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Trump-« Cour de Néron », « bouffon sous kétamine » l’intégralité du discours du sénateur Claude Malhuret sur les Etats-Unis

Trump-« Cour de Néron », « bouffon sous kétamine » l’intégralité du discours du sénateur Claude Malhuret sur les Etats-Unis

Depuis une semaine, son discours fait le tour de la planète. En dénonçant avec verve ce que sont devenus les Etats-Unis de Donald Trump, le sénateur Claude Malhuret a fait mouche et jouit d’une nouvelle notoriété outre-atlantique. Si c’est le début de son propos qui tourne sur les réseaux, le Sénat publie l’intégralité de son discours, où ils multiplient les attaques contre Donald Trump.

Face à l’attrait que suscite les mots de Claude Malhuret, nous publions ici l’intégralité de son discours

« L’Europe est à un tournant critique de son histoire. Le bouclier américain se dérobe, l’Ukraine risque d’être abandonnée, la Russie renforcée.

Washington est devenu la cour de Néron. Un empereur incendiaire, des courtisans soumis et un bouffon sous kétamine chargé de l’épuration de la fonction publique. C’est un drame pour le monde libre, mais c’est d’abord un drame pour les Etats-Unis.

Le message de Trump est que rien ne sert d’être son allié puisqu’il ne vous défendra pas, qu’il vous imposera plus de droits de douane qu’à ses ennemis et vous menacera de s’emparer de vos territoires tout en soutenant les dictatures qui vous envahissent.

Le roi du deal est en train de montrer ce qu’est l’art du deal à plat ventre. Il pense qu’il va intimider la Chine en se couchant devant Poutine, mais Xi Jin Ping, devant un tel naufrage, est sans doute en train d’accélérer les préparatifs de l’invasion de Taïwan.

Jamais dans l’histoire un Président des Etats-Unis n’a capitulé devant l’ennemi. Jamais aucun n’a soutenu un agresseur contre un allié. Jamais aucun n’a piétiné la constitution américaine, pris autant de décrets illégaux, révoqué les juges qui pourraient l’en empêcher, limogé d’un coup l’état-major militaire, affaibli tous les contre-pouvoirs et pris le contrôle des réseaux sociaux. Ce n’est pas une dérive illibérale, c’est un début de confiscation de la démocratie.

Rappelons-nous qu’il n’a fallu qu’un mois, trois semaines et deux jours pour mettre à bas la République de Weimar et sa constitution. J’ai confiance dans la solidité de la démocratie américaine et le pays proteste déjà. Mais en un mois Trump a fait plus de mal à l’Amérique qu’en quatre ans de sa dernière présidence.

Nous étions en guerre contre un dictateur, nous nous battons désormais contre un dictateur soutenu par un traître. Il y a huit jours, au moment même où Trump passait la main dans le dos de Macron à la Maison Blanche, les Etats-Unis votaient à l’ONU avec la Russie et la Corée du Nord contre les Européens, réclamant le départ des troupes russes. Deux jours plus tard, dans le bureau ovale, le planqué du service militaire donnait des leçons de morale et de stratégie au héros de guerre Zelensky, avant de le congédier comme un palefrenier en lui ordonnant de se soumettre ou de se démettre. Cette nuit, il a commis un pas de plus dans l’infamie, en stoppant la livraison d’armes, pourtant promises.

Que faire devant cette trahison ? La réponse est simple : faire face. Et d’abord ne pas se tromper. La défaite de l’Ukraine serait la défaite de l’Europe. Les pays baltes, la Géorgie, la Moldavie sont déjà sur la liste. Le but de Poutine est le retour à Yalta, où fut cédée la moitié du continent à Staline. Les pays du Sud attendent l’issue du conflit pour décider s’ils doivent continuer à respecter l’Europe ou s’ils sont désormais libres de la piétiner. Ce que veut Poutine, c’est la fin de l’ordre mis en place par les Etats-Unis et leurs alliés, il y a 80 ans, avec comme premier principe l’interdiction d’acquérir des territoires par la force. Cette idée est à la source même de l’ONU, où aujourd’hui les Américains votent en faveur de l’agresseur et contre l’agressé parce que la vision trumpienne coïncide avec celle de Poutine : un retour aux sphères d’influence, les grandes puissances dictant le sort des petits pays. A moi le Groenland, le Panama et le Canada ; à toi l’Ukraine, les pays baltes et l’Europe de l’Est ; à lui Taïwan et la mer de Chine. On appelle cela, dans les soirées des oligarques du golf de Mar-A-Lago, le « réalisme diplomatique ».

Nous sommes donc seuls. Mais le discours selon lequel on ne peut résister à Poutine est faux. Contrairement à la propagande du Kremlin, la Russie va mal. En trois ans la soi-disant deuxième armée du monde n’a réussi à grappiller que des miettes d’un pays trois fois moins peuplé. Les taux d’intérêts à 25 %, l’effondrement des réserves de devises et d’or, l’écroulement démographique, montrent qu’elle est au bord du gouffre. Le coup de pouce américain à Poutine est la plus grande erreur stratégique jamais commise lors d’une guerre.

Le choc est violent, mais il a une vertu : les Européens sortent du déni. Ils ont compris en un jour à Munich que la survie de l’Ukraine et l’avenir de l’Europe sont entre leurs mains et qu’ils ont trois impératifs.

Accélérer l’aide militaire à l’Ukraine pour compenser le lâchage américain. Pour qu’elle tienne. Et bien sûr pour imposer sa présence et celle de l’Europe dans toute négociation. Cela coûtera cher. Il faudra en terminer avec le tabou de l’utilisation des avoirs russes gelés. Il faudra contourner les complices de Moscou à l’intérieur même de l’Europe, par une coalition des seuls pays volontaires avec bien sûr le Royaume-Uni.

En second lieu, exiger que tout accord soit accompagné du retour des enfants kidnappés, des prisonniers, et de garanties de sécurité absolues. Après Budapest, la Géorgie et Minsk nous savons ce que valent les accords avec Poutine. Ces garanties passent par une force militaire suffisante pour empêcher une nouvelle invasion.

Enfin, et c’est le plus urgent parce c’est ce qui prendra le plus de temps, il faut rebâtir la défense européenne négligée au profit du parapluie américain depuis 1945 et sabordée depuis la chute du mur de Berlin.

C’est une tâche herculéenne. Mais c’est sur sa réussite ou son échec que seront jugés dans les livres d’histoire les dirigeants de l’Europe démocratique d’aujourd’hui.

Friedrich Merz vient de déclarer que l’Europe a besoin de sa propre alliance militaire. C’est reconnaître que la France avait raison depuis des décennies en plaidant pour une autonomie stratégique. Il reste à la construire.

Il faudra investir massivement, renforcer le Fonds européen de défense hors des critères d’endettement de Maastricht, harmoniser les systèmes d’armes et de munitions, accélérer l’entrée dans l’union de l’Ukraine qui est aujourd’hui la première armée européenne, repenser la place et les conditions de la dissuasion nucléaire à partir des capacités française et britannique, relancer les programmes de bouclier anti-missiles et de satellites. Le plan annoncé hier par Ursula von der Leyen est un très bon point de départ.

Et il faudra beaucoup plus. L’Europe ne redeviendra une puissance militaire qu’en redevenant une puissance industrielle. En un mot, il faudra appliquer le rapport Draghi. Pour de bon.

Mais le vrai réarmement de l’Europe, c’est son réarmement moral. Nous devons convaincre l’opinion, face à la lassitude et à la peur de la guerre, et surtout face aux comparses de Poutine, l’extrême droite et l’extrême-gauche. Ils ont encore plaidé hier à l’Assemblée nationale contre l’unité européenne, contre la défense européenne. Ils disent vouloir la paix. Ce que ni eux, ni Trump, ne disent, c’est que leur paix, c’est la capitulation, la paix de la défaite, le remplacement de de Gaulle Zelensky par un Pétain Ukrainien à la botte de Poutine, la paix des collabos qui ont refusé depuis trois ans toute aide aux ukrainiens.

Est-ce la fin de l’alliance atlantique ? Le risque est grand. Mais depuis quelques jours, l’humiliation publique de Zelensky, et toutes les décisions folles prises depuis un mois ont fini par faire réagir les américains. Les sondages sont en chute, les élus républicains sont accueillis par des foules hostiles dans leurs circonscriptions. Même Fox News devient critique. Les trumpistes ne sont plus en majesté. Ils contrôlent l’exécutif, le Parlement, la Cour Suprême et les réseaux sociaux. Mais dans l’histoire américaine les partisans de la liberté l’ont toujours emporté. Ils commencent à relever la tête.

Le sort de l’Ukraine se joue dans les tranchées. Mais il dépend aussi de ceux qui aux Etats-Unis veulent défendre la démocratie et ici de notre capacité à unir les Européens, à trouver les moyens de leur défense commune et à refaire de l’Europe la puissance qu’elle fut un jour dans l’histoire et qu’elle hésite à redevenir. Nos parents ont vaincu le fascisme et le communisme, au prix de tous les sacrifices. La tâche de notre génération est de vaincre les totalitarismes du XXIème siècle.

Vive l’Ukraine libre, vive l’Europe démocratique ».

Trump-« Cour de Néron », « bouffon sous kétamine » l’intégralité du discours du sénateur Claude Malhuret sur les Etats-Unis

Trump-« Cour de Néron », « bouffon sous kétamine » l’intégralité du discours du sénateur Claude Malhuret sur les Etats-Unis

Depuis une semaine, son discours fait le tour de la planète. En dénonçant avec verve ce que sont devenus les Etats-Unis de Donald Trump, le sénateur Claude Malhuret a fait mouche et jouit d’une nouvelle notoriété outre-atlantique. Si c’est le début de son propos qui tourne sur les réseaux, le Sénat publie l’intégralité de son discours, où ils multiplient les attaques contre Donald Trump.

Face à l’attrait que suscite les mots de Claude Malhuret, nous publions ici l’intégralité de son discours

« L’Europe est à un tournant critique de son histoire. Le bouclier américain se dérobe, l’Ukraine risque d’être abandonnée, la Russie renforcée.

Washington est devenu la cour de Néron. Un empereur incendiaire, des courtisans soumis et un bouffon sous kétamine chargé de l’épuration de la fonction publique. C’est un drame pour le monde libre, mais c’est d’abord un drame pour les Etats-Unis.

Le message de Trump est que rien ne sert d’être son allié puisqu’il ne vous défendra pas, qu’il vous imposera plus de droits de douane qu’à ses ennemis et vous menacera de s’emparer de vos territoires tout en soutenant les dictatures qui vous envahissent.

Le roi du deal est en train de montrer ce qu’est l’art du deal à plat ventre. Il pense qu’il va intimider la Chine en se couchant devant Poutine, mais Xi Jin Ping, devant un tel naufrage, est sans doute en train d’accélérer les préparatifs de l’invasion de Taïwan.

Jamais dans l’histoire un Président des Etats-Unis n’a capitulé devant l’ennemi. Jamais aucun n’a soutenu un agresseur contre un allié. Jamais aucun n’a piétiné la constitution américaine, pris autant de décrets illégaux, révoqué les juges qui pourraient l’en empêcher, limogé d’un coup l’état-major militaire, affaibli tous les contre-pouvoirs et pris le contrôle des réseaux sociaux. Ce n’est pas une dérive illibérale, c’est un début de confiscation de la démocratie.

Rappelons-nous qu’il n’a fallu qu’un mois, trois semaines et deux jours pour mettre à bas la République de Weimar et sa constitution. J’ai confiance dans la solidité de la démocratie américaine et le pays proteste déjà. Mais en un mois Trump a fait plus de mal à l’Amérique qu’en quatre ans de sa dernière présidence.

Nous étions en guerre contre un dictateur, nous nous battons désormais contre un dictateur soutenu par un traître. Il y a huit jours, au moment même où Trump passait la main dans le dos de Macron à la Maison Blanche, les Etats-Unis votaient à l’ONU avec la Russie et la Corée du Nord contre les Européens, réclamant le départ des troupes russes. Deux jours plus tard, dans le bureau ovale, le planqué du service militaire donnait des leçons de morale et de stratégie au héros de guerre Zelensky, avant de le congédier comme un palefrenier en lui ordonnant de se soumettre ou de se démettre. Cette nuit, il a commis un pas de plus dans l’infamie, en stoppant la livraison d’armes, pourtant promises.

Que faire devant cette trahison ? La réponse est simple : faire face. Et d’abord ne pas se tromper. La défaite de l’Ukraine serait la défaite de l’Europe. Les pays baltes, la Géorgie, la Moldavie sont déjà sur la liste. Le but de Poutine est le retour à Yalta, où fut cédée la moitié du continent à Staline. Les pays du Sud attendent l’issue du conflit pour décider s’ils doivent continuer à respecter l’Europe ou s’ils sont désormais libres de la piétiner. Ce que veut Poutine, c’est la fin de l’ordre mis en place par les Etats-Unis et leurs alliés, il y a 80 ans, avec comme premier principe l’interdiction d’acquérir des territoires par la force. Cette idée est à la source même de l’ONU, où aujourd’hui les Américains votent en faveur de l’agresseur et contre l’agressé parce que la vision trumpienne coïncide avec celle de Poutine : un retour aux sphères d’influence, les grandes puissances dictant le sort des petits pays. A moi le Groenland, le Panama et le Canada ; à toi l’Ukraine, les pays baltes et l’Europe de l’Est ; à lui Taïwan et la mer de Chine. On appelle cela, dans les soirées des oligarques du golf de Mar-A-Lago, le « réalisme diplomatique ».

Nous sommes donc seuls. Mais le discours selon lequel on ne peut résister à Poutine est faux. Contrairement à la propagande du Kremlin, la Russie va mal. En trois ans la soi-disant deuxième armée du monde n’a réussi à grappiller que des miettes d’un pays trois fois moins peuplé. Les taux d’intérêts à 25 %, l’effondrement des réserves de devises et d’or, l’écroulement démographique, montrent qu’elle est au bord du gouffre. Le coup de pouce américain à Poutine est la plus grande erreur stratégique jamais commise lors d’une guerre.

Le choc est violent, mais il a une vertu : les Européens sortent du déni. Ils ont compris en un jour à Munich que la survie de l’Ukraine et l’avenir de l’Europe sont entre leurs mains et qu’ils ont trois impératifs.

Accélérer l’aide militaire à l’Ukraine pour compenser le lâchage américain. Pour qu’elle tienne. Et bien sûr pour imposer sa présence et celle de l’Europe dans toute négociation. Cela coûtera cher. Il faudra en terminer avec le tabou de l’utilisation des avoirs russes gelés. Il faudra contourner les complices de Moscou à l’intérieur même de l’Europe, par une coalition des seuls pays volontaires avec bien sûr le Royaume-Uni.

En second lieu, exiger que tout accord soit accompagné du retour des enfants kidnappés, des prisonniers, et de garanties de sécurité absolues. Après Budapest, la Géorgie et Minsk nous savons ce que valent les accords avec Poutine. Ces garanties passent par une force militaire suffisante pour empêcher une nouvelle invasion.

Enfin, et c’est le plus urgent parce c’est ce qui prendra le plus de temps, il faut rebâtir la défense européenne négligée au profit du parapluie américain depuis 1945 et sabordée depuis la chute du mur de Berlin.

C’est une tâche herculéenne. Mais c’est sur sa réussite ou son échec que seront jugés dans les livres d’histoire les dirigeants de l’Europe démocratique d’aujourd’hui.

Friedrich Merz vient de déclarer que l’Europe a besoin de sa propre alliance militaire. C’est reconnaître que la France avait raison depuis des décennies en plaidant pour une autonomie stratégique. Il reste à la construire.

Il faudra investir massivement, renforcer le Fonds européen de défense hors des critères d’endettement de Maastricht, harmoniser les systèmes d’armes et de munitions, accélérer l’entrée dans l’union de l’Ukraine qui est aujourd’hui la première armée européenne, repenser la place et les conditions de la dissuasion nucléaire à partir des capacités française et britannique, relancer les programmes de bouclier anti-missiles et de satellites. Le plan annoncé hier par Ursula von der Leyen est un très bon point de départ.

Et il faudra beaucoup plus. L’Europe ne redeviendra une puissance militaire qu’en redevenant une puissance industrielle. En un mot, il faudra appliquer le rapport Draghi. Pour de bon.

Mais le vrai réarmement de l’Europe, c’est son réarmement moral. Nous devons convaincre l’opinion, face à la lassitude et à la peur de la guerre, et surtout face aux comparses de Poutine, l’extrême droite et l’extrême-gauche. Ils ont encore plaidé hier à l’Assemblée nationale contre l’unité européenne, contre la défense européenne. Ils disent vouloir la paix. Ce que ni eux, ni Trump, ne disent, c’est que leur paix, c’est la capitulation, la paix de la défaite, le remplacement de de Gaulle Zelensky par un Pétain Ukrainien à la botte de Poutine, la paix des collabos qui ont refusé depuis trois ans toute aide aux ukrainiens.

Est-ce la fin de l’alliance atlantique ? Le risque est grand. Mais depuis quelques jours, l’humiliation publique de Zelensky, et toutes les décisions folles prises depuis un mois ont fini par faire réagir les américains. Les sondages sont en chute, les élus républicains sont accueillis par des foules hostiles dans leurs circonscriptions. Même Fox News devient critique. Les trumpistes ne sont plus en majesté. Ils contrôlent l’exécutif, le Parlement, la Cour Suprême et les réseaux sociaux. Mais dans l’histoire américaine les partisans de la liberté l’ont toujours emporté. Ils commencent à relever la tête.

