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International-Érosion de l’influence française en Afrique

International-Érosion de l’influence française en Afrique 

Quel bilan tirer du XIXe Sommet de la Francophonie, qui s’est tenu début octobre en France, pour la première fois depuis 33 ans ? Malgré une union de façade des pays de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) réunis sous la bannière de la célébration de la langue française, cet événement a mis en lumière les tensions entre certains gouvernements africains et l’érosion de l’influence de Paris en Afrique. Le 19e sommet de la Francophonie, qui s’est tenu à Villers-Cotterêts les 4 et 5 octobre 2024, s’inscrit dans un contexte mondial marqué par des tensions géopolitiques fortes. Ce sommet, symboliquement organisé dans la ville où les ordonnances de 1539 ont fait du français une langue administrative, permet de réfléchir à la place de la Francophonie dans le monde contemporain. Cette édition visait à donner un nouvel élan à la langue française sur la scène internationale, un an après l’inauguration de la la Cité de la langue française par Emmanuel Macron, dans un format moins institutionnel et plus centré sur des priorités telles que la paix. En choisissant un lieu symbolique pour l’affirmation de la langue française, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) revient aux fondamentaux du traité de Niamey du 20 mars 1970, avec la langue et la culture comme priorités. Ce traité, signé notamment par les pères fondateurs (Léopold Sédar Senghor, Hamani Diori, Habib Bourguiba et le prince Norodom Sihanouk), a créé l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), posant les jalons de la future OIF.

 

par 

Associate Professor in French Studies (cultural studies), head of the Centre for Canadian Studies, Stockholm University dans The Conversation 

Les précédents sommets qui ont eu lieu dans l’Hexagone se sont déroulés il y a 33 et 38 ans (à Paris en 1986 et à Chaillot en 1991). Celui de 2024 permet à la France de réaffirmer sa position, à un moment où elle cherche à retrouver une place de premier plan dans un espace francophone en croissance avec 56 États membres, 34 membres observateurs et 5 gouvernements associés. Mais cela suffit-il à contrer l’érosion de son influence, notamment en Afrique ?

Depuis le sommet de Chaillot en 1991, le nombre de membres de l’OIF a doublé, atteignant 93 pays dont cinq viennent d’être entérinés par le sommet de Villers-Cotterêts. Si cette augmentation peut sembler significative, elle cache des réalités plus complexes. Les nouveaux membres ne sont pas tous des pays où le français est une langue dominante, mais souvent des États qui cherchent à renforcer leurs liens diplomatiques ou économiques avec l’Organisation, comme l’Angola ou le Chili.

Parmi les 93 pays membres, 33 proviennent du continent africain, soit environ le tiers, comme l’a souligné dans son discours l’actuelle secrétaire générale de la Francophonie, la Rwandaise Louise Mushikiwabo.

Cependant, au-delà de la simple participation des États africains à l’organisation, ce sommet met en évidence le déclin progressif de l’influence de la France en Afrique francophone, où Paris éprouve des difficultés à renouveler ses relations avec ses anciennes colonies, alors que les équilibres géopolitiques évoluent sur le continent.

Avec les récents coups d’État en Afrique de l’Ouest (Mali, Niger, Burkina Faso), Paris a perdu des partenaires stratégiques avec de nouveaux leaders sensibles aux thèses panafricanistes et soucieux de limiter l’influence de la France. Les panafricanismes rassemblent les idéologies qui valorisent une solidarité entre les peuples africains et afro-descendants.

Dans ce contexte, les récentes ouvertures diplomatiques à l’égard de la Guinée, sous Mamadi Doumbouya, témoignent des efforts de la France pour redéfinir ses relations avec ces pays connaissant une transition institutionnelle. En effet, la Guinée fait partie des pays qui ont connu un coup d’État, en 2021, et dont l’appartenance à l’OIF avait été suspendue il y a trois ans.

La fin de cette suspension montre un début de normalisation des rapports entre la Guinée, l’OIF et la France.

Ce sommet intervient par ailleurs au moment où les déclarations de Robert Bourgi dans la presse, à la suite de la publication de ses Mémoires, réveillent le fantôme de la Françafrique. Né à Dakar en 1945, cet avocat et conseiller politique franco-libanais, spécialiste des questions africaines, est un représentant controversé de la « Françafrique ». Il a joué un rôle clé pendant trente ans dans les relations entre la France et ses anciennes colonies africaines, succédant à Jacques Foccart.

