Archive pour le Tag 'l’Agriculture'

Banque Crédit agricole : ça va bien pour la « banque des paysans » moins bien pour l’agriculture

Banque Crédit agricole : ça va bien pour la « banque des paysans » moins bien pour l’agriculture

Le Crédit Agricole se porte très bien avec des résultats positifs de plus de 20 % ce qui devrait réjouir la « banque des paysans ». Des résultats qui tiennent moins au soutien des activités de l’agriculture en France qu’à une extension du rôle du crédit agricole à l’international et à une diversification des activités. En bref, le crédit agricole se porte bien et c’est tant mieux mais ressemble davantage à une banque internationale classique qu’à une institution de soutien à l’agriculture française, son rôle initial. Témoin, les difficultés de financement que rencontrent les agriculteurs notamment les jeunes qui veulent s’installer

Crédit Agricole, pourtant, semble survoler la saison : le groupe mutualiste a publié, ce jeudi matin, un résultat net part du groupe record , en hausse de 21 % au troisième trimestre, à 2,38 milliards d’euros. Crédit Agricole SA (CASA), l’entité cotée du groupe, bondit même de 32,8 % sur la période, à 1,74 milliard d’euros, pour 6,3 milliards d’euros de revenus. Ces résultats « s’inscrivent naturellement dans l’extension permanente du modèle du groupe », a salué Philippe Brassac, le directeur général de CASA.

Le ministre de l’agriculture contre la proposition de la Cour des Comptes de limiter l’élevage

Le ministre de l’agriculture contre la proposition de la Cour des Comptes de limiter l’élevage

Une réaction typiquement corporatiste du ministre de l’agriculture qui s’oppose avec fermeté à la proposition de la Cour des Comptes de limiter l’élevage pour des questions de pollution.

De toute évidence, il y a au sein du gouvernement deux positions totalement opposées. Celles en provenance des ministères de l’écologie qui souhaitent une réduction de la consommation de viande et celle du ministre de la culture qui veut le statu quo. Sans parler aussi du ministre de l’économie qui met son grain de sel dans l’affaire en constatant que les protéines animales génèrent presque le double de CO2 par rapport aux protéines végétales.

De toute manière ce n’est pas en affichant des postures soit pro écolo, soit pro agriculture industrielle que la France progressera dans ce domaine.

Cela révèle à l’évidence que le ministère de l’écologie est un portefeuille sans contenu et sans influence. Une évolution dans ce domaine demanderait détermination et lucidité mais pourrait se passer de réactions corporatifs surtout de la part d’un ministre.

Du ministre de l’Agriculture lui-même, qui a volé au secours de ces professionnels. Dans un long tweet publié mardi soir, Marc Fesneau a vertement critiqué les conclusions des Sages, sans jamais mentionner explicitement l’institution. «Jamais, on ne peut avancer en stigmatisant et en donnant pour seule perspective à toute une profession, la vindicte populaire et la disparition. Et personne ne peut accepter cela», écrit le ministre MoDem.

Sécheresse et gestion de l’eau : le gouvernement évite traiter de l’agriculture

Sécheresse et gestion de l’eau : le gouvernement évite traiter de l’agriculture

Pour faire face à la raréfaction de la ressource en eau, le chef de l’Etat a appelé à la sobriété. Mais le secteur agricole – qui en utilise 60%- reste dispensé d’efforts sérieux. Une distorsion qui retarde une inévitable adaptation des pratiques culturales. papier de Martine Valo dans le Monde

Dire qu’il était attendu est un euphémisme. Après les canicules de 2022, après la sécheresse hivernale de 2023, exceptionnelle avec ses trente-deux jours consécutifs sans pluie, le plan antipénuries du gouvernement suscitait beaucoup d’impatience, en particulier de la part des entreprises du secteur de l’eau et de l’assainissement – allait-on faire appel à leurs technologies ? –, et surtout d’interrogations chez les élus locaux – comment allaient-ils aborder l’été à venir qui s’annonce encore plus compliqué que le précédent dans de nombreuses régions ? Qu’allait retenir le gouvernement des très nombreuses propositions, recommandations, constats sévères, rapports, émanant respectivement du Comité national de l’eau, une instance consultative liée au ministère de la transition écologique, de la Cour des comptes, du Sénat, entre autres ?

Les augures sont obstinément alarmants : le 1er avril, 75 % des niveaux des nappes souterraines étaient bas, voire très bas. Malgré l’urgence, le Plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau a été plusieurs fois repoussé avant d’être finalement présenté par Emmanuel Macron en personne, le 30 mars, près des rives du lac de Serre-Ponçon, dans les Hautes-Alpes. L’allocution du chef de l’Etat peut se résumer en un appel général à la sobriété. La France, pays aux vertes forêts et aux rivières glougloutantes, doit se réveiller : les sécheresses intenses ainsi que les inondations meurtrières qui frappent le reste du monde la concernent aussi.

En 2019, les Assises de l’eau, qui avaient réuni tous les usagers, s’étaient conclues par un objectif de 10 % de prélèvements en moins en 2025 et de 25 % d’ici à 2034. Le président de la République a ramené ce mot d’ordre à − 10 % d’ici à 2030, mais dans tous les territoires et dans tous les domaines. Tous ? Il semble qu’un irréductible secteur résiste encore.

