Archive pour le Tag 'environnement'

Santé et environnement : réduire la consommation de viande bovine

Santé et environnement : réduire la consommation de viande bovine

Michel Duru
Directeur de recherche, UMR AGIR (Agroécologie, innovations et territoires), Inrae

Changer l’alimentation des vaches, privilégier certaines races plus que d’autres, revaloriser le pâturage, consommer moins de bœuf, mais manger des viandes plus diverses… Les marges de progression sont nombreuses. Depuis quelques années, les excès de consommation de viande sont montrés du doigt du fait de leurs impacts sur la santé et l’environnement. Dans une moindre mesure, c’est aussi le cas des produits laitiers comme les fromages. Pour faire face à ces enjeux environnementaux et sanitaires, mais aussi pour accroître notre souveraineté alimentaire, que nous disent les études scientifiques ? Comment peuvent-elles nous aider à réorganiser l’élevage pour le rendre plus durable, du champ jusqu’à l’assiette ? Commençons par un état des lieux, en France, notre apport en protéines provient pour deux tiers des produits animaux et pour un tiers des produits végétaux. Il est en moyenne excédentaire d’au moins 20 % par rapport aux recommandations. Les bovins fournissent enfin la moitié de notre consommation de protéines animales sous forme de viandes et de laitages, le reste provenant surtout des porcs et volailles et très secondairement des brebis et chèvres. Les recherches convergent vers une réduction nécessaire de moitié en moyenne de la consommation de viande, principalement du fait de l’augmentation de risques de cancers. Nous devrions également, d’après l’état des connaissances scientifiques, réduire notre consommation de produits laitiers mais dans une moindre mesure.

par Michel Duru
Directeur de recherche, UMR AGIR (Agroécologie, innovations et territoires), Inrae
dans The Conversation

Ces réductions sont aussi encouragées par l’actuel plan national nutrition santé. Il est maintenant montré par des études épidémiologiques et des modélisations que de tels changements dans la composition de notre assiette auraient des effets bénéfiques sur notre santé (réduction du risque de maladies chroniques). Cela permettrait aussi de réduire l’impact environnemental de notre alimentation avec moins d’émissions de gaz à effet de serre, de méthane notamment qui constitue 40 % des émissions de l’agriculture, mais aussi moins de nitrates dans l’eau et d’ammoniac dans l’air.

Remplacer une partie des protéines animales par des protéines végétales, des légumineuses (lentilles, pois chiche…), rendrait aussi notre alimentation plus riche en fibres dont nous manquons cruellement. En outre, consommer plus de légumineuses permettrait de diversifier les productions végétales, un levier clef pour l’agroécologie.

Réduire notre consommation de viande ne semble de plus pas aberrant d’un point de vue historique, car celle-ci a été multipliée par deux en un siècle (passant de 42 kg par an et par habitant en 1920 à 85 kg en 2020), et elle a augmenté de plus de 50 % depuis les années 1950.

Par ailleurs, notre façon de manger de la viande a changé : aujourd’hui, plus de la moitié de la viande de bovin consommée est sous forme de burger ou de viande hachée, souvent dans des plats préparés, qui sont considérés comme des « bas morceaux ». Or ces produits sont majoritairement issus de races de vaches laitières (Holstein) en fin de carrière dont le prix est attractif. Ce mode de consommation est donc défavorable aux filières de races de vaches à viandes (Blonde d’Aquitaine, Charolaise, Limousine).

Le succès des steaks hachés et des burgers à bas prix est même tel que l’on se retrouve à importer l’équivalent 30 % de notre consommation de viande de bovin. Il en résulte d’une part une baisse de souveraineté alimentaire et d’autre part un déclassement des pièces nobles des races à viande, fragilisant ainsi les élevages de race à viande. Pour faire face à ces dérives, il serait plus judicieux de consommer moins de viande, mais tous les types de viande à l’échelle d’une année.

Si l’on regarde maintenant du côté des protéines contenues dans la viande bovine et les produits laitiers, une autre marge de progression est aussi possible. Elle concerne l’alimentation des animaux et son impact sur la composition des produits que nous consommons.

Les produits animaux fournissent des protéines de qualité car ils sont équilibrés en acides aminés. Ils contiennent aussi des acides gras poly-insaturés, indispensables à notre santé dont notre alimentation est très déficitaire. C’est le cas des oméga-3 dont le rôle anti-inflammatoire réduit le risque des maladies chroniques : diabète, cancers, maladies cardio-vasculaires…

Cependant, la composition du lait et de la viande en oméga-3 sont très dépendantes du mode d’alimentation des animaux. Une alimentation à l’herbe (pâturage, ensilage, foin) permet d’environ doubler la teneur du lait en oméga-3, en comparaison d’une alimentation de type maïs-soja, et permet ainsi de réduire significativement notre déficit en ce nutriment.

Le lait et la viande issus d’animaux nourris à l’herbe contribuent donc à une alimentation anti-inflammatoire. Cependant en France, seulement 1/3 du lait est issu d’une alimentation à l’herbe, qu’il s’agisse de pâturage, de foin ou d’ensilage d’herbe. L’élevage bio se distingue sur ce point car l’alimentation à l’herbe est privilégiée pour des raisons économiques. Mais cette différence de composition des produits reste encore mal connue du consommateur, qui pourra également privilégier le lait le moins cher, issu d’un élevage où les vaches ne pâturent pas ou peu.

Les prairies présentent en outre l’atout d’avoir des stocks de carbone importants dans les sols, si bien que les retourner pour les transformer en terres agricoles comme cela a été souvent fait correspond à une déforestation. Faire paître des vaches est donc un moyen de conserver les prairies. D’autre part, lorsqu’elles sont bien réparties dans les paysages, les prairies jouent un rôle d’infrastructure écologique permettant de réduire les pesticides. Lorsqu’elles sont en rotation avec les cultures (prairies temporaires avec légumineuses), elles permettent également de réduire le recours aux engrais azotés de synthèse.

