Archive pour le Tag 'accord'

Politique-Iran: Un accord bidon sur le nucléaire ?

Politique-Iran: Un accord bidon sur le nucléaire ?

L’Iran semble chercher à prolonger son programme d’enrichissement d’uranium sous des conditions surveillées. Cependant, les précédents accords ont montré que ces discussions ne peuvent pas se limiter à la seule question nucléaire. Par Hamid Enayat, politologue, spécialiste de l’Iran, collabore avec l’opposition démocratique iranienne (CNRI) dans la Tribune
Hamid Enayat

Selon une déclaration du ministre des Affaires étrangères d’Oman, un accord aurait été conclu pour permettre à la République islamique de poursuivre l’enrichissement de l’uranium jusqu’à 3,67%. Par ailleurs, selon le New York Times, l’Iran aurait proposé que les États-Unis et certains autres pays supervisent les activités d’enrichissement dans ses installations nucléaires.

Mais la vraie question est la suivante : si un tel accord est conclu et que l’Iran accepte réellement une surveillance stricte et permanente, peut-on alors parler de négociation réussie ?

L’enrichissement à des fins « pacifiques » est difficile à croire, surtout lorsqu’on sait que des milliards de dollars ont été dépensés aux dépens d’un peuple plongé dans la pauvreté. Aucun pays ne supporte une charge financière aussi lourde pour un programme purement civil.

Dans l’accord nucléaire de 2015, il était convenu que la République islamique ne dépasserait pas un taux d’enrichissement de 3,67 %. En réalité, le régime a violé cet engagement et augmenté le niveau d’enrichissement jusqu’à 60 %, transformant ce progrès en un levier de chantage à l’encontre de la communauté internationale.

De plus, 150 milliards de dollars d’avoir iraniens gelés ont été libérés ; mais au lieu d’améliorer les conditions de vie du peuple, la pauvreté s’est aggravée. En 2017, une révolte populaire a éclaté, motivée par la misère et l’indignation économique.

Pendant ce temps, les ressources débloquées ont été utilisées pour renforcer les forces supplétives du régime à travers la région. Le Moyen-Orient est devenu un champ d’intervention pour ces groupes, théâtre de conflits sanglants dans lesquels l’Iran a joué un rôle central.
L’un des résultats les plus amers de cette politique fut la guerre de Gaza, qui a fait des dizaines de milliers de morts et de blessés, et a déstabilisé toute une région.

L’entrée du régime iranien dans le processus de négociation est un signe de faiblesse absolue, et non le fruit d’un changement réel ou d’une évolution dans la nature de son pouvoir.

La République islamique redoute profondément toute confrontation militaire avec les États-Unis — en particulier une attaque contre ses installations nucléaires. Selon des sources proches des cercles politiques de Téhéran, lors d’une réunion entre les commandants des Gardiens de la révolution et des hauts responsables du régime, il aurait été conseillé au guide suprême du régime Ali Khamenei qu’un conflit militaire pourrait entraîner l’effondrement total du régime et ouvrir la voie à un soulèvement généralisé.

N’oublions pas qu’aux dernières élections présidentielles, seuls environ 8 % des électeurs ont participé, dans un climat de peur et de désespoir. Dans un tel contexte — avec une inflation galopante, 80 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté, et de nombreuses autres crises structurelles — un soulèvement populaire pourrait facilement renverser le régime.

D’autant plus que des milliers d’unités de résistance organisées, promouvant les objectifs du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) pour un futur Iran démocratique, sont actives à travers le pays, prêtes à transformer la moindre étincelle en une insurrection à grande échelle.

Il est donc parfaitement prévisible que le régime iranien, pour éviter une chute inévitable, reculera temporairement sur l’enrichissement de l’uranium et la fabrication de la bombe atomique.

Mais, tout comme en 2015, il maintient en place l’ensemble de son infrastructure nucléaire, dans l’attente d’un éventuel changement à la Maison-Blanche ou d’autres évolutions internationales qui rendraient la situation plus favorable, afin de pouvoir reprendre la course à la bombe dès que possible.

Tirons les leçons de l’histoire
En 2015, tout comme aujourd’hui, la République islamique insistait pour que les négociations se limitent exclusivement à la question nucléaire. Les puissances occidentales ont accepté ce cadre, ce qui a conduit à un accord qui, en apparence, restreignait le programme nucléaire iranien, mais qui, en réalité, a permis au régime de Téhéran de renforcer ses projets déstabilisateurs dans la région grâce aux ressources financières débloquées.

Le « fruit amer » de cet accord n’a été rien d’autre qu’une multiplication des guerres par procuration — notamment la guerre de Gaza, qui a fait des milliers de victimes.
C’est précisément ce que souhaite le régime iranien : cantonner les négociations à la seule dimension nucléaire afin que les autres aspects menaçants de son système — tels que l’exportation du terrorisme et la prolifération de milices — restent dans l’ombre.

L’erreur fatale des négociateurs de 2015 fut de croire que l’arme nucléaire représentait la seule menace, alors que l’expansionnisme régional, les groupes armés supplétifs et les interventions militaires de l’Iran se sont révélés, à bien des égards, encore plus meurtriers et déstabilisants que l’arme atomique elle-même.

L’expérience de la guerre de Gaza, la prise en otage de la souveraineté libanaise, la destruction de ce pays, ainsi que l’insécurité croissante dans les voies maritimes internationales, ne suffisent-elles pas à alerter le monde sur la véritable ampleur de cette menace ?

La République islamique, issue de dogmes religieux hérités du Moyen Âge, constitue un phénomène anachronique et déviant, imposé au XXIe siècle et au monde moderne à la faveur d’un événement historique. Ce régime ne peut survivre sans entretenir la guerre au-delà de ses frontières et sans réprimer violemment à l’intérieur.
C’est pourquoi, depuis plus de trente ans, il a élaboré et appliqué une stratégie belliciste, communément désignée sous le nom de « stratégie de dissuasion », fondée sur trois piliers principaux :

Le programme nucléaire
La création et le soutien de forces supplétives (milices)
Le développement de missiles balistiques

Ces trois éléments fonctionnent comme un système intégré, nourri d’une idéologie de haine, véhiculée à travers des slogans comme « Mort à l’Amérique » et « Mort à Israël », et destiné à entretenir en permanence la guerre et le conflit.

Par l’intermédiaire de ses forces par procuration, le régime a élargi sa présence régionale et, en semant crises et effusions de sang au Moyen-Orient, il a détourné l’attention du monde de la répression implacable qu’il exerce à l’intérieur de ses frontières.

Par conséquent, toute négociation sérieuse en faveur de la paix dans la région doit s’attaquer à l’ensemble du système idéologique et opérationnel du régime. Le démantèlement total, vérifiable et irréversible de son influence régionale, doit être garanti avec fermeté.

