Archive pour le Tag 'Conflits'

Conflits et Israël : réponse mesurée du Hezbollah et de l’Iran

Conflits et  Israël : réponse mesurée  du Hezbollah et de l’Iran 

 

 

À juste titre , on craint un embrasement au Moyen-Orient. En effet d’une certaine manière d’Iran a été humiliée après l’assassinat sur son sol du leader du Hamas. En outre la mort du chef militaire du Hezbollah constitue une humiliation supplémentaire qui discrédite le régime iranien et ses alliés.

L’Iran est donc contrainte de répliquer à Israël mais il n’est pas certain que la réponse soit à la hauteur de la radicalité des propos. En effet l’Iran est très affaiblie. D’abord au plan interne la situation économique est très mauvaise car les ressources sont gaspillées inutilement et appropriées par le clan religieux. Au plan politique ,  la situation est détestable avec une opinion publique de plus en plus opposés à la dictature chiite.

Concernant la dimension internationale, l’Iran ne peut plus dire compter sur le Hamas qui a été en grande partie détruit en Palestine. Reste essentiellement le Hezbollah qui dispose d’une armée assez solide au sol  mais une guerre avec Israël serait susceptible non seulement de détruire le Hezbollah mais peut-être même aussi le Liban.

Conflits : La Russie sur deux fronts

Conflits : La Russie  sur deux fronts 

Depuis le premier jour de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, tous les regards se sont tournés vers la frontière occidentale de la Russie, où s’est créé un front de guerre de 1.000 km. Mais sur les frontières russes à l’Est, impliquant toute l’Asie Centrale, s’est ouvert un autre front diplomatique et économique depuis la chute de l’URSS. L’Europe, les États-Unis et la Chine s’y livrent une grande bataille d’influence. Par Gérard Vespierre (*) Président de Strategic Conseils. ( dans  » la Tribune »)

A l’image du « Grand Jeu » du 19e siècle, entre l’empire russe et l’empire britannique et leurs influences respectives, en Asie Centrale, il s’est ouvert un nouveau « Grand Jeu » entre l’empire russe actuel et ses adversaires du 21e siècle, l’Union européenne et les États-Unis. Il convient d’y ajouter la Chine, tant le jeu de Pékin est dual, dans cette partie du monde, vis-à-vis de son « allié stratégique » russe.

Après son opposition au seul empire britannique au 19e siècle, la Russie actuelle est confrontée, sur ses frontières orientales, à l’action économique et politique (donc stratégique) des trois plus grands ensembles géopolitiques du monde.

Tous les pays d’Asie Centrale (Kazakhstan, Kirghizstan, Turkménistan, Tadjikistan, Ouzbékistan) sont donc soumis à un triple ballet diplomatique et économique de la part des pays européens, des États-Unis et de la Chine, depuis le début des années 1990.

L’Otan, bras stratégique atlantico-européen a mis en place en 2004 un « Représentant spécial » en charge de promouvoir la politique de l’Alliance en Asie centrale (et au Caucase). Il rapporte directement au Secrétaire général de l’Organisation.

L’Union européenne a également mis en place des relations structurées avec les pays impliqués. Les cinq ministres des Affaires étrangères d’Asie centrale ont été reçus, dans le cadre d’une « grande première » par leurs 27 homologues de l’UE le 23 octobre 2023.

La Chine n’est pas en reste. Dans le cadre du déploiement de ses importants investissements ferroviaires et industriels dans chaque pays d’Asie centrale traversé par les « nouvelles routes de la soie », elle a symboliquement réuni, en mai 2023, les dirigeants des cinq pays chez elle à Xi’an, point de départ des routes de la soie historiques… La Russie n’y était pas conviée…

Le Kremlin continue naturellement de maintenir le maximum d’échanges politiques et économiques avec ses anciennes républiques. Mais les pays d’Asie centrale disposent des mêmes ressources énergétiques que leur ancien tuteur russe, pétrole, gaz et uranium. Sur le marché mondial, la Russie et les cinq pays d’Asie centrale sont donc des producteurs concurrents, visant les mêmes débouchés géographiques: l’Europe et les deux géants asiatiques, Chine et Inde.

Il s’agit donc pour les pays d’Asie centrale d’élaborer une stratégie d’éloignement de la Russie de façon mesurée et équilibrée, à travers la création de partenariats diversifiés. La nécessité de ce choix s’est vue accélérée par l’invasion de l’Ukraine. Le choix militaire du Kremlin pour reprendre le contrôle de populations russophones ne pourrait-il pas s’appliquer vis-à-vis des ex-républiques soviétiques d’Asie centrale ?

Le Kremlin est extrêmement attentif à cette évolution, sans vouloir faire apparaître son agacement, à l’image des déclarations de Dmitri Peskov concernant les choix des dirigeants kazakhs, par exemple : « Le Kazakhstan est un pays souverain qui développe ses relations avec d’autres pays, selon ses propres décisions ».

Le Kazakhstan, vaste comme cinq fois la France, représente à lui seul les 2/3 de la superficie de cette région et 30% de la population cumulée des cinq pays d’Asie centrale.

Son action, et les partenariats dans lesquels il s’engage, sont donc particulièrement importants. Tel est le cas avec la France. Les relations ont commencé au cours des années 1990 autour de l’uranium, ressource précieuse pour notre important parc de centrales électronucléaires. En 2008 fut signé un « partenariat stratégique » entre les deux pays.

La France se place au cinquième rang des investisseurs au Kazakhstan, grâce en particulier à la participation très active de TotalEnergies dans l’important site pétrolier offshore de Kashagan, en mer Caspienne. Le Kazakhstan se place au deuxième rang des pays fournisseurs de pétrole de la France, et est notre premier fournisseur en minerai d’uranium. Cette proximité énergétique permet à EDF de travailler au projet de la première centrale électronucléaire kazakh. Le partenariat stratégique s’est donc fortement concrétisé.

La visite en novembre 2023 du président de la République à Astana a matérialisé cette étroite collaboration. Le président Tokaïev a souhaité à cette occasion donner une dynamique supplémentaire au partenariat avec la France. Plus de 170 entreprises françaises sont déjà présentes dans le pays. De nouveaux contrats ont été signés dans le domaine de l’énergie, mais aussi dans le secteur pharmaceutique et dans le domaine du contrôle aérien avec la fourniture de radars, outils nécessaires au renforcement de la souveraineté.

Un rapport de la « Fondation des Sciences Politiques » paru récemment en Allemagne a classé le Kazakhstan comme puissance moyenne, et pays le plus important d’Asie centrale « une nation avec une importante influence dans le domaine politique et économique, certes, mais moins qu’une grande puissance… ». Quel contraste par rapport au début des années 1990. Le Kazakhstan est entré dans une ère nouvelle, où il souhaite jouer un rôle régional et international marqué.

Les tensions dans la géopolitique internationale crée un besoin d’échanges renforcés et de dialogue. La création du Forum International d’Astana correspond donc aux nécessités de dialogues internationaux élargis et au souhait du Kazakhstan d’y jouer un rôle à sa nouvelle mesure.