Bien que les prairies constituent à l’origine la base de l’alimentation des vaches, en particulier pour les races à viande, leur contribution n’a cessé de baisser au cours des cinquante dernières années ; car l’apport de céréales (maïs ensilage, blé), et d’oléoprotéagineux (soja) dans leur alimentation était le moyen le plus facile d’augmenter la production par animal et par hectare. Cependant, les vaches et leurs descendances utilisent 3,7 millions d’hectares de terres arables dédiés à la production de ces céréales et de ce soja qu’il conviendrait d’utiliser à d’autres fins.

Des vaches qui pâturent plus permettraient également d’agir sur une des principales pollutions de l’élevage : les pertes importantes d’azote et de phosphore dans l’environnement du fait d’importations massives de protéines (soja) et d’une trop forte concentration géographique des élevages (par exemple en Bretagne).

Si, à l’échelle locale, on imagine que des éleveurs échangent le fumier riche en azote et en phosphore avec des agriculteurs qui pourraient eux, leur donner en retour les ratés de cultures pour nourrir les animaux, tout le monde pourrait être gagnant. Les agriculteurs auraient ainsi accès à des apports en azote et phosphore nécessaires à la croissance des cultures et pourraient ainsi réduire l’utilisation d’engrais, les agriculteurs eux, bénéficieraient d’une source d’alimentation à faible coût et locale pour leur bête.

Une autre évolution qui permettrait à l’élevage d’être plus durable concerne le changement de type de races bovines que l’on trouve en France. Il y a aujourd’hui 3,5 millions de vaches à viande contre 3,3 millions de vaches laitières. Or les recommandations pour la santé portent bien plus sur la réduction de la consommation de viande que de produits laitiers.

De même, on sait que la viande issue des troupeaux laitiers (vaches laitières de réformes) est bien moins impactante que celle issue de troupeaux à viande puisqu’à l’échelle de la carrière de la vache, les émissions de gaz à effet de serre sont réparties entre le lait et la viande.

Cela montre l’intérêt de favoriser des races mixtes produisant du lait et de la viande (comme la race normande) ou de croiser une race à viande (Angus) avec une race laitière. La viande devient alors un co-produit du lait permettant de satisfaire nos besoins.

Mais une telle orientation est bloquée par le choix fait en France où, lors de l’abandon des quotas laitiers, de nombreux troupeaux laitiers ont été convertis en troupeaux à viande (dit allaitants) avec des races spécialisées. Il en résulte un élevage spécialisé uniquement pour la viande, devenu très vulnérable : des races lourdes, coûteuses à entretenir et à nourrir et dont une partie de veaux mâles est engraissée en taurillons, une viande jeune, peu prisée par le consommateur français. La plupart de nos voisins de l’UE ont eux bien moins de vaches allaitantes et font de la viande à partir du troupeau laitier (veaux, génisses, vaches de réforme), donc à moindre coût en gaz à effet de serre et en euros.

Toutes ces données montrent la nécessité de fortes évolutions dans notre système alimentaire. En agriculture, il s’agit d’aller vers des races mixtes produisant du lait et de la viande, et de plus laisser pâturer les vaches pour valoriser les atouts des prairies qui représentent 40 % de la surface agricole. De manière concomitante, il faudrait aussi réduire significativement notre consommation de viande en privilégiant la diversité des pièces de viande, et un peu aussi celle de produits laitiers.

Ces orientations sont nécessaires pour relever trois grands défis : celui de notre santé, de notre environnement, mais aussi de notre souveraineté alimentaire. Elles permettraient en effet d’une part de réduire les importations de soja, mais aussi de viande qui résultent entre autres d’une faible baisse de consommation en comparaison d’une forte diminution de la production, et d’autre part d’allouer les terres arables libérées à des cultures stratégiques comme les légumes et légumineuses que nous ne consommons pas suffisamment et que nous importons massivement.

Pour construire ce pacte sociétal, il importe :

de sensibiliser tous les acteurs aux coûts cachés de l’alimentation : excès de la consommation de viande, présence de trop d’élevages sans lien au sol du fait d’une faible autonomie protéique.

de s’appuyer sur des évaluations multi-critères à même de prendre en compte les impacts négatifs de l’élevage tout autant que les services environnementaux fournis principalement par les prairies. Ceci nécessite aussi une meilleure rémunération des éleveurs par le citoyen et le consommateur pour la valeur santé des produits et les services environnementaux fournis. Mais pour cela, il faudrait s’assurer de la traçabilité des produits issus de ces élevages vertueux.

Environnement–Exploitation minière : Trump veut exploiter 50 % des fonds marins internationaux

Exploitation minière : Trump veut exploiter 50 % des fonds marins internationaux

Trump envisage un décret qui permettrait aux sociétés minières américaines d’exploiter les fonds marins internationaux. Le dirigeant américain envisagerait de signer un décret qui accélérerait l’autorisation d’exploitation minière dans les eaux profondes internationales.

Une mesure qui permettrait aux sociétés minières américaines de contourner le Traité sur la haute mer, adopté à l’ONU en mars 2023, après des négociations à rallonge. Celui-ci est aujourd’hui signé par 110 États, dont… les États-Unis, mais de la main du démocrate et pro-climat Joe Biden. Une conférence mondiale sur les océans doit même se tenir au mois de juin à Nice, avec pour but d’obtenir 81 ratifications, le chiffre minimum pour que ce traité entre en vigueur.

Environnement-Zones à faibles émissions : Une mesure écolo contre les pauvres !

Environnement-Zones à faibles émissions : Une mesure écolo contre les pauvres !


D’un point de vue écologique la mesure visant à réduire les émissions polluantes de la circulation automobile est évidemment pertinente et nécessaire. Par contre, le processus mis en œuvre de façon brutale dans les grandes agglomérations va surtout pénaliser les plus pauvres. Ceux qui n’auront pas les moyens financiers pour s’acheter un véhicule répondant aux critères. Une politique un peu trop influencée par des écolos bobos qui entretiennent des relations douteuses avec les réalités socio-économiques.