Le sort de l’Ukraine se joue dans les tranchées. Mais il dépend aussi de ceux qui aux Etats-Unis veulent défendre la démocratie et ici de notre capacité à unir les Européens, à trouver les moyens de leur défense commune et à refaire de l’Europe la puissance qu’elle fut un jour dans l’histoire et qu’elle hésite à redevenir. Nos parents ont vaincu le fascisme et le communisme, au prix de tous les sacrifices. La tâche de notre génération est de vaincre les totalitarismes du XXIème siècle.

Vive l’Ukraine libre, vive l’Europe démocratique ».

Trump-« Cour de Néron », « bouffon sous kétamine » l’intégralité du discours du sénateur Claude Malhuret sur les Etats-Unis

Trump-« Cour de Néron », « bouffon sous kétamine » l’intégralité du discours du sénateur Claude Malhuret sur les Etats-Unis

Depuis une semaine, son discours fait le tour de la planète. En dénonçant avec verve ce que sont devenus les Etats-Unis de Donald Trump, le sénateur Claude Malhuret a fait mouche et jouit d’une nouvelle notoriété outre-atlantique. Si c’est le début de son propos qui tourne sur les réseaux, le Sénat publie l’intégralité de son discours, où ils multiplient les attaques contre Donald Trump.

Face à l’attrait que suscite les mots de Claude Malhuret, nous publions ici l’intégralité de son discours

« L’Europe est à un tournant critique de son histoire. Le bouclier américain se dérobe, l’Ukraine risque d’être abandonnée, la Russie renforcée.

Washington est devenu la cour de Néron. Un empereur incendiaire, des courtisans soumis et un bouffon sous kétamine chargé de l’épuration de la fonction publique. C’est un drame pour le monde libre, mais c’est d’abord un drame pour les Etats-Unis.

Le message de Trump est que rien ne sert d’être son allié puisqu’il ne vous défendra pas, qu’il vous imposera plus de droits de douane qu’à ses ennemis et vous menacera de s’emparer de vos territoires tout en soutenant les dictatures qui vous envahissent.

Le roi du deal est en train de montrer ce qu’est l’art du deal à plat ventre. Il pense qu’il va intimider la Chine en se couchant devant Poutine, mais Xi Jin Ping, devant un tel naufrage, est sans doute en train d’accélérer les préparatifs de l’invasion de Taïwan.

Jamais dans l’histoire un Président des Etats-Unis n’a capitulé devant l’ennemi. Jamais aucun n’a soutenu un agresseur contre un allié. Jamais aucun n’a piétiné la constitution américaine, pris autant de décrets illégaux, révoqué les juges qui pourraient l’en empêcher, limogé d’un coup l’état-major militaire, affaibli tous les contre-pouvoirs et pris le contrôle des réseaux sociaux. Ce n’est pas une dérive illibérale, c’est un début de confiscation de la démocratie.

Rappelons-nous qu’il n’a fallu qu’un mois, trois semaines et deux jours pour mettre à bas la République de Weimar et sa constitution. J’ai confiance dans la solidité de la démocratie américaine et le pays proteste déjà. Mais en un mois Trump a fait plus de mal à l’Amérique qu’en quatre ans de sa dernière présidence.

Nous étions en guerre contre un dictateur, nous nous battons désormais contre un dictateur soutenu par un traître. Il y a huit jours, au moment même où Trump passait la main dans le dos de Macron à la Maison Blanche, les Etats-Unis votaient à l’ONU avec la Russie et la Corée du Nord contre les Européens, réclamant le départ des troupes russes. Deux jours plus tard, dans le bureau ovale, le planqué du service militaire donnait des leçons de morale et de stratégie au héros de guerre Zelensky, avant de le congédier comme un palefrenier en lui ordonnant de se soumettre ou de se démettre. Cette nuit, il a commis un pas de plus dans l’infamie, en stoppant la livraison d’armes, pourtant promises.

Que faire devant cette trahison ? La réponse est simple : faire face. Et d’abord ne pas se tromper. La défaite de l’Ukraine serait la défaite de l’Europe. Les pays baltes, la Géorgie, la Moldavie sont déjà sur la liste. Le but de Poutine est le retour à Yalta, où fut cédée la moitié du continent à Staline. Les pays du Sud attendent l’issue du conflit pour décider s’ils doivent continuer à respecter l’Europe ou s’ils sont désormais libres de la piétiner. Ce que veut Poutine, c’est la fin de l’ordre mis en place par les Etats-Unis et leurs alliés, il y a 80 ans, avec comme premier principe l’interdiction d’acquérir des territoires par la force. Cette idée est à la source même de l’ONU, où aujourd’hui les Américains votent en faveur de l’agresseur et contre l’agressé parce que la vision trumpienne coïncide avec celle de Poutine : un retour aux sphères d’influence, les grandes puissances dictant le sort des petits pays. A moi le Groenland, le Panama et le Canada ; à toi l’Ukraine, les pays baltes et l’Europe de l’Est ; à lui Taïwan et la mer de Chine. On appelle cela, dans les soirées des oligarques du golf de Mar-A-Lago, le « réalisme diplomatique ».

Nous sommes donc seuls. Mais le discours selon lequel on ne peut résister à Poutine est faux. Contrairement à la propagande du Kremlin, la Russie va mal. En trois ans la soi-disant deuxième armée du monde n’a réussi à grappiller que des miettes d’un pays trois fois moins peuplé. Les taux d’intérêts à 25 %, l’effondrement des réserves de devises et d’or, l’écroulement démographique, montrent qu’elle est au bord du gouffre. Le coup de pouce américain à Poutine est la plus grande erreur stratégique jamais commise lors d’une guerre.

Le choc est violent, mais il a une vertu : les Européens sortent du déni. Ils ont compris en un jour à Munich que la survie de l’Ukraine et l’avenir de l’Europe sont entre leurs mains et qu’ils ont trois impératifs.

Accélérer l’aide militaire à l’Ukraine pour compenser le lâchage américain. Pour qu’elle tienne. Et bien sûr pour imposer sa présence et celle de l’Europe dans toute négociation. Cela coûtera cher. Il faudra en terminer avec le tabou de l’utilisation des avoirs russes gelés. Il faudra contourner les complices de Moscou à l’intérieur même de l’Europe, par une coalition des seuls pays volontaires avec bien sûr le Royaume-Uni.

En second lieu, exiger que tout accord soit accompagné du retour des enfants kidnappés, des prisonniers, et de garanties de sécurité absolues. Après Budapest, la Géorgie et Minsk nous savons ce que valent les accords avec Poutine. Ces garanties passent par une force militaire suffisante pour empêcher une nouvelle invasion.

Enfin, et c’est le plus urgent parce c’est ce qui prendra le plus de temps, il faut rebâtir la défense européenne négligée au profit du parapluie américain depuis 1945 et sabordée depuis la chute du mur de Berlin.

C’est une tâche herculéenne. Mais c’est sur sa réussite ou son échec que seront jugés dans les livres d’histoire les dirigeants de l’Europe démocratique d’aujourd’hui.

Friedrich Merz vient de déclarer que l’Europe a besoin de sa propre alliance militaire. C’est reconnaître que la France avait raison depuis des décennies en plaidant pour une autonomie stratégique. Il reste à la construire.

Il faudra investir massivement, renforcer le Fonds européen de défense hors des critères d’endettement de Maastricht, harmoniser les systèmes d’armes et de munitions, accélérer l’entrée dans l’union de l’Ukraine qui est aujourd’hui la première armée européenne, repenser la place et les conditions de la dissuasion nucléaire à partir des capacités française et britannique, relancer les programmes de bouclier anti-missiles et de satellites. Le plan annoncé hier par Ursula von der Leyen est un très bon point de départ.

Et il faudra beaucoup plus. L’Europe ne redeviendra une puissance militaire qu’en redevenant une puissance industrielle. En un mot, il faudra appliquer le rapport Draghi. Pour de bon.

Mais le vrai réarmement de l’Europe, c’est son réarmement moral. Nous devons convaincre l’opinion, face à la lassitude et à la peur de la guerre, et surtout face aux comparses de Poutine, l’extrême droite et l’extrême-gauche. Ils ont encore plaidé hier à l’Assemblée nationale contre l’unité européenne, contre la défense européenne. Ils disent vouloir la paix. Ce que ni eux, ni Trump, ne disent, c’est que leur paix, c’est la capitulation, la paix de la défaite, le remplacement de de Gaulle Zelensky par un Pétain Ukrainien à la botte de Poutine, la paix des collabos qui ont refusé depuis trois ans toute aide aux ukrainiens.

Est-ce la fin de l’alliance atlantique ? Le risque est grand. Mais depuis quelques jours, l’humiliation publique de Zelensky, et toutes les décisions folles prises depuis un mois ont fini par faire réagir les américains. Les sondages sont en chute, les élus républicains sont accueillis par des foules hostiles dans leurs circonscriptions. Même Fox News devient critique. Les trumpistes ne sont plus en majesté. Ils contrôlent l’exécutif, le Parlement, la Cour Suprême et les réseaux sociaux. Mais dans l’histoire américaine les partisans de la liberté l’ont toujours emporté. Ils commencent à relever la tête.

Le sort de l’Ukraine se joue dans les tranchées. Mais il dépend aussi de ceux qui aux Etats-Unis veulent défendre la démocratie et ici de notre capacité à unir les Européens, à trouver les moyens de leur défense commune et à refaire de l’Europe la puissance qu’elle fut un jour dans l’histoire et qu’elle hésite à redevenir. Nos parents ont vaincu le fascisme et le communisme, au prix de tous les sacrifices. La tâche de notre génération est de vaincre les totalitarismes du XXIème siècle.

Vive l’Ukraine libre, vive l’Europe démocratique ».

Politique-Le discours fou de Vance

Politique-Le discours fou de Vance

Le 14 février, le vice-président des Etats-Unis s’en est pris au modèle même de la démocratie européenne. « Le Monde » publie ce discours dans son intégralité, avec des éléments d’explication.

[Alors que la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine était au centre de la Conférence sur la sécurité de Munich du 14 au 16 février, le vice-président américain, J. D. Vance, n’en a pratiquement pas touché mot dans le discours qu’il y a prononcé le vendredi 14 février. A la place, il s’est lancé dans une violente attaque contre les démocraties européennes. En les appelant à rompre le « cordon sanitaire » avec l’extrême droite et en attaquant les règles européennes en matière de libertés publiques, M. Vance a posé les Etats-Unis en adversaires de l’Etat de droit qui prévaut en Europe depuis 1945. Le Monde publie ce discours dans son intégralité, assorti d’éléments d’explication.]

Merci à tous les délégués, toutes les personnalités et tous les professionnels des médias qui sont réunis ici. Je remercie tout particulièrement les hôtes de la Conférence de Munich sur la sécurité, qui organisent un événement aussi incroyable. Nous sommes ravis d’être ici.

L’une des choses dont je souhaite vous parler aujourd’hui, bien sûr, ce sont nos valeurs communes. C’est un plaisir de revenir en Allemagne. Comme vous venez de l’entendre, je suis venu ici l’an dernier en tant que sénateur américain. Je viens de rencontrer le secrétaire d’Etat [britannique] aux affaires étrangères, David Lammy, et j’ai plaisanté sur le fait qu’[en 2024] nous occupions tous deux des postes différents.

Aujourd’hui, il est temps pour tous nos pays, pour nous tous qui avons eu la chance de nous voir confier le pouvoir politique par nos peuples respectifs, de l’utiliser avec sagesse dans le but d’améliorer leurs vies.

J’ai eu la chance, durant mon séjour ici, au cours des dernières vingt-quatre heures, de passer un peu de temps à l’extérieur des murs de cette salle de conférence, et j’ai été impressionné par l’hospitalité des gens, alors qu’ils sont, bien sûr, sous le choc du terrible attentat d’hier [le 13 février, une voiture-bélier a foncé sur la foule dans une manifestation syndicale à Munich, faisant 2 morts et 37 blessés].

La première fois que je suis venu à Munich, c’était lors d’un voyage personnel avec mon épouse, qui m’accompagne aujourd’hui également. J’ai toujours aimé la ville de Munich, et j’ai toujours aimé ses habitants. Je tiens à dire que nous sommes très émus, que nos pensées et nos prières vont à Munich, et à tous ceux qui ont été touchés par le mal infligé à cette magnifique communauté. Nous pensons à vous, nous prions pour vous, et nous vous soutiendrons au cours des jours et des semaines à venir.

[Applaudissements] Merci. J’espère que ce ne sont pas les derniers applaudissements de mon discours… [Rires]. Si nous nous réunissons lors de cette conférence, bien sûr, c’est pour discuter de sécurité. Habituellement, nous entendons par là les menaces qui pèsent sur notre sécurité extérieure. Je vois une multitude de grands chefs militaires dans la salle aujourd’hui.

Mais, si l’administration Trump se préoccupe vivement de la sécurité européenne, et si elle est convaincue que nous pouvons parvenir à un accord raisonnable entre la Russie et l’Ukraine, nous pensons également qu’il est important qu’au cours des prochaines années l’Europe mette les bouchées doubles pour parvenir à assurer elle-même sa défense. La menace qui me semble la plus inquiétante pour l’Europe n’est ni la Russie, ni la Chine, ni aucun autre acteur extérieur. La menace qui m’inquiète le plus vient de l’intérieur : l’Europe s’éloigne de certaines de ses valeurs les plus fondamentales – des valeurs que partagent les Etats-Unis d’Amérique.

J’ai été frappé de voir un ancien commissaire européen s’exprimer récemment à la télévision pour se réjouir que le gouvernement roumain ait annulé les élections dans le pays. Il a même averti que, si les choses ne se passaient pas comme il le fallait, la même chose pourrait se produire en Allemagne.

Il cible le Français Thierry Breton
Le vice-président américain fait ici référence à une intervention de Thierry Breton. L’ancien commissaire européen français, le 9 janvier sur RMC, réagissait à l’échange sur X entre Elon Musk et la responsable du parti d’extrême droite allemand Alternative für Deutschland (AfD), Alice Weidel. M. Breton a rappelé que le propriétaire du réseau social a « le droit de dire ce qu’il veut », mais pas sur les réseaux sociaux. Tant que ceux-ci sont disponibles en Europe, la parole y est régie par le règlement européen sur les services numériques, qui oblige les plateformes numériques à réguler leurs contenus, notamment pour éviter la désinformation ou les contenus illicites.
Exhortant l’Union européenne (UE) et ses membres à faire appliquer leurs lois sur les contenus en ligne, Thierry Breton a alors prononcé cette phrase : « Faisons appliquer nos lois, en Europe, lorsqu’elles risquent d’être circonvenues et qu’elles peuvent, si on ne les applique pas, conduire à des interférences. On l’a fait en Roumanie, il faudra évidemment le faire si c’est nécessaire en Allemagne. » A l’époque, la phrase, sortie de son contexte, est largement reprise sur les réseaux sociaux. Certains y voient un aveu que l’Europe a annulé les élections en Roumanie et qu’elle pourrait faire de même en Allemagne. Comme l’a montré Libération, cette thèse est relayée par Elon Musk lui-même, qui dépeint Thierry Breton en « tyran de l’Europe ». Réponse de l’ancien commissaire au milliardaire : l’UE n’a le pouvoir d’annuler aucune élection dans les pays membres.

Ces déclarations cavalières sont choquantes pour des oreilles américaines. Depuis des années, on nous répète que tout ce que nous faisons, quand nous apportons nos financements et notre soutien, nous le faisons au nom de nos valeurs démocratiques communes.

On justifie tout, depuis notre politique vis-à-vis de l’Ukraine jusqu’aux mesures de censure numérique, au nom de la défense de la démocratie. Mais, lorsque des tribunaux européens annulent des élections et que des hauts responsables menacent d’en annuler d’autres, nous ne pouvons que nous demander si nous plaçons la barre suffisamment haut. Et je dis « nous », parce que je pense fondamentalement que nous sommes du même côté. Mais nous devons faire davantage que parler de nos valeurs démocratiques. Nous devons les incarner.

Comme s’en souviennent beaucoup d’entre vous qui êtes présents dans cette salle, la guerre froide a opposé les défenseurs de la démocratie à des forces bien plus tyranniques de ce continent. Repensons à ceux qui censuraient les dissidents, fermaient les églises, annulaient les élections. Etaient-ils du bon côté ? Bien sûr que non et, Dieu merci, ils ont perdu la guerre froide. Ils ont perdu parce qu’ils n’avaient ni estime ni respect pour la liberté et ses extraordinaires possibilités – la liberté de surprendre, de faire des erreurs, d’inventer, de construire.

On ne peut pas forcer les gens à être innovants ou créatifs, tout comme on ne peut pas les forcer à penser, à croire, à éprouver une chose. Et nous sommes convaincus que tout cela est lié. Malheureusement, lorsque je regarde l’Europe aujourd’hui, je ne comprends pas toujours clairement ce qui est arrivé à certains des vainqueurs de la guerre froide.

Je pense à Bruxelles, où les commissaires avertissent les citoyens qu’ils comptent couper l’accès aux réseaux sociaux en période de troubles dès lors qu’ils détectent ce qu’ils jugent être, je cite, « des contenus haineux ».

Il anticipe une « coupure » des réseaux sociaux

 

J. D. Vance fait référence à des prises de parole datant de juillet 2023. Après les émeutes qui ont agité la France à la suite de la mort de Nahel, en partie alimentées sur les réseaux sociaux par une surenchère de vidéos de destructions, Emmanuel Macron émet l’idée controversée de « se mettre en situation de les réguler ou les couper ».