Dans son discours du premier Forum, l’an dernier, le président Kassym-Jomart Tokaïev avait décrit l’époque actuelle comme «  une période de tensions géopolitiques sans précédent  » caractérisée par «  un processus de destruction des fondements mêmes de l’ordre mondial qui a été construit depuis la création des Nations unies  ».

Dans un tel environnement une nouvelle plate-forme de dialogue ne peut qu’apporter une contribution positive afin de relever ces défis mondiaux. Le forum servira de plateforme aux délégués de haut niveau de gouvernements étrangers, d’organisations internationales, d’entreprises et de cercles universitaires. L’objectif est d’engager le dialogue autour des affaires internationales et de la sécurité, la recherche de solutions, au changement climatique, aux pénuries alimentaires et à la sécurité énergétique.

Les tensions géopolitiques autour de la Russie et de la Chine mobilisent les regards et les attentions. Mais, dans les grands espaces qui les séparent, les principaux acteurs de l’Asie centrale entendent bien jouer un rôle à la hauteur de leur position stratégique, de leurs ressources, et de leurs objectifs d’équilibre.

Les puissances moyennes de la région, souhaitent ardemment définir une troisième voie dans les affaires du monde, comme le précise une des réunions du Forum.

_______

(*) diplômé de l’ISC Paris, DEA Finances Dauphine PSL, Fondateur du média web : www.le-monde-decrypte.com  Chroniqueur géopolitique sur IdFM 98.0

 

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Conflits sociaux : la mortelle incapacité de la France en matière de concertation

Conflits sociaux : la mortelle incapacité de la France en matière de concertation

Historiquement la France a souvent été l’un des pays les plus agitées par des mouvements sociaux. Cependant depuis 2017 s’y rajoute la stratégie du président de la république qui a décidé sciemment de passer outre les organisation représentative et même les institutions pour imposer ses orientations. Depuis 2017, se sont succédées de très graves crises notamment celle des gilets jaunes, celle des retraites, celle des banlieues et maintenant celle de l’agriculture.

Certes, les questions sont complexes et les facteurs explicatifs interagissent entre eux et on ne peut trouver à chaque problème une seule solution miracle. Il faut d’autant plus consentir à accepter de faire un diagnostic partagé par les différents acteurs en cause avant de se précipiter vers des mesures mal appréciées et donc mal prises en compte.

Dans la période, la France connaît à travers le mouvement agricole une nouvelle crise très grave de la concertation. Du coup, c’est à chaud que le pouvoir sort de sa poche un train de mesures qui ressemblent plus à une auberge espagnole qu’à une stratégie économique et sociale.

Encore une fois, la responsabilité en incombe largement à Macon qui a inventé nombre de structures bidons comme le grand débat national, les conventions citoyennes ou encore le conseil

Politique: Élection présidentielle américaine et risques de conflits mondiaux

Politique: Élection présidentielle américaine et risques de conflits mondiaux (Eurasia Group)

Comme chaque année depuis sa création en 1998, l’Eurasia Group, un influent consultant américain spécialisé dans les risques géopolitiques, publie son rapport sur les grands risques pour l’année 2024. La Tribune a rencontré Cliff Kupchan, président de l’Eurasia Group et co-auteur du rapport. Notons également qu’à Davos on s’inquiète aussi sérieusement des conséquences économiques d’une éventuelle élection d’un Trump complètement imprévisible.(extrait)

Les États-Unis, démocratie prospère et fonctionnelle, sont classés comme risque principal de votre rapport 2024, devant deux conflits armés avec un risque d’embrasement régional, voire mondial. Pourquoi ce choix ?

CLIFF KUPCHAN – Les États-Unis font face à de sérieux problèmes structurels : la société est profondément polarisée et toutes les institutions, du Congrès à la justice en passant par les médias, font face à une crise de confiance, alors que se profile l’une des élections les plus clivantes et importantes de leur histoire. Le fait que l’un des deux candidats soit un ancien président ayant tenté d’entraver le processus démocratique est sans précédent, et en dit long sur l’état d’érosion des institutions américaines. On peut également s’attendre à une campagne ponctuée d’attaques ad hominem entre deux vieillards impopulaires… Bref, c’est une élection horrible.

En outre, quel que soit le résultat, il faut s’attendre à des conséquences négatives. Si Biden gagne et que Trump va en prison, près de la moitié de l’électorat sera convaincu que son candidat a perdu suite à une fraude électorale et été placé derrière les barreaux pour des raisons politiques. Si Trump l’emporte, il faut s’attendre à des manifestations dans de nombreuses villes, et sa seconde présidence sera beaucoup plus autoritaire que la première.

Pourquoi cela ?

Il est convaincu que l’élection de 2020 lui a été volée, et, grâce à l’expérience de son premier mandat, a bien identifié les éléments qui l’ont empêché de gouverner comme il l’entendait. On peut donc s’attendre à une purge de fonctionnaires, ainsi qu’à une confrontation avec le FBI et le Département de la Justice. Il va également faire en sorte que les enquêtes ouvertes contre lui soient closes et potentiellement cibler ses ennemis politiques.

Enfin, les contre-pouvoirs ne joueront pas leur rôle : le Congrès est trop divisé, les juges conservateurs sont en majorité à la Cour Suprême et trois d’entre eux ont été nommés par Trump… Il aura également les mains libres pour mener une politique extérieure génératrice de chaos : accélération de la guerre commerciale contre la Chine, fin de l’aide militaire à l’Ukraine, affaiblissement de l’OTAN et perte de crédibilité de l’article 5…

Le rapport pointe également le risque d’un embrasement au Moyen-Orient ainsi que d’une partition de l’Ukraine…

Le conflit entre Israël et le Hamas a de fortes chances de s’envenimer et de prendre de l’ampleur. La frontière nord-est particulièrement polémogène, dans la mesure où une confrontation avec le Hezbollah ouvre la voie à un conflit direct avec l’Iran. Les rebelles Houthis vont continuer de perturber le trafic en mer Rouge et les États-Unis vont sans doute devoir effectuer de nouvelles frappes à leur encontre, mais ils ne sont pas aussi proches de l’Iran que le Hezbollah, le risque d’escalade est donc moindre.

Concernant l’Ukraine, la partition est, selon nous, actée : les territoires occupés la Russie dans le Donbass et le sud de l’Ukraine ne retourneront pas sous le contrôle de Kiev. La dynamique est désormais favorable à la Russie, et le risque est que Zelensky, désespéré, n’agisse sans l’aval des États-Unis, en ciblant par exemple les exportations de pétrole russe dans la mer Noire, de quoi semer de nouveau la zizanie dans le marché mondial de l’énergie. Cette mer concentre la majorité des risques d’escalade : la Russie pourrait s’en prendre à des vaisseaux occidentaux transportant des céréales, par exemple, et les choses pourraient alors rapidement dégénérer.

OpenAI et ChatGPT ont fait couler beaucoup d’encre récemment. Selon vous, notre incapacité à réguler l’intelligence artificielle (IA) pose aussi un gros risque...

Il y a eu plusieurs tentatives bien inspirées de réguler l’IA l’an passé, notamment au sein de l’UE, du Royaume-Uni et des États-Unis. Malheureusement, elles s’avéreront au mieux insuffisantes : l’IA avance trop vite, les capacités des grands modèles linguistiques doublent chaque mois. Avec deux écueils importants. D’importants flux de désinformations, d’une part, alors qu’une cinquantaine d’élections doivent avoir lieu cette année dans le monde, et une facilité croissante d’accès à l’IA pour les États voyous et acteurs malveillants, avec la possibilité de mener des attaques hautement disruptives.

