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Economie-Chute des marchés financiers : pourquoi ?

Economie-Chute des marchés financiers : pourquoi ?

 

Début août, de Tokyo à Paris, en passant par Francfort et Londres, les principales places financières mondiales ont subi une forte correction. Pour certaines, ce fut un «lundi noir» : l’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a perdu 12,4% – sa pire journée depuis 37 ans –, le CAC 40 (Paris) 1,42%, le FTSE (Londres) 2,04%, le Dax (Francfort) 1,82%. Outre-Atlantique, les trois principaux indicateurs de Wall Street ont, eux aussi, conclu sur une chute brutale : 3,43% pour le Nasdaq – son plus fort repli en une journée depuis septembre 2022 –, 3% pour le S&P 500 et 2,60% pour le Dow Jones. La nervosité a même touché le marché des cryptoactifs : le cours du Bitcoin a perdu près de 17%Face à de telles secousses, une question s’impose : Pourquoi maintenant ? Les réponses apportées ont été principalement de deux ordres. D’une part, les opérations de «yen carry trade». Cette stratégie de portage consiste à s’endetter, à un bas taux d’intérêt, pour investir, dans le reste du monde, sur des produits ayant des rendements plus élevés que le taux d’emprunt et profiter ainsi du différentiel de taux. Depuis plusieurs mois, les positions se sont multipliées sur la devise nippone, dont le cours par rapport au dollar américain ou à l’euro était resté faible. Le relèvement inattendu, le 31 juillet, des taux d’intérêt par la Bank of Japan afin de soutenir la monnaie nationale, qui s’était fortement dépréciée (10%) par rapport au dollar américain, a débouché sur une réduction de l’écart de taux et sur une appréciation du yen par rapport aux principales devises internationales, provoquant les premières pertes pour «les carry-traders». D’autre part, la dégradation mondiale du climat des affaires, en particulier, le ralentissement de l’économie américaine, même si la situation est encore plus préoccupante en Europe, en Chine, au Japon… Dans un contexte où les marchés ont pris connaissance de toute une batterie d’indicateurs extrêmement mauvais (indicateur d’activité manufacturière ISM, commandes de biens durables…), les craintes d’une récession aux États-Unis se sont amplifiées à la suite de la publication de statistiques sur l’emploi, plus mauvaises qu’anticipées.

 

par Michel Ruimy
Professeur affilié, ESCP Business School dans The Conversation 
L’économie américaine a créé, en juillet, 114 000 emplois soit environ 30% de moins qu’attendu tandis que le taux de chômage s’établissait, en légère hausse, à 4,3% de la population active, son plus haut niveau depuis 2021. Ces chiffres ont provoqué un changement brutal de narratif. Les marchés sont passés d’une surveillance quasi exclusive du taux d’inflation à celles du taux de croissance et du marché du travail. Aujourd’hui, toute mauvaise nouvelle fait vendre les marchés alors qu’il y a quelque temps encore, une situation similaire aurait été anticipée comme le signe d’une future baisse de taux d’intérêt.

La réaction des marchés à ces nouvelles a été exagérée. En effet, la hausse du principal taux d’intérêt directeur de la Bank of Japan (passage de 0,10% à 0,25%) positionne le nouveau niveau, loin de l’objectif de celui des «Fed funds» de la banque centrale américaine (5,50%). Il n’y a donc pas péril en la demeure ! De même, les craintes de récession aux États-Unis apparaissent exagérées en dépit du ralentissement de l’activité et de ses perspectives pour le second semestre de l’année. Même à 4,3%, le taux de chômage américain reste en phase avec une situation de plein-emploi.

En cas de dégradation de la situation, la Federal Reserve a annoncé, à cet égard, dès le 31 juillet, qu’elle n’hésiterait pas à assouplir sa politique monétaire en septembre prochain, ce qui aurait dû rassurer la Bourse. Si ces évolutions ont contribué à la tourmente du 5 août, elles paraissent cependant insuffisantes pour justifier l’ampleur de la chute et de son processus viral.

Ces derniers mois et semaines, il y a eu beaucoup d’excès sur les marchés et, avec eux, une nécessité de purger un certain nombre d’entre eux. Cette correction résulte de la conjonction de plusieurs facteurs de nervosité. Tout d’abord, la chute des cours boursiers nous indique que nous sommes davantage sur une « crise de compte de résultats » que sur une «crise bilantaire». En effet, aucun acteur financier n’a rencontré de difficultés financières. Les établissements de crédit sont moins endettés et le système financier moins exposé à une crise de liquidités qu’auparavant, les prêteurs privés assumant désormais une grande partie des risques qui, antérieurement, reposaient sur les banques.

En fait, les diverses anticipations optimistes sur l’essor des nouvelles technologies, notamment sur celui de l’intelligence artificielle (IA), ont poussé fortement à la hausse les cours boursiers des entreprises du secteur. Par leur forte croissance et leur forte rentabilité, ces sociétés ont déjà enrichi les investisseurs. Mais, si le potentiel de l’IA ne fait pas débat, en revanche, la valorisation élevée de ces acteurs inquiétait les opérateurs. Dans un contexte de ralentissement économique et après l’annonce par Berkshire Hathaway, le fonds d’investissement de Warren Buffett, de la vente de la moitié de ses actions Apple, leur crainte a été de voir les entreprises technologiques – les «Magnificent Seven» – réaliser de lourds investissements dans l’intelligence artificielle pour des résultats jugés peu convaincants. Cette chute pourrait être ainsi le début du dégonflement de la bulle financière, liée au boom de l’intelligence artificielle, annoncée depuis plusieurs mois.
Ensuite, la publication des chiffres de l’emploi américain a interpellé les marchés. La croissance marginale du taux de chômage a suffi à activer une règle heuristique de mesure du cycle économique : la règle de Sahm. Celle-ci établit un lien entre taux de chômage et risque de récession aux États-Unis : historiquement, si la moyenne des trois derniers mois du taux de chômage surpasse de 0,5 point de pourcentage son niveau le plus bas des douze derniers mois, l’économie américaine vient de rentrer en récession. Cette règle a daté, avec succès, la plupart des récessions américaines passées. La crainte que cette règle ne se vérifie de nouveau est, en partie, responsable du fléchissement des bourses mondiales.

Pour autant, cette règle est-elle vraiment fiable ? Car le caractère «heuristique» de cet indicateur signifie qu’une régularité statistique est observée mais qu’aucune loi économique n’est sous-tendue par une modélisation de la réalité. Il n’en demeure pas moins que cette règle permet d’affirmer, avec une certaine confiance, que l’économie américaine connaît une détérioration du marché de l’emploi qui devrait préoccuper les autorités monétaires même si des indicateurs clés de l’économie semblent toujours bons. C’est, pour le moment, le seul indicateur économique porteur de ce message. Les tensions du marché du travail américain agitent les marchés pour de bonnes raisons, mais l’heure du «hard landing» n’a probablement pas encore sonné.