Ce n’est qu’à cette condition que les intérêts du peuple iranien, la sécurité régionale et une paix durable pourront être assurés.

Dans le cas contraire, dans quelques années, dans un autre coin du Moyen-Orient, nous serons à nouveau les témoins de guerres sanglantes — et ce sera une autre nation qui en paiera le prix.

Hamid Enayat

Politique-Iran: Un accord bidon sur le nucléaire ?

Politique-Iran: Un accord bidon sur le nucléaire ?

L’Iran semble chercher à prolonger son programme d’enrichissement d’uranium sous des conditions surveillées. Cependant, les précédents accords ont montré que ces discussions ne peuvent pas se limiter à la seule question nucléaire. Par Hamid Enayat, politologue, spécialiste de l’Iran, collabore avec l’opposition démocratique iranienne (CNRI) dans la Tribune
Hamid Enayat

Selon une déclaration du ministre des Affaires étrangères d’Oman, un accord aurait été conclu pour permettre à la République islamique de poursuivre l’enrichissement de l’uranium jusqu’à 3,67%. Par ailleurs, selon le New York Times, l’Iran aurait proposé que les États-Unis et certains autres pays supervisent les activités d’enrichissement dans ses installations nucléaires.

Mais la vraie question est la suivante : si un tel accord est conclu et que l’Iran accepte réellement une surveillance stricte et permanente, peut-on alors parler de négociation réussie ?

L’enrichissement à des fins « pacifiques » est difficile à croire, surtout lorsqu’on sait que des milliards de dollars ont été dépensés aux dépens d’un peuple plongé dans la pauvreté. Aucun pays ne supporte une charge financière aussi lourde pour un programme purement civil.

Dans l’accord nucléaire de 2015, il était convenu que la République islamique ne dépasserait pas un taux d’enrichissement de 3,67 %. En réalité, le régime a violé cet engagement et augmenté le niveau d’enrichissement jusqu’à 60 %, transformant ce progrès en un levier de chantage à l’encontre de la communauté internationale.

De plus, 150 milliards de dollars d’avoir iraniens gelés ont été libérés ; mais au lieu d’améliorer les conditions de vie du peuple, la pauvreté s’est aggravée. En 2017, une révolte populaire a éclaté, motivée par la misère et l’indignation économique.

Pendant ce temps, les ressources débloquées ont été utilisées pour renforcer les forces supplétives du régime à travers la région. Le Moyen-Orient est devenu un champ d’intervention pour ces groupes, théâtre de conflits sanglants dans lesquels l’Iran a joué un rôle central.
L’un des résultats les plus amers de cette politique fut la guerre de Gaza, qui a fait des dizaines de milliers de morts et de blessés, et a déstabilisé toute une région.

L’entrée du régime iranien dans le processus de négociation est un signe de faiblesse absolue, et non le fruit d’un changement réel ou d’une évolution dans la nature de son pouvoir.

La République islamique redoute profondément toute confrontation militaire avec les États-Unis — en particulier une attaque contre ses installations nucléaires. Selon des sources proches des cercles politiques de Téhéran, lors d’une réunion entre les commandants des Gardiens de la révolution et des hauts responsables du régime, il aurait été conseillé au guide suprême du régime Ali Khamenei qu’un conflit militaire pourrait entraîner l’effondrement total du régime et ouvrir la voie à un soulèvement généralisé.

N’oublions pas qu’aux dernières élections présidentielles, seuls environ 8 % des électeurs ont participé, dans un climat de peur et de désespoir. Dans un tel contexte — avec une inflation galopante, 80 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté, et de nombreuses autres crises structurelles — un soulèvement populaire pourrait facilement renverser le régime.

D’autant plus que des milliers d’unités de résistance organisées, promouvant les objectifs du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) pour un futur Iran démocratique, sont actives à travers le pays, prêtes à transformer la moindre étincelle en une insurrection à grande échelle.

Il est donc parfaitement prévisible que le régime iranien, pour éviter une chute inévitable, reculera temporairement sur l’enrichissement de l’uranium et la fabrication de la bombe atomique.

Mais, tout comme en 2015, il maintient en place l’ensemble de son infrastructure nucléaire, dans l’attente d’un éventuel changement à la Maison-Blanche ou d’autres évolutions internationales qui rendraient la situation plus favorable, afin de pouvoir reprendre la course à la bombe dès que possible.

Tirons les leçons de l’histoire
En 2015, tout comme aujourd’hui, la République islamique insistait pour que les négociations se limitent exclusivement à la question nucléaire. Les puissances occidentales ont accepté ce cadre, ce qui a conduit à un accord qui, en apparence, restreignait le programme nucléaire iranien, mais qui, en réalité, a permis au régime de Téhéran de renforcer ses projets déstabilisateurs dans la région grâce aux ressources financières débloquées.

Le « fruit amer » de cet accord n’a été rien d’autre qu’une multiplication des guerres par procuration — notamment la guerre de Gaza, qui a fait des milliers de victimes.
C’est précisément ce que souhaite le régime iranien : cantonner les négociations à la seule dimension nucléaire afin que les autres aspects menaçants de son système — tels que l’exportation du terrorisme et la prolifération de milices — restent dans l’ombre.

L’erreur fatale des négociateurs de 2015 fut de croire que l’arme nucléaire représentait la seule menace, alors que l’expansionnisme régional, les groupes armés supplétifs et les interventions militaires de l’Iran se sont révélés, à bien des égards, encore plus meurtriers et déstabilisants que l’arme atomique elle-même.

L’expérience de la guerre de Gaza, la prise en otage de la souveraineté libanaise, la destruction de ce pays, ainsi que l’insécurité croissante dans les voies maritimes internationales, ne suffisent-elles pas à alerter le monde sur la véritable ampleur de cette menace ?

La République islamique, issue de dogmes religieux hérités du Moyen Âge, constitue un phénomène anachronique et déviant, imposé au XXIe siècle et au monde moderne à la faveur d’un événement historique. Ce régime ne peut survivre sans entretenir la guerre au-delà de ses frontières et sans réprimer violemment à l’intérieur.
C’est pourquoi, depuis plus de trente ans, il a élaboré et appliqué une stratégie belliciste, communément désignée sous le nom de « stratégie de dissuasion », fondée sur trois piliers principaux :

Le programme nucléaire
La création et le soutien de forces supplétives (milices)
Le développement de missiles balistiques

Ces trois éléments fonctionnent comme un système intégré, nourri d’une idéologie de haine, véhiculée à travers des slogans comme « Mort à l’Amérique » et « Mort à Israël », et destiné à entretenir en permanence la guerre et le conflit.

Par l’intermédiaire de ses forces par procuration, le régime a élargi sa présence régionale et, en semant crises et effusions de sang au Moyen-Orient, il a détourné l’attention du monde de la répression implacable qu’il exerce à l’intérieur de ses frontières.