Votre rapport pointe enfin la lutte pour les minerais critiques parmi les risques existants. Quel est le danger ?

Les États-Unis et l’UE vont causer une distorsion de la demande sur le marché, dans la mesure où ils ont besoin de ces minerais pour leur transition énergétique et plus généralement pour leur marché des nouvelles technologies. Cependant, ils ont tous deux mis en place des règles leur interdisant d’importer ces minerais depuis un certain nombre de pays qui portent atteinte aux droits de l’Homme. En outre, plusieurs marchés exportateurs, dont la Chine, qui occupe une place prépondérante dans le raffinage de ces minerais, veulent limiter ces exportations pour remonter la chaîne de valeur. Il y a donc d’importants risques de volatilité du point de vue de l’offre comme de la demande.

Puisque l’on parle de la Chine, finissons sur une note positive : malgré l’élection de Lai Ching-Te à Taïwan, les risques d’un conflit nous semblent plutôt faibles, les canaux diplomatiques entre la Chine et les États-Unis étant désormais très robustes. Cela pourrait changer si Trump est réélu, mais ce sera pour 2025…

Élection présidentielle américaine et risques de conflits mondiaux (Eurasia Group)

Élection présidentielle américaine et risques de conflits mondiaux (Eurasia Group)

Comme chaque année depuis sa création en 1998, l’Eurasia Group, un influent consultant américain spécialisé dans les risques géopolitiques, publie son rapport sur les grands risques pour l’année 2024. La Tribune a rencontré Cliff Kupchan, président de l’Eurasia Group et co-auteur du rapport. Notons également qu’à Davos on s’inquiète aussi sérieusement des conséquences économiques d’une éventuelle élection d’un Trump complètement imprévisible.(extrait)

Les États-Unis, démocratie prospère et fonctionnelle, sont classés comme risque principal de votre rapport 2024, devant deux conflits armés avec un risque d’embrasement régional, voire mondial. Pourquoi ce choix ?

CLIFF KUPCHAN – Les États-Unis font face à de sérieux problèmes structurels : la société est profondément polarisée et toutes les institutions, du Congrès à la justice en passant par les médias, font face à une crise de confiance, alors que se profile l’une des élections les plus clivantes et importantes de leur histoire. Le fait que l’un des deux candidats soit un ancien président ayant tenté d’entraver le processus démocratique est sans précédent, et en dit long sur l’état d’érosion des institutions américaines. On peut également s’attendre à une campagne ponctuée d’attaques ad hominem entre deux vieillards impopulaires… Bref, c’est une élection horrible.

En outre, quel que soit le résultat, il faut s’attendre à des conséquences négatives. Si Biden gagne et que Trump va en prison, près de la moitié de l’électorat sera convaincu que son candidat a perdu suite à une fraude électorale et été placé derrière les barreaux pour des raisons politiques. Si Trump l’emporte, il faut s’attendre à des manifestations dans de nombreuses villes, et sa seconde présidence sera beaucoup plus autoritaire que la première.

Pourquoi cela ?

Il est convaincu que l’élection de 2020 lui a été volée, et, grâce à l’expérience de son premier mandat, a bien identifié les éléments qui l’ont empêché de gouverner comme il l’entendait. On peut donc s’attendre à une purge de fonctionnaires, ainsi qu’à une confrontation avec le FBI et le Département de la Justice. Il va également faire en sorte que les enquêtes ouvertes contre lui soient closes et potentiellement cibler ses ennemis politiques.

Enfin, les contre-pouvoirs ne joueront pas leur rôle : le Congrès est trop divisé, les juges conservateurs sont en majorité à la Cour Suprême et trois d’entre eux ont été nommés par Trump… Il aura également les mains libres pour mener une politique extérieure génératrice de chaos : accélération de la guerre commerciale contre la Chine, fin de l’aide militaire à l’Ukraine, affaiblissement de l’OTAN et perte de crédibilité de l’article 5…

Le rapport pointe également le risque d’un embrasement au Moyen-Orient ainsi que d’une partition de l’Ukraine…

Le conflit entre Israël et le Hamas a de fortes chances de s’envenimer et de prendre de l’ampleur. La frontière nord-est particulièrement polémogène, dans la mesure où une confrontation avec le Hezbollah ouvre la voie à un conflit direct avec l’Iran. Les rebelles Houthis vont continuer de perturber le trafic en mer Rouge et les États-Unis vont sans doute devoir effectuer de nouvelles frappes à leur encontre, mais ils ne sont pas aussi proches de l’Iran que le Hezbollah, le risque d’escalade est donc moindre.

Concernant l’Ukraine, la partition est, selon nous, actée : les territoires occupés la Russie dans le Donbass et le sud de l’Ukraine ne retourneront pas sous le contrôle de Kiev. La dynamique est désormais favorable à la Russie, et le risque est que Zelensky, désespéré, n’agisse sans l’aval des États-Unis, en ciblant par exemple les exportations de pétrole russe dans la mer Noire, de quoi semer de nouveau la zizanie dans le marché mondial de l’énergie. Cette mer concentre la majorité des risques d’escalade : la Russie pourrait s’en prendre à des vaisseaux occidentaux transportant des céréales, par exemple, et les choses pourraient alors rapidement dégénérer.

OpenAI et ChatGPT ont fait couler beaucoup d’encre récemment. Selon vous, notre incapacité à réguler l’intelligence artificielle (IA) pose aussi un gros risque...

Il y a eu plusieurs tentatives bien inspirées de réguler l’IA l’an passé, notamment au sein de l’UE, du Royaume-Uni et des États-Unis. Malheureusement, elles s’avéreront au mieux insuffisantes : l’IA avance trop vite, les capacités des grands modèles linguistiques doublent chaque mois. Avec deux écueils importants. D’importants flux de désinformations, d’une part, alors qu’une cinquantaine d’élections doivent avoir lieu cette année dans le monde, et une facilité croissante d’accès à l’IA pour les États voyous et acteurs malveillants, avec la possibilité de mener des attaques hautement disruptives.

Votre rapport pointe enfin la lutte pour les minerais critiques parmi les risques existants. Quel est le danger ?

Les États-Unis et l’UE vont causer une distorsion de la demande sur le marché, dans la mesure où ils ont besoin de ces minerais pour leur transition énergétique et plus généralement pour leur marché des nouvelles technologies. Cependant, ils ont tous deux mis en place des règles leur interdisant d’importer ces minerais depuis un certain nombre de pays qui portent atteinte aux droits de l’Homme. En outre, plusieurs marchés exportateurs, dont la Chine, qui occupe une place prépondérante dans le raffinage de ces minerais, veulent limiter ces exportations pour remonter la chaîne de valeur. Il y a donc d’importants risques de volatilité du point de vue de l’offre comme de la demande.