Trois semaines plus tard, après avoir été sollicité par une soixantaine d’organisations non gouvernementales hostiles à cette idée, le commissaire européen d’alors, Thierry Breton, évoque la possibilité d’une fermeture des plateformes « dans les cas extrêmes », dans le cadre de la législation européenne sur les services numériques. Au nom de la défense de la liberté d’expression, il s’oppose néanmoins à ce que leurs services soient « bloqués ou dégradés sur des bases arbitraires ou injustifiées ».

Le règlement européen envisage la possibilité de saisir les autorités judiciaires compétentes en dernier recours, si le propriétaire de la plateforme et les fournisseurs d’accès n’ont pas d’eux-mêmes adopté des mesures. Ce dispositif ne vise pas la catégorie très large du « contenu haineux », mais les messages qui constituent une infraction pénale menaçant de manière « sérieuse » la sécurité ou la vie des personnes.

Dans ce passage, J. D. Vance emploie en anglais le terme commissars pour désigner les commissaires européens, et non pas celui de commissionners qu’il utilise pourtant quelques minutes auparavant. Le choix de ce mot n’est pas neutre. Le terme commissar renvoie aux commissaires politiques de l’URSS, chargés notamment de la propagande communiste et dont l’institution s’est progressivement muée en police des mœurs pour les officiers soviétiques.

Je pense à ce pays, l’Allemagne, où la police s’en prend à des citoyens soupçonnés de poster des commentaires antiféministes en ligne dans le cadre, je cite, de « la lutte contre la misogynie sur Internet ».

Il croit que l’antiféminisme est criminalisé

 

En mars 2024, à la veille de la Journée internationale des droits des femmes, les autorités allemandes ont effectivement interpellé 45 suspects dans 11 Länder différents dans le cadre d’une journée de lutte contre la misogynie sur Internet. Mais les individus appréhendés ne l’ont pas été pour avoir exprimé des opinions « antiféministes ». Ils sont accusés d’avoir posté des « publications misogynes ayant une portée criminelle », selon un communiqué conjoint du bureau du procureur national et de la police criminelle fédérale. Cette qualification recouvre le partage non consenti de photos ou de vidéos de nus, les insultes à caractère sexuel, les encouragements aux violences sexuelles et au viol, ainsi que l’envoi de vidéos de torture et de meurtre.

Je pense à la Suède, où [fin janvier] le gouvernement a condamné un militant chrétien qui a brûlé des exemplaires du Coran, actes qui ont valu à son ami de se faire assassiner. Et, comme l’a noté le juge chargé de l’affaire, dans une remarque à faire froid dans le dos, les lois suédoises censées protéger la liberté d’expression ne donnent pas, je cite, « carte blanche pour dire ou faire n’importe quoi au risque d’offenser le groupe dont les convictions sont ciblées ».

Il critique l’encadrement de la liberté d’expression en Suède

 

J. D. Vance évoque Salwan Momika, un Irakien de confession chrétienne abattu dans son appartement en janvier dans la banlieue de Stockholm. Réfugié en Suède depuis 2018, il a participé à plusieurs autodafés du Coran en 2023, à l’origine de manifestations de colère dans plusieurs pays musulmans.

Le vice-président des Etats-Unis fait également allusion à son complice Salwan Najem, un réfugié irakien qui a également participé à ces autodafés et a été condamné en février pour incitation à la haine contre un groupe ethnique. Dans son jugement, le tribunal a rappelé que la critique de la religion était légale en Suède. Mais le juge chargé de cette affaire, Göran Lundahl, a souligné que cette critique n’était pas permise à n’importe quel prix : « Exprimer son opinion sur une religion ne donne pas le droit de faire ou dire n’importe quoi au risque d’offenser la communauté qui partage cette croyance. »

Le vice-président américain critique ici la liberté d’expression en Suède qu’il estime en recul, comme dans le reste de l’Europe. A l’image de Donald Trump, J. D. Vance voue un culte au free speech, considéré comme l’un des principes fondateurs des Etats-Unis. Selon sa vision de la liberté d’expression, aucun discours ne peut être prohibé par la loi, pas même les messages de haine, comme c’est le cas dans les pays européens.

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Et, avec peut-être plus d’inquiétude encore, je pense à présent à nos très chers amis du Royaume-Uni, où le recul de la liberté de conscience est tel que les libertés fondamentales, en particulier des croyants britanniques, sont menacées.

Il y a un peu plus de deux ans, le gouvernement britannique inculpait Adam Smith-Connor, un kinésithérapeute de 51 ans, vétéran de l’armée, de ce crime odieux : prier en silence, pendant trois minutes, à 50 mètres d’une clinique pratiquant l’avortement – sans gêner personne, sans interagir avec qui que ce soit, il a simplement prié seul, dans son coin, en silence. Quand des policiers britanniques l’ont remarqué et qu’ils lui ont demandé quel était l’objet de ses prières, M. Adam a répondu, simplement, qu’il priait au nom du fils non né dont lui et sa petite amie de l’époque, des années plus tôt, avaient décidé d’avorter.

Mais les policiers sont restés de marbre. Adam [Smith-Connor] a été jugé coupable d’avoir enfreint la nouvelle loi du gouvernement sur les « zones tampons », qui sanctionne les prières silencieuses et toute autre action susceptible d’influencer la décision d’une personne dans un rayon de 200 mètres autour d’une structure pratiquant l’avortement. Il a été condamné à payer plusieurs milliers de livres de frais de justice à l’accusation.

Il dénonce la condamnation d’un opposant à l’avortement au Royaume-Uni

 

Le vice-président américain fait référence à un événement survenu en novembre 2022 à Bournemouth, dans le sud de l’Angleterre. Un physiothérapeuthe et ex-militaire britannique, Adam Smith-Connor, a prié devant une clinique pratiquant l’avortement, alors qu’une « zone de sécurité » était mise en place pour tenir à distance les opposants à l’interruption volontaire de grossesse. Cette zone tampon avait été instaurée par un arrêté pris par les autorités locales en octobre 2022 pour tenir à l’écart les militants et garantir que les femmes ne soient pas harcelées ou intimidées. Tout auteur d’infraction s’exposait alors à une amende, voire à une condamnation judiciaire. Le quotidien britannique The Guardian avait notamment rapporté qu’un membre de la clinique avait aperçu une patiente se blesser en tentant d’escalader un mur pour éviter les intimidations des manifestants.

En priant devant l’établissement, Adam Smith-Connor n’a pas respecté le périmètre de protection. Il a également refusé de quitter les lieux malgré les injonctions d’un officier de police. L’ancien combattant a été déféré au tribunal pour avoir refusé de payer son amende et a été condamné en octobre 2024 à payer plus de 9 000 livres (environ 11 000 euros) de frais de justice. En vertu d’une loi votée en 2023, les zones tampons ont été généralisées autour des cliniques pratiquant l’avortement en Angleterre et au Pays de Galles en octobre 2024.

J. D. Vance est connu pour ses positions hostiles au droit à l’avortement. Il déclarait en 2022 qu’il était favorable à une interdiction totale de l’IVG aux Etats-Unis. Mais, en 2024, le colistier de Donald Trump a nié ces propos et déclaré qu’il revenait à chaque Etat de décider de sa législation.

J’aimerais pouvoir dire qu’il s’agit d’un malheureux hasard – d’un cas isolé et insensé de loi mal rédigée, appliquée à une seule personne. Mais non,en octobre [2024], il y a quelques mois à peine, le gouvernement écossais a commencé à envoyer des lettres aux citoyens qui habitent à l’intérieur de « zones d’accès sécurisées » pour les avertir que, même le fait de prier en privé, à leur domicile, pouvait constituer une infraction à la loi. Et, bien entendu, le gouvernement invite les destinataires de ces courriers à dénoncer tout citoyen soupçonné de crime de pensée.Au Royaume-Uni comme dans toute l’Europe, j’en ai peur, la liberté d’expression est en déclin.

Il ment sur une loi écossaise protégeant les femmes qui ont recours à l’avortement

 

J. D. Vance effectue encore un raccourci mensonger sur l’encadrement du droit à l’avortement au Royaume-Uni. Il cible ici une loi écossaise sur les « zones d’accès sécurisé », entrée en vigueur en septembre 2024. Cette loi vise à protéger les femmes qui avortent des militants anti-IVG qui tentent de les effrayer devant les hôpitaux et dispensaires. Avec cette loi, les opposants à l’avortement ne peuvent ni manifester à moins de 200 mètres de ces établissements ni tenir des veillées silencieuses.

Mais, contrairement à ce que le vice-président américain affirme, cette loi ne vise pas à interdire la prière à domicile. Gillian Mackay, qui a porté ce texte de loi au Parlement écossais, a fermement condamné ses propos sur Facebook : « Il s’agit d’une désinformation choquante et éhontée du vice-président américain J. D. Vance. C’est l’une des personnes les plus puissantes au monde, mais il raconte n’importe quoi sur mon texte de loi. »

De plus, la lettre mentionnée dans le discours ne dit rien sur une quelconque infraction liée à une prière à domicile, elle vise à informer les résidents de ce que signifient ces zones. « Elle encourage les habitants à signaler tout ce qui pourrait enfreindre la loi, a corrigé la députée écossaise. C’est la même chose que fait la police écossaise pour faire respecter les autres lois du pays, il n’y a rien d’unique lié à ce texte. » Gillian Mackay a demandé à l’ambassadeur des Etats-Unis au Royaume-Uni de rectifier ce qu’elle qualifie de « désinformation ».

Par courtoisie, mes amis, mais aussi par souci de la vérité, je dois admettre que parfois les voix les plus fortes qui appellent à la censure ne viennent pas d’Europe, mais de mon pays, où le précédent gouvernement a menacé et intimidé les réseaux sociaux pour qu’ils censurent les prétendues fausses informations – par exemple l’idée selon laquelle le coronavirus était probablement sorti d’un laboratoire chinois. Notre gouvernement a encouragé des entreprises privées à bâillonner les personnes qui osaient dire ce qui s’est ensuite révélé être une vérité incontestable.

Il expose un avis péremptoire sur l’origine du Covid-19

 

Pour J. D. Vance, la thèse d’une fuite de laboratoire pour expliquer l’origine du SARS-CoV2 est une « vérité évidente ». Certes, des soupçons pèsent sur l’Institut de virologie de Wuhan, qui menait des expérimentations sur des coronavirus de chauve-souris proches du Covid-19 dans des laboratoires à la sécurité limitée. A peine son nouveau président, John Ratcliffe, entré en fonctions après sa nomination par Donald Trump, la CIA a déclaré, en janvier, qu’elle privilégiait désormais cette hypothèse, quoiqu’avec un niveau de confiance « faible ».

En effet, aucune preuve n’a jamais été apportée que le SARS-CoV-2 se soit échappé, que des laborantins aient contracté la maladie, ni que l’institution chinoise ait été en possession d’un virus qui puisse en être le progéniteur direct.

La majorité des scientifiques continue de juger que l’hypothèse de la zoonose reste la plus probable. C’est au marché aux fruits de mer de Huanan que la maladie a été détectée pour la première fois, avec une répartition des premiers cas et une diversité génétique des premières souches cohérentes avec une émergence zoonotique, d’après une étude publiée dans la revue Nature. Des traces génétiques du virus y ont également été retrouvées, mêlées à celles d’animaux susceptibles de transmettre le virus à l’homme, comme le chien viverrin, ce que la Chine a mis trois ans à reconnaître. Fin 2024, des analyses en cours de publication ont également montré que les animaux présents aux halles étaient eux-mêmes malades.

Des zones d’ombre importantes demeurent. Le chemin exact qu’aurait suivi le SARS-CoV-2 reste inconnu, Pékin faisant entrave à toutes les enquêtes liant de près ou de loin l’origine du Covid-19 à la Chine. Plusieurs études ont néanmoins établi depuis près de vingt ans que le trafic de viande de brousse depuis les zones rurales jusqu’aux marchés humides était un vecteur de zoonose.

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Je suis donc venu ici aujourd’hui avec un constat, mais aussi avec une proposition. Tout comme l’administration Biden a cherché à tout prix à faire taire les gens qui disaient ce qu’ils pensaient, l’administration Trump fera précisément le contraire. Et j’espère que nous pourrons travailler ensemble en ce sens.

A Washington, il y a un nouveau shérif. Et sous la présidence de Donald Trump, même si nous ne sommes pas d’accord avec votre vision des choses, nous nous battrons pour défendre votre droit de l’exprimer dans l’espace public, que l’on soit d’accord ou non avec. [Quelques applaudissements.]

La situation se détériore au pointqu’en décembre [2024] la Roumanie a annulé les résultats d’une élection présidentielle sur la base des soupçons fragiles d’une agence de renseignement, et sous la pression énorme de ses voisins du continent.

La raison, d’après ce que je comprends, est que de fausses informations russes ont influencé les élections roumaines. Mais je demande à mes amis européens de prendre un peu de recul. Vous pouvez penser que la Russie n’a pas à acheter des publicités sur des réseaux sociaux pour influencer vos élections. C’est en tout cas ce que nous pensons. Vous pouvez même le condamner sur la scène internationale. Mais si votre démocratie peut être détruite avec quelques centaines de milliers de dollars de publicité en ligne venant d’un pays étranger, c’est qu’elle n’est pas très solide. [Quelques applaudissements.]

Il condamne l’annulation de l’élection présidentielle en Roumanie

 

L’annulation du second tour de l’élection présidentielle en Roumanie, décidée par la Cour constitutionnelle le 6 décembre 2024, premier cas du genre en Europe, fait suite au succès d’un candidat prorusse, Calin Georgescu, dans ce pays pourtant foncièrement pro-européen. M. Georgescu, qui n’avait participé à aucun débat ni investi la moindre somme d’argent dans la campagne, était arrivé en tête du premier tour.

Les « vagues soupçons d’une agence de renseignement » évoqués par M. Vance renvoient à l’analyse des services de renseignement roumains. Selon ces derniers, la combinaison de vidéos associées à des mots-clés et relayées, moyennant une rémunération dissimulée, par plus d’une centaine d’influenceurs totalisant plus de 8 millions d’abonnés actifs avait abouti à ce que le nom de M. Georgescu soit hissé, à la veille du vote, parmi les premiers contenus promus en ligne.

Les autorités roumaines ne sont pas parvenues à prouver l’ingérence de Moscou, mais elles sont convaincues de la réalité de l’ingérence russe et l’enquête se poursuit. « Nous disposons d’éléments qui confirment que la Russie tente de manipuler des influenceurs dans [des] pays européens, dont la France », a déclaré de son côté, le 18 décembre 2024, le ministre des affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot.

J. D. Vance lui-même n’est pas loin de l’admettre puisqu’il déclare un peu plus loin que les Etats-Unis « pensent », comme les Européens, « qu’il est mal que les Russes achètent des publicités sur les réseaux sociaux pour influencer les élections ». L’objet véritable de sa référence au cas roumain semble moins de nier l’implication russe que de saper le principe de la démocratie en Europe, qui, selon lui, « n’est pas très solide au départ » si elle « peut être détruite avec quelques centaines de milliers de dollars de publicité numérique provenant d’un pays étranger ». Autrement dit, elle ne vaut pas bien cher. Une appréciation stupéfiante dans la bouche du vice-président de Donald Trump, qui a gracié plus de 1 500 personnes condamnées pour l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021.

La bonne nouvelle, c’est que je pense que vos démocraties sont nettement moins fragiles que beaucoup ne le craignent. Et je suis convaincu que laisser nos citoyens s’exprimer ne fera que les renforcer. Ce qui, bien sûr, nous ramène à Munich, où les organisateurs de cette conférence ont interdit aux représentants des partis populistes de gauche comme de droite de participer à ces discussions.

Il déplore l’interdiction des partis populistes à la Conférence de Munich

 

Le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) et le parti de gauche Alliance Sahra Wagenknecht, hostiles aux livraisons d’armes à l’Ukraine et considérés comme favorables aux intérêts russes, n’ont en effet pas été invités à participer à la Conférence de Munich. Les organisateurs ont invoqué le comportement des deux partis lors du discours du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, au Bundestag, en juin 2024 – les élus avaient alors quitté l’hémicycle. Mais, tout en paraissant reprocher l’absence des partis populistes « de gauche et de droite », le vice-président américain a fait son choix : c’est Alice Weidel, la dirigeante de l’AfD, avec qui il s’est entretenu.

Encore une fois, nous ne sommes pas obligés d’être d’accord avec tout ce que disent les gens, mais, quand des dirigeants politiques représentent un grand nombre d’électeurs, il est de notre devoir d’au moins accepter de dialoguer avec eux.

Nous sommes beaucoup, de l’autre côté de l’Atlantique, à avoir de plus en plus l’impression que des intérêts anciens et tenaces se cachent derrière ces vilains mots datant de l’ère soviétique, derrière toute cette « désinformation » et cette « propagande ». Parce qu’ils n’aiment tout simplement pas l’idée qu’une personne avec un autre point de vue puisse exprimer une opinion différente ou, Dieu nous garde, voter pour un autre candidat ou, pis encore, remporter une élection.

Nous nous sommes réunis ici aujourd’hui pour une conférence sur la sécurité, et je suis certain qu’en venant vous vous êtes tous préparés à parler des manières d’augmenter les dépenses de défense au cours des prochaines années, en fonction de vos nouveaux objectifs. Et c’est très bien, car, comme le président Trump l’a très clairement dit, il pense que nos amis européens doivent jouer un rôle plus grand dans l’avenir de ce continent. Vous avez déjà entendu ce terme, « partage du fardeau », eh bien nous pensons qu’il est important, dans le cadre de notre alliance, que, d’un côté, les Européens redoublent d’efforts et que, de l’autre, l’Amérique se concentre sur des régions du monde qui se trouvent en grand danger.