Par ailleurs, le stress observé le 5 août est un signal envoyé aux autorités monétaires. En effet, le marché est un indicateur avancé du cycle économique. Les bourses anticipent et réagissent à l’évolution des principaux indicateurs économiques dans le monde, aux «faits et gestes» des acteurs économiques… Les dernières statistiques relatives au marché du travail ont interpellé les opérateurs de marché. L’écart entre les prévisions et les résultats est tel qu’il interroge sur le bon pilotage de l’économie américaine, facteur clef à quelques semaines de l’élection présidentielle. Les banques centrales sont donc dans l’obligation de gérer la situation économique correctement afin d’éviter une récession au risque de poser un grave problème aux États, incapables de faire face à une potentielle crise du fait de la dégradation de leurs finances publiques.

Enfin, la chute des indices boursiers peut également être expliquée par des raisons techniques, comme le trading de haute fréquence (THF). Le THF est une méthode automatisée s’appuyant sur des algorithmes complexes et sur des ordinateurs puissants pour exécuter des ordres à très grande vitesse – de l’ordre de la nanoseconde – en tirant profit d’écarts de prix, même minimes, sur les valeurs. Optimiser la vitesse d’accès au marché et le volume quotidien d’ordres passés est donc essentiel.

Aujourd’hui, près des deux tiers des transactions effectuées sur les marchés «actions» sont réalisées selon ce processus. La maximisation opérationnelle a donc un réel impact sur les marchés financiers à l’échelle mondiale en accentuant les variations, tant à la hausse qu’à la baisse, des cours boursiers en un court laps de temps. Ceci s’est déjà fait sentir par le passé (Cf. «Flash crash» du 6 mai 2010, 1er août 2012 : Quasi-faillite de Knight Capital, 5 février 2018 : forte baisse du Dow Jones…). Il est donc vraisemblable que le THF ait joué un rôle non négligeable sur les performances boursières enregistrées.

Le risque d’une crise systémique ?
Prédire l’orientation du marché en fonction des performances précédentes n’est pas nouveau. À ce jour, il n’y a pas de déséquilibres macro-économiques ou financiers pouvant mener à une crise globale. Les marchés ont besoin de souffler après les incertitudes géopolitiques et les tensions économiques de ces dernières années. De surcroît, la Federal Reserve devrait commencer prochainement à baisser ses taux directeurs et apporter de l’oxygène à l’économie.

Pour l’instant, la seule raison valable de la chute de la Bourse réside dans la correction de la flambée excessive des actions de ces derniers mois. Quant aux autres raisons profondes, elles tiennent à «autre chose», en particulier aux rumeurs qui ont fait paniquer temporairement les investisseurs (Troisième guerre mondiale, risque d’une crise politico-sociale majeure en France et dans l’ensemble de la zone euro, risque d’une faillite bancaire de grande envergure…). La rapidité avec laquelle les bourses mondiales ont rebondi les jours suivants semble montrer que ces dangers ont pour l’instant été mis de côté. Jusqu’à quand ? L’avenir le dira. Il est trop tôt pour être inquiet, pas pour être vigilant.

Chute des marchés financiers : pourquoi ?

Chute des marchés financiers : pourquoi ?

 

Début août, de Tokyo à Paris, en passant par Francfort et Londres, les principales places financières mondiales ont subi une forte correction. Pour certaines, ce fut un «lundi noir» : l’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a perdu 12,4% – sa pire journée depuis 37 ans –, le CAC 40 (Paris) 1,42%, le FTSE (Londres) 2,04%, le Dax (Francfort) 1,82%. Outre-Atlantique, les trois principaux indicateurs de Wall Street ont, eux aussi, conclu sur une chute brutale : 3,43% pour le Nasdaq – son plus fort repli en une journée depuis septembre 2022 –, 3% pour le S&P 500 et 2,60% pour le Dow Jones. La nervosité a même touché le marché des cryptoactifs : le cours du Bitcoin a perdu près de 17%Face à de telles secousses, une question s’impose : Pourquoi maintenant ? Les réponses apportées ont été principalement de deux ordres. D’une part, les opérations de «yen carry trade». Cette stratégie de portage consiste à s’endetter, à un bas taux d’intérêt, pour investir, dans le reste du monde, sur des produits ayant des rendements plus élevés que le taux d’emprunt et profiter ainsi du différentiel de taux. Depuis plusieurs mois, les positions se sont multipliées sur la devise nippone, dont le cours par rapport au dollar américain ou à l’euro était resté faible. Le relèvement inattendu, le 31 juillet, des taux d’intérêt par la Bank of Japan afin de soutenir la monnaie nationale, qui s’était fortement dépréciée (10%) par rapport au dollar américain, a débouché sur une réduction de l’écart de taux et sur une appréciation du yen par rapport aux principales devises internationales, provoquant les premières pertes pour «les carry-traders». D’autre part, la dégradation mondiale du climat des affaires, en particulier, le ralentissement de l’économie américaine, même si la situation est encore plus préoccupante en Europe, en Chine, au Japon… Dans un contexte où les marchés ont pris connaissance de toute une batterie d’indicateurs extrêmement mauvais (indicateur d’activité manufacturière ISM, commandes de biens durables…), les craintes d’une récession aux États-Unis se sont amplifiées à la suite de la publication de statistiques sur l’emploi, plus mauvaises qu’anticipées.

 

par Michel Ruimy
Professeur affilié, ESCP Business School dans The Conversation 

 
L’économie américaine a créé, en juillet, 114 000 emplois soit environ 30% de moins qu’attendu tandis que le taux de chômage s’établissait, en légère hausse, à 4,3% de la population active, son plus haut niveau depuis 2021. Ces chiffres ont provoqué un changement brutal de narratif. Les marchés sont passés d’une surveillance quasi exclusive du taux d’inflation à celles du taux de croissance et du marché du travail. Aujourd’hui, toute mauvaise nouvelle fait vendre les marchés alors qu’il y a quelque temps encore, une situation similaire aurait été anticipée comme le signe d’une future baisse de taux d’intérêt.

La réaction des marchés à ces nouvelles a été exagérée. En effet, la hausse du principal taux d’intérêt directeur de la Bank of Japan (passage de 0,10% à 0,25%) positionne le nouveau niveau, loin de l’objectif de celui des «Fed funds» de la banque centrale américaine (5,50%). Il n’y a donc pas péril en la demeure ! De même, les craintes de récession aux États-Unis apparaissent exagérées en dépit du ralentissement de l’activité et de ses perspectives pour le second semestre de l’année. Même à 4,3%, le taux de chômage américain reste en phase avec une situation de plein-emploi.

En cas de dégradation de la situation, la Federal Reserve a annoncé, à cet égard, dès le 31 juillet, qu’elle n’hésiterait pas à assouplir sa politique monétaire en septembre prochain, ce qui aurait dû rassurer la Bourse. Si ces évolutions ont contribué à la tourmente du 5 août, elles paraissent cependant insuffisantes pour justifier l’ampleur de la chute et de son processus viral.

