Archive pour le Tag 'terre'

Tremblement de terre : les satellites au secours des conséquences

Tremblement de terre : les satellites au secours des conséquences

Un séisme de magnitude 6,8 a frappé le Maroc à 11km d’Adassil le vendredi 8 Septembre 2023 à 23h11 heure locale. On déplore plus de 2 000 décès et autant de blessés avec un bilan qui pourrait encore s’alourdir. Depuis l’espace, on peut obtenir des informations cruciales pour guider les secours et l’aide humanitaire qui convoie eau et vivres, mais qui sont inaccessibles depuis le sol, en particulier en cas de catastrophes. Il s’agit de cartographier l’état des routes, des ponts, des bâtiments, et aussi – et c’est crucial ici – de repérer les populations qui tentent d’échapper aux effets de potentielles répliques en se regroupant dans des stades ou d’autres espaces ouverts.

par Emilie Bronner
Représentante CNES au Secrétariat Exécutif de la Charte Internationale Espace et Catastrophes Majeures, Centre national d’études spatiales (CNES) dans The Conversation

Afin de tourner rapidement les yeux des satellites vers les régions concernées, les Nations Unies (UNITAR) ont demandé l’activation de la charte internationale « Espace et catastrophes majeures » le samedi matin à 7h04 heure locale pour le compte de l’organisation humanitaire internationale FICR (Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge).

Dans la foulée, les satellites optiques et radar les plus appropriés de huit agences spatiales ont été programmés. Pour la France, il s’agit des satellites optiques Pléiades et Pléiades Neo (de haute et très haute résolution), qui fourniront de premières images dès demain matin, lors de leur passage au-dessus de la zone, le temps de charger le plan de vol. Des satellites radar viendront compléter les informations des satellites optiques, car ils fonctionnent aussi la nuit et à travers les nuages, et peuvent imager les glissements de terrain et les changements d’altitude, même très faibles.

Chaque année, des millions de personnes partout dans le monde sont touchées par des catastrophes, qu’elles soient d’origine naturelle (cyclone, tornade, typhon, tremblement de terre, glissement de terrain, éruption volcanique, tsunami, inondation, feu de forêt, etc.) ou humaine (pollution par hydrocarbures, explosion industrielle). L’intensité et la fréquence de ces évènements s’intensifient malheureusement avec le changement climatique, créant chaque jour un peu plus de sinistrés ou d’habitats précaires.

Dans le cadre de la charte internationale « Espace et Catastrophes majeures », on définit une catastrophe comme un événement de grande ampleur, soudain, unique et incontrôlé, entraînant la perte de vies humaines ou des dommages aux biens et à l’environnement et nécessitant une action urgente d’acquisition et de fourniture de données.

Glissement de terrain à Munnar, en Inde. L’accès aux zones touchées est souvent difficile. Rakesh Pai/Flickr, CC BY-NC-ND
Cette charte a été créée par le Centre National d’Études Spatiales et l’Agence spatiale européenne en 1999, rejoints rapidement par l’Agence spatiale canadienne. Aujourd’hui, 17 agences spatiales membres s’unissent pour offrir gratuitement des images satellites le plus rapidement possible sur la zone sinistrée. Depuis 2000, la charte a été activée 837 fois dans plus de 134 pays. Elle est depuis complétée par des initiatives similaires (Copernicus Emergency ou Sentinel Asia).

Près des trois-quarts des activations de la charte sont dues à des phénomènes hydrométéorologiques : tempêtes, ouragans et surtout inondations qui représentent à elles seules la moitié des activations. Dans ces situations de crise imprévues, quand les sols sont endommagés ou inondés et les routes impraticables, les moyens terrestres ne permettent pas toujours d’analyser l’étendue du désastre et d’organiser au mieux les secours et l’aide humanitaire. En capturant la situation vue de l’espace, avec des satellites très haute résolution, le spatial apporte rapidement des informations cruciales.

Dans certains cas, la charte ne peut pas être activée. Soit parce que l’objet est hors cadre de la charte (guerres et conflits armés), soit parce que l’imagerie spatiale n’est parfois pas d’un grand intérêt (canicules, épidémies), soit car les phénomènes ont une évolution lente (sècheresses) qui est incompatible avec la notion d’urgence au cœur de la mission de la charte.

Les données satellites en réponse aux crises dans le monde
Dès la survenue d’une catastrophe, les satellites sont programmés pour acquérir dans un délai très court des images au-dessus des zones impactées. Plus d’une soixantaine de satellites, optiques ou radars, sont mobilisables à toute heure.

Selon le type de catastrophes, on mobilisera différents satellites, en se basant sur des scénarii de crise préétablis – parmi eux : TerraSAR-X/Tandem-X, QuickBird-2, Radarsat, Landsat-7/8, SPOT, Pléiades, Sentinel-2 notamment.

Les images optiques sont semblables à des photos vues de l’espace, mais les images radar par exemple sont plus difficilement interprétables par les non-initiés. Ainsi, suite à la catastrophe, les informations satellites sont retravaillées pour les rendre intelligibles et y apporter de la valeur ajoutée. Elles sont par exemple transformées en cartes d’impacts ou de changements pour les secouristes, en cartes de vigilance inondations pour les populations, en cartographie des zones brûlées ou inondées avec estimation des dégâts pour les décideurs.

Le travail collaboratif entre les utilisateurs de terrain et les opérateurs satellitaires est primordial. Des progrès ont été faits grâce aux innovations des technologies d’observation de la Terre (notamment la performance des résolutions optiques – passant de 50 à 20 mètres puis à 30 centimètres actuellement) et des logiciels de traitement des données 3D, mais également grâce au développement d’outils numériques pouvant coupler données satellites et in situ. De plus, les besoins de terrain ont contribué à l’évolution des processus d’intervention de la charte en termes de délai de livraison et de qualité des produits délivrés.

La gestion de l’urgence est bien sûr primordiale mais il est important pour tous les pays affectés d’envisager une reconstruction et l’avenir. En effet, dans le « cycle du risque », après le sinistre et l’urgence humanitaire, le retour à la normale va ouvrir le temps de la reconstruction, de la résilience, de la prévention et de l’alerte. On ne peut prévoir les catastrophes mais on peut mieux s’y préparer, surtout dans les pays où le malheur est récurrent, avec par exemple la construction antisismique, le déplacement des zones d’habitation en lieu sûr, la sensibilisation aux gestes de survie, la création de lieux de rassemblements sécurisés, entre autres.

Plusieurs initiatives, appelées « Observatoires de la Reconstruction », ont été menées après des catastrophes d’envergure, par exemple à Haïti en 2021, ou suite à l’explosion de Beyrouth en 2019. Le but : planifier des acquisitions d’images satellites coordonnées pour permettre une évaluation détaillée et dynamique des dommages aux zones les plus touchées (bâti, routes, agriculture, forêts, etc.), suivre la planification des reconstructions, réduire les risques et enfin réaliser un suivi des changements à l’horizon de 3-4 ans.

Tremblement de terre au Maroc : Rabat curieusement sélectif pour accepter les aides !

Tremblement de terre au Maroc : Rabat curieusement sélectif pour accepter les aides !

Alors que de très nombreux pays ont proposé leur aide après les terribles conséquences du séisme, Rabat se montre très sélectif en acceptant pour l’instant seulement le secours de quatre pays à savoir l’Espagne, la Grande-Bretagne, le Qatar et les Emirats arabes unis. Pour des questions diplomatiques, le concours de la France n’est pas souhaité actuellement. Curieux car le roi au moment de la catastrophe était soigné dans un établissement hospitalier français.