Puisque l’on parle de la Chine, finissons sur une note positive : malgré l’élection de Lai Ching-Te à Taïwan, les risques d’un conflit nous semblent plutôt faibles, les canaux diplomatiques entre la Chine et les États-Unis étant désormais très robustes. Cela pourrait changer si Trump est réélu, mais ce sera pour 2025…

Présidentielle américaine et risques de conflits mondiaux

Présidentielle américaine et risques de conflits mondiaux (Eurasia Group)

Comme chaque année depuis sa création en 1998, l’Eurasia Group, un influent consultant américain spécialisé dans les risques géopolitiques, publie son rapport sur les grands risques pour l’année 2024. La Tribune a rencontré Cliff Kupchan, président de l’Eurasia Group et co-auteur du rapport. (extrait)

Les États-Unis, démocratie prospère et fonctionnelle, sont classés comme risque principal de votre rapport 2024, devant deux conflits armés avec un risque d’embrasement régional, voire mondial. Pourquoi ce choix ?

CLIFF KUPCHAN – Les États-Unis font face à de sérieux problèmes structurels : la société est profondément polarisée et toutes les institutions, du Congrès à la justice en passant par les médias, font face à une crise de confiance, alors que se profile l’une des élections les plus clivantes et importantes de leur histoire. Le fait que l’un des deux candidats soit un ancien président ayant tenté d’entraver le processus démocratique est sans précédent, et en dit long sur l’état d’érosion des institutions américaines. On peut également s’attendre à une campagne ponctuée d’attaques ad hominem entre deux vieillards impopulaires… Bref, c’est une élection horrible.

En outre, quel que soit le résultat, il faut s’attendre à des conséquences négatives. Si Biden gagne et que Trump va en prison, près de la moitié de l’électorat sera convaincu que son candidat a perdu suite à une fraude électorale et été placé derrière les barreaux pour des raisons politiques. Si Trump l’emporte, il faut s’attendre à des manifestations dans de nombreuses villes, et sa seconde présidence sera beaucoup plus autoritaire que la première.

Pourquoi cela ?

Il est convaincu que l’élection de 2020 lui a été volée, et, grâce à l’expérience de son premier mandat, a bien identifié les éléments qui l’ont empêché de gouverner comme il l’entendait. On peut donc s’attendre à une purge de fonctionnaires, ainsi qu’à une confrontation avec le FBI et le Département de la Justice. Il va également faire en sorte que les enquêtes ouvertes contre lui soient closes et potentiellement cibler ses ennemis politiques.

Enfin, les contre-pouvoirs ne joueront pas leur rôle : le Congrès est trop divisé, les juges conservateurs sont en majorité à la Cour Suprême et trois d’entre eux ont été nommés par Trump… Il aura également les mains libres pour mener une politique extérieure génératrice de chaos : accélération de la guerre commerciale contre la Chine, fin de l’aide militaire à l’Ukraine, affaiblissement de l’OTAN et perte de crédibilité de l’article 5…

Le rapport pointe également le risque d’un embrasement au Moyen-Orient ainsi que d’une partition de l’Ukraine…

Le conflit entre Israël et le Hamas a de fortes chances de s’envenimer et de prendre de l’ampleur. La frontière nord-est particulièrement polémogène, dans la mesure où une confrontation avec le Hezbollah ouvre la voie à un conflit direct avec l’Iran. Les rebelles Houthis vont continuer de perturber le trafic en mer Rouge et les États-Unis vont sans doute devoir effectuer de nouvelles frappes à leur encontre, mais ils ne sont pas aussi proches de l’Iran que le Hezbollah, le risque d’escalade est donc moindre.

Concernant l’Ukraine, la partition est, selon nous, actée : les territoires occupés la Russie dans le Donbass et le sud de l’Ukraine ne retourneront pas sous le contrôle de Kiev. La dynamique est désormais favorable à la Russie, et le risque est que Zelensky, désespéré, n’agisse sans l’aval des États-Unis, en ciblant par exemple les exportations de pétrole russe dans la mer Noire, de quoi semer de nouveau la zizanie dans le marché mondial de l’énergie. Cette mer concentre la majorité des risques d’escalade : la Russie pourrait s’en prendre à des vaisseaux occidentaux transportant des céréales, par exemple, et les choses pourraient alors rapidement dégénérer.

OpenAI et ChatGPT ont fait couler beaucoup d’encre récemment. Selon vous, notre incapacité à réguler l’intelligence artificielle (IA) pose aussi un gros risque...

Il y a eu plusieurs tentatives bien inspirées de réguler l’IA l’an passé, notamment au sein de l’UE, du Royaume-Uni et des États-Unis. Malheureusement, elles s’avéreront au mieux insuffisantes : l’IA avance trop vite, les capacités des grands modèles linguistiques doublent chaque mois. Avec deux écueils importants. D’importants flux de désinformations, d’une part, alors qu’une cinquantaine d’élections doivent avoir lieu cette année dans le monde, et une facilité croissante d’accès à l’IA pour les États voyous et acteurs malveillants, avec la possibilité de mener des attaques hautement disruptives.

Votre rapport pointe enfin la lutte pour les minerais critiques parmi les risques existants. Quel est le danger ?

Les États-Unis et l’UE vont causer une distorsion de la demande sur le marché, dans la mesure où ils ont besoin de ces minerais pour leur transition énergétique et plus généralement pour leur marché des nouvelles technologies. Cependant, ils ont tous deux mis en place des règles leur interdisant d’importer ces minerais depuis un certain nombre de pays qui portent atteinte aux droits de l’Homme. En outre, plusieurs marchés exportateurs, dont la Chine, qui occupe une place prépondérante dans le raffinage de ces minerais, veulent limiter ces exportations pour remonter la chaîne de valeur. Il y a donc d’importants risques de volatilité du point de vue de l’offre comme de la demande.

Puisque l’on parle de la Chine, finissons sur une note positive : malgré l’élection de Lai Ching-Te à Taïwan, les risques d’un conflit nous semblent plutôt faibles, les canaux diplomatiques entre la Chine et les États-Unis étant désormais très robustes. Cela pourrait changer si Trump est réélu, mais ce sera pour 2025…

Défense et conflits : L’esprit munichois menace l’Europe

Défense et conflits : L’esprit munichois menace l’Europe

Force est de constater que l’Europe ne joue qu’un rôle assez marginal désormais en matière de politique internationale. Sans doute le résultat d’une évolution des rapports de force politique et économique mais aussi le produit de l’évolution des mentalités. Les grandes causes nationales, les grands projets ne sont plus au centre de l’intérêt des populations européennes davantage préoccupées par leur environnement proche et par leur intérêt personnel. Bref un recentrage sur l’individualisme, le court termisme et la cécité politique. À décharge évidemment, le monde système politique a largement contribué à la désaffection vis-à-vis de la chose publique.

Aujourd’hui, en Europe en particulier ,une majorité de l’opinion préfère un mauvais accord qu’un conflit même si c’est un accord est potentiellement porteur de germes d’affrontements dramatiques. Ainsi par exemple en Ukraine progressivement les élites mais aussi l’opinion se laissent convaincre qu’il vaut mieux un mauvais accord entre Russie et Ukraine qu’une prolongation de l’affrontement. En réalité, une sorte de guerre larvée et qui pourra déboucher le moment venu sur une extension géographique encore plus grande des intentions guerrières de Poutine. Et très proches de nous.