Les zones à faibles émissions (ZFE) sont des territoires où la circulation est limitée aux véhicules les plus polluants. Mais depuis le 1er janvier 2025, les restrictions autour des ZFE se sont durcies. Les agglomérations de plus de 150 000 habitants doivent désormais en instaurer obligatoirement. Et les véhicules disposant d’une vignette Crit’Air 3 (également 4 et 5) ne peuvent désormais plus circuler au sein de ces zones.

En cas de non-respect de la ZFE, ils risquent ainsi une amende de 68 euros pour les véhicules légers ou 135 euros pour les poids lourds.

Certaines villes reculent cependant vis-à-vis du le dispositif. Montpellier suspend d’éventuelles contraventions jusqu’en 2027. Strasbourg assouplit également son calendrier. La métropole du Grand Paris compte, de son côté, sur une « année pédagogique » où il n’est pas question cette année de verbaliser.

Environnement : les États-Unis quittent officiellement l’accord de Paris

Environnement : les États-Unis quittent officiellement l’accord de Paris

Avec fracas et beaucoup de bla-bla,  parmi le fleuve d’orientations a aussi déclaré que les États-Unis se retiraient de l’accord de Paris qui, pour lui, constitue une escroquerie injuste et unilatérale

Donald Trump a enclenché lundi un nouveau retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, une marche arrière toute dans la lutte contre le dérèglement climatique qui met en péril les efforts mondiaux pour le freiner. Le républicain, climatosceptique notoire, a tenu parole en signant dès son premier jour de retour au pouvoir un décret présidentiel puis une lettre aux Nations unies en ce sens. «Je me retire immédiatement de l’accord de Paris sur le climat, une escroquerie injuste et unilatérale», a lancé Donald Trump devant des milliers de personnes réunies dans un stade de Washington, avant de signer devant eux les documents. «Les États-Unis ne saboteront pas leurs propres industries pendant que la Chine pollue en toute impunité», a-t-il poursuivi.

 

Environnement : les banques américaines quittent l’alliance mondiale pour le climat

Environnement : les banques américaines quittent l’alliance mondiale pour le climat

 

 
Pratiquement tous les géants de Wall Street viennent de quitter l’alliance bancaire mondiale pour le climat créée en 2021.

La finance verte n’a pas bonne presse aux États-Unis. À quelques jours du retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, la majorité des grandes banques américaines viennent de quitter l’alliance bancaire mondiale pour le climat, la Net-Zero Banking Alliance (NZBA). Morgan Stanley est la dernière en date à avoir annoncé jeudi 2 janvier son départ de la coalition coordonnant les politiques mises en place pour lutter contre le réchauffement climatique. Elle a emboîté le pas à Citigroup, Bank of America, Goldman Sachs et Wells Fargo, qui ont quitté la NZBA ces dernières semaines.

Pour l’heure, seule JPMorgan, la plus grande banque des États-Unis, continue-Sans doute provisoirement– de faire partie de l’alliance.

Environnement-Énergie renouvelable : la France devant l’Allemagne !

Environnement-Énergie renouvelable : la France devant l’Allemagne !

Il y a les discours sur fond idéologique mais il y a aussi les réalités. L’Allemagne qui ne cesse de critiquer la France pour sa politique énergétique en réalité  a eu moins recours aux énergies renouvelables que la France. Notons par parenthèse le revirement de certains responsables allemands vis-à-vis des perspectives du nucléaire.

 

Selon de nouvelles données d’Eurostat, les énergies renouvelables ont représenté 22,3% de la consommation énergétique finale de la France en 2023, contre 21,5% pour l’Allemagne. Si l’on se concentre sur l’électricité, l’Hexagone reste sur le podium des plus faibles émetteurs de gaz à effet de serre.

Selon EDF, puisqu’en 2023, l’atome participait à plus de 65% de la production d’électricité du pays.

Black Friday: désespérant pour l’environnement ?

Black Friday: désespérant pour l’environnement ?

 La déferlante du Black Friday a une nouvelle fois, frappé la France. Cette tradition importée des États-Unis il y a une dizaine d’années par le géant du commerce en ligne Amazon, veut que, le dernier vendredi du mois de novembre, de nombreuses enseignes proposent d’importantes promotions sur leurs produits. Si ce phénomène permet à des ménages à faible pouvoir d’achat de s’équiper – et il semble que cette année, en réponse à l’inflation, les consommateurs aient été plus que d’habitude à la recherche de bonnes affaires -, cette journée est aussi devenue le premier symbole d’une surconsommation terrifiante. Par Florentin Letissier, Adjoint à la Maire de Paris en charge de l’Économie Sociale et Solidaire, l’économie circulaire et la contribution à la trajectoire zéro déchet (*)-dans « la Tribune »

Nous gardons évidemment en tête les images des mouvements de foule à l’ouverture des magasins – ce qui conduit certains à parler plutôt de « Mad Friday ». D’ailleurs, les Français ont en moyenne dépensé 416 euros au Black Friday l’année dernière, en augmentation par rapport à 2022 (1). Une catégorie de produits est tout particulièrement concernée par ce phénomène : celle de l’électroménager. En 2022, elle se hisse à la 2e place des ventes du Black Friday, et enregistre la plus forte hausse des intentions d’achats, parmi toutes les catégories confondues (2).

