutenir le pouvoir d’achat. Mais, à moyen terme, les entreprises s’ajusteront. Qu’on les appelle intéressement, participation, prime de partage de la valeur, plan de partage de la valorisation de l’entreprise, ces dispositifs restent des frais de personnel pour les entreprises et seront comptabilisés comme tels. Or, il est dans la nature des dirigeants d’entreprise de maîtriser leurs coûts et de ne pas accorder plus qu’il ne leur semble nécessaire.

L’enjeu est plutôt de mettre en place les bons outils pour que le travail redevienne rémunérateur et qu’il redonne aux salariés la capacité d’améliorer leur niveau de vie, sans nuire au financement de la Sécurité sociale. Cela commence par s’extraire de problématiques insolubles pour adresser la bonne cible : le capital.

Quand une entreprise verse des dividendes ou bien que la valeur de son action monte, ses coûts ne sont pas impactés, sa compétitivité n’est pas affectée, au contraire. L’entreprise est d’autant plus satisfaite quand cela bénéficie à ses salariés plutôt qu’à des fonds de pension étrangers. D’où l’attractivité et la puissance de cette réussite française : l’actionnariat salarié. Mais pour que celui-ci change la vie des gens il faut qu’il soit universel et massif, ce qui est un objectif inaccessible en l’état. En effet, comment imaginer que des salariés qui ne peuvent pas finir le mois puissent acheter des actions ?

Pour un big-bang entre revenus du capital et du travail

Pour un big-bang entre revenus du capital et du travail


Jean-Philippe Debas, spécialiste de l’actionnariat salarié dans les entreprises non cotées, explique, dans une tribune au « Monde », qu’il faut créer un big bang de l’actionnariat salarié pour remédier à l’inégalité entre les revenus du travail et ceux du capital.

Avec la conférence sur les bas salaires et le début de l’examen par le Sénat du projet de loi sur le partage de la valeur, l’agenda social de ce mois d’octobre est bien rempli. On ne peut pas dire que les corps constitués et les partenaires sociaux ne se mobilisent pas pour répondre à une crise sociale qui s’installe.

Pourtant, le moment est sans doute venu de reconnaître que le modèle social français est en état de mort cérébrale. Le décrochage inéluctable des revenus du travail par rapport à ceux du capital et le retour de l’inflation lui ont été fatals.

Alors que les dépenses de la Sécurité sociale pour les volets santé et retraite augmentent sous l’effet conjugué du vieillissement de la population et de l’allongement de l’espérance de vie, leur financement est précisément asséché par les mesures du moment. A savoir la baisse massive des cotisations sociales sur les salaires inférieurs à 1,6 fois le smic et la multiplication des dispositifs de partage de la valeur qui ont pour effet de « variabiliser » la rémunération du travail et de la soumettre à un régime social plus favorable pour les entreprises.

A court terme, ces dispositions atteindront probablement l’objectif recherché, qui est de soutenir le pouvoir d’achat. Mais, à moyen terme, les entreprises s’ajusteront. Qu’on les appelle intéressement, participation, prime de partage de la valeur, plan de partage de la valorisation de l’entreprise, ces dispositifs restent des frais de personnel pour les entreprises et seront comptabilisés comme tels. Or, il est dans la nature des dirigeants d’entreprise de maîtriser leurs coûts et de ne pas accorder plus qu’il ne leur semble nécessaire.

L’enjeu est plutôt de mettre en place les bons outils pour que le travail redevienne rémunérateur et qu’il redonne aux salariés la capacité d’améliorer leur niveau de vie, sans nuire au financement de la Sécurité sociale. Cela commence par s’extraire de problématiques insolubles pour adresser la bonne cible : le capital.

