Archive pour le Tag 'phénomène'

Défaillance de la mémoire : un phénomène souvent normal

Défaillance de la mémoire : un phénomène souvent normal

 

Au quotidien, oublier certaines choses est assez agaçant – voire, en fonction de l’âge, inquiétant. Mais l’oubli est un phénomène tout à fait naturel : la mémoire a besoin d’oublier. De plus, les souvenirs peuvent ne pas être aussi fiables qu’on le croit, mais au contraire être déformés par rapport à ce qui s’est réellement passé. Mais quel niveau d’oubli est « normal » ? Est-il acceptable par exemple de mélanger les noms de pays, comme l’a fait récemment le président américain Joe Biden ? Pour se souvenir de quelque chose, le cerveau doit l’apprendre (encodage), le conserver en lieu sûr (stockage) et être capable de le retrouver en cas de besoin (récupération). Si une de ces étapes est perturbée, le souvenir peut être perdu, ou oublié. Le cerveau ne peut pas traiter toutes les informations sensorielles qui lui arrivent : il filtre les informations afin de traiter ce qui est important. Ainsi, il encode sous forme de souvenirs principalement les choses auxquelles on prête vraiment attention.

 

par 

Professor of Psychology, Durham University dans The Conversation

Qui n’a jamais oublié les prénoms des invités lors d’une soirée entre amis, parce que son attention est tournée vers autre chose ? Il s’agit là d’une défaillance de la mémoire – un oubli – tout à fait normale, et très courante.

Les habitudes et les conventions peuvent aider à contourner ce problème. Par exemple, si l’on range toujours ses clefs au même endroit, nul besoin d’encoder à chaque fois une nouvelle information pour les retrouver.

La répétition est également importante pour ancrer les souvenirs, qui ont tendance à disparaître s’ils ne sont pas remobilisés. Plus nous répétons, rabâchons ou racontons des souvenirs, plus nous nous en souvenons longtemps – si ce n’est que nous avons tendance à modifier ces souvenirs lorsque nous les racontons, et qu’il est probable que nous nous souvenions mieux de la dernière version que de l’évènement initial.

Dans les années 1880, le psychologue allemand Hermann Ebbinghaus a mené une expérience pendant laquelle les participants devaient mémoriser des séries de syllabes inconnues qui ne voulaient rien dire. Il a noté ce dont les participants se souvenaient au fil du temps, et montré que la plupart de nos souvenirs s’estompent en l’espace d’un jour ou deux s’ils ne sont pas remobilisés. En revanche, si les séries étaient répétées à intervalles réguliers, les participants pouvaient retenir un bien plus grand nombre de syllabes pendant plus d’une journée.

Ces répétitions volontaires, qui permettent de mieux se souvenir d’une chose, provoquent parfois l’oubli d’une autre. Nous pouvons ainsi encoder l’endroit où la voiture est garée en allant faire des courses puis l’oublier, tant nous sommes occupés à répéter d’autres choses – la liste de courses à ne pas oublier, par exemple.

Cet exemple permet d’illustrer une autre caractéristique de l’oubli : la capacité à oublier une information particulière tout en se souvenant, globalement, de l’essentiel. S’il est parfois impossible de se rappeler précisément où est garée la voiture en sortant du magasin, on sait souvent si elle était à gauche ou à droite de la porte, sur le bord du parking ou vers le centre, ce qui permet de la chercher dans une zone relativement définie.

En vieillissant, les gens s’inquiètent davantage de leur mémoire. Il est vrai que l’oubli devient plus prononcé, mais cela ne signifie pas forcément qu’il y a un problème.

Plus le temps passe, plus il y a de choses dont nous devons nous souvenir. Nos expériences passées partagent de nombreux points communs, et il peut être difficile de distinguer différents souvenirs.

Par exemple, si vous n’êtes allé qu’une seule fois en vacances à la plage en Espagne, il est probable que vous vous en souveniez avec une grande clarté. En revanche, si vous avez passé de nombreuses vacances en Espagne, dans différentes villes et à différentes périodes, il vous sera plus difficile de vous rappeler si un évènement s’est produit lors de vos premières vacances à Barcelone ou lors d’un voyage ultérieur.

Le chevauchement des souvenirs, ou interférence, limite la récupération des informations. Imaginez que vous classiez des documents sur un ordinateur : au début, le système de classement est clair, chaque document trouve aisément une place où il sera facile à retrouver. Mais plus les documents arrivent, plus il devient difficile de décider dans quel dossier les ranger. De nombreux documents se retrouvent dans un seul dossier parce qu’ils sont tous liés à un élément. Ainsi, au fil du temps, il devient de plus en plus difficile de retrouver le bon document lorsqu’on le cherche, soit parce qu’on ne sait pas où on l’a mis, soit parce qu’on sait où il devrait être, mais qu’il y a beaucoup d’autres choses dans le même dossier.

Enfin, ne pas oublier peut poser problème. C’est le cas de certains stress post-traumatiques, où le souvenir est persistant, ne s’efface pas et interrompt régulièrement la vie quotidienne.

Le deuil ou la dépression peuvent aussi rendre plus difficile l’oubli d’informations négatives, alors que dans ces cas, les oublier serait extrêmement utile.

Oublier est fréquent, et le devient de plus en plus avec l’âge. De plus, oublier des noms ou des dates, comme l’a fait Joe Biden, ne nuit pas forcément à la prise de décision. Les personnes âgées peuvent avoir des connaissances approfondies et une bonne intuition, qui peuvent aider à compenser de tels trous de mémoire.

Mais bien entendu, ces trous de mémoire peuvent être le signe d’un problème plus grave et suggérer qu’il faut consulter un médecin.

Le fait de poser la même question à plusieurs reprises par exemple peut dévoiler que l’oubli est plus qu’un problème de distraction ponctuelle au moment d’encoder la réponse.

De même, oublier son chemin dans des endroits très familiers peut révéler une difficulté à utiliser les indices de l’environnement pour se souvenir et se repérer. Et si oublier le nom d’une personne au cours d’un dîner est normal, oublier comment utiliser sa fourchette et son couteau ne l’est pas.

En fin de compte, les trous de mémoire ne sont pas forcément à craindre – il faut s’inquiéter s’ils deviennent extrêmes.

Le phénomène Trump

Le phénomène Trump

Pour la plupart des français, incluant de nombreux observateurs politiques, l’élection de Donald Trump en 2016 s’est avérée non seulement inquiétante, mais surtout incompréhensible. Par André Yché, Président du conseil de surveillance chez CDC Habitat.(la Tribune)

La pire contradiction c’est que plus les procès se développent contre l’ancien président et plus il progresse dans l’opinion de droite.

 

Quatre décennies plus tôt, revêtu de mon uniforme d’élève-officier de l’Air français, je découvrais, pour un séjour semestriel, l’US Air Force Academy de Colorado Springs et, par la même occasion, les Etats-Unis d’Amérique, du moins cette région des hauts plateaux, au pied des Rocheuses.