Bien que les usages agricoles représentent 58 % de la consommation d’eau en France, le ministre de l’agriculture n’était pas aux côtés d’Emmanuel Macron lors de ce déplacement officiel à Savines-le-Lac. Au même moment en effet, ledit ministre, Marc Fesneau, participait au congrès du syndicat agricole majoritaire, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), et y tenait des propos rassurants. Souveraineté alimentaire oblige, on ne lui demandera pas d’« effort supplémentaire ». Le lendemain, le ministre a à nouveau exposé sa pensée lors d’une conférence de presse où son homologue de la transition écologique, Christophe Béchu, détaillait

Gestion de l’eau : le gouvernement évite traiter de l’agriculture

Gestion de l’eau : le gouvernement évite traiter de l’agriculture

Pour faire face à la raréfaction de la ressource en eau, le chef de l’Etat a appelé à la sobriété. Mais le secteur agricole – qui en utilise 60%- reste dispensé d’efforts sérieux. Une distorsion qui retarde une inévitable adaptation des pratiques culturales. papier de Martine Valo dans le Monde

Dire qu’il était attendu est un euphémisme. Après les canicules de 2022, après la sécheresse hivernale de 2023, exceptionnelle avec ses trente-deux jours consécutifs sans pluie, le plan antipénuries du gouvernement suscitait beaucoup d’impatience, en particulier de la part des entreprises du secteur de l’eau et de l’assainissement – allait-on faire appel à leurs technologies ? –, et surtout d’interrogations chez les élus locaux – comment allaient-ils aborder l’été à venir qui s’annonce encore plus compliqué que le précédent dans de nombreuses régions ? Qu’allait retenir le gouvernement des très nombreuses propositions, recommandations, constats sévères, rapports, émanant respectivement du Comité national de l’eau, une instance consultative liée au ministère de la transition écologique, de la Cour des comptes, du Sénat, entre autres ?

Les augures sont obstinément alarmants : le 1er avril, 75 % des niveaux des nappes souterraines étaient bas, voire très bas. Malgré l’urgence, le Plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau a été plusieurs fois repoussé avant d’être finalement présenté par Emmanuel Macron en personne, le 30 mars, près des rives du lac de Serre-Ponçon, dans les Hautes-Alpes. L’allocution du chef de l’Etat peut se résumer en un appel général à la sobriété. La France, pays aux vertes forêts et aux rivières glougloutantes, doit se réveiller : les sécheresses intenses ainsi que les inondations meurtrières qui frappent le reste du monde la concernent aussi.

En 2019, les Assises de l’eau, qui avaient réuni tous les usagers, s’étaient conclues par un objectif de 10 % de prélèvements en moins en 2025 et de 25 % d’ici à 2034. Le président de la République a ramené ce mot d’ordre à − 10 % d’ici à 2030, mais dans tous les territoires et dans tous les domaines. Tous ? Il semble qu’un irréductible secteur résiste encore.

Bien que les usages agricoles représentent 58 % de la consommation d’eau en France, le ministre de l’agriculture n’était pas aux côtés d’Emmanuel Macron lors de ce déplacement officiel à Savines-le-Lac. Au même moment en effet, ledit ministre, Marc Fesneau, participait au congrès du syndicat agricole majoritaire, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), et y tenait des propos rassurants. Souveraineté alimentaire oblige, on ne lui demandera pas d’« effort supplémentaire ». Le lendemain, le ministre a à nouveau exposé sa pensée lors d’une conférence de presse où son homologue de la transition écologique, Christophe Béchu, détaillait

Amazon en France: pour tuer l’agriculture ?

Amazon en France: pour tuer l’agriculture ?

Il pourrait bien se passer dans l’agriculture et la filière agro alimentaire ce qui s’est produit dans l’industrie et la distribution. À savoir l’installation d’un intermédiaire entre production et consommation de dimension mondiale capable de peser sur l’origine des produits et leur prix. Au départ on propose de commercialiser les produits locaux et progressivement on leur substitue comme par exemple dans l’agriculture des produits en provenance en particulier d’Amérique du Sud.

Le géant américain du e-commerce expose pour la première fois au Salon de l’agriculture à Paris, pour y présenter son espace de vente dédié aux petits producteurs.

« Nous avons un double objectif: faire connaître notre ‘Boutique des producteurs’ aux visiteurs, et montrer aux producteurs les opportunités offertes par le numérique », explique Patrick Labarre, directeur de la marketplace Amazon France.
Lancée en 2018, la « Boutique des producteurs » propose de la charcuterie, des fromages, des chocolats, des confiseries ou encore des vins et des liqueurs. Elle revendique 400 producteurs et environ 13.000 références à l’heure actuelle. « On a l’ambition de proposer le choix de produits le plus large possible », assure Patrick Labarre. Amazon s’attaque aussi à la viande et aux paniers de fruits et légumes, au travers de boucheries et de coopératives.

Peu connu pour son offre alimentaire, le géant du e-commerce veut convaincre des petites entreprises de passer par sa marketplace plutôt que d’ouvrir un site web en direct, pariant notamment sur l’attrait que peut susciter sa large clientèle. Outre l’abonnement mensuel de 39 euros, il faut s’acquitter d’une commission de 10% à 15% sur les ventes pour y vendre ses produits. S’y ajoute aussi le coût de la prestation logistique si on la confie à Amazon.

Amazon en France pour étouffer un peu plus l’agriculture ?

Amazon en France pour étouffer l’agriculture ?

Il pourrait bien se passer dans l’agriculture et la filière agro alimentaire ce qui s’est produit dans l’industrie et la distribution. À savoir l’installation d’un intermédiaire entre production et consommation de dimension mondiale capable de peser sur l’origine des produits et leur prix. Au départ on propose de commercialiser les produits locaux et progressivement on leur substitue comme par exemple dans l’agriculture des produits en provenance en particulier d’Amérique du Sud..

Le géant américain du e-commerce expose pour la première fois au Salon de l’agriculture à Paris, pour y présenter son espace de vente dédié aux petits producteurs.

« Nous avons un double objectif: faire connaître notre ‘Boutique des producteurs’ aux visiteurs, et montrer aux producteurs les opportunités offertes par le numérique », explique Patrick Labarre, directeur de la marketplace Amazon France.
Lancée en 2018, la « Boutique des producteurs » propose de la charcuterie, des fromages, des chocolats, des confiseries ou encore des vins et des liqueurs. Elle revendique 400 producteurs et environ 13.000 références à l’heure actuelle. « On a l’ambition de proposer le choix de produits le plus large possible », assure Patrick Labarre. Amazon s’attaque aussi à la viande et aux paniers de fruits et légumes, au travers de boucheries et de coopératives.