Quand une entreprise verse des dividendes ou bien que la valeur de son action monte, ses coûts ne sont pas impactés, sa compétitivité n’est pas affectée, au contraire. L’entreprise est d’autant plus satisfaite quand cela bénéficie à ses salariés plutôt qu’à des fonds de pension étrangers. D’où l’attractivité et la puissance de cette réussite française : l’actionnariat salarié. Mais pour que celui-ci change la vie des gens il faut qu’il soit universel et massif, ce qui est un objectif inaccessible en l’état. En effet, comment imaginer que des salariés qui ne peuvent pas finir le mois puissent acheter des actions ?

« Le Direktør », tableau critique des effets du pouvoir dans l’organisation du travail

« Le Direktør », tableau critique des effets du pouvoir dans l’organisation du travail .

Lorsque l’on songe au monde du travail aujourd’hui, il paraît bien compliqué, pour ne pas dire cynique, d’y voir un sujet de comédie – du moins dans le sens traditionnel du terme. Qu’est-ce qui peut tant prêter à rire dans ce lot d’absurdité, voire même de mal-être, sur fond de perte de sens au travail constatée par diverses enquêtes, dont celle, récente, des chercheurs en économie et socio-économie Thomas Coutrot et Coralie Perez ?

Par Gabriel Lomellini, ICN Business School dans l’Opinion

Dans un versant « comique » (et les guillemets s’imposent pour les raisons qui vont suivre) de la vie en entreprise, Le Direktør, film sorti en 2006 du réalisateur danois Lars von Trier (actuellement diffusé sur le site d’Arte, qui lui consacre une rétrospective), dénote en ce qu’il traite directement l’organisation du travail en insistant sur ses aspects certes absurdes, mais aussi sur la violence latente des rapports de pouvoir dans l’entreprise.

Lars von Trier, coutumier des propos outranciers et polémiques, est un réalisateur plus que controversé. Mais bien plus que ses déclarations ou son attitude ouvertement provocatrice, cette réputation tient autant à l’imagerie violente déployée dans ses films, entre onirisme, crudité, sexualité et troubles mentaux, qu’à leur forme chaque fois expérimentale et travaillant aux confins de genres codifiés (policier, mélodrame, comédie, horreur…), qu’il se plaît à réinventer avec une déroutante originalité.

À ce titre, Le Direktør tranche par son côté faussement léger et badin, documentant avec une ironie cruelle la vie d’une petite entreprise danoise qui va connaître une soudaine crise. Je tiens à montrer, en m’appuyant sur un cadre théorique qui emprunte à la psychosociologie, qu’il s’agit là d’un tableau véritablement clinique de la façon dont le pouvoir opère dans l’organisation du travail contemporain, à la fois insaisissable et diffus, en même temps qu’il se greffe sur les fantasmes et l’imaginaire de chacun pour mieux les enrôler.

Commençons par rappeler brièvement l’intrigue, aussi simple que déconcertante. Ravn, dirigeant d’une PME danoise dans l’informatique en passe d’être rachetée par une société islandaise, recrute Kristoffer, un acteur au chômage, pour incarner un directeur fictif (nommé Sven), inventé de toutes pièces par ce même Ravn pour se couvrir des décisions impopulaires et désastreuses qu’il a été amené à prendre dans la gestion (cupide et malhonnête) de sa propre entreprise – flouant au passage ses propres salariés.

À l’évidence, rien n’est amené à se passer comme prévu. Et Kristoffer découvre, dans un mélange de sidération et d’incrédulité, que son avatar virtuel (en réalité utilisé par Ravn) a tantôt demandé en mariage une employée (pour éviter son départ dans l’entreprise concurrente), suggéré à une autre son homosexualité, conduit un employé au suicide par sa brutalité, et n’a eu de cesse, de manière générale, d’opter pour des décisions toutes plus iniques les unes que les autres.

Il me semble que la question au cœur du film consiste précisément à figurer ce lieu vide du pouvoir, tournant autour de son absence présumée (où est le Directeur de Tout ? Qui est-il ? Existe-t-il vraiment ? Que veut-il ?) ; absence qui se trouve être en réalité le gage de l’efficacité du pouvoir du fait même qu’il devient le réceptacle dans lequel chacun projette ses propres désirs, craintes et espérances.