Une sorte de réaction d’orgueil voir de dédain qui va pérenniser la situation dramatique de nombreuses populations qui ont tout perdu et qui recherchent pour certains leurs proches.

Le Maroc démontre à l’évidence que la politique ne fait pas bon ménage avec les priorités humanitaires. Même un pays très développé aurait besoin de l’aide de tous avec une telle catastrophe.

L’enjeu pour l’instant est en effet de tenter de sauver toutes les vies possibles. Il faudra aussi engager un énorme effort de reconstruction sur des bases techniques autrement plus sérieuses.

Enfin le tourisme l’une des activités principales du pays va se trouver affectée et il faudra plusieurs années pour rebâtir dans les zones concernées et rendre le pays à nouveaux attractif.
Il y a de toute évidence a progresser en manière d’aide humanitaire qui ne serait être conditionnée aux relations politiques notamment diplomatiques.

Cette réaction d’orgueil du Maroc pourrait lui coûter cher. On notera en particulier que l’Algérie et la France ont été écartés de la liste des pays autorisés à apporter leur aide.

Dissolution des écolos violents de «Soulèvements de la terre»

Dissolution des écolos violents de «Soulèvements de la terre»

Si la cause écologiste est indiscutable malheureusement elle n’est guère servie par des organisations davantage préoccupées de politique que d’environnement. C’est vrai pour Europe écologie les Verts qui progressivement glisse vers le gauchisme sociétal en même temps que le ridicule ( quand il propose par exemple de supprimer les fêtes légales d’origine religieuse, l’arbre de Noël ou tout simplement la croissance!).

D’une certaine manière, ce sont les alliés objectifs des productivistes libéraux qui démontrent qui discréditent par l’outrance et l’absurde la légitimité de la cause environnementale. Et parmi ces écolos, il y a maintenant ce collectif « les soulèvements de la terre qui font de la violence leur principal objectif bien avant toute préoccupation écologique .

Mais les jours du collectif Les Soulèvements de la Terre (SLT) sont désormais comptés. Ce mercredi, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a présenté en Conseil des ministres le décret de dissolution de ce mouvement écologiste, tenu pour responsable de diverses manifestations violentes survenues ces derniers mois en France.

En réponse à une question du député Renaissance, Thomas Rudigoz, qui dénonçait les nouveaux débordements ayant émaillé le rassemblement contre la liaison ferroviaire Lyon-Turin le week-end dernier, le ministre de l’Intérieur a déclaré «qu’aucune cause ne justifie qu’on blesse des policiers et des gendarmes».

Cela fait déjà deux mois que Gérald Darmanin attend ce décret. Dans la foulée de la mobilisation contre les mégabassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), orchestrée par Les Soulèvements de la Terre et qui avait dégénéré le 25 mars dernier, le ministre avait annoncé une sanction contre «SLT». La procédure contradictoire de dissolution avait été rapidement engagée.

Le dossier qui justifie cette mesure avait été constitué et transmis à l’organisation visée. Répondant aux attaques, cette dernière avait adressé dans les dix jours au ministère de l’Intérieur dix pages de contre-arguments. Bien qu’enclenchée rapidement, la procédure avait été interrompue.

Le blocage venait de Matignon. Tenue de mettre à l’ordre du jour du Conseil des ministres la dissolution des Soulèvements de la Terre, Élisabeth Borne a tardé à le faire. De source proche de ce dossier, on avait indiqué que la Première ministre rechignait à prendre cette mesure.

Le blocage est donc désormais bien levé. Le sort de «SLT» figurant sur la liste des sujets abordés en Conseil des ministres ce mercredi, Gérald Darmanin va, au cours de cette réunion, présenter le décret. Ce dernier pourrait être aussitôt publié au Journal officiel. Réagissant à cette annonce, les responsables des Soulèvements de la Terre ont dénoncé une «dissolution très politique et particulièrement inquiétante».

En parallèle de cette décision politique, la justice s’est également emparé du dossier. Hasard du calendrier, quatorze personnes ont été placées en garde à vue ce mardi dans le cadre d’une enquête portant sur l’action violente survenue en décembre dernier dans les Bouches-du-Rhône et visant une cimenterie du groupe Lafarge. Plusieurs militants écologistes s’étaient introduits par effraction dans l’usine de La Malle qu’ils avaient saccagée. L’action avait été soutenue par les Soulèvements de la Terre.

Dans une note émanant des services de renseignements, «STL» est décrit comme une structure dangereuse qui normalise la violence. Bien que récente, l’organisation «joue un rôle majeur dans la conception, la diffusion et l’acceptation de modes opératoires violents, favorisant et valorisant ainsi le processus de radicalisation d’une partie de la mouvance écologiste et d’ultragauche», peut-on notamment lire dans ce document.

Vers la dissolution des écolos violents de «Soulèvements de la terre»

Vers la dissolution des écolos violents de «Soulèvements de la terre»

Si la cause écologiste est indiscutable malheureusement elle n’est guère servie par des organisations davantage préoccupées de politique que d’environnement. C’est vrai pour Europe écologie les Verts qui progressivement glisse vers le gauchisme sociétal en même temps que le ridicule ( quand il propose par exemple de supprimer les fêtes légales d’origine religieuse, l’arbre de Noël ou tout simplement la croissance!).

D’une certaine manière, ce sont les alliés objectifs des productivistes libéraux qui démontrent qui discréditent par l’outrance et l’absurde la légitimité de la cause environnementale. Et parmi ces écolos, il y a ne maintenant cecollectif « les soulèvements de la terre qui font de la violence leur principal objectif bien avant toute préoccupation écologique .

Mais les jours du collectif Les Soulèvements de la Terre (SLT) sont désormais comptés. Ce mercredi, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, va présenter en Conseil des ministres le décret de dissolution de ce mouvement écologiste, tenu pour responsable de diverses manifestations violentes survenues ces derniers mois en France.

En réponse ce mardi à une question du député Renaissance, Thomas Rudigoz, qui dénonçait les nouveaux débordements ayant émaillé le rassemblement contre la liaison ferroviaire Lyon-Turin le week-end dernier, le ministre de l’Intérieur a déclaré «qu’aucune cause ne justifie qu’on blesse des policiers et des gendarmes».

Cela fait déjà deux mois que Gérald Darmanin attend ce décret. Dans la foulée de la mobilisation contre les mégabassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), orchestrée par Les Soulèvements de la Terre et qui avait dégénéré le 25 mars dernier, le ministre avait annoncé une sanction contre «SLT». La procédure contradictoire de dissolution avait été rapidement engagée.

Le dossier qui justifie cette mesure avait été constitué et transmis à l’organisation visée. Répondant aux attaques, cette dernière avait adressé dans les dix jours au ministère de l’Intérieur dix pages de contre-arguments. Bien qu’enclenchée rapidement, la procédure avait été interrompue.

Le blocage venait de Matignon. Tenue de mettre à l’ordre du jour du Conseil des ministres la dissolution des Soulèvements de la Terre, Élisabeth Borne a tardé à le faire. De source proche de ce dossier, on avait indiqué que la Première ministre rechignait à prendre cette mesure.