Durant toute leur durée de vie pourtant, les équipements électroménagers, électriques et électroniques (les « 3E ») ont un impact sanitaire et écologique des plus forts : de la production au démantèlement, en passant par la distribution et la consommation. D’autant plus qu’avec le développement des technologies, l’expansion du numérique et la généralisation du télétravail, la production et les ventes d’équipements électroniques n’ont cessé de croître. Sur le territoire de Paris et du Grand Paris, ils représentent une dépense d’environ 3,7 millions d’euros par an (3), et sont évidemment majoritairement importés, ce qui tend à invisibiliser aux yeux du grand public leurs impacts environnementaux et sociaux pourtant bien réels. Arrêtons-nous un instant la production de ces équipements : la plupart de nos appareils électroménagers sont aujourd’hui dotés de puces électroniques, fabriquées avec des métaux stratégiques tels que le gallium (l’une des « terres rares »). Stockés dans des couches du sous-sol, leur extraction requiert beaucoup d’énergie, devient une source de tensions géopolitiques majeure avec la Chine – qui détient 60% du marché mondial des terres rares – où elle est pratiquée, et est le plus souvent réalisée dans des conditions sociales et environnementales désastreuses (4). Pour extraire un kilo de gallium, indispensable aux téléphones équipés de la 5G, il faut casser 50 tonnes de roche ! En fin de vie, la surproduction et la surconsommation à grands coups de marketing et d’obsolescence programmée conduisent à une production mondiale de déchets d’équipements électriques et électroniques qui devrait atteindre 75 millions de tonnes en 2030 (5).

Malgré des avancées en France avec la densification des points de collecte, l’indice de réparabilité et l’arrivée d’un indice de durabilité, les solutions alternatives – la réparation, le réemploi et le recyclage – sont soit lacunaires soit méconnues, et encore trop rarement solidaires. Pourtant, nous avons cruellement besoin de sobriété, de politiques locales d’économie circulaire, et d’une politique ambitieuse de réindustrialisation de l’ensemble de la filière. Diminuer fortement l’achat d’équipements neufs et améliorer drastiquement leur réemploi et recyclage au plus près des lieux de consommation sont des urgences. Un Français génère en moyenne 300 kg de déchets par an pour ses usages numériques (6), et le mode de vie des Parisiens et des Parisiennes ne déroge pas à la règle de cette consommation à outrance, qui va de nos télévisions toujours plus grandes dans chaque foyer, aux écrans publicitaires qui inondent l’espace public.
Outre la sobriété, pour faire face à notre dépendance aux minerais critiques et stratégiques nécessaires à la transition écologique (en particulier aux batteries des véhicules électriques), nous devons nous poser la question de l’exploitation du sous-sol minier européen et français. Des projets liés au lithium ont vu le jour en Alsace et dans l’Allier. Ils doivent nécessairement obéir à des critères sociaux et environnementaux extrêmement exigeants, et tenir rigoureusement compte de l’avis de la population du territoire. Un débat public transparent et non-biaisé par les intérêts économiques d’entreprises doit être organisé et chaque projet doit être validé par un référendum local. Cette question n’est pas simple, mais elle doit être traitée : nous ne pouvons plus ignorer l’impact à l’autre bout du globe de la production des composants de nos appareils électroniques du quotidien. Assumons donc d’en produire une partie en Europe.

Pour cela, nous, collectivités territoriales métropolitaines, devons agir à notre échelle pour faire de nos villes les mines de demain, non pas naturelles, mais urbaines, où les composants de nos déchets électroniques deviennent les ressources pour de nouvelles productions qui gagneront en sobriété et en proximité. Aujourd’hui, un téléphone est changé en moyenne tous les deux ans alors que ce sont près de 100 millions de téléphones (7) qui dorment dans nos tiroirs. Ces ressources sont un puissant levier d’action pour nous, point de départ d’une filière d’économie circulaire et solidaire à reconstruire.

Cet objectif ne pourra être atteint qu’avec la mobilisation de toute la filière, associant à la fois les acteurs publics et privés. La Ville de Paris y prend toute sa part, notamment en accompagnant les acteurs historiques du réemploi solidaire à relocaliser des activités de réparation et de reconditionnement à grande échelle sur le territoire parisien. C’est le cas de la Fédération Envie, créée il y a 40 ans avec cette idée visionnaire : développer la réparation des équipements électroménagers afin de lutter contre l’obsolescence programmée, tout en formant des personnes éloignées de l’emploi dans des parcours d’insertion.

Le Black Friday a quelque chose de désespérant. Il crée des besoins, incite à des dépenses inutiles et contribue à la destruction de la planète. Il y a toutefois des raisons d’espérer et des alternatives. Le Green Friday de consommation responsable, porté par Altermundi et Envie, en est un excellent exemple. La Ville de Paris soutient également le projet d’Envie d’ouvrir un atelier de reconditionnement d’équipements électriques et électroniques dans le 20e arrondissement de Paris, boulevard Davout, à l’horizon 2026. Quand les pouvoirs publics et les entreprises de l’économie sociale et solidaire s’associent, créer des filières de sobriété et d’économie circulaire est possible !

(1) Article en ligne NéoMag, « Black Friday : les achats d’électroménager plébiscités en 2023 »
(2) Ibid.
(3) UTOPIES et Ville de Paris, « L’économie circulaire transforme la technologie en créant des emplois durables près de chez nous », 2021
(4) Voir l’ouvrage de Guillaume Pitron, « La guerre des métaux rares. La face cachée de la transition énergétique et numérique », 2018
(5) International Telecommunication Union (ITU), the Sustainable Cycles (SCYCLE) Programme currently co-hosted by the United Nations University (UNU) and the United Nations Institute for Training and Research (UNITAR), and the International Solid Waste Association (ISWA), The Global E-Waste Monitor, 2020
(6) Y compris électroniques ou liés à l’extraction des matières premières, Ademe 2023
(7) 100 millions de téléphones portables dorment dans les tiroirs des Français au lieu d’être recyclés (francetvinfo.fr)

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(*) Florentin Letissier est Adjoint à la Maire de Paris à l’Économie sociale et solidaire, l’Économie circulaire et la Contribution à la stratégie zéro déchet depuis juillet 2020. Âgé de 38 ans, il enseigne les sciences économiques et sociales en lycée et en classes préparatoires aux grandes écoles dans l’Essonne depuis une dizaine d’années. Originaire de la région nantaise, il est élu pour la première fois dans le 14ème arrondissement de Paris en 2014 et devient alors adjoint à la maire en charge de l’environnement et de l’économie sociale et solidaire. Dans ce cadre, il a notamment mené le projet des Grands Voisins, une installation temporaire d’acteurs de l’économie engagée dans un futur éco-quartier.