Par rapport à cette situation, la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo a dénoncé les voix critiques qui voudraient confondre la Francophonie avec la Françafrique : « Non, la Francophonie n’est pas la Françafrique. Elle n’est pas seulement hexagonale ou africaine, elle est mondiale », a-t-elle ainsi affirmé dans son discours d’ouverture.

Avec l’affaiblissement de la position de Paris en Afrique, l’OIF pourrait paradoxalement tirer son épingle du jeu et se positionner comme acteur diplomatique multilatéral en Afrique.

Au-delà des rencontres organisées autour de la jeunesse, l’OIF tente d’ouvrir une voie pour pouvoir ménager un espace d’échanges entre les pays du Sud global et les pays du Nord. Cependant, cette vision utopique exagère le rôle de la Francophonie qui se trouve en prise avec un certain nombre de conflits.

En l’occurrence, le différend entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo (RDC) illustre de manière spectaculaire cette dissonance. La RDC accuse notamment le Rwanda de vouloir la déstabiliser en soutenant la milice M23, à majorité tutsie, présente sur le territoire congolais. La France avait soutenu en 2018 la candidature de la Rwandaise Louise Mushikiwabo au poste de secrétaire générale,faisant les yeux doux au régime de Paul Kagamé et pensant ainsi solder la mémoire du génocide de 1994.

Le prix de cette alliance est la difficulté à faire vivre les valeurs de la Francophonie, qui sont le respect du droit et de la démocratie.

Cette perte de crédibilité de la France pourrait constituer une opportunité pour que l’OIF émerge comme cette plate-forme multilatérale nécessaire pour renforcer les liens entre les pays francophones. Il faut rappeler que le deuxième secrétaire général de l’organisation, le Sénégalais Abdou Diouf s’était au cours de son mandat (2003-2014) considérablement investi dans cette diplomatie multilatérale, avec notamment des actions de médiation en Afrique et une attention portée à la reconstruction des États après des conflits.

Louise Mushikiwabo s’inscrit plutôt dans une volonté de renforcer ces plates-formes de dialogue, dans l’héritage de l’action d’Abdou Diouf. Son objectif est de ramener les pays tels que le Mali, le Burkina Faso et le Niger vers la famille francophone en les faisant réadhérer à l’Organisation.

Il faudra alors démontrer que cette famille n’est plus dominée par la voix de la France, ce qui est mis en doute par beaucoup d’observateurs.

On a ici en réalité un paradoxe : l’accueil du sommet à Villers-Cotterêts donne davantage une image patrimoniale de la Francophonie, comme si finalement cette dernière était appelée à se recentrer sur la langue et la culture, au moment où les tensions géopolitiques croissent et les conflits locaux se multiplient.

Un sommet de la Francophonie devrait pourtant annoncer des ambitions géopolitiques en matière de démocratie, de coopération, de sécurité et de paix alors que ce dernier a révélé une prudence dans les expressions et une certaine prise de distance avec la France.

La Tunisie était en pleine élection présidentielle, accentuant son tournant autoritaire, le Sénégal, l’un des pays clés de la Francophonie historique, choisissait une représentation minimaliste avec notamment l’absence du nouveau président Bassirou Diomaye Faye officiellement pour des contraintes d’agenda après la participation à la 79ᵉ Assemblée générale des Nations-Unies.

Le sommet de Villers-Cotterêts reflète-t-il une volonté de recentrer la Francophonie sur la coopération linguistique, au détriment de ses ambitions géopolitiques ? Si tel est le cas, cet événement pourrait bien symboliser un repositionnement vers une Francophonie davantage axée sur la promotion de la langue et de la culture, tout en laissant des interrogations sur son influence politique à l’échelle internationale.

L’influence culturelle de la France en danger

L’influence culturelle de la France en danger

Un an après sa prise de fonctions, la présidente de l’Institut français qui œuvre au rayonnement français à l’étranger donne un aperçu de sa feuille de route, dans un entretien avec « Le Monde ».

 

Nommée à la présidence de l’Institut français le 1er juillet 2021, Eva Nguyen Binh, ancienne ambassadrice de France au Cambodge, entend donner une nouvelle impulsion à cette institution qui œuvre au rayonnement de la culture française à l’étranger, au moment où celle-ci célèbre son 100e anniversaire.

Quel regard portez-vous sur la diplomatie culturelle de la France ?

L’influence de la France n’est pas un acquis. Elle est remise en cause, questionnée, battue en brèche dans un certain nombre de pays, notamment en Afrique. En même temps, cette politique culturelle fait envie. Je rencontre beaucoup de gens, des ministres de pays étrangers qui me disent : « Mais comment faites-vous, comment êtes-vous organisés ? »

En quoi cette défiance change-t-elle votre action ?