C’était pendant l’été 1975, Gerald Ford terminait péniblement le difficile second mandat de Richard Nixon et déjà, les Etats-Unis se retiraient en catastrophe du Viêt-Nam. Les cadres de l’Academy, anciens pensionnaires du « Hanoï Hilton » pour certains d’entre eux, portaient encore l’odeur du napalm de « Rolling Thunder » et de « Linebacker I/II ». Parmi eux, la popularité de « Tricky Dicky », en dépit du « Watergate », n’avait pas fléchi.

Très vite, j’ai pu observer certaines strates conservatrices de la société américaine, au cours des dimanches en famille dans le Mesa Verde, débutés par la messe conclue par « America the beautiful », les pique-niques à base de « Kentucky Fried Chicken » et des « Home made Apple Pies », les rodéos de fin d’après-midi, entre deux concours de tir au Colt 45, sur des boites de « Budweiser » et de « Coors » vides.

Mais ce qui m’a surtout marqué, c’est la « Country Music », et notamment le répertoire traditionnel de « Blue Grass », dont il m’a paru, très vite, qu’il recélait la réalité la plus enracinée de l’âme américaine, avec ses mythes fondateurs et ses images d’Epinal.

Et d’abord, la figure iconique du genre, Johnny Cash, dont quelques titres emblématiques donnent le ton : « Folsom Prison Blues », confession d’un mauvais garçon ; « I walk the line », influence salvatrice de la compagne ; « Hey Porter ! » et « The rock island line » qui évoquent l’aventure du chemin de fer et la nostalgie du Sud et surtout « I saw the light », sur le chemin de Damas. Mais avec sa voix profonde, envoûtante, sa « gueule » de « dur à cuire » et son sourire chaleureux, Johnny Cash a abordé tout le répertoire « country », incluant des centaines de chansons et développant les thèmes patriotiques de la rédemption, du « bon grain » poussant sous l’ivraie, mais aussi du courage et, s’il le faut, de la force au service de la défense légitime du Bien.

Celui qui couvre parfaitement l’ensemble de ce registre, c’est Marty Robbins avec les grands classiques de la « Country » : « Big Iron », la scène du duel dans la rue principale d’  « Agua Fria », qui aurait pu être celle de « Laredo » ou de « Tombstone », entre un « Arizona Ranger », justicier taciturne, et un jeune « outlaw » de 24 ans, rappelant la scène finale de « Gunfight at OK Corral » ; « El Paso », drame de la passion amoureuse, « Roméo et Juliette » dans l’Ouest. Ainsi enchaîne-t-il « Gunfighter ballads » et « Trail Songs », abordant tous les thèmes sur un très large spectre : « Running Gun », ou le destin d’un « desperado » ; « Riders in the sky », version quasi-cinématographique de « Master Call »… A côté du train, le cheval occupe une place éminente dans la mythologie de l’Ouest américain : « The Tennessee Stud » interprété par Doc Watson.

Ce courant traditionnaliste et ultra-conservateur ne résume pas la « country » qui englobe également une critique de l’ordre établi et des injustices qu’il engendre. Illustrer cette tendance, très présente, fournit l’occasion de citer Tennessee Ernie Ford et son « tube » : « Sixteen tons », histoire d’un mineur de plus en plus endetté auprès du «general Store » de la compagnie minière qui l’exploite en lui faisant extraire, quotidiennement, seize tonnes de charbon (« nine-grades »), la meilleure qualité ; il libère sa haine en utilisant sa force herculéenne pour battre à mort quiconque croise sa route.

Parmi les plus éminents représentants du courant contestataire, viennent les frères Guthrie, Arlo (« City of New Orleans », encore un « Railroad Blues » emprunté à Steve Goodman) et Woody (« This land is your land », revendication de la citoyenneté américaine ; « House of Rising Sun », ou la défense des idéaux ; « Deportee » ou le drame des immigrés « latinos »). Mais le plus prolixe de cette génération exceptionnelle demeure Pete Seeger, à travers ses reprises des Guthrie autant que par son répertoire propre : « Where have all the flowers gone », le drame du Viêt-Nam ; « Which side are you on », le syndicalisme revendicatif ; « If I had a hammer », ou changer le monde ; « We shall overcome », chant d’appel et d’espoir ; « What did you learn in school today », critique des institutions…

Bien sûr, le conflit vietnamien pèse lourdement sur le climat et Bob Dylan se déporte de plus en plus vers le registre pacifiste protestataire : « John Brown » went to war, to fight on a foreign shore… et Cat Stevens lui donne la réplique : « How many times », how many deaths will it take us to know that too many people have died…

Mais Cat Stevens (« Morning has broken », « Lady d’Arbanville ») n’a jamais été membre de la « Country family » !

Pour autant, même si on tend à écarter de ce panel de « country songs » ceux de Joan Baez (« Here’s to you ») en dépit de l’influence sur sa composition de Bob Dylan et de la sienne sur Emmylou Harris (« Farewell Argentina », « Baby blue »…) la caractéristique fondamentale de la « Country » est le fond d’optimisme qui ressort de ces œuvres, qu’il s’agisse du recours aux valeurs traditionnelles (« The Erie Canal ») ou à la réconciliation nationale (« Johnny Reb ») et même le fort courant contestataire ne remet pas en cause, fondamentalement, le modèle américain, tout en dénonçant ses dérives et les abus qui en résultent.

In fine, deux titres résument l’esprit dominant de la Country : « Will the circle be unbroken » qui appelle à la transmission des valeurs que même Bob Dylan a interprété, et « America the beautiful », véritable hymne à la Nation.

Plus tard, la relève de Willie Nelson et autres a été assurée, pour un temps, par le célébrissime John Denver ; une nouvelle génération s’efforce désormais de suivre la « Desperado trail »…

Toute la question aujourd’hui est de savoir si cette Amérique traditionnelle est morte, ou du moins, dépassée par le mouvement contestataire radical. Les prochains scrutins nationaux apporteront un début de réponse à cette question essentielle, pour ne pas dire existentielle.

Inflation: Un phénomène dont profitent des entreprises

Inflation: Un phénomène dont profitent des entreprises

Selon la Banque centrale européenne (BCE), les marges bénéficiaires des entreprises européennes ne vont pas si mal et ont alimenté l’inflation. La situation est probablement très variable selon les secteurs, mais certaines entreprises ont augmenté leurs prix, parfois plus que leurs coûts. Au détriment des salariés et des consommateurs, dont l’épargne post-Covid a joué un rôle d’amortisseur.