Ces derniers mois et semaines, il y a eu beaucoup d’excès sur les marchés et, avec eux, une nécessité de purger un certain nombre d’entre eux. Cette correction résulte de la conjonction de plusieurs facteurs de nervosité. Tout d’abord, la chute des cours boursiers nous indique que nous sommes davantage sur une « crise de compte de résultats » que sur une «crise bilantaire». En effet, aucun acteur financier n’a rencontré de difficultés financières. Les établissements de crédit sont moins endettés et le système financier moins exposé à une crise de liquidités qu’auparavant, les prêteurs privés assumant désormais une grande partie des risques qui, antérieurement, reposaient sur les banques.

En fait, les diverses anticipations optimistes sur l’essor des nouvelles technologies, notamment sur celui de l’intelligence artificielle (IA), ont poussé fortement à la hausse les cours boursiers des entreprises du secteur. Par leur forte croissance et leur forte rentabilité, ces sociétés ont déjà enrichi les investisseurs. Mais, si le potentiel de l’IA ne fait pas débat, en revanche, la valorisation élevée de ces acteurs inquiétait les opérateurs. Dans un contexte de ralentissement économique et après l’annonce par Berkshire Hathaway, le fonds d’investissement de Warren Buffett, de la vente de la moitié de ses actions Apple, leur crainte a été de voir les entreprises technologiques – les «Magnificent Seven» – réaliser de lourds investissements dans l’intelligence artificielle pour des résultats jugés peu convaincants. Cette chute pourrait être ainsi le début du dégonflement de la bulle financière, liée au boom de l’intelligence artificielle, annoncée depuis plusieurs mois.
Ensuite, la publication des chiffres de l’emploi américain a interpellé les marchés. La croissance marginale du taux de chômage a suffi à activer une règle heuristique de mesure du cycle économique : la règle de Sahm. Celle-ci établit un lien entre taux de chômage et risque de récession aux États-Unis : historiquement, si la moyenne des trois derniers mois du taux de chômage surpasse de 0,5 point de pourcentage son niveau le plus bas des douze derniers mois, l’économie américaine vient de rentrer en récession. Cette règle a daté, avec succès, la plupart des récessions américaines passées. La crainte que cette règle ne se vérifie de nouveau est, en partie, responsable du fléchissement des bourses mondiales.

Pour autant, cette règle est-elle vraiment fiable ? Car le caractère «heuristique» de cet indicateur signifie qu’une régularité statistique est observée mais qu’aucune loi économique n’est sous-tendue par une modélisation de la réalité. Il n’en demeure pas moins que cette règle permet d’affirmer, avec une certaine confiance, que l’économie américaine connaît une détérioration du marché de l’emploi qui devrait préoccuper les autorités monétaires même si des indicateurs clés de l’économie semblent toujours bons. C’est, pour le moment, le seul indicateur économique porteur de ce message. Les tensions du marché du travail américain agitent les marchés pour de bonnes raisons, mais l’heure du «hard landing» n’a probablement pas encore sonné.

Par ailleurs, le stress observé le 5 août est un signal envoyé aux autorités monétaires. En effet, le marché est un indicateur avancé du cycle économique. Les bourses anticipent et réagissent à l’évolution des principaux indicateurs économiques dans le monde, aux «faits et gestes» des acteurs économiques… Les dernières statistiques relatives au marché du travail ont interpellé les opérateurs de marché. L’écart entre les prévisions et les résultats est tel qu’il interroge sur le bon pilotage de l’économie américaine, facteur clef à quelques semaines de l’élection présidentielle. Les banques centrales sont donc dans l’obligation de gérer la situation économique correctement afin d’éviter une récession au risque de poser un grave problème aux États, incapables de faire face à une potentielle crise du fait de la dégradation de leurs finances publiques.

Enfin, la chute des indices boursiers peut également être expliquée par des raisons techniques, comme le trading de haute fréquence (THF). Le THF est une méthode automatisée s’appuyant sur des algorithmes complexes et sur des ordinateurs puissants pour exécuter des ordres à très grande vitesse – de l’ordre de la nanoseconde – en tirant profit d’écarts de prix, même minimes, sur les valeurs. Optimiser la vitesse d’accès au marché et le volume quotidien d’ordres passés est donc essentiel.

Aujourd’hui, près des deux tiers des transactions effectuées sur les marchés «actions» sont réalisées selon ce processus. La maximisation opérationnelle a donc un réel impact sur les marchés financiers à l’échelle mondiale en accentuant les variations, tant à la hausse qu’à la baisse, des cours boursiers en un court laps de temps. Ceci s’est déjà fait sentir par le passé (Cf. «Flash crash» du 6 mai 2010, 1er août 2012 : Quasi-faillite de Knight Capital, 5 février 2018 : forte baisse du Dow Jones…). Il est donc vraisemblable que le THF ait joué un rôle non négligeable sur les performances boursières enregistrées.

Le risque d’une crise systémique ?
Prédire l’orientation du marché en fonction des performances précédentes n’est pas nouveau. À ce jour, il n’y a pas de déséquilibres macro-économiques ou financiers pouvant mener à une crise globale. Les marchés ont besoin de souffler après les incertitudes géopolitiques et les tensions économiques de ces dernières années. De surcroît, la Federal Reserve devrait commencer prochainement à baisser ses taux directeurs et apporter de l’oxygène à l’économie.

Pour l’instant, la seule raison valable de la chute de la Bourse réside dans la correction de la flambée excessive des actions de ces derniers mois. Quant aux autres raisons profondes, elles tiennent à «autre chose», en particulier aux rumeurs qui ont fait paniquer temporairement les investisseurs (Troisième guerre mondiale, risque d’une crise politico-sociale majeure en France et dans l’ensemble de la zone euro, risque d’une faillite bancaire de grande envergure…). La rapidité avec laquelle les bourses mondiales ont rebondi les jours suivants semble montrer que ces dangers ont pour l’instant été mis de côté. Jusqu’à quand ? L’avenir le dira. Il est trop tôt pour être inquiet, pas pour être vigilant.

Marchés et perspectives économiques : yo-yo sur une tendance baissière

Marchés et perspectives économiques : yo-yo sur une tendance baissière

 

Certains experts économiques  s’étonnent  du relatif changement de tendance économique pourtant prévisible. Le premier facteur explicatif est sans doute le tassement chinois toujours engoncé dans ses problèmes financiers, le ralentissement de ses échanges internationaux et la faiblesse de sa consommation intérieure. Contrairement à beaucoup de prévisions, les perspectives économiques de 2025 ne seront pas aussi dynamiques qu’espéré et on pourrait connaître encore une année de croissance molle.

 

Même aux États-Unis, le tassement économique menace notamment du fait de la baisse des créations d’emplois. Il y a bien attendu aussi les incertitudes politiques liées aux présidentielles. L’Europe, elle, ne se fait pas d’illusions avec une toute petite croissance entre 0,6 et 0,8 % notamment caractérisés par une crise quasi existentielle concernant l’industrie automobile mais aussi une consommation interne en berne. Dans le même temps,  la maîtrise des prix n’est pas assurée et les banques centrales sont contraintes de maintenir des taux d’intérêt important qui freinent  production et consommation.