Nous sommes dans un moment de défis, où l’Institut français, dans toutes ses composantes et tous ses relais, doit être extrêmement ouvert sur les autres et parler à tout le monde. Dans l’histoire de notre maison, il y a eu des périodes où nous parlions beaucoup aux autorités locales et aux artistes. Aujourd’hui, nous parlons à toutes les composantes d’une société, c’est-à-dire aussi les ONG, les entrepreneurs, les représentants des sociétés civiles, etc. Le débat d’idées prend désormais une place essentielle. J’en veux pour preuve le cycle de forums que nous lançons en Afrique, en octobre [Notre Futur. Dialogues Afrique-Europe, dès le 7].

Comment abordez-vous ce type de rencontres ?

Le changement de paradigme vient du fait que nous n’organisons rien s’il n’y a pas de partenaires locaux, si, localement, nos interlocuteurs trouvent que cela n’a pas d’intérêt. Ce n’est plus une approche verticale. Nous n’imposons rien, au contraire, nous nous plaçons dans la coconstruction. Cela me paraît important comme orientation, parce que cela irrigue tout ce qu’on va faire, y compris dans le domaine artistique.

Comment cela se manifeste-t-il sur le terrain ?

Nous allons soutenir des projets portés par des galeries, des incubateurs, des entreprises, des associations. Quitte à ce qu’on ne porte pas le projet, mais que nous soyons dans l’accompagnement. Si vous voulez, on laisse le projet se structurer, s’épanouir. On a des projets comme ça au Cameroun, encouragés par l’Institut français sur place. Quand on propose des concepts comme La Nuit des idées, Novembre numérique ou les Dialogues Afrique-Europe, ce n’est pas une injonction, on est dans la collaboration.

Or, aujourd’hui, La Nuit des idées [créée en 2016], c’est dans plus de cent pays, et Novembre numérique, lancé en 2017, dans soixante-dix pays. Et ce qui m’importe, c’est aussi des sujets sociétaux qui sont forts partout, et dont je considère que l’Institut français ne s’est pas totalement emparé.

Marchés financiers : l’influence grandissante des réseaux sociaux

Marchés financiers : l’influence grandissante des réseaux sociaux 

 

Un article du Wall Street Journal souligne l’influence grandissante des réseaux sociaux sur les marchés financiers.Des millions d’Américains se sont découvert un intérêt pour la Bourse depuis la crise sanitaire, envahissant les réseaux et messageries, et s’immergeant du jour au lendemain dans l’univers des petits porteurs.

 

Il y a quelques années, l’essentiel des revenus de Kevin Paffrath, un courtier immobilier de 29 ans, père de deux enfants et résidant à Ventura en Californie, provenait des commissions qu’il touchait sur des ventes immobilières. A ses heures perdues, il enregistrait des vidéos en ligne concernant l’achat de logements.

Aujourd’hui, M. Paffrath est connu sous le nom de MeetKevin, influenceur comptant 1,7 million d’abonnés sur YouTube. Tous les jours ou presque, il y diffuse en direct pendant plusieurs heures des vidéos dans lesquelles il parle des marchés boursiers et prodigue des conseils d’investissement à la chaîne, en maniant l’autodérision. Il plaisante avec les auteurs de commentaires, affecte un accent britannique un peu forcé et sirote du café dans le studio d’enregistrement qu’il a installé chez lui, décoré d’affiches humoristiques colorées et d’une guitare électrique couleur turquoise. M. Paffrath a également réalisé des centaines de vidéos sur divers sujets relatifs au conseil en investissement.

« Auparavant, je passais trois ou quatre heures par jour à parler avec un client d’un bien immobilier qu’il pouvait acquérir sous sa valeur de marché, et si j’avais de la chance, au bout de trois mois, cette discussion me rapportait 10 000 dollars, explique M. Paffrath. Aujourd’hui, 10 000 dollars est ce que je gagne les mauvais jours. Mon activité d’influenceur a éclipsé tout le reste. »

M. Paffrath affirme avoir gagné 5 millions de dollars au cours des trois premiers mois de cette année, le nombre de visites sur sa page et la demande pour ses conseils ayant explosé durant la pandémie. Les reçus des paiements de YouTube qu’il a montrés au Wall Street Journal confirment que l’influenceur gagne plusieurs millions de dollars par an ne serait-ce qu’en recettes publicitaires.

