Archive pour le Tag 'CFDT'

Marylise Léon, CFDT : Pas de vraie normalisation des relations avec le gouvernement

Marylise Léon, CFDT : Pas de vraie normalisation des relations avec le gouvernement

La nouvelle responsable de la CFDT, Marylise Léon se montre très prudente sur la volonté de dialogue du gouvernement. Pourtant la première organisation syndicale de France axe toute sa stratégie sur la nécessité d’obtenir des résultats et non de pratiquer l’agitation stérile. Le problème évidemment ce qu’il faut être deux pour dialoguer ou même trois avec le patronat.
Interview de Marylise Léon dans les Échos

« On ne peut pas parler de normalisation, nous renouons le dialogue avec le gouvernement ». Sur l’assurance-chômage, la secrétaire générale de la CFDT se félicite de l’accord, dans une interview aux « Echos », tout en précisant que l’accord négocié avec le patronat « ne vaut pas validation des réformes » de l’Unédic décidées en 2019 et 2021 par le gouvernement. La syndicaliste revient aussi sur l’engagement de sa centrale dans une « transition écologique juste ».

Vous avez conclu avec le patronat un accord pour la prochaine convention d’assurance-chômage qui entérine des plus pour les chômeurs mais aussi des baisses de droits. Etait-ce le prix à payer pour rester à bord de l’Unédic ?

La décision finale appartient au bureau national de la CFDT, sachant que la délégation a rendu un avis favorable. L’accord est équilibré financièrement entre dépenses et recettes, c’est-à-dire qu’il y a autant pour les nouveaux droits des chômeurs que de baisses et de pertes de recettes liées à la baisse de la cotisation chômage employeur.

Le passage de six à cinq du nombre de mois pour être couverts pour les primo-entrants et les saisonniers ou l’amélioration du calcul de l’allocation journalière sont des avancées très importantes pour les personnes qui en ont le plus besoin. C’était une des priorités de la négociation sur laquelle nous disposions de très peu de marges de manoeuvre étant donné le cadre imposé par le gouvernement.

Mission accomplie de mon point de vue, qui peut nous mettre en position de force pour la suite, notamment la refonte de la gouvernance de l’Unédic.

Signer l’accord, n’est-ce pas avaliser les deux réformes engagées par le gouvernement depuis qu’il a pris la main sur l’assurance-chômage…

L’accord ne vaut pas validation des réformes de l’assurance-chômage du gouvernement que l’on a combattues jusqu’au Conseil d’Etat. Après, je suis pragmatique : la situation actuelle, c’est ce cadre de négociation, je fais avec. Ma boussole ce sont les droits des demandeurs d’emploi. Avec cet accord, la situation de plus de 200.000 d’entre eux va s’améliorer.

Vous évoquez la refonte de la gouvernance de l’Unédic que souhaite aussi le patronat, mais c’est un peu l’Arlésienne…

Il y a un vrai sujet sur la gouvernance depuis la loi de 2018 qui a institué une lettre de cadrage. Le gouvernement en a profité pour imposer au forceps deux réformes. Ça ne peut pas continuer comme cela !

Le gouvernement doit décider s’il agrée ou non l’accord. Etes-vous optimiste ?

Je suis optimiste car on a fait notre part en respectant le cadre fixé. Je comprends que certaines dispositions nécessitent une vérification juridique, notamment le renvoi des mesures concernant les seniors après la prochaine négociation sur leur maintien dans l’emploi.

Mais il s’agira d’abord d’un feu vert politique. Cet agrément vaudra confiance du gouvernement dans le dialogue social et dans la façon dont on a mené la négociation. Ce sera un marqueur important pour la suite.

L’exécutif veut s’assurer que l’assurance-chômage prendra bien compte le relèvement de 62 à 64 ans de l’âge de départ à la retraite (pour les durées d’indemnisation notamment, NDLR) si la prochaine négociation sur l’emploi des seniors échoue…

C’est pour cela qu’on a mis un filet de sécurité. On a exigé ce déport car nous refusons d’acter des conséquences de la réforme des retraites dans la convention d’assurance-chômage sans que les entreprises ne changent leurs pratiques pour maintenir les seniors en emploi.

Comme nous ne savons absolument pas ce que le patronat est prêt à mettre sur la table, il est hors de question de signer un chèque en blanc. Si la négociation échoue, alors l’adaptation de la convention Unédic est renvoyée à une négociation tripartite, gouvernement, patronat et syndicats.

La CFE-CGC et la CGT ne signeront pas l’accord. Après celui, unanime sur l’Agirc-Arrco, est-ce une rupture dans l’intersyndicale ?

Au début de l’année, nous avons mené tous ensemble la mobilisation contre la réforme des retraites, l’accord national interprofessionnel sur le partage de la valeur a été signé par quatre confédérations et celui sur le dialogue social et la transition écologique par trois…

La démarche intersyndicale ne signifie pas qu’on est devenu une seule organisation. Chacun défend sa vision du syndicalisme et prend ses positions au regard aussi de son organisation.

J’assume totalement le syndicalisme de négociation de la CFDT qui débouche sur des mesures concrètes pour les salariés. Si l’intersyndicale tient, c’est parce que l’on est suffisamment mature pour confronter nos désaccords. Nous continuons et continuerons d’échanger sans pour autant organiser une conférence de presse et prendre une position commune à chaque fois.

Qu’attendez-vous du document d’orientation que le gouvernement va envoyer aux partenaires sociaux sur l’emploi des seniors ?

Le document d’orientation devrait être suffisamment large pour nous permettre de négocier. Il y a un sujet senior bien entendu au regard des enjeux liés au décalage de l’âge de départ à la retraite. Mais, de mon point de vue, la négociation doit être plus globale sur le travail, avec la question des parcours professionnels, des reconversions, la pénibilité ou du compte épargne temps universel.

C’est exactement le message que la CFDT portait dans les cortèges en début d’année et c’était l’un des objets des réunions à Matignon le 12 juillet. Les travailleurs veulent que l’on parle enfin du travail et des évolutions de carrière pour refaire fonctionner l’ascenseur social dans l’entreprise ou de l’administration ! Le gouvernement nous a dit qu’il était prêt à jouer le jeu.

Où en sont vos relations avec lui, justement ? Y a-t-il une forme de normalisation ?

Je ne sais pas si l’on peut parler de normalisation. Nous renouons le dialogue. Il y a eu la conférence sociale qui a posé des principes, sur l’amélioration de la situation des travailleurs pauvres ou la réduction de l’écart salarial femme-homme, des demandes fortes de la CFDT. Elle a constitué un moment utile mais insuffisant.

Mais ce n’est pas anormal que cela demande un peu de temps pour se concrétiser. Nous sommes dans la phase des travaux pratiques et l’agrément de l’accord assurance-chômage constituera un premier acte effectif.

Sur les retraites complémentaires, le gouvernement souhaite un engagement formel de financement des minima de pension. Qu’allez-vous faire ?

Les partenaires sociaux vont se réunir dès le 28 novembre pour lancer le groupe de travail sur les dispositifs de solidarité, conformément à l’accord. Nous avions dit au gouvernement que nous allions ouvrir rapidement ce chantier, nous prenons date, nous ne jouons pas la montre. Mais je ne peux pas vous dire quand ces travaux aboutiront, et sur quoi ils aboutiront.

Certains au sein de l’exécutif menacent toujours de ponctionner l’Agirc-Arrco dans le budget de la Sécurité sociale, faute de chiffre et de date pour cette contribution…

S’il y a des désaccords au sein de l’exécutif, c’est à eux de les régler. J’ai bien compris que certains voulaient un chiffre et une date tout de suite, mais ce n’est pas possible et le gouvernement, la Première ministre en tête, s’est engagé à ne pas faire de ponction et à laisser du temps au dialogue social. Un tel geste serait totalement inacceptable.

Que proposez-vous pour lutter contre le phénomène de trappe à pauvreté pour les bas salaires, mis en lumière lors de la conférence sociale ?