Le blocage est donc désormais bien levé. Le sort de «SLT» figurant sur la liste des sujets abordés en Conseil des ministres ce mercredi, Gérald Darmanin va, au cours de cette réunion, présenter le décret. Ce dernier pourrait être aussitôt publié au Journal officiel. Réagissant à cette annonce, les responsables des Soulèvements de la Terre ont dénoncé une «dissolution très politique et particulièrement inquiétante».

En parallèle de cette décision politique, la justice s’est également emparé du dossier. Hasard du calendrier, quatorze personnes ont été placées en garde à vue ce mardi dans le cadre d’une enquête portant sur l’action violente survenue en décembre dernier dans les Bouches-du-Rhône et visant une cimenterie du groupe Lafarge. Plusieurs militants écologistes s’étaient introduits par effraction dans l’usine de La Malle qu’ils avaient saccagée. L’action avait été soutenue par les Soulèvements de la Terre.

Dans une note émanant des services de renseignements, «STL» est décrit comme une structure dangereuse qui normalise la violence. Bien que récente, l’organisation «joue un rôle majeur dans la conception, la diffusion et l’acceptation de modes opératoires violents, favorisant et valorisant ainsi le processus de radicalisation d’une partie de la mouvance écologiste et d’ultragauche», peut-on notamment lire dans ce document.

Tremblement de terre en France vendredi

Tremblement de terre en France vendredi

La secousse de 508 de magnitude s’est produite aux alentours de 18h38, à proximité des communes de Surgères (Charente-Maritime) et Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres), à mi-chemin entre La Rochelle et Niort, près du Marais poitevin. Elle a été ressentie jusqu’à Rennes, Bordeaux et Limoges.

« Il s’agit de l’un des séismes les plus forts enregistrés sur le territoire métropolitain », a souligné le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu. En 1993, un séisme de magnitude 5,5 avait frappé Guérande, en Loire-Atlantique. En 1996, ce sont les Pyrénées-Orientales qui avaient été touchées par une secousse de magnitude 6. Des séismes de magnitude 5,4 avaient également été ressentis dans le Morbihan en 2002, dans les Vosges en 2003 et dans la Drôme en 2019.

Biodiversité , enjeu de vie sur terre

Biodiversité , enjeu de vie sur terre

Alors que va s’ouvrir la plus grande conférence sur la biodiversité depuis plus de dix ans, le monde a perdu près de 70 % de sa population d’animaux sauvages depuis 1970. Ce que nous pourrons préserver du reste dépendra donc de la COP 15. La conférence des Nations Unies sur la biodiversité qui se tiendra à Montréal pourrait faire pour la biodiversité ce que l’Accord de Paris a fait pour le climat en 2015, en l’inscrivant résolument à l’ordre du jour des entreprises, des décideurs et des investisseurs. par Par Jenn-Hui Tan (Directeur Monde de l’Investissement Durable de Fidelity International) dans l’Opinion

L’expression sur toutes les lèvres est « nature positive » : l’idée que la véritable valeur économique de la nature doit être prise en compte et que le monde doit aller au-delà de la simple limitation des dommages.

L’un des objectifs de Montréal est ainsi de convenir d’un ensemble de règles et de normes qui encouragent l’allocation de capital en faveur des entreprises et des initiatives qui sont favorables pour la nature, permettant ainsi de contribuer à l’objectif ambitieux d’inverser l’érosion de la biodiversité d’ici 2030 et de restaurer les écosystèmes naturels d’ici 2050.
Défi plus difficile que le réchauffement climatique

C’est plus facile à dire qu’à faire. La mesure de l’étendue de la biodiversité, qui désigne la variété et l’abondance de la vie sur Terre, est un défi encore plus difficile à relever que celui du changement climatique. Les outils d’évaluation disponibles sont également moins développés que dans d’autres domaines du développement durable.
Par exemple, les investisseurs qui souhaitent comparer l’impact climatique de différents projets ou portefeuilles peuvent utiliser une mesure désormais largement adoptée, appelée équivalent CO2, pour évaluer les émissions de différents gaz à effet de serre en utilisant la même échelle.

Il n’existe pas de mesure de référence similaire pour la biodiversité. Si les émissions dans l’atmosphère contribuent au changement climatique quel que soit l’endroit où elles sont produites, les effets des interactions entre l’homme et la nature sont très différents d’un endroit à l’autre. Ce qui est dévastateur dans un endroit peut avoir un impact minime dans un autre.
Que fait le plus de bien à la nature ?
Chaque écosystème possède une combinaison unique de sols, de minéraux, d’eau, de conditions climatiques et d’autres facteurs qui rendent difficile l’élaboration de mesures pouvant être appliquées à grande échelle.

Néanmoins, une norme mondiale de déclaration des impacts sur la biodiversité basée sur plusieurs paramètres complémentaires est possible et constituerait une amélioration considérable des pratiques actuelles. Aujourd’hui, une entreprise peut indiquer le nombre d’hectares de terres qu’elle protège, tandis qu’une autre entreprise du même secteur indique le nombre d’espèces d’arbres qu’elle plante. Il n’est pas facile de déterminer qui fait le plus de bien à la nature.

Obliger des entreprises similaires à partager les mêmes informations, de sorte que les impacts et les effets d’un investissement sur la nature puissent être directement comparés à ceux d’un autre, constituerait un pas important vers le déblocage des financements nécessaires pour faire face à la menace que représente l’érosion de biodiversité.
Risques énormes liés à l’inaction

Il en va de même pour l’alignement des normes au niveau international et, dans la mesure du possible, de l’intégration des nouvelles règles aux normes climatiques existantes afin de réduire les coûts et les frictions. Après tout, il s’agit de la même planète.

Ignorer le problème parce qu’il est complexe n’est pas une option. L’inaction comporte des risques énormes, pour la nature elle-même, mais aussi pour les entreprises et les portefeuilles d’investissement. Il y a les risques physiques – de nombreuses entreprises dépendent de processus naturels, comme la pollinisation des cultures pour l’agriculture.
Soit nous changeons notre mode de vie pour préserver le capital naturel, soit nous l’épuisons et nous devrons de toute façon changer notre mode de vie.
Il y a les risques de transition – les entreprises qui ne se préparent pas pourraient se retrouver du mauvais côté de la nouvelle réglementation visant à mettre fin à la déforestation ou à protéger la nature. Enfin, il existe des risques liés à la réputation et aux litiges pour les entreprises reconnues coupables d’avoir causé des dommages.
La moitié du PIB mondial dépend de la nature En vertu de la législation française, les institutions financières doivent désormais divulguer leurs risques et leurs impacts liés à la biodiversité, parallèlement aux informations similaires sur le climat.

Sur la scène internationale, la Taskforce for Nature-related Financial Disclosures (TNFD), qui s’inspire de la Taskforce for Climate-related Financial Disclosures (TCFD), doit être finalisée en 2023. La déclaration TCFD est déjà obligatoire pour certaines activités au Royaume-Uni et en Suisse et devrait être étendue aux juridictions du monde entier. Il devrait en être de même pour la directive TNFD à terme.

Environ la moitié du PIB mondial dépend modérément ou fortement de la nature, selon le Forum économique mondial. Soit nous changeons notre mode de vie pour préserver le capital naturel, soit nous l’épuisons et nous devrons de toute façon changer notre mode de vie. Donner aux investisseurs des outils comme les bonnes données dont ils ont besoin pour agir sur la biodiversité est une étape importante. Ce travail commence maintenant à Montréal.