Permettez-moi d’ailleurs de vous demander ceci : comment comptez-vous réfléchir à des questions budgétaires si nous ne savons même pas ce que nous défendons ? J’ai déjà entendu beaucoup de choses lors des échanges que j’ai eus ici – et j’ai mené un grand nombre, un très grand nombre de discussions très intéressantes avec de nombreuses personnes présentes dans cette salle –, j’ai entendu beaucoup de choses sur ce contre quoi vous devez vous défendre et, bien sûr, c’est important. Mais ce qui me semble moins clair, et ce qui l’est, je crois, pour de nombreux citoyens européens, c’est ce pour quoi vous vous battez exactement. Quelle est la vision positive qui anime ce pacte de sécurité, auquel nous accordons tous tant d’importance ?

Je suis profondément convaincu qu’il ne peut y avoir de sécurité si on a peur des voix, des opinions et de la conscience de son peuple. L’Europe est confrontée à de nombreux défis, mais la crise que le continent doit d’urgence affronter, la crise, je pense, que nous devons affronter tous ensemble, c’est nous qui l’avons provoquée.

Si vous avez peur de vos électeurs, il n’y a rien que les Etats-Unis puissent faire pour vous. Il n’y a rien, non plus, que vous puissiez faire pour le peuple américain qui a élu le président Trump et moi-même.

Car vous avez besoin de mandats démocratiques si vous voulez accomplir des choses importantes dans les années à venir. N’avons-nous pas appris que les mandats faibles produisent des résultats fragiles ? Vous pourriez accomplir tant de grandes choses avec le genre de mandat démocratique que vous obtiendriez, je le pense, en étant davantage à l’écoute de vos citoyens.

Si vous voulez avoir des économies compétitives, si vous voulez profiter d’une énergie à un prix abordable et sécuriser vos chaînes d’approvisionnement, alors il vous faut des mandats pour gouverner, car, pour avoir tout cela, vous devrez faire des choix difficiles. Nous savons très bien tout cela aux Etats-Unis.

On ne peut pas remporter un mandat démocratique en censurant ses opposants ou en les jetant en prison – qu’il s’agisse du chef de l’opposition, d’une humble chrétienne qui prie chez elle ou d’un journaliste qui tente de faire son travail. On ne peut pas non plus remporter de mandat démocratique en méprisant son électorat et en décidant à sa place de qui a le droit de faire partie de notre société.

Aussi, de tous les défis auxquels sont confrontées les nations qui sont représentées ici, je pense qu’il n’y en a pas de plus urgent que celui de l’immigration de masse. Aujourd’hui, près d’une personne sur cinq vivant dans ce pays est née à l’étranger. Ce qui est, bien sûr, un record historique. Aux Etats-Unis, les chiffres sont similaires – et ils atteignent également un record historique.

Entre 2021 et 2022, le nombre de migrants arrivés dans l’Union européenne en provenance d’un pays non membre a doublé. Et, évidemment, il a beaucoup augmenté depuis. Nous connaissons tous la situation, elle ne sort pas de nulle part. Elle est le résultat d’une série de décisions conscientes prises par des responsables politiques de tout le continent, et du monde entier, depuis une décennie.

Il instrumentalise les chiffres de l’immigration

 

Selon Destatis, l’office allemand des statistiques, presque 14 millions de résidents allemands sont étrangers. Cela correspond à 15 % des 84,5 millions d’habitants. J. D. Vance surestime donc légèrement ce chiffre, mais il est vrai que c’est un record historique. Selon le Bureau de recensement américain, le nombre est similaire aux Etats-Unis, où une personne sur sept est de nationalité étrangère, le plus haut niveau depuis 1910.

Le vice-président reprend correctement les chiffres de l’immigration dans l’Union européenne (UE) entre 2021 et 2022. Mais il omet d’en préciser le contexte : en 2022, les pays de l’UE ont accueilli plus de 1,8 million de ressortissants ukrainiens après l’invasion russe (contre 100 000 l’année précédente), ce qui explique environ deux tiers de la hausse.

Hier, dans cette ville, nous avons vu l’horreur que provoquent ces décisions. Et, bien sûr, je ne peux en parler une nouvelle fois sans penser aux pauvres victimes, pour qui cette magnifique journée d’hiver à Munich s’est achevée en drame. Nous leur adressons nos pensées et nos prières. Mais pourquoi en sommes-nous arrivés là ? C’est une histoire tragique, une histoire que nous avons trop souvent entendue en Europe et, malheureusement, aux Etats-Unis aussi : un demandeur d’asile, souvent un jeune homme dans la vingtaine, déjà connu des services de police, fonce dans une foule avec sa voiture et brise une communauté. Combien de fois devrons-nous vivre ce genre de drame avant de changer de cap, de donner une nouvelle direction à notre civilisation commune ?

Le discours fou de Vance

Le discours fou de Vance

Le 14 février, le vice-président des Etats-Unis s’en est pris au modèle même de la démocratie européenne. « Le Monde » publie ce discours dans son intégralité, avec des éléments d’explication.

[Alors que la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine était au centre de la Conférence sur la sécurité de Munich du 14 au 16 février, le vice-président américain, J. D. Vance, n’en a pratiquement pas touché mot dans le discours qu’il y a prononcé le vendredi 14 février. A la place, il s’est lancé dans une violente attaque contre les démocraties européennes. En les appelant à rompre le « cordon sanitaire » avec l’extrême droite et en attaquant les règles européennes en matière de libertés publiques, M. Vance a posé les Etats-Unis en adversaires de l’Etat de droit qui prévaut en Europe depuis 1945. Le Monde publie ce discours dans son intégralité, assorti d’éléments d’explication.]

Merci à tous les délégués, toutes les personnalités et tous les professionnels des médias qui sont réunis ici. Je remercie tout particulièrement les hôtes de la Conférence de Munich sur la sécurité, qui organisent un événement aussi incroyable. Nous sommes ravis d’être ici.

L’une des choses dont je souhaite vous parler aujourd’hui, bien sûr, ce sont nos valeurs communes. C’est un plaisir de revenir en Allemagne. Comme vous venez de l’entendre, je suis venu ici l’an dernier en tant que sénateur américain. Je viens de rencontrer le secrétaire d’Etat [britannique] aux affaires étrangères, David Lammy, et j’ai plaisanté sur le fait qu’[en 2024] nous occupions tous deux des postes différents.

Aujourd’hui, il est temps pour tous nos pays, pour nous tous qui avons eu la chance de nous voir confier le pouvoir politique par nos peuples respectifs, de l’utiliser avec sagesse dans le but d’améliorer leurs vies.

J’ai eu la chance, durant mon séjour ici, au cours des dernières vingt-quatre heures, de passer un peu de temps à l’extérieur des murs de cette salle de conférence, et j’ai été impressionné par l’hospitalité des gens, alors qu’ils sont, bien sûr, sous le choc du terrible attentat d’hier [le 13 février, une voiture-bélier a foncé sur la foule dans une manifestation syndicale à Munich, faisant 2 morts et 37 blessés].

La première fois que je suis venu à Munich, c’était lors d’un voyage personnel avec mon épouse, qui m’accompagne aujourd’hui également. J’ai toujours aimé la ville de Munich, et j’ai toujours aimé ses habitants. Je tiens à dire que nous sommes très émus, que nos pensées et nos prières vont à Munich, et à tous ceux qui ont été touchés par le mal infligé à cette magnifique communauté. Nous pensons à vous, nous prions pour vous, et nous vous soutiendrons au cours des jours et des semaines à venir.

[Applaudissements] Merci. J’espère que ce ne sont pas les derniers applaudissements de mon discours… [Rires]. Si nous nous réunissons lors de cette conférence, bien sûr, c’est pour discuter de sécurité. Habituellement, nous entendons par là les menaces qui pèsent sur notre sécurité extérieure. Je vois une multitude de grands chefs militaires dans la salle aujourd’hui.

Mais, si l’administration Trump se préoccupe vivement de la sécurité européenne, et si elle est convaincue que nous pouvons parvenir à un accord raisonnable entre la Russie et l’Ukraine, nous pensons également qu’il est important qu’au cours des prochaines années l’Europe mette les bouchées doubles pour parvenir à assurer elle-même sa défense. La menace qui me semble la plus inquiétante pour l’Europe n’est ni la Russie, ni la Chine, ni aucun autre acteur extérieur. La menace qui m’inquiète le plus vient de l’intérieur : l’Europe s’éloigne de certaines de ses valeurs les plus fondamentales – des valeurs que partagent les Etats-Unis d’Amérique.

J’ai été frappé de voir un ancien commissaire européen s’exprimer récemment à la télévision pour se réjouir que le gouvernement roumain ait annulé les élections dans le pays. Il a même averti que, si les choses ne se passaient pas comme il le fallait, la même chose pourrait se produire en Allemagne.

Il cible le Français Thierry Breton
Le vice-président américain fait ici référence à une intervention de Thierry Breton. L’ancien commissaire européen français, le 9 janvier sur RMC, réagissait à l’échange sur X entre Elon Musk et la responsable du parti d’extrême droite allemand Alternative für Deutschland (AfD), Alice Weidel. M. Breton a rappelé que le propriétaire du réseau social a « le droit de dire ce qu’il veut », mais pas sur les réseaux sociaux. Tant que ceux-ci sont disponibles en Europe, la parole y est régie par le règlement européen sur les services numériques, qui oblige les plateformes numériques à réguler leurs contenus, notamment pour éviter la désinformation ou les contenus illicites.
Exhortant l’Union européenne (UE) et ses membres à faire appliquer leurs lois sur les contenus en ligne, Thierry Breton a alors prononcé cette phrase : « Faisons appliquer nos lois, en Europe, lorsqu’elles risquent d’être circonvenues et qu’elles peuvent, si on ne les applique pas, conduire à des interférences. On l’a fait en Roumanie, il faudra évidemment le faire si c’est nécessaire en Allemagne. » A l’époque, la phrase, sortie de son contexte, est largement reprise sur les réseaux sociaux. Certains y voient un aveu que l’Europe a annulé les élections en Roumanie et qu’elle pourrait faire de même en Allemagne. Comme l’a montré Libération, cette thèse est relayée par Elon Musk lui-même, qui dépeint Thierry Breton en « tyran de l’Europe ». Réponse de l’ancien commissaire au milliardaire : l’UE n’a le pouvoir d’annuler aucune élection dans les pays membres.

Ces déclarations cavalières sont choquantes pour des oreilles américaines. Depuis des années, on nous répète que tout ce que nous faisons, quand nous apportons nos financements et notre soutien, nous le faisons au nom de nos valeurs démocratiques communes.

On justifie tout, depuis notre politique vis-à-vis de l’Ukraine jusqu’aux mesures de censure numérique, au nom de la défense de la démocratie. Mais, lorsque des tribunaux européens annulent des élections et que des hauts responsables menacent d’en annuler d’autres, nous ne pouvons que nous demander si nous plaçons la barre suffisamment haut. Et je dis « nous », parce que je pense fondamentalement que nous sommes du même côté. Mais nous devons faire davantage que parler de nos valeurs démocratiques. Nous devons les incarner.

Comme s’en souviennent beaucoup d’entre vous qui êtes présents dans cette salle, la guerre froide a opposé les défenseurs de la démocratie à des forces bien plus tyranniques de ce continent. Repensons à ceux qui censuraient les dissidents, fermaient les églises, annulaient les élections. Etaient-ils du bon côté ? Bien sûr que non et, Dieu merci, ils ont perdu la guerre froide. Ils ont perdu parce qu’ils n’avaient ni estime ni respect pour la liberté et ses extraordinaires possibilités – la liberté de surprendre, de faire des erreurs, d’inventer, de construire.

On ne peut pas forcer les gens à être innovants ou créatifs, tout comme on ne peut pas les forcer à penser, à croire, à éprouver une chose. Et nous sommes convaincus que tout cela est lié. Malheureusement, lorsque je regarde l’Europe aujourd’hui, je ne comprends pas toujours clairement ce qui est arrivé à certains des vainqueurs de la guerre froide.

Je pense à Bruxelles, où les commissaires avertissent les citoyens qu’ils comptent couper l’accès aux réseaux sociaux en période de troubles dès lors qu’ils détectent ce qu’ils jugent être, je cite, « des contenus haineux ».

Il anticipe une « coupure » des réseaux sociaux

 

J. D. Vance fait référence à des prises de parole datant de juillet 2023. Après les émeutes qui ont agité la France à la suite de la mort de Nahel, en partie alimentées sur les réseaux sociaux par une surenchère de vidéos de destructions, Emmanuel Macron émet l’idée controversée de « se mettre en situation de les réguler ou les couper ».

Trois semaines plus tard, après avoir été sollicité par une soixantaine d’organisations non gouvernementales hostiles à cette idée, le commissaire européen d’alors, Thierry Breton, évoque la possibilité d’une fermeture des plateformes « dans les cas extrêmes », dans le cadre de la législation européenne sur les services numériques. Au nom de la défense de la liberté d’expression, il s’oppose néanmoins à ce que leurs services soient « bloqués ou dégradés sur des bases arbitraires ou injustifiées ».

Le règlement européen envisage la possibilité de saisir les autorités judiciaires compétentes en dernier recours, si le propriétaire de la plateforme et les fournisseurs d’accès n’ont pas d’eux-mêmes adopté des mesures. Ce dispositif ne vise pas la catégorie très large du « contenu haineux », mais les messages qui constituent une infraction pénale menaçant de manière « sérieuse » la sécurité ou la vie des personnes.

Dans ce passage, J. D. Vance emploie en anglais le terme commissars pour désigner les commissaires européens, et non pas celui de commissionners qu’il utilise pourtant quelques minutes auparavant. Le choix de ce mot n’est pas neutre. Le terme commissar renvoie aux commissaires politiques de l’URSS, chargés notamment de la propagande communiste et dont l’institution s’est progressivement muée en police des mœurs pour les officiers soviétiques.

Je pense à ce pays, l’Allemagne, où la police s’en prend à des citoyens soupçonnés de poster des commentaires antiféministes en ligne dans le cadre, je cite, de « la lutte contre la misogynie sur Internet ».

Il croit que l’antiféminisme est criminalisé

 

En mars 2024, à la veille de la Journée internationale des droits des femmes, les autorités allemandes ont effectivement interpellé 45 suspects dans 11 Länder différents dans le cadre d’une journée de lutte contre la misogynie sur Internet. Mais les individus appréhendés ne l’ont pas été pour avoir exprimé des opinions « antiféministes ». Ils sont accusés d’avoir posté des « publications misogynes ayant une portée criminelle », selon un communiqué conjoint du bureau du procureur national et de la police criminelle fédérale. Cette qualification recouvre le partage non consenti de photos ou de vidéos de nus, les insultes à caractère sexuel, les encouragements aux violences sexuelles et au viol, ainsi que l’envoi de vidéos de torture et de meurtre.

Je pense à la Suède, où [fin janvier] le gouvernement a condamné un militant chrétien qui a brûlé des exemplaires du Coran, actes qui ont valu à son ami de se faire assassiner. Et, comme l’a noté le juge chargé de l’affaire, dans une remarque à faire froid dans le dos, les lois suédoises censées protéger la liberté d’expression ne donnent pas, je cite, « carte blanche pour dire ou faire n’importe quoi au risque d’offenser le groupe dont les convictions sont ciblées ».

Il critique l’encadrement de la liberté d’expression en Suède

 

J. D. Vance évoque Salwan Momika, un Irakien de confession chrétienne abattu dans son appartement en janvier dans la banlieue de Stockholm. Réfugié en Suède depuis 2018, il a participé à plusieurs autodafés du Coran en 2023, à l’origine de manifestations de colère dans plusieurs pays musulmans.

Le vice-président des Etats-Unis fait également allusion à son complice Salwan Najem, un réfugié irakien qui a également participé à ces autodafés et a été condamné en février pour incitation à la haine contre un groupe ethnique. Dans son jugement, le tribunal a rappelé que la critique de la religion était légale en Suède. Mais le juge chargé de cette affaire, Göran Lundahl, a souligné que cette critique n’était pas permise à n’importe quel prix : « Exprimer son opinion sur une religion ne donne pas le droit de faire ou dire n’importe quoi au risque d’offenser la communauté qui partage cette croyance. »

Le vice-président américain critique ici la liberté d’expression en Suède qu’il estime en recul, comme dans le reste de l’Europe. A l’image de Donald Trump, J. D. Vance voue un culte au free speech, considéré comme l’un des principes fondateurs des Etats-Unis. Selon sa vision de la liberté d’expression, aucun discours ne peut être prohibé par la loi, pas même les messages de haine, comme c’est le cas dans les pays européens.

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Et, avec peut-être plus d’inquiétude encore, je pense à présent à nos très chers amis du Royaume-Uni, où le recul de la liberté de conscience est tel que les libertés fondamentales, en particulier des croyants britanniques, sont menacées.

Il y a un peu plus de deux ans, le gouvernement britannique inculpait Adam Smith-Connor, un kinésithérapeute de 51 ans, vétéran de l’armée, de ce crime odieux : prier en silence, pendant trois minutes, à 50 mètres d’une clinique pratiquant l’avortement – sans gêner personne, sans interagir avec qui que ce soit, il a simplement prié seul, dans son coin, en silence. Quand des policiers britanniques l’ont remarqué et qu’ils lui ont demandé quel était l’objet de ses prières, M. Adam a répondu, simplement, qu’il priait au nom du fils non né dont lui et sa petite amie de l’époque, des années plus tôt, avaient décidé d’avorter.