Peu connu pour son offre alimentaire, le géant du e-commerce veut convaincre des petites entreprises de passer par sa marketplace plutôt que d’ouvrir un site web en direct, pariant notamment sur l’attrait que peut susciter sa large clientèle. Outre l’abonnement mensuel de 39 euros, il faut s’acquitter d’une commission de 10% à 15% sur les ventes pour y vendre ses produits. S’y ajoute aussi le coût de la prestation logistique si on la confie à Amazon.

Amazon dans l’agriculture ?

Amazon dans l’agriculture ?

Il pourrait bien se passer dans l’agriculture et la filière agro alimentaire ce qui s’est produit dans l’industrie et la distribution. À savoir l’installation d’un intermédiaire entre production et consommation de dimension mondiale capable de peser sur l’origine des produits et leur prix. Au départ on propose de commercialiser les produits locaux et progressivement on leur substitue comme par exemple dans l’agriculture des produits en provenance en particulier d’Amérique du Sud..

Le géant américain du e-commerce expose pour la première fois au Salon de l’agriculture à Paris, pour y présenter son espace de vente dédié aux petits producteurs.

« Nous avons un double objectif: faire connaître notre ‘Boutique des producteurs’ aux visiteurs, et montrer aux producteurs les opportunités offertes par le numérique », explique Patrick Labarre, directeur de la marketplace Amazon France.
Lancée en 2018, la « Boutique des producteurs » propose de la charcuterie, des fromages, des chocolats, des confiseries ou encore des vins et des liqueurs. Elle revendique 400 producteurs et environ 13.000 références à l’heure actuelle. « On a l’ambition de proposer le choix de produits le plus large possible », assure Patrick Labarre. Amazon s’attaque aussi à la viande et aux paniers de fruits et légumes, au travers de boucheries et de coopératives.

Peu connu pour son offre alimentaire, le géant du e-commerce veut convaincre des petites entreprises de passer par sa marketplace plutôt que d’ouvrir un site web en direct, pariant notamment sur l’attrait que peut susciter sa large clientèle. Outre l’abonnement mensuel de 39 euros, il faut s’acquitter d’une commission de 10% à 15% sur les ventes pour y vendre ses produits. S’y ajoute aussi le coût de la prestation logistique si on la confie à Amazon.

L’agriculture numérisée des multinationales peut-elle être souhaitable et responsable ?

L’agriculture numérisée des multinationales peut-elle être responsable ?

Tant qu’elle restera entre les mains des multinationales, l’incursion croissante du numérique dans l’agriculture suscitera des résistances. Par Ysé Commandré, Université de Montpellier; George Aboueldahab, Université de Montpellier et Romane Guillot, Université de Montpellier

Une partie des agriculteurs voient toutefois d’un mauvais œil cette incursion croissante du numérique dans leurs champs. Le 9 février 2022, après la parution du volet agricole du plan de relance du gouvernement, la Direction départementale des territoires de la Drôme a été occupée par des collectifs d’agriculteurs contestant les 3 axes énoncés dans le plan par l’ancien ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, pour l’avenir de l’agriculture : le numérique, la robotique et la génétique. Car, si elle est souvent présentée comme une solution face aux enjeux environnementaux – par exemple pour réduire l’usage des intrants – « l’agriculture 4.0 » pourrait aussi rendre le secteur tout autant voire plus polluant qu’auparavant.

Aux pollutions « classiques » engendrées par l’agriculture industrielle viendrait s’ajouter la contamination du numérique. Autrement dit, si celui-ci peut contribuer à réduire certaines pollutions agricoles comme celle des intrants, les outils utilisés pour le faire ne sont pas sans impact. Les plus sceptiques perçoivent également le risque d’une perte d’autonomie des agriculteurs et la disparition de formes d’agriculture non productivistes. Dans un rapport de 2021, le bureau d’études Basic concluait que la logique dominante de la numérisation de l’agriculture demeurait la maximisation des rendements et l’industrialisation du secteur.Après une première révolution engendrée par la mécanisation (dans les années 1950) puis une seconde fondée sur l’utilisation d’intrants chimiques (à partir des années 1960), le numérique semble incarner la troisième révolution agricole, largement soutenue par les pouvoirs publics.

L’OCDE incite par exemple les États à s’équiper en images satellitaires afin de « réduire le coût de surveillance de nombreuses activités agricoles. Les responsables de l’action publique pourraient ainsi opter pour des mesures plus ciblées en vertu desquelles les exploitants se verraient octroyer des versements (ou seraient sanctionnés) en fonction de résultats environnementaux observables ».
En France, le secteur public investit 1,1 milliard d’euros dans la recherche agricole en 2015 et ses dépenses sont en hausse de 1,2 % en volume sur un an. Aucun chiffre ne ventile des distinctions entre la R&D liée à l’agriculture numérique et le reste de la R&D mais l’État est actif dans la constitution d’un écosystème en faveur de « l’agriculture numérique ». En témoigne la ferme digitale qui a remis un état des lieux et des besoins de l’écosystème au ministère de l’Agriculture en février 2022.

L’Institut de Convergence DigitAg, visant à rassembler les projets de recherche scientifique sur l’agriculture numérique, s’est vu doter d’une enveloppe de 9,9 millions d’euros sur huit ans. La chaîne YouTube de Public Sénat relaie d’ailleurs aussi des vidéos faisant la promotion du numérique en agriculture.