Au moins deux articles de recherche en théorie des organisations ont été consacrés à ce film de von Trier, se centrant, dans les deux cas sur la question du leadership et de la nature « fictionnelle » du pouvoir.

Le premier article, par Jana Costas, chercheure en comportement organisationnel, insiste sur le rôle du secret et de l’ambiguïté dans les organisations du travail, et notamment le maintien des relations de hiérarchie du fait même du secret détenu par le dirigeant qui exerce ainsi son pouvoir. Si cet aspect du film est bien sûr présent, je ne suis pas certain qu’il soit si prépondérant.

Tout d’abord, il est légitime de considérer que les employés, et c’est d’ailleurs ce que suggère l’une des scènes finales, ne sont pas réellement dupes de la comédie mise en place par Ravn et Kristoffer. Cette hypothèse soulève par ailleurs la question du déni des salariés face à ce stratagème des plus grossiers, interrogeant les raisons motivant chacun à croire à cette affabulation. C’est d’ailleurs la question explicitement soulevée par le second article consacré au film de von Trier, rédigé par Philippe Mairesse et Stéphane Debenedetti : « Les raisons pour lesquelles la fable est acceptée restent incertaines. Si elle répond aux désirs du public, quels sont ces désirs ? »

De ce fait, bien que datant de 2006, le film illustre de manière exemplaire le basculement de formes de travail qui cherchent de plus en plus, comme ont pu le détailler Boltanski et Chiapello dans leur ouvrage, paru en 1999 mais tout à fait actuel, sur le Nouvel esprit du capitalisme, à engager des dispositions plus subjectives, telles que la motivation, les émotions, l’attitude personnelle, l’empathie, voire même le désir – ce que la sociologue Eva Illouz qualifie de « capitalisme émotionnel ». Cette dimension émotionnelle en appelle explicitement aux désirs inconscients, aux fantasmes et fragilités narcissiques de chacun.

Reste que cette dynamique passionnelle impulse des forces contradictoires et explosives dans l’organisation du travail. Ce « Directeur de Tout », à la fois omniprésent et invisible, concentre toute l’hostilité et la haine, à tel point que, acculé face à la véhémence croissante des salariés de l’entreprise à son égard, Kristoffer s’en sort par une pirouette tout à fait absurde, qui consiste rien de moins qu’à inventer un « Directeur du Directeur de Tout » situé aux États-Unis, qui serait donc son supérieur direct et le véritable agent (dans l’ombre) de tous les dysfonctionnements et frustrations ! On ne peut ici manquer de s’interroger sur la part active de déni qui contribue à maintenir cet état de fait : comment se fait-il que la supercherie, si grotesque en soi, ne puisse être reconnue pour ce qu’elle est ?

Dans cette optique, à travers une recension critique du film Tár (2022), publiée pour la revue Organization Studies, j’avais souhaité mettre en avant la dimension « fantasmatique » du pouvoir dans les organisations ; à savoir que, pour se maintenir, perdurer et exercer pleinement ses effets, le pouvoir devait en passer par un effet de séduction, procurant à celui qui s’en sert, autant qu’à ceux et celles qui aspirent à en être les détenteurs, une forme de gratification narcissique qui confine à la jouissance.

Dans le film Tár, Cate Blanchett incarne en effet une cheffe d’orchestre tyrannique éprouvant un malin plaisir à exercer son pouvoir sur ses subordonnées, tirant profit de sa position hiérarchique et des rapports de domination au sein de l’orchestre en vue d’asseoir sa propre identité. The Direktør interroge en revanche plus directement l’effet d’« attraction » du pouvoir sur celles et ceux qui en subissent les effets. Dans le cas décrit par le film, c’est comme si chacun aspirait avant tout à se sentir unique dans la relation qu’il entretien avec ce fameux « Directeur de Tout ».