La présentation a été faite aux gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) réunis dans le petit village d’Inari en Finlande début février. Elle nuance l’analyse de l’inflation des économistes, et largement servie par les entreprises depuis un an. Ces dernières ont largement justifié leur hausse de prix par la hausse de leurs coûts. Flambée des prix de l’énergie, des matières premières, pénuries de composants et augmentation des salaires, les facteurs de bouleversements de leurs structures de coûts n’ont certes pas manqué. Mais au final, en zone euro, la situation ne serait pas si pénalisante sur leurs résultats. Les données présentées aux membres de la BCE à Inari, selon des indiscrétions des participants recueillis par Reuters, montrent que les marges bénéficiaires des entreprises, plutôt que de diminuer, comme on pourrait s’y attendre lorsque les entrants augmentent… se sont élevées.

Un papier du journal « Capital » qui n’est pas spécialement d’extrême-gauche !

Comprendre le phénomène Trump

Comprendre le phénomène Trump

Pour la plupart des français, incluant de nombreux observateurs politiques, l’élection de Donald Trump en 2016 s’est avérée non seulement inquiétante, mais surtout incompréhensible. Par André Yché, Président du conseil de surveillance chez CDC Habitat.(la Tribune)

 

Quatre décennies plus tôt, revêtu de mon uniforme d’élève-officier de l’Air français, je découvrais, pour un séjour semestriel, l’US Air Force Academy de Colorado Springs et, par la même occasion, les Etats-Unis d’Amérique, du moins cette région des hauts plateaux, au pied des Rocheuses.

C’était pendant l’été 1975, Gerald Ford terminait péniblement le difficile second mandat de Richard Nixon et déjà, les Etats-Unis se retiraient en catastrophe du Viêt-Nam. Les cadres de l’Academy, anciens pensionnaires du « Hanoï Hilton » pour certains d’entre eux, portaient encore l’odeur du napalm de « Rolling Thunder » et de « Linebacker I/II ». Parmi eux, la popularité de « Tricky Dicky », en dépit du « Watergate », n’avait pas fléchi.

Très vite, j’ai pu observer certaines strates conservatrices de la société américaine, au cours des dimanches en famille dans le Mesa Verde, débutés par la messe conclue par « America the beautiful », les pique-niques à base de « Kentucky Fried Chicken » et des « Home made Apple Pies », les rodéos de fin d’après-midi, entre deux concours de tir au Colt 45, sur des boites de « Budweiser » et de « Coors » vides.

Mais ce qui m’a surtout marqué, c’est la « Country Music », et notamment le répertoire traditionnel de « Blue Grass », dont il m’a paru, très vite, qu’il recélait la réalité la plus enracinée de l’âme américaine, avec ses mythes fondateurs et ses images d’Epinal.

Et d’abord, la figure iconique du genre, Johnny Cash, dont quelques titres emblématiques donnent le ton : « Folsom Prison Blues », confession d’un mauvais garçon ; « I walk the line », influence salvatrice de la compagne ; « Hey Porter ! » et « The rock island line » qui évoquent l’aventure du chemin de fer et la nostalgie du Sud et surtout « I saw the light », sur le chemin de Damas. Mais avec sa voix profonde, envoûtante, sa « gueule » de « dur à cuire » et son sourire chaleureux, Johnny Cash a abordé tout le répertoire « country », incluant des centaines de chansons et développant les thèmes patriotiques de la rédemption, du « bon grain » poussant sous l’ivraie, mais aussi du courage et, s’il le faut, de la force au service de la défense légitime du Bien.

Celui qui couvre parfaitement l’ensemble de ce registre, c’est Marty Robbins avec les grands classiques de la « Country » : « Big Iron », la scène du duel dans la rue principale d’  « Agua Fria », qui aurait pu être celle de « Laredo » ou de « Tombstone », entre un « Arizona Ranger », justicier taciturne, et un jeune « outlaw » de 24 ans, rappelant la scène finale de « Gunfight at OK Corral » ; « El Paso », drame de la passion amoureuse, « Roméo et Juliette » dans l’Ouest. Ainsi enchaîne-t-il « Gunfighter ballads » et « Trail Songs », abordant tous les thèmes sur un très large spectre : « Running Gun », ou le destin d’un « desperado » ; « Riders in the sky », version quasi-cinématographique de « Master Call »… A côté du train, le cheval occupe une place éminente dans la mythologie de l’Ouest américain : « The Tennessee Stud » interprété par Doc Watson.

Ce courant traditionnaliste et ultra-conservateur ne résume pas la « country » qui englobe également une critique de l’ordre établi et des injustices qu’il engendre. Illustrer cette tendance, très présente, fournit l’occasion de citer Tennessee Ernie Ford et son « tube » : « Sixteen tons », histoire d’un mineur de plus en plus endetté auprès du «general Store » de la compagnie minière qui l’exploite en lui faisant extraire, quotidiennement, seize tonnes de charbon (« nine-grades »), la meilleure qualité ; il libère sa haine en utilisant sa force herculéenne pour battre à mort quiconque croise sa route.

Parmi les plus éminents représentants du courant contestataire, viennent les frères Guthrie, Arlo (« City of New Orleans », encore un « Railroad Blues » emprunté à Steve Goodman) et Woody (« This land is your land », revendication de la citoyenneté américaine ; « House of Rising Sun », ou la défense des idéaux ; « Deportee » ou le drame des immigrés « latinos »). Mais le plus prolixe de cette génération exceptionnelle demeure Pete Seeger, à travers ses reprises des Guthrie autant que par son répertoire propre : « Where have all the flowers gone », le drame du Viêt-Nam ; « Which side are you on », le syndicalisme revendicatif ; « If I had a hammer », ou changer le monde ; « We shall overcome », chant d’appel et d’espoir ; « What did you learn in school today », critique des institutions…

Bien sûr, le conflit vietnamien pèse lourdement sur le climat et Bob Dylan se déporte de plus en plus vers le registre pacifiste protestataire : « John Brown » went to war, to fight on a foreign shore… et Cat Stevens lui donne la réplique : « How many times », how many deaths will it take us to know that too many people have died…

Mais Cat Stevens (« Morning has broken », « Lady d’Arbanville ») n’a jamais été membre de la « Country family » !

Pour autant, même si on tend à écarter de ce panel de « country songs » ceux de Joan Baez (« Here’s to you ») en dépit de l’influence sur sa composition de Bob Dylan et de la sienne sur Emmylou Harris (« Farewell Argentina », « Baby blue »…) la caractéristique fondamentale de la « Country » est le fond d’optimisme qui ressort de ces œuvres, qu’il s’agisse du recours aux valeurs traditionnelles (« The Erie Canal ») ou à la réconciliation nationale (« Johnny Reb ») et même le fort courant contestataire ne remet pas en cause, fondamentalement, le modèle américain, tout en dénonçant ses dérives et les abus qui en résultent.

In fine, deux titres résument l’esprit dominant de la Country : « Will the circle be unbroken » qui appelle à la transmission des valeurs que même Bob Dylan a interprété, et « America the beautiful », véritable hymne à la Nation.