Tandis que les associations de défense de l’agriculture voient leurs subventions publiques conditionnées à l’engagement de « ne pas troubler l’ordre public » – des subventions ne sont pas reconduites en cas d’actions de leur part considérées portant atteinte à l’ordre public -, les start-up de l’AgTech fructifient sur des levées de fonds, avant d’être rachetées par de grands groupes ou de faire faillite alors même que de l’argent public y avait été investi. Nombre de celles gravitant autour de la robotique et de l’intelligence artificielle sont rachetées par le géant américain du machinisme agricole, John Deere, emblématique des enjeux que posent l’industrialisation et la numérisation de l’agriculture.
Perte d’autonomie
Après l’opposition d’agriculteurs au Digital Millennium Copyright Act, ce constructeur a en effet fait l’objet d’un combat législatif aux États-Unis. Cette loi lui confère l’exclusivité sur la réparation et la modification des logiciels que l’entreprise intègre aux tracteurs qu’elle vend, ce qui force ses clients à passer par des réparateurs agréés… ou bien à pirater le logiciel. Aux États-Unis, la question de l’ouverture au droit à la réparation est maintenant conditionnée à la législation en vigueur dans chaque État fédéré.
Ce type de barrières restreint les capacités de résilience et d’autonomie des agriculteurs qui n’ont plus le droit officiel d’adapter ou réparer ces machines, même s’ils en ont les compétences. Le cas John Deere est le plus décrié à ce sujet et pour cause, en France, un tracteur roulant sur 5 serait un John Deere. Certaines associations comme l’Atelier paysan, essaient de contrer ce phénomène qui consiste à rendre l’autoréparation du matériel agricole impossible.

Bien que les pièces détachées et les services de réparation soient 3 à 6 fois plus rentables que les ventes d’équipements d’origine, John Deere affirme que sa démarche vise avant tout à sécuriser les utilisateurs des engins agricoles. Autrement dit, la tentative d’effectuer une réparation seul•e serait dangereux pour ceux qui sont amenés à conduire ultérieurement les machines.
Uniformisation et appropriation du vivant

Si l’usage du numérique suscite des résistances, c’est aussi parce qu’il est souvent associé à des innovations génétiques, notamment dans le cadre de pratiques de sélection génétique (végétale et/ou animale) dont les modalités sont loin de faire consensus.

Pour être inscrite dans le catalogue officiel, et donc utilisée et vendue légalement à des fins commerciales et productives, une variété doit respecter les critères de « Distinction, Homogénéité, Stabilité », limitant fortement la diversité génétique et la sélection par les agriculteurs. Plusieurs communautés paysannes – au niveau français le Réseau semences paysannes ou en Amérique latine la Via Campesina – demeurent attachées à des pratiques ancestrales qu’elles considèrent plus vertueuses et respectueuses de la biodiversité.
Certains estiment par ailleurs que l’usage du numérique pour les avancées génétiques est responsable de l’appropriation industrielle de ressources naturelles communes.

La multiplication des capteurs et des objets connectés questionne aussi la capacité de l’agriculture 4.0 à évoluer dans des systèmes de cultures diversifiés. Le recours aux semences paysannes, de variétés anciennes et de mélanges variétaux est pourtant recommandé par certaines associations pour mieux s’adapter aux changements climatiques et aux conditions locales. Seulement, la forte hétérogénéité de ces variétés (tailles, formes, besoins en intrants, et autres) les rend difficiles à cultiver à une échelle industrielle. Les avancées génétiques vont au contraire dans le sens d’une logique d’uniformisation du vivant pour faciliter l’usage des nouveaux outils, comme cela a été le cas lors de la mécanisation agricole, en adaptant le vivant aux outils plutôt que les outils au vivant.

Autre dimension controversée liée à la numérisation, la collecte de données qu’elle engendre : grâce aux capteurs et aux ordinateurs embarqués, les logiciels enregistrent et transmettent une multitude de données comme l’humidité du sol, niveau d’azote et autres nutriments, placement des semences, des engrais et des pesticides mais aussi qualité et quantité de la récolte.
Plusieurs chercheurs évoquent le risque de la revente de ces données pour développer de nouvelles solutions à destination… des agriculteurs eux-mêmes. Dès 2011, John Deere a ainsi collecté et transmis à d’autres entreprises du secteur les données de production des agriculteurs utilisateurs de ses tracteurs connectés, et ce sans les avertir.

Mais certains agriculteurs sont aussi prêts à divulguer leurs informations à ces entreprises pour qu’elles améliorent les solutions qu’elles vendent. Le 4e constructeur mondial de tracteurs AGCO Corp., qui fabrique les machines Challenger et Massey Ferguson, refusait initialement de divulguer les données de production de ses clients à un tiers. Certains agriculteurs réclamant plus de services liés aux données, cette politique a été modifiée

À l’échelle sociétale, l’alliance des géants de l’agrochimie et du numérique laisse présager le danger d’une dépendance grandissante de notre alimentation envers les multinationales. La captation et l’usage de données agricoles rendent l’agriculture plus vulnérable : cyberattaques et prédictions de récoltes par territoire constituent des menaces pour la sécurité alimentaire. Or des faiblesses importantes ont été identifiées dans le logiciel de John Deere et les systèmes CNH Industrial de New Holland.

Une agriculture 4.0 aux mains des multinationales fait courir de grands risques au secteur agricole et aux agriculteurs, mais tout n’est pas à jeter dans les outils numériques.
Certains ont peut-être un réel potentiel pour soutenir le développement d’une agriculture résiliente et autonome. À travers leur instantanéité et leur simplicité d’accès, ils peuvent augmenter le partage de connaissances et contribuer à la conservation du savoir paysan. Via les réseaux sociaux, les agriculteurs échangent conseils, retours d’expériences, savoirs liés aux pratiques culturales…