Ukraine -Poutine : la politique de la terre brûlée

Ukraine -Poutine : la politique de la terre brûlée

La guerre en Ukraine prend des proportions de plus en plus dramatiques. Plus les forces de l’Ukraine progressent et plus et plus les répliques en direction de la population civile ukrainienne deviennent monstrueuses avec les bombardements des installations énergétiques mais aussi les bombardements sur les habitations et même les hôpitaux. L’enjeu n’est pas seulement la victoire militaire pour la Russie mais l’écrasement et la disparition d’un peuple et de sa culture.

La vérité c’est que l’autre enjeu autrement plus important pour Poutine et la survie du régime. Il paraît en effet de plus en plus vraisemblable que la Russie ne parviendra pas à gagner cette guerre. En clair elle va subir sa première défaite depuis longtemps. Le chef de l’État russe déjà contesté dans la coulisse pourrait bien provoquer a minima une révolution de palais car non seulement il y aura défaite militaire mais aussi un recul considérable de l’économie avec évidemment des conséquences sociales dans un pays déjà caractérisé par un faible niveau de vie sauf pour la mafia qui s’est appropriée les richesses.

Ces dernières semaines, alors que l’armée russe multiplie les défaites et recule de plus en plus sur le territoire ukrainien, La télévision russe officielle évoquait la possibilité de la défaite russe, hypothèse « inimaginable » pour Margarita Simonian, rédactrice en chef du média RT, invitée du jour.
« Qu’un autre quartier de Kiev soit privé d’électricité ne changera pas l’ampleur de la catastrophe qui s’abattra sur notre pays si nous perdons, c’est inimaginable, nous ne pouvons pas perdre ».

Pour Poutine , la défaite était évidemment inenvisageable et il est probable que dans un geste désespéré il tente une opération suicide en recourant à de nouveaux moyens de destruction qui pourraient bien secouer sérieusement l’Europe.

Russie-Poutine : la politique de la terre brûlée

Russie-Poutine : la politique de la terre brûlée

La guerre en Ukraine prend des proportions de plus en plus dramatiques. Plus les forces de l’Ukraine progressent et plus et plus les répliques en direction de la population civile ukrainienne deviennent monstrueuses avec les bombardements des installations énergétiques mais aussi les bombardements sur les habitations et même les hôpitaux. L’enjeu n’est pas seulement la victoire militaire pour la Russie mais l’écrasement et la disparition d’un peuple et de sa culture.

La vérité c’est que l’autre enjeu autrement plus important pour Poutine et la survie du régime. Il paraît en effet de plus en plus vraisemblable que la Russie ne parviendra pas à gagner cette guerre. En clair elle va subir sa première défaite depuis longtemps. Le chef de l’État russe déjà contesté dans la coulisse pourrait bien provoquer a minima une révolution de palais car non seulement il y aura défaite militaire mais aussi un recul considérable de l’économie avec évidemment des conséquences sociales dans un pays déjà caractérisé par un faible niveau de vie sauf pour la mafia qui s’est appropriée les richesses.

Ces dernières semaines, alors que l’armée russe multiplie les défaites et recule de plus en plus sur le territoire ukrainien, La télévision russe officielle évoquait la possibilité de la défaite russe, hypothèse « inimaginable » pour Margarita Simonian, rédactrice en chef du média RT, invitée du jour.
« Qu’un autre quartier de Kiev soit privé d’électricité ne changera pas l’ampleur de la catastrophe qui s’abattra sur notre pays si nous perdons, c’est inimaginable, nous ne pouvons pas perdre ».

Pour Poutine , la défaite était évidemment inenvisageable et il est probable que dans un geste désespéré il tente une opération suicide en recourant à de nouveaux moyens de destruction qui pourraient bien secouer sérieusement l’Europe.

Poutine : la politique de la terre brûlée

Poutine : la politique de la terre brûlée

La guerre en Ukraine prend des proportions de plus en plus dramatiques. Plus les forces de l’Ukraine progressent et plus et plus les répliques en direction de la population civile ukrainienne deviennent monstrueuses avec les bombardements des installations énergétiques mais aussi les bombardements sur les habitations et même les hôpitaux. L’enjeu n’est pas seulement la victoire militaire pour la Russie mais l’écrasement et la disparition d’un peuple et de sa culture.

La vérité c’est que l’autre enjeu autrement plus important pour Poutine et la survie du régime. Il paraît en effet de plus en plus vraisemblable que la Russie ne parviendra pas à gagner cette guerre. En clair elle va subir sa première défaite depuis longtemps. Le chef de l’État russe déjà contesté dans la coulisse pourrait bien provoquer a minima une révolution de palais car non seulement il y aura défaite militaire mais aussi un recul considérable de l’économie avec évidemment des conséquences sociales dans un pays déjà caractérisé par un faible niveau de vie sauf pour la mafia qui s’est appropriée les richesses.

Ces dernières semaines, alors que l’armée russe multiplie les défaites et recule de plus en plus sur le territoire ukrainien, La télévision russe officielle évoquait la possibilité de la défaite russe, hypothèse « inimaginable » pour Margarita Simonian, rédactrice en chef du média RT, invitée du jour.
« Qu’un autre quartier de Kiev soit privé d’électricité ne changera pas l’ampleur de la catastrophe qui s’abattra sur notre pays si nous perdons, c’est inimaginable, nous ne pouvons pas perdre ».

Pour Poutine , la défaite était évidemment inenvisageable et il est probable que dans un geste désespéré il tente une opération suicide en recourant à de nouveaux moyens de destruction qui pourraient bien secouer sérieusement l’Europe.

54 % des électeurs « insoumis « ont voté Macron

54 % des électeurs « insoumis « ont voté Macron

Selon de premières estimations de l’institut OpinionWay pour CNews et Europe 1, 54 % des électeurs insoumis de Mélenchon  se sont tournés vers le président sortant au second tour. Près d’un quart (24 %) ont voté pour Marine Le Pen et 22 % se sont abstenus ou ont glissé un bulletin blanc ou nul. Au total, 57 % des votants ont pris leur décision après le premier tour, selon OpinionWay. Ils sont même 18 % à s’être décidés « il y a quelques jours » et 12 % « aujourd’hui même ».

Emmanuel Macron: en « vert » de terre

 Emmanuel Macron: en « vert » de terre

 

Dans son discours à Marseille, samedi, le président candidat s’est fixé pour cap de faire de la France « une grande nation écologique ». Cette « ambition » n’est pas étrangère au score enregistré par La France insoumise. Reste un défi : repenser la manière dont l’action publique doit s’engager dans cette voie.

Une sorte de conversion  en vert de terre pour séduire à la fois les écolos verts rouges et les insoumis rouges verts. Plutôt une transformation en ver de terre qui a pour propriété  tout digérer. Ou l’appétit insatiable de Macron pour tout ce qui passe. Encore heureux qu’il n’y ait pas de courants politiques bouddhistes en France car Macron marcherait les pieds nus.

Editorial du « Monde ».

 

Depuis le début de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait le plus grand mal à expliquer aux Français pourquoi il sollicitait un second mandat. Samedi 16 avril, à Marseille, il a trouvé un but, exposé une vision, lancé un défi. Confessant des manquements, des retards, des faux pas, il s’est fixé pour horizon de faire de la France une « grande nation écologique »« la première à sortir du gaz, du pétrole et du charbon ». Dans la foulée, il a promis « d’aller deux fois plus vite dans la réduction des gaz à effet de serre », alors que son mandat reste marqué par l’abandon de la taxe carbone, consécutive au mouvement des « gilets jaunes ».