Environnement–accord de Paris : retrait prochain des États-Unis

Environnement–accord de Paris : retrait prochain des États-Unis

Donald Trump, qui a qualifié par le passé le changement climatique de canular, avait retiré les Etats-Unis de l’Accord de Paris de 2015 après sa première élection à la présidence en 2016, décision sur laquelle était revenue son successeur Joe Biden. Mais après la récente élection de trame, les États-Unis préparent un nouveau retrait de l’accord de Paris. L’enjeu évidemment et de s’affranchir des objectifs environnementaux pour renforcer la compétitivité économique du pays.

 

L’équipe de transition de Donald Trump a préparé des décrets pour retirer à nouveau les Etats-Unis de l’Accord de Paris sur le climat et réduire la superficie des zones protégées du territoire américain afin d’autoriser de nouveaux forages et projets miniers, rapporte vendredi le New York Times.

Donald Trump devait également mettre fin à un moratoire sur la création de nouveaux terminaux d’exportation de gaz naturel et supprimer une dérogation permettant à la Californie et d’autres Etats d’avoir des normes anti-pollution plus sévères que dans le reste du pays.

 

Environnement politique : recyclage de Macron sur l’Europe

Environnement politique : recyclage de Macron sur l’Europe

Devant les difficultés inextricables à gouverner actuellement la France compte tenu de l’éclatement des forces politiques, Macon aurait déclaré en privé « il se démerde ». Et d’envisager désormais une action privilégiée surtout au plan de l’Europe le seul problème pour lui c’est qu’il est désormais autant discrédité à l’international et en Europe en particulier qu’en France. Et de toute manière il serait bien incapable d’imposer une disposition qui réclamerait l’accord et l’appui du Parlement français.Encore heureux qu’il n’est pas choisi de se recycler dans l’espace international où là encore il a accumulé les échecs ( notamment avec la Russie, l’Afrique ou encore avec les territoires d’outre-mer).

 

«Pour moi, la première priorité est l’échelle européenne», après avoir entrepris de nombreuses réformes économiques et sociales en France, a déclaré le chef de l’État lors d’un forum sur l’avenir de l’Europe dans la capitale allemande. «C’est là qu’on peut débloquer beaucoup de croissance et de potentiel», a-t-il plaidé.

Environnement et JO : la Seine toujours aussi polluée !

Environnement et  JO : la Seine toujours aussi polluée !

En dépit des pronostics et des promesses, la qualité de l’eau de la Seine ne permet pas de s’y baigner. 

 

L’équipe de France de nage en eau libre ne pourra donc pas s’entraîner lundi prochain, le 10 juin, dans la Seine à cause de la mauvaise qualité de l’eau, a appris ce jeudi la direction des Sports de Radio France. Les contrôles désormais quotidiens depuis le 1er juin sur huit points en amont du site olympique montrent en effet une dégradation de la qualité des eaux de la Seine. En cause : les abondantes pluies du mois de mai. De plus, le débit est jugé trop important pour permettre un entraînement.

En août dernier déjà, l’épreuve test de natation en eau libre à Paris avait été annulée à la dernière minute à cause d’une qualité de l’eau en dessous des normes acceptables.

Les responsables de l’équipe de France sont désormais à la recherche d’une nouvelle date mais sans garantie si aucune amélioration n’est constatée.

La question désormais est de savoir si les relevés sanitaires seront suffisamment bons pour que les athlètes puissent nager dans la Seine pour les épreuves d’eau libre et de triathlon durant les Jeux olympiques de Paris.

Hidalgo avait pourtant promis de s’y baigner…… comme Chirac en son temps ! !

Environnement-Climat–20 % seulement PME ont l’intention de se décarboner

Environnement-Climat–20 % seulement PME ont l’intention de se décarboner

 Preuve encore que les mesures venues uniquement d’en haut  sont insuffisantes pour décarboner l’économie. Faute de concertation avec les secteurs économiques, la décarbonation avance au pas d’escargot. En 2023, une PME-PMI ont engagé des efforts pour se décarboner constate ce jeudi la deuxième édition du baromètre du fonds européen Argos Wityu et du cabinet de conseil BCG.

D’après ce sondage réalisé sur 700 petites et moyennes entreprises (PME) et entreprises de taille intermédiaire (ETI), 17% d’entre elles déclarent avoir « fortement investi financièrement », selon « un plan de décarbonation structuré », et ont mesuré leurs émissions en 2023. Au niveau européen : 57% des entreprises interrogées n’ont pas fortement investi dans leur transition écologique en 2023.

Autre statistique intéressante de l’étude : c’est dans le transport et la logistique que les entreprises européennes sont les plus nombreuses à investir pour verdir leur activité (58%), deux fois plus que dans les industries impliquant des fortes températures (29%). A noter aussi : si deux sociétés sur trois estiment que la transition climatique est une opportunité, les entreprises françaises sont en revanche moins optimistes qu’en 2022. Une tendance inverse à celle de l’Allemagne ou du Benelux.

 

Comme avantages économiques permis par la décarbonation, les PME-ETI citent les éléments suivants : l’efficacité énergétique et la réduction des coûts associés (58 %, +4 points par rapport à 2023), la possibilité de remporter des parts de marché (54 %, +3 points) et d’attirer de nouveaux talents (40%, +15 points).

Autour seulement de 10 %  des dirigeants interrogés avaient une approche structurée en matière de décarbonation.

L’étude avait aussi pointé le fait suivant : parmi les principaux freins évoqués par les PME et ETI pour se verdir, figuraient en premier lieu la montagne d’investissements et les difficultés à obtenir des fonds (57%). Viennent ensuite la complexité réglementaire (55%) pour mettre en place des panneaux photovoltaïques par exemple ou d’autres installations afin de réduire l’empreinte carbone de l’énergie utilisée pour fonctionner.