La mise à disposition des données à travers des processus libres, transparents et consentis peut aboutir à la construction de réseaux collaboratifs et améliorer l’accessibilité des agriculteurs aux technologies. Ces initiatives sont cependant limitées par les craintes légitimes des agriculteurs de se voir déposséder de leurs données et de leurs savoirs.
La création des connaissances et des outils numériques par, avec et pour les agriculteurs apparaît indispensable. Certaines initiatives, comme le pôle InPACT, une plate-forme associative issue du rapprochement de réseaux associatifs agricoles, proposent la construction d’une souveraineté technologique des paysans grâce à l’intégration active des agriculteurs aux processus d’innovation et de création. L’objectif est de construire des outils à la fois mieux adaptés, mais aussi intensifs en savoir-faire et en connaissances et qui ne dépossèdent pas les agriculteurs de leur expertise.
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Par Ysé Commandré, Doctorante en sciences de gestion, Institut Convergences Agriculture Numérique, Université de Montpellier ; George Aboueldahab, Doctorant, Université de Montpellier et Romane Guillot, Doctorante, Université de Montpellier.
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Sécheresse : Pour une évolution durable de l’agriculture

Sécheresse : Pour une évolution durable de l’agriculture

 

Treize universitaires appellent, dans une tribune au « Monde », le gouvernement à sortir d’une gestion de crise perpétuelle du secteur de l’élevage et à orienter la consommation vers d’autres produits, moins gourmands en eau. Ils prônent une évolution durable de l’agriculture, loin du modèle actuel.

 

Le problème sera évidemment celui de la transition car on ne saurait passer  brutalement d’un modèle quasi industriel d’agriculture à un modèle plus proche du maraîchage NDLR

 

Il fait chaud et sec depuis des mois… La sécheresse, qui sévit encore dans une grande partie de l’Europe, sera  la pire depuis le début des relevés, en 1959, et peut-être même depuis cinq cents ans. Alors que ces épisodes restaient localisés sur certains bassins-versants en fin d’été, ils sont devenus plus fréquents et plus étendus. De la Norvège à l’Espagne, les fleuves rétrécissent, les lacs se vident, les nappes phréatiques s’abaissent. Si les humains continuent à émettre des gaz à effet de serre au rythme actuel, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prévoit une augmentation de la température de 3,9 °C d’ici à 2050, qui causerait des sécheresses de cette ampleur au moins une année sur deux.

Parmi les victimes : l’élevage. Selon les statistiques du ministère de l’agriculture, le déficit de récolte des prairies était de 21 % au 20 juillet 2022, mais, depuis, la sécheresse s’est accentuée, induisant plus de pertes. En août, les éleveurs donnent déjà au bétail la nourriture prévue pour l’hiver. En ajoutant la hausse des prix des engrais, des céréales et des oléoprotéagineux renforcée par l’invasion russe en Ukraine, la situation devient intenable pour les éleveurs français dont une partie pourrait disparaître faute de pouvoir compenser l’augmentation des prix de production.

Faudrait-il alors augmenter les subventions pour le secteur de l’élevage ? La politique agricole commune (PAC) lui consacre déjà des sommes considérables sans modifier le système de production en profondeur.

L’élevage, déjà critiqué d’une part pour sa forte contribution aux émissions de gaz à effet de serre (méthane) et d’azote (ammoniac, nitrates) et d’autre part pour sa faible efficience protéique, est maintenant fragilisé par la sécheresse. Par exemple, la production de 1 kilo de protéines de viande bovine française demande en moyenne 12,5 kilos de protéines végétales. Pour le porc, dont l’essentiel de la ration est comestible pour les humains, 1 kilo de protéines animales requiert l’utilisation de 2,4 kilos de protéines végétales. Il en résulte un fort prélèvement de ressources, un besoin accru d’eau et de surface. Ainsi, selon Greenpeace, 71 % des terres agricoles européennes servent à nourrir le bétail.

En France, les céréales accaparent 71 % des surfaces agricoles irriguées. Et le maïs, à lui seul, utilisé surtout pour nourrir les animaux, en occupe la moitié. Quant aux prairies, leur arrosage a triplé depuis dix ans. L’alimentation des vaches laitières comprend de l’herbe (36 % en moyenne), mais aussi du maïs fourrager (42 %), des céréales et des oléoprotéagineux, dont le soja, ainsi que divers compléments alimentaires (22 %). Or, ces végétaux ont besoin d’immenses quantités d’« eau bleue » issue de prélèvements dans les nappes phréatiques, les rivières, les fleuves et les retenues d’eau. Alors qu’il suffit de 38 litres d’eau bleue pour faire pousser 1 kilo de haricots, il faut en prélever en moyenne 315 litres pour produire 1 kilo de bœuf et 406 litres pour 1 kilo de porc français.

Soutenir l’agriculture en Afrique

Soutenir l’agriculture en Afrique

 

Les auteurs de cette tribune, Pierre Arnaud, Karim Aït Talb, Jean-Marc Gravellini,  appellent les pouvoirs publics français à accompagner la création d’un véhicule financier « alimenté par un mélange de subventions, de prêts concessionnels et de ressources privées ».

 

Tribune.

 

Le secteur agricole et de l’élevage africain se trouve dans une situation paradoxale. Il occupe une place économique et sociale centrale, puisqu’il représente 23 % du PIB du continent et occupe près de 55 % de la population active. On estime également que 70 % des Africains vivent dans les zones rurales (soit près d’un milliard de personnes) et que 60 % des terres arables disponibles dans le monde se trouvent en Afrique. Pourtant, ces activités ne parviennent pas à assurer la sécurité alimentaire des habitants du continent. Une très grande majorité des populations rurales restent dans une situation de pauvreté endémique et de précarité dangereuse.

Avant même les crises sanitaire et ukrainienne, la part de la population malnutrie en Afrique de l’Ouest était déjà passée de 11,5 % en 2015 à 18,7 % en 2020 – soit 75 millions de personnes. Et la situation n’a fait que s’aggraver depuis, à cause des pénuries et de l’envolée des prix des matières agricoles, des engrais et du fret.

Une révolution doublement verte s’impose en Afrique, pour produire à la hauteur des besoins des Africains et le faire dans le respect de l’environnement et du climat. Nous pensons qu’il est possible de relever ce défi si l’on mise sur le dynamisme des entrepreneurs, hommes et femmes, en mettant à leur disposition les ressources financières qui leur manquent actuellement.