Même chose en Palestine vis-à-vis de Gaza. La paix tout de suite tout en sachant que faute de solution politique durable le conflit peut reprendre de manière tout aussi violente sinon davantage. Autre terrain qui démontre l’esprit munichoise, celui de l’Afrique où l’Europe se retire progressivement notamment au profit des Chinois et des Russes pour ne pas être entraînée vers des guerres qu’elle redoute. Et ce qui caractérise encore davantage l’avancée de l’esprit munichois, c’est l’indigence des politiques de défense. L’Europe fait semblant de se contenter du parapluie de l’OTAN. Un parapluie qui pourrait bien devenir virtuel par exemple avec la réélection de Trump.

Même la France qui est un des rares pays à disposer d’une politique de défense assez complète fait dans la miniature ( Moins de 2 % du PIB quand il en faudrait 3 à 4 fois plus; la Russie consacre, elle, 30% de son PIB à la défense) et ne résisterait pas plus d’un mois à une attaque étrangère par exemple russe. Cela d’autant plus que la menace de l’armée nucléaire ne freine en rien les guerres conventionnelles. Pire on a supprimé le service militaire. Les responsables politiques mais aussi l’opinion se satisfont de la démission européenne au plan de la défense et de la diplomatie.

Certains objecteront que les Européens abandonnent leur position au profit de la paix. La vérité, c’est qu’ils désertent le terrain diplomatique et politique international. Ce désengagement et ce laxisme ne concernent pas seulement la politique internationale mais aussi des dimensions économiques et sociétales. Bref l’Europe recule peut-être parce que trop gavée rapidement de progrès en tout cas insuffisamment nourris d’analyses politiques pertinentes et de projets sociétaux crédibles et durables.

Le rapport de l’opinion européenne et des Français en particulier vis-à-vis de la défense est inquiétant. Pour preuve, ce résultat d’un sondage publié par le Figaro: Si l’on observe seulement les réponses des Français interrogés, le constat est relativement similaire. Pour respectivement 45% et 38% d’entre eux, l’impact de l’adhésion de l’Ukraine serait «négatif» pour la sécurité et l’économie de l’UE. Les réponses «positives» ne s’élèvent qu’à 18% et 24%.

Le seul problème c’est que la stratégie de Poutine ne vise pas simplement l’Ukraine mais une bonne partie de l’Europe et pas simplement russophone. La France avec ses 160 000 militaires disponibles ne résisterait pas plus d’une semaine face à la Russie. Face à une éventuelle défaillance de l’OTAN, l’union européenne sera bien contrainte de construire une défense à la hauteur des enjeux aujourd’hui complètement sous-estimés par méconnaissance et repli des peuples sur eux-mêmes.

Conflits- L’esprit munichois menace à nouveau l’Europe

Conflits- L’esprit munichois menace à nouveau l’Europe

Force est de constater que l’Europe ne joue qu’un rôle assez marginal désormais en matière de politique internationale. Sans doute le résultat d’une évolution des rapports de force politique et économique mais aussi le produit de l’évolution des mentalités. Les grandes causes nationales, les grands projets ne sont plus au centre de l’intérêt des populations européennes davantage préoccupées par leur environnement proche et par leur intérêt personnel. Bref un recentrage sur l’individualisme, le court termisme et la cécité politique. À décharge évidemment, le monde système politique a largement contribué à la désaffection vis-à-vis de la chose publique.

Aujourd’hui, en Europe en particulier ,une majorité de l’opinion préfère un mauvais accord qu’un conflit même si c’est un accord est potentiellement porteur de germes d’affrontements dramatiques. Ainsi par exemple en Ukraine progressivement les élites mais aussi l’opinion se laissent convaincre qu’il vaut mieux un mauvais accord entre Russie et Ukraine qu’une prolongation de l’affrontement. En réalité, une sorte de guerre larvée et qui pourra déboucher le moment venu sur une extension géographique encore plus grande des intentions guerrières de Poutine. Et très proches de nous.

Même chose en Palestine vis-à-vis de Gaza. La paix tout de suite tout en sachant que faute de solution politique durable le conflit peut reprendre de manière tout aussi violente sinon davantage. Autre terrain qui démontre l’esprit munichoise, celui de l’Afrique où l’Europe se retire progressivement notamment au profit des Chinois et des Russes pour ne pas être entraînée vers des guerres qu’elle redoute. Et ce qui caractérise encore davantage l’avancée de l’esprit munichois, c’est l’indigence des politiques de défense. L’Europe fait semblant de se contenter du parapluie de l’OTAN. Un parapluie qui pourrait bien devenir virtuel par exemple avec la réélection de Trump.

Même la France qui est un des rares pays à disposer d’une politique de défense assez complète fait dans la miniature ( Moins de 2 % du PIB quand il en faudrait 3 à 4 fois plus; la Russie consacre, elle, 30% de son PIB à la défense) et ne résisterait pas plus d’un mois à une attaque étrangère par exemple russe. Cela d’autant plus que la menace de l’armée nucléaire ne freine en rien les guerres conventionnelles. Pire on a supprimé le service militaire. Les responsables politiques mais aussi l’opinion se satisfont de la démission européenne au plan de la défense et de la diplomatie.

Certains objecteront que les Européens abandonnent leur position au profit de la paix. La vérité, c’est qu’ils désertent le terrain diplomatique et politique international. Ce désengagement et ce laxisme ne concernent pas seulement la politique internationale mais aussi des dimensions économiques et sociétales. Bref l’Europe recule peut-être parce que trop gavée rapidement de progrès en tout cas insuffisamment nourris d’analyses politiques pertinentes et de projets sociétaux crédibles et durables.

Afrique: Près d’un milliard de personnes concernées par les conflits de l’eau d’ici 2050

Afrique: Près d’un milliard de personnes concernées par les conflits de l’eau d’ici 2050

par
Sophie de Bruin
Researcher in Environmental Change, Vrije Universiteit Amsterdam


L’Afrique compte 66 bassins fluviaux transfrontaliers. Il s’agit notamment du bassin du Nil et des bassins du Juba-Shebelle et du lac Turkana dans la Corne de l’Afrique. Le risque de conflit peut augmenter avec la croissance démographique, l’intensification de l’utilisation de l’eau et les changements climatiques. Il n’existe pas de consensus sur les mécanismes précis qui alimentent les conflits dans ces bassins. Il est toutefois possible d’identifier les bassins où les risques devraient s’aggraver. Pour ce faire, on peut combiner les données sur les conditions de risque de conflit identifiées dans la littérature existante.

Dans une étude récente que j’ai menée avec trois chercheurs en systèmes d’eau de l’IHE Delft, de l’université d’Utrecht et de l’université de Wageningen & Recherche, nous avons proposé trois scénarios possibles concernant les risques de conflit dans les bassins fluviaux transfrontaliers mondiaux.

Notre étude prévoit que si rien ne change de manière substantielle dans la gestion des bassins fluviaux transfrontaliers et si le changement climatique s’aggrave, 920 millions de personnes vivront dans des bassins à risque de conflit très élevé à élevé d’ici 2050.

Si les nations améliorent l’utilisation de l’eau, renforcent la coopération et font davantage pour prévenir ou atténuer les conflits, ce nombre tombera à 536 millions.