Plus tard, la relève de Willie Nelson et autres a été assurée, pour un temps, par le célébrissime John Denver ; une nouvelle génération s’efforce désormais de suivre la « Desperado trail »…

Toute la question aujourd’hui est de savoir si cette Amérique traditionnelle est morte, ou du moins, dépassée par le mouvement contestataire radical. Les prochains scrutins nationaux apporteront un début de réponse à cette question essentielle, pour ne pas dire existentielle.

Phénomène de l’ inflation : l’occasion d’une énorme spéculation

Phénomène de l’ inflation : l’occasion d’une énorme spéculation

 

Nombreux de productions subissent des hausses indues jusqu’à deux chiffres en profitant du climat inflationniste. Des hausses dont certaines peuvent s’expliquer par l’augmentation des matières premières mais beaucoup d’autres liés à une croissance des tarifs spéculative. Des hausses de producteurs, d’intermédiaires et de commerçants.

 

Ceux qui ont l’habitude par exemple d’effectuer leurs courses dans les grandes surfaces ont noté les subterfuges qui consistent à substituer une marque à une autre pour en augmenter le prix. Le président des supermarchés Leclerc estime que au moins la moitié des augmentations sont injustifiées. Il réclame la mise en place d’une commission parlementaire, en vain.

Cette commission ne pourrait que constater des hausses qui dépassent et de loin les 5,8 % d’inflation générale. Ce qui par parenthèse remettrait aussi en cause le caractère d’obsolescence de l’indice des prix à la consommation de l’INSEE aujourd’hui complètement faussé par le changement structurel de consommation.

Le pouvoir et les économistes ultra-libéraux à son service craignent une transparence de l’inflation réelle ne réveillent les revendications salariales. La plupart de ces économistes condamnent par avance les les effets de la spirale salaire prix. En même temps, le problème c’est qu’ils condamnent aussi la croissance.

En effet les revenus salariaux n’ont guère augmenté de plus de 3 % soient une perte de pouvoir d’achat de 3 % Un seul exemple, le fameux pot de moutarde qui avait disparu des étalages. Chez certains distributeurs il revient sous une autre marque mais au même prix que les plus chers; en réalité d’une moindre qualité et en provenance de Roumanie !au moins par rapport à l’inflation. Les ménages consommateurs en ont déjà tiré les conséquences en réduisant leur consommation qui va provoquer une récession.

Inflation :Un phénomène qu’on n’a pas vu venir

Inflation :Un phénomène qu’on n’a pas vu venir

 

L’économiste Jean-Marc Siroën revient, dans une tribune au « Monde », sur les raisons qui ont conduit la majeure partie des banquiers centraux et ministres de l’économie à ne pas vouloir voir venir l’inflation, qui s’est imposée comme un phénomène planétaire.

 

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a déclaré, le 1er juin, sur CNN : « Je me suis trompée à l’époque sur la trajectoire que prendrait l’inflation. » Si on se reporte au début de la pandémie, l’erreur de la majorité des économistes et des banquiers centraux a été bien plus grave qu’une erreur de trajectoire. Le risque d’inflation a d’abord été nié, puis, une fois la hausse des prix avérée, elle a été relativisée.

Comme elle ne concernait que certains produits, il ne s’agissait pas vraiment d’inflation mais simplement d’un ajustement des prix relatifs. Puis l’inflation finit par être reconnue mais du bout des lèvres, sans affolement. Elle ne serait que limitée, à peine au-dessus des 2 % c’est-à-dire justement la cible des banques centrales. Elle serait d’ailleurs transitoire, juste le temps de résorber le choc. Le fait est pourtant qu’elle bat aujourd’hui des records, qu’une boucle prix-salaires se met en place et que personne n’ose plus en prédire la fin.

Pourtant, dès le début de la pandémie, le risque d’inflation était évident tellement les données étaient, pour une fois, excessivement simples. Les confinements allaient provoquer une chute de la production plus importante que celle de la demande et il n’est nullement nécessaire d’être docteur en économie pour comprendre qu’il s’agit là de ce que les experts appellent un écart inflationniste.

Une définition imparfaite de l’inflation

Certes, dans un premier temps, les confinements ont conduit à un autorationnement qui masquait le déséquilibre entre l’offre et la demande mais au prix d’une accumulation explosive d’épargne forcée par les contraintes sanitaires. Lorsque celle-ci sortirait, comme elle sort après les guerres, la demande exploserait avant même que la production ait retrouvé ses pleines capacités.

Cette erreur a plusieurs origines. La première est la définition même de l’inflation retenue par les banquiers centraux et les économistes : la hausse de l’indice des prix à la consommation. Comme depuis trente ans, il était à peu près stable, souvent même en dessous de la hausse annuelle des sacro-saints 2 %, l’inflation pouvait être considérée comme enterrée. Elle ne renaîtrait jamais de ses cendres.

Si une inquiétude persistait, elle concernait la déflation, pire encore pour l’économie que l’inflation vaincue depuis les années 1980. Pourtant, les biens de consommation ne sont pas les seuls à afficher des prix. Quid des actifs (actions, immobilier…) ? Eux, ils n’ont pas oublié l’inflation. Mais comme ils avaient le bon goût d’absorber l’excès de liquidités dû à une épargne surabondante et aux largesses des banques centrales, on n’allait pas en faire un drame !

Bolloré et Zemmour : Le phénomène médiatique s’est dégonflé

 Bolloré et Zemmour : Le phénomène médiatique s’est dégonflé

 

Dans son traitement, la campagne présidentielle a été marquée par une surreprésentation des idées d’extrême droite et des télévisions et radios dépendantes du pouvoir politique, estime l’historien du journalisme dans une tribune au « Monde ».

 

 

 

Au soir du premier tour, dans l’heure précédant l’annonce des résultats, CNews a donné l’impression de vouloir manifester une dernière fois son soutien à Eric Zemmour. Aux côtés de Laurence Ferrari étaient en effet rassemblés Louis de Raguenel, Alexandre Devecchio, Eugénie Bastié, Mathieu Bock-Côté et Charlotte d’Ornellas. Les rédactions de CNews et d’Europe 1 avaient ainsi réuni une partie des journalistes qui, malgré son effondrement dans les sondages, ont défendu jusqu’au bout le polémiste d’extrême droite. Rien d’étonnant dès lors à ce que l’ambiance du plateau ait pris des airs de veillée funèbre devant l’imminence de la défaite. Comme mu par un élan de nostalgie, Mathieu Bock-Côté a préféré s’attarder sur la fin de l’année 2021 en rappelant que « la campagne a eu lieu avant la campagne », avec l’émergence de la « surprise Zemmour », avant de s’éteindre au cours des mois suivants.