Dans la plupart des pays africains, il n’existe pas, aujourd’hui, de banques spécialisées dans les secteurs de l’agriculture et de l’élevage ni de banques de développement. Les banques commerciales, au-delà des crédits de campagne à court terme, ne disposent pas des ressources longues nécessaires et ce secteur d’activité leur paraît beaucoup trop risqué.

Si ces entreprises se tournent vers les institutions de financement du développement, comme Proparco, la Société financière internationale ou la Banque européenne d’investissement, leurs démarches n’aboutissent pas, car les montants sollicités sont jugés sont trop faibles pour rentabiliser les frais d’instruction des dossiers. Il est exigé en outre une antériorité de deux à trois ans pour prouver l’efficacité du business model. Et puis encore une fois, les secteurs de l’agriculture et de l’élevage sont considérés comme bien trop risqués et leur rentabilité jugée trop incertaine.

Mettre l’énergie solaire au service de l’agriculture, pas l’inverse !

Mettre l’énergie solaire au service de l’agriculture, pas l’inverse !

Un collectif d’élus, de défenseurs de l’agriculture et des énergies renouvelables, parmi lesquels Pascal Chaussec, Alain Grandjean et Emmanuel Hyest expliquent, dans une tribune au « Monde » que le développement du solaire doit être mis au service de notre agriculture et non l’inverse. (extrait)

 

Tribune.

 

Nos agriculteurs, déjà touchés régulièrement par des prix de vente trop faibles et les effets du dérèglement climatique, doivent désormais affronter un défi propre à ce XXIe siècle, celui de la pénurie des terres. Les espaces agricoles deviennent petit à petit insuffisants pour nourrir une population croissante, d’autant qu’ils subissent par ailleurs érosion et artificialisation galopante.

En France, ce phénomène pourrait être accentué par nos objectifs de transition énergétique. Les développeurs de parcs solaires rencontrent des difficultés pour identifier et maîtriser le foncier de friches industrielles ou d’autres terrains artificialisés, délaissés ou dégradés pour y implanter leurs installations.

Ainsi, la recherche du foncier nécessaire à l’atteinte des objectifs solaires inscrits dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) exerce, depuis deux ans, une forte pression sur les terres agricoles. Face à cette pression, de plus en plus de plans locaux d’urbanisme prévoient le déclassement de terres agricoles pour permettre l’implantation des centrales solaires. Ces projets d’installations photovoltaïques au sol conduisent à l’artificialisation de terres arables et à l’affaiblissement de l’activité agricole.

Des terres agricoles perdues

Cette quête de terres nouvelles entraîne l’agriculture dans un cercle vicieux : outre la baisse du potentiel de production agricole, la pénurie de terrains disponibles pour le photovoltaïque crée une spéculation foncière pouvant séduire des agriculteurs en grandes difficultés économiques ; ensuite, l’inflation des loyers ou des prix d’achat des terrains objets de cette spéculation accentue, malgré la volonté affichée du gouvernement de les soutenir, les difficultés d’installation de nouveaux entrants et menace la transition générationnelle agricole.

Nous, signataires de ce texte, soutenons qu’il est possible de mener de concert transition énergétique et défense de notre souveraineté alimentaire. Nous soutenons qu’il existe des solutions pour préserver les surfaces agricoles tout en réalisant les objectifs de la transition énergétique, et qu’elles offrent une opportunité équitable pour le plus grand nombre des agriculteurs.

Tout d’abord, si tous les agriculteurs de France pouvaient équiper de toiture solaire leurs bâtiments d’élevage ou de stockage, les objectifs de la PPE seraient déjà atteints. Chaque agriculteur en tirerait de multiples avantages : compléments de revenus tirés de la vente d’électricité, modernisation de leur exploitation, bien-être animal… A plus long terme, cela permettrait également d’équiper les exploitations de bornes de recharge et d’utiliser des engins agricoles électriques dès que ceux-ci seront devenus compétitifs.

Fusion du ministère de l’écologie et du ministère de l’agriculture ?

Fusion du ministère de l’écologie et du ministère de l’agriculture ?

 

 

Cette fusion souhaitée par l’actuel ministre de l’écologie n’est qu’une hypothèse.. Barbara Pompidou  la réclame pour l’ ensemble de l’Europe rassemble mais aura bien du mal à l’obtenir en France. La problématique écologique recouvre un très grand nombre de champs ministériels qui ne peuvent tous être groupés. Le plus évident serait de faire dépendre le ministère de l’écologie directement des services du Premier ministre. Une réforme qui n’est sans doute pas demain ni en France, ni en Europe. Invitée au Congrès, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a notamment plaidé pour «un ou une ministre de la Transition écologique dans tous les pays». «Et ce ministère devrait inclure l’Agriculture, j’en suis persuadée», a-t-elle déclaré. Nicolas Hulot a adressé à la ministre un «encouragement» en clôture de la cérémonie d’ouverture.

 

Sahel : il faut des investissements massifs pour l’agriculture

Sahel : il faut des investissements massifs pour l’agriculture

Alors que le nombre de personnes vulnérables et les besoins financiers ne cessent d’augmenter, l’analyste Julia Wanjiru Nikiema appelle dans le Monde à des investissements massifs, notamment dans l’agriculture.

Tribune. 

 

Année après année, des plans de réponse d’urgence sont mis en œuvre pour « éviter le pire » au Sahel et en Afrique de l’Ouest, notamment dans les deux grands foyers d’insécurité alimentaire aiguë : le bassin du lac Tchad et le Sahel central. L’urgence est prévisible et la réponse est planifiée à l’avance – le cycle se répète chaque année. Les coûts exorbitants de l’assistance alimentaire et humanitaire dépassent très largement les moyens dont disposent les gouvernements de la région, créant une dépendance toujours plus forte.