Par conséquent, toute négociation sérieuse en faveur de la paix dans la région doit s’attaquer à l’ensemble du système idéologique et opérationnel du régime. Le démantèlement total, vérifiable et irréversible de son influence régionale, doit être garanti avec fermeté.

Ce n’est qu’à cette condition que les intérêts du peuple iranien, la sécurité régionale et une paix durable pourront être assurés.

Dans le cas contraire, dans quelques années, dans un autre coin du Moyen-Orient, nous serons à nouveau les témoins de guerres sanglantes — et ce sera une autre nation qui en paiera le prix.

Hamid Enayat

Iran: Un accord bidon sur le nucléaire ?

Iran: Un accord bidon sur le nucléaire ?

L’Iran semble chercher à prolonger son programme d’enrichissement d’uranium sous des conditions surveillées. Cependant, les précédents accords ont montré que ces discussions ne peuvent pas se limiter à la seule question nucléaire. Par Hamid Enayat, politologue, spécialiste de l’Iran, collabore avec l’opposition démocratique iranienne (CNRI) dans la Tribune
Hamid Enayat

Selon une déclaration du ministre des Affaires étrangères d’Oman, un accord aurait été conclu pour permettre à la République islamique de poursuivre l’enrichissement de l’uranium jusqu’à 3,67%. Par ailleurs, selon le New York Times, l’Iran aurait proposé que les États-Unis et certains autres pays supervisent les activités d’enrichissement dans ses installations nucléaires.

Mais la vraie question est la suivante : si un tel accord est conclu et que l’Iran accepte réellement une surveillance stricte et permanente, peut-on alors parler de négociation réussie ?

L’enrichissement à des fins « pacifiques » est difficile à croire, surtout lorsqu’on sait que des milliards de dollars ont été dépensés aux dépens d’un peuple plongé dans la pauvreté. Aucun pays ne supporte une charge financière aussi lourde pour un programme purement civil.

Dans l’accord nucléaire de 2015, il était convenu que la République islamique ne dépasserait pas un taux d’enrichissement de 3,67 %. En réalité, le régime a violé cet engagement et augmenté le niveau d’enrichissement jusqu’à 60 %, transformant ce progrès en un levier de chantage à l’encontre de la communauté internationale.

De plus, 150 milliards de dollars d’avoir iraniens gelés ont été libérés ; mais au lieu d’améliorer les conditions de vie du peuple, la pauvreté s’est aggravée. En 2017, une révolte populaire a éclaté, motivée par la misère et l’indignation économique.

Pendant ce temps, les ressources débloquées ont été utilisées pour renforcer les forces supplétives du régime à travers la région. Le Moyen-Orient est devenu un champ d’intervention pour ces groupes, théâtre de conflits sanglants dans lesquels l’Iran a joué un rôle central.
L’un des résultats les plus amers de cette politique fut la guerre de Gaza, qui a fait des dizaines de milliers de morts et de blessés, et a déstabilisé toute une région.

L’entrée du régime iranien dans le processus de négociation est un signe de faiblesse absolue, et non le fruit d’un changement réel ou d’une évolution dans la nature de son pouvoir.

La République islamique redoute profondément toute confrontation militaire avec les États-Unis — en particulier une attaque contre ses installations nucléaires. Selon des sources proches des cercles politiques de Téhéran, lors d’une réunion entre les commandants des Gardiens de la révolution et des hauts responsables du régime, il aurait été conseillé au guide suprême du régime Ali Khamenei qu’un conflit militaire pourrait entraîner l’effondrement total du régime et ouvrir la voie à un soulèvement généralisé.

N’oublions pas qu’aux dernières élections présidentielles, seuls environ 8 % des électeurs ont participé, dans un climat de peur et de désespoir. Dans un tel contexte — avec une inflation galopante, 80 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté, et de nombreuses autres crises structurelles — un soulèvement populaire pourrait facilement renverser le régime.

D’autant plus que des milliers d’unités de résistance organisées, promouvant les objectifs du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) pour un futur Iran démocratique, sont actives à travers le pays, prêtes à transformer la moindre étincelle en une insurrection à grande échelle.

Il est donc parfaitement prévisible que le régime iranien, pour éviter une chute inévitable, reculera temporairement sur l’enrichissement de l’uranium et la fabrication de la bombe atomique.

Mais, tout comme en 2015, il maintient en place l’ensemble de son infrastructure nucléaire, dans l’attente d’un éventuel changement à la Maison-Blanche ou d’autres évolutions internationales qui rendraient la situation plus favorable, afin de pouvoir reprendre la course à la bombe dès que possible.

Tirons les leçons de l’histoire
En 2015, tout comme aujourd’hui, la République islamique insistait pour que les négociations se limitent exclusivement à la question nucléaire. Les puissances occidentales ont accepté ce cadre, ce qui a conduit à un accord qui, en apparence, restreignait le programme nucléaire iranien, mais qui, en réalité, a permis au régime de Téhéran de renforcer ses projets déstabilisateurs dans la région grâce aux ressources financières débloquées.

Le « fruit amer » de cet accord n’a été rien d’autre qu’une multiplication des guerres par procuration — notamment la guerre de Gaza, qui a fait des milliers de victimes.
C’est précisément ce que souhaite le régime iranien : cantonner les négociations à la seule dimension nucléaire afin que les autres aspects menaçants de son système — tels que l’exportation du terrorisme et la prolifération de milices — restent dans l’ombre.

L’erreur fatale des négociateurs de 2015 fut de croire que l’arme nucléaire représentait la seule menace, alors que l’expansionnisme régional, les groupes armés supplétifs et les interventions militaires de l’Iran se sont révélés, à bien des égards, encore plus meurtriers et déstabilisants que l’arme atomique elle-même.

L’expérience de la guerre de Gaza, la prise en otage de la souveraineté libanaise, la destruction de ce pays, ainsi que l’insécurité croissante dans les voies maritimes internationales, ne suffisent-elles pas à alerter le monde sur la véritable ampleur de cette menace ?

La République islamique, issue de dogmes religieux hérités du Moyen Âge, constitue un phénomène anachronique et déviant, imposé au XXIe siècle et au monde moderne à la faveur d’un événement historique. Ce régime ne peut survivre sans entretenir la guerre au-delà de ses frontières et sans réprimer violemment à l’intérieur.
C’est pourquoi, depuis plus de trente ans, il a élaboré et appliqué une stratégie belliciste, communément désignée sous le nom de « stratégie de dissuasion », fondée sur trois piliers principaux :

Le programme nucléaire
La création et le soutien de forces supplétives (milices)
Le développement de missiles balistiques

Ces trois éléments fonctionnent comme un système intégré, nourri d’une idéologie de haine, véhiculée à travers des slogans comme « Mort à l’Amérique » et « Mort à Israël », et destiné à entretenir en permanence la guerre et le conflit.