 

Les marchés financiers vont sans doute être affectés par un mouvement de yo-yo important pendant plusieurs mois mais sur une tendance baissière car les résultats ne sont pas à la hauteur des prévisions et les perspectives sont incertaines. Il faut bien entendu y ajouter les menaces géo politiques mondiales notamment avec le conflit entre la Russie et l’Ukraine, avec le Proche-Orient et la mer de Chine. Dernier élément et non des moindres : la perspective d’un changement de président aux États-Unis.

La croissance mondiale devrait se maintenir à 2,6 % en 2024 avant de remonter légèrement à 2,7 % en moyenne en 2025-2026, prévoyait  le rapport de la Banque mondiale. Soit un niveau bien en deçà de la moyenne de 3,1 % enregistrée au cours de la décennie précédant la pandémie de COVID-19. D’après ces prévisions, dans 60 % des économies, qui représentent ensemble plus de 80 % de la population mondiale et du PIB mondial, la croissance sur la période 2024-2026 sera plus lente qu’au cours de la décennie pré-COVID.

En réalité, les institutions internationales devraient revoir en baisse les perspectives pour 2025 qui au mieux devraient se situer au niveau de 2024

Dans l’ensemble des économies en développement, la croissance devrait légèrement fléchir par rapport à 2023, pour s’établir en moyenne à 4 % en 2024-2025.

 

Bourses et marchés financiers: secousses à prévoir

Bourses et marchés financiers: secousses à prévoir

Après les européennes et les législatives, certains observateurs ont voulu se rassurer en considérant que la donne politique politique n’avait pas influencé la problématique financière. Ainsi par exemple des indices boursiers se maintenaient relativement et les taux de d’intérêt n’avaient pas tellement progressé. Le problème général est que l’environnement mondial ne suscite pas actuellement un grand optimisme en raison en particulier du tassement net de la croissance chinoise qui a des impacts aux États-Unis mais aussi et surtout en Europe.( voir par exemple le faible dynamisme des voitures électriques. 

Pour l’Europe on attend une croissance inférieure à 1 % en 2024 et les institutions financières prévoit seulement 0, 8 % pour la France et encore ( effets négatifs notamment des jeux olympiques sur le commerce et la restauration). S’ajoutent des  incertitudes politiques liées à l’incapacité de trouver une majorité politique dans le pays. Des incertitudes qui jouent sur le moral des entreprises et des ménages. Ainsi des les investissements sont gelés et les ménages  qui le peuvent préfèrent épargner. En outre et surtout l’absence de réforme va générer une fuite en avant des déficits aussi bien de la sécu et du budget général avec des conséquences sur la dette et la charge financière qui en découle. Vers la rentrée la France pourrait d’ailleurs être sanctionnée par les institutions financières notamment de Bruxelles, du FMI ou des agences de notation. On craint surtout aussi une augmentation de la fiscalité générale.

Depuis, le marché boursier semble entré dans une nouvelle phase, frappée de multiples soubresauts.

Celle-ci pourrait se poursuivre dans les mois qui viennent, épousant les hauts et les bas de la vie parlementaire et gouvernementale. Ce mardi, avant une prise de parole attendue du président de la République sur France 2, l’indice phare de la Bourse de Paris a reculé de 0,31 %, repassant sous la barre des 7600 points, pas très loin de son niveau du début d’année. Une situation qui pourrait durer toute l’année 2024 avec en plus des mouvements de yo-yo.

 

 

Législatives et marchés financiers, « on n’a encore rien vu »

Législatives et marchés financiers, « on n’a encore rien vu »

À juste titre la Tribune titre que les législatives pourraient provoquer des bouleversements sur les marchés financiers et qu’on a sans doute encore rien vu. En effet pour l’essentiel, la plupart des programmes politiques celui du Front National, celui du Front populaire ou même celui d’Attal sont essentiellement marqués de préoccupations sociales. Les aspects économiques, technologiques et financiers sont largement absents. Bref des programmes à usage essentiellement de campagnes électorales mais qu’il s’ils étaient appliqués pourraient créer une crise financière grave.

Le plongeon a démarré dès lundi, après l’annonce de la dissolution. Le CAC 40, l’indice phare de la Bourse de Paris, a chuté de 6,48 % en cinq jours (-2,66 % pour la seule journée de vendredi). Près de 160 milliards d’euros de capitalisation se sont évaporés, dans la pire semaine boursière enregistrée depuis mars 2022, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Si toutes les entreprises du CAC 40 ont subi les dégâts de cette tempête, ce sont les banques (qui détiennent 7,7 % de la dette publique nationale), BNP Paribas, Crédit Agricole, Société générale et BPCE, qui en ont été les premières victimes. La Société générale (-14,87 %), déjà fragilisée avant le scrutin européen, a été davantage sanctionnée que ses concurrentes. Les groupes spécialisés dans les infrastructures – plus exposés à leur marché domestique – ont également encaissé de fortes baisses, à l’image de Veolia (-9,89 %).

Législatives et marchés financiers, « on n’a encore rien vu »

Législatives et marchés financiers, « on n’a encore rien vu »

À juste titre la Tribune titre que les législatives pourraient provoquer des bouleversements sur les marchés financiers et qu’on a sans doute encore rien vu. En effet pour l’essentiel, la plupart des programmes politiques celui du Front National, celui du Front populaire ou même celui d’Attal sont essentiellement marqués de préoccupations sociales. Les aspects économiques, technologiques et financiers sont largement absents. Bref des programmes à usage essentiellement de campagnes électorales mais qu’il s’ils étaient appliqués pourraient créer une crise financière grave.

Le plongeon a démarré dès lundi, après l’annonce de la dissolution. Le CAC 40, l’indice phare de la Bourse de Paris, a chuté de 6,48 % en cinq jours (-2,66 % pour la seule journée de vendredi). Près de 160 milliards d’euros de capitalisation se sont évaporés, dans la pire semaine boursière enregistrée depuis mars 2022, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Si toutes les entreprises du CAC 40 ont subi les dégâts de cette tempête, ce sont les banques (qui détiennent 7,7 % de la dette publique nationale), BNP Paribas, Crédit Agricole, Société générale et BPCE, qui en ont été les premières victimes. La Société générale (-14,87 %), déjà fragilisée avant le scrutin européen, a été davantage sanctionnée que ses concurrentes. Les groupes spécialisés dans les infrastructures – plus exposés à leur marché domestique – ont également encaissé de fortes baisses, à l’image de Veolia (-9,89 %).