Les traités sur l’eau et les organisations de bassin fluvial solides augmentent la probabilité d’une coopération stable et à long terme entre les États.

Notre étude combine des projections sur la construction de méga-barrages et la résilience institutionnelle. Elle a examiné les facteurs de risque hydroclimatiques, de gouvernance et socio-économiques. La combinaison de ces facteurs a permis de se faire une idée du risque global de conflit par bassin fluvial transfrontalier.

Nous avons utilisé une interprétation large des conflits liés aux ressources transfrontalières en eau. Il peut s’agir d’accusations, de tensions diplomatiques, de sanctions économiques ou de conflits violents.

Un manque de coopération entre les pays peut entraîner une perte des avantages qui pourraient découler d’activités communes. Il s’agit notamment de l’adaptation au changement climatique, de la protection de l’environnement et du développement socio-économique. Les tensions entre les États sur ces questions peuvent également s’étendre à d’autres secteurs, compromettant les relations politiques ou économiques régionales.

Nos résultats montrent que dans un scénario de statu quo – où aucun changement majeur n’est apporté – 920 millions de personnes sur les 4,4 milliards de personnes vivant dans des bassins fluviaux transfrontaliers vivront dans des bassins à risque de conflit très élevé à élevé d’ici à 2050. En Afrique, ce nombre inclut les habitants de l’Érythrée, de l’Éthiopie, du Rwanda, de l’Ouganda, du Kenya, de la Somalie, du Burkina Faso, de la Mauritanie et du Niger. Il inclut également les habitants du Mozambique, du Malawi, du Bénin et du Togo.

Dans le scénario “ambition élevée”, qui implique une amélioration des pratiques d’utilisation de l’eau et une plus grande résilience des institutions, ce nombre diminue pour atteindre 536 millions. Le scénario “ambition faible” implique une certaine amélioration de l’efficacité de l’utilisation de l’eau, de la capacité institutionnelle et de la qualité de la gouvernance. Selon ce scénario, 724 millions de personnes vivraient dans des bassins à risque de conflit très élevé à élevé d’ici 2050.

Les bassins d’Afrique et d’Asie en particulier devraient être confrontés à des risques globaux élevés, car plusieurs risques s’y télescopent. En Afrique, plusieurs bassins sont confrontés à des risques supplémentaires tels que la forte variabilité des flux d’eau et la disponibilité limitée de l’eau. Les pays en aval dépendent également des pays en amont.

Les tensions actuelles sur le Nil à propos du grand barrage de la Renaissance de l’Éthiopie, par exemple, pourraient s’aggraver lorsque l’Éthiopie décidera de construire plusieurs nouveaux méga-barrages hydroélectriques. L’Égypte et, dans une moindre mesure, le Soudan sont très dépendants des ressources en eau liées au bassin.

Notre étude montre que 11 autres grands barrages hydroélectriques pourraient être construits dans le bassin du Nil. Ces prévisions sont basées sur la faisabilité physique, le rendement énergétique et les coûts de construction. La projection tient compte de certaines restrictions, telles que les réserves naturelles protégées.

Sept de ces barrages seraient situés en Éthiopie et les quatre autres au Sud-Soudan. La construction de ces barrages se ferait dans un contexte de pénuries d’eau croissantes, de fortes dépendances à l’égard de l’eau et de ressources économiques limitées pour faire face aux risques liés à l’eau.

Ces nouveaux barrages pourraient aggraver les effets du changement climatique régional et les besoins en eau, en particulier lorsque la population et l’économie sont en pleine croissance. Bien que les spécialistes ne puissent pas prédire quand cela se produira, une sécheresse pluriannuelle dans le bassin du Nil est inévitable. Cela aurait de graves conséquences sur la répartition de l’eau.

La perspective d’une sécheresse pluriannuelle dans certaines parties du bassin du Nil exige des préparatifs dès aujourd’hui. Et même si l’impact des nouveaux barrages sera modéré, la perception du risque pourrait affecter la façon dont l’Égypte, par exemple, prend des décisions sur la coopération fluviale partagée.

Deux autres grands bassins – le Juba-Shebelle au Kenya, en Somalie et en Éthiopie, et le bassin du lac Turkana au Kenya et en Éthiopie – devraient être confrontés à des niveaux élevés de risque de conflit. Dans ces deux bassins, de multiples problèmes, tels que les conflits locaux, le faible développement humain et la disponibilité limitée de l’eau, s’y entrechoquent aujourd »hui.

Cette situation pourrait s’aggraver si des efforts supplémentaires ne sont pas déployés d’ici à 2050, en raison d’une croissance démographique relativement élevée et des effets du changement climatique, sans ressources suffisantes pour s’adapter.

Même dans notre scénario très ambitieux, qui implique des améliorations substantielles de la gestion de l’eau, de la gouvernance nationale globale et de la résilience institutionnelle, les bassins du Juba-Shebelle et du lac Turkana sont toujours confrontés à des risques élevés.

Les défis et les risques auxquels ces bassins sont confrontés doivent être explicitement inclus dans des plans plus larges. Par exemple, lorsque de grands barrages hydroélectriques sont construits, leur exploitation ne doit pas entraver les objectifs d’adaptation au climat de l’ensemble de la région.

Social- Après le conflits sur les retraites, celui des salaires ?

Social- Retraite : un conflit peut en cacher un autre, celui des salaires !

Le conflit sur les retraites pourrait se terminer dans une certaine confusion avec d’une part nombre de modifications (exemple l’index seniors ) qui font perdre à la réforme une partie de son intérêt financier. Mais peut-être aussi du fait de l’affaiblissement de la contestation syndicale. Le problème est que le relais du mécontentement pourrait être repris avec la question brûlante du pouvoir d’achat et qui concerne immédiatement la plupart des Français et tout de suite

En effet , l’année 2023 va surtout se caractériser par une énorme ponction sur les revenus en raison de la crise de la crise de l’énergie notamment qui a favorisé une hausse brutale de l’inflation de 6 à 7 % en 2022 à laquelle va s’ajouter une autre augmentation de même ampleur en 2023. En clair, les Français auront subi une perte de pouvoir d’achat loin d’être compensée totalement d’environ 15 %. Les postes les plus affectés concernent le carburant et les denrées alimentaires qui auront augmenté en deux ans de près de 25 % ! À cela il faut ajouter les augmentations générales des services y compris publics.

« Il y aura encore de l’inflation alimentaire tout au long du premier semestre 2023 », a prévenu Dominique Schelcher, PDG de Système U, lundi 27 février sur France Inter. « Nous allons répercuter progressivement un certain nombre de hausses à partir du 1er mars », a-t-il précisé en évoquant une hausse supplémentaire des prix « d’environ 10 % dans les semaines et mois qui viennent ».

Dans le meilleur des cas les salariés auront obtenu en moyenne autour de 4 % d’augmentation en 2022 est à peine en 2023. Le décalage entre la hausse des prix et les salaires ne fait donc que se creuser. Contrairement à ce qui est affiché par le pouvoir et des institutions proches du pouvoir, l’inflation n’est pas en situation de brutalement se retourner à la baisse. Au mieux il y aura stabilisation à partir de l’été mais rien n’est certain surtout compte tenu de l’instabilité géo stratégique qui pèse en particulier sur l’énergie.