Cette « nouvelle ambition » portée par un président de la République qui a été, tout au long de son quinquennat, accusé par les organisations environnementales de ne pas agir suffisamment contre le réchauffement climatique peut prêter à caution. D’autant qu’elle n’est pas intervenue spontanément. Elle résulte de la pression exercée par le bon score de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l’élection présidentielle. Devenu le héraut de la planification écologique, l’« insoumis » a récolté 22 % des suffrages exprimés le 10 avril et réalisé des scores importants chez les moins de 35 ans. La façon dont ses électeurs vont se reporter au second tour est devenue déterminante, alors que la seule consigne qu’ils ont reçue est de ne pas donner leur voix à Marine Le Pen.

Pour ne pas se couper d’une jeunesse qui, face au dérèglement climatique et à la dégradation de la biodiversité, rêve d’un autre monde en s’exaspérant que rien ne bouge assez vite, Emmanuel Macron se devait d’envoyer des signaux forts. Il a repris à son compte les notions de « planification écologique » et d’« avenir en commun » développées par Jean-Luc Mélenchon. Il a fait siens plusieurs engagements contenus dans le projet du candidat, comme la rénovation thermique de 700 000 logements par an sur toute la durée du quinquennat. Il a en revanche assumé deux désaccords de fond, l’un sur le nucléaire, l’autre sur la décroissance.

La partie la plus intéressante du discours de Marseille a porté sur la façon dont, concrètement, le président sortant s’y prendrait, s’il était réélu, pour tenir son ambition. La démission de Nicolas Hulot, qu’il avait nommé en 2017 ministre d’Etat, ministre de la transition écologique et solidaire, avec rang de numéro trois du gouvernement, reste un échec cuisant. En quittant son ministère, le militant écologiste avait déploré son extrême solitude au milieu de structures gouvernementales et administratives qui continuaient de penser et de fonctionner comme avant.

uel Macron tire les leçons de ces blocages. Dans le schéma qu’il défend, c’est le premier ministre, chargé de l’interministériel, qui piloterait la planification écologique, épaulé par deux ministres « forts », l’un responsable de la « planification énergétique », l’autre de la « planification écologique territoriale » en lien avec les élus locaux.

Tout dans le détail reste encore à inventer, mais l’intention est enfin assumée : l’action publique, dans son ensemble, doit être repensée à l’aune de la transition écologique. Parallèlement, une nouvelle approche, moins verticale, plus participative, plus décentralisée se dessine, pour tenter de donner corps à cette révolution présentée comme l’ambition de toute une nation. On peut déplorer que la mue s’opère si tardivement, mais on peut aussi se réjouir qu’elle soit enfin affirmée.

 

Ukraine: La politique de la terre brûlée de Poutine

Ukraine: La politique de la terre brûlée de  Poutine


Confronté à une résistance inattendue autant qu’héroïque des Ukrainiens, le président russe semble prêt à utiliser tous les moyens pour arriver à ses fins (papier de l’Opinion)

 

Prévue pour s’étendre sur quelques petits jours, « l’opération militaire spéciale » lancée par la Russie en vue de « démilitariser et dénazifier » l’Ukraine dure bientôt depuis un mois. Et cette guerre que Vladimir Poutine refuse d’appeler de son vrai nom prend un tour de plus en plus dramatique alors que les troupes russes semblent s’enliser dans leurs attaques. Villes assiégées, bombardements contre des immeubles d’habitation, des hôpitaux, des crèches, des écoles… rien n’échappe à la colère du maître du Kremlin qui semble peu se soucier des sanctions économiques prises contre son pays, pas plus que des accusations de crime contre l’humanité lancées contre lui. Si ce n’est pour y trouver une raison de menacer de rompre les relations diplomatiques avec les Etats-Unis dont le président a été l’un des premiers à le traiter de criminel de guerre.

Confronté à une résistance inattendue autant qu’héroïque des Ukrainiens, le président russe semble prêt à utiliser tous les moyens pour arriver à ses fins. Certains le voient même recourir en dernier ressort à l’arme chimique, voire nucléaire, si Kiev continue à refuser de plier sous son joug. L’escalade n’est sans doute pas finie et, avec elle, son lot de drames humains. Déjà, l’Ukraine compte près de 7 millions de déplacés et 3,4 millions deréfugiés, selon les estimations des Nations unies. Berlin estime que ce dernier chiffre pourrait atteindre les 8 à 10 millions dans les semaines qui viennent. Au « mieux », l’Europe doit se préparer à un conflit long avec la Russie qui promet de mettre à l’épreuve son sens de la solidarité, qu’elle soit intra-européenne ou à l’égard de Kiev. Il aura fallu moins d’un mois pour mettre fin aux espoirs de cohabitation pacifique nés il y a trente ans avec l’éclatement de l’Union soviétique. Car, rien ne sera plus comme avant.

Politique de la terre brûlée pour Poutine

Politique de la terre brûlée pour Poutine

Vladimir Poutine est-il en train de perdre sa guerre en Ukraine ? Après trois semaines de combats, « les objectifs russes de départ sont devenus illusoires », analyse Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, directeur de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire. Pertes nombreuses, fatigue physique et morale des soldats, forte résistance ukrainienne, problèmes logistiques, erreurs stratégiques… Les raisons de cette stagnation de l’armée russe sont nombreuses. Et après ? « Le problème pour Poutine est que plus la guerre dure, plus il est fragilisé », poursuit-il. En conséquence, « le plus probable est qu’il y ait une escalade du conflit », avec notamment une barbarisation de ce conflit. (JDD)

La Russie est-elle en train de perdre sa guerre en Ukraine ?

C’est tout à fait possible. J’avais écrit dès le début de l’invasion que, même si l’issue militaire du conflit semblait favorable aux Russes, Vladimir Poutine avait déjà perdu la guerre pour d’autres raisons (politiques, économiques). Mais là, après trois semaines de combats, il n’est même plus sûr que la Russie puisse remporter une victoire militaire. L’armée russe n’avance plus sur le terrain ou extrêmement lentement et la résistance ukrainienne est de plus en plus forte. Les objectifs russes de départ sont devenus illusoires. Prendre de grandes villes comme Kiev ou Odessa prendrait des mois et il faut tenir compte de la fatigue de l’armée russe qui est aussi morale. En fait, elle risque tout simplement de s’effondrer, que ce soit par la base ou par la tête, par ces soldats et officiers qui n’ont pas voulu de cette guerre. Ce n’est pas la leur, c’est celle de Poutine. D’où l’appel du Kremlin à des combattants tchétchènes ou syriens qui ont a priori moins de scrupules. Les soldats qui sont déployés aujourd’hui en Ukraine participaient à des exercices militaires lorsqu’on leur a fait traverser la frontière du jour au lendemain sans leur expliquer pourquoi. Il ont des problèmes logistiques importants, de très nombreuses pertes et aucune victoire majeure. Plusieurs indices témoignent d’une motivation chancelante. D’autant que ceux d’entre eux qui parviennent à contourner la censure peuvent aussi prendre conscience que cette guerre ne détruit pas que l’Ukraine mais aussi l’avenir de leur pays, la Russie.