Elections Législatives : Menace des marchés financiers

Elections Législatives  : Menace des marchés financiers

La fragilité de la France est évidemment son d’endettement qui représente environ  110 % de la richesse nationale annuelle. La France est condamnée à emprunter bien sûr pour ses investissements mais aussi pour assurer son fonctionnement du fait du déficit chronique du budget (et aussi de la sécu). Avec les changements politiques intervenus ce dimanche,  les marchés financiers ont décidé en quelque sorte de punir le pays avec une différence par exemple qui s’accroît entre les taux d’intérêt consentis pour les obligations allemandes ( prêts aux états) et les obligations françaises.

L’agence de notation Moody’s, qui avait maintenu fin avril la note souveraine de la France, a prévenu aujourd’hui que les élections législatives anticipées pourraient avoir un impact négatif sur la perspective de la note, et même sur la note elle-même. « L’instabilité politique potentielle constitue un risque de crédit compte tenu de la situation budgétaire difficile dont héritera le prochain gouvernement », souligne notamment l’agence, qui redoute plus que tout un blocage institutionnel dans l’hypothèse d’une nouvelle assemblée sans majorité de coalition.

La France est également la cible sur les marchés actions. Le CAC 40, l’indice des 40 plus grandes entreprises  a chuté de 2,66% à 7503,27 points, portant ses pertes depuis lundi à 6,2%.

Pour les ménages et les entreprises sera sans doute une hausse assez significative de l’inflation qui va se nourrir de l’augmentation du de l’argent emprunté pour financer les promesses électorales. En clair, la France pourrait connaître après la crise politique, une crise financière. Une inquiétude toutefois à relativiser car les promesses de campagne ne sont pas toujours loin s’en faut les décisions prises une fois au pouvoir

 

 

Législatives : Menace des marchés financiers

Législatives : Menace des marchés financiers

La fragilité de la France est évidemment son d’endettement qui représente environ  110 % de la richesse nationale annuelle. La France est condamnée à emprunter bien sûr pour ses investissements mais aussi pour assurer son fonctionnement du fait du déficit chronique du budget (et aussi de la sécu). Avec les changements politiques intervenus ce dimanche,  les marchés financiers ont décidé en quelque sorte de punir le pays avec une différence par exemple qui s’accroît entre les taux d’intérêt consentis pour les obligations allemandes ( prêts aux états) et les obligations françaises.

L’agence de notation Moody’s, qui avait maintenu fin avril la note souveraine de la France, a prévenu aujourd’hui que les élections législatives anticipées pourraient avoir un impact négatif sur la perspective de la note, et même sur la note elle-même. « L’instabilité politique potentielle constitue un risque de crédit compte tenu de la situation budgétaire difficile dont héritera le prochain gouvernement », souligne notamment l’agence, qui redoute plus que tout un blocage institutionnel dans l’hypothèse d’une nouvelle assemblée sans majorité de coalition.

La France est également la cible sur les marchés actions. Le CAC 40, l’indice des 40 plus grandes capitalisations françaises, cède à nouveau du terrain, presque deux fois plus que le Stoxx 600 (600 plus grandes capitalisations), sur un marché, il est vrai, globalement baissier. Les actions sont en effet sous pression à la veille de la réunion monétaire de la Réserve fédérale qui devrait maintenir le statu quo sur les taux directeurs, malgré les forts signaux de ralentissement de l’économie américaine.

Au Final, le CAC 40 est au plus bas depuis février et certaines valeurs, comme les banques, les concessionnaires autoroutiers ou l’audiovisuel, autant de secteurs qui pourraient pâtir d’une victoire de l’extrême-droite aux prochaines élections législatives. Le programme du Rassemblement national (arrivé en tête des élections européennes) prévoit notamment une nationalisation des concessions d’autoroutes et la privatisation de l’audiovisuel public.

 

Dissolution : Menace des marchés financiers

Dissolution : Menace des marchés financiers

La fragilité de la France est évidemment son d’endettement qui représente environ  110 % de la richesse nationale annuelle. La France est condamnée à emprunter bien sûr pour ses investissements mais aussi pour assurer son fonctionnement du fait du déficit chronique du budget (et de celui de la sécu). Avec les changements politiques intervenus ce dimanche,  les marchés financiers ont décidé en quelque sorte de punir le pays avec une différence par exemple qui s’accroît entre les taux d’intérêt consentis pour les obligations allemandes ( prêts aux états) et les obligations françaises;  un écart qui a atteint jusqu’à 65 points de base pour redescendre à 60 points.

 

L’agence de notation Moody’s, qui avait maintenu fin avril la note souveraine de la France, a prévenu aujourd’hui que les élections législatives anticipées pourraient avoir un impact négatif sur la perspective de la note, et même sur la note elle-même. « L’instabilité politique potentielle constitue un risque de crédit compte tenu de la situation budgétaire difficile dont héritera le prochain gouvernement », souligne notamment l’agence, qui redoute plus que tout un blocage institutionnel dans l’hypothèse d’une nouvelle assemblée sans majorité de coalition.

La France est également la cible sur les marchés actions. Le CAC 40, l’indice des 40 plus grandes capitalisations françaises, cède à nouveau du terrain, presque deux fois plus que le Stoxx 600 (600 plus grandes capitalisations), sur un marché, il est vrai, globalement baissier. Les actions sont en effet sous pression à la veille de la réunion monétaire de la Réserve fédérale qui devrait maintenir le statu quo sur les taux directeurs, malgré les forts signaux de ralentissement de l’économie américaine.

Au Final, le CAC 40 est au plus bas depuis février et certaines valeurs, comme les banques, les concessionnaires autoroutiers ou l’audiovisuel, autant de secteurs qui pourraient pâtir d’une victoire de l’extrême-droite aux prochaines élections législatives. Le programme du Rassemblement national (arrivé en tête des élections européennes) prévoit notamment une nationalisation des concessions d’autoroutes et la privatisation de l’audiovisuel public.

 

Trop tôt pour sortir des marchés actions ?

 Trop tôt pour sortir des marchés actions  ? 

Trop tôt pour sortir déjà des marchés actions estime un représentant de la société générale. La question est de savoir s’il s’agit d’un avertissement indirect ou d’un conseil. En effet, il est peu vraisemblable que les entreprises renouvellent leur résultat exceptionnel en grande partie due à l’inflation. Une inflation en nette diminution. Par ailleurs la croissance est sur une tendance baissière dans la plupart des pays du monde a commencer par la Chine.
 Dans un entretien accordé à La Tribune, Alain Bokobza, directeur de l’Allocation d’Actifs Global, et membre du comité exécutif de la recherche de Société Générale, explique pourquoi la hausse des marchés actions est cependant  tout à fait rationnelle, sans euphorie, compte tenu de la configuration exceptionnelle dans laquelle se trouvent les grandes entreprises, de la reprise de l’activité attendue dans le monde et du début d’un nouveau cycle de baisse des taux. Selon lui, le message est clair, il est trop tôt pour sortir des actions, comme il était déjà trop tôt de le faire en début d’année. Directeur de l’Allocation d’actifs global de Société Générale, dont le rôle est de conseiller les grands clients institutionnels de la banque sur leur allocation, Alain Bokobza explique dans « La Tribune » pourquoi les marchés actions sont si résilients, et pourquoi ils devraient même le rester une grande partie de l’année.