C’est que selon le chercheur John Roberts, s’appuyant sur les travaux du psychanalyste français Jacques Lacan, le pouvoir opère à la fois comme un miroir et comme un leurre. Chacun y retrouve à souhait une image grandiose de lui-même, canalisant les angoisses concernant son identité et offrant simultanément une forme de réassurance. Bien que prenant la forme d’un leurre, le pouvoir n’exerce pas moins de puissants effets de déformation de la réalité, en particulier par la prégnance du déni qui vise justement à préserver cette image à la fois idéalisée et déformée. Ainsi, chacun conserve à part soi ce lien (faussement) privilégié qu’il pense entretenir avec le « Directeur de Tout », à l’exclusion des autres, alors que tout ceci ne se révèle être qu’une coquille vide.

Miroir grossissant du pouvoir, autant que déformant, et qui n’en tend pas moins un autre miroir – et peu gratifiant celui-là – au spectateur qui assiste au dénouement cruel de cette comédie d’entreprise : Kristoffer, se prenant plus que de raison au jeu de son personnage d’hommes d’affaires intransigeant et disposant des pleins pouvoirs, finit par signer l’acte de vente, livrant à leur sort les employés dès lors licenciés.

Une question reste alors en suspens, en forme d’abîme, comme l’un des fils directeurs qui parcourent non seulement la filmographie de Lars von Trier, mais également la vie des organisations : d’où provient cette fascination par et pour le pouvoir ? Quelles gratifications, souvent inconscientes, s’y trouvent par-là même assouvies – et surtout : quelle est notre responsabilité dans cette mise en scène à laquelle nous prenons part, d’une façon ou d’une autre ? « Aucune leçon, aucune manipulation. Juste un bon moment », prononce von Trier d’une malicieuse voix off au début de son film. Qu’il nous soit permis d’en douter…

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Par Gabriel Lomellini, Assistant Professor, HR and Organizational Behavior, ICN Business School

Changer l’organisation du travail

Changer l’organisation du travail

Pour Sophie Binet : « Le travail et son organisation sont au centre d’une question démocratique majeure » . La secrétaire générale de la CGT propose, dans une tribune au « Monde », l’ouverture de cinq chantiers pour permettre aux salariés de retrouver la maîtrise du sens et du contenu de leur travail.
La mobilisation contre la réforme des retraites a mis sur le devant de la scène la dégradation des conditions de travail et le fait qu’une large majorité de salariés ne se voient pas « tenir » à leur poste jusqu’à 64 ans, voire 67 ans. Pourtant, à l’image des « premières de corvées » découvertes avec le Covid-19 et aussitôt oubliées, la question du travail est de nouveau sortie des radars. Le politique a abandonné le sujet de longue date quand, côté syndical, nous peinons à trouver des leviers d’action, tant les moyens et prérogatives des représentants du personnel ont reculé ces dernières années.

Résultat : alors que le travail occupe une place centrale dans nos vies, son organisation et sa finalité sont abandonnées au patronat, comme si le lien de subordination donnait les pleins pouvoirs à l’employeur. Le travail et son organisation sont au centre d’une question démocratique majeure.

Permettre aux salariés de retrouver la maîtrise du sens et du contenu de leur travail, c’est reprendre la main sur le progrès technologique et donner les moyens à notre force de travail de répondre aux besoins sociaux et environnementaux plutôt qu’à dégager toujours plus de valeur pour les actionnaires. Pour cela, il faut ouvrir cinq chantiers.

D’abord, celui du sens du travail. La vérité sort de la bouche des jeunes générations tristement obligées de bifurquer pour trouver un travail qui ait du sens, notamment d’un point de vue environnemental ! L’intelligence artificielle (IA) rend désormais possible le remplacement de nombreuses tâches intellectuelles : si les scénaristes d’Hollywood peuvent désormais être remplacés par des machines, peut-être faut-il remettre en cause la pauvreté de leurs scénarios ? Que certains puissent imaginer remplacer les aides à domiciles par des robots confirme à quel point leur véritable travail est occulté.