Le dépit de ces figures de la presse néoréactionnaire ne doit cependant pas cacher l’essentiel : même s’ils ont échoué dans les urnes, Bolloré et Zemmour ont bel et bien gagné une bataille médiatique. A force de marteler les mêmes termes sur CNews ou sur Europe 1, les journalistes de la droite radicale ont réussi à imposer un vocabulaire, des idées et un imaginaire xénophobes. En témoigne le succès de l’expression « grand remplacement », théorie complotiste qui a fini par être reprise non seulement par les autres médias mais par plusieurs candidats à l’élection présidentielle. Les idées vantées sur CNews ont par ailleurs été représentées au second tour à travers la candidature de Marine Le Pen, qui a obtenu à cette occasion un score inédit pour l’extrême droite.

Bien sûr, la présidente du Rassemblement national a été attaquée pendant des mois sur les antennes du groupe Bolloré, où elle a été décrite comme une femme de gauche trop timorée pour être crédible et comme une dirigeante trop isolée pour être élue. Mais ce discours aura eu un effet paradoxal, celui de recentrer Marine Le Pen et de la délester de la radicalité désormais associée à Eric Zemmour. Les éditorialistes de CNews l’auront ainsi rendue sympathique dans le geste même qui avait pour but de la délégitimer.

Le combat culturel et politique mené par le groupe Bolloré a donc en partie été remporté. Mais comment expliquer l’attitude des médias audiovisuels et d’une partie de la presse écrite, qui ont eux aussi participé à la fabrication du phénomène Zemmour ? Dès la fin de l’été 2021, alors que l’éditorialiste de CNews n’était encore crédité que de quelques points dans les sondages, les chaînes de télévision et les radios ont ainsi donné un écho disproportionné à ses moindres faits et gestes.

Croissance de l’ extrêmisme: Macron, Premier responsable du phénomène

Croissance de l’ extrêmisme: Macron,  Premier responsable du phénomène

Frédéric Dabi, Directeur général Opinion de l’IFOP donne sa lecture de la situation politique au vu des derniers sondages à trois jours d’un premier tour qui semble annoncer un nouveau match Macron/Le Pen, mais un second tour le 24 avril beaucoup plus serré et incertain.( La Tribune)

 

On disait que les Français ne voulaient pas de ce match retour Macron/Le Pen et pourtant les sondages les placent à nouveau en tête du premier tour de la Présidentielle de 2022. Le candidat Macron avait promis en 2017 de « faire reculer les extrêmes ». A-t-il échoué ?

Son objectif n’a à l’évidence pas été atteint. En 2017, le total des voix Mélenchon/Le Pen/Dupont-Aignan/Asselineau était très élevé, à près de 47%. A trois jours du premier tour de 2022, le total Mélenchon/Dupont-Aignan, Zemmour, Le Pen dépasse 50%.

Mélenchon est d’extrême-gauche selon vous ?

On peut remettre en cause cette qualification et l’addition que je viens de faire. Il n’en reste pas moins que le niveau historiquement bas, voire la quasi-disparition des « partis dits de gouvernement », LR et PS, est amplifié en 2022. Et qu’une majorité de Françaises et de Français se tournent vers un vote de colère et pour les extrêmes. Le bloc Macron reste important, plus élevé même qu’en 2017 : c’est le vote de la France qui va bien, mais Emmanuel Macron n’a pas réussi en cinq ans à faire reculer le bloc tribunicien qui capte l’électorat populaire, crispé après deux ans de Covid dans un sentiment général d’être victime de la mondialisation.

Samedi, les Français vont faire leurs courses et dimanche ils vont voter. Enfin, pour celles et ceux, le quart voire le tiers des électeurs semble-t-il, qui ne s’abstiendront pas. Le choc des prix sur le caddie aura-t-il un impact dans les urnes ? On a le sentiment que le thème du pouvoir d’achat, endossé par Marine Le Pen, a pris le dessus même sur les questions

Inflation : un phénomène temporaire pour Lemaire qui ne veut pas augmenter les revenus

Inflation : un phénomène temporaire pour Lemaire qui ne veut pas augmenter les revenus

 

Le ministre de l’économie utilise une lapalissade pour considérer que l’inflation cessera quand la crise se terminera. Il en tire la conclusion que l’inflation actuelle est temporaire. Par parenthèse , exactement le contraire de ce que vient de dire la présidente de la Banque centrale européenne qui, elle, pense que l’inflation va s’installer de manière durable. Les autorités européennes prévoit pour l’Europe comme pour la France une inflation de l’ordre de 5 % en 2022 au moins.

Le raisonnement du ministre de l’économie vise surtout à freiner les velléités de réajustement des revenus et à récupérer par l’inflation les ressources fiscales destinées à amortir l’énorme dette.

À la sortie de cette crise, «je pense que nous reviendrons à un niveau de prix plus raisonnable», a estimé le locataire de Bercy. Et d’indiquer que cela pourrait être «durant l’année 2023», lorsque les chaînes de valeurs seront réorganisées et que des substituts à l’approvisionnement de pétrole et de gaz venant de Russie auront été trouvés.Le seul problème est que l’organisation de chaîne de valeur de ce traduira certainement pas par des baisses de prix mais plutôt le contraire..

«Il faut donc absorber le choc maintenant et c’est ce que nous faisons maintenant. Ce n’est pas un changement de politique structurel pour les années qui viennent», a-t-il insisté. Quant à l’idée de réindexer les salaires sur les prix, Bruno Le Maire a averti sur le risque, justement, d’engager une «spirale inflationniste».

Quant à la croissance, le ministre a bien conscience que le gouvernement devra revoir à la baisse sa prévision initiale d’une progression de 4%, «mais il y a trop d’incertitudes pour le faire aujourd’hui. La croissance française est solide, on parle d’un ajustement».Un ajustement qui pourrait bien pris à la France de la moitié de sa croissance prévue en 2022.

Phénomène Zemmour: syndrome de nos faiblesses intellectuelles

Phénomène Zemmour: syndrome de nos  faiblesses intellectuelles

L’ancien Premier ministre Manuel Valls, estime que le polémiste Eric Zemmour « est le syndrome de nos faiblesses intellectuelles ». (Dans le JDD, extrait)

Éric Zemmour incarne-t-il un adversaire crédible?
Oui, parce qu’il est le nom d’un profond malaise démocratique. Sous l’apparence d’un retour de la croissance et des jours heureux avec la fin de la pandémie se cache une grande rupture civique. Les Français sont mécontents de l’offre politique, l’envie de sécession travaille en profondeur le pays. Un tiers des Français sont contre tout et s’avouent même favorables à un régime autoritaire. L’abstention massive ou une grande volatilité électorale en sont les marques. Zemmour se nourrit de cette crise démocratique, de la fragmentation à gauche, des divisions à droite, de la banalisation et de l’incompétence de Marine Le Pen. Utiliser un malaise et le tordre, c’est ça la force des populistes.