Mais les policiers sont restés de marbre. Adam [Smith-Connor] a été jugé coupable d’avoir enfreint la nouvelle loi du gouvernement sur les « zones tampons », qui sanctionne les prières silencieuses et toute autre action susceptible d’influencer la décision d’une personne dans un rayon de 200 mètres autour d’une structure pratiquant l’avortement. Il a été condamné à payer plusieurs milliers de livres de frais de justice à l’accusation.

Il dénonce la condamnation d’un opposant à l’avortement au Royaume-Uni

 

Le vice-président américain fait référence à un événement survenu en novembre 2022 à Bournemouth, dans le sud de l’Angleterre. Un physiothérapeuthe et ex-militaire britannique, Adam Smith-Connor, a prié devant une clinique pratiquant l’avortement, alors qu’une « zone de sécurité » était mise en place pour tenir à distance les opposants à l’interruption volontaire de grossesse. Cette zone tampon avait été instaurée par un arrêté pris par les autorités locales en octobre 2022 pour tenir à l’écart les militants et garantir que les femmes ne soient pas harcelées ou intimidées. Tout auteur d’infraction s’exposait alors à une amende, voire à une condamnation judiciaire. Le quotidien britannique The Guardian avait notamment rapporté qu’un membre de la clinique avait aperçu une patiente se blesser en tentant d’escalader un mur pour éviter les intimidations des manifestants.

En priant devant l’établissement, Adam Smith-Connor n’a pas respecté le périmètre de protection. Il a également refusé de quitter les lieux malgré les injonctions d’un officier de police. L’ancien combattant a été déféré au tribunal pour avoir refusé de payer son amende et a été condamné en octobre 2024 à payer plus de 9 000 livres (environ 11 000 euros) de frais de justice. En vertu d’une loi votée en 2023, les zones tampons ont été généralisées autour des cliniques pratiquant l’avortement en Angleterre et au Pays de Galles en octobre 2024.

J. D. Vance est connu pour ses positions hostiles au droit à l’avortement. Il déclarait en 2022 qu’il était favorable à une interdiction totale de l’IVG aux Etats-Unis. Mais, en 2024, le colistier de Donald Trump a nié ces propos et déclaré qu’il revenait à chaque Etat de décider de sa législation.

J’aimerais pouvoir dire qu’il s’agit d’un malheureux hasard – d’un cas isolé et insensé de loi mal rédigée, appliquée à une seule personne. Mais non,en octobre [2024], il y a quelques mois à peine, le gouvernement écossais a commencé à envoyer des lettres aux citoyens qui habitent à l’intérieur de « zones d’accès sécurisées » pour les avertir que, même le fait de prier en privé, à leur domicile, pouvait constituer une infraction à la loi. Et, bien entendu, le gouvernement invite les destinataires de ces courriers à dénoncer tout citoyen soupçonné de crime de pensée.Au Royaume-Uni comme dans toute l’Europe, j’en ai peur, la liberté d’expression est en déclin.

Il ment sur une loi écossaise protégeant les femmes qui ont recours à l’avortement

 

J. D. Vance effectue encore un raccourci mensonger sur l’encadrement du droit à l’avortement au Royaume-Uni. Il cible ici une loi écossaise sur les « zones d’accès sécurisé », entrée en vigueur en septembre 2024. Cette loi vise à protéger les femmes qui avortent des militants anti-IVG qui tentent de les effrayer devant les hôpitaux et dispensaires. Avec cette loi, les opposants à l’avortement ne peuvent ni manifester à moins de 200 mètres de ces établissements ni tenir des veillées silencieuses.

Mais, contrairement à ce que le vice-président américain affirme, cette loi ne vise pas à interdire la prière à domicile. Gillian Mackay, qui a porté ce texte de loi au Parlement écossais, a fermement condamné ses propos sur Facebook : « Il s’agit d’une désinformation choquante et éhontée du vice-président américain J. D. Vance. C’est l’une des personnes les plus puissantes au monde, mais il raconte n’importe quoi sur mon texte de loi. »

De plus, la lettre mentionnée dans le discours ne dit rien sur une quelconque infraction liée à une prière à domicile, elle vise à informer les résidents de ce que signifient ces zones. « Elle encourage les habitants à signaler tout ce qui pourrait enfreindre la loi, a corrigé la députée écossaise. C’est la même chose que fait la police écossaise pour faire respecter les autres lois du pays, il n’y a rien d’unique lié à ce texte. » Gillian Mackay a demandé à l’ambassadeur des Etats-Unis au Royaume-Uni de rectifier ce qu’elle qualifie de « désinformation ».

Par courtoisie, mes amis, mais aussi par souci de la vérité, je dois admettre que parfois les voix les plus fortes qui appellent à la censure ne viennent pas d’Europe, mais de mon pays, où le précédent gouvernement a menacé et intimidé les réseaux sociaux pour qu’ils censurent les prétendues fausses informations – par exemple l’idée selon laquelle le coronavirus était probablement sorti d’un laboratoire chinois. Notre gouvernement a encouragé des entreprises privées à bâillonner les personnes qui osaient dire ce qui s’est ensuite révélé être une vérité incontestable.

Il expose un avis péremptoire sur l’origine du Covid-19

 

Pour J. D. Vance, la thèse d’une fuite de laboratoire pour expliquer l’origine du SARS-CoV2 est une « vérité évidente ». Certes, des soupçons pèsent sur l’Institut de virologie de Wuhan, qui menait des expérimentations sur des coronavirus de chauve-souris proches du Covid-19 dans des laboratoires à la sécurité limitée. A peine son nouveau président, John Ratcliffe, entré en fonctions après sa nomination par Donald Trump, la CIA a déclaré, en janvier, qu’elle privilégiait désormais cette hypothèse, quoiqu’avec un niveau de confiance « faible ».

En effet, aucune preuve n’a jamais été apportée que le SARS-CoV-2 se soit échappé, que des laborantins aient contracté la maladie, ni que l’institution chinoise ait été en possession d’un virus qui puisse en être le progéniteur direct.

La majorité des scientifiques continue de juger que l’hypothèse de la zoonose reste la plus probable. C’est au marché aux fruits de mer de Huanan que la maladie a été détectée pour la première fois, avec une répartition des premiers cas et une diversité génétique des premières souches cohérentes avec une émergence zoonotique, d’après une étude publiée dans la revue Nature. Des traces génétiques du virus y ont également été retrouvées, mêlées à celles d’animaux susceptibles de transmettre le virus à l’homme, comme le chien viverrin, ce que la Chine a mis trois ans à reconnaître. Fin 2024, des analyses en cours de publication ont également montré que les animaux présents aux halles étaient eux-mêmes malades.

Des zones d’ombre importantes demeurent. Le chemin exact qu’aurait suivi le SARS-CoV-2 reste inconnu, Pékin faisant entrave à toutes les enquêtes liant de près ou de loin l’origine du Covid-19 à la Chine. Plusieurs études ont néanmoins établi depuis près de vingt ans que le trafic de viande de brousse depuis les zones rurales jusqu’aux marchés humides était un vecteur de zoonose.

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Je suis donc venu ici aujourd’hui avec un constat, mais aussi avec une proposition. Tout comme l’administration Biden a cherché à tout prix à faire taire les gens qui disaient ce qu’ils pensaient, l’administration Trump fera précisément le contraire. Et j’espère que nous pourrons travailler ensemble en ce sens.

A Washington, il y a un nouveau shérif. Et sous la présidence de Donald Trump, même si nous ne sommes pas d’accord avec votre vision des choses, nous nous battrons pour défendre votre droit de l’exprimer dans l’espace public, que l’on soit d’accord ou non avec. [Quelques applaudissements.]

La situation se détériore au pointqu’en décembre [2024] la Roumanie a annulé les résultats d’une élection présidentielle sur la base des soupçons fragiles d’une agence de renseignement, et sous la pression énorme de ses voisins du continent.

La raison, d’après ce que je comprends, est que de fausses informations russes ont influencé les élections roumaines. Mais je demande à mes amis européens de prendre un peu de recul. Vous pouvez penser que la Russie n’a pas à acheter des publicités sur des réseaux sociaux pour influencer vos élections. C’est en tout cas ce que nous pensons. Vous pouvez même le condamner sur la scène internationale. Mais si votre démocratie peut être détruite avec quelques centaines de milliers de dollars de publicité en ligne venant d’un pays étranger, c’est qu’elle n’est pas très solide. [Quelques applaudissements.]

Il condamne l’annulation de l’élection présidentielle en Roumanie

 

L’annulation du second tour de l’élection présidentielle en Roumanie, décidée par la Cour constitutionnelle le 6 décembre 2024, premier cas du genre en Europe, fait suite au succès d’un candidat prorusse, Calin Georgescu, dans ce pays pourtant foncièrement pro-européen. M. Georgescu, qui n’avait participé à aucun débat ni investi la moindre somme d’argent dans la campagne, était arrivé en tête du premier tour.

Les « vagues soupçons d’une agence de renseignement » évoqués par M. Vance renvoient à l’analyse des services de renseignement roumains. Selon ces derniers, la combinaison de vidéos associées à des mots-clés et relayées, moyennant une rémunération dissimulée, par plus d’une centaine d’influenceurs totalisant plus de 8 millions d’abonnés actifs avait abouti à ce que le nom de M. Georgescu soit hissé, à la veille du vote, parmi les premiers contenus promus en ligne.

Les autorités roumaines ne sont pas parvenues à prouver l’ingérence de Moscou, mais elles sont convaincues de la réalité de l’ingérence russe et l’enquête se poursuit. « Nous disposons d’éléments qui confirment que la Russie tente de manipuler des influenceurs dans [des] pays européens, dont la France », a déclaré de son côté, le 18 décembre 2024, le ministre des affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot.

J. D. Vance lui-même n’est pas loin de l’admettre puisqu’il déclare un peu plus loin que les Etats-Unis « pensent », comme les Européens, « qu’il est mal que les Russes achètent des publicités sur les réseaux sociaux pour influencer les élections ». L’objet véritable de sa référence au cas roumain semble moins de nier l’implication russe que de saper le principe de la démocratie en Europe, qui, selon lui, « n’est pas très solide au départ » si elle « peut être détruite avec quelques centaines de milliers de dollars de publicité numérique provenant d’un pays étranger ». Autrement dit, elle ne vaut pas bien cher. Une appréciation stupéfiante dans la bouche du vice-président de Donald Trump, qui a gracié plus de 1 500 personnes condamnées pour l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021.

La bonne nouvelle, c’est que je pense que vos démocraties sont nettement moins fragiles que beaucoup ne le craignent. Et je suis convaincu que laisser nos citoyens s’exprimer ne fera que les renforcer. Ce qui, bien sûr, nous ramène à Munich, où les organisateurs de cette conférence ont interdit aux représentants des partis populistes de gauche comme de droite de participer à ces discussions.

Il déplore l’interdiction des partis populistes à la Conférence de Munich

 

Le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) et le parti de gauche Alliance Sahra Wagenknecht, hostiles aux livraisons d’armes à l’Ukraine et considérés comme favorables aux intérêts russes, n’ont en effet pas été invités à participer à la Conférence de Munich. Les organisateurs ont invoqué le comportement des deux partis lors du discours du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, au Bundestag, en juin 2024 – les élus avaient alors quitté l’hémicycle. Mais, tout en paraissant reprocher l’absence des partis populistes « de gauche et de droite », le vice-président américain a fait son choix : c’est Alice Weidel, la dirigeante de l’AfD, avec qui il s’est entretenu.

Encore une fois, nous ne sommes pas obligés d’être d’accord avec tout ce que disent les gens, mais, quand des dirigeants politiques représentent un grand nombre d’électeurs, il est de notre devoir d’au moins accepter de dialoguer avec eux.

Nous sommes beaucoup, de l’autre côté de l’Atlantique, à avoir de plus en plus l’impression que des intérêts anciens et tenaces se cachent derrière ces vilains mots datant de l’ère soviétique, derrière toute cette « désinformation » et cette « propagande ». Parce qu’ils n’aiment tout simplement pas l’idée qu’une personne avec un autre point de vue puisse exprimer une opinion différente ou, Dieu nous garde, voter pour un autre candidat ou, pis encore, remporter une élection.

Nous nous sommes réunis ici aujourd’hui pour une conférence sur la sécurité, et je suis certain qu’en venant vous vous êtes tous préparés à parler des manières d’augmenter les dépenses de défense au cours des prochaines années, en fonction de vos nouveaux objectifs. Et c’est très bien, car, comme le président Trump l’a très clairement dit, il pense que nos amis européens doivent jouer un rôle plus grand dans l’avenir de ce continent. Vous avez déjà entendu ce terme, « partage du fardeau », eh bien nous pensons qu’il est important, dans le cadre de notre alliance, que, d’un côté, les Européens redoublent d’efforts et que, de l’autre, l’Amérique se concentre sur des régions du monde qui se trouvent en grand danger.

Permettez-moi d’ailleurs de vous demander ceci : comment comptez-vous réfléchir à des questions budgétaires si nous ne savons même pas ce que nous défendons ? J’ai déjà entendu beaucoup de choses lors des échanges que j’ai eus ici – et j’ai mené un grand nombre, un très grand nombre de discussions très intéressantes avec de nombreuses personnes présentes dans cette salle –, j’ai entendu beaucoup de choses sur ce contre quoi vous devez vous défendre et, bien sûr, c’est important. Mais ce qui me semble moins clair, et ce qui l’est, je crois, pour de nombreux citoyens européens, c’est ce pour quoi vous vous battez exactement. Quelle est la vision positive qui anime ce pacte de sécurité, auquel nous accordons tous tant d’importance ?

Je suis profondément convaincu qu’il ne peut y avoir de sécurité si on a peur des voix, des opinions et de la conscience de son peuple. L’Europe est confrontée à de nombreux défis, mais la crise que le continent doit d’urgence affronter, la crise, je pense, que nous devons affronter tous ensemble, c’est nous qui l’avons provoquée.

Si vous avez peur de vos électeurs, il n’y a rien que les Etats-Unis puissent faire pour vous. Il n’y a rien, non plus, que vous puissiez faire pour le peuple américain qui a élu le président Trump et moi-même.

Car vous avez besoin de mandats démocratiques si vous voulez accomplir des choses importantes dans les années à venir. N’avons-nous pas appris que les mandats faibles produisent des résultats fragiles ? Vous pourriez accomplir tant de grandes choses avec le genre de mandat démocratique que vous obtiendriez, je le pense, en étant davantage à l’écoute de vos citoyens.

Si vous voulez avoir des économies compétitives, si vous voulez profiter d’une énergie à un prix abordable et sécuriser vos chaînes d’approvisionnement, alors il vous faut des mandats pour gouverner, car, pour avoir tout cela, vous devrez faire des choix difficiles. Nous savons très bien tout cela aux Etats-Unis.

On ne peut pas remporter un mandat démocratique en censurant ses opposants ou en les jetant en prison – qu’il s’agisse du chef de l’opposition, d’une humble chrétienne qui prie chez elle ou d’un journaliste qui tente de faire son travail. On ne peut pas non plus remporter de mandat démocratique en méprisant son électorat et en décidant à sa place de qui a le droit de faire partie de notre société.

Aussi, de tous les défis auxquels sont confrontées les nations qui sont représentées ici, je pense qu’il n’y en a pas de plus urgent que celui de l’immigration de masse. Aujourd’hui, près d’une personne sur cinq vivant dans ce pays est née à l’étranger. Ce qui est, bien sûr, un record historique. Aux Etats-Unis, les chiffres sont similaires – et ils atteignent également un record historique.

Entre 2021 et 2022, le nombre de migrants arrivés dans l’Union européenne en provenance d’un pays non membre a doublé. Et, évidemment, il a beaucoup augmenté depuis. Nous connaissons tous la situation, elle ne sort pas de nulle part. Elle est le résultat d’une série de décisions conscientes prises par des responsables politiques de tout le continent, et du monde entier, depuis une décennie.

Il instrumentalise les chiffres de l’immigration

 

Selon Destatis, l’office allemand des statistiques, presque 14 millions de résidents allemands sont étrangers. Cela correspond à 15 % des 84,5 millions d’habitants. J. D. Vance surestime donc légèrement ce chiffre, mais il est vrai que c’est un record historique. Selon le Bureau de recensement américain, le nombre est similaire aux Etats-Unis, où une personne sur sept est de nationalité étrangère, le plus haut niveau depuis 1910.

Le vice-président reprend correctement les chiffres de l’immigration dans l’Union européenne (UE) entre 2021 et 2022. Mais il omet d’en préciser le contexte : en 2022, les pays de l’UE ont accueilli plus de 1,8 million de ressortissants ukrainiens après l’invasion russe (contre 100 000 l’année précédente), ce qui explique environ deux tiers de la hausse.

Hier, dans cette ville, nous avons vu l’horreur que provoquent ces décisions. Et, bien sûr, je ne peux en parler une nouvelle fois sans penser aux pauvres victimes, pour qui cette magnifique journée d’hiver à Munich s’est achevée en drame. Nous leur adressons nos pensées et nos prières. Mais pourquoi en sommes-nous arrivés là ? C’est une histoire tragique, une histoire que nous avons trop souvent entendue en Europe et, malheureusement, aux Etats-Unis aussi : un demandeur d’asile, souvent un jeune homme dans la vingtaine, déjà connu des services de police, fonce dans une foule avec sa voiture et brise une communauté. Combien de fois devrons-nous vivre ce genre de drame avant de changer de cap, de donner une nouvelle direction à notre civilisation commune ?