D’abord je me félicite que le gouvernement reconnaisse qu’il y a un sujet concernant les travailleurs pauvres, ce qui ouvre la voie notamment à des évolutions sur les temps partiels subis.

Après, la question qui est posée au travers de la complémentarité entre prime d’activité et salaire, c’est qui paie le travail ? Des secteurs entiers fonctionnent aujourd’hui grâce à un modèle économique basé sur les exonérations de charges au SMIC et la prime d’activité. C’est un vrai problème. Or sur ce sujet, les intentions du gouvernement ne sont pas claires du tout.

Que pensez-vous de la nomination de l’économiste Gilbert Cette à la présidence du Conseil d’orientation des retraites ?

Pas de commentaire.

Après avoir signé l’accord sur la transition écologique, vous lancez un « manifeste » sur le sujet…

Le sujet est à l’ordre du jour de la prochaine réunion du Bureau national qui va effectivement examiner ce jeudi un « manifeste pour une transition écologique juste ». C’est le fruit d’un travail engagé depuis une dizaine d’années par la CFDT. Le texte reprend les grands positionnements de la CFDT et nos revendications qui lient enjeux environnementaux et justice sociale.

Les salariés sont parmi les premiers exposés, on l’a vu cet été avec la canicule. Cela va modifier, voire empêcher certains travailleurs de faire leur travail. Il faut s’emparer de la question. Ses conséquences ne peuvent se résumer à un tableau Excel avec des plus et des moins sur les emplois. Et puis il s’agit aussi permettre aux salariés d’être des acteurs de la transformation écologique juste.

Notre objectif est d’accélérer la prise en charge de toutes ces questions au sein de notre organisation.

Vous dites que le sujet n’est pas nouveau pour la CFDT, mais concrètement qu’en est-il ?

On a déjà pas mal de nos structures qui ont travaillé sur cet enjeu. Je pense par exemple à notre équipe syndicale chez Eram qui a travaillé sur un plan de déplacement avec la direction de l’entreprise et qui a obtenu la création d’une commission environnement.

En Nouvelle-Aquitaine on a travaillé avec le conseil régional sur une écoconditionnalité des aides publiques.

Tout récemment les collègues des entreprises de la branche du médicament ont signé avec le patronat un accord de branche s’appuyant sur l’accord interprofessionnel sur le dialogue social et la transition écologique. Ils vont maintenant travailler à le décliner dans les entreprises. La fédération Conseil culture communication a construit un réseau d’adhérents appelés « sentinelles vertes » dans les entreprises…

C’est plus compliqué dans les activités industrielles, non ?

Justement parce que c’est complexe, il faut prendre le problème à bras-le-corps, avec un caractère d’urgence puisqu’on doit faire en dix ans ce qui devait en prendre trente. On ne doit pas être tétanisés par cette urgence.

Il y a quelques jours, j’ai échangé toute une matinée avec une centaine de militants de raffineries de TotalEnergies et de sa filiale Argedis. Ils sont tout à fait conscients de la nécessité de décarboner et de la nécessité d’anticiper pour s’y préparer. Mais ils veulent y être associés.

La CGT vient de perdre la première place chez EDF. Ce n’est pas la CFDT qui en a tiré bénéfice, mais la CFE-CGC. A l’image de ce qui s’est passé au niveau national où certes vous avez conforté votre première place, mais du fait de la poursuite de la baisse cégétiste et pas de votre développement. Cela vous inquiète-t-il ?

Cela ne m’inquiète pas car il y a une forte cohésion interne de la maison CFDT. Cette première place est la reconnaissance de notre marque de fabrique : la place faite à la négociation, le choix assumé de la nuance, plutôt que le bruit et la fureur qu’on peut entendre autour de nous.

Monoprix, Nespresso, Dassault, Chantiers de l’Atlantique… je pourrais vous citer de très nombreuses entreprises où on cartonne. On a cependant un manque clair de visibilité chez les cadres alors que nous y devançons de 6 points la CFE-CGC sur lequel il faut que l’on travaille.

Mais depuis le début de l’année, on a gagné 75.000 nouveaux adhérents dont 20 % ont moins de 35 ans et 70 % travaillent dans le privé. Et une fois déduits les départs, le solde devrait être clairement positif.

Manif Antisémitisme : la CFDT présente mais pas la CGT

Manif Antisémitisme : la CFDT présente mais pas la CGT


Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, appelle à la marche citoyenne du 12 novembre, contrairement à Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.

Dans une tribune parue dans Le Figaro le 7 novembre, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher appellent à une « grande marche civique » contre l’antisémitisme reliant le Palais Bourbon au Palais du Luxembourg ce dimanche. Les chefs de file de l’extrême droite, dont Marine Le Pen, Jordan Bardella et Eric Zemmour, n’ont pas tardé à annoncer leur participation, tandis que Jean-Luc Mélenchon refuse de défiler à leurs côtés.

Participera, participera pas ? Pris dans le tourbillon de la controverse liée à la marche contre l’antisémitisme prévue ce dimanche, les syndicats ont diffusé au compte-gouttes, ce mercredi, leurs mots d’ordre. Sans concertation préalable en intersyndicale, ce bloc soudé contre la réforme des retraites au début de l’année ne l’est plus : la CFDT et l’Unsa ont annoncé y participer, mais pas la CGT ni Force ouvrière.

Manif dimanche contre l’antisémitisme : la CFDT présente mais pas la CGT

Manif dimanche contre l’antisémitisme : la CFDT présente mais pas la CGT


Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, appelle à la marche citoyenne du 12 novembre, contrairement à Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.

Dans une tribune parue dans Le Figaro le 7 novembre, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher appellent à une « grande marche civique » contre l’antisémitisme reliant le Palais Bourbon au Palais du Luxembourg ce dimanche. Les chefs de file de l’extrême droite, dont Marine Le Pen, Jordan Bardella et Eric Zemmour, n’ont pas tardé à annoncer leur participation, tandis que Jean-Luc Mélenchon refuse de défiler à leurs côtés.

Participera, participera pas ? Pris dans le tourbillon de la controverse liée à la marche contre l’antisémitisme prévue ce dimanche, les syndicats ont diffusé au compte-gouttes, ce mercredi, leurs mots d’ordre. Sans concertation préalable en intersyndicale, ce bloc soudé contre la réforme des retraites au début de l’année ne l’est plus : la CFDT et l’Unsa ont annoncé y participer, mais pas la CGT ni Force ouvrière.

La CFDT veut des conditions aux aides aux entreprises

La CFDT veut des conditions aux aides aux entreprises

Juridiquement les exonérations de cotisations sont très discutables mais politiquement elles sont encore davantage condamnables quand il n’y a pas de contrepartie pour les salariés. Ce que dénonce la CFDT qui veut aussi la suppression du comité dit « d’experts sur le SMIC » pour lui substituer une commission bas salaires. Lors de sa conférence de presse de rentrée, ce vendredi, la nouvelle secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, a une nouvelle fois réclamé l’instauration d’une conditionnalité des aides pour sanctionner les mauvais élèves, un point qui fait consensus chez les syndicats. La centrale « veut discuter de la suspension des exonérations de cotisation » à la conférence sociale, a-t-elle insisté.

la CFDT a aussi jugé « extrêmement utile de mettre à plat des aides qui n’ont pas fait la preuve de leur efficacité », en l’occurrence les allégements de cotisation au-delà de 2,5 SMIC épinglés par le rapport Guedj Ferracci publié cette semaine.

La CFDT réclame aussi de substituer au comité d’experts sur le SMIC dont on sait « à l’avance » qu’il va préconiser une absence de coup de pouce par une commission sur les bas salaires à laquelle participeraient les partenaires sociaux et qui traiterait y compris de questions comme le temps partiel subi.