Par l’intermédiaire de ses forces par procuration, le régime a élargi sa présence régionale et, en semant crises et effusions de sang au Moyen-Orient, il a détourné l’attention du monde de la répression implacable qu’il exerce à l’intérieur de ses frontières.

Par conséquent, toute négociation sérieuse en faveur de la paix dans la région doit s’attaquer à l’ensemble du système idéologique et opérationnel du régime. Le démantèlement total, vérifiable et irréversible de son influence régionale, doit être garanti avec fermeté.

Ce n’est qu’à cette condition que les intérêts du peuple iranien, la sécurité régionale et une paix durable pourront être assurés.

Dans le cas contraire, dans quelques années, dans un autre coin du Moyen-Orient, nous serons à nouveau les témoins de guerres sanglantes — et ce sera une autre nation qui en paiera le prix.

Hamid Enayat

Iran: Sans accord nucléaire Trump menace de «bombarder»

Iran: Sans accord nucléaire Trump menace de «bombarder»

«S’ils ne signent pas d’accord, il y aura des bombardements», a assuré Donald Trump à la chaîne NBC dans une déclaration succincte sur l’Iran, avec lequel les États-Unis n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1980. Les deux pays n’ont que des échanges indirects par le biais de l’ambassade de Suisse à Téhéran, qui représente les intérêts américains en Iran.

Des responsables américains et iraniens se «parlent», a également affirmé Donald Trump, sans préciser la nature des discussions. Il a évoqué dans la même interview la possibilité d’imposer de nouveaux droits de douane à l’Iran. Le président américain, qui assume d’exercer depuis son retour à la Maison Blanche une pression maximale sur Téhéran, avait déjà prévenu vendredi que «les choses vont mal tourner» pour l’Iran en l’absence d’accord. Le milliardaire républicain avait retiré avec fracas les États-Unis d’un accord international avec l’Iran lors de son premier mandat, en 2018, mais se dit désormais ouvert au dialogue pour encadrer les activités nucléaires iraniennes.

En parallèle, Donald Trump a renforcé sa politique dite de «pression maximale» à l’encontre de l’Iran, avec des sanctions supplémentaires et la menace d’une action militaire en cas de refus de pourparlers. «Nous n’essayons pas d’éviter les négociations», a assuré le président iranien Masoud Pezeshkian dans une vidéo diffusée dimanche par un média étatique. «L’Iran a toujours été ouvert aux négociations indirectes. (…) Désormais, le guide suprême (Ali Khamenei) a souligné que des négociations indirectes peuvent se poursuivre», a-t-il ajouté. Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi avait déclaré plus tôt dans la semaine que la position de son pays restait «de ne pas négocier directement (avec les États-Unis) sous la +pression maximale+ et les menaces d’action militaire».

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Trump-Poutine: Un micro accord sur l’Ukraine

Trump-Poutine: Un micro accord sur l’Ukraine

Il est clair que Trump a dû reculer nettement par rapport à sa proposition de cessez-le-feu temporaire face à Poutine. On retiendra surtout l’engagement de ne plus tirer réciproquement sur les installations énergétiques et la promesse d’une poursuite des négociations.

En réalité, il s’agit d’un micro accord et on peut seulement espérer que les discussions vont s’engager et aboutir à un vrai cessation des hostilités militaires. Rien n’est certain dans ce domaine compte tenu des conditions que pose Poutine qui pratiquement exige la démilitarisation de l’Ukraine.

Observons par ailleurs que cet accord vraiment très insuffisant pourrait par ailleurs ne pas être respecté par Poutine qui peut ainsi continuer de bombarder la population civile et qui de toute manière n’a jamais respecté le moindre accord.

On notera que Trump ne fait pas une publicité tapageuse des résultats de sa concertation avec Poutine sans doute pour ne pas montrer qu’il a dû reculer. Au total pour l’instant, l’Ukraine n’est guère rassurée sur son avenir qui devrait se traduire au minimum par la colonisation russe sur 20 % de son territoire et cela sans garantie de sécurité. Poutine exige en effet que l’Ukraine ne puisse adhérer à l’OTAN, ainsi qu’à l’Union européenne et qu’elle ne reçoive plus aucun soutien militaire.

Minerais Ukraine. Zelinsky toujours prêt un accord juste

Minerais Ukraine. Zelinsky toujours prêt un accord juste

 

En dépit de la honteuse altercation de la part de Trump, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est redit prêt dimanche à signer l’accord sur les minerais négocié avec les États-Unis 

«Si nous avons accepté de signer l’accord sur les minéraux, alors nous sommes prêts à le signer», «nous sommes constructifs», a-t-il ajouté, après que Washington a laissé planer dimanche l’idée que le dirigeant ukrainien pourrait devoir partir s’il ne changeait pas de comportement !!! La manifestation évidente du nouvel impérialisme américain qui intervient sans état d’âme dans la gestion interne de pays étrangers. Finalement comme Poutine. Des interventions notamment qui ont aussi eu lieu en Allemagne et en Grande-Bretagne

Pour le président américain Donald Trump, il s’agit d’une compensation pour l’aide militaire et financière versée par les États-Unis depuis trois ans à Kiev face à l’invasion russe. Il ne comporte en revanche aucun engagement sur des garanties de sécurités américaines à l’Ukraine, réclamées par Kiev.Trump Trump réclamait au départ le remboursement de 500 milliards! En définitive l’Europe comme les États-Unis ont dépensé chacun de l’ordre de 100 milliards (mais sans exigence de remboursement de la part de l’Europe).

Malgré l’ingérence des États-Unis vis-à-vis du président ukrainien , Zelensky a reçu dimanche à Londres un soutien chaleureux de ses alliés lors d’un sommet auquel participait une quinzaine de dirigeants européens ainsi que le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, et le Premier ministre canadien Justin Trudeau.

La France et le Royaume-Uni se sont dits prêts à mener une «coalition des bonnes volontés» afin de contribuer à la sécurité de l’Ukraine pour appuyer une future cessation des combats.

 

Ukraine:Un accord de dupes sur les terres rares

Ukraine: Un accord de dupes sur les terres rares

 
Normalement aujourd’hui un accord pourrait être passé entre l’Ukraine et les États-Unis à propos de l’exploitation des terres et métaux rares en Ukraine. Un accord de dupes dans la mesure où ne sera pas précisé le champ géographique des futures exploitations (partie de l’Ukraine occupée et partie de l’Ukraine non occupée). La question centrale restera le problème de la sécurité en grande partie éludée et d’autant que Trump veut en confier la responsabilité à L’Europe mais  sans la consulter. Ajoutons que Trump a donné des assurances à Poutine pour que l’Ukraine n’adhère jamais à l’OTAN et vraisemblablement  l’accord signé ou non entre l’Ukraine et les États-Unis sera en grande partie bidon. Il y a même un risque pour les États-Unis de ne pas toucher un dollar de ces terres rares avant des les années mais cela pourrait quand même suffire aux partisans de Trump, au moins pendant un temps. Un autre risque est celui que Poutine s’approprie ces terres rares, celle des territoires déjà conquis en Ukraine et d’autres à venir dans un nouveau conflit. Cet accord de dupes va aussi donner le temps à Poutine de reconstituer des forces économiques et militaires amoindries. Au mieux ce curieux accord commercial pourrait justifier d’un cessez-le-feu très fragile pour l’Ukraine et l’Europe tout entière surtout sans force européenne commune à la hauteur des menaces russes.