 

Le discours fou de Vance

Le discours fou de Vance

Ci-dessous le discours du vice-président américain Vance. Discours complètement contradictoires naïf et belliqueux à la fois. Celui qui critique la démocratie s’est rendu lui-même dans l’organisation d’extrême droite allemande le jour même évidemment pour influencer le résultat. Ce qui n’empêche pas de vanter les mérites d’une approche nationale et même nationaliste de la démocratie dans chaque pays. Ce type est fou et incompétent comme la plupart de ceux des illuminés qui entourent Trump. Le discours prononcé par Vance   ( qui par parenthèses oublie de traiter du sujet qui était celui de l’Ukraine !).Un discours de campagne de curé de campagne moralisateur, mensonger,  hypocrite et réac !

 

L’intervention de JD Vance en intégralité.

L’une des choses dont je souhaitais vous parler aujourd’hui concerne bien sûr nos valeurs communes. Vous savez, c’est un plaisir d’être de retour en Allemagne. Comme vous l’avez entendu tout à l’heure, je suis venu ici l’année dernière comme sénateur des États-Unis. J’ai rencontré le ministre des Affaires étrangères David Lammy et j’ai plaisanté sur le fait que nous occupions tous deux, l’an dernier, des postes différents de ceux que nous avons aujourd’hui. Il est temps pour chacun de nos pays, pour tous ceux d’entre nous qui ont eu la chance de recevoir le pouvoir politique de nos peuples, de l’utiliser avec sagesse afin d’améliorer leurs vies.
Je tiens à dire que j’ai eu la chance, durant mon séjour ici, de passer un peu de temps en dehors de cette conférence au cours des dernières 24 heures, et j’ai été très impressionné par l’hospitalité des habitants, même si, bien sûr, ils sont sous le choc de l’horrible attaque d’hier (le 13 février 2025, un demandeur d’asile afghan de 24 ans a perpétré un attentat à la voiture-bélier lors d’une manifestation à Munich, blessant 36 personnes, dont plusieurs grièvement, ndlr). La première fois que je suis venu à Munich, c’était avec mon épouse – qui m’accompagne aujourd’hui – lors d’un voyage personnel. J’ai toujours aimé la ville de Munich et j’ai toujours apprécié ses habitants. Je veux simplement dire que nous sommes très touchés, et que nos pensées et nos prières accompagnent Munich et toutes les personnes affectées par le mal qui a frappé cette belle communauté. Nous pensons à vous, nous prions pour vous et nous serons certainement à vos côtés dans les jours et les semaines à venir.

Ce qui m’inquiète, c’est la menace venant de l’intérieur. C’est le recul de l’Europe par rapport à certaines de ses valeurs les plus fondamentales, les valeurs qu’elle partage avec les États-Unis d’Amérique

JD Vance
Nous nous réunissons à cette conférence, bien sûr, pour discuter de sécurité. En général, nous entendons par là tout ce qui a trait aux menaces extérieures à notre sécurité. Je vois que de nombreux grands chefs militaires sont réunis ici aujourd’hui. Mais tandis que l’administration Trump se préoccupe beaucoup de la sécurité européenne et pense que nous pouvons parvenir à un accord raisonnable entre la Russie et l’Ukraine – tout en considérant qu’il est important, dans les années à venir, que l’Europe prenne de façon significative en main sa propre défense – la menace qui m’inquiète le plus en Europe n’est ni la Russie, ni la Chine, ni celle d’aucun autre acteur extérieur. Ce qui m’inquiète, c’est la menace venant de l’intérieur. C’est le recul de l’Europe par rapport à certaines de ses valeurs les plus fondamentales, les valeurs qu’elle partage avec les États-Unis d’Amérique.

J’ai été frappé de voir qu’un ancien commissaire européen a semblé se réjouir récemment à la télévision du fait que le gouvernement roumain venait tout juste d’annuler une élection entière. Il a averti que si les choses ne se passaient pas comme prévu, la même chose pourrait se produire en Allemagne. Ces déclarations cavalières choquent nos oreilles américaines.

Depuis des années, on a répété que tout ce que nous financions et soutenions venait de valeurs démocratiques communes. Tout, de notre politique vis-à-vis de l’Ukraine à la censure numérique, est justifié au nom de la défense de la démocratie. Mais lorsque nous voyons des tribunaux européens annuler des élections et des hauts responsables menacer d’en annuler d’autres, nous devons nous demander si nous nous conformons à des normes suffisamment élevées. Et je dis «nous», parce que je suis profondément convaincu que nous sommes dans le même camp.

Quand je regarde l’Europe d’aujourd’hui, on ne sait plus très bien ce qu’il est advenu de certains vainqueurs de la guerre froide

JD Vance
Nous devons faire davantage que simplement parler de valeurs démocratiques. Nous devons les incarner. Dans la mémoire encore vive de beaucoup d’entre vous ici, la guerre froide opposait les défenseurs de la démocratie à des forces bien plus tyranniques sur ce continent. Et si l’on se remémore ceux qui, dans ce combat, censuraient les dissidents, fermaient les églises, annulaient les élections… Étaient-ils du bon côté ? Certainement pas. Et Dieu merci, ils ont perdu la guerre froide. Ils ont perdu parce qu’ils n’ont pas accordé de valeur et n’ont pas respecté les bienfaits extraordinaires de la liberté, que sont la possibilité de surprendre, de se tromper, d’inventer et de construire. En fin de compte, on ne peut pas imposer l’innovation ou la créativité, pas plus qu’on ne peut obliger les gens à penser, ressentir ou croire quelque chose en particulier. Nous considérons que ces dimensions sont liées. Et hélas, quand je regarde l’Europe d’aujourd’hui, on ne sait plus très bien ce qu’il est advenu de certains vainqueurs de la guerre froide.
Je regarde Bruxelles, où les commissaires ont mis en garde les citoyens qu’ils avaient l’intention de couper l’accès aux réseaux sociaux en période de troubles civils, dès lors qu’ils détecteraient ce qu’ils jugeraient être des «discours de haine». Je pense aussi à ce pays-ci, où la police a procédé à des descentes chez des citoyens soupçonnés d’avoir posté des commentaires antiféministes en ligne, dans le cadre de la «lutte contre la misogynie» sur internet.

Je pense à la Suède, où, il y a deux semaines, le gouvernement a condamné un militant chrétien pour avoir participé à des autodafés du Coran qui ont conduit au meurtre de son ami. Comme l’a noté de manière glaçante le juge en charge de l’affaire, les lois suédoises supposées protéger la liberté d’expression ne garantissent pas, et je cite, un «laisser-passer» pour faire ou dire n’importe quoi sans risquer d’offenser le groupe qui adhère à cette croyance.

Peut-être encore plus préoccupant, je pense à nos très chers amis du Royaume-Uni, où le recul des droits de conscience a mis en péril les libertés fondamentales, en particulier des croyants britanniques. Il y a un peu plus de deux ans, le gouvernement a inculpé Adam Smith Conner, un kinésithérapeute de 51 ans et vétéran militaire, pour le crime odieux de s’être tenu à 50 mètres d’une clinique d’avortement et d’avoir prié en silence pendant trois minutes, sans gêner qui que ce soit ni interagir avec quiconque, mais simplement pour avoir prié en silence. Après que la police britannique l’a repéré et lui a demandé la raison de sa prière, Adam a simplement répondu qu’il priait pour le fils qu’il aurait pu avoir avec son ex-petite amie, qui avait avorté des années plus tôt. Les officiers n’ont pas été émus. Adam a été jugé coupable d’avoir enfreint la nouvelle loi gouvernementale sur les «zones tampons» (“Buffer Zones Law”), qui fait de la prière silencieuse un crime, comme d’autres actes susceptibles d’influencer la décision d’une personne dans un rayon de 200 mètres autour d’un établissement pratiquant l’avortement. Il a été condamné à payer des milliers de livres de frais de justice.

J’aimerais pouvoir dire qu’il s’agit d’un cas exceptionnel, d’un exemple isolé d’une loi mal rédigée appliquée à une seule personne. Mais non. En octobre dernier, il y a quelques mois à peine, le gouvernement écossais a commencé à envoyer des lettres à des citoyens dont les habitations se trouvaient dans ces soi-disant «zones d’accès sécurisé», les avertissant que même la prière dans la sphère privée de leurs propres domiciles pourrait constituer une infraction à la loi. Évidemment, le gouvernement a encouragé les destinataires à dénoncer tout concitoyen soupçonné de crime de la pensée en Grande-Bretagne et dans toute l’Europe.

La liberté d’expression, j’en ai peur, est en retrait.

JD Vance
La liberté d’expression, j’en ai peur, est en retrait. Pour la comédie, mes amis, mais aussi par souci de vérité, je reconnais que parfois, les voix les plus promptes à réclamer la censure ne sont pas venues d’Europe mais de mon propre pays, où la précédente administration a menacé et fait pression sur les entreprises de réseaux sociaux pour qu’elles censurent ce qu’elle qualifiait de «désinformation». La désinformation, c’était par exemple l’idée selon laquelle le coronavirus provenait probablement d’un laboratoire en Chine. Notre propre gouvernement a encouragé des entreprises privées à faire taire des gens qui osaient énoncer ce qui s’est révélé être une vérité évidente.

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Je me présente donc devant vous aujourd’hui, en livrant non seulement un constat, mais aussi une proposition. De la même manière que l’administration Biden a semblé prête à tout pour faire taire ceux qui exprimaient librement leurs opinions, l’administration Trump va faire précisément l’inverse, et j’espère que nous pourrons travailler en ce sens.

Il y a un nouveau shérif à Washington. Et sous la direction de Donald Trump, même si nous pouvons être en désaccord avec vos opinions, nous nous battrons pour défendre votre droit de les exprimer sur la place publique. À ce stade, bien sûr, la situation s’est tellement détériorée qu’en décembre, la Roumanie a tout simplement annulé les résultats d’une élection présidentielle sur la base de simples soupçons d’une agence de renseignement et sous l’énorme pression de ses pays voisins. D’après ce que je comprends, l’argument était que la désinformation russe avait contaminé les élections roumaines. Mais je demanderais à mes amis européens de prendre du recul. Vous pouvez penser que la Russie ne devrait pas acheter de publicités sur les réseaux sociaux pour influencer vos élections. Nous le pensons aussi. Vous pouvez même le condamner sur la scène internationale. Mais si votre démocratie peut être détruite avec quelques centaines de milliers de dollars de publicité numérique d’un pays étranger, alors c’est qu’elle n’était pas très forte. Je pense pour ma part, et c’est une bonne nouvelle, que vos démocraties sont nettement moins fragiles que ce que certains semblent craindre.

Je crois franchement qu’autoriser nos citoyens à s’exprimer librement les rendra plus fortes encore. Ce qui, bien sûr, nous ramène à Munich, où les organisateurs de cette conférence ont interdit aux parlementaires représentant des partis populistes, aussi bien de gauche que de droite, de participer à ces discussions. Là encore, nous ne sommes pas obligés d’être d’accord avec tout ou partie de ce qu’ils disent. Mais lorsque des responsables politiques représentent une part importante de la population, il nous incombe au moins de dialoguer avec eux.

Pour beaucoup d’entre nous qui sommes de l’autre côté de l’Atlantique, tout cela ressemble de plus en plus à d’anciens intérêts établis, qui se cachent derrière des mots hideux hérités de l’ère soviétique, tels que «désinformation» ou «mésinformation», parce qu’ils n’aiment tout simplement pas l’idée que quelqu’un avec un autre point de vue puisse exprimer une opinion différente ou, Dieu nous en préserve, voter différemment ou pire encore, remporter une élection.

Je suis sûr que vous êtes tous venus dans cette conférence sur la sécurité pour parler des moyens d’accroître vos dépenses de défense dans les années à venir pour atteindre un nouvel objectif. Et c’est une bonne chose, car comme le président Trump l’a clairement indiqué, il pense que nos amis européens doivent jouer un rôle plus important dans l’avenir de ce continent. Vous n’avez sans doute pas entendu parler de cette expression, le «partage du fardeau», mais nous pensons que ce qu’il y a d’important dans une alliance, c’est ce que les Européens prennent leurs responsabilités tandis que l’Amérique se concentre sur les régions du monde en grand danger.

Je crois profondément qu’il ne saurait y avoir de sécurité si l’on craint les voix, les opinions et la conscience de son propre peuple.

JD Vance
Permettez-moi aussi de vous poser la question : comment allez-vous pouvoir réfléchir à ces questions budgétaires si nous ne savons même pas ce que nous défendons en premier lieu ? J’ai beaucoup entendu parler, dans mes nombreuses et excellentes discussions avec les personnes réunies dans cette salle, de ce contre quoi vous devez vous défendre, et c’est évidemment important. Mais ce qui me paraît moins clair, et je pense que c’est aussi l’avis de nombreux citoyens en Europe, c’est la nature exacte de ce que vous défendez. Quelle est la vision positive qui anime ce pacte de sécurité, auquel nous accordons tous une si grande importance ?

Je crois profondément qu’il ne saurait y avoir de sécurité si l’on craint les voix, les opinions et la conscience de son propre peuple. L’Europe fait face à de nombreux défis. Mais la crise à laquelle ce continent est aujourd’hui confronté, la crise que nous affrontons tous ensemble je le crois, est née de nos propres choix. Si vous fuyez devant vos électeurs, l’Amérique ne pourra rien faire pour vous. Pas plus que vous ne pourrez aider le peuple américain qui m’a élu, moi, et a élu le président Trump. Vous avez besoin de mandats démocratiques pour accomplir quelque chose de valeur dans les années à venir.

N’avons-nous pas appris que des mandats faibles produisent des résultats instables ? Pourtant, tellement de choses de valeur peuvent être accomplies grâce aux mandats démocratiques que l’on obtient lorsqu’on est davantage à l’écoute de la population. Si vous voulez maintenir des économies compétitives, bénéficier d’une énergie abordable et de chaînes d’approvisionnement sécurisées, vous avez besoin de mandats solides pour gouverner, car il faut faire des choix difficiles pour obtenir tout cela.

Parmi tous les défis urgents auxquels les nations ici représentées font face, je ne crois pas qu’il y en ait de plus pressant que les migrations de masse

JD Vance
Bien sûr, nous savons bien tout cela. En Amérique, on ne peut pas gagner un mandat démocratique en censurant ou en emprisonnant ses opposants. Qu’il s’agisse du chef de l’opposition, d’un modeste chrétien priant chez lui ou d’un journaliste tentant de faire son travail. On ne peut pas non plus remporter un mandat en ignorant sa population sur des questions fondamentales, comme de savoir qui a le droit de faire partie de notre société.

Et, parmi tous les défis urgents auxquels les nations ici représentées font face, je ne crois pas qu’il y en ait de plus pressant que les migrations de masse. Aujourd’hui, près d’une personne sur cinq vivant dans ce pays est née à l’étranger. C’est bien sûr un record historique. D’ailleurs, le chiffre est le même aux États-Unis, où c’est également un record historique. Le nombre d’immigrés entrés dans l’UE, en provenance de pays qui n’en sont pas membres, a doublé rien qu’entre 2021 et 2022. Et, bien sûr, il a continué d’augmenter depuis.

Nous connaissons la situation. Elle ne vient pas de nulle part. C’est le résultat d’une série de décisions conscientes prises par des responsables politiques à travers le continent et le monde, durant toute une décennie. Nous avons vu les horreurs engendrées par ces décisions hier même dans cette ville. Et évidemment, je ne peux en parler sans penser aux victimes de ce drame terrible, qui passaient alors une belle journée d’hiver à Munich. Nos pensées et nos prières les accompagnent et les accompagneront toujours. Mais pourquoi cela est-il arrivé ?

C’est une histoire terrible, une histoire que l’on a trop entendue en Europe et hélas trop aux États-Unis aussi. Un demandeur d’asile, souvent un jeune homme dans sa vingtaine, connu de la police, qui fonce dans une foule avec une voiture et fait voler en éclats une communauté unie. Combien de fois devons-nous subir ces revers épouvantables avant de donner une nouvelle direction à notre civilisation commune ? Aucun électeur sur ce continent ne s’est rendu aux urnes pour ouvrir les vannes à des millions d’immigrés sans contrôle. Car vous savez pour quoi ils ont voté ? Au Royaume-Uni, ils ont voté pour le Brexit. Que l’on soit d’accord ou pas, ils ont voté pour cela. Et un peu partout en Europe, de plus en plus, les électeurs votent pour des responsables politiques qui promettent de mettre fin à l’immigration incontrôlée. Il s’avère que je partage beaucoup de ces inquiétudes, mais vous n’êtes pas obligés d’être d’accord avec moi.

Je suis convaincu qu’ignorer les gens, mépriser leurs préoccupations ou, pire, fermer les médias, annuler les élections ou les tenir à l’écart du processus politique ne protège en rien

JD Vance
Je pense simplement que ces gens tiennent à leur foyer, à leurs rêves. Ils soucient de leur sécurité et de leur capacité à subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants. Et ils sont intelligents. Je crois que c’est l’une des leçons les plus importantes que j’ai apprises depuis que je suis entré, il y a peu de temps, en politique. Contrairement à ce que vous pouvez entendre dans les montagnes non loin Davos, les citoyens de toutes nos nations ne pensent pas être des animaux instruits ou des rouages interchangeables d’une économie mondiale. Il n’est donc guère surprenant qu’ils ne souhaitent pas être déplacés à leur guise, ni systématiquement ignorés par leurs dirigeants. Et c’est précisément la fonction de la démocratie d’arbitrer ces grandes questions dans les urnes.