Marylise Léon est par ailleurs revenue sur les négociations sociales en cours et à venir : retraites complémentaires et assurance-chômage, sur laquelle s’est déroulée une deuxième séance de négociation le vendredi après-midi, alors que le gouvernement veut ponctionner les deux régimes. « Il n’y a juste pas de cagnotte », a insisté Yvan Ricordeau, en charge du dossier des retraites.

Dans les deux cas, « le gouvernement a construit le bénéfice de la réforme des retraites sur une trajectoire de taux de chômage à 5 % […] c’est de sa responsabilité de se fixer cet objectif mais en tant que négociateur sur les deux régimes, on regarde la situation de l’emploi aujourd’hui et à court terme [on est sur] une stabilisation à 7 % », a expliqué le numéro 2 de la CFDT.

Politique–Conseil national de la Refondation : la CFDT n’a rien à y faire

Politique–Conseil national de la Refondation : la CFDT n’a rien à y faire


Alors que la plupart des organisations syndicales refusent désormais de participer au pseudo Conseil national de la Refondation inventé par Macron pour suppléer à son manque de majorité politique,la CFDT a décidé de continuer d’y participer.

D’une façon générale, la doctrine de la CFDT vise à assurer la représentation des travailleurs sur les questions sociales voire sociétales qui les concernent. La CFDT se refuse à s’engager dans des institutions ou des organisations politiques. Le pseudo conseil national de la Refondation ( Qui évidemment n’a rien à voir avec le conseil national de la résistance) constitue essentiellement un artifice politique pour donner l’illusion d’une union politique en France. Union impossible à l’Assemblée nationale.

En réalité, le conseil national de la Refondation qui végète et sans réelle légitimité traite de questions très diverses, de manière isolée , histoire d’exister politiquement et pour faire plaisir essentiellement au président de la république.

La CFDT a fort légitimement -en tant qu’organisation désormais majoritaire-a décidé de se consacrer uniquement à la défense des intérêts des salariés et pensionnés s’interdisant toute influence idéologique et politique extérieure. Or en participant à un pseudo conseil national de la Refondation qui ne sert strictement à rien la CFDT cautionne le détournement des institutions officielles politiques mais aussi sociales.

Il faut se féliciter de voir désormais les organisations réformistes majoritaires en France avec la CFDT en tête. Il faut se féliciter que l’objectif unique soit d’obtenir des résultats contrairement à des organisations gauchistes qui militent surtout pour la révolution.

Cependant la CFDT doit rester vigilante pour ne pas cautionner des opérations politiciennes dont l’objet est très éloigné de la problématique sociale actuelle.

Et dans ce domaine la priorité des priorités doit être la défense du pouvoir d’achat amputé de 25 % depuis deux ans et non suffisamment compensés vis-à-vis de l’inflation.

Conseil national de la Refondation : la CFDT n’a rien à y faire

Conseil national de la Refondation : la CFDT n’a rien à y faire


Alors que la plupart des organisations syndicales refusent désormais de participer au pseudo conseil national de la Refondation inventé par Macron pour suppléer à son manque de majorité politique. La CFDT a décidé de continuer d’y participer.

D’une façon générale, la doctrine de la CFDT vise à assurer la représentation des travailleurs sur les questions sociales voire sociétales qui les concernent. La CFDT se refuse à s’engager dans des institutions ou des organisations politiques. Le pseudo conseil national de la Refondation ( Qui évidemment n’a rien à voir avec le conseil national de la résistance) constitue essentiellement un artifice politique pour donner l’illusion d’une union politique en France. Union impossible à l’Assemblée nationale.

En réalité le conseil national de la Refondation qui végète et sans réelle légitimité traite de questions très diverses, de manière isolée , histoire d’exister politiquement et pour faire plaisir essentiellement au président de la république.

La CFDT a fort légitimement -en tant qu’organisation désormais majoritaire-a décidé de se consacrer uniquement à la défense des intérêts des salariés et pensionnés s’interdisant toute influence idéologique et politique extérieure. Or en participant à un pseudo conseil national de la Refondation qui ne sert strictement à rien la CFDT cautionne le détournement des institutions officielles politiques mais aussi sociales.

Il faut se féliciter de voir désormais les organisations réformistes majoritaires en France avec la CFDT en tête. Il faut se féliciter que l’objectif unique soit d’obtenir des résultats contrairement à des organisations gauchistes qui militent surtout pour la révolution.

Cependant la CFDT doit rester vigilante pour ne pas cautionner des opérations politiciennes dont l’objet est très éloigné de la problématique sociale actuelle.

Et dans ce domaine la priorité des priorités doit être la défense du pouvoir d’achat amputé de 25 % depuis deux ans et non suffisamment compensés vis-à-vis de l’inflation.

Marylise-leon, cfdt: appel à une mobilisation pour le pouvoir d’achat

Marylise-leon-secretaire-generale-de-la-cfdt: appel à une mobilisation pour le pouvoir d’achat

La successeure de Laurent Berger appelle, aux côtés de sept autres syndicats, à une journée de mobilisation pour le pouvoir d’achat le 13 octobre. Un rassemblement qui n’a rien d’un match retour contre l’exécutif après la bataille des retraites, assure-t-elle dans un entretien au « Monde », souhaitant s’adresser d’abord aux employeurs.

Elue le 21 juin à la tête de la CFDT, Marylise Léon hérite d’une centrale dont les troupes ont été renforcées par la bataille contre la réforme des retraites. Laissant derrière elle ce combat perdu, malgré une forte mobilisation, elle appelle, aux côtés de sept autres syndicats, à une journée d’action le 13 octobre en faveur du pouvoir d’achat et « contre l’austérité ». Dans un entretien au Monde, elle estime que la question salariale « se traite d’abord dans les entreprises et dans les branches professionnelles ». Et, alors que le gouvernement a décidé d’étaler dans le temps la suppression de la taxe sur la valeur ajoutée pour les entreprises, elle critique le « dogme » consistant à ne pas augmenter les impôts, une « impasse ».


L’intersyndicale a annoncé une journée d’action le 13 octobre. S’agit-il d’une revanche, d’une sorte de « match retour » après la défaite des organisations de salariés et de défense de la jeunesse dans la bataille contre la réforme des retraites ?

Ce n’est absolument pas l’état d’esprit de la CFDT. Nous sommes toujours aussi combatifs et déterminés à obtenir des améliorations pour les droits des travailleurs, mais nous n’avons pas de revanche à prendre sur le gouvernement. Nous continuons d’affirmer que la réforme des retraites est injuste, sachant que nos interlocuteurs privilégiés, ce sont les employeurs. Nous nous adressons à eux en priorité pour tirer vers le haut la situation des travailleurs au quotidien, et c’est avec eux qu’il faut négocier pour tenter de trouver des compromis. La préoccupation numéro un des salariés du privé, aujourd’hui, tourne autour des enjeux de pouvoir d’achat. C’est aussi vrai pour les agents de la fonction publique. Nous continuons donc notre boulot de syndicaliste en répondant présents sur des sujets sur lesquels nous sommes attendus.

Après les émeutes : une rentrée sociale compliquée pour Marylise Léon ( CFDT)

Émeutes : une rentrée sociale compliquée pour Marylise Léon ( CFDT)

interview dans la Tribune de la nouvelle secrétaire de la CFDT qui prévoit une rentrée compliquée.

Vous êtes attendus à Matignon pour un agenda social, qu’en attendez-vous ?

Nous avons rencontré Elisabeth Borne mi-mai pour premier temps d’échange et posé deux éléments qui me semblent importants, conditions pour renouer le dialogue. En termes de méthode, comment le gouvernement est capable de faire différemment et quelles sont les thématiques qu’on va pouvoir discuter ? Nous avons défini un certain nombre de sujets sur lesquels nous allons continuer de tirer les fils comme ce qu’il se passe en entreprise sur le télétravail et comment faire de la prévoyance pour tous.

Le premier sujet sera celui du pouvoir d’achat et le deuxième, celui du travail et des conditions de travail.

Pourquoi les salaires n’ont-ils pas été intégrés dans les discussions ?