 Les marchés sont- ils excessivement optimistes ?

ALAIN BOKOBZA - Non, ils ne le sont pas.  Nous avons connu depuis plusieurs trimestres une croissance vigoureuse des profits des entreprises, avec une discipline extrême dans l’utilisation de ces marges et profits, comme rarement vu dans les précédents cycles économiques. Les entreprises se sont plutôt désendettées, mais elles ont également augmenté les salaires, ce qui est nouveau depuis deux décennies, elles ont largement investi et elles ont assuré une croissance élevée des dividendes et des rachats d’action, ce qui témoigne d’une maîtrise certaine dans l’utilisation du capital.

Et contrairement aux années de bulle, il y a peu d’opérations de fusions & acquisitions, les entreprises cherchant davantage à se protéger qu’à prendre des risques inouïs. Tous les grands krachs boursiers ont été précédés par un pic de fusions & acquisitions. La baisse des taux de financement des entreprises, mesurée par le spread de crédit (écart entre le taux risqué et le taux sans risque, NDLR), est également le reflet de cette bonne gestion du capital par les entreprises. C’est donc bien cette configuration exceptionnelle pour les entreprises qui fait progresser les marchés actions. A ce cycle très favorable s’ajoute la fin des hausses des taux. Aujourd’hui, le débat porte sur le calendrier de la baisse des taux et non l’inverse !

 

Vous disiez en janvier qu’il était trop tôt pour sortir des actions après le rallye de novembre et décembre. Diriez-vous la même chose aujourd’hui ?

Oui, il est encore bien trop tôt pour sortir des actions. Nous n’avons aujourd’hui aucun indicateur avancé qui nous alerte sur une détérioration des marges des entreprises. Nous n’avons aucun signe précurseur non plus d’une cassure baissière de la conjoncture aux Etats-Unis et les indicateurs avancés nous montrent même une accélération de l’activité en Europe au second semestre.

C’est d’ailleurs la raison qui explique la bonne performance des valeurs cycliques ces derniers mois, y compris en Europe. Enfin, il me semble que le Japon va également beaucoup mieux et la Chine a déjà atteint son point bas. C’est finalement toute la planète qui montre des signes de robustesse, étonnante certes, mais robustesse quand même.

La forte concentration de la performance sur quelques grandes capitalisations, aux Etats-Unis avec les 7 magnifiques (Apple, Microsoft, Alphabet, Meta , Amazon, Nvidia et Tesla), mais aussi en Europe, n’est-elle pas, au contraire, un signal de vente ?

L’Europe applique systématiquement les configurations de marché sur les actions avec un décalage de plusieurs mois, voire de trimestres, avec les marchés américains. Donc, cet effet de concentration à la fois des profits et des performances est observé depuis un moment déjà. Il est simplement plus récent en Europe. Mais si vous prenez les 100 premières valeurs technologiques aux Etats-Unis, et non plus simplement les 7 magnifiques, elles représentent 40 % de la capitalisation mais aussi 30 % des profits !

Cela n’a rien à voir à ce que l’on a pu connaître à la fin des années 1990 lorsqu’il y avait un effet de concentration similaire, mais avec des entreprises qui étaient soit en perte, soit avec des fonds propres négatifs tellement elles avaient accumulé de goodwill en multipliant les acquisitions.

Aujourd’hui, la situation est bien différente : nous avons certes de très grandes valeurs, mais qui génèrent des profits très élevés, avec des bilans en trésorerie nette positive ! Ces entreprises sont d’une qualité exceptionnelle, elles concentrent une partie non négligeable de la valeur ajoutée et leur niveau de valorisation n’a rien d’irrationnel. Mais en gestion d’actifs, que ce soit pour un investisseur institutionnel ou pour un investisseur particulier, il faut en permanence appliquer une règle qui consiste à ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Nous assistons ainsi à un élargissement de la performance, venant des Etats-Unis, vers d’autres régions, comme le Japon et plus récemment les actions européennes. Parallèlement, il y a également un élargissement sectoriel vers des valeurs cycliques, notamment de consommation.

Faut-il aujourd’hui privilégier les actions européennes aux actions américaines ?

Les actions sont soutenues par la croissance des profits. Et il y a toujours plus de croissance aux Etats-Unis qu’en Europe. Il est donc stratégiquement difficile d’être surpondéré sur l’Europe. Mais, tactiquement, nous observons en ce moment une configuration dans laquelle, suite à la publication de chiffres d’inflation élevés aux Etats-Unis, la Banque centrale européenne pourrait, pour la première fois de son histoire, commencer à baisser ses taux directeurs avant la Réserve fédérale, probablement à partir de juin prochain.

Une baisse des taux est toujours favorable aux marchés obligataires mais avec également des conséquences positives pour les actions. D’autant que l’euro pourrait rester faible face au dollar, ce qui renforce la compétitivité des entreprises européennes et que la conjoncture va repartir sur la seconde partie de l’année. C’est notre scénario central, quitte à être en porte-à-faux avec ceux qui prédisent l’accident conjoncturel. Tactiquement, il est donc probable que les grands fonds d’investissement mondiaux neutralisent leur sous-pondération sur l’Europe, et ce malgré la guerre en Ukraine et au Moyen-Orient, ce qui pourrait provoquer un surcroît inattendu de performance des indices européens.

Hausses des marchés financiers : Des profits excessifs

Hausses des marchés financiers : Des profits excessifs

Vincent Chailley, cofondateur et directeur des investissements de H2O AM, société de gestion spécialisée dans la gestion « global macro » à fort effet de levier, livre son analyse sur l’évolution récente des marchés, notamment cette succession de records sur les Bourses mondiales, et dévoile ses principaux choix en matière d’investissement pour 2024.intreview dans La Tribune ( extrait)

  Les Bourses volent de record en record. Comment expliquez-vous cette bonne tenue des marchés ?

VINCENT CHAILLEY- Les actions sont chères, à l’exception peut-être des actions européennes qui attirent toujours aussi peu les investisseurs internationaux. Les obligations sont également chères. Tout est finalement un peu cher. C’est une forme d’héritage des injections de liquidités massives de ces quinze dernières années. Nous sommes toujours dans ce monde où tout est globalement cher. Un début de purge a eu lieu en 2022 mais il reste un excès de liquidités qui disparaîtra que progressivement. Ceci dit, il n’est pas anormal que les actions se comportent bien dans un monde inflationniste, surtout dans un contexte d’inflation par la demande. Les entreprises peuvent augmenter leurs prix, tenir leurs marges. Les actions sont donc mieux placées que les obligations. Les grands allocataires, comme les fonds de pension, ou les fonds souverains, qui avaient une forte exposition aux obligations, se sont tournés vers les actions quand l’inflation a commencé à grimper. Et ce sont les marchés américains qui ont le plus profité de cette réallocation en 2023.