Est-il le porte-drapeau des « anti-tout »?
Zemmour est entré dans la compétition en occupant d’abord l’espace identitaire, xénophobe, ce que j’appelle le camp national populiste, dont il incarne la nouveauté. Il formule un récit historique et culturel cohérent qui rend fier cet électorat de droite réactionnaire. Il est en train de remplacer Jean-Marie Le Pen plus que sa fille, Marine. Il exploite le sentiment de déclassement civilisationnel et social, la hantise du métissage et du grand remplacement, le rejet des musulmans. Tout cela forme un courant puissant dans de nombreux pays et en France, et Zemmour l’a très bien compris. Est-il un feu de paille? Ce qui traverse la société ne l’est pas.

Comment le contrer?
Le danger de sa candidature dépend de la capacité des autres formations politiques à bâtir une offre sérieuse. Il faut débattre avec lui et nous ne sommes pas nombreux à l’avoir fait. Nous devons démonter sa vision des femmes, ses mensonges sur Pétain et de Gaulle et l’instrumentalisation de l’histoire de France aux seules fins de ses passions xénophobes, maurrassiennes… Nier l’appartenance à la France aux enfants assassinés par Mohamed Merah parce qu’enterrés en Israël, c’est insupportable! Cet homme nous présente une France qui n’existe pas, mais qu’une partie de nos compatriotes retrouve. Zemmour est le syndrome de nos faiblesses intellectuelles.

Que mettre en valeur?

La gauche doit être au clair sur la défense du modèle républicain et se battre contre la tenaille identitaire représentée par Éric Zemmour d’un côté, et Assa Traoré de l’autre. Les extrêmes identitaires se nourrissent. Ceux qui parlent d’une France racisée, on les retrouve autant chez les Indigénistes que chez Zemmour. La droite a une responsabilité historique : son implantation locale est forte, ses idées percent. Elle doit se mettre en ordre de marche et sortir de la stratégie de l’autruche ou pire, de l’adhésion. Les propos d’Éric Ciotti – qui a dit qu’il voterait Zemmour en cas de duel avec Macron – incarnent une rupture morale avec Chirac et Sarkozy. La force de Zemmour, c’est d’offrir un récit autour du « c’était mieux avant ». Bâtissons un projet sur la fierté d’être français, la défense acharnée de la laïcité, l’égalité femmes-hommes, le combat contre l’islamisme et l’antisémitisme, une autre politique de peuplement et d’immigration, la passion de la justice sociale, une vraie souveraineté européenne… Réfléchissons aussi à une manière de gouverner plus collective. Notre salut viendra de là.

 

Pour Zemmour, la gauche est responsable de tout…
La gauche porte une responsabilité importante. Je suis toujours de gauche, malgré elle et malgré moi comme disait Camus… Bien sûr, elle a été angélique. Quand j’ai dénoncé l’islamisme, l’antisémitisme, la dérive des quartiers, on m’a accusé d’être de droite ou d’extrême droite. Elle n’a pas su répondre au nouveau monde après la chute du mur de Berlin, traiter des conséquences de la globalisation économique, réfléchir au nouvel âge identitaire après les attentats du 11 septembre 2001. Pire, une partie d’entre elle a abandonné la République et la laïcité, elle a remplacé la classe ouvrière par les musulmans, les immigrés qui représenteraient un nouveau prolétariat à défendre. Partant de là, on peut tout excuser, y compris le pire. Cela explique en partie son état actuel. Zemmour est profondément anti-républicain. Seule l’intransigeance républicaine répondra à l’exploitation des peurs qu’il agite.

Phénomène Zemmour : « une conception mythique de l’histoire »

Phénomène Zemmour : « une conception mythique de l’histoire »

 

Dans son essai, Le Venin dans la plume. Edouard Drumont, Eric Zemmour et la face sombre de la république (La Découverte, 2019), l’historien Gérard Noiriel analyse les ressorts rhétoriques du discours d’Éric Zemmour. (Dans le JDD, extrait)

 

Pour quelles raisons dressez-vous un parallèle entre Éric Zemmour et le journaliste antisémite Edouard Drumont?
Je ne compare par leurs arguments, mais leur rhétorique, c’est-à-dire leur art de convaincre. Dans les deux cas, ces polémistes privilégient le registre émotionnel : la victimisation, la construction d’un ennemi que l’on fait remonter à des temps reculés. Les Juifs ont tué le Christ pour Drumont, la menace musulmane chez Zemmour, qu’il date de 732 avec la bataille de Poitiers. L’utilisation des faits-divers est aussi commune aux deux. Ils sont généralisés et toujours imputés à une même communauté. La théorie du grand remplacement, on la trouve déjà chez Drumont. Mais chez Drumont, c’est le grand remplacement par en haut. Il ne cesse d’affirmer que les juifs contrôlent tout : la politique, la finance, la presse, le monde intellectuel. Alors que Zemmour, c’est le grand remplacement par le bas, dans les banlieues, les cités… Bien sûr, il y a des différences, et évidemment le sort des juifs en 1940 n’est pas celui des musulmans aujourd’hui. Mais la structure qui sous-tend l’argumentation est la même. Elle oppose toujours le « nous » Français menacé de disparaître sous les coups d’un ennemi héréditaire. Tous les deux vivent également à des époques révolutionnaires de l’industrie de la communication. Drumont saisit les opportunités qui apparaissent avec le passage à la presse de masse. Désormais, le peuple lit le journal. La popularité de Zemmour vient des médias des années 2000, avec les réseaux sociaux et les chaînes d’infos en continu.

Un autre point commun de leur argumentation est celui d’une supposée tyrannie des minorités.

C’est ce que j’appelle la logique de l’inversion, qui consiste à inverser les rapports de force réels. C’est-à-dire à présenter les majoritaires comme dominés, et les minoritaires comme des dominants. Dans le discours de ces polémistes, ce ne sont pas les Français, les individus dans toute leur diversité, leur complexité, qu’elle soit sociale, de genre ou d’engagement politique, qui sont présentés, mais le Français ou la France, un personnage mis en scène dans une conception qui n’a rien à voir avec la recherche historique mais qui repose sur une conception mythique de l’histoire. Cela repose le plus souvent sur des faits, qui sont marginaux mais généralisés. Par exemple quand un rappeur l’insulte ou insulte « les Blancs », Zemmour y voit la preuve que toute notre civilisation est menacée par la tyrannie des minorités. Ces insultes sont évidemment condamnables car elles sont contraires aux principes de notre démocratie. De plus, elles permettent à Zemmour de se présenter comme une victime. Ce qui explique que ceux qui sont de vraies victimes de notre société puissent s’identifier à lui. La même logique populiste se retrouve dans la dénonciation des élites, alors qu’il en fait lui-même partie. Ça plait beaucoup à ceux qui s’estiment exclus de la société.