 

Ukraine – États-Unis accord sur les minerais stratégiques

Ukraine – États-Unis  accord sur les minerais stratégiques

Acceptation par l’Ukraine  d’un accord sur ses minerais avec les États-Unis, sans clauses défavorables pour Kiev.
Selon cet accord, les États-Unis développeraient conjointement avec l’Ukraine les richesses minières et les revenus qui en seraient issus iraient dans un fonds nouvellement créé qui pourrait être «conjoint à l’Ukraine et l’Amérique», a dit à l’AFP cette source s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. «Les responsables gouvernementaux travaillent sur les détails. (…) Nous envisageons une visite à Washington vendredi pour signer l’accord», a déclaré cette source.
Selon la source ukrainienne, les termes de l’accord comportent une référence à la «sécurité», mais ne mentionnent pas explicitement le rôle des États-Unis. «Il s’agit d’une clause générale qui dit que l’Amérique investira dans une Ukraine souveraine, stable et prospère, qu’elle travaille pour une paix durable et que l’Amérique soutient les efforts pour garantir la sécurité», a-t-elle dit.

 

Ukraine: Les États-Unis veulent un accord commercial profitable

Ukraine: Les États-Unis veulent un accord commercial profitable

 

Des ressources ukrainiennes en échange de la paix c’est le deal proposé par les États-Unis. Le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, en visite à Kiev, a affirmé mercredi que les États-Unis voulaient obtenir un «accord de coopération économique» en échange de leur soutien à l’Ukraine, crucial pour faire face à l’invasion russe. «Nous aimerions conclure un accord de coopération économique. Et en échange de cet accord, les États-Unis continueront à fournir un soutien matériel à l’Ukraine, à la population», a déclaré Scott Bessent lors d’une rencontre avec le président Volodymyr Zelensky.

Le chef d’État ukrainien a de son côté dit espérer finaliser des accords économiques avec les États-Unis à l’occasion de la Conférence sur la sécurité de Munich prévue pour la fin de la semaine. «Pour ma part, je ferai tout pour m’assurer que notre équipe de responsables gouvernementaux travaille dans les deux prochains jours à pouvoir finaliser certains accords à Munich,» a déclaré Volodymyr Zelensky pendant une conférence de presse avec Scott Bessent.

Budget : Accord de la commission paritaire

Budget : Accord de la commission paritaire

Pour être adopté le budget vient de franchir la première étape, celle de la commission paritaire composée de représentants des deux chambres du Parlement. La seconde étape sera son adoption ou son rejet par l’Assemblée nationale. L’adoption passera par la procédure du 49-3 en toute ressemblance ( sans vote; il y aura enfin à franchir l’obstacle plus difficile celui de la motion de censure déposée notamment par les «  »insoumis ».

Une motion de censure qui risque d’être repoussée car elle ajouterait du chaos au chaos et serait même de nature à pointer du droit les extrémistes qui pensent davantage à déstabiliser le pays qu’à servir l’intérêt général.

 

Syrie : un accord durable avec les kurdes ?

Syrie : un accord durable avec les kurdes ?

 

Dans une Syrie  très divisée et des forces souvent qui se sont affrontés militairement, l’ordre du jour semble à l’apaisement et à l’unité. Ainsi les partisans du nouveau régime syrien auraient trouvé un accord avec les forces kurdex syriennes. La question est de savoir si cet accord sera durable qui est évidemment souhaitable. En effet la Turquie veut récupérer ces territoires et en particulier empêcher la création d’une zone plus ou moins autonome des kurdes.

 

Le chef des forces kurdes syriennes qui ont établi une administration autonome dans le nord-est du pays a déclaré à l’AFP mercredi s’être mis d’accord avec le nouveau pouvoir pour rejeter toute «division» territoriale de la Syrie.
«Nous sommes d’accord sur l’importance de l’unité et de l’intégrité territoriale de la Syrie, et nous rejetons tout projet de division qui menacerait l’unité du pays», a déclaré le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), Mazloum Abdi, dans une déclaration transmise à l’AFP commentant une rencontre en décembre entre ses forces et les autorités islamistes qui ont renversé Bachar al-Assad à Damas.

Sa déclaration intervient après des semaines d’affrontement dans le nord du pays entre ses forces soutenues par Washington et les combattants appuyés par la Turquie, qui les accuse d’avoir des liens avec les séparatistes armés kurdes sur son sol. Dans la région de Manbij (nord), ces affrontements ont fait plus de cent morts en deux jours, jusqu’à dimanche, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, malgré la déclaration d’une trêve sous médiation américaine.

Mercredi, cinq civils ont été tués et quinze autres blessés dans un raid aérien turc visant des convois civils se rendant au barrage de Tichrine près de Manbij, a indiqué l’administration autonome. Dans les régions contrôlées par les FDS se trouvent de vastes zones agricoles mais aussi la plupart des précieux puits pétroliers du pays, cruciaux pour les revenus de la Syrie. Lors d’une interview à la chaîne Al-Arabiya diffusée fin décembre, Ahmad al-Chareh a affirmé que les FDS devraient être intégrées à la future armée syrienne.

Mercosur : un accord anachronique ?

Mercosur : un accord anachronique ?

L’accord UE-Mercosur pourrait créer de nouveaux risques et dépendances susceptibles d’obérer notre capacité d’adaptation au changement climatique. Par Eric Muraille, Philippe Naccache et Julien Pillot (Inseec Grande Ecole, Groupe Omnes Education) dans « La Tibune ». 

( Notons cependant que cet accord fait l’objet d’analyses assez divergentes de la part des acteurs mais aussi des experts NDLR) 

 

La signature du traité commercial UE-Mercosur a une fois de plus permis de mesurer les divergences entre les États membres de l’UE. Mais surtout, cette signature démontre l’incapacité de la Commission européenne à intégrer les conséquences du dérèglement climatique dans sa stratégie tant politique qu’économique. Cette incapacité obère considérablement les possibilités d’adaptation de l’UE et de ses populations.