L’IA pourrait être l’occasion de mettre fin à la taylorisation du travail intellectuel et relationnel en le centrant sur les aspects réellement humains, de rendre visible la richesse du travail réel par rapport au travail prescrit…..

Social- Un manque de reconnaissance au travail d’après un rapport du plan

Social- Un manque de reconnaissance au travail d’après un rapport du plan

Il y a en France une « crise de la reconnaissance et du sens » du travail, d’après Bayrou, haut-commissaire au plan. C’est le rapport publié jeudi par les services du haut-commissaire au Plan, François Bayrou, qui l’affirme, le travail, en France, traverse une « crise de la reconnaissance et du sens ». « Nombre des repères qui rendaient le travail désirable et attrayant paraissent se fragiliser et se précariser », constatent les auteurs de ce document dont rend compte Sud-Ouest.

À quelques jours de la conférence sociale organisée lundi à Matignon pour aborder notamment la question des bas salaires, le haut-commissariat au Plan insiste dans cette étude sur le sentiment croissant d’un grand nombre de salariés d’être « bloqués » à des rémunérations proches du Smic.

Le salaire médian s’est rapproché du minimal

« Le salaire perçu est ressenti comme trop bas », a résumé lors d’une conférence de presse François Bayrou. « Un nombre croissant d’actifs gagnent un salaire proche du Smic, c’est ce qu’on appelle la trappe à bas salaires. Ce sentiment qu’on est bloqué, qu’on ne peut pas bouger, est très lourd de conséquences », a-t-il mis en garde.

Seuls 46 % des travailleurs en France s’estiment suffisamment payés, contre 59 % dans l’Union européenne et 68 % en Allemagne.

« Depuis 1970, une part croissante de la population commence sa carrière à un niveau proche du Smic », de sorte que, sur plusieurs décennies, le salaire médian s’est rapproché du salaire minimal, constatent les auteurs : dans le privé, le salaire médian atteignait deux fois le Smic en 1970, mais seulement 1,59 fois le smic en 2021.

François Bayrou plaide pour une politique qui leur faciliterait l’accès au crédit (notamment immobilier) et qui encouragerait « des politiques managériales plus participatives », afin de redonner du sens au travail. À long terme, le haut-commissaire prône également une politique d’aménagement du territoire pour lutter contre l’hypercentralisation des emplois dans les grandes métropoles, qui allonge les temps de transport quotidien.

Un manque de reconnaissance au travail d’après un rapport du plan

Un manque de reconnaissance au travail d’après un rapport du plan

Il y a en France une « crise de la reconnaissance et du sens » du travail, d’après Bayrou, haut-commissaire au plan. C’est le rapport publié jeudi par les services du haut-commissaire au Plan, François Bayrou, qui l’affirme, le travail, en France, traverse une « crise de la reconnaissance et du sens ». « Nombre des repères qui rendaient le travail désirable et attrayant paraissent se fragiliser et se précariser », constatent les auteurs de ce document dont rend compte Sud-Ouest.

À quelques jours de la conférence sociale organisée lundi à Matignon pour aborder notamment la question des bas salaires, le haut-commissariat au Plan insiste dans cette étude sur le sentiment croissant d’un grand nombre de salariés d’être « bloqués » à des rémunérations proches du Smic.

Le salaire médian s’est rapproché du minimal

« Le salaire perçu est ressenti comme trop bas », a résumé lors d’une conférence de presse François Bayrou. « Un nombre croissant d’actifs gagnent un salaire proche du Smic, c’est ce qu’on appelle la trappe à bas salaires. Ce sentiment qu’on est bloqué, qu’on ne peut pas bouger, est très lourd de conséquences », a-t-il mis en garde.

Seuls 46 % des travailleurs en France s’estiment suffisamment payés, contre 59 % dans l’Union européenne et 68 % en Allemagne.