Jeudi 8 et vendredi 9 avril, les membres du Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) se réuniront virtuellement pour évaluer les perspectives alimentaires et nutritionnelles : plus de 27 millions de personnes risquent d’être en situation de crise d’ici à la prochaine soudure (juin-août), période entre l’épuisement des réserves alimentaires et les premières récoltes. C’est un nouveau pic pour la région. D’après l’Unicef, près de 2 millions d’enfants auront besoin d’un traitement de la malnutrition aiguë sévère.

En 2020, la crise alimentaire avait déjà nécessité une réponse exceptionnelle et les pays, avec l’appui de leurs partenaires, ont considérablement augmenté leurs efforts. Par exemple, le gouvernement sénégalais a distribué plus de 1 million de kits alimentaires. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a mobilisé 6 200 tonnes de céréales de sa réserve régionale de sécurité alimentaire. Une table ronde ministérielle sur le Sahel central a permis de sécuriser des financements à hauteur de 1,47 milliard d’euros.

Il s’avère cependant difficile de maintenir cette forte mobilisation dans la durée. Les gouvernements sont confrontés à de douloureux arbitrages budgétaires entre les urgences sécuritaires, sanitaires et alimentaires.

La situation ne s’arrange pas

Dans le nord-est du Nigeria, le conflit lié à l’insurrection islamiste persiste pour la douzième année consécutive. Les trois Etats d’Adamawa, de Borno et de Yobe comptaient en moyenne près de 3,7 millions de personnes en situation de crise. Ce chiffre dépassera 5 millions cette année. La zone des « trois frontières » entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger est devenue le deuxième foyer d’insécurité alimentaire aiguë de la région. Une personne sur quatre y dépend de l’assistance alimentaire.

La région a l’habitude de gérer ces crises alimentaires récurrentes. C’est un système rodé, affiné au fil du temps : les résultats provisoires des perspectives alimentaires et nutritionnelles sont disponibles fin novembre ; sur la base de ces estimations, les pays et la région élaborent leurs plans de réponse ; le système des Nations unies lance des appels internationaux au début de chaque année ; une mise à jour des chiffres projetés est ensuite validée en avril et des messages de plaidoyer sont alors lancés pour tenter de combler le manque de financement ; la réponse est mise en œuvre, notamment pendant la soudure ; puis c’est le moment de tirer un bilan et de préparer le prochain cycle de réponse.

Ces crises à répétition devraient nous interpeller, car le nombre de personnes vulnérables et les besoins financiers ne cessent d’augmenter : l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale représentent désormais près d’un quart des besoins humanitaires du monde en 2021, soit 56,1 millions de personnes sur 235 millions, pour un coût total chiffré à 6,2 milliards de dollars (environ 5,2 milliards d’euros).

Malgré des centaines de millions de dollars injectés, la situation ne s’arrange pas. Si chaque année plusieurs millions d’enfants sont sauvés grâce aux traitements de la malnutrition aiguë sévère, la malnutrition chronique persiste : le nombre d’enfants souffrant d’un retard de croissance a augmenté de 3 millions depuis 2000 (17,8 millions en 2019), provoquant des dommages irréversibles. Les interventions humanitaires sont fondamentales pour sauver des vies, mais elles sont loin d’être suffisantes pour briser ce cercle vicieux.

Sortir du « business as usual »

Pour sortir du « business as usual », la région a besoin d’investissements massifs dans la durée, d’une forte capacité d’innovation et d’une coordination plus efficace entre les différents partenaires locaux et étrangers. Des investissements doivent en particulier être réalisés dans le secteur agricole, permettant de développer des chaînes de valeur durables, de créer des emplois pour les jeunes et ainsi de renforcer les moyens d’existence des populations vulnérables.

Au Nigeria par exemple, seulement 2 % des dépenses budgétaires sont consacrées à l’agriculture, soit bien en dessous de l’engagement de Maputo visant au moins 10 %. De gros efforts sont nécessaires pour s’attaquer aux causes structurelles de la faim et de la malnutrition. Cela fait partie intégrante des solutions durables aux crises sécuritaires et liées à l’instabilité politique.

En 2020, la pandémie de Covid-19 nous a obligés à repenser notre façon d’analyser et de gérer les crises alimentaires. L’utilisation des téléphones mobiles permet de disposer d’une veille quasi quotidienne sur la consommation alimentaire. Dans les zones inaccessibles, l’imagerie satellitaire offre des informations sur les superficies cultivées ou abandonnées, l’activité des marchés, etc. Ces innovations constituent des leviers essentiels pour assurer une meilleure efficacité des interventions.

Enfin, face à la multiplication des initiatives et des acteurs, la coordination demeure un défi de taille. Au Burkina Faso, 67 partenaires opérationnels sont engagés dans l’action humanitaire. C’est à ce prix qu’il sera possible de mettre un terme à ces crises prolongées dans lesquelles les problèmes structurels persistent et où le manque d’argent pour y répondre devient chaque jour plus important.

Julia Wanjiru Nikiema est analyste politique pour le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE).

Les enjeux de la transformation de l’agriculture française

Les enjeux de la transformation de l’agriculture française

 

Le président de l’organisation syndicale se penche dans l’Opinion  sur les enjeux de la prochaine PAC, qui couvrira la période se terminant en 2027

 

 

 

 

Les jeunes doivent être la pierre angulaire de la prochaine PAC 2023-2027. C’est très simple : à l’issue, 45% des agriculteurs seront en âge de partir à la retraite. Nous n’avons plus le droit à l’erreur. Plus que jamais, le renouvellement des générations, en France comme dans le reste de l’Europe, est LE défi de ces prochaines années pour sauvegarder notre capacité à produire mais aussi la vitalité des territoires ruraux ! Je veux y voir une opportunité, un bassin d’emplois et de vocations considérable, et j’aimerais que Bruxelles, mais aussi Paris, y voient la même chose.