De la COP29 sur le climat, à la COP16 sur la biodiversité en passant par la COP16 sur la désertification, les échecs à répétition doivent nous amener à considérer l’impasse dans laquelle se trouve la politique internationale, alors que prévalent désormais, de façon parfaitement assumée, les intérêts particuliers des États – fussent-ils de court terme. Qui peut encore croire que dans une telle situation de blocage, et alors que Donald Trump – dont le climato-scepticisme n’est pas feint – s’apprête à présider de nouveau à la destinée de la 2e puissance émettrice de CO2 du Monde, que les objectifs des accords de Paris seront tenus ? Chaque jour qui passe, le scénario d’un réchauffement planétaire de +4°C par rapport à l’ère préindustrielle prend un peu plus d’ampleur.

Dans ce Nouveau monde, certains pays du Sud, en particulier l’Inde, les pays du Sahel, ou le bassin amazonien, feront face à des conditions climatiques extrêmes. En conséquence, il est à prévoir un effondrement des rendements agricoles, un phénomène connu pour favoriser l’émergence de conflits sociaux et internationaux.  Or, ces pays sont d’autant plus vulnérables au changement climatique qu’on les sait pourvus d’une gouvernance jugée fragile.

Certes, l’accord UE-Mercosur n’est pas inintéressant sur le court terme. Il devrait entrainer une baisse des prix agricoles au profit des consommateurs européens, et ouvrir de nouveaux débouchés à nos entreprises sur les marchés sud-américains fortement convoités par la Chine. Cependant, l’absence de prise en compte des risques climatiques susmentionnés par la Commission européenne pourrait, à terme, s’avérer préjudiciable à l’UE.

Le premier piège est de créer une dépendance alimentaire de l’UE envers une région dont, nous l’avons souligné, les rendements agricoles ont toutes les chances de décroitre dans les prochaines décennies. Un effet qui se trouvera amplifié par les difficultés similaires que connaîtront des zones aussi densément peuplées que l’Inde ou les pays du Sahel. Ces tensions affecteront les marchés alimentaires et sont pour le moins préoccupantes.

Le deuxième découle de l’augmentation du trafic maritime transocéanique induit par l’accord UE-Mercosur. L’accroissement des émissions de CO2 n’est pas l’unique problème. L’UE devrait également s’inquiéter d’une possible volatilité des prix des biens alimentaires faisant suite aux variations de prix des hydrocarbures, mais aussi à des conflits nationaux ou internationaux ou encore en cas de pandémies.

Le troisième résulte de la concurrence accrue entre les agriculteurs européens et sud-américains qui pourrait les inciter à se spécialiser pour pousser leurs avantages comparatifs, là où les recommandations scientifiques associent la résilience au changement climatique à une nécessaire diversification de l’agriculture. De plus, cette concurrence accrue a toutes les chances d’accroitre à outrance l’industrialisation de l’agriculture, et avec elle les méga-modèles productivistes aux conséquences sur la santé humaine et des écosystèmes de mieux en mieux documentés. Côté sud-américain, comment ne pas penser que l’augmentation de la demande en terre cultivable va encore accélérer la déforestation du bassin amazonien, augmenter les émissions, réduire les puits de carbone naturel, et perturber le régime des pluies… pourtant indispensable aux productions agricoles du sud de ce bassin ?

Aboutissement d’un processus initié il y a 20 ans – dans un Monde encore largement sourd aux conséquences du changement climatique – l’accord UE-Mercosur ne semble pas compatible avec les engagements de l’UE en matière de soutenabilité et de réduction des émissions de GES. Au contraire, il pourrait faire naître de nouvelles dépendances envers une zone instable politiquement et particulièrement exposée au changement climatique. Quel funeste projet que cette Europe, qui dispose pourtant de nombreux atouts géographiques, technologiques et économiques, soit à ce point incapable de penser sa stratégie d’adaptation au dérèglement climatique en étant le dernier grand acteur institutionnel à promouvoir un libre-échangisme intensif et dérégulé qui, à périmètre technologique constant, semble de plus en plus anachronique.

Accord UE-Mercosur : quels avantages ?

Accord UE-Mercosur : quels avantages ?

 

L’accord n’est pas parfait, mais aucun accord ne l’est. Il contient en revanche de nombreux aspects positifs pour les pays de l’UE, aussi bien du point de vue économique qu’en termes de protection de l’environnement. Il peut également avoir une utilité réelle en termes politiques, l’Amérique du Sud étant largement travaillée par les influences américaine et chinoise.

 

 

par  Associate Professor of Law, IESEG School of Management, Univ. Lille, CNRS, UMR 9221 – LEM – Lille Économie Management, IÉSEG School of Management

Le 6 décembre 2024, après 25 ans de négociations prolongées, l’Union européenne et le Marché commun du Sud (Mercosur) ont conclu un accord de libre-échange (ALE) historique. Ce texte n’est pas encore finalisé, car il doit être ratifié par tous les pays membres du Mercosur et par une majorité des pays membres de l’UE. La France est l’un des opposants les plus déterminés à cet accord, et cherche à former une coalition de blocage avec d’autres membres de l’UE, dont la Pologne. Ainsi, un jeu complexe d’alliances a commencé, avec une issue incertaine. La réticence de certains pays de l’UE, comme la France, est-elle justifiée, du point de vue économique et du point de vue de la realpolitik ?

Le Mercosur est un bloc régional créé par le Traité d’Asunción en 1991 par l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay. Le Venezuela était membre à part entière jusqu’en 2017, lorsqu’il a été suspendu indéfiniment pour violation de la « clause démocratique » du Mercosur. La Bolivie, qui a ratifié son adhésion en juillet 2024, ne fait pas partie de l’ALE pour le moment.

Le Mercosur couvre une superficie de près de 15 millions de km2, compte 300 millions d’habitants et constitue la 5e économie mondiale. Institutionnellement, le Mercosur est moins développé que l’UE, avec un degré d’intégration politique moindre. Sur le plan économique, il s’agit d’une union douanière, et non d’un marché pleinement intégré.

L’accord couvre non seulement le commerce des biens, mais aussi celui des services et des commandes publiques, ainsi que la propriété intellectuelle, et inclut des clauses visant à protéger l’environnement et les droits humains. En 2023, l’UE était le deuxième partenaire commercial du Mercosur pour les biens, représentant 16,9 % du commerce total du Mercosur, après la Chine et devant les États-Unis. L’UE a exporté pour 55,7 milliards d’euros de biens vers le Mercosur, tandis que les exportations du Mercosur vers l’UE ont totalisé 53,7 milliards d’euros.