La stagnation de l’armée russe est-elle due à un problème d’effectifs, d’équipement, de logistique ? Souffre-t-elle des trois à la fois ?
Oui, les trois. D’abord, elle est sous-dimensionnée. La première erreur stratégique est venue du renseignement. Pendant des années, les services de renseignement russe qui travaillaient en Ukraine ont menti au Kremlin, pour lui plaire, avec des rapports qui enjolivaient la réalité sur le terrain. C’est un biais qu’on retrouve dans tous les régimes autoritaires car il y a des conséquences fâcheuses quand on déplait. Les informations transmises ont donc fait croire à Moscou que le sentiment pro-russe dans certaines régions de l’est et du sud était beaucoup plus fort qu’en réalité et, sur la base de ce biais cognitif, Poutine s’est construit sa propre réalité de l’Ukraine et en a déduit que cette opération militaire devait être rapide et populaire. Il avait même imaginé qu’une partie de l’armée ukrainienne se retournerait contre le président Zelenski. C’est le contraire qui s’est passé : il y a eu un phénomène de « ralliement autour du drapeau » et la guerre a unifié la nation ukrainienne contre l’agresseur russe. Depuis, Poutine a puni les responsables des services qui l’avaient mal informé.

Il y a eu d’autres erreurs stratégiques, dont le choix d’une période de l’année où le froid et le dégel donc la boue causent toutes sortes de difficultés (un grand nombre de véhicules se sont tout simplement embourbés).
Il y a aussi des problèmes de ressources humaines : en Ukraine, c’est essentiellement l’armée de terre russe qui est à la manœuvre (il y a une sous-utilisation de l’arme aérienne et de la marine). Or, c’est celle qui a le moins bénéficié de la réforme des forces armées russes depuis 2008, et c’est celle qui a le plus de conscrits, qui par définition ne sont pas les soldats les plus professionnels. À cela s’ajoutent des problèmes d’équipement (des communications non cryptées donc interceptables, certains armements anciens) et des difficultés logistiques (manque de carburant et de rations notamment) renforcées par l’éclatement de l’offensive sur quatre fronts qui est aussi un éclatement des chaînes logistiques.

Cela signifie-t-il que Poutine doit redimensionner en volume cette opération pour reprendre le contrôle de cette guerre ?
Pour l’instant il ne semble pas avoir renoncé à l’approche quantitative puisqu’il continue de faire venir sur le théâtre des équipements, notamment des chars, et qu’il demande des renforts humains (combattants étrangers). Il essaye même de convaincre les Biélorusses de rentrer dans le conflit en les provoquant militairement par de fausses actions ukrainiennes. Son seul avantage, à ce stade, est encore le nombre. Mais comme on le disait tout à l’heure ça ne suffira pas pour prendre Kiev rapidement. Et à Odessa, un débarquement par la mer serait risqué car les assaillants sont très exposés. Le problème pour Poutine est que plus la guerre dure, plus il est fragilisé car le risque de contestation au sein des forces armées et/ou en Russie, y compris dans son premier cercle, augmente. Donc il doit changer la dynamique rapidement, dans les prochaines semaines. Son objectif minimal est d’obtenir quelques gains, comme la prise de Marioupol, pour être en position de négocier. Mais ça risque de ne pas être suffisant car si finalement il ne récupère que le Donbass plus ou moins redécoupé, son peuple pourrait avoir du mal à être convaincu qu’il s’agit d’une victoire, surtout au prix qu’ils vont payer. Donc, malheureusement, le plus probable est qu’il y ait une escalade du conflit – verticale par la barbarisation, ou horizontale par l’extension géographique. Parce que Poutine s’est mis dans une situation où la seule manière, pour lui, de s’en sortir par le haut, c’est-à-dire de dissimuler sa défaite, est d’escalader.

L’escalade verticale n’est-elle faite que de bombardements des zones d’habitation, comme en Syrie ?
C’est d’abord ça, en effet, et cette phase a déjà commencé. Partout dans le pays les Russes visent délibérément des habitations et des infrastructures comme des écoles et des hôpitaux, en violation flagrante du droit international humanitaire. Il ne fait a priori aucun doute que des crimes de guerre sont commis, peut-être même des crimes contre l’humanité s’il est établi que les attaques sont généralisées et systématiques – ce sera à la justice pénale internationale de le dire. Certaines villes sont particulièrement visées, dont Marioupol qui est un objectif prioritaire et dont les images ressemblent de plus en plus à celles d’Alep qui avait été complètement détruite par les Russes en 2016. Ils commencent à appliquer la même méthode. Raser une ville n’est pas la prendre : c’est ce que les criminels font lorsqu’ils ne parviennent pas à prendre la ville. C’est une logique de vengeance, de punition, pour pousser les habitants à se rendre, voire à se retourner contre leurs propres forces. C’est cela la barbarisation de la guerre. Et dans ce registre aussi l’escalade est possible, puisque les Russes peuvent utiliser des armes non conventionnelles comme l’arme chimique (dans une opération « sous faux drapeau » faisant croire à une responsabilité ukrainienne), une bombe « sale » (radiologique) ou même, ultimement, une frappe nucléaire tactique. Cette dernière hypothèse est improbable mais pas impossible.

Peut-on même imaginer une contre-offensive ukrainienne qui repousse les forces russes ?
Oui, mais pour cela il faut intensifier notre soutien aux forces ukrainiennes, c’est-à-dire leur livrer davantage d’armes, prioritairement des armes anti-aériennes, anti-char et des drones armés. C’est ce qui leur permet non seulement de se protéger contre les attaques de leurs villes et de leur population mais aussi de harceler les envahisseurs, de les ralentir et à certains endroits de les immobiliser. Cela étant dit, pour que les Ukrainiens puissent mener de véritables contre-offensives, il faudrait qu’ils soient dégagés de certains fronts. Une hypothèse est qu’à certains endroits, notamment autour de Kiev, l’objectif des Russes n’est pas tant de prendre la ville que de « fixer » les troupes ukrainiennes pour les empêcher de se redéployer ailleurs et de mener des contre-offensives là où ce serait possible.

Pourquoi l’armée russe ne se déploie pas à la frontière polonaise pour empêcher cette aide militaire occidentale à l’Ukraine ?
Parce que cela prendrait beaucoup de temps et mobiliserait énormément d’effectifs afin de rendre cette frontière hermétique et que, les ressources étant limitées, ce redéploiement allégerait peut-être le siège de Kiev ce qui permettrait aux Ukrainiens eux-mêmes de se redéployer pour mener des contre-offensives. Le plus probable, plutôt qu’une occupation terrestre tout au long de la frontière, sont des frappes de missiles, dont certaines ont déjà visé Lviv et une base près de la frontière. Le chef de la diplomatie russe, Sergei Lavrov, a dit qu’il n’excluait pas de s’en prendre aux convois d’armes, sans préciser de quel côté de la frontière la Russie pourrait frapper. Ce genre de déclaration ambiguë – qui signifie en réalité que la Russie pourrait frapper en Pologne, par exemple, et donc déclencher une confrontation directe, potentiellement escalatoire, avec l’OTAN – est fait pour nous diviser, nous dissuader de poursuivre et intensifier les livraisons d’armes. Comme l’intimidation nucléaire : l’objectif est de nous faire peur, pour que nous réduisions le soutien aux Ukrainiens. Il ne faut pas céder au chantage.