Du coup , la question salariale pourrait bien prendre le relais de la grogne sur la réforme des retraites. Une grogne en l’état qui va nourrir un peu profond ressentiment vis-à-vis du gouvernement qui est passé par-dessus les 70 % de français qui étaient contre la réforme. Sans parler du débat bâclé à l’Assemblée nationale qui pose un véritable problème démocratique.

Sur la lancée, les organisations syndicales pourraient donc enrichir le mécontentement avec la revendication salariale sans doute des perspectives de mobilisation encore autrement plus importantes.

Conflits à Edf : un accord salarial avec les syndicats

Conflits à Edf : un accord salarial avec les syndicats

Alors qu’environ la moitié des centrales nucléaires sont à l’arrêt du fait d’opérations d’entretien retardées, des mouvements de grève affectaient notamment les centrales arrêtées et menaçaient évidemment la production électrique de la France qui déjà est contrainte d’importer de l’électricité.

Commencé le 13 septembre, le mouvement de grève s’est étendu au fil des semaines, jusqu’à toucher ce vendredi matin 12 centrales sur les 18 que compte le parc nucléaire français.
À l’occasion de négociations, direction d’EDF a proposé 5 % d’augmentation pour les bas salaires jusqu’aux agents de maîtrise . L’encadrement s’est vu proposer 2,5 % d’augmentation accompagnés de primes dont le montant reste à finaliser. Les quatre syndicats représentatifs (CGT, FO, CFDT et CFE-CGC) ont jusqu’au jeudi 27 octobre pour valider cet accord. Ce qui correspond à une deuxième étape, après un accord de branche sur des augmentations dans les industries électriques et gazières, signé lundi par la CGT, la CFDT et FO, mais non par la CFE-CGC.

Les syndicats ont sans doute bien fait de donner un accord de principe à cette proposition de la direction. En effet le risque de coupures de l’électricité aurait pu certainement retourner l’opinion contre des salariés qui ne sont pas les plus désavantagés. Et par ailleurs compte tenu de la situation financière catastrophique d’EDF, ces augmentations seront payées par l’usager et où le contribuable.

Conflits SNCF et dette

Conflits SNCF et dette

À la veille de la participation de cheminots à la journée de grève générale de la CGT de mardi 18 octobre, il est intéressant de noter que cette reprise est toujours engluée dans une situation financière ingérable compliquée en outre par des politiques syndicales irresponsables.

Avant même la crise sanitaire, la SNCF cumulait déjà depuis de nombreuses années des déficits et un endettement récurrents. Alors que les répercussions de cette crise compromettent encore davantage son équation financière, les sénateurs Hervé Maurey (Union Centriste – Eure) et Stéphane Sautarel (Les Républicains – Cantal) ont effectué un contrôle de la situation et des perspectives financières de la SNCF.

Depuis plus de 40 ans, la situation financière de la SNCF est un sujet de préoccupation majeure pour les pouvoirs publics et les Français. Malgré les intentions affichées, la dette ferroviaire s’est sensiblement accrue. Sa majeure partie a été cantonnée au sein de Réseau ferré de France, devenu SNCF Réseau. Elle n’en a pas moins poursuivi sa progression jusqu’à dépasser les 60 milliards d’euros au 31 décembre 2019.

Dans le cadre du nouveau pacte ferroviaire, et pour assainir les finances d’un groupe en profonde réorganisation, l’État a décidé de reprendre 35 milliards d’euros de la dette accumulée par SNCF réseau. En contrepartie, la SNCF s’est engagée sur des gains de productivité, une maîtrise de son endettement et des objectifs ambitieux de retour à l’équilibre financier. « Irréaliste », c’est ainsi que l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières qualifiait la trajectoire financière présentée dans le contrat de performance entre l’État et SNCF Réseau.

La grève contre la réforme des retraites puis les répercussions de la crise sanitaire, qui n’en finissent plus d’affecter l’activité de la SNCF, rendent cette trajectoire financière d’autant plus incertaine. Si les mesures d’urgence mises en œuvre tant par le groupe que par l’État méritent d’ores et déjà d’être évaluées, les déterminants structurels de l’équilibre financier de la SNCF doivent aussi être interrogés.

Les Français sont attachés à la SNCF et à une desserte ferroviaire équilibrée du territoire national. Par ailleurs, le programme de rénovation du réseau structurant est indispensable et doit être pleinement mis en œuvre, en même temps que les engagements pris en faveur des lignes d’équilibre du territoire, des petites lignes, des trains de nuit ou encore d’une nouvelle ambition pour le fret ferroviaire.Malheureusement les politiques syndicales irresponsables ont aussi contribué à l’abandon récurrent de nombreuses activités de l’entreprise.

Conflits sociaux: vers la chienlit

Conflits sociaux: vers la chienlit ?

Jusque-là la France ne s’était pas trop mal sortie d’une part de la crise d’après Covid , de la crise énergétique et de l’inflation. La France a mieux résisté que d’autres tant en matière de croissance que de hausse des prix même si demeure évidemment un problème de perte de pouvoir d’achat pour les salariés et d’une façon plus générale les ménages. L’inflation a en effet augmenté de plus de 6 % tandis que les revenus du travail n’ont progressé en moyenne que d’environ de 3 %. La perte est donc considérable surtout si l’on considère que l’inflation mesurée est vraisemblablement assez inférieure à l’inflation réelle notamment concernant l’alimentation et certains services.

De manière légitime, des salariés ont donc entamé des mouvements de grève et les plus significatifs en tout cas les plus visibles ont affecté le secteur du carburant. Le pouvoir a tardé à réagir face à ces perspectives de mouvements sociaux. D’une manière générale, il a mal répondu à la question fondamentale de la perte de pouvoir d’achat notamment en refusant de taxer les superprofits inadmissible quand on demande par ailleurs à tous les Français des sacrifices. Le scandale le plus évident étant le superprofit de 11 milliards sur un semestre de Total résultant surtout de la spéculation et l’augmentation de plus de 50 % du salaire du PDG.

Le problème est donc économique parce que la perte de pouvoir d’achat va maintenant se répercuter sur la consommation et la croissance. En général,sur les questions économiques les français mettent du temps à comprendre mais maintenant du fait de l’augmentation très nette des paniers moyens dans les supermarchés, les ménages sont directement touchés par semaine phénomène d’inflation.

La question est aussi politique car le pouvoir du gouvernement du président de la république est largement amputé pour plusieurs facteurs ; désormais nombre de responsables politiques dans la majorité prenne du champ par rapport à un président qui ne sera plus faiseur de roi lors des prochaines élections nationales. François Bayrou en particulier a marqué la distance qu’il entend prendre par rapport à Macron. Ainsi le MoDem a-t-il aussi été à l’initiative contre l’avis du gouvernement d’un amendement pour instaurer une taxe des superprofits. Même dans les troupes de Macron ( « Renaissance ») des divergences apparaissent à propos de cette problématique. Évidemment l’opposition politique, elle, profite de cdifficultés pour ajouter encore des bâtons dans les roues pouvoir.