« Depuis 1970, une part croissante de la population commence sa carrière à un niveau proche du Smic », de sorte que, sur plusieurs décennies, le salaire médian s’est rapproché du salaire minimal, constatent les auteurs : dans le privé, le salaire médian atteignait deux fois le Smic en 1970, mais seulement 1,59 fois le smic en 2021.

François Bayrou plaide pour une politique qui leur faciliterait l’accès au crédit (notamment immobilier) et qui encouragerait « des politiques managériales plus participatives », afin de redonner du sens au travail. À long terme, le haut-commissaire prône également une politique d’aménagement du territoire pour lutter contre l’hypercentralisation des emplois dans les grandes métropoles, qui allonge les temps de transport quotidien.

Nobel d’économie: la récompense à Claudia Goldin pour ses travaux sur les inégalités au travail hommes femmes

Nobel d’économie: la récompense à Claudia Goldin pour ses travaux sur les inégalités au travail hommes femmes

Cette professeure à Harvard, âgée de 77 ans, et spécialiste du travail et de l’histoire économique a « fait progresser notre compréhension de la situation des femmes sur le marché du travail », a annoncé le jury Nobel.

La nomination de cette économiste porte aussi un fort message politique du jury Nobel sur la considération des femmes dans l’économie.

« Les recherches de Claudia Goldin nous ont donné un aperçu nouveau et souvent surprenant du rôle historique et contemporain des femmes sur le marché du travail », a précisé le jury, soulignant qu’« elle a mis en évidence les principaux facteurs de différences entre les hommes et les femmes » et comment ils ont évolué lors des deux derniers siècles au fur et à mesure de l’industrialisation, avec un déclin du travail des femmes au cours du XIXème siècle.

« Les grands sujets (pour les droits des femmes) diffèrent entre les pays », a-t-elle expliqué. « Aux Etats-Unis, par exemple, nous nous demandons pourquoi nous stagnons, pourquoi la participation des femmes au marché du travail reste constante depuis les années 1990 et ne commence à progresser que maintenant ». « Le niveau d’éducation des femmes a tellement augmenté, mais à beaucoup d’endroits, leur paye et leur grade (hiérarchique) n’a pas progressé », a-t-elle encore relevé.

Société- « Pour une redistribution des pouvoirs de décision au travail  »

Société- « Pour une redistribution des pouvoirs de décision au travail  »

Si l’inflation justifie les revendications en termes de salaires, la conférence sociale, qui doit avoir lieu en octobre, ne peut pas seulement être une conférence salariale, estime Yves Clot, dans une tribune au « Monde ».

Finalement, une vieille revendication de la CFDT qui mériterait de réémerger dans le calendrier social.
NDLR

L’annonce par le président de la République de la tenue en octobre d’une conférence sociale ne précise guère son ordre du jour sinon à propos des salaires inférieurs au smic dans certaines branches. Voilà qui en ferait un rendez-vous strictement salarial. Du côté syndical, on semble s’en accommoder sous réserve qu’on discute du smic lui-même, de l’indexation sur les prix et des aides publiques aux entreprises. Même si l’on fait davantage confiance aux nouvelles manifestations prévues qu’aux discussions à venir.

Avec l’inflation qui s’emballe, c’est le pouvoir d’achat qui est le centre de gravité de la conférence annoncée. Il est vrai que la précarité a pris des dimensions alimentaires telles que même les associations à qui l’Etat délègue la gestion de la misère sociale se tournent maintenant vers lui pour « passer l’hiver ». La philanthropie des entreprises ne fera sûrement pas le compte. Un peu partout, on réclame la redistribution des richesses. Aider les pauvres fait l’objet de beaucoup de discours. On s’alarme des risques que les épreuves qu’ils subissent débouchent sur une victoire politique de l’extrême droite.

