Guerre en Ukraine : L’ ONU absente !
Dans une tribune au « Monde », Pascale Brudon, ancienne fonctionnaire internationale à l’Organisation mondiale de la santé, constate que l’Organisation des Nations unies est la grande absente de la guerre en Ukraine et exhorte Antonio Guterres à se faire entendre.
Tribune.
Après avoir, sans succès et à plusieurs reprises, sommé le président russe d’arrêter ce conflit meurtrier et de respecter la charte des Nations unies, Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, semble avoir disparu des radars. Les chefs d’Etat parlent à Poutine, les chefs d’Etat visitent l’Ukraine et le secrétaire général reste dans son bureau, à New York… loin des combats et des images.
Face à un Poutine qui a depuis longtemps décidé cette guerre et cette invasion et a préparé son peuple à croire tous les mensonges qu’il profère, tous les efforts restent vains. Les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies sont bloquées par le veto russe, celles de l’Assemblée générale des Nations unies, non contraignantes légalement, ne sont pas respectées par la Russie.
Malgré sa marge de manœuvre limitée, il est urgent que le secrétaire général intervienne de nouveau avec force et utilise ce qui reste de pouvoir à l’ONU pour imposer un cessez-le-feu immédiat et l’ouverture de négociations qui prennent en compte le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes (Charte des Nations unies, article 1er, alinéa 2). Peut-être ne réussira-t-il pas, mais essayer est un devoir lié à sa charge et une obligation morale.
Il est indispensable qu’il ne se contente pas de discours, mais qu’il agisse sur tous les fronts. Mais où est-il ? A-t-il développé avec ses équipes une stratégie d’influence, en soutien aux discussions qu’il devrait avoir avec tous les pays sur des solutions acceptables par les deux parties ? A-t-il nommé des envoyés pour aller discuter avec les leaders d’opinion, les politiques, la société civile sur tous les continents ? Peut-être l’a-t-il fait, nous ne le savons pas…
Et pourtant, en dehors du prix terrible que paie l’Ukraine et du non-respect par la Russie des droits humains et autres conventions, tous les pays – et surtout les plus pauvres, dont certains se sont abstenus au moment du vote à l’Assemblée générale – vont souffrir de ce qui se passe aujourd’hui. L’augmentation du prix du blé, de l’énergie, de certains métaux, ajoutée aux conséquences du dérèglement climatique, va avoir un impact majeur sur tous les continents. Il est probable que des émeutes de la faim, telles que celles que nous avons connues dans le passé, éclatent, augmentant les souffrances des populations et renforçant des régimes autoritaires. Ce conflit n’est pas seulement une guerre européenne, il aura des répercussions dans le monde entier. C’est le rôle de l’Organisation des Nations unies et de ses agences spécialisées d’être un outil de paix, d’influence et d’information, comme inscrit dans la Charte des Nations unies signée en 1945 et dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.