Au plan social, on assiste à un affrontement entre les syndicats radicaux que sont comme d’habitude la CGT, Sud et les syndicats d’enseignants face aux syndicats réformistes qui refusent le mélange politique et syndicalisme.

À l’intérieur même de la CGT pour la succession de Martinez deux lignes émergent. Une ligne un peu plus réaliste de la future remplaçante de Martinez face à une ligne radicale représentée en particulier par la fédération des industries chimiques et la fédération de l’énergie sans parler de la fédération des cheminots toujours prête ajouter sa pierre à la démolition du climat social et dans l’action irresponsable qui ont finalement abouti à la suppression du statut du cheminot.

La question centrale aujourd’hui est celle d’une vision articulant les problématiques économiques, sociales, technologiques environnementales et géopolitiques. Or le pouvoir prend des décisions au cas par cas sur chaque dimension avec souvent de nombreuses contradictions. L’autorité publique dans tous les domaines et largement mises en question et ni le président, ni la première ministre et son gouvernement ne font preuve de la pertinence et de l’autorité nécessaire. Bref le risque est que le pays connaisse la chienlit pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois avec un mélange politique syndicats et revendications sociales assez confus.

Nouveau gouvernement : attention aux conflits d’intérêts

Nouveau gouvernement : attention aux conflits d’intérêts

 

Dans une tribune au « Monde », le président de Transparency International France, Patrick Lefas,  appelle la nouvelle cheffe du gouvernement, Elisabeth Borne, à mettre en place des mesures de déontologie et de transparence essentielles pour garantir la probité de l’exécutif.

Notons en effet que plusieurs affaires de membres de gouvernement ont été un peu vite enterrées par la justice depuis 2017 NDLR

 

Depuis les lois Confiance dans la vie politique du 15 septembre 2017 qui avaient cherché à traduire dans la loi la promesse forte d’exemplarité du candidat Emmanuel Macron et à tirer les leçons de l’affaire Fillon, le quinquennat qui s’est terminé le 13 mai laisse un goût d’inachevé en matière de transparence et de déontologie au niveau de l’exécutif. Alors que le Parlement s’est efforcé d’assurer un contrôle aussi rigoureux que possible des frais de mandat et s’est attaché à prévenir les risques de conflits d’intérêts, le gouvernement n’a pas suffisamment pris la mesure de l’exigence croissante d’éthique dans l’action et de redevabilité de chacun de ses membres, à l’instar de toutes les démocraties européennes.

La nouvelle première ministre, Elisabeth Borne, a aujourd’hui l’occasion de marquer dans la Constitution et les règles de fonctionnement de son gouvernement que tout manquement à la transparence et à la probité sera immédiatement sanctionné.

En premier lieu, il revient au chef du gouvernement la responsabilité de s’assurer que ses membres s’acquittent avec le plus grand sérieux de leurs obligations déclaratives auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique [HATVP]. En moins de dix années d’existence, celle-ci s’est fait une place de choix dans la vie publique française. Ses vérifications préalables de la situation fiscale des « ministrables », ainsi que ses contrôles postérieurs renforcés des déclarations d’intérêts et de patrimoine garantissent l’exemplarité des ministres.

Pourtant, quelques démissions contraintes du précédent quinquennat, dont l’affaire Delevoye [le haut-commissaire aux retraites avait « omis » de déclarer plusieurs mandats dans sa déclaration d’intérêts à la HATVP et continuait d’occuper des fonctions rémunérées après son entrée au gouvernement], auraient pu facilement être évitées si les principaux intéressés avaient rempli avec sérieux leurs déclarations. Le contrôle de la HATVP, doublé du contrôle citoyen rendu possible par la transparence, permet tôt ou tard de révéler les inexactitudes avec les dégâts d’image que cela implique. La désinvolture vis-à-vis de ses obligations déontologiques n’est donc aujourd’hui plus tolérable et c’est à la première ministre d’énoncer clairement ce principe.

Faire respecter la discipline déontologique au sein du gouvernement, c’est aussi s’assurer qu’une fois que des risques de conflit d’intérêts ont été identifiés, ils soient neutralisés dès que possible par une règle stricte de déport. Si cette obligation légale a été appliquée avec rigueur par la grande majorité des ministres, comme en témoigne le très complet registre de prévention des conflits d’intérêts du gouvernement accessible en ligne, il aura suffi d’un manquement individuel pour aboutir à une mise en examen.

Des conflits franco britanniques inévitables

Des conflits franco britanniques inévitables

 

Les effets délétères du Brexit, l’affaire des sous-marins australiens, le contexte de politique intérieure de part et d’autre de la Manche n’ont eu de cesse d’attiser les tensions entre la France et le Royaume-Uni, analyse Pauline Schnapper, professeure de civilisation britannique, dans une tribune pour « Le Monde ».

 

Tribune.

 

Refus de délivrer des licences aux pêcheurs français à Jersey, arraisonnement d’un chalutier britannique au Havre, convocation de l’ambassadrice de France à Londres, menaces de recours devant les tribunaux et de guerre commerciale : qui aurait pu imaginer, il y a encore un an, qu’on assisterait à une telle dégradation de la relation bilatérale franco-britannique, alors qu’on célébrait les 10 ans des accords de défense de Lancaster House signés en 2010 par David Cameron et Nicolas Sarkozy ?

Pour une part, ces tensions s’expliquent par le rôle joué par la France pendant les négociations sur le Brexit et par les choix stratégiques du gouvernement Johnson. Paris est apparu comme l’Etat membre le plus intransigeant pendant les interminables négociations sur l’accord de retrait puis sur les nouvelles relations entre l’Union européenne (UE) et le Royaume-Uni, même si le président ne faisait souvent qu’exprimer ouvertement ce que d’autres chefs de gouvernement pensaient, et même si la négociation était menée par l’équipe de Michel Barnier et non par les Etats membres.

Emmanuel Macron, comme le premier ministre, Jean Castex, encore ces derniers jours, a aussi clairement affiché, à cette époque, que la sortie de l’UE devait avoir des conséquences et qu’un pays désormais tiers ne pouvait espérer garder les mêmes bénéfices qu’un Etat membre.

La bonne entente qui prévalait avant le Brexit, déjà écornée, s’est désintégrée avec l’accord de coopération signé avec l’UE en décembre 2020, qui était bien en deçà de ce que Theresa May − dont on se souvient pourtant du slogan « Brexit means Brexit » (« Brexit signifie Brexit ») – avait envisagé. Même si les questions de la pêche et de la frontière irlandaise étaient censées être résolues, l’accord a introduit des contrôles douaniers sur les marchandises, mis fin à la libre circulation des travailleurs et rétabli des frontières pour les personnes, et ne prévoyait aucune forme de coopération institutionnalisée en matière de politique étrangère et de défense. Il était probablement inévitable qu’un tel recul par rapport aux libertés dont avaient bénéficié les citoyens et les entreprises des deux côtés de la Manche pendant plus de quarante ans provoque des tensions.

Depuis cette date, les contentieux bilatéraux se sont accumulés, qui s’ajoutent aux difficultés que le Royaume-Uni rencontre avec la Commission européenne sur l’application du protocole nord-irlandais, sans que les mécanismes diplomatiques habituels de gestion des conflits, à Bruxelles et ailleurs, puissent fonctionner.

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