Dans son dernier livre, il prend à nouveau la défense de Maurice Papon ou exonère certaines responsabilités du régime de Vichy…
Jusqu’à présent, les seules mesures concrètes qu’a présentées Zemmour pour « redresser la France » sont des mesures répressives. Il a affirmé notamment que s’il était élu président de la République, il supprimerait la loi de 1972 relative à la lutte contre le racisme, loi qu’il qualifie de liberticide et au nom de laquelle il a été condamné. La première de ces lois a été adoptée en 1939, avec le décret-loi Marchandeau. Mais aussitôt arrivé au pouvoir, Pétain s’est empressé de la supprimer, pour permettre à tous les antisémites de l’époque de déverser leur flot de haine dans la presse. On comprend mieux, dans ces conditions, pourquoi Zemmour s’acharne à réhabiliter Pétain et le régime de Vichy.

Terrorisme djihadiste : un phénomène durable

 Terrorisme djihadisteun phénomène durable

Deux  chercheurs, Marc Hecker et Elie Tenenbaum,  dressent  dans Le Monde   le bilan de vingt ans de lutte contre le terrorisme djihadiste, menée notamment sur les théâtres extérieurs comme intérieurs.

Marc Hecker et Elie Tenenbaum sont chercheurs à l’Institut français des relations internationales. Dans La Guerre de vingt ans (Robert Laffont, 448 pages, 24,90 euros), ces deux spécialistes des questions de défense et de terrorisme font la rétrospective de deux décennies de lutte contre le terrorisme, en particulier sur les théâtres étrangers. Du début de la « guerre contre le terrorisme » américaine, après les attentats du 11 septembre 2001, à New York, à la fin du contre-terrorisme comme priorité stratégique revendiquée par les Etats-Unis.

Qu’est-ce que le 11 septembre 2001 a changé à la lutte contre le terrorisme ?

Elie Tenenbaum : La lutte contre le terrorisme existait avant le 11-Septembre. A l’époque contemporaine, elle s’est structurée, à partir des années 1970, avec la prise d’otages de Munich [le 5 septembre 1972], qui a joué un rôle central dans la mise à l’agenda de cette thématique. Il en a résulté, dans la période 1975-1990, la création un peu partout en Occident de pôles spéciaux au sein des services policiers, de renseignement et judiciaires. Le terrorisme demeurait toutefois un sujet parmi d’autres. Ce qui change de manière radicale en 2001, c’est le fait que la lutte antiterroriste se mue en guerre et devient la pierre angulaire de la politique de sécurité nationale et de la diplomatie américaines. Ce n’est alors pas seulement la CIA et le CTC [Counter-Terrorism Center] qui se renforcent et se dotent de moyens financiers, humains et juridiques, c’est toute la politique extérieure de la première puissance mondiale qui se transforme. Le département d’Etat est en guerre contre le terrorisme, le département du Trésor aussi. La relation que chaque Etat entretient avec les Etats-Unis sera jugée à l’aune de la lutte contre le terrorisme.

Marc Hecker : Si le djihad afghan, de 1979 à 1989, est le point de départ du djihadisme transnational, le 11-Septembre a créé une surprise stratégique et a ouvert un cycle. Pendant la guerre froide, lors des débats à l’ONU, il était très difficile d’obtenir une condamnation internationale du terrorisme. Or, en 2001, il y a un véritable consensus sur ce sujet. En parallèle se développe tout un mouvement pour inclure des causes locales dans ce prisme et justifier des répressions au nom de la guerre globale contre le terrorisme. On l’a vu, par exemple, en Russie contre les indépendantistes tchétchènes, en Israël contre les groupes armés palestiniens ou même en Colombie contre les Forces armées révolutionnaires de Colombie [extrême gauche].

Finance : le phénomène des Spac

Finance : le phénomène des Spac

 

Les « blank-check companies », des entreprises sans activité dont l’objectif est d’acheter une société et de l’introduire en Bourse, également appelées Spac, ont levé plus de 70 milliards de dollars cette année. Leur co-créateur a longtemps pensé qu’elles ne gagneraient pas les faveurs de Wall Street (article du Wall Street Journal)

 

La tendance qui fait actuellement fureur dans le secteur de la finance est apparue il y a une trentaine d’années, lorsque deux vieux compères de faculté de droit ont commencé à travailler dessus. Aujourd’hui, ils en récoltent enfin les fruits.

Le banquier d’affaires David Nussbaum et l’avocat David Miller — respectivement surnommés « Nuss » et « Miller » — ont inventé la « special purpose acquisition company » (Spac) en 1993 pour fournir aux entreprises non cotées un autre moyen d’accéder aux investisseurs ordinaires. Pendant une grande partie de la carrière des deux hommes, les Spac ont peu été utilisées et sont restées méconnues. Mais aujourd’hui, elles connaissent leur heure de gloire et attirent les plus grands noms de la finance, de la tech et du divertissement. MM. Nussbaum et Miller n’ont jamais été aussi occupés.

« Il m’a fallu attendre vingt-sept ans pour connaître un succès foudroyant », déclare M. Nussbaum, 66 ans, originaire de Roslyn, un village situé sur Long Island (New York), qui a cofondé EarlyBirdCapital, une banque d’investissement spécialisée dans les Spac.

Même si les actions de nombreuses Spac et des sociétés qui ont fusionné avec elles ont connu leur lot de difficultés ces derniers temps, DraftKings et d’autres actions de sociétés connues — comme QuantumScape qui est spécialisée dans les batteries pour voitures électriques — ont gagné 55 % ou plus au cours des six derniers mois

Egalement appelées « blank-check companies », les Spac sont des coquilles vides cotées en Bourse dont le seul objectif est de s’associer à une société et de l’introduire sur le marché. Elles sont devenues un moyen apprécié par les start-up pour accéder aux investisseurs individuels et une poule aux œufs d’or pour les personnes fortunées qui les créent. Parmi les fondateurs de Spac, on trouve aujourd’hui des personnalités aussi diverses que le gestionnaire de fonds spéculatifs William Ackman ou l’ancien joueur de baseball Alex Rodriguez.

Les Spac ont levé près de 75 milliards de dollars cette année et représentent désormais plus de 70 % du total des introductions en Bourse, contre 20 % il y a deux ans et un pourcentage négligeable au cours de la majeure partie des vingt dernières années, selon Dealogic.

Leur soudaine omniprésence a fortement décontenancé MM. Nussbaum et Miller, qui ont vu ce type de sociétés connaître des difficultés pendant près de trois décennies. A Wall Street, beaucoup se méfiaient des Spac car leurs prédécesseurs, appelés « blind pools », avaient été associés à la fraude concernant les « penny stocks » (des actions cotées moins d’un dollar) dans les années 1980.

MM. Nussbaum et Miller se sont rencontrés à la faculté de droit de l’université de New York à la fin des années 1970 avant de travailler dans des cabinets d’avocats. M. Nussbaum a décidé d’ouvrir sa propre maison de courtage à la fin des années 1980, puis a participé à un deal impliquant un « blind pool », ce qui l’a incité à commencer à plancher sur les Spac.