Sur TikTok, Tori Dunlap (connue sur l’application en tant que @herfirst100k) explique à ses 1,7 million de fans comment créer une entreprise et quelle dette il convient de rembourser en premier lieu. La jeune femme, âgée de 27 ans, met au point une application afin de promouvoir une « communauté d’investissement sans préjugé », pour aider les femmes à se sentir suffisamment à l’aise pour échanger des conseils d’investissement et gérer des placements dans leurs comptes de courtage

La crise sanitaire ayant assigné les Américains à résidence, des millions d’entre eux – certains utilisant les aides publiques versées pendant la pandémie – se sont découvert un intérêt pour la Bourse, envahissant les réseaux et messageries, et s’immergeant du jour au lendemain dans l’univers des petits porteurs.

En 2021, les six principaux courtiers en ligne, qui attirent surtout des investisseurs individuels, comptent plus de 100 millions d’utilisateurs. Robinhood Financial, une application d’investissement très prisée des jeunes investisseurs, a vu le nombre de ses comptes bondir de 7,2 millions à 18 millions entre mars 2020 et mars 2021, selon ses états financiers.

L’essor du négoce en ligne sans commission s’est accompagné d’une demande de conseils au prix le plus bas, de la manière la plus accessible possible, à savoir en ligne. Aujourd’hui, une nouvelle génération de conseillers en placements boursiers officie sur les réseaux sociaux, suivie par un nombre considérable d’investisseurs novices.

Nombre de ces influenceurs n’ont aucune formation officielle en conseil financier, et aucune expérience dans l’investissement professionnel, ce qui les conduit à choisir des actions au gré de leur popularité dans l’opinion, et parfois à prodiguer des conseils qui font perdre de l’argent à ceux qui les suivent.

Comme MeetKevin, Marko Zlatic est un influenceur très en vogue dans le domaine financier, qui, sous le nom de Whiteboard Finance, conseille 670 000 abonnés sur tous les sujets, de l’achat de véhicules d’occasion à la constitution d’un portefeuille d’investissement fondé sur les préceptes du gérant de fonds spéculatif Ray Dalio.

Certains influenceurs moins connus ont des personnalités plus hautes en couleur. Jack Spencer, qui travaillait auparavant comme coach personnel en Irlande, a abandonné ses vidéos de conseils sportifs pour l’investissement en actions en mars 2020. À 23 ans, il réalise des entretiens vidéo avec des patrons de start-up vêtu d’une chemise barrée de la mention « Not A Financial Advisor » (« Je ne suis pas conseiller financier »), avec en arrière-plan un cellier bien garni. M. Spencer, qui compte 94 000 abonnés sur YouTube, n’a pas répondu à nos sollicitations.

Sur TikTok, Tori Dunlap (connue sur l’application en tant que @herfirst100k) explique à ses 1,7 million de fans comment créer une entreprise et quelle dette il convient de rembourser en premier lieu. La jeune femme, âgée de 27 ans, met au point une application afin de promouvoir une « communauté d’investissement sans préjugé », pour aider les femmes à se sentir suffisamment à l’aise pour échanger des conseils d’investissement et gérer des placements dans leurs comptes de courtage.

Après avoir abandonné ses études, Cameron Newell, alias CamTheMan, a commencé à investir dans des actions à moins de un dollar il y a environ trois ans. Cet habitant de l’Etat du Washington affirme avoir ainsi gagné l’an dernier 5 millions de dollars. Le jeune homme offre ses conseils sur TikTok et héberge un groupe discussions sur Discord – l’application prisée des amateurs de jeux vidéo – où ses fans peuvent suivre et reprendre à leur compte ses placements, ou participer de temps à temps à des défis dont l’objectif est de parvenir à atteindre 1 million de dollars sur la base d’un investissement initial de 1 000 dollars.

« La finance traditionnelle est une boîte noire, déclare Sarah Petite, une consultante en réseaux sociaux à Los Angeles. La génération actuelle regarde ses parents et pense, « Votre manière de concevoir l’argent ? Ce n’est plus comme ça que cela marche ». »

Aujourd’hui, les jeunes gens sont en quête d’une feuille de route pour réaliser d’importants profits, et leur tendance prononcée à l’indépendance conduit un grand nombre d’entre eux à se tourner vers les influenceurs en ligne pour obtenir des conseils gratuits, plutôt qu’à confier leur argent à un gérant de portefeuille classique moyennant finance. Beaucoup ne se préoccupent pas des qualifications dont disposent ceux qui prodiguent leurs conseils, si l’on en croit les experts et les jeunes investisseurs eux-mêmes.