Le président Zelenski ne se sent-il pas de son côté de plus en plus fort ?
Naturellement et cela ne le pousse pas à faire des concessions puisqu’il est désormais en position de force et qu’il ne croit plus en la capacité de la Russie d’écraser l’Ukraine. Il a galvanisé son peuple et même l’opinion occidentale : il a déjà gagné la bataille de la communication qui est primordiale pour le moral des troupes. Il se dit qu’à force de tenir bon, l’ennemi va s’effondrer d’une manière ou d’une autre.

Vous évoquez un risque d’escalade horizontale par Poutine. De quoi parle-t-on ?
C’est l’exportation du conflit. Par exemple en frappant des territoires frontaliers non-membres de l’Otan comme la Suède, la Finlande ou la Géorgie. Mais il peut aussi déstabiliser les Balkans en aidant les Serbes de Bosnie à faire sécession. Il peut aussi détruire un satellite espion dans l’espace au prétexte qu’il aidait l’Ukraine. Ce serait du jamais vu mais les Russes ont déjà démontré cette capacité. La flotte russe peut également sectionner des câbles sous-marins vitaux pour nos communications internet, comme il semble qu’elle l’ait également testé il y a quelques mois au large de la Norvège. Escalader horizontalement, c’est déplacer le conflit, c’est-à-dire l’attention internationale, pour diluer donc dissimuler ses difficultés ukrainiennes. Et il y a de nombreuses manières de le faire, les plus intéressantes pour Poutine étant celles auxquelles on s’attend le moins…

Environnement : Le rôle central des vers de terre dans les sols

Environnement : Le rôle central des vers de terre dans les sols

 

Si l’Etat a reconnu le rôle essentiel de ces animaux dans la fertilité et la durabilité des sols, il faut désormais aller plus loin. Notre alimentation de demain est en jeu estime, dans une tribune au « Monde », Christophe Gatineau, agronome.

 

Tribune.

 

Je concède que la cause peut paraître dérisoire, face aux multiples tourments qui ravagent notre planète, face notamment au pouvoir d’achat, à l’emploi ou à la sécurité, ou à la pandémie en cours, mais sans sols nourriciers, sans sols pour le nourrir, quand l’homme a faim, exprime-t-il dans ces moments-là sa plus belle humanité ?

Le temps presse, les vers de terre et les sols battent de l’aile, et le climat n’aide pas. Pour résumer, les vers de terre nourrissent les sols qui nourrissent les plantes qui nous nourrissent ; ou nourrissent les animaux que nous mangeons. L’affaire est donc très (très) sérieuse, puisqu’elle concerne l’alimentation de demain : notre souveraineté alimentaire.

 

Auteur de deux ouvrages sur les vers de terre, je ne vais pas ici vous vanter tous les bienfaits de leur avenir sur notre futur. Unanimement reconnus par la communauté scientifique, ils ne sont pas devenus l’un des premiers marqueurs de la biodiversité tout à fait par hasard. Et nous savons tous qu’un sol, riche en vers, est fertile, solide et vivant.

Du coup, les sols vivants sont les seuls à être autonomes et en capacité de résister au changement climatique ; les autres n’étant que des candidats à l’érosion. Et beaucoup sont déjà sur la ligne de départ. En effet, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) en 2019 : « 60 % des sols mondiaux étaient dégradés à des degrés divers. » On parle bien des sols agricoles, ceux qui nous nourrissent. 25 % des sols européens sont déjà partis sur les chemins de l’érosion.

Or un sol érodé perd de sa capacité à nourrir. Moins autonome, il est plus dépendant aux soupes chimiques. La situation paraît désastreuse. Et elle l’est à une heure où la pression sur les sols est historique. A cause de la population mondiale qui atteint des sommets jamais égalés ; à cause de notre alimentation qui dépend de 95 à 100 % des sols avec nos régimes alimentaires !

Et comme un malheur n’arrive jamais seul, les experts du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ont prévu une importante baisse des rendements agricoles dans leur dernier rapport. Une baisse engendrée par le changement climatique et l’intensification des cycles de l’eau et du carbone, ce qui va encore affaiblir la capacité des sols à nourrir. Rappelons-nous : la terre qui nourrit est une denrée rare et non renouvelable, il faut au moins cent cinquante ans pour en refaire un seul petit centimètre !

 

Les vers  enrichissent la terre en matière organique, source première de leur alimentation, la rendant plus fertile. Cette matière organique prélevée en surface, mélangée par moyens et gros vers à de la terre, va être broyée au cours du transit et dégradée partiellement. Matières organiques et particules de terre vont commencer à se lier les unes aux autres. Au sortir du tube digestif le mélange est devenu bien plus riche que la terre d’origine, devenant selon l’élément minéral considéré (azote, phosphore, potassium, calcium…) de 2 à 7 fois plus concentré qu’au départ.On voit parfois ces excréments sous la forme de mini-terrils, les turricules, à la surface du gazon ou du potager. En creusant leurs galeries horizontales et verticales, les vers de terre agissent bien mieux que le jardinier et sa bêche. Les milliers de kilomètres creusés à l’hectare, essentiellement dans les 30 premiers cm du sol, sont autant de petits tunnels qui permettent l’aération du sol, sans quoi les racines et la faune du sol périraient rapidement. Ces galeries sont la voie royale souvent empruntée par les racines des plantes qui s’y développent sans avoir à forcer: la route est déjà creusée! cette aubaine est triple car la racine y trouve aussi davantage d’azote et d’oxygène que dans le reste du sol. Enfin, en cas d’excès de pluie, les galeries absorbent l’eau et permettent son évacuation par drainage, bien plus facilement qu’en sol compact, non colonisé par les vers.

La France: Terre d’un islam rétrograde ?

