Élections européennes : l’Europe sociale absente

Élections européennes : l’Europe sociale absente

L’économiste Bruno Coquet juge la reprise économique qui a suivi la crise sanitaire en grande partie responsable de l’effacement des thèmes sociaux, mais il appelle, dans une tribune au « Monde », les dirigeants européens à redresser le cap, autrement c’est le social qui s’invitera à la table des négociations européennes.

Selon le dernier Eurobaromètre de la Commission européenne [publié le 12 avril], 88 % des citoyens de l’Union affirment que l’Europe sociale est importante pour eux. Ils rappellent l’Europe à ses ambitions : en 1957, trois présidents, deux Majestés et une Altesse royale « décidés à assurer par une action commune le progrès économique et social de leurs pays en éliminant les barrières qui divisent l’Europe », et « assignant pour but essentiel à leurs efforts l’amélioration constante des conditions de vie et d’emploi de leurs peuples », faisaient largement dominer cette finalité sociale dans les premières pages du traité de Rome.Pourtant, l’Europe sociale est la grande absente de cette campagne européenne. Bien entendu, mis devant ce fait tous les candidats se récrieront. Car, l’Europe sociale étant très plastique, chacun peut en effet toujours afficher une ou deux propositions sociales. Malgré tout, on reste très loin de la priorité fondatrice.

Dans une construction européenne largement axée sur la libre circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux, qui a préféré l’élargissement à l’approfondissement, la finalité sociale est souvent passée au second plan. Tant et si bien que, à force d’être régulièrement rattrapés par des difficultés structurelles (désindustrialisation, vieillissement, etc.) ou conjoncturelles (chômage, crise financière, inégalités sociales, etc.), les chefs d’Etat ont ponctuellement été mis en demeure de réaffirmer l’ambition sociale de l’Europe.

Pour attester la force de cet engagement, les traités ont été émaillés de nombreuses institutions et procédures de coordination des politiques du marché du travail et des politiques sociales. Pour la plupart, ces mécanismes ronronnent dans un silence huilé, à l’arrière des batailles économiques.

La Commission européenne, occupant l’espace laissé vacant par le Conseil, tente bien de faire vivre le « socle européen des droits sociaux », une Europe sociale minimale où se sédimentent les priorités successives des présidences tournantes – comme naguère les questions de travail détaché ou de salaire minimum. Mais le décompte a posteriori des emplois créés et le vœu que ceux-ci soient de qualité ne suffisent pas.

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