« J’ai un principe : ne pas payer quelque chose que l’on peut obtenir gratuitement », explique Rex Wu, un investisseur de 33 ans habitant à Tampa Bay en Floride, qui suit régulièrement M. Paffrath et plusieurs autres figures du conseil boursier en ligne. M. Wu indique avoir investi quelques centaines de milliers de dollars sur la base d’éléments qu’il a « appris en ligne auprès de gars comme Kevin ». Depuis le début de l’année, son portefeuille affiche un rendement de 23 %, contre 21 % pour l’indice S&P500.

« Si je m’adressais à JPMorgan, ils auraient tendance à vouloir récupérer mes investissements et à en faire trop, estime M. Wu. Les gars sur internet ne cherchent pas vraiment à me vendre quoi que ce soit. »

Néanmoins, ce modèle en ligne est totalement nouveau, et les influenceurs sont jugés sur la base du contenu qu’ils produisent davantage que sur les performances de leurs placements. Ils sont souvent payés en fonction du nombre de leurs abonnés et visiteurs plutôt que sur les revenus que leurs conseils en investissement rapportent à leur public.

Règle n°1 : le public doit pouvoir s’identifier à l’influenceur

Cette nouvelle génération de gourous de la finance officiant sur les réseaux sociaux exploite la méfiance innée des jeunes gens envers l’élite financière, qu’ils jugent contrôlée par le milieu de Wall Street, composé d’« anciens » auxquels ils ne peuvent pas s’identifier.

Inspirer confiance au public est l’un des maîtres-mots de ces nouveaux conseillers en investissement sur YouTube

« Les gens de mon âge ne regardent plus les chaînes câblées, observe Mme Petite, qui a 24 ans. Je ne connais personne qui suit l’actualité financière à la télévision. Ils se tournent vers les chaînes YouTube spécialisées et les réseaux sociaux. Je ne crois pas qu’il viendrait à l’esprit de quiconque parmi eux de confier leur argent à un type en costume à Wall Street. »

Inspirer confiance au public est l’un des maîtres-mots de ces nouveaux conseillers en investissement sur YouTube.

Rose Han, 32 ans, est titulaire d’un diplôme en finance de l’Université de New York. Il y a cinq ans, elle a quitté son poste de trader en devises chez HSBC et commencé à réaliser des vidéos sur YouTube sur le négoce d’options, l’investissement dans des fonds et les comptes financiers personnels.

Elle a un demi-million d’abonnés sur YouTube, et 54 000 « followers » sur Instagram. Mme Han, qui propose des cours d’investissement, affirme gagner aujourd’hui dix fois plus que lorsqu’elle était salariée.

« Si vous regardez CNBC, vous verrez des hommes blancs d’un certain âge à qui il est difficile de s’identifier : je ne leur ressemble pas, et un grand nombre de mes followers ne leur ressemblent pas non plus, note-t-elle. Comme je suis une femme, les femmes me font confiance, elles préfèrent apprendre quelque chose auprès de moi que d’un stéréotype de la finance. » Mme Han affirme avoir gagné 2 millions de dollars depuis le début de l’année grâce aux recettes publicitaires de YouTube et à la vente de ses cours d’investissement en ligne.

Règle n°2 : l’influenceur doit faire rêver son public

La génération Z – née entre 1992 et 2002 environ – est plus sensible aux signes extérieurs de richesse tels que les voitures et vêtements de luxe qu’aux diplômes d’écoles de commerce, certifications financières ou apparitions dans les journaux télévisés, observent les experts. C’est pourquoi ils peuvent être facilement victimes d’escroquerie et finir ruinés, souligne Ted Klontz, professeur en finance comportementale à l’université Creighton.

TikTok regorge de comptes publicitaires comme celui de The Daily Trader, un millionnaire autoproclamé de 19 ans qui diffuse des vidéos le montrant au volant d’une Audi R8 flambant neuve, ou bien au bord de la piscine d’une villa de Beverly Hills dont il affirme qu’elle vaut 20 millions de dollars, ou encore attablé dans l’un des restaurants les plus chers de Los Angeles

« Cet univers ressemble en grande partie à une fosse aux serpents, c’est très inquiétant, déclare M. Klontz. Le cerveau humain n’arrive pas entièrement à maturité avant 25 ans. Les jeunes qui n’ont pas atteint cet âge sont hautement influençables. Nous savons que l’investissement au jour le jour ne produit pas de richesse à long terme pour la vaste majorité de ceux qui le pratiquent, mais les influenceurs ciblent justement la partie du cerveau moins inhibée, qui nous conduit à penser qu’on fera exception. C’est ce qui entraîne la spéculation, et d’autres types de comportement à très haut risque. »

TikTok regorge de comptes publicitaires comme celui de The Daily Trader, un millionnaire autoproclamé de 19 ans qui diffuse des vidéos le montrant au volant d’une Audi R8 flambant neuve, ou bien au bord de la piscine d’une villa de Beverly Hills dont il affirme qu’elle vaut 20 millions de dollars, ou encore attablé dans l’un des restaurants les plus chers de Los Angeles.