Nous avons eu une discussion avec le patronat, car la plupart des syndicats sont d’accord pour que l’on discute de ces sujets. Les salaires, le pouvoir d’achat, c’est le sujet numéro 1 pour les travailleurs, nous défendons la question du salaire, car c’est dans les entreprises que ça se discute. Nous ne manquerons pas de dire à Elisabeth Borne que c’est un sujet qui doit faire l’affaire de négociation, notamment dans les branches. On sait qu’il y a peu près 150 branches sous le Smic. Nous profiterons de l’occasion pour dire que le gouvernement doit être beaucoup plus incitatif.

La rentrée des classes sera marquée par l’arrivée de nouvelles têtes. Est-ce synonyme de changement ?

Cela va changer les relations entre les uns et les autres. Il va falloir que nous prenions le temps d’apprendre à nous connaître. Le propre des organisations syndicales est d’être collectif. Pour la CFDT, il n’y a donc pas de changement de ligne. Il y aura toujours autant d’exigence sur ce que nous pouvons discuter, négocier et une carte de la négociation collective que nous gardons précieusement et qui devra faire ses preuves à la rentrée.

Le pays a fait face à des tensions sociales très fortes ces derniers jours, craignez-vous une rentrée sociale compliquée ?

Je pense que la rentrée sera compliquée à l’aune des moments de tensions et de violences extrêmement fortes. La rentrée sera très compliquée si le gouvernement n’apporte qu’une réponse sécuritaire abrupte. Celle-ci ne réglera en rien ce que disent les derniers événements que nous avons pu vivre et que nous devons analyser. Nous avons besoin de perspectives sur les enjeux de cohésion sociale.

Quels types de propositions allez-vous présenter lors de la prochaine rencontre avec le gouvernement ?

Cela rejoint la question de la méthode. Quelle place le gouvernement est prêt à faire à la société civile et aux organisations syndicales. Moi, je ne crois pas à l’efficacité d’un exercice vertical du pouvoir. Il y a besoin de corps intermédiaires, de personnes engagées. Nous représentons des centaines de milliers d’adhérents, de travailleurs qui ont envie de pouvoir s’engager et de s’investir dans des projets.

La bataille contre la réforme des retraites est-elle terminée ?

J’aime autant vous dire qu’elle n’est pas terminée pour ceux qui vont devoir vivre deux ans de plus au travail. Notre travail est de les accompagner et de voir comment ils peuvent, ou non, faire deux ans supplémentaires pour des questions de conditions de travail. La question du travail sera centrale. J’espère que nous pourrons ouvrir les discussions sur ce sujet.


Vous êtes face à un patronat qui n’a pas voulu d’un index senior. Vous pensez pouvoir rouvrir ce dossier ?

C’est impératif. On ne peut pas avoir des entreprises qui se satisfont d’avoir un recul de l’âge, et qui font tout pour faire partir le plus vite possible les seniors. Il faut qu’ils prennent leurs responsabilités.


Mais l’index senior est souvent la variable d’ajustement ?

Oui, mais ce que nous proposons, c’est de travailler sur l’emploi des seniors, avant même d’être senior. La question est celle du parcours professionnel, quels peuvent être les déroulés de carrière et apporter à chacun de véritables perspectives.

Vous croyez que le gouvernement peut revenir sur le sujet des ordonnances ?

Il doit le faire, car on ne peut pas avoir des ordonnances qui ont eu ces effets avec un pari que les salariés allaient jouer le jeu et qui a été perdu. On se rend compte que le dialogue social fonctionne moins bien aujourd’hui qu’il y a cinq ans.

Pourtant, nous avons vu un accord entre le patronat et les syndicats sur le partage de la valeur ?

Nous demandons des discussions sur ce sujet depuis 2019, et quand le moment est venu, nous avons répondu présent et nous nous sommes engagés dans cet accord qui permet, enfin, la possibilité aux salariés de très petites entreprises et de moyennes de pouvoir bénéficier de participations.

Politique-Macron boycotte toujours la CFDT !

Politique-Macron boycotte toujours la CFDT !


Toujours le même mépris de Marcon vis-à-vis de la CFDT pourtant syndicat majoritaire en France puisque l’Élysée n’a pas même daigné adresser le moindre message à la nouvelle secrétaire générale. C’est la moindre politesse protocolaire lors des changements de dirigeants. Cette indifférence en dit long sur la conception des relations sociales du chef de l’État.

Une relation pour l’instant au point mort après des mois de tension sur la réforme des retraites. Si l’exécutif compte bien avancer sur la question du travail via un nouveau projet de loi, le dialogue peine manifestement à s’enclencher entre l’Élysée entre la successeure de Laurent Berger.

« Pas de son, pas d’image (avec Macron). Zéro contact, pas de contact pour le moment, pas de relation pour le moment », a avancé Marylise Léon, la nouvelle secrétaire générale de la CFDT ce mardi sur BFMTV.
Borne a « envoyé un message »

Élisabeth Borne a, elle, tendu la main à Marylise Léon.

« Elle m’a envoyé un message. On se verra comme c’est d’usage entre une Première ministre et une secrétaire générale », a encore expliqué celle qui a longtemps été salariée de la branche chimie de la CFDT.

Et pour cause: c’est la cheffe du gouvernement en personne qui devrait entamer un nouveau cycle de négociations avec les syndicats dans les prochaines semaines. Au menu: un futur projet de loi travail qui actera la fin de Pôle emploi au profit de France travail, au grand dam des centrales qui s’en inquiètent.

Ces discussions auront surtout une valeur symbolique pour tenter de remettre du liant entre Matignon et les syndicats. Le texte, déjà présenté en Conseil des ministres début juin, semble bien ficelé.

Macron boycotte toujours la CFDT !

Macron boycotte toujours la CFDT !


Toujours le même mépris de Marcon vis-à-vis de la CFDT pourtant syndicat majoritaire en France puisque l’Élysée n’a pas même daigné adresser le moindre message à la nouvelle secrétaire générale. C’est la moindre politesse protocolaire lors des changements de dirigeants. Cette indifférence en dit long sur la conception des relations sociales du chef de l’État.

Une relation pour l’instant au point mort après des mois de tension sur la réforme des retraites. Si l’exécutif compte bien avancer sur la question du travail via un nouveau projet de loi, le dialogue peine manifestement à s’enclencher entre l’Élysée entre la successeure de Laurent Berger.

« Pas de son, pas d’image (avec Macron). Zéro contact, pas de contact pour le moment, pas de relation pour le moment », a avancé Marylise Léon, la nouvelle secrétaire générale de la CFDT ce mardi sur BFMTV.
Borne a « envoyé un message »

Élisabeth Borne a, elle, tendu la main à Marylise Léon.

« Elle m’a envoyé un message. On se verra comme c’est d’usage entre une Première ministre et une secrétaire générale », a encore expliqué celle qui a longtemps été salariée de la branche chimie de la CFDT.

Et pour cause: c’est la cheffe du gouvernement en personne qui devrait entamer un nouveau cycle de négociations avec les syndicats dans les prochaines semaines. Au menu: un futur projet de loi travail qui actera la fin de Pôle emploi au profit de France travail, au grand dam des centrales qui s’en inquiètent.

Ces discussions auront surtout une valeur symbolique pour tenter de remettre du liant entre Matignon et les syndicats. Le texte, déjà présenté en Conseil des ministres début juin, semble bien ficelé.

Emploi: «On fait le tour du port»: la phrase de Macron contestée par la CFDT

Emploi: «On fait le tour du port»: la phrase de Macron contestée par la CFDT

Une nouvelle fois Macon est tombé dans le panneau de la facilité méprisante vis-à-vis des chômeurs en déclarant qu’il pourrait trouver tout de suite 10 emplois rien qu’en se promenant dans le port de Marseille.

Une attitude condescendante et technocratique critiquée par la nouvelle patronne de la CFDT Marylise Léon.

La secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon n’a pas été tendre avec la dernière sortie du chef de l’État. «C’est la petite phrase facile d’un Président qui méconnaît la réalité des métiers, la difficulté de trouver un emploi», s’est agacée Marylise Léon.

Mais, pour celle qui vient de remplacer Laurent Berger à la tête de la première organisation syndicale de France, trouver un emploi, «ce n’est pas si simple que ça». «Quand on cherche du boulot, c’est une remise en question permanente», a argué Marylise Léon. «Le Président méconnaît la réalité des gens qui cherchent un emploi», a en outre fustigé la syndicaliste, estimant que «ce n’est pas le rôle de l’Élysée de trouver du boulot pour tout le monde».

Est-ce à dire que ceux-ci rechignent à accepter la proposition d’emploi d’un établissement qui recrute? «Je ne pense pas qu’il y ait un choix de certains jeunes à rester chez eux, à bénéficier du RSA, plutôt que d’aller travailler», a défendu Marylise Léon. Loin de se féliciter, comme Emmanuel Macron, d’un taux de chômage particulièrement bas – 7,1% au premier trimestre 2023 – la syndicaliste plaide pour l’amélioration des conditions de travail dans les secteurs en tension comme la restauration. «La question, c’est quelles sont les conditions de travail qu’on propose, les problèmes de logements…», a-t-elle égrainé.

CFDT: toujours le réformisme avec Marylise Léon

CFDT: toujours le réformisme avec Marylise Léon

Le changement de secrétaire général à la CFDT ne va pas modifier la ligne syndicale qui lui a permis de devenir le premier syndicat français. En clair l’objectif sera toujours d’obtenir des résultats par l’action syndicale ce qui n’exclut pas évidemment le rapport de force y compris parfois des actions dures. Mais pour la CFDT l’objectif n’est pas la lutte mais le progrès social. Numéro deux de Laurent Berger depuis 2018, Marylise Léon voit enfin son heure arriver. Agée de 46 ans, elle a été élue secrétaire générale de la CDFT, mercredi 21 juin, à l’unanimité du bureau national du premier syndicat français, a-t-elle annoncé elle-même à la presse. Elle succède ainsi à Laurent Berger, en fonction depuis novembre 2012.

Ce passage de relais s’est fait à l’occasion d’une journée de débats et de discours au Zénith de Paris. « Nous pouvons être fiers de ce que nous avons construit durant ces 11 années à militer ensemble », a déclaré dans son discours d’ouverture Laurent Berger devant quelque 2 700 militants.

« Ensemble, nous sommes devenus la première organisation syndicale ! »

Marylise Léon incarne une forme de continuité par rapport à Laurent Berger, qui dit avoir convenu avec elle depuis au moins un an et demi de lui transmettre le témoin en juin 2023, même s’il n’en a fait l’annonce officielle et publique que le 19 avril. Lors de sa dernière manifestation comme leader syndical, le 6 juin, Laurent Berger s’était par ailleurs dit « très heureux (…) de lui passer le flambeau ».
Après onze années aux manettes, Laurent Berger a quitté la tête du premier syndicat de France ce mercredi. La nouvelle secrétaire générale a prévenu : la recherche du compromis reste la norme, mais sans écarter la contestation s’il le faut.

Un discours lu à la lettre, sans débord de voix mais avec conviction, entrecoupé de nombreux applaudissements des 2.700 militants venus assister à la passation de témoin ce mercredi au Zénith, porte de la Villette à Paris ; quelques allusions personnelles et un hommage appuyé à son prédécesseur – « un sacré bonhomme » – pour finir avant le moment festif : pour sa première apparition comme secrétaire générale de la CFDT , Marylise Léon a surfé sur la dynamique qui porte le premier syndicat de France depuis la réforme des retraites, malgré son échec à en obtenir le retrait.

A ses « chers amis et chers camarades », celle à qui revient la lourde tâche de faire au moins aussi bien que Laurent Berger resté onze ans aux manettes, a commencé par dire sa « fierté » de mener cette aventure collective. « Aujourd’hui, notre première place ouvre une perspective historique », a-t-elle annoncé d’emblée, quand son prédécesseur, plutôt dans la journée, avait exalté une CFDT qui « n’est pas parfaite, mais en forme ».

Laurent Berger: dernier interview avant son retrait de Secrétaire général de la CFDT

Laurent Berger: dernier interview avant son retrait de Secrétaire général de la CFDT

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, était l’invité du 8h30 franceinfo , jeudi 8 juin 2023. Retraites, débat parlementaire, salaires, RSA, vie personnelle… Retraites, débat parlementaire, salaires, RSA, vie personnelle.

Retraites : « Une défaite productive »
Laurent Berger a estimé que la mobilisation contre la réform
e des retraites était « une forme de défaite productive ». Certes, « on a perdu sur le texte, mais ça a été productif sur l’image qu’on a donnée du syndicalisme, du monde du travail et la force qui a été la nôtre », a-t-il affirmé. Il ne fait plus de doute pour le leader de la CFDT que la loi va s’appliquer à la rentrée. « Elle va changer la vie fondamentalement de millions et millions de travailleurs qui vont devoir travailler à terme deux ans de plus et il n’y aura jamais eu un vote à l’Assemblée nationale. Ça pose un problème de légitimité démocratique », selon lui. « Ça m’horrifie en fait. Ça me fait peur qu’on puisse changer la vie aussi concrètement de millions de salariés qu’il n’y ait pas un vote », a-t-il affirmé. Il a dénoncé le « déni de démocratie sociale de la part de ce gouvernement » qui « s’affiche finalement comme un mépris au monde du travail aujourd’hui » et « provoque du ressentiment et de la colère ». Cette « défaite productive », n’est pas pour lui « la fin de l’intersyndicale ». Selon Laurent Berger, le mouvement syndical ressort renforcé : « On a créé une force, on a une maturité dans l’intersyndicale. On s’est respecté, on a travaillé ensemble, on sait ce qui nous différencie, mais on sait aussi ce qui peut nous unir », a-t-il expliqué.

Débat parlementaire sur les retraites : « Il faut de la dignité »

Laurent Berger a appelé les parlementaires à la « dignité » alors que débutent ce jeudi les discussions à l’Assemblée nationale autour de la proposition de loi Liot sur les retraites. La présidente de l’Assemblée nationale a déclaré irrecevables les amendements réintroduisant la mesure d’abrogation des 64 ans, qui avait été supprimée en commission des affaires sociales. L’opposition crie au scandale démocratique. « Je ne sais pas ce qui va se passer aujourd’hui à l’Assemblée nationale. Mais il faut de la dignité parce que derrière, il y a tous les citoyens et citoyennes de ce pays qui regardent et qui se disent ce n’est pas normal ce qui est en train de se passer, mais il ne faut pas qu’ils perdent encore plus confiance dans les institutions de notre pays », a estimé Laurent Berger. Il estime que le débat parlementaire sur cette réforme des retraites est « une forme de naufrage ».

Hausses des salaires : sans « contraintes, ça ne fonctionne pas »
Laurent Berger estime que les prochains combats syndicaux seront le pouvoir d’achat et la question des salaires. Il souhaite contraindre les aides publiques aux entreprises aux « politiques salariales dynamiques, notamment dans les branches », dit-il. Selon lui, « c’est quelque chose qui peut cheminer du côté de Matignon », mais « on sent moins d’écoute à d’autres endroits », à l’Élysée et au ministère du Travail notamment. Laurent Berger a cité comme exemple la branche de la volaille : « C’est quatorze échelons en dessous du SMIC. Et les patrons se plaindraient de ne pas trouver du monde. Il faut qu’ils regardent la réalité en face », a-t-il lancé. « S’il n’y a pas de contraintes sur les entreprises, ça ne fonctionne pas », a-t-il rappelé.