Quel est votre scénario pour 2024 ?

Le scénario macroéconomique qui nous semble le plus probable, c’est celui d’un ralentissement de la croissance, modéré et progressif. Le risque de récession est faible, voire très faible. Je ne vois pas de force qui pourrait provoquer aujourd’hui une accélération du ralentissement en cours. L’économie ralentit car les taux sont élevés, notamment les taux réels au-dessus de 2%, mais l’emploi reste globalement très solide et surtout nous constatons aucun déséquilibre dans le secteur privé, aucun excès de dette à la fois chez les ménages et dans les entreprises. C’est très important. Nous ne sommes pas du tout dans une situation similaire à 2008. Il n’y a pas de problème bancaire, il n’y a pas de bulle de marché, même si quelques valorisations de la tech peuvent paraître excessives. En un mot, le secteur privé est sain. S’il devait y avoir un excès, il est dans le secteur public. Ce sont finalement les États qui payent les additions de tous chocs passés, et qui garantissent ainsi la bonne tenue de l’économie.

Cette résistance de l’économie américaine n’est-elle pas quelque peu artificielle ?

Les salaires réels continuent de progresser et la productivité semble repartir à la hausse. On pourrait même être au milieu d’un choc de productivité, à la sauce des années 90, ce qui ne serait pas surprenant compte tenu des investissements massifs dans l’innovation réalisés pendant ce long cycle d’argent gratuit. Et, puis, nous pouvons avancer une troisième source potentielle de soutien à l’économie, ce sont les marchés eux-mêmes. Dans un scénario où la Réserve fédérale redevient accommodante, nous pouvons toujours imaginer que les actions continuent de monter, que les primes de crédit se compriment, et dans une économie très sensible aux marchés, cela alimenterait la croissance. Tous ces éléments mis bout à bout, salaires réels, productivité, marchés favorables, pourraient finalement constituer le seul vrai risque pour les marchés, celui d’une économie américaine qui serait toujours très résistante en 2024, trop résistante aux yeux des banquiers centraux, avec un risque de retour de l’inflation. Le risque d’emballement, voire d’euphorie sur les marchés ne doit pas être ignoré, surtout s’il se concentre sur quelques actifs. A ce stade, cela reste un risque.

 

Marchés financiers : Des profits excessifs

Marchés financiers : Des profits excessifs

Vincent Chailley, cofondateur et directeur des investissements de H2O AM, société de gestion spécialisée dans la gestion « global macro » à fort effet de levier, livre son analyse sur l’évolution récente des marchés, notamment cette succession de records sur les Bourses mondiales, et dévoile ses principaux choix en matière d’investissement pour 2024.intreview dans La Tribune ( extrait)

 

  Les Bourses volent de record en record. Comment expliquez-vous cette bonne tenue des marchés ?

VINCENT CHAILLEY- Les actions sont chères, à l’exception peut-être des actions européennes qui attirent toujours aussi peu les investisseurs internationaux. Les obligations sont également chères. Tout est finalement un peu cher. C’est une forme d’héritage des injections de liquidités massives de ces quinze dernières années. Nous sommes toujours dans ce monde où tout est globalement cher. Un début de purge a eu lieu en 2022 mais il reste un excès de liquidités qui disparaîtra que progressivement. Ceci dit, il n’est pas anormal que les actions se comportent bien dans un monde inflationniste, surtout dans un contexte d’inflation par la demande. Les entreprises peuvent augmenter leurs prix, tenir leurs marges. Les actions sont donc mieux placées que les obligations. Les grands allocataires, comme les fonds de pension, ou les fonds souverains, qui avaient une forte exposition aux obligations, se sont tournés vers les actions quand l’inflation a commencé à grimper. Et ce sont les marchés américains qui ont le plus profité de cette réallocation en 2023.

Quel est votre scénario pour 2024 ?

Le scénario macroéconomique qui nous semble le plus probable, c’est celui d’un ralentissement de la croissance, modéré et progressif. Le risque de récession est faible, voire très faible. Je ne vois pas de force qui pourrait provoquer aujourd’hui une accélération du ralentissement en cours. L’économie ralentit car les taux sont élevés, notamment les taux réels au-dessus de 2%, mais l’emploi reste globalement très solide et surtout nous constatons aucun déséquilibre dans le secteur privé, aucun excès de dette à la fois chez les ménages et dans les entreprises. C’est très important. Nous ne sommes pas du tout dans une situation similaire à 2008. Il n’y a pas de problème bancaire, il n’y a pas de bulle de marché, même si quelques valorisations de la tech peuvent paraître excessives. En un mot, le secteur privé est sain. S’il devait y avoir un excès, il est dans le secteur public. Ce sont finalement les États qui payent les additions de tous chocs passés, et qui garantissent ainsi la bonne tenue de l’économie.

Cette résistance de l’économie américaine n’est-elle pas quelque peu artificielle ?

Les salaires réels continuent de progresser et la productivité semble repartir à la hausse. On pourrait même être au milieu d’un choc de productivité, à la sauce des années 90, ce qui ne serait pas surprenant compte tenu des investissements massifs dans l’innovation réalisés pendant ce long cycle d’argent gratuit. Et, puis, nous pouvons avancer une troisième source potentielle de soutien à l’économie, ce sont les marchés eux-mêmes. Dans un scénario où la Réserve fédérale redevient accommodante, nous pouvons toujours imaginer que les actions continuent de monter, que les primes de crédit se compriment, et dans une économie très sensible aux marchés, cela alimenterait la croissance. Tous ces éléments mis bout à bout, salaires réels, productivité, marchés favorables, pourraient finalement constituer le seul vrai risque pour les marchés, celui d’une économie américaine qui serait toujours très résistante en 2024, trop résistante aux yeux des banquiers centraux, avec un risque de retour de l’inflation. Le risque d’emballement, voire d’euphorie sur les marchés ne doit pas être ignoré, surtout s’il se concentre sur quelques actifs. A ce stade, cela reste un risque.

 

Marchés boursiers France : nouveau record pour le CAC 40

Marchés boursiers France : nouveau record pour le CAC 40

Si le pouvoir d’achat régresse ou stagne face à l’inflation par contre les profits et les marchés d’actions enregistrent des records. Ainsi le CAC 40 atteints 7.689 points battant ainsi son précédent record de lundi dernier.

Pendant que les profits et les marchés boursiers s’envolent, la pauvreté elle aussi atteint des records. Depuis la crise du Covid, le taux de pauvreté a progressé et les inégalités se sont creusées, constate l’Insee. Des chiffres qui risquent d’empirer : depuis, l’inflation est venue frapper de plein fouet les plus précaires.

Le taux de pauvreté monétaire a de nouveau augmenté et tourne autour désormais de 15 %. L’Insee souligne que «la France sort de l’épisode Covid en 2021 avec un taux de pauvreté supérieur à celui qu’elle avait quand elle y est entrée».