Ces vidéos tape-à-l’œil postées sur TikTok sont associées à son profil sur Discord, où il vend des abonnements dans le cadre d’un programme de « mentorat », lequel inclut une série de tutoriels destinés à aider les spéculateurs à court terme à copier son « système de trading » pour 294 dollars par personne. Au moins 1 600 utilisateurs se sont inscrits au programme, selon des informations communiquées à un journaliste du Wall Street Journal qui a rejoint le groupe. The Daily Trader n’a pas répondu à une demande de commentaire.

Cette dynamique marquée par une aspiration à la réussite matérielle pousse les créateurs de contenu, selon leurs propres aveux, à ne partager que des récits positifs, ce qui peut être très éloigné de la réalité.

Casey Adams, 20 ans, a grandi près de Richmond en Virginie. Il a réalisé 300 entretiens avec des dirigeants d’entreprise et des investisseurs pour sa chaîne YouTube, y compris avec le cofondateur de Netflix, Marc Randolph, avec le célèbre créateur de start-up et investisseur en cryptomonnaies Tyler Winklevoss, et, à plusieurs reprises durant l’année écoulée, avec Maye Musk, la mère d’Elon Musk.

M. Adams indique gagner environ 300 000 dollars par an en placements publicitaires et sur son activité de conseil médias, mais il reconnaît qu’un grand nombre de milliardaires et de fondateurs de start-up qui acceptent ses invitations viennent pour répondre à des questions faciles et avoir une chance de s’adresser directement à de jeunes investisseurs individuels.

L’an dernier, M. Adams a obtenu une rare interview de trente minutes avec Trevor Milton, le patron milliardaire de la start-up de véhicules électriques Nikola Corp.

« Les gars, vous écrasez tout sur votre passage, vous allez révolutionner totalement le secteur », a fait remarquer le jeune homme au visage poupon à M. Milton durant l’entretien.

Quatre mois plus tard, après l’entrée en Bourse de Nikola via une fusion inversée, un vendeur à découvert a publié un rapport accablant, accusant M. Milton d’irrégularités et l’action a perdu plus des deux tiers de sa valeur. Une enquête fédérale a été lancée et M. Milton a quitté ses fonctions de président exécutif.

« J’adopte une approche amicale, explique M. Adams. La majorité de mon public est composée de jeunes qui cherchent à comprendre les marchés financiers ou à investir de manière plus stratégique, qu’il s’agisse de NFT, de cryptomonnaies, de l’histoire d’un fondateur, de culture d’entreprise… Je ne veux pas me considérer comme un expert. »

Règle n°3 : n’émettre que des avis positifs

Comme la plupart des créateurs de contenu, les influenceurs doivent être populaires pour prospérer. Or, dans un contexte de marchés depuis longtemps haussiers, seuls les succès et les bons tuyaux sont populaires.

De nombreux influenceurs indiquent que lorsqu’ils font du battage autour d’un placement, ils obtiennent le nombre de vues qu’ils cherchent à s’attirer. S’ils se montrent pessimistes, en revanche, ils voient leur public se détourner d’eux, voire font l’objet d’attaques de « trolls ».

« Depuis qu’ils sont adultes, le marché n’a évolué qu’à la hausse, et si vous n’allez pas dans ce sens, c’est que vous n’y comprenez rien », observe Scott Galloway, professeur de marketing à l’Université de New York, qui lui-même a subi des attaques après avoir publié des vidéos où il se montrait sceptique vis-à-vis de certaines entreprises.

Le véritable danger en ce qui concerne la finance sur les réseaux sociaux, estime M. Galloway, tient au fait que les jeunes influenceurs tendent à croire que les marchés ne peuvent que progresser. Ceux qui les suivent renforcent cette idée.

« C’est réellement alarmant, car si vous dites que le bitcoin, ou Tesla, ou n’importe quel SPAC en vogue sont surévalués, ces trolls qui utilisent des comptes anonymes commencent à vous attaquer », note M. Galloway.