D’après un rapport de l’ONG Carbon Disclosure Project (CDP) et du cabinet de conseil Oliver Wyman, paru en mars, en Europe, quatre entreprises sur cinq n’arrivent pas à réduire leur empreinte carbone au rythme nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques du continent.

 

Environnement-Plus de 500 milliards de barils de pétrole dans l’Antarctique visés par la Russie

Environnement-Plus de 500 milliards de barils de pétrole dans l’Antarctique visés par la Russie

 

 Une véritable catastrophe potentielle pour l’environnement avec la perspective d’exploitation d’immenses réserves de pétrole dans l’Antarctique par les Russes et d’autres. D’après le Figaro, Moscou aurait ainsi découvert dans l’Antarctique de gigantesques réserves d’hydrocarbures, représentant pas moins de 511 milliards de barils de pétrole, révèle le quotidien The Telegraph . Les Britanniques s’alarment en premier de cette nouvelle car l’or noir en question se trouverait principalement dans l’Antarctique britannique, une vaste zone inhabitée d’1,7 million de km2 également revendiquée par le Chili et l’Argentine.

Les chiffres sont spectaculaires: le monde entier consomme environ 36 milliards de barils de pétrole par an, d’après l’Energy Institute Statistical Review of World Energy 2023, tandis que le Telegraph rappelle que ces 511 milliards de barils représentent «10 fois la production totale de la mer du Nord sur 50 ans».

Derrière cette découverte se joue finalement l’avenir de ce texte décisif pour le pôle Sud. S’il doit être révisé en 2048, tout État partie peut par ailleurs retirer sa signature et ne plus être soumis aux engagements du traité. «Il n’y aura jamais de moment raisonnable pour extraire des hydrocarbures de l’Antarctique. Toute tentative de [les] exploiter nous fera tous couler», met en garde le professeur Alan Hemmings, commandant de la station British Antarctic Survey pendant la guerre des Malouines entre l’Argentine et le Royaume-Uni en 1982, qui craint que les activités russes, mais aussi chinoises, finissent par rendre le traité caduc.

Les tensions que l’on observe déjà dans l’Arctique pourraient donc trouver leurs pendants de l’autre côté du globe. «Bien qu’elle n’ait aucune revendication territoriale en Antarctique, la Russie, aux côtés des États-Unis et de la Chine, a progressivement renforcé sa présence dans la région ces dernières années à travers diverses campagnes scientifiques, établissant cinq stations de recherche sur le territoire depuis 1957», rapporte ainsi le magazine Newsweek .

 

Environnement et intelligence artificielle ?

Environnement et intelligence artificielle ?

 

Autour de nous, nous observons le numérique envahir tous les autres secteurs. L’intelligence artificielle (IA) est l’un des derniers maillons de ce bouleversement technologique : elle accompagne désormais tout traitement automatique qui exploite le déluge de données numériques. Mais au vu des enjeux écologiques auxquels nous faisons face aujourd’hui, sera-t-il possible de concevoir une IA respectueuse des contraintes environnementales ? Avant de rentrer dans le sujet de l’IA frugale, il convient de poser le décor. La crise climatique sans précédent à laquelle nous faisons face a commencé avec la révolution industrielle, au milieu du XIXe siècle, qui a planté les germes de notre société de consommation actuelle. Le changement climatique n’est pas la seule menace environnementale : stress hydrique, épuisement des ressources, perte de la biodiversité… Mais c’est sans doute la plus visible et la plus documentée, et donc celle qui peut nous aider à mieux appréhender les autres.

 

par
Denis Trystram
Professeur des universités en informatique, Université Grenoble Alpes (UGA)

Thierry Ménissier
Professeur de philosophie politique, Université Grenoble Alpes (UGA) -

The Conversation
Le secteur du numérique n’est pas facile à cerner, car il est dilué partout. Selon l’ADEME, il représente 2,5 % des émissions carbone de la France en 2022. Ces dernières années, le domaine a connu une forte croissance et les études prospectives envisagent principalement des scénarios de poursuite de cette croissance, au moins à moyen terme.

Un petit calcul réalisé à partir de données publiques sur le scénario SSP1-19 du GIEC, un des plus optimistes, souligne l’aberration de cette croissance. Si le secteur croît selon la prévision la plus basse de croissance, le numérique émettrait 6 fois plus que l’objectif du scénario de décroissance des émissions mondiales de CO₂ d’ici à 2050 ! Même si la croissance du secteur stagnait au niveau d’aujourd’hui, il représenterait trois quarts des émissions totales… Dans un tel monde, que nous resterait-il pour le reste ?

Si on se focalise sur l’IA, on observe une rupture claire à partir de 2012. La croissance du secteur s’emballe alors avec un doublement des besoins en puissance de calcul tous les 5-6 mois au lieu de 24 mois, chiffre jusqu’alors stable de la classique loi empirique de Moore. Cette date correspond au développement des modèles d’IA reposant sur l’apprentissage profond, ou deep learning, rendus possibles par l’utilisation de processeurs graphiques (GPU) pour effectuer les calculs à la base de l’apprentissage profond et par le développement des données ouvertes sur Internet. Rappelons que l’IA n’est pas réduite à l’apprentissage par réseaux de neurones profonds, mais ce sont incontestablement ces derniers qui sont les plus gourmands.

Un nouveau palier a été atteint en 2023, avec l’explosion des modèles génératifs comme l’agent conversationnel ChatGPT. Même s’il est difficile d’avancer des chiffres précis, étant donné que les « géants de la tech » comme OpenAI, Meta ou Microsoft qui sont à l’origine des plus gros modèles ne communiquent plus sur ces données, cette diffusion à large échelle est très inquiétante.
ChatGPT est basé sur le modèle GPT-3, remplacé aujourd’hui par une version améliorée GPT-4. Ce n’est pas le seul, mais c’est le plus populaire et un de ceux pour lequel il existe des données. Le modèle sur lequel il s’appuie possède 176 milliards de paramètres et a nécessité 552 tonnes d’équivalent CO2 pour son entraînement en Californie. En termes de consommation électrique (indicateur plus objectif au sens où il ne dépend pas du mix énergétique), le modèle a tourné des jours sur près de 4 000 gros GPU de Nvidia dont la consommation a été estimée à 1 283 MWh (megawatt-heure, soit 1 000 kWh).