Les principales exportations du Mercosur vers l’UE comprenaient des produits minéraux (29,6 %), des produits alimentaires, des boissons et du tabac (19,2 %), et des produits végétaux (17,9 %). À l’inverse, les principales exportations de l’UE vers le Mercosur étaient des machines et appareils (26,7 %), des produits chimiques et pharmaceutiques (25 %) et des équipements de transport (11,9 %). En 2022, l’UE a exporté pour 28,2 milliards d’euros de services vers le Mercosur, tandis que le Mercosur a exporté pour 12,3 milliards d’euros de services vers l’UE. De plus, l’investissement accumulé de l’UE dans le Mercosur est passé de 130 milliards d’euros en 2000 à 384,7 milliards d’euros en 2022. Actuellement, le Mercosur impose des tarifs d’importation plus élevés que l’UE, avec un tarif moyen situé entre 10 et 12 %, mais susceptible, pour certains biens, d’atteindre jusqu’à 35 %. Il impose également une multitude d’autres frais et taxes à l’importation.

Selon l’UE, l’ALE proposé créera la plus grande zone de libre-échange au monde, englobant 700 millions de consommateurs, bénéficiant à 60 000 entreprises européennes, dont 30 000 PME, avec des économies estimées à 4 milliards d’euros en tarifs.

L’analyse économique du droit (AED) nous rappelle qu’aucune décision juridique, telle que la signature d’un ALE, n’est neutre. Chaque modification des règles du jeu entraîne un changement dans les schémas d’incitation et de désincitation des acteurs, créant ainsi des gagnants et des perdants.

Ce qui importe, du point de vue d’un ALE, c’est que les gains de l’accord dépassent ses coûts pour toutes les parties impliquées agrégées. Ainsi, le critère, pour l’AED, est l’efficacité. Un résultat efficient au sens de Pareto est, en termes simples, un résultat dans lequel, après une réallocation des ressources (par exemple, due à la signature d’un ALE), au moins une partie est mieux lotie sans qu’une autre soit moins bien lotie.

En raison de l’impossibilité quasi totale d’atteindre de tels résultats dans le monde réel, les économistes préfèrent une autre notion d’efficacité, l’efficacité de Kaldor-Hicks, selon laquelle les gains de la réallocation des ressources dépassent les pertes et, en principe, les gagnants peuvent compenser les perdants. Mais voici le hic : l’efficacité de Kaldor-Hicks stipule que les gagnants peuvent compenser les perdants, pas qu’ils doivent le faire. L’économie, en particulier l’économie néoclassique, ne se soucie pas de la distribution ou de la redistribution. Mais c’est pour cela que la politique existe, qui, par exemple, à travers des politiques publiques redistributives financées par les impôts, peut compenser les « perdants ».Anticipant et espérant dissiper les préoccupations de certains secteurs concernant l’ALE, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a déclaré le 6 décembre 2024 :

« Il s’agit d’un accord gagnant-gagnant, qui apportera des avantages significatifs aux consommateurs et aux entreprises des deux parties. (…) Nous avons écouté les préoccupations de nos agriculteurs et nous en avons tenu compte. Cet accord prévoit des garanties solides pour protéger vos moyens de subsistance. L’accord UE-Mercosur est le plus important jamais négocié en ce qui concerne la protection des produits alimentaires et des boissons de l’UE. Plus de 350 produits de l’UE sont désormais protégés par une indication géographique. En outre, nos normes européennes en matière de santé et d’alimentation demeurent intangibles. Les exportateurs du Mercosur devront respecter strictement ces normes pour accéder au marché de l’UE. Telle est la réalité d’un accord qui permettra aux entreprises de l’UE d’économiser 4 milliards d’euros de droits à l’exportation par an. »

En d’autres termes, la représentante de l’UE affirme non seulement que, d’un point de vue du coûts-bénéfices, l’ALE est bénéfique pour l’UE et ses membres, mais aussi que les « perdants » présumés ne devraient pas trop s’inquiéter. Selon les détracteurs du texte, ses conséquences seront désastreuses pour les agriculteurs de l’UE et l’environnement. Examinons ce que comprend le texte pour y voir plus clair.

En ce qui concerne les exportations de l’UE vers le Mercosur, les producteurs bénéficient de la suppression des droits de douane élevés sur les exportations agroalimentaires de l’UE (par exemple, vins, fromages, huile d’olive, etc.). Par ailleurs, afin de donner aux agriculteurs de l’UE le temps de s’adapter, un chronogramme de libéralisation commerciale a été établi. Pour certains produits agricoles en provenance du Mercosur, les droits d’importation vers l’Europe ne seront supprimés que dans sept à dix ans. D’autres produits, tels que le bioéthanol, le bœuf et la volaille, sont soumis à des quotas.

Tous les produits importés dans l’UE doivent respecter les normes sanitaires et phytosanitaires, même si les normes de production peuvent différer entre les pays tiers et les pays de l’UE. Par exemple, les OGM interdits dans l’UE ne peuvent pas être importés, les denrées alimentaires importées doivent respecter les limites de résidus de pesticides fixées par l’UE, et, depuis une directive de 1981, il est interdit d’importer des viandes dont la croissance a été stimulée par des hormones.

La version 2024 de l’ALE ne se concentre pas uniquement sur le commerce, mais met également l’accent sur les questions environnementales, sociales et de droits de l’homme, incarnant un modèle de « nouveau régionalisme » qui oblige les États membres du Mercosur à élever leurs normes dans ces domaines, ce qui pourrait affecter leurs avantages concurrentiels en raison de l’augmentation des coûts. De plus, une nouvelle annexe au chapitre sur le développement durable comprend des engagements à promouvoir l’autonomisation des femmes, développer des chaînes d’approvisionnement durables, en particulier dans les secteurs de l’énergie et de la transition vertes, encourager le commerce de produits durables qui préservent la biodiversité et soutiennent les moyens de subsistance des populations autochtones, réaffirmer les engagements de l’OIT avec un accent sur la lutte contre le travail des enfants, et coopérer avec et soutenir les pays du Mercosur dans la mise en œuvre du règlement de l’UE sur la déforestation. Les parties sont convenues de mettre en œuvre des mesures pour arrêter la déforestation d’ici à 2030, marquant la première fois que les pays du Mercosur prennent un engagement juridique individuel pour mettre fin à la déforestation.

La violation d’un élément essentiel de l’ALE, tel que la lutte contre la déforestation, permet à toute partie de prendre des mesures appropriées, y compris la suspension totale ou partielle de l’accord. De plus, l’UE a demandé l’inclusion de l’Accord de Paris sur le changement climatique comme nouvel élément essentiel de l’accord UE-Mercosur, permettant la suspension de l’accord si une partie se retire de l’Accord de Paris ou ne le respecte pas de bonne foi.

L’ALE stipule que 357 indications géographiques (IG) de l’UE, dont 64 IG françaises pour les produits alimentaires, les vins et les spiritueux, seront protégées dans la région du Mercosur à un niveau comparable à celui de l’UE. Cela représente une amélioration significative par rapport au niveau de protection actuel et marque le plus grand nombre d’IG jamais protégées dans un ALE de l’UE. La protection des IG associées aux produits alimentaires, vins et spiritueux de l’UE renforce l’avantage concurrentiel des producteurs européens. De plus, comme les producteurs locaux en Argentine et au Brésil utilisent actuellement des noms tels que Roquefort ou Cognac (et sa traduction au portugais, conhaque) pour les fromages et les spiritueux produits localement, après la ratification de l’ALE, ils devront cesser d’utiliser ces IG dans les sept ans suivant l’entrée en vigueur de l’accord.