Les détracteurs des placements en cryptomonnaie se voient accuser par les trolls de propager la peur, l’incertitude et le doute, ce qui est une manière de discréditer un influenceur. Dans le monde du conseil financier en ligne, des femmes ont aussi déclaré avoir été victimes de harcèlement sexuel après avoir publié des avis négatifs.

M. Paffrath, qui compte se risquer le mois prochain à briguer le poste de gouverneur de Californie – l’actuel gouverneur, Gavin Newsom, faisant face à un scrutin de rappel – affirme qu’il est ramené chaque jour à cette réalité.

« ​Je veux bien jouer le jeu de la hausse sans fin, mais soyons clair : on ne peut faire réellement fortune que sur le long terme. Le problème est que sur YouTube, aucune de mes vidéos allant dans ce sens n’attire qui que ce soit. »

Un mercredi après-midi de la fin du mois de mai, vêtu d’un sweat-shirt à fermeture Eclair et d’une cravate, M. Paffrath est entré dans son studio d’enregistrement pour lancer sa discussion quotidienne en direct sur les marchés d’actions.

Le sujet du jour était AMC Entertainment Holdings, la chaîne de cinémas en difficulté qui a vu son cours boursier s’envoler au printemps, porté par les investisseurs individuels, dont beaucoup de jeunes gens qui passent l’essentiel de leurs temps sur Internet, ainsi que par la folie des « actions mèmes », dont GamesStop et Tesla.

AMC connaissait alors une semaine volatile mais ce jour-là, elle avait clôturé en hausse de 10 %. M. Paffrath a mis en garde ses followers contre l’achat d’actions AMC – les fonds spéculatifs semblaient friands de positions courtes sur le titre, dont le cours pouvait s’effondrer à tout moment, soulignait-il.

« Pourquoi avez-vous un avis si négatif ? », lui a demandé un internaute.

« Je ne suis pas négatif, je suis juste réaliste, a répondu M. Paffrath. Ecoutez, je suis tout à faire pour que AMC atteigne des sommets, mais tout ce que je veux dire, c’est que si vous vous accrochez à quelque chose que vous ne comprenez pas… Mieux vaut être prudent. »

A la fin de sa vidéo, M. Paffrath a commencé à perdre des abonnés par milliers, raconte-t-il. La plupart des vidéos assorties de titres positifs sont vues plus de 200 000 fois, précise-t-il, tandis que celles qui contiennent des avis négatifs sur une entreprise ou un secteur n’attirent jamais plus de 60 000 vues.

« C’est un peu comme un astronaute qui doit montrer à quel point il est amusant de vivre dans une fusée, mais vous ne faites pas ça toute votre vie, note M. Paffrath.

« ​Je veux bien jouer le jeu de la hausse sans fin, mais soyons clair : on ne peut faire réellement fortune que sur le long terme. Le problème est que sur YouTube, aucune de mes vidéos allant dans ce sens n’attire qui que ce soit. »

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Anne Montanaro)

Présidentielles 2022 : l’influence majeure de la question de la délinquance

Présidentielles 2022 : l’influence majeure de la question de la délinquance

Les élections présidentielles de 2022 seront bien entendues influencées par plusieurs facteurs. La situation économique, la situation sociale mais aussi et surtout sans doute la question de la délinquance notamment dans la vie quotidienne (et pas seulement dans les banlieues difficiles même si la cela prend un caractère particulièrement inquiétant). Un phénomène que ne supporte plus une grosse majorité des Français. Ce qu’estime aussi Jérôme FOURQUET ,directeur du pôle opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop, auteur de L’Archipel français.(Interview dans le Figaro)

Des affaires de délinquance graves ne cessent de faire la une des médias. L’opinion juge-t-elle que leur nombre augmente de façon incontestable et que l’insécurité progresse?

 

Jérôme FOURQUET. -Selon une enquête Ifop-Fiducial pour CNews et Sud Radio effectuée il y a deux semaines, 71% des Français estimaient que la délinquance avait augmenté au cours des derniers mois, dont 48% qu’elle avait même «beaucoup» augmenté. Ce sombre diagnostic, très largement partagé dans la population, ne tombe pas du ciel et le fameux «sentiment d’insécurité» n’est pas une vue de l’esprit ou un fantasme, comme certains avaient pu le dire au début des années 2000. Cette perception s’ancre dans une litanie d’affaires et de faits, qui ne cessent de scander l’actualité depuis des années. Alors que l’épidémie de Covid-19 sature les ondes et les écrans, les faits liés à la délinquance (rixes entre bandes de jeunes, violences urbaines, etc.) parviennent régulièrement à franchir ce mur du son et marquent

Un accord d’investissement sino-européen préparé en douce sous l’influence de l’Allemagne

Un accord d’investissement sino-européen préparé en douce sous l’influence de l’Allemagne

 

En vérité , les discussions ont commencé il y a environ cinq ans mais c’est la signature qui paraît un peu précipitée. Une signature qui pourrait intervenir dans les jours à venir sous l’insistance de la Chine bien sûr mais aussi de l’Allemagne qui veut développer ses implantations en Chine considérée comme le marché d’avenir.