L’urgence sociale est bien là. Elle vient de loin et l’inflation la dramatise. La question des salaires est vitale. Mais on peut se demander si une conférence « sociale » peut seulement être une conférence « salariale ». Les gains nécessaires de pouvoir d’achat justifient bien sûr les revendications salariales. Mais la demande du monde du travail n’est sûrement pas soluble dans le pouvoir d’achat. La situation est telle qu’on ose à peine soulever le problème. C’est pourtant nécessaire, au moment où le syndicalisme et la gauche veulent faire du « gagner plus » le chemin de la reconquête des classes populaires.

Face à la demande d’augmentation des salaires, il ne manquera pas de voix pour dire que c’est trop réclamer, surtout du côté des employeurs. Pourtant on peut soutenir que c’est demander bien peu. On parle d’indexer les salaires sur les prix. Mais c’est d’abord sur le développement du pouvoir d’action dans son travail qu’il faut le faire. Pouvoir d’achat et pouvoir d’action ne doivent pas être séparés. D’autant que le modèle de consommation est devenu aussi discutable que le modèle de production. C’est au nom du pouvoir d’achat que se déploient déjà les ruses commerciales du hard-discount qui banalise la ségrégation alimentaire.

« Pour une redistribution des pouvoirs de décision au travail  »

« Pour une redistribution des pouvoirs de décision au travail  »

Si l’inflation justifie les revendications en termes de salaires, la conférence sociale, qui doit avoir lieu en octobre, ne peut pas seulement être une conférence salariale, estime Yves Clot, dans une tribune au « Monde ».

Finalement, une vieille revendication de la CFDT qui mériterait de réémerger dans le calendrier social.
NDLR

L’annonce par le président de la République de la tenue en octobre d’une conférence sociale ne précise guère son ordre du jour sinon à propos des salaires inférieurs au smic dans certaines branches. Voilà qui en ferait un rendez-vous strictement salarial. Du côté syndical, on semble s’en accommoder sous réserve qu’on discute du smic lui-même, de l’indexation sur les prix et des aides publiques aux entreprises. Même si l’on fait davantage confiance aux nouvelles manifestations prévues qu’aux discussions à venir.

Avec l’inflation qui s’emballe, c’est le pouvoir d’achat qui est le centre de gravité de la conférence annoncée. Il est vrai que la précarité a pris des dimensions alimentaires telles que même les associations à qui l’Etat délègue la gestion de la misère sociale se tournent maintenant vers lui pour « passer l’hiver ». La philanthropie des entreprises ne fera sûrement pas le compte. Un peu partout, on réclame la redistribution des richesses. Aider les pauvres fait l’objet de beaucoup de discours. On s’alarme des risques que les épreuves qu’ils subissent débouchent sur une victoire politique de l’extrême droite.

L’urgence sociale est bien là. Elle vient de loin et l’inflation la dramatise. La question des salaires est vitale. Mais on peut se demander si une conférence « sociale » peut seulement être une conférence « salariale ». Les gains nécessaires de pouvoir d’achat justifient bien sûr les revendications salariales. Mais la demande du monde du travail n’est sûrement pas soluble dans le pouvoir d’achat. La situation est telle qu’on ose à peine soulever le problème. C’est pourtant nécessaire, au moment où le syndicalisme et la gauche veulent faire du « gagner plus » le chemin de la reconquête des classes populaires.

Face à la demande d’augmentation des salaires, il ne manquera pas de voix pour dire que c’est trop réclamer, surtout du côté des employeurs. Pourtant on peut soutenir que c’est demander bien peu. On parle d’indexer les salaires sur les prix. Mais c’est d’abord sur le développement du pouvoir d’action dans son travail qu’il faut le faire. Pouvoir d’achat et pouvoir d’action ne doivent pas être séparés. D’autant que le modèle de consommation est devenu aussi discutable que le modèle de production. C’est au nom du pouvoir d’achat que se déploient déjà les ruses commerciales du hard-discount qui banalise la ségrégation alimentaire.

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