RSA : la « stigmatisation » du gouvernement est « intolérable »

Laurent Berger a dénoncé la « stigmatisation des personnes les plus en difficulté dans nos sociétés » par le gouvernement. « C’est inacceptable, c’est intolérable. J’en ai assez », a-t-il lancé.
Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a présenté mercredi en Conseil des ministres le projet de loi Plein emploi. Les bénéficiaires du RSA devront suivre 15 à 20 heures de travail ou d’activité de formation par semaine sous forme de « contrat d’engagement ». Laurent Berger se dit pour « un accompagnement renforcé » des allocataires du RSA. « Le premier des droits quand vous êtes au RSA, c’est d’avoir un accompagnement renforcé. Aujourd’hui, sur le nombre de personnes qui sont aux RSA, on est défaillant sur l’accompagnement », a-t-il dénoncé.

Vie personnelle : « Je n’ai pas pris le melon »

Laurent Berger semble insensible à la « Bergermania » qui touche le pays et assure ne pas avoir pris « le melon ». « D’ailleurs, je vais partir. Je n’étais pas là pour être connu et apprécié. J’étais là pour faire mon travail de syndicaliste. J’ai toujours considéré que j’étais de passage », a-t-il déclaré. Laurent Berger va passer le témoin à Marylise Léon, chimiste de formation. Elle succédera à Laurent Berger à la tête du premier syndicat français le 21 juin prochain. « Ce serait tellement facile de rester encore un an, deux ans, trois ans en plus et de jouer le « kéké » sur des plateaux ou ailleurs », dit-il. Il va se contraindre au « silence » que « je dois à la CFDT, à Marylise et à moi-même ». Bien qu’il ne sache pas encore ce qu’il fera après son mandat, il souhaite « être heureux et d’essayer de continuer à transformer le monde » à sa « modeste place ».

Travail« Du mépris à la colère » : Laurent Berger (CFDT)

Travail« Du mépris à la colère » : Laurent Berger (CFDT)

Dans un essai percutant, le secrétaire général de la CFDT – qui quittera ses fonctions le 21 juin – explique que le travail constitue un « impensé politique » pour les partis. Comme l’a illustré la mobilisation contre la réforme des retraites. (d’après un papier du Monde)

Avant de quitter le poste de secrétaire général de sa confédération, le 21 juin, Laurent Berger a préféré parler de ce qui est au fondement de son engagement : le travail. Il s’agit d’un sujet « extraordinairement maltraité », alors qu’il occupe une « place centrale » dans la vie de millions de femmes et d’hommes, écrit le responsable cédétiste dans son essai percutant, Du mépris à la colère, parsemé d’annotations personnelles sur ses expériences de militant et son milieu familial, qui lui a légué la « fierté ouvrière ».

Il estime que le long conflit déclenché par la réforme des retraites est une illustration éclatante de son propos. Si des centaines de milliers de personnes – parfois plus d’un million – ont manifesté contre le recul de l’âge légal de départ de 62 ans à 64 ans, c’est parce qu’elles se sont senties « humiliées ».

Beaucoup de salariés demandaient de la « reconnaissance », pas seulement sur leur fiche de paie, après l’épidémie de Covid-19, durant laquelle ils avaient porté l’économie à bout de bras, soigné les malades ou permis à la population de se nourrir. Mais leur « espoir s’est éteint » : pour eux, « rien n’a changé ou si peu », selon Laurent Berger. Pire même, le pouvoir en place leur a dit, « comme en guise de remerciement », qu’il faudrait rester en activité deux années de plus.

Sortir de cette situation de déni
Cette mesure ne pouvait que provoquer de « la colère », car elle frappe « très exactement la catégorie des travailleurs de première et deuxième lignes, qui se sent déjà invisibilisée et méprisée ». Laurent Berger dénonce Emmanuel Macron, dont « la logique libérale (…) s’est durcie », et « l’action » du gouvernement, qui « s’est droitisée ». Mais ce qui se révèle tout aussi grave à ses yeux, c’est l’impact électoral de l’obstination affichée par l’exécutif : en s’arc-boutant sur une loi impopulaire, « bricolée » et « confuse », celui-ci alimente « une défiance dangereuse vis-à-vis de notre système démocratique », avec le risque d’ouvrir à Marine Le Pen un boulevard vers l’Elysée en 2027.

Politique: La gauche a lâché le monde du travail et Macron l’a ignoré (Laurent Berger, CFDT)

Politique: La gauche a lâché le monde du travail et Macron l’a ignoré (Laurent Berger, CFDT)

A trois semaines de son départ, le secrétaire général de la CFDT règle ses comptes avec Emmanuel Macron mais aussi avec la gauche politique dans la Tribune.

Croyez-vous vraiment que la proposition de loi du groupe Liot, si toutefois elle était adoptée à l’Assemblée nationale, permettrait d’abroger la retraite à 64 ans pourtant promulguée le 14 avril dernier ?

Non, on n’a jamais fait croire ça aux gens. Mais puisque le gouvernement a voulu s’exonérer d’un vote du Parlement sur cet article-là, et que de l’autre côté, ce sont les Insoumis qui avaient bloqué l’examen de l’article 7, voilà enfin une occasion pour les députés de s’exprimer pour la première fois sur la retraite à 64 ans ! Ce n’est pas la CFDT qui a déposé cette proposition.

Est-ce bien raisonnable de faire croire aux Français qu’on reviendra sur la réforme, de dire comme vous le faites qu’on n’en finira jamais avec la réforme des retraites ?

Non, ce n’est pas un leurre. C’est plutôt l’illustration que cette réforme est le résultat d’un vice démocratique. Je maintiens l’expression à propos d’un projet de loi aussi fondamental sur lequel il n’y aura pas eu de vote et une adoption grâce au 49.3. Je l’avais dit. Oui, je le répète il y a eu vice démocratique car l’exécutif a usé de tout l’arsenal parlementaire pour changer radicalement la vie de deux millions de travailleurs et particulièrement ceux qui sont les plus exposés à des métiers difficiles. Ça pose un problème quand même que le Parlement, sur une mesure phare, les 64 ans, ne puisse pas délibérer par le vote.


Quand le match est perdu, vient le moment où les joueurs finissent par rentrer aux vestiaires non ?

Oui, mais on nous offre du temps additionnel. Le score n’est pas le plus favorable pour nous. Mais j’insiste, la proposition de loi est une initiative parlementaire. Elle ne vient pas de nous. Quand j’affirme qu’on n’en aura jamais fini avec la réforme des retraites, je veux dire que le ressentiment est profond. Bien sûr, que le texte s’appliquera le moment venu. Pas sûr d’ailleurs que toutes les mesures s’appliquent dès le 1er septembre si j’en crois les explications de certaines directions de la Sécurité Sociale tant les dispositions semblent complexes à mettre en place


Est-ce responsable d’appeler à une nouvelle journée de mobilisation, le 6 juin, contre cette réforme, compte tenu des risques de violences ?

Oui, il y a eu des dérapages dans quelques endroits lors de la dernière manifestation le 1er mai. Mais les violences ne viennent pas des organisations syndicales et nous les condamnons toutes. Ce ne sont pas les syndicats qui dérapent. C’est le fait d’irresponsables qui viennent casser du flic, du syndicaliste et de soi-disant symboles capitalistes. Tout ça ne constitue pas un argument suffisant pour nous faire renoncer à mobiliser les gens dans la rue quand nous portons des revendications justes.

En savez-vous plus sur les projets du gouvernement depuis votre dernière rencontre à Matignon notamment sur le contenu de la future loi Travail, sur la place des séniors, la pénibilité etc… ?

Non, pour l’instant, on n’en sait pas plus. Il y a eu ces réunions bilatérales avec la Première ministre. On a remis un certain nombre de propositions sur lesquelles on souhaitait avoir des débats, des discussions. Il y a le sujet des séniors, celui sur la pénibilité, mais aussi l’organisation du travail. La Première ministre a proposé une prochaine rencontre mais cette fois avec tous les partenaires sociaux. Pour l’instant, on n’a pas de date et on ne sait pas si ce sera à Matignon ou à l’Elysée. La CFDT est prête à construire un agenda social avec une part de négociations qui se feront entre syndicats et patronat si les sujets sont suffisamment prometteurs pour les travailleurs. En gros, on attend toujours que l’exécutif remette en route le dialogue social.