La phase d’usage est bien plus consommatrice encore ! Chaque jour, les quelque dix millions d’utilisateurs mobilisent 564 MWh d’électricité. Les annonces récentes des patrons d’OpenAI et Microsoft sur des commandes de centaines de milliers de GPU pour alimenter les futures versions sont vertigineuses en termes de consommation et d’impact environnemental. Avec sa capacité de production actuelle, le constructeur Nvidia est loin de pouvoir en produire autant.

ChatGPT n’est que l’élément visible de cette galaxie. Aujourd’hui, l’IA est un moteur de la croissance exponentielle du secteur du numérique, avec une explosion du nombre d’applications et services qui utilisent l’IA générative. Le développement de l’IA à ce rythme n’est bien entendu pas soutenable tel quel.

On ne pourra soutenir cette croissance que si l’IA permet des économies d’émissions considérables dans tous les autres secteurs. C’est la voix majoritaire qui porte le message d’une IA qui va nous aider à sortir de la crise. Malgré de trop nombreuses applications inutiles ou questionnables, il existe des apports bénéfiques pour la société notamment pour simuler et analyser des phénomènes physiques complexes comme l’étude de scénarios pour contrer la crise climatique. Encore faut-il que ces solutions ne soient pas in fine pires que le mal ! Par exemple, l’IA va permettre aux entreprises exploitant les énergies fossiles d’optimiser leur activité et donc d’émettre encore plus de CO₂.

Partout, on entend parler d’IA frugale sans que ce terme soit clairement défini. Dans le langage usuel, la sobriété est souvent entendue comme la réaction adéquate face à une consommation abusive d’alcool. Dans le contexte de l’IA, cela renvoie plutôt à la simplicité (ce qui est clairement insuffisant ici), à la modération, voire l’abstinence. Frugalité et sobriété sont souvent considérées comme synonymes ; il est également possible de considérer que la frugalité concerne le fonctionnement des systèmes techniques tandis que la sobriété renvoie à leur usage dans le cadre des pratiques sociales.

Les deux dimensions se complètent dans le sens où tout système technique s’adresse à des usages qui se trouvent de la sorte facilités et encouragés. Ainsi, plus le système apparaît propice à l’usage, plus son impact s’accroît : c’est ce que l’on appelle l’effet rebond. Cependant, le plus pertinent est la définition en creux : le contraire de la frugalité est ainsi qualifié de gloutonnerie selon Le Robert. Il est donc possible de considérer que la frugalité-sobriété comme une vertu qui s’apprécie en négative, en fonction de la quantité de ressources que l’on ne consomme pas.

Or, caractériser une IA frugale s’avère difficile pour plusieurs raisons. D’une part, les analyses existantes ciblent souvent l’entraînement des modèles et/ou la phase d’usage, mais ignorent le cycle de vie complet du service ou du produit. Cela inclut la production, l’utilisation et le stockage des données, et l’infrastructure matérielle mise en œuvre, depuis la fabrication jusqu’à la fin de vie de tous les équipements impliqués. D’autre part, pour un service reconnu comme utile pour la société, il conviendrait d’estimer les volumes de données impliquées dans le processus et les effets positifs indirects induits par son déploiement. Par exemple, un système d’optimisation énergétique pour un appartement peut permettre une augmentation de confort ou le déploiement de nouveaux services grâce aux économies réalisées.

Aujourd’hui, les termes de frugalité ou de sobriété sont souvent synonymes d’efficacité énergétique : on imagine et développe une solution sans prendre en compte son coût environnemental, puis on l’améliore de ce point de vue dans un second temps. Il faudrait au contraire s’interroger en amont sur les effets avant le déploiement du service, quitte à y renoncer.

L’IA frugale est donc caractérisée par une contradiction intrinsèque, au vu de la boulimie d’énergie et de données aujourd’hui nécessaire à l’entraînement des gros modèles et à leurs usages, au mépris des risques considérables pour l’environnement. En matière d’IA, la frugalité doit aller bien plus loin que la simple efficacité : elle doit d’abord être compatible avec les limites planétaires. Elle doit aussi interroger les usages en amont, jusqu’au renoncement de certains services et pratiques, en se basant sur des analyses de cycle de vie complètes et rigoureuses.

Les finalités que recouvrent ces développements technologiques devraient au moins être collectivement débattues. Derrière l’argument d’une efficacité accrue se cache la compétition entre souverainetés nationales ou la concurrence entre des firmes intéressées par des profits colossaux. Il n’y a rien dans ces finalités qui ne soit considéré à l’aune d’une approche éthique.

Une évaluation des systèmes d’algorithmes à l’aide des éthiques environnementales contemporaines permet même de fonder la notion de sobriété sur d’autres bases. En effet, et en dépit de leur variété, ces éthiques ne considèrent pas la Nature (l’eau, l’air, les matériaux et les vivants) comme des ressources à disposition de la seule espèce humaine, engagée dans la compétition technologique et l’hédonisme industriel. En conclusion, on pourrait affirmer que s’ouvre aujourd’hui pour la recherche responsable en IA une perspective aussi formidable que difficile à réaliser : proposer des modèles et des systèmes les plus compatibles possibles avec une telle définition « forte » de la sobriété.

Environnement :  » 70 % des forêts primaires du globe ont disparu « 

Environnement : «  70 % des forêts primaires du globe ont disparu « 

 Le professeur en botanique, FRANCIS HALLE ,  dresse un état des lieux alarmant des menaces qui pèsent sur ces poumons de la planète ( dans La Tribune).

 Aujourd’hui, quelles sont les forêts les plus mal en point dans le monde ?