Je suis convaincu qu’ignorer les gens, mépriser leurs préoccupations ou, pire, fermer les médias, annuler les élections ou les tenir à l’écart du processus politique ne protège en rien. C’est au contraire le moyen le plus sûr de détruire la démocratie. S’exprimer et donner son avis, ce n’est pas interférer dans une élection. Même quand il s’agit de personnes influentes de l’extérieur de votre pays. Croyez-moi, je dis cela avec humour, si la démocratie américaine a survécu à dix années de remontrances de Greta Thunberg, vous pouvez sans doute survivre à quelques mois d’Elon Musk. Mais aucune démocratie, ni américaine, ni allemande, ni européenne, ne survivra au fait de dire à des millions d’électeurs que leurs réflexions et leurs préoccupations, leurs aspirations et leurs appels à l’aide ne sont pas valables ou n’ont même pas à entrer en considération.

La démocratie repose sur le principe sacré selon lequel la voix du peuple compte. Il n’y a pas de place pour des «pare-feu». Soit on respecte ce principe, soit on ne le respecte pas. Le peuple européen a une voix. Les dirigeants européens ont le choix. Et je suis résolument convaincu que nous n’avons aucune raison d’avoir peur de l’avenir.

Écoutez ce que votre peuple vous dit, même si cela vous surprend, même si vous n’êtes pas d’accord. Ainsi, vous pourrez affronter l’avenir avec certitude et confiance, en sachant que la nation vous soutient. Et c’est là d’où la démocratie tire pour moi sa magie. Pas dans ces édifices de pierre ou dans ces magnifiques hôtels. Pas même dans les grandes institutions que nous avons bâties ensemble en tant que société.

Croire en la démocratie, c’est comprendre que chacun de nos citoyens a de la sagesse et une voix. Et si nous refusons d’entendre cette voix, même nos combats les plus fructueux n’aboutiront pas à grand-chose. Comme l’a dit le pape Jean-Paul II, à mes yeux l’un des défenseurs les plus extraordinaires de la démocratie en Europe ou ailleurs, «n’ayez pas peur». Nous ne devrions pas craindre notre peuple, même quand il exprime des opinions différentes de celles de ses dirigeants. Merci à tous. Bonne chance à vous tous. Que Dieu vous bénisse.

d’après Wikipédia

D’abord conservateur autoproclamé et viscéralement anti-Trump en 2016, Vance  hésiter entre deux hypothèses pour le qualifier : soit « un trou du cul cynique comme Nixon », soit un hypothétique « Hitler américain »Lors de l’élection présidentielle de 2016, il déclare se résoudre à voter pour Hillary Clinton plutôt que pour le milliardaire républicain. Tout à fait opposé à la candidature de Trump aux élections de 2016, Vance devient ensuite, en huit ans, l’un de ses fervents partisans, faisant dire à ses critiques qu’« il s’est cyniquement moulé dans l’époque »

Et Trump d’ajouter avec beaucoup d’élégance que Vance lui avait reniflé le cul.

Sondage Bayrou : un discours de politique générale qui n’a pas convaincu

Sondage Bayrou : un discours de politique générale qui n’a pas convaincu

 Ce mardi 14 janvier, François Bayrou a prononcé son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale et 68 % des français ne l’ont pas apprécié

D’après une étude réalisée par Odoxa-Backbone pour Le Figaro,le nouveau premier ministre n’a recueilli qu’un soutien de 31 % après son discours de politique générale. 68 % ne l’ayant pas apprécié.

Rien d’étonnant à cela compte tenu de la faiblesse du soutien du gouvernement au sein même de l’assemblée nationale. Par ailleurs les personnes interrogées ont sans doute été un peu surprises pour certaines aussi bien par la forme que par le fonds de la déclaration du Premier ministre. Une déclaration sur la forme plutôt molle mais bienveillante et sur le fond des orientations très générales relativement floues. À noter cependant que la déclaration du premier ministre était plus proche de celle d’un candidat potentiel à la présidentielle que celle d’un premier ministre surtout dans une telle position de faiblesse politique.

 

Les enjeux du discours politique de Bayrou

Les enjeux du discours politique de Bayrou

François Bayrou a prononcé son discours de politique générale devant les députés ce mardi 14 janvier. Peu d’annonces concrètes ont marqué ce discours, plutôt orienté vers une philosophie générale mettant en avant la lutte contre l’endettement, la « débureaucratisation », l’éducation ou le contrôle migratoire. La réforme des retraites sera renégociée par les partenaires sociaux – il s’agissait d’un point clé pour obtenir la « non censure » du Parti socialiste. Alors qu’insoumis, écologistes et communistes voteront la censure cette semaine, le PS n’a, pour l’instant, pas tranché. François Bayrou connaîtra-t-il un sort plus favorable que son prédécesseur Michel Barnier ? Entretien avec le politiste Luc Rouban dans « The Conversation »

Le discours de politique générale du premier ministre François Bayrou avait une importance particulière. Quels étaient les enjeux ?

Luc Rouban : Ce discours s’inscrit dans un contexte tout à fait particulier parce qu’on est certainement au cœur de la crise politique la plus grave de la Ve République. Il arrive après la censure qui a frappé le gouvernement Barnier et dans une situation où, au fond, les mécontentements se conjuguent puisque tout le monde a gagné et que,en même temps, tout le monde a perdu. Le Nouveau Front populaire est arrivé en tête en nombre de sièges aux législatives de juin mais il n’a pas pas pu accéder à Matignon. De l’autre côté, le Rassemblement national est arrivé en tête en nombre de voix mais il est aussi mis de côté. On n’avait jamais vu un tel décalage entre la composition des gouvernements – Barnier puis Bayrou – et le résultat des élections.

Ce discours de politique générale n’était donc pas simplement un catalogue de mesures, il répondait au moins à deux grands enjeux. Le premier était de garantir la stabilité du système institutionnel et tout simplement la démocratie en France. François Bayrou a beaucoup insisté dans son discours sur cette question de la stabilité. Le deuxième enjeu, c’était de faire une sorte de bilan du macronisme. Bayrou a évoqué le fait que le travail n’est pas suffisamment récompensé, que la mobilité sociale est entravée, que les entreprises ont des problèmes avec les normes. Il a parlé de l’école, de la santé, de la bureaucratie – avec une orientation libérale pour le coup. Il a également parlé des gilets jaunes et du problème du mépris social. Ces questions de fond que nous étudions dans nos enquêtes d’opinion sont des moteurs pour le vote Rassemblement national. Ce discours ressemblait à celui d’un candidat à la présidence de la République plus qu’à un classique discours programmatique de premier ministre. Certains commentateurs l’ont trouvé décalé. Mais on peut se demander si François Bayrou n’a pas déjà en tête la présidentielle.

Est-ce que François Bayrou a répondu à ces enjeux ? On lui a immédiatement reproché d’être extrêmement vague avec très peu d’annonces concrètes, chiffrées, pas de planning…

L.R : L’un des objectifs de François Bayrou, c’était de gagner du temps et donc de ne pas provoquer une censure immédiate. Bayrou est un faux malhabile, un homme qui sait jouer d’un certain flou pour ménager tous ses adversaires – et il en a de tous côtés. Le point central, c’était la réforme des retraites, qui était le casus belli du Parti socialiste et la condition de la « non censure » de ce dernier. Sur ce sujet, il a proposé une solution qui consiste à dire « on va organiser une discussion des partenaires sociaux et essayer d’élaborer une nouvelle réforme dans un délai relativement court de trois mois ».

La décision du PS n’est pas arrêtée à ce stade, mais, avec cette proposition, il est difficile pour ce parti de censurer le gouvernement. Boris Vallaud, chef du groupe PS, lui a reproché l’absence de réponses concrètes sur la fiscalité des hauts patrimoines, sur les dépenses de santé, sur les postes à l’hôpital et dans l’éducation nationale, pour le budget des outre-mer. Or le PS est le parti pivot avec lequel Bayrou a négocié pour élargir son socle de soutien.

L.R : Effectivement, un certain nombre de décisions précises sont renvoyées au débat budgétaire qui sera difficile, parce que, dans le fond, il faudra choisir d’augmenter soit les dépenses, soit la fiscalité. Est-ce qu’il y aura des possibilités de compromis avec la droite pour augmenter, par exemple, un certain nombre d’impôts sur les rémunérations importantes et certains patrimoines ? C’est toute la question.

Pensez-vous que Bayrou va échapper à la censure que proposera LFI dès jeudi ?

LR : Le coût politique d’une censure est plus élevé pour les oppositions qu’il y a quelques mois. Ce qu’a dit Bayrou, en s’adressant aux Français, en leur parlant de stabilité, c’est que ceux qui décideront de voter la censure prendront des risques politiques considérables au plan électoral. Si le Parti socialiste décidait de voter la censure, cela risquerait de lui coûter très cher. Ce qui se joue, c’est le discrédit, alors que les Français commencent à être excédés par cette situation d’incertitude. Et je ne parle pas des chefs d’entreprise, des investisseurs étrangers, des marchés financiers… Bayrou est, paradoxalement, dans une situation plus confortable que Michel Barnier, parce qu’une deuxième censure ouvrirait la porte à une crise de régime.

Quel était l’enjeu des longues négociations que le PS, les écologistes et les communistes ont menées avec François Bayrou ?

L.R : Il s’agissait de négocier un pacte de « non censure », mais il y avait aussi un enjeu interne à la gauche. Le Parti socialiste sait bien que, à terme, le macronisme, c’est terminé, or une grande partie des électeurs macronistes viennent du PS. Ce parti a donc intérêt à les retrouver en rompant avec LFI et le Nouveau Front populaire. Quant aux écologistes, qui voteront la censure, ils vont, par ce choix, basculer du côté de LFI, comme force d’appoint de la gauche radicale.

Quelle sera la posture du RN vis-à-vis du gouvernement Bayrou ?

L.R : Le RN garde toujours les cartes maîtresses en main. Même si le PS vote finalement la censure, le gouvernement ne tombe pas tant que le RN le soutient. Or, je ne pense pas que le RN soit disposé à voter à nouveau la censure comme il l’a fait avec Michel Barnier. Désormais, et surtout après la disparition de Jean-Marie Le Pen, le RN est dans la nécessité de mettre en avant un profil de parti de gouvernement. Ils vont essayer de pousser les feux sur le sujet de l’immigration, mais ils auront en quelque sorte des « relais » avec les ministres Bruno Retailleau et Gérald Darmanin. Ces derniers ne sont pas leurs représentants, mais ils portent des idées proches.

On a pu croire que les négociations avec une partie de la gauche signifiaient un déplacement du centre de gravité politique de ce gouvernement, avec une tentative de se libérer de l’emprise de l’extrême droite : ce n’était donc pas le cas ?

L.R : François Bayrou s’est acheté un filet de sécurité en négociant avec le PS. Il s’est donné de l’air, mais, si ça ne marche pas, il garde ses appuis au centre, à droite et au RN. Tant que le RN reste neutre, la gauche ne peut pas le faire tomber. La meilleure assurance-vie du gouvernement Bayrou reste le RN.

Barnier: Discours fleuve, soporifique…. mais sans épine

Barnier:  Discours fleuve, soporifique…. mais sans épine

 

Dans le chahut provoqué par les  » insoumis », Barnier, tel un maître d’école,  a déroulé sa leçon de politique générale. Il a couvert à peu près tous les sujets mais de manière le plus souvent assez floue en prenant bien soin d’éviter les épines pouvant blesser tel ou tel courant. Un discours interminable, relativement soporifique dont l’objet était surtout de ne pas rajouter des opposant aux opposants . Le premier ministre a réaffirmé la nécessité d’une fiscalité pour les plus fortunés et les grandes entreprises. Il a promis une augmentation du SMIC de 2 %. Il a aussi assuré sans doute un peu rapidement du retour sous les 3 % du déficit budgétaire avant 2030 avec un tiers de fiscalité et deux tiers d’ économies. Il a aussi réaffirmé l’impérative nécessité de respecter l’État de droit et a  suspendu le projet électoral de la Nouvelle-Calédonie. À noter sa volonté de relancer le logement avec un livret épargne dédié. Sur les retraites il se contentera de quelques aménagements.

Sur le plan financier Michel Barnier entend ramener le déficit à 5% en 2025 et atteindre l’objectif européen de 3% en 2029. Un changement de trajectoire, puisque le précédent gouvernement visait un retour sous les 3% d’ici à 2027. l’effort budgétaire proviendra « aux deux tiers » de la réduction des dépenses publiques. Sur le volet fiscal, le chef du gouvernement demande « une participation au redressement collectif aux grandes entreprises qui réalisent des profits importants ». Il entend également mettre en place « une contribution exceptionnelle » des « Français les plus fortunés ».

Sur les retraites , le Premier ministre a proposé aux partenaires sociaux de « réfléchir à des aménagements justes et raisonnables » de la réforme des retraites, notamment sur la « retraite progressive », « l’usure professionnelle », « l’égalité entre les femmes et les hommes face à la retraite ».

Il leur a aussi proposé de « négocier dès les prochaines semaines sur l’emploi des seniors, sur notre système d’indemnisation du chômage ».

Sur le scrutin proportionnel, Le premier ministre est ouvert à une réflexion et une action sans idéologie sur le scrutin proportionnel ». La proportionnelle est demandée par plusieurs formations politiques, notamment le Rassemblement national et le MoDem.

Pour la Nouvelle-Calédonie , le Premier ministre propose un report  De la réforme électorale « jusque fin 2025″

Michel Barnier a donné des gages sur le volet sociétal.

Par ailleurs, « nous allons simplifier au maximum les normes qui pèsent sur la construction de logements neufs ou la réhabilitation des logements anciens », afin de rendre disponibles davantage de logements, a-t-il promis. L’accès à la propriété sera facilité par « l’extension du prêt à taux zéro sur tout le territoire ».

Le Premier ministre a promis des forces de l’ordre « encore plus visibles et présentes sur la voie publique », notamment via la réduction du temps consacré aux « procédures administratives » et la création de nouvelles brigades de gendarmerie ( . L’ancien gouvernement avait proposé la création de gendarmerie « ambulatoire »!!). Il a également souhaité la « réduction des délais de jugement, particulièrement pour les mineurs », souhaitant « la création d’une procédure de comparution immédiate pour les mineurs délinquants de plus de 16 ans » et une réflexion sur l’excuse de minorité.

Afin que les peines soient « réellement exécutées », le Premier ministre souhaite « réviser les conditions d’octroi du sursis et limiter les possibilités de réduction de peine », ainsi qu’un recours « plus important aux travaux d’intérêt général, aux amendes administratives et aux amendes forfaitaires délictuelles ». Enfin, Michel Barnier a annoncé la création de places de prison et s’est dit favorable à « la création d’établissements nouveaux pour les courtes peines », notamment pour les « mineurs délinquants ».

Concernant l’immigration, le Premier ministre envisage par ailleurs de conditionner davantage « l’octroi de visas à l’obtention de laissez-passer consulaires nécessaires aux reconduites à la frontière », en renégociant les accords avec les pays d’origine des migrants venant en France. Il souhaite enfin que la France puisse « rétablir des contrôles à ses propres frontières », dans le respect des règles européennes.

 

Discours de Barnier: Sur fond de bordelisation des « Insoumis »

Discours de Barnier: Sur fond de bordelisation des « Insoumis »

 

Une nouvelle fois les insoumis ont transformé l’Assemblée nationale en cours d’école maternelle avec chahut, cris et insultes. Pas de quoi grandir la démocratie et encore moins redonner du crédit à une formation qui se marginalise de plus en plus dans le gauchisme et l’irrespect.

Finalement le Premier ministre a gardé son calme devant des agitateurs immatures assurant, lui ,que c’est avec écoute et respect qu’il entendrait tous les députés

Interrompu dès le début de sa prise de parole par des députés du Nouveau Front Populaire brandissant leur carte d’électeur dans l’Hémicycle, Michel Barnier leur a adressé un rappel à l’ordre dans la suite de son discours de politique générale.

Michel Barnier a déclaré face au chahut« nous écouterons et nous respecterons chacune et chacun d’entre vous ». Et de conclure avec malice en se tournant vers le camp du Nouveau Front Populaire : « Même si ce respect n’est pas toujours réciproque ». Une saillie déclenchant une salve d’applaudissements.

 

SNCF Farandou: le même discours que SUD !

SNCF Farandou: le même discours que SUD !

Le PDG prochainement remercié de la SNCF Jean-Pierre Farandou finalement tient le même discours que le syndicat « Sud rail » pour justifier l’accord sur les retraites obtenu par des syndicats. Il se lâche et déclare qu’une entreprise qui fait 1,3 milliards de bénéfices peut bien consacrer 35 millions pour financer l’avantage concernant les retraites. Exactement le même discours Sud rail qui se voit ainsi récompensé des menaces de grève corporatiste et du chantage sur les JO. Évidemment Farandou comme Sud rail font l’impasse sur le fait que si la SNCF fait 1,5 milliards de bénéfices, ce résultat est tout à fait théorique. En effet le Chiffre d’affaires globalement atteint autour de 40 milliards pour le groupe SNCF mais avec un apport financier de 20 milliards de la collectivité. Autant dire que le fer est financé à hauteur de près de 50 %. Sans parler des questions de productivité. La vérité c’est que les cheminots partant plus tôt que dans le privé, leur caisse de retraite est un déficit chronique. Surtout avec le déséquilibre démographique. Et une partie des retraites sont payées en réalité par le privé sauf les avantages spécifiques… et encore. Ce manque de productivité hypothèque depuis des années l’avenir de l’entreprise contrainte régulièrement de tailler dans son activité et de réduire ses effectifs. Une curieuse conception de la gestion mais aussi du syndicalisme. ( Surtout quand on sait que l’accord ne s’appliquera pas à ceux qui n’ont pas le statut). 