Avez-vous confiance en Elisabeth Borne et son gouvernement ?

J’ai confiance en la Première ministre, sa loyauté et sa sincérité à vouloir construire un agenda pour avancer sur certains sujets essentiels pour les Français. J’ai des doutes, en revanche, sur son ministre du Travail sur son envie d’avancer avec nous. Mais plus globalement, ce qui est important, ce n’est pas d’avoir confiance ou pas en l’un ou l’autre, ce qui m’importe, c’est la situation des travailleurs et la volonté de construire du mieux pour eux. J’ai des doutes sur la volonté réelle d’obtenir de vraies avancées et sur le fait de se contenter de quelques mesurettes validées par le Président de la République.

Quel bilan tirez-vous des six ans d’Emmanuel Macron au pouvoir ?

Forcément contrasté. Sur l’emploi, on a quand même largement progressé même s’il subsiste encore un chômage de masse. La formation reste un sujet énorme. Globalement, les années Macron auront été celles d’une gouvernance trop verticale alors que les problèmes du pays sont de plus en plus complexes comme la transition écologique qui nécessite d’associer davantage les corps intermédiaires. Ce n’est pas à moi de tirer le bilan mais je constate un impensé sur trop de sujets comme le travail. Cette majorité n’est pas la seule malheureusement à avoir négligé ce sujet. La notion de travail est prise en otage entre deux visions : d’un côté ceux pour qui il s’agit juste d’une donnée productive et pas une réalité sociale, et de l’autre ceux qui ne conçoivent le travail qu’en termes de misère, d’exploitation et d’aliénation. Ce n’est pas ça le travail. Quand on écoute vraiment ce que disent les travailleurs, c’est entre les deux. C’est d’abord une réalité sociale, ça peut être un lieu de souffrance mais c’est aussi un vecteur de réalisation, d’émancipation.

Vous défendez une vision « en même temps » du travail… Vous aviez tout au départ pour vous entendre avec lui. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné entre vous ?

Sa vision des syndicats, de la place de la négociation sociale, de la démocratie sociale est aux antipodes de la nôtre. La CFDT, elle, n’a pas changé de logiciel. La preuve puisque nous avons signé dans les trois derniers mois trois accords nationaux interprofessionnels avec le patronat sur le partage de la valeur, sur la transition écologique et sur les accidents du travail. On continue donc de faire notre boulot de syndicaliste sur la base de compromis.

En fait, le président de la République n’est pas à l’aise avec cette notion de compromis. Il ne s’est pas ce que veut dire négocier c’est-à-dire entrer dans ce processus où on s’écoute, on se confronte et à la fin, évidemment, il y a accord ou non et alors dans ce cas il y en a un qui décide. Mais on a le sentiment que d’avoir écouté, ça a servi à quelque chose. A part pendant la période du Covid, on n’a jamais réussi à discuter, à être associés. On savait quand Emmanuel Macron a été élu en 2017 qu’il y aurait moins de place pour les organisations syndicales. Pour lui, les syndicats doivent être cantonnés au sein des entreprises et se mêler le moins possible des questions nationales. Je rappelle quand même qu’il y a un an, on a mouillé la chemise en signant une tribune avec Philippe Martinez pour appeler à voter pour lui contre le Marine Le Pen. Ce n’était pas gagné. On partait de loin… On aurait pu espérer repartir sur de bonnes bases au début de son deuxième mandat au moins en termes de discussions.

Vous avez préféré les années François Hollande. C’est aussi ça qui a coincé entre vous ?

Non. D’abord je n’ai aucune préférence. Je fais avec ceux qui sont en face. On m’a prêté pendant des années un rôle auprès de François Hollande qui n’était pas le mien. Je ne fréquente personne dans le monde politique en dehors de mes obligations professionnelles. J’admets que j’ai soutenu des choix sous la présidence Hollande comme le pacte de responsabilité. La CFDT n’a pas tout soutenu mais il y avait à l’époque une volonté d’associer davantage les syndicats aux décisions.

Dans votre livre « Du mépris à la colère » (Ndlr, éditions du Seuil), vous écrivez que la gauche a une vision « misérabiliste » du travail, qu’elle n’est pas « travailliste ». La gauche version sociale-démocrate est-elle fichue ?

Non, la gauche n’est pas fichue. En Europe, elle est encore puissante. On la voit à l’œuvre en Allemagne et dans certains pays nordiques. En France, oui, la gauche a trop souvent considéré que le travail était un sujet subalterne. Par manque de réflexion, par facilité ou aussi parce qu’elle avait perdu les ouvriers, la gauche a lâché le monde du travail. Résultat : elle s’est contentée le plus souvent d’une vision misérabiliste quand certains ont carrément opté pour la défense du droit à la paresse !

Est-ce que vous maintenez que le pays vit une « grave crise démocratique », ce que le président de la République a contesté ? N’est-ce pas plutôt une crise de la gouvernance ?

Cette crise démocratique existait avant le conflit des retraites et même avant l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Elle s’est beaucoup creusée. C’est un fait : les gens n’ont plus vraiment confiance dans les institutions qui sont censées nous régir collectivement. Il y a une défiance manifeste. Quand les gens ont le sentiment de ne plus être écoutés, que leur situation n’est pas prise en compte par ceux qui sont censés les représenter alors s’installe une crise démocratique. Et dans cette situation que nos gouvernants préfèrent nier, les plus audibles sont les extrêmes. Quand on est dans un débat public qui est vicié, il ne faut pas s’étonner que les gens aient envie de gueuler pour se faire entendre.

Etes-vous favorable au principe d’un ISF Vert pour financer les conséquences économiques de la transition climatique préconisé par l’économiste Jean Pisani-Ferry ?

Je salue ce travail qui nous permet de prendre la mesure du chemin à parcourir et avance des propositions concrètes pour financer ce qui doit constituer notre priorité. On ne peut pas les balayer d’un revers de main uniquement parce qu’un terme, ISF, ne plait pas. Je suis favorable à l’idée que pour financer les investissements nécessaires à l’indispensable transition climatique, nous aurons besoin d’investissements publics massifs. Il faudra donc trouver des ressources. Évidemment qu’il faudra mettre les plus hauts revenus davantage à contribution. Je m’inquiète de voir à quelle vitesse le gouvernement a refermé le débat lancé par deux économistes qui n’ont rien de dangereux gauchistes. J’ai peur que leur rapport finisse dans un placard. Or, nous sommes à un moment de bascule de l’histoire où il faut se demander comment on accélère en termes de transition écologique, de la planification écologique et qui, sous la responsabilité de la Première ministre, à l’évidence patine.

Faut-il une nouvelle réforme de l’immigration ?

La 21ème en vingt ans, c’est ça ? Non, je ne la crois pas nécessaire. Celle qui avait été préparée par Gérald Darmanin et Olivier Dussopt contenait quelques bonnes choses comme le dispositif permettant de régulariser les travailleurs sans papiers qui travaillent même s’il y avait aussi des manques. On ferait œuvre collective en régularisant les travailleurs sans papiers. On libérerait un certain nombre d’hôtels sociaux. On permettrait à des gens qui travaillent déjà de rentrer dans le circuit économique normal. Or à quoi assistons-nous ? A une nouvelle instrumentalisation du débat migratoire à des fins politiques.