Deux options s’offrent à nous : la première est de miser sur un domaine qui recrute, qui nourrit et qui crée du dynamisme local en favorisant le maintien de l’agriculture dans les territoires. Faut-il vraiment citer la deuxième : ne pas être à la hauteur des enjeux, remettre en question notre souveraineté alimentaire et l’opportunité d’une alimentation locale et de qualité.

Parce que nous n’avons plus le choix, pour sauvegarder notre souveraineté alimentaire, les jeunes ont formulé des propositions concrètes pour une politique agricole commune en faveur d’un pacte ambitieux avec les citoyens européens, qui maintienne des hommes nombreux sur les territoires, qui préserve les ressources naturelles et qui protège et rémunère les agriculteurs.

«Pour trois départs à la retraite, seuls deux jeunes s’installent: mettons un coup d’arrêt à cette perdition par un investissement conséquent! Doublons le budget à l’installation»

A l’heure des négociations européennes sur les outils de demain, et à la veille des arbitrages que devra rendre le ministre de l’Agriculture et de l’alimentation, Julien Denormandie, concernant la déclinaison française de la PAC, il est encore temps de prendre les bonnes décisions en faisant le pari de la jeunesse. A commencer par un budget à la hauteur. Aujourd’hui, pour trois départs à la retraite, seuls deux jeunes s’installent : mettons un coup d’arrêt à cette perdition par un investissement conséquent ! Allons-y réellement. Pour les jeunes, doublons le budget à l’installation en passant de 2% à 4% des aides de la PAC. Mais également en ciblant mieux les aides.

Dans un contexte de libéralisation des activités économiques, dont l’agriculture n’est pas épargnée, et pour lutter contre le subventionnement de fonds d’investissement, la concentration des terres, ou encore la rétention des aides – et du foncier –, nous appelons à un meilleur ciblage des soutiens vers les agriculteurs actifs, réellement présents sur les territoires, au service d’une agriculture durable que les citoyens appellent de leurs vœux. Cela ne peut se traduire que par l’élaboration d’une définition stricte de l’actif agricole basée notamment sur un niveau de formation, sur l’acte de production, de gouvernance de l’exploitation, sur des critères de revenu et de temps de travail, et dont les exploitants en âge de bénéficier d’une retraite à taux plein seraient exclus. Pour atteindre ce dernier point et faciliter la transmission des exploitations agricoles, nous attendons du gouvernement qu’il concrétise notamment la revalorisation des retraites à minimum à 85% du smic dans les plus brefs délais.

«Pour que l’agriculture concilie rémunération des agriculteurs et respect des attentes des consommateurs, la PAC doit accompagner la structuration de filières créatrices de valeur»

Nous soutenons une agriculture à visage humain, forte d’exploitations nombreuses, indépendantes et durables, qui maintient des voisins plutôt que des hectares : remettre l’agriculture en « mode projet », redonner une vision de long terme à ce secteur stratégique et essentiel. Pour que l’agriculture concilie rémunération des agriculteurs et respect des attentes des consommateurs, la PAC doit accompagner la structuration de filières créatrices de valeur. Pour cela, nous appelons à un renforcement des soutiens ciblés (aides couplées, aides à l’investissement) qui agissent comme levier pour mieux organiser l’amont agricole, regrouper l’offre, poursuivre la montée en gamme et permettre à chacun d’accéder à une alimentation locale, durable et rémunératrice pour ses artisans.

Enfin la vision de long terme demande de se confronter à l’urgence climatique. En tant que jeunes, nous sommes certainement la première génération d’agriculteurs à pleinement réaliser les évolutions nécessaires face au changement climatique, tout en subissant au quotidien le phénomène. Il est indispensable d’armer les jeunes pour lutter contre le dérèglement climatique et préserver les ressources naturelles, véritable outil de travail des agriculteurs. Cela passe d’abord par l’élaboration de stratégies stables et solides pour accompagner la transition écologique sur le long terme. D’autre part, adossés à une politique d’investissement qui accompagne les changements, les fameux « programmes écologiques » proposés pour la future PAC doivent être appréhendés comme une opportunité. Ils devront permettre la rémunération des pratiques agroécologiques et créer un nouveau débouché économique vertueux, en faveur notamment des énergies renouvelables, du stockage de carbone, de la protection des sols, de l’optimisation des intrants, du bien-être animal, etc.

Les évolutions climatiques imposent aussi de protéger les agriculteurs, premiers touchés par des aléas plus fréquents, plus intenses. Il faudra renforcer les moyens mais réformer les outils existants, en apportant une attention particulière à la prévention et à la formation, pour apporter une réponse efficace et durable aux agriculteurs.

Nous sommes à la fin d’un cycle, ne cherchons pas d’excuses pour la génération actuelle et celle à venir… Les jeunes sont prêts à s’engager, faire face et relever les défis maintenant, mais cela ne pourra se faire que si des actes forts et engagés concrétisent les déclarations politiques.

Samuel Vandaele est président des Jeunes agriculteurs.

Salon de l’Agriculture annulé

Salon de l’Agriculture annulé

 

Le salon traditionnel de l’agriculture de Paris est annulé en raison de la crise sanitaire. Un événement qui réunit chaque année de leur de 600 000 visiteurs en une dizaine de jours et qui marque le calendrier agricole. C’est aussi l’occasion pour le secteur de s’ouvrir à l’opinion publique des urbains.

«Compte tenu de l’évolution de la maladie du covid-19 et des règles de sécurité sanitaire qu’elle implique, nous ne sommes pas en mesure d’organiser cette manifestation, explique au Figaro Arnaud Lemoine, directeur délégué du Ceneca. Il s’agit de la structure juridique propriétaire du SIA dans laquelle le ministère de l’Agriculture est actionnaire. En effet les salons doivent respecter des jauges de visiteurs fixées à 1000 personnes. En moyenne, selon les jours de la semaine, il passe porte de Versailles entre 60 000 et 80 000 visiteurs par jour. Cela aurait été impossible à respecter».

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