Le problème c’est que cette problématique n’a pratiquement pas été abordée publiquement en France ni dans beaucoup d’autres pays européens.

La découverte publique de cette affaire pourrait une nouvelle fois poser la question de la fâcheuse tendance de l’Allemagne a privilégié son seul business. “L’accord pourrait être bouclé dès cette semaine”, a dit la source anonyme à Reuters ( un technocrate de Bruxelles sans doute)

“Notre accès au marché sera bien meilleur, de même que la protection de nos investissements en Chine. Nous travaillons depuis des années à l’amélioration de l’accès au marché et les Chinois ont fait un grand pas en notre direction”, a ajouté la source.

L’influence des sites marchands est en réalité un phénomène commun (Stéphane Laurens)

 L’influence des sites marchands  est en réalité un phénomène commun   (Stéphane Laurens)

Le professeur de psychologie Stéphane Laurens réfute, dans une tribune au « Monde », l’idée d’un « danger » de manipulation par les algorithmes des sites marchands, alors qu’il s’agit de pratiques aussi vieilles que le commerce. Elle considère que c’est un phénomène très ancien dans le commerce. La seule différence qu’oublie  Stéphane Laurens  c’est que les outils d’influence sont autrement plus puissants. Rien n’avoir entre les effets d’une politique commerciale d’une marque en 1920 par exemple et les effets marketing d’aujourd’hui. Avant quelques centaines voire  au mieux quelques milliers de clients potentiels étaient touchés maintenant ce sont des millions voire des milliards comme Facebook. Le phénomène de masse écrase tout, la puissance de distribution étouffe toute autre concurrence.

 

Tribune. Dans le compte rendu d’une étude américaine sur l’influence des moteurs de recommandation sur nos choix et nos goûts, le chercheur Charles Cuvelliez mettait en garde ses lecteurs : « Nos goûts et préférences pourraient être manipulables par des outils. Un site peu scrupuleux peut donc nous amener à payer pour des biens de consommation qui ne nous plaisent pas forcément ou qui ne nous correspondent pas. Pis, ces mêmes outils nous inciteront aussi à payer plus cher pour des biens parce qu’ils nous font croire qu’on les aime ». (« Les moteurs de recommandation font plus qu’influencer nos choix : ils modifient nos goûts ! »Le Monde du 11 mai 2019).

Dans trois expériences, ces chercheurs américains manipulaient la notation de morceaux de musique, les présentant accompagnés de 1 à 5 étoiles, précisant aux participants que cette notation était calculée à partir de leurs préférences passées. Les résultats montraient que plus il y avait d’étoiles, plus les participants étaient disposés à acheter le morceau (« The Hidden Side Effects of Recommendation Systems », Gediminas Adomavicius, Jesse Bockstedt, Shawn P. Curley, Jingjing Zhang et Sam Ransbotham, MIT Sloan Management Review, hiver 2019). Adomavicius et ses collègues mentionnaient bien dans cet article le « côté obscur » des moteurs de recommandation et leur capacité à manipuler nos préférences sans que nous en ayons conscience.

Mais ce texte est lui-même un compte rendu d’une étude que ces mêmes auteurs ont publié en 2017. Or, dans l’étude initiale, le propos est bien différent : alors que le texte est dix fois plus long, il n’est jamais fait mention du moindre danger et les auteurs se contentent très brièvement de parler de biais dans les prises de décision des consommateurs (« Effects of Online Recommendations on Consumers’ Willingness to Pay », Gediminas Adomavicius, Jesse Bockstedt, Shawn P. Curley, et Jingjing Zhang, Information Systems Research n° 29/1, 2018).

Passons sur cet étrange cheminement qui voit les résultats d’une étude scientifique simplifiés et exagérés par les auteurs de cette même étude, et où un compte rendu est effectué non à partir de l’étude elle-même, mais de sa version écourtée et « colorée ».




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