  • «La France: Terre d’un islam rétrograde ?
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  • Pour les intellectuels Jean-François Colosimo et Didier Leschi :« Il manque au sein de l’islam de France des clercs inspirés par les Lumières ou des Bernanos »
    • La laïcité est devenue un « mot-valise » pour Jean-François Colosimo tant extrême gauche et extrême droite entretiennent la confusion sur sa signification. L’histoire prouve combien les conflits nés du religieux peuvent avoir des dynamiques violentes, rappelle Didier Leschi. Huit mois après l’assassinat de Samuel Paty, les deux intellectuels s’interrogent : face aux actes de barbarie qui frappent la France, où en est la République ?
    • Le modèle singulier de la laïcité reste largement incompris. Les réactions liées à l’assassinat de Samuel Paty l’ont montré. Cette « religion française » est-elle en voie d’extinction ?
    • Jean-François Colosimo. Au sein de l’Europe dite sécularisée, six pays gardent une religion d’Etat (dont le Danemark, la Finlande, la Grèce ou la Grande Bretagne désormais hors de l’UE). Ils sont une dizaine à présenter une religion préférentielle et une quinzaine à disposer d’un concordat avec le Saint-Siège. La France tranche donc radicalement. Toutefois, si on veut faire de la laïcité une idéologie de combat contre le fait religieux, on se trompe lourdement. En 1905, un divorce à l’amiable a été prononcé. L’Eglise a cessé de vouloir dominer l’Etat et l’Etat, de se substituer à l’Eglise. Aujourd’hui, les extrêmes entretiennent une grave confusion sur la laïcité : l’extrême gauche en fait un synonyme du communautarisme et l’extrême droite de la xénophobie.
    • Didier Leschi. Cette séparation ne s’est pas faite totalement « à l’amiable », même si une fois bien comprise elle a permis de pacifier les rapports entre l’Eglise et l’Etat. Il a fallu convaincre, parfois par la force, ceux qui souhaitaient que l’Eglise garde une place singulière au sein de la société. Car au-delà du juridique, la laïcité a été l’inverse de la catholicité d’Ancien régime qui voulait imposer sa doxa dans la vie sociale de chacun. La loi de 1905 est l’aboutissement d’un long mouvement en particulier dans le monde enseignant. C’est pour cela aussi que l’assassinat de Samuel Paty est un traumatisme particulier.
    • Cette laïcité est doublement attaquée aujourd’hui : par l’islam et par le modèle communautariste anglo-saxon. Peut-elle y résister ?
    • D.L. : Il faut l’espérer car les conflits à partir du religieux peuvent avoir des dynamiques violentes. C’est ce que nous enseigne notre histoire, des guerres de Religion à l’écroulement de la République sous Vichy. Or, une des dimensions de l’islamisme c’est l’antisémitisme autant que le séparatisme. Cela va au-delà du communautarisme qui ne porte pas nécessairement le refus de l’altérité. Le fait que l’islam du « juste milieu » comme il se définit n’arrive pas à résister à sa prise en otage islamiste motive les craintes. La France, après avoir lutté pour ne plus être la fille aînée de l’Eglise, craint de devenir la fille cadette d’un islam qui serait une régression sociétale.
    • J.-F.C. : La Ligue islamique mondiale dépeint la France en parangon de l’athéisme militant et en ennemie du sacré. Les Etats-Unis relaient l’idée d’un pays liberticide. Cette alliance objective nous prend violemment en étau. Les Américains eux aussi distillent leur bonne parole communautariste dans nos banlieues. Les mouvements évangéliques y sont très actifs. Toutes sortes de formes religieuses importées — charismatiques, loubavitchs, salafistes — exercent leur influence et heurtent le logiciel millénaire de la France.« La bataille n’est pas seulement de l’ordre du droit, elle est aussi intellectuelle, théologique. Elle n’est pas uniquement du ressort de l’Etat. Elle se joue aussi dans les lieux de savoir et de débats
    • Quel rôle l’Etat doit-il jouer ?
    • J.-F.C. : En Grande-Bretagne, l’unité transcendante, c’est la reine. Aux Etats-Unis, c’est la constitution. En France, c’est l’Etat. Hier omnipotent, omniscient, providentiel, il est aujourd’hui hypertrophié et n’accomplit plus sa tâche de neutraliser l’absolutisme inhérent aux religions. La laïcité revient en effet à créer un no man’s land démilitarisé dans l’espace public. L’Etat est le videur du bar qui demande que l’on dépose son arme à l’entrée. Il l’a fait avec les protestants, les juifs, les catholiques afin d’empêcher la formation d’Etats dans l’Etat ou de ghettos confessionnels. La laïcité oppose la citoyenneté immédiate, universelle, égalitaire à l’identité définie par une croyance, une idéologie voire une ethnie, une sexualité.
    • D.L. : Notre régime de laïcité publique a fait sur la longue durée la démonstration que notre droit des cultes garantit pour chacun la liberté de croire ou ne pas croire. Cette liberté, l’Etat doit la protéger contre des individus ou des groupes voulant imposer à d’autres de manger de telle manière, de s’habiller de telle autre etc.. Il s’agit d’empêcher que l’espace public, l’entreprise ou encore l’école ne se transforment en lieu de pression des uns sur les autres. C’est ce que Jean-François Colosimo appelle « pacifier la religion ». Il est certain qu’il y a pu y avoir un effet retard, dans la réaction de l’Etat et des laïques. On se souvient de la difficulté à mettre en place la loi prohibant les signes ostensibles. Mais la bataille n’est pas seulement de l’ordre du droit, elle est aussi intellectuelle, théologique. Elle n’est pas uniquement du ressort de l’Etat. Elle se joue aussi dans les lieux de savoir et de débats, à l’université par exemple. Hélas, il manque au sein de l’islam de France des clercs inspirés par les Lumières ou des Bernanos. Fait défaut un discours combattant l’idée que la foi ne justifie jamais de décider de la mort violente de son prochain.
    • Dans un récent sondage Ifop, les lycéens se déclarent majoritairement défavorables à l’interdiction des signes religieux à l’école, au droit de critiquer la religion…
    • J.-F.C. : L’école n’enseigne plus ni la laïcité, ni la citoyenneté mais un vague « vivre ensemble ». Or, le communautarisme revient à exclure l’altérité. A diviser la nation en communautés qui, au mieux, cohabitent, on admet symboliquement la possibilité de la guerre civile.
    • D.L. : Il y a dans la jeunesse une dépolitisation qui n’aide pas à être citoyen. Aux identités laïques se sont substituées de manière exacerbée, dans les cours d’école, les identités religieuses. La guerre civile n’est pas que symbolique, des personnes malheureusement passent à l’acte. Et l’affaire Mila souligne qu’on peut passer de la symbolique à la volonté de terroriser, et même plus.
    • « L’Etat a imposé son diktat hygiéniste mais personne n’accompagnait les mourants et ne pouvait rendre hommage aux morts alors que, si le religieux recule, les rites funéraires restent observés en France »
    • La loi confortant les principes républicains va-t-elle changer la donne ?
    • J.-F.C. : Elle rompt l’équilibre de 1905, le Conseil d’Etat l’a relevé. Elle rate sa cible en créant un monstre bureaucratique nuisible pour les cultes normalisés et inefficace à l’égard des « séparatistes ». Le droit d’association devient dérogatoire, le contrôle a posteriori se transforme en autorisation a priori. Le tout sans effet sur l’hostilité combattante de l’islamisme envers la République. A tout prendre, deux lois distinctes auraient été préférables : l’une condamnant les pratiques coutumières, comme l’excision, contraires à notre conception des droits humains ; l’autre encadrant par un régime concordataire transitoire l’islam de France.
    • D.L. : Cela fait partie du débat entre nous. Devant un paysage cultuel plus divers qu’en 1905, on peut comprendre que le gouvernement n’ait pas voulu donner le sentiment de privilégier un culte. Mais les principales mesures concernent bien l’islam. Peut-être que les inconvénients réels, soulignés par Jean-François Colosimo, sont une manière œcuménique de partager les contraintes imposées par la nécessité de contrôler le nouvel arrivant pas totalement acculturé à nos équilibres entre foi collective et liberté individuelle.
    • Quelle trace laissera la crise de la Covid sur le spirituel ?
    • J.-F.C. : L’Etat a imposé son diktat hygiéniste annulant l’accompagnement des mourants et l’hommage aux morts. Or, si la pratique religieuse recule en France, les rites funéraires restent observés. L’Etat a cru pouvoir réguler les croyances à coups de circulaires administratives. De surcroît, le culte, comme le travail, a été dématérialisé. Or, il ne saurait être virtuel car il comporte une part fondamentale de matérialité corporative. On assiste depuis à un décrochage confessionnel. Les religions sortent essorées de la pandémie.
    • D.L. : Elle conforte aussi l’idée que la science des hommes est quand même le moyen le plus sûr pour protéger leur vie. Mais il est vrai que la difficulté qu’il y a eue à accompagner ses morts est sans doute ce qui nous rapprochait le plus sûrement de l’idée que nous étions en guerre, une guerre où l’ennemi n’est pas directement saisissable mais qui fait beaucoup de dégâts.
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