FRANCIS HALLE - L’Europe est dans la pire situation. La principale raison est que, sur notre continent, nous n’avons presque plus de forêts primaires, sources essentielles de biodiversité. La dernière du type est la forêt de Bialowieza, à cheval sur la Pologne et la Biélorussie. Elle a été formée il y a un peu plus de dix mille ans, lors de la dernière période de glaciation. L’activité humaine est en train de la menacer. En Asie du Sud-Est, la situation n’est pas très bonne non plus. L’extension des plantations de palmiers à huile a détruit de très larges zones de forêts. Il y a aussi un cas particulièrement alarmant : celui de la Chine, pays où il n’y en a quasiment plus. C’est dramatique. En Amérique du Sud, et notamment au Brésil, là où se situe la majeure partie de l’immense forêt amazonienne, la situation s’est dégradée ces dernières années. En cause, l’action de l’ancien président brésilien d’extrême droite Jair Bolsonaro, grand soutien de l’agro-industrie. Pendant son mandat, la déforestation a augmenté d’environ 75 % par rapport à la décennie précédente. Le Chili et l’Argentine sont aussi dans une situation comparable.

À l’inverse, quelles sont les zones forestières qui se portent le mieux ?

À ce jour, c’est l’Afrique qui abrite les plus belles forêts tropicales. Il y a là-bas des massifs intacts et notamment de nature primaire. Ces espaces-là se situent surtout en Afrique centrale. Du côté de l’Amérique du Nord, tout particulièrement aux États-Unis, la situation est positive. Les Américains ont bien conservé leurs forêts, dont certaines sont encore primaires. Les forêts boréales, situées dans l’hémisphère Nord [au Canada, en Scandinavie et en Russie], se portent bien aussi. Par contre, ces dernières ne sont pas riches en biodiversité animale.

Vous alertez surtout sur la destruction des forêts « primaires ». Pourquoi sont-elles si importantes ?

Les forêts dites « primaires » [en langage courant, des « forêts vierges »] existent depuis des centaines de millions d’années et n’ont pas été exploitées par l’homme. Elles accueillent l’essentiel de la biodiversité planétaire, c’est énorme, et elles sont aussi d’immenses puits de carbone. Voilà pourquoi il est absolument crucial de les préserver. Aujourd’hui, 70 % des forêts primaires du globe ont disparu. C’est un vrai problème pour la biodiversité de la planète.

Quelle est la menace principale pour les forêts dans le monde ?

Principalement l’être humain. La déforestation pour des activités économiques est l’exemple le plus frappant. En Asie, c’est particulièrement inquiétant. D’autres pratiques humaines dégradent également les forêts. Par exemple, en France, une partie de leur mortalité est liée à la plantation d’arbres qui ne respectent pas leur écologie d’origine. Je pense aux nombreux épicéas, une espèce de montagne, plantés ces dernières années en plaine. Résultat : ils poussent vite, certes, mais beaucoup sont infestés par des parasites, les scolytes, et meurent… Le dérèglement climatique favorise aussi les feux de forêt. Le monde entier est aujourd’hui touché, notamment le nord de l’Europe, qui était auparavant épargné en comparaison avec l’Europe du Sud.

En France, le gouvernement dit que le volume de forêts augmente, mais vous n’êtes pas d’accord. Pourquoi ?

En fait, ce qui augmente en France, ce sont les plantations d’arbres, qui, je le rappelle, ne sont pas des forêts ! Dans celles-ci, tous les arbres sont de la même espèce et ont le même âge. Elles ont uniquement une finalité économique, notamment la fourniture de bois. Mais niveau biodiversité, on est très bas.

Pourquoi préserver les forêts est-il si important pour l’équilibre écologique de la planète ?

Il y a plusieurs raisons. Sous une forêt en bon état, qu’elle soit primaire ou secondaire, les sols sont de bonne qualité. Mais l’agriculture productiviste, lorsqu’elle prend la place d’une partie de forêt, introduit des intrants chimiques dans les sols. Un processus qui, au fil des années, les appauvrit et les rend infertiles. L’autre point important est bien sûr la biodiversité : plus une forêt est vieille, plus elle est riche en faune et en flore. Enfin, c’est une évidence, les forêts captent des quantités astronomiques de carbone et sont notre seule réelle source d’oxygène.

Environnement: des grands projets exemptés de Zéro artificialisation nette (ZAN)

Environnement: des  grands projets  exemptés de Zéro artificialisation nette (ZAN) 

Le ministre de l’écologie, Christophe Béchu va  publier un arrêté concernant une liste de 424 projets qui pourront être exclus du dispositif « zéro artificialisation nette des sols » (ZAN). Transmise aux élus locaux mercredi, la liste sera publiée ce jeudi et fera l’objet d’une consultation publique durant un mois, précise le cabinet de Christophe Béchu. A noter cependant que l’artificialisation des sols est due pour près des deux tiers à la construction de logements.

 

Au total, dans sa liste publiée ce jeudi après-midi, 167 projets d’envergure nationale ou européenne qui échapperont au dispositif du zéro artificialisation nette (ZAN). Parmi eux, certains projets industriels stratégiques pour le gouvernement, notamment la future autoroute A69 Castres-Toulouse, les sites de construction des futurs EPR2, ou encore le projet de mine de lithium en Allier, pourront donc être menés à bien sans restriction liées au ZAN. A noter : les nouvelles usines représentent 30 % des 167 projets inclus dans la liste, tandis que les infrastructures (routières ou ferroviaires) en représentent la quasi-moitié.

La loi « Climat et résilience », issue de la Convention citoyenne et voté en 2021 visait initialement le « zéro artificialisation nette des sols » (ZAN) en 2050, avec pour objectif intermédiaire la réduction de moitié de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers (Enaf) d’ici 2031. L’objectif final est, lui, prévu pour 2050. Pour y arriver, la France est censée diviser par deux, tous les dix ans, son rythme de grignotage des espaces naturels par l’étalement des villes.

A noter cependant que l’artificialisation des sols est due pour près des deux tiers à la construction de logements, qui prennent plus d’espace en France qu’ailleurs du fait d’un modèle d’aménagement du territoire ayant favorisé la maison individuelle.

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