 Candidat malheureux à sa propre succession, Jean-Pierre Farandou s’est montré dès lors plutôt vindicatif devant les sénateurs, dont plusieurs ont exprimé leur soutien. Il a défendu son bilan, tout comme l’accord sur les fins de carrière signé il y a quelques jours, largement décrié par la droite et une partie du gouvernement, en particulier par Bruno Le Maire. Il y a quelques jours, le ministre de l’Economie et des Finances avait qualifié cet accord de « pas satisfaisant » et « provocant ».

N’ayant désormais plus de poste à sauver, Jean-Pierre Farandou a donc profité de son passage devant la commission de l’aménagement du territoire et du développement du Sénat pour faire entendre sa voix sur ce dossier. « J’ai entendu les interrogations, qui sont légitimes. J’ai entendu les critiques, que j’ai pu trouver parfois sévères ou injustes », a démarré le patron de la SNCF avant d’affirmer qu’il était « convaincu que c’est un bon accord pour l’entreprise d’un point de vue économique comme social ».

 

Dans la même optique, il a martelé le fait que la négociation de cet accord s’est faite à la demande des pouvoirs publics, qui ont pressé les entreprises de travailler sur la question pénibilité dans le contexte des carrières allongées par la réforme des retraites de 2023. Pour lui, les deux volets de cet accord sont donc en ligne avec cette réforme.

Le PDG du groupe SNCF a d’abord évoqué deux dispositifs « pour accompagner les salariés qui vont travailler plus longtemps par application de la loi ». Le premier pour renforcer la progression de carrière et les rémunérations après 60 ans, le second pour accroître les possibilités de reconversion pour les métiers pénibles.

« Ces deux dispositifs sont complètement dans l’esprit de la loi de l’allongement des carrières et d’un départ plus tardif à la retraite. Leur coût est de 20 millions d’euros par an. Cela peut être important, mais c’est à relativiser par rapport à la masse salariale de près de 10 milliards d’euros des 150.000 cheminots. Cela reste raisonnable », estime le patron du groupe ferroviaire.

Jean-Pierre Farandou s’est ensuite attaché à défendre le second volet de l’accord, le plus contesté. Il a rappelé qu’il s’agissait de la mise à jour d’un accord datant de 2008, pour l’aménagement du temps de travail et la cessation progressive d’activité. Selon lui, le texte tient désormais compte des réformes introduites depuis et « a abouti à une simplification et à une amélioration du dispositif de six mois en tenant compte de la pénibilité des métiers à la SNCF ». Il a rappelé dans la foulée que 91.000 cheminots tiennent un emploi pénible selon les critères nationaux.

Il a estimé le coût de ce deuxième volet à 15 millions d’euros par an, mais a assuré que l’entreprise en tirerait des bénéfices avec le renouvellement des générations, la fin de l’obligation de remplacement de 1 pour 1 qui était jusque-là en vigueur dans le précédent accord, une meilleure anticipation des besoins de recrutement et une réduction de l’absentéisme, « qui est multiplié par deux au-delà de 60 ans et par trois au-delà de 65 ans ».

 

« Il (l’accord) ne coûtera rien aux contribuables, car j’ai de l’argent. Je gagne1,3 milliard d’euros net, je peux bien financer 35 millions d’euros. Et les plans prévisionnels que nous faisons me donnent confiance dans notre capacité à financer cet accord. [...] Les prix des billets ? 35 millions d’euros divisés par 122 millions de billets, cela donne 29 centimes. Vous croyez que je vais augmenter le prix des billets de 29 centimes ? C’est ridicule. » a déclaré le patron de la SNCF devant les sénateurs.

Enfin, Jean-Pierre Farandou a assuré que cet accord « est positif pour (ses) clients » avec une meilleure qualité de service de la part d’agents « en forme, motivés, engagés » à l’approche de la soixantaine, plutôt que « usés, un peu grognons, ayant perdu foi en leur entreprise ».

 

Macron: Un discours fleuve inaudible à la Sorbonne

Macron:  Un discours fleuve inaudible à la Sorbonne
Un discours technocratique inaudible de près de deux heures de Macon à la Sorbonne. Un événement qui d’ailleurs a à peine attiré l’attention des grands médias; Le discours de Macon ayant été largement effacé par l’affaire de la tentative de suicide du chanteur Kendji Girac ! De toute évidence ce propos n’était pas destiné au français moyen et même pas à la presse. Encore une fois trop long, trop technique, sans chaleur, ni vrai dynamisme. Plutôt le discours d’un directeur d’administration qui veut montrer qu’il connaît bien le sujet. Un discours pour le grand oral de l’ENA mais pas un discours compréhensible, intelligent et mobilisateur. En plus du rabâché et un manque de vision dans la perspective de croissance de l’union européenne notamment des pays des Balkans, Soit une dizaine de pays et l’Ukraine.

Ce qu’il faut retenir de ce discours:
Emmanuel Macron est revenu sur les avancées européennes des cinq dernières années. Face à des « crises inédites », comme le Brexit, la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, le chef de l’Etat a salué une Europe « qui a rarement autant avancé » grâce à des étapes « historiques ». Il s’est notamment félicité que le concept de souveraineté européenne soit discuté par les Vingt-Sept. Le président est revenu sur l’adoption du plan de relance européen, l’achat de vaccins en commun, mais aussi sur le Pacte vert et l’ouverture future de l’UE à de nouveaux Etats, notamment l’Ukraine et la Moldavie, « qui ont vocation à rejoindre l’UE »

Le président a détaillé les risques qui menacent l’Europe, citant la guerre en Ukraine et la Russie « qui ne veut plus nous dire quelle est sa limite ». Appelant à une Europe « puissante », Emmanuel Macron a appelé à renforcer encore sa défense, au sein de l’Otan, évoquant au passage la possibilité pour elle de se doter d’un bouclier antimissiles.
Il a annoncé qu’il allait inviter les Européens à bâtir un « concept stratégique » de « défense européenne crédible ». Il a aussi exhorté l’Europe à renforcer son industrie de défense et plaidé pour un « emprunt européen » pour l’achat d’équipements, un sujet de crispation avec Berlin.
Emmanuel Macron a appelé l’UE à « retrouver la maîtrise de [ses] frontières », après avoir mentionné l’adoption du Pacte sur la migration et l’asile par le Parlement européen il y a quelques semaines. « Si nous voulons résister à ce changement de règles, à cette escalade de la violence, à cette désinhibition des capacités sur notre continent et au-delà, nous devons nous adapter en termes de concepts stratégiques, de moyens, et nous devons retrouver la maîtrise de nos frontières pleinement, entièrement et l’assumer », a-t-il déclaré.

Il a évoqué la création d’une « structure politique » qui permettrait de prendre, entre « pays qui la partagent », « des décisions » sur « les sujets d’immigration, de lutte contre la criminalité organisée, de terrorisme, de lutte contre le trafic de drogue ou la cybercriminalité ».
Emmanuel Macron a regretté que l’UE, construite sur « une économie ouverte », soit « décalée par rapport à la recomposition du monde ». « On règlemente trop, on investit peu, on est trop ouverts et on ne défend pas nos intérêts », a-t-il estimé, tout en refusant de remettre en cause l’intérêt des traités de libre-échange.

Pour relancer la croissance et « la productivité », le président a proposé de simplifier les règles de l’UE, tout en soulignant que « le marché unique » était en lui-même « un acte de simplification ». « Il faudra dans la prochaine mandature passer par plusieurs vagues de simplification, sans rien enlever de nos ambitions », a-t-il insisté. Le gouvernement français a d’ailleurs présenté cette semaine des mesures pour œuvrer à cette simplification.
Emmanuel Macron a plaidé pour intégrer dans les missions de la Banque centrale européenne (BCE) « au moins un objectif de croissance, voire un objectif de décarbonation ». « On ne peut pas avoir une politique monétaire dont le seul objectif est un objectif d’inflation, qui plus est dans un environnement économique où la décarbonation est un facteur d’augmentation des prix », a-t-il expliqué.

Le chef de l’Etat a aussi réclamé un « nouveau un choc d’investissements communs, un grand plan d’investissement budgétaire » pour la défense, l’intelligence artificielle, la décarbonation. Il a expliqué que ce « mur d’investissements » était estimé « entre 650 et 1 000 milliards d’euros par an ». Un effort nécessaire face, notamment, aux subventions massives des Etats-Unis et de la Chine. Il a ainsi proposé d’inscrire dans les traités communautaires « la préférence européenne » dans « la défense et le spatial ».

Emmanuel Macron a défendu un « humanisme » face aux attaques contre « la démocratie libérale », « y compris en Europe ». Il a appelé à renforcer les conditions d’accès aux aides européennes en cas de non-respect de l’Etat de droit, comme c’est le cas pour la Hongrie. Pour donner « plus de vigueur au dèmos [peuple] européen », il a réitéré sa proposition de développer des listes européennes transnationales lors des élections.

Le chef de l’Etat a aussi rappelé son engagement pour la fin de la prise de décision à l’unanimité au Conseil européen. « On ne peut pas avoir des instances qui décident de plus en plus de choses, avec une participation qui reste au niveau de 1979″, a-t-il jugé. Pour renforcer les liens entre citoyens de l’UE, il a proposé de faire de la chaîne franco-allemande Arte « la plateforme de tous les Européens » et de connecter toute l’Europe en train, « un projet de connexion aussi culturel ».

Discours Macron à la Sorbonne : inaudible !

Discours Macron à la Sorbonne :  inaudible !

Un discours technocratique inaudible de près de deux heures de Macon à la Sorbonne. Un événement qui d’ailleurs a à peine attiré l’attention des grands médias; Le discours de Macon ayant été largement effacé par l’affaire de la tentative de suicide du chanteur Kendji Girac  ! De toute évidence ce propos n’était pas destiné au français moyen et même pas à la presse. Encore une fois trop long, trop technique, sans chaleur, ni vrai dynamisme. Plutôt le discours d’un directeur d’administration qui veut montrer qu’il connaît bien le sujet. Un discours pour le grand oral de l’ENA mais pas un discours compréhensible, intelligent et mobilisateur. En plus du rabâché et un manque de vision dans la perspective de croissance de l’union européenne notamment des pays des Balkans, Soit une dizaine de pays et l’Ukraine.

Ce qu’il faut retenir de ce discours.

Emmanuel Macron est revenu sur les avancées européennes des cinq dernières années. Face à des « crises inédites », comme le Brexit, la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, le chef de l’Etat a salué une Europe « qui a rarement autant avancé » grâce à des étapes « historiques ». Il s’est notamment félicité que le concept de souveraineté européenne soit discuté par les Vingt-Sept. Le président est revenu sur l’adoption du plan de relance européen, l’achat de vaccins en commun, mais aussi sur le Pacte vert et l’ouverture future de l’UE à de nouveaux Etats, notamment l’Ukraine et la Moldavie, « qui ont vocation à rejoindre l’UE »

Le président a détaillé les risques qui menacent l’Europe, citant la guerre en Ukraine et la Russie  »qui ne veut plus nous dire quelle est sa limite ». Appelant à une Europe « puissante », Emmanuel Macron a appelé à renforcer encore sa défense, au sein de l’Otan, évoquant au passage la possibilité pour elle de se doter d’un bouclier antimissiles.

Il a annoncé qu’il allait inviter les Européens à bâtir un « concept stratégique » de « défense européenne crédible ». Il a aussi exhorté l’Europe à renforcer son industrie de défense et plaidé pour un « emprunt européen » pour l’achat d’équipements, un sujet de crispation avec Berlin.

Emmanuel Macron a appelé l’UE à  »retrouver la maîtrise de [ses] frontières », après avoir mentionné l’adoption du Pacte sur la migration et l’asile par le Parlement européen il y a quelques semaines« Si nous voulons résister à ce changement de règles, à cette escalade de la violence, à cette désinhibition des capacités sur notre continent et au-delà, nous devons nous adapter en termes de concepts stratégiques, de moyens, et nous devons retrouver la maîtrise de nos frontières pleinement, entièrement et l’assumer », a-t-il déclaré.

Il a évoqué la création d’une « structure politique » qui permettrait de prendre, entre « pays qui la partagent »« des décisions » sur « les sujets d’immigration, de lutte contre la criminalité organisée, de terrorisme, de lutte contre le trafic de drogue ou la cybercriminalité ».

Emmanuel Macron a regretté que l’UE, construite sur « une économie ouverte », soit « décalée par rapport à la recomposition du monde ». « On règlemente trop, on investit peu, on est trop ouverts et on ne défend pas nos intérêts », a-t-il estimé, tout en refusant de remettre en cause l’intérêt des traités de libre-échange.

Pour relancer la croissance et « la productivité », le président a proposé de simplifier les règles de l’UE, tout en soulignant que « le marché unique » était en lui-même « un acte de simplification ». « Il faudra dans la prochaine mandature passer par plusieurs vagues de simplification, sans rien enlever de nos ambitions », a-t-il insisté. Le gouvernement français a d’ailleurs présenté cette semaine des mesures pour œuvrer à cette simplification.

Emmanuel Macron a plaidé pour intégrer dans les missions de la Banque centrale européenne (BCE) « au moins un objectif de croissance, voire un objectif de décarbonation ». « On ne peut pas avoir une politique monétaire dont le seul objectif est un objectif d’inflation, qui plus est dans un environnement économique où la décarbonation est un facteur d’augmentation des prix », a-t-il expliqué.

Le chef de l’Etat a aussi réclamé un « nouveau un choc d’investissements communs, un grand plan d’investissement budgétaire » pour la défense, l’intelligence artificielle, la décarbonation. Il a expliqué que ce « mur d’investissements » était estimé « entre 650 et 1 000 milliards d’euros par an ». Un effort nécessaire face, notamment, aux subventions massives des Etats-Unis et de la Chine. Il a ainsi proposé d’inscrire dans les traités communautaires « la préférence européenne » dans « la défense et le spatial ».

Emmanuel Macron a défendu un « humanisme » face aux attaques contre « la démocratie libérale »« y compris en Europe ». Il a appelé à renforcer les conditions d’accès aux aides européennes en cas de non-respect de l’Etat de droit, comme c’est le cas pour la Hongrie. Pour donner « plus de vigueur au dèmos [peuple] européen », il a réitéré sa proposition de développer des listes européennes transnationales lors des élections.

Le chef de l’Etat a aussi rappelé son engagement pour la fin de la prise de décision à l’unanimité au Conseil européen. « On ne peut pas avoir des instances qui décident de plus en plus de choses, avec une participation qui reste au niveau de 1979″, a-t-il jugé. Pour renforcer les liens entre citoyens de l’UE, il a proposé de faire de la chaîne franco-allemande Arte « la plateforme de tous les Européens » et de connecter toute l’Europe en train, « un projet de connexion aussi culturel ».

Sondage Macron: son discours fleuve à fait flop

Sondage Macron: son discours fleuve à fait flop

 

Le discours de Macron concernant les élections européennes a fait un véritable flop non seulement il a été très peu écouté mais encore moins entendu.  67% des Français n’ont pas entendu parler de l’allocution du président. Ceux qui l’ont écouté n’ont en majorité pas été séduits, selon le sondage Odoxa-Backbone pour Le Figaro.

. Un discours de la «Sorbonne 2» attendu par les troupes de la majorité, mais qui n’a pas suscité l’intérêt des Français puisque seulement 32% de la population a été exposée à la prise de parole.

Un échec tant sur la résonance que sur le fond, puisque les deux tiers des auditeurs (66%) déclarent ne pas avoir été convaincus, comme le révèle notre dernière enquête Odoxa-Backbone pour Le Figaro. C’est même le plus grand niveau d’insatisfaction au sujet d’une intervention présidentielle, depuis l’entretien d’Emmanuel Macron sur la réforme des retraites, un an plus tôt.

Surtout, une majorité des auditeurs (60%) pointent du doigt un «discours de campagne», alors que la tête de liste Renaissance, Valérie Hayer, est à la peine dans les sondages.

« Prix plancher Agriculture »: un discours aussi très ambigu de la part de Lidl

« Prix plancher Agriculture »: un discours aussi très ambigu de la part de Lidl

 

Un discours très ambigu d’une façon générale  concernant la fameuse proposition de prix plancher. On ne sait pas si on parle d’indicateurs de couts, de tarification de référence ou de prix obligatoire. De toute façon une solution illusoire. En plus une idée démagogique qui favoriserait les importations par manque de compétitivité. De ce point de vue, l’ambiguïté d’un grand distributeur comme LIDL révèle les hypocrisies à ce sujet. Le patron de LIDL s’excuse d’avoir parlé de prix plancher mais son propos est particulièrement confus:

 

MICHEL BIERO patron de LIDL- Je n’ai jamais parlé de « prix planchers », qui peuvent effectivement devenir des prix plafonds, mais de « prix minimums garantis ». Lidl en a eu l’idée dès 2018, lorsque nous avons proposé trois amendements à la loi Egalim I (non retenus, ndlr) : l’instauration de prix minimums garantis, mais aussi de prix minimums de vente pour les distributeurs et d’une interdiction de promotions pour les produits issus de l’élevage. Ces « prix minimum garantis » seraient des prix de référence basés sur les indicateurs des coûts moyens de production que les premiers acheteurs de la matière première agricole seraient tenus de respecter. En cas d’achat à un prix inférieur, ils devraient prouver à l’Etat que le producteur ne vend pas à perte. 

Le patron de LIDE oublie la question de la compétence de l’État, de ses moyens d’action et de l’acceptabilité de la gestion de ses prix de référence dits garantis ; garantis par qui ?   la sécurité sociale ?

Il serait temps que les grands patrons de la distribution se taisent un peu au lieu de profiter de la crise pour se faire de la pub gratuite alors qu’ils ont largement alimenté et profité de l’inflation.

 

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