L’opposition de plusieurs pays de l’UE à l’ALE se fait au nom des intérêts de leurs secteurs agricoles. Il est vrai que le secteur agricole de l’UE fait face à de nombreux défis, mais l’ALE n’en est pas la cause ; il ne fait que mettre en évidence les faiblesses existantes.

Dans des pays comme la France, le pourcentage de travailleurs agricoles diminue d’année en année, ne représentant que 1,5 % de l’emploi total en 2019. Dans son œuvre la plus récente, le sociologue Jérôme Fourquet suggère qu’en 2030, cette proportion sera réduite de moitié. Sans minimiser les difficultés du secteur agricole, il est possible de suggérer que ses problèmes ne sont pas causés par la concurrence étrangère ; ils ont des racines plus profondes. Bloquer un accord largement bénéfique au nom de la défense d’un secteur petit et en déclin est-il justifié ? Bien sûr, les agriculteurs devraient être soutenus pour devenir plus compétitifs et innovants. À cette fin, des pays comme la France et la Pologne devraient investir dans l’innovation de leurs secteurs agricoles.

Les environnementalistes devraient eux aussi accueillir l’accord favorablement. Il n’est peut-être pas parfait – aucun traité ne l’est –, mais il répond aux préoccupations qui étaient restées sans réponse en 2019, en élevant les normes des pays du Mercosur en matière de protection de l’environnement. De plus, si l’ALE n’est pas ratifié, les pays du Mercosur manqueront de fortes incitations à réduire la déforestation, à lutter contre le changement climatique ou à améliorer les normes du travail. Lorsqu’il s’agit de solutions concrètes, nous devons éviter de tomber dans le piège du sophisme de Nirvana, qui consiste à comparer des solutions réelles, bien qu’imparfaites, avec des solutions parfaites, mais irréalistes.

Depuis 2019, lorsque l’accord « en principe » a été signé, la situation géopolitique a changé, mettant l’UE sous une pression croissante. La guerre russo-ukrainienne a non seulement rapproché le spectre de la guerre, mais a également privé les États membres de l’UE de sources d’énergie bon marché. L’élection récente aux États-Unisde Donald Trump a elle aussi sans doute pesé sur la décision de l’UE de conclure l’accord avec le Mercosur. Le futur président américain ne fait pas mystère de sa volonté de renforcer les politiques protectionnistes, ainsi que de désarmer le système commercial multilatéral.

La Chine est actuellement l’un des principaux investisseurs en Amérique latine. Les entreprises chinoises ont acquis des entreprises de pays du Mercosur dans des secteurs stratégiques, tels que l’alimentation, les minéraux, la communication et les infrastructures. Contrairement à l’approche basée sur les droits de l’UE, la manière chinoise de faire des affaires en Amérique latine n’inclut pas de préoccupations sociales ou environnementales et se fait en secret. L’ALE peut permettre aux entreprises de l’UE de défier la domination de la Chine dans la région.

De plus, l’ALE pourrait être un mouvement stratégique pour déstabiliser le bloc BRICS, qui s’est récemment élargi et inclut désormais le Brésil. Bien que les objectifs du bloc BRICS restent quelque peu vagues, il est souvent perçu comme une alternative à l’influence occidentale.

De plus, l’ALE permet à l’UE d’accéder à certains des métaux critiques dont elle a désespérément besoin pour la transition énergétique et pour atteindre son « Pacte vert pour l’Europe ». L’Argentine possède de grandes réserves de lithium, étant l’un des trois pays du soi-disant Triangle du Lithium, qui détient collectivement environ 44 millions de tonnes de lithium, représentant près de 43 % des réserves mondiales. Le Brésil possède l’une des plus grandes réserves de matières premières critiques (CRM, selon son acronyme en anglais) au monde, y compris le graphite, les terres rares et le phosphate. L’accès à ces dépôts aiderait à diversifier les chaînes d’approvisionnement en CRM de l’Europe et à réduire la dépendance à la Chine.

Si, comme l’a suggéré Alan Rouquié, l’Amérique latine est « l’extrême Occident », en étendant les relations commerciales et de coopération avec les pays du Mercosur, l’UE pourrait étendre son influence dans la région à un moment où elle devient un acteur minoritaire et solitaire sur la scène internationale.

Un accord salarial chez EDF

Un accord salarial chez EDF

 

2,7 % d’augmentation pour les salariés d’EDF. La direction d’EDF et l’ensemble des organisations syndicales représentatives (CFE-CGC, CGT, CFDT et FO) ont signé un accord salarial pour 2025 prévoyant 1,9% d’augmentations individuelles, a-t-on appris vendredi de sources concordantes, qui s’ajoutent à une augmentation de 0,8% au niveau de la branche. Dans l’ensemble des entreprises des industries électriques et gazières, les négociations annuelles ont débouché sur des propositions comprises «entre 1,8 et 1,9% en mesures individuelles», selon Laurent Koessler, de la CFE-Énergies, ce qui donne dans ce dernier cas 2,7% d’augmentation, en tenant compte de l’augmentation de 0,8% du salaire national de base, obtenue au niveau de la branche. À noter qu’on compte sur une inflation d’environ 2 % en 2025. Une perspective assez probable eu égard au tassement de la demande et de la croissance.

 

 

Accord commercial – Mercosur : la présidente de l’UE profite du flottement européen

Accord commercial – Mercosur : la présidente de l’UE profite du flottement européen

La présidente de la commission européenne Van der Layen, a annoncé l’adhésion de l’Europe au traité commercial Mercosur avec l’Amérique du Sud. Pour cela, elle a profité sans doute du flottement européen qui se caractérise actuellement par l’absence d’un gouvernement allemand et l’incapacité en France à trouver une majorité parlementaire.

 

Pour faire passer la pilule, elle annonce l’existence de mesures miroir qui veilleraient à ne pas de ne pas porter atteint aux conditions de concurrence et le respect de l’environnement. Des clauses tout à fait théoriques car évidemment pratiquement invérifiables.

Il s’agit d’un coup de poker politique qui sert surtout les intérêts de l’Allemagne actuellement en difficulté pour sa production industrielle exportée. L’affaire est cependant encore loin d’être bouclée car il faudra l’accord formel de 65 % des Européens représentés, l’accord aussi du Parlement européen et peut-être même des parlements nationaux.

Pas de doute cependant que cette orientation de la commission européenne va encore contribuer à détériorer le climat social déjà tendu chez les agriculteurs.

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