Les solides bénéfices de Renault et de Stellantis ont fait décoller le cours des actions, plus de 6 % pour le premier (+15% sur un mois) et plus de 5 % pour le second (+18% sur un mois). Pourtant, le directeur financier de Stellantis a prévenu que le groupe voyait « davantage de vents contraires que de vents porteurs ».

Cette séance de jeudi a été marquée par d’autres publications de résultats annuels importants, comme Safran qui gagne encore du terrain en Bourse compte tenu d’un résultat net en hausse de 72%, ou Pernod Ricard qui a largement rassuré le marché sur ses perspectives pour 2023-2024. Au total, cette saison de résultats annuels s’annonce plutôt encourageante à mi-parcours.

Cependant aux Etats-Unis, les actions américaines commencent à devenir chères, autour de 24 fois les bénéfices sur le S&P 500, contre une moyenne de long terme de 18 fois. En revanche, même si le CAC 40 va de record en record, sa valorisation reste toujours dans sa moyenne historique, à 13,6 fois les bénéfices, selon l’agence Bloomberg.

Marchés Financier : et maintenant la correction ?

Marchés Financier : et maintenant la correction

Il y a sans doute plusieurs facteurs qui militent en faveur d’une correction sur les marchés financiers mondiaux et concernant particulier les actions. D’abord il y a toujours l’incertitude sur le vrai recul de l’inflation qui est encore loin d’être maîtrisée. Et de ce point de vue, les banques centrales ne semblent pas encore totalement convaincues de la nécessité d’un plan de desserrement qui aura sans doute lieu mais pas tout de suite; tout dépendra en fait de l’évolution de l’activité économique. Si cette activité économique continue de s’inscrire dans une tendance baissière au point de tutoyer la dépression alors les banques centrales seront sans doute encouragé à desserrer un peu l’étau des taux d’intérêt.

L’autre facteur qui pourrait justifier une correction, c’est la très bonne tenue de la valeur des actions au cours de l’année passée bien au-dessus des performances réelles des entreprises.

Enfin en début d’année on va accumuler les mauvaises nouvelles statistiques rendant compte du tassement économique partout dans le monde et particulièrement en Chine. Bref la première partie de 2024 ne s’annonce pas très réjouissante. Cela d’autant plus qu’en suspens demeure le risque d’éclatement d’un endettement mondial qui concerne aussi bien le public que le privé à commencer aussi par la Chine

Du côté des indicateurs macroéconomiques, les données de la fédération professionnelle ISM ont montré mercredi que l’activité manufacturière aux États-Unis s’est encore contractée en décembre, mais un peu moins qu’en novembre et que ce à quoi s’attendaient les analystes. Les opérateurs prêteront aussi attention au compte-rendu de la dernière réunion du comité de politique monétaire de la banque centrale américaine (Fed), qui sera publié à 20h00 GMT.

Les investisseurs tablent sur six baisses de taux en 2024, un scénario qui nécessiterait, pour se réaliser, que la conjoncture économique «se dégrade rapidement», estime Karl Haeling, de LBBW. Or, pour l’heure les données macroéconomiques témoignent d’un ralentissement graduel de l’économie américaine. Sur le marché obligataire, l’incertitude règne en conséquence. Après de fortes baisses en fin d’année les taux d’intérêt repartent à la hausse depuis une semaine.

Marchés financiers : le plongeon des bourses jusqu’à quand

Marchés financiers : le plongeon des bourses jusqu’à quand

Le CAC 40 plonge et est tombé autour des 7.000 points ( 6997 hier à la clôture)


Les marchés Financiers sont tendanciellement orientés vers la baisse. Mécaniquement les capitaux se réorientent vers les marchés obligataires avec la hausse des taux. Une tendance qui va durer tant que les taux se maintiendront à des niveaux records. Au moins une bonne partie de l’année 2024 car les banques centrales n’envisagent pas de relâcher leur politique restrictive avant. Le problème c’est que ce relèvement des taux pourrait parallèlement tuer la croissanceSur la tendance à Paris et au plan mondial, le « malade économie » pourrait mourir mais guéri de l’inflation. En effet avec une hausse historique des taux, les banques centrales assomment la croissance qui pourrait plonger elle aussi en 2024. Non seulement le pouvoir d’achat des ménages est fortement impacté mais aussi les investissements devenus trop chers à amortir. Il faut évidemment lutter contre l’inflation mais pas au point d’affecter l’activité économique et c’est tout ce savant dosage qui est en cause.

Avec des taux obligataires de très haut niveau les capitaux vont s’orienter vers les placements prudents et déserter la bourse. Une bourse qui pourra aussi être affectée justement par la baisse de croissance et donc de profit. Bref comme les taux vont se maintenir à ce niveau pendant toute l’année 2024, la bourse risque d’être malade pendant au moins la nouvelle année. Le CAC 40 est passé ce mardi sous la barre des 7.000, à 6.997,05 points (-1,01 %). A l’ouverture de la journée, l’indice phare de la Bourse de Paris avait démarré à 7 031,59 points.

Marché plombé par la hausse des taux obligataires
En cause, un marché plombé depuis une dizaine de jours par la montée des taux d’intérêt sur le marché obligataire, qui atteignent des plus hauts depuis 2007 pour les échéances à deux, dix et trente ans. Lors de sa dernière réunion de septembre, la Réserve fédérale américaine s’est, en effet, montrée plus ferme que ce qu’anticipaient les investisseurs. Elle a laissé présager que ses taux directeurs resteraient à des niveaux élevés en 2024, tandis que les marchés les voyaient descendre dans un avenir proche.

De même, la Banque centrale européenne (BCE) a relevé ses taux pour la dixième fois consécutive le 14 septembre dernier pour continuer à baisser les prix. Poursuivant son resserrement monétaire, l’institution a augmenté son taux de référence de 25 points de base. Désormais à 4%, il se situe au plus haut niveau de son histoire. Le taux de refinancement et le taux de facilité de prêt marginal se situent, eux, à 4,50% et 4,75%.

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Au total, ce dernier relèvement porte à 450 points de base la hausse des taux dans la zone euro depuis plus d’un an. De quoi peser sur l’activité économique. D’autant plus qu’en juin dernier, la zone euro (les 20 pays à avoir adopté la monnaie unique) se trouvait techniquement en récession avec le recul du produit intérieur brut (PIB) sur deux trimestres consécutifs, de -0,1% d’octobre à décembre et à nouveau de -0,1% entre janvier et mars, d’après les données d’Eurostat, révisées et publiées ce jeudi 8 juin.

Même tendance observée chez d’autres places boursières ces derniers mois
Depuis le 20 septembre, le CAC 40 a perdu plus de 4,5%, tandis que dans le même temps le taux d’intérêt de la dette de l’Etat français à dix ans est passé de 3,23% à 3,48% et a signé un nouveau plus haut depuis novembre 2011. Le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans ne cesse de grimper également et évolue au plus haut depuis près de 16 ans, à 4,74%.

Les investisseurs craignent que les taux élevés pèsent sur l’activité économique.

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