Mais les Français réclament une réduction drastique de l’immigration comme l’ont fait certains pays scandinaves, ou comme le recommandent Les Républicains…

La question migratoire est avant tout européenne. J’ai le sentiment qu’à force de ne pas vouloir poser un peu sereinement les enjeux du débat, c’est à dire en écoutant par exemple le patronat et le nécessaire besoin de main d’œuvre, on court à la catastrophe. Il y a aussi un devoir d’humanité avec les migrants. Il faut une politique de régularisation j’en suis convaincu mais essayons de poser le débat de façon apaisée. Quand j’entends Bruno Retailleau vouloir supprimer l’Aide médicalisée d’urgence, je dis halte au n’importe quoi. Écoutons les médecins qui nous disent que c’est juste impossible de ne pas soigner des gens malades !

Que ressentez-vous à vingt jours de votre départ ?

Un mélange de sérénité et de mélancolie. Je suis serein pour deux raisons. D’abord, le sentiment d’avoir fait le job. On ne le fait jamais parfaitement mais je vois que la CFDT va bien. Je me réjouis que la passation de pouvoirs se passe dans d’excellentes conditions comme ce fut le cas entre François Chérèque et moi-même et, avant, entre Nicolas Notat et François. Ce n’est pas le cas dans toutes les organisations. Je vais retrouver une vie normale, en tout cas plus calme. Presqu’onze ans, ça commence à peser même si j’éprouve au moment du départ de la mélancolie. J’ai adoré cette fonction. J’ai aimé les gens avec qui j’ai travaillé au quotidien. La page se tourne mais je reste un militant.

Que retenez-vous de votre décennie passée à la tête de la CFDT ? Avez-vous des regrets ?

Oui, des regrets forcément. Les chiffres d’adhésion sont meilleurs aujourd’hui mais, je regrette que l’on n’ait pas suffisamment développé la syndicalisation. Avant le conflit des retraites, on comptait à la fin de l’année 2022 610.000 adhérents. Depuis janvier, on a enregistré 40.000 nouvelles adhésions. Donc voilà, on redevient attractifs. Il faut poursuivre sur cette lancée. J’ai le regret que l’on n’ait pas toujours réussi à faire aboutir un certain nombre de négociations. Si on avait réussi sur le dialogue social en 2015, on aurait peut-être échappé aux ordonnances Pénicaud en 2017.

Le grand regret c’est aussi l’abandon du projet de loi sur le système de retraites universel qui permettait de corriger des inégalités du système actuel. La CFDT avait soutenu la réforme. Sans le Covid, ça passait. Mais il y a aussi de grandes fiertés comme En 2013, lorsqu’on a obtenu avec le Medef sous Laurence Parisot d’avoir des représentants salariés dans les conseils d’administration des entreprises. La plus grande étant sans doute d’avoir placé la CFDT tout en haut de la hiérarchie syndicale en 2018. Une première place confirmée en 2021.

Pourquoi dites-vous que le syndicalisme est sorti gagnant de la séquence des retraites alors que des millions de salariés ont marché pour rien ?

Je ne peux pas vous laisser dire qu’ils n’ont marché pour rien. Oui, le syndicalisme sort renforcé parce qu’on a démontré la centralité syndicale parce qu’il a permis à des millions de travailleurs d’exprimer leur dignité, leur fierté. Il faut quand même se rappeler d’où l’on vient. En 2018, on disait de nous après les gilets jaunes qu’on ne représentait rien, que la contestation sociale prendrait de nouvelles formes. C’est l’inverse qui s’est passé. Les cortèges ont dépassé nos espérances. Après, on nous a dit « ça va être le bordel ». Pas du tout. Les manifestations se sont déroulées dans un parfait calme à de rares exceptions. On a réussi à manifester dans la dignité. J’ajoute que la CFDT a assumé le leadership sur cette mobilisation. Bien sûr, à l’arrivée, on n’a pas réussi à faire revenir le gouvernement sur sa décision. On ne gagne pas à tous les coups.

Les syndicats ont perdu toutes leurs batailles ces dernières années…

Non, ce n’est pas vrai. Sur le terrain, les syndicats remportent des luttes locales. On a obtenu des augmentations salariales conséquentes, on a préservé des emplois, on a amélioré les conditions de travail de milliers de salariés dans les entreprises où nous sommes présents. Ce que je constate c’est qu’il y a trois ans, on n’avait pas le même regard sur les syndicats. On disait de nous que nous étions morts. Nous nous sommes remis en cause à la CFDT. On a mené un travail de fond pour élargir notre implantation et se mettre à l’écoute des salariés. Cela a payé. 60% de nos adhérents sont issus du privé. Nous sommes en prise avec le monde du travail réel. Je n’ai pas été surpris de voir ces salariés du secteur des services et de la santé participer à leurs premières manifs. Nous n’avons peut-être pas gagné au sens sportif du terme, mais on a montré qu’on savait mettre en exergue ce qui était l’expression du monde du travail et se mobiliser contre une réforme qu’on considère injuste.

Mais pendant le conflit des retraites, cela a tourné aussi à une affaire personnelle entre Emmanuel Macron et vous-même ? Vous allez d’ailleurs quitter la tête de la CFDT sans revoir le président de la République ?

Oui et alors ? Cette personnalisation du conflit est venue beaucoup de lui et sans doute aussi des médias. Quand il cible la CFDT dans son interview au journal de 13 heures, il jette inutilement de l’huile sur le feu. Il n’a pas cherché à apaiser la situation. Même chose quand il évoque le camp des irresponsables devant des éditorialistes. Il est président, je suis syndicaliste. Chacun est à sa place.

En 2012, vous déclariez que « le Front national était toujours trop haut et que ce parti était une tâche sur la démocratie ». Diriez-vous la même chose du Rassemblement national dix ans plus tard ?

Oui. Le Rassemblement national est beaucoup trop haut. Ça montre bien qu’on a un problème démocratique. Parce que c’est faux de croire que le Rassemblement national serait une réponse aux enjeux de transformation que sont la question écologique, la situation internationale, les tensions sociales. Je ne crois pas que le Rassemblement national soit un parti comme les autres et je continue de le penser. Je ne m’accommode pas de cette situation avec une Marine Le Pen aux portes du pouvoir.

La perspective de Marine Le Pen favorite pour la présidentielle de 2027 pourrait-elle être une raison exceptionnelle pour vous engager en politique
?

Si, j’avais foi dans l’homme ou la femme providentielle… Mais je ne crois pas du tout que la réponse soit individuelle. Je ne veux pas faire de politique. Pas question de gêner la CFDT. Et puis, je n’ai pas le goût pour la politique. Pour autant, je ne me tairai jamais face au risque Le Pen. Je participerai au débat public sous une forme ou sous une autre mais à la place qui sera la mienne. Et après on verra bien ce qui se passe dans les années à venir. Mais si c’est pour aller conduire sur une liste ou aller chercher les suffrages, c’est non.

Que dites-vous à votre successeure Marylise Léon avant de prendre ses fonctions ?

Bon courage. C’est une chance de diriger l’organisation syndicale dans laquelle on a choisi de militer. C’est beaucoup de travail et des satisfactions. Je lui dis aussi de se méfier de l’écume des réseaux sociaux. La vérité se situe toujours sur le terrain, au contact des militants.

Qui seraient vos invités (personnages morts ou vivants) dans un dîner parfait
?

Nelson Mandela, un modèle, une inspiration par sa capacité à apaiser les situations les plus compliquées. Ensuite Pierre Mendès-France pour son éthique et sa pratique du pouvoir. Bruce Springsteen enfin car j’ai raté son dernier concert. Et puis, il y a mon prédécesseur François Chérèque, décédé trop tôt, et avec qui j’aurais aimé faire cette bouffe.

En quoi souhaiteriez-vous vous réincarner ?

En dauphin, ceux qu’on croise près de l’île de Sein.

Qu’aimeriez-vous sur votre épitaphe ?

La distance entre le rêve et la réalité s’appelle l’action.

Et si c’était à refaire, quel métier aimeriez-vous exercer ?

Journaliste. Cela permet de poser des questions et de ne pas y répondre.

De quoi rêviez-vous enfant ?

Je voulais être berger dans les montagnes.

Où aimeriez-vous être en 2027 ?

Sur un kayak le long des côtes bretonnes.

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