Au début des années 1990, les deux David ont passé plus d’un an à travailler avec les organismes de réglementation afin d’instaurer des mécanismes de protection des investisseurs et d’autres mesures destinées à prévenir les fraudes avant de créer leur première « blank-check company ». Parmi ces dispositifs figurait le droit pour les investisseurs d’une Spac de récupérer leur argent avant qu’une fusion avec une société non cotée ne soit réalisée. Ils ont également renforcé les exigences de transparence en amont de ces opérations. Ces caractéristiques sont aujourd’hui mises en avant par les champions des « blank-check companies ».

Pourtant, les Spac ont longtemps eu du mal à concurrencer les introductions en Bourse traditionnelles et les autres méthodes de levée de fonds. Mais, ces dernières années, des entreprises en vogue comme la société de paris sportifs DraftKings ont commencé à y recourir pour rejoindre la cote et des start-up s’en servent pour établir des prévisions destinées aux investisseurs — ce qui n’est pas autorisé dans le cadre d’une introduction en Bourse classique.

« Personne n’imaginait un tel succès », reconnaît M. Miller, 66 ans, originaire du Queens (New York), qui est associé gérant du cabinet d’avocats Graubard Miller. Il possède encore des piles de documents réglementaires des premières Spac, créées avant la numérisation des dossiers de la Securities and Exchange Commission (SEC, gendarme américain de la Bourse).

Même si les actions de nombreuses Spac et des sociétés qui ont fusionné avec elles ont connu leur lot de difficultés ces derniers temps, DraftKings et d’autres actions de sociétés connues — comme QuantumScape qui est spécialisée dans les batteries pour voitures électriques — ont gagné 55 % ou plus au cours des six derniers mois. Un indice des sociétés récemment cotées affiche, lui, un gain de plus de 30 % sur cette période.

Graubard Miller dispose d’un service dédié au droit des sociétés composé de dix personnes et a participé à des transactions impliquant des Spac pour un montant de 6,3 milliards de dollars cette année, selon le fournisseur de données Spac Research. Ce total dépasse déjà celui de 2020 et l’installe comme l’un des dix plus gros consultants du secteur, en compagnie des cabinets d’avocats beaucoup plus importants à Wall Street.

Les détracteurs du boom des Spac avertissent que le volume élevé de transactions réalisées par de petites banques est le signe que cette vague est montée trop haut, car ces opérations sont souvent réalisées par des investisseurs et des sociétés peu réputés

Les banquiers et les avocats perçoivent des commissions lorsqu’ils créent des Spac et lorsqu’ils concluent des deals ayant pour objet d’introduire en Bourse des sociétés non cotées. Ils peuvent également gagner de l’argent en aidant des Spac à lever des fonds supplémentaires pour acquérir des start-up.

La banque d’investissement de M. Nussbaum, qui emploie 25 collaborateurs, profite également du rôle de son co-fondateur dans l’invention des Spac. La quasi-totalité des activités d’EarlyBird provient de « blank-check companies », et elle la valeur des entreprises qu’elle a participé à créer a atteint 2,3 milliards de dollars cette année, ce qui dépasse son total de l’année dernière et permet de maintenir la société parmi les quinze banques les plus importantes du secteur. Chaque fois qu’EarlyBird effectue une transaction impliquant une Spac, chaque employé perçoit une prime, précise M. Nussbaum.

Les détracteurs du boom des Spac avertissent que le volume élevé de transactions réalisées par de petites banques est le signe que cette vague est montée trop haut, car ces opérations sont souvent réalisées par des investisseurs et des sociétés peu réputés.

Parmi les entreprises qui ont récemment vu leur valorisation atteindre des milliards de dollars après avoir été associé à une Spac via MM. Nussbaum et Miller figurent la société de technologie agricole AppHarvest et le fabricant de batteries pour voitures électriques Microvast. Les deux hommes affirment que leur expérience les aide à conclure davantage de fusions.

« Je suis vraiment heureux pour eux », déclare Arthur Spector, un investisseur en capital-risque qui a dirigé la première Spac sur laquelle MM. Nussbaum et Miller ont travaillé en 1993. « Ils ont fourni un travail énorme et ont dû faire face à bien des problèmes. »

L’opération concernant un « blind pool » qui a incité M. Nussbaum à commencer à travailler sur les Spac dans les années 1990 avait permis la cotation du fabricant de jouets THQ. Les actions de ce dernier ont d’abord grimpé en flèche grâce à la popularité d’un jeu lié au film Maman j’ai raté l’avion, mais la société a finalement fait faillite plusieurs années plus tard — ce qui a incité M. Nussbaum à examiner de plus près la structuration des « blind-pools ».

Peu de temps après le deal sur THQ, il a contacté M. Miller pour mettre en place des mesures renforçant la protection des investisseurs. Ces ajustements ont, au bout du compte, donné naissance, en 1993, à SPAC-Information Systems Acquisition Corp. Cette société a levé 12 millions de dollars et s’est finalement associée à une entreprise de logiciels, par la suite rachetée par HP.

MM. Nussbaum et Miller avaient initialement apposé un « trademark » sur le nom « Spac », ce qui avait poussé certains à créer des véhicules d’investissement similaires sous des acronymes différents comme « Sparc » et « TAC ». Les deux hommes ont finalement laissé d’autres acteurs utiliser le terme « Spac », et de nouvelles sociétés de ce type ont été créées, mais le boom des valeurs technologiques de la fin des années 1990 a accru la popularité des introductions en Bourse traditionnelles et les « blank-check companies » ont perdu les faveurs de Wall Street.

A cette époque, M. Miller se demandait si les Spac n’étaient pas que des « fusils à un coup » susceptibles de finir aux oubliettes. Avec M. Nussbaum, ils ont continué à travailler sur les introductions en Bourse traditionnelles et d’autres opérations. En 2000, M. Nussbaum a cofondé EarlyBird Capital.

Après l’éclatement de la bulle Internet, M. Spector a demandé à MM. Nussbaum et Miller de créer la première Spac du nouveau millénaire.

Les « blank-check companies » ont connu une brève résurgence au milieu des années 2000, lorsque les grandes Bourses ont commencé à coter les Spac et que les investisseurs ayant pignon sur rue comme Nelson Peltz les ont utilisées comme outils de négociation, mais la crise financière a de nouveau interrompu la croissance de ce marché volatile.

Les rendements obtenus par les investisseurs dans les Spac étaient modestes jusqu’à ce que des entreprises à forte croissance, comme la société de tourisme spatial Virgin Galactic, commencent à fusionner avec elles en 2019. Ce virage décisif a permis aux « blank-check companies » de retrouver leur vocation d’origine, indiquent MM. Nussbaum et Miller

Les deux hommes expliquent prévoir, désormais, de travailler avec jusqu’à ce que ce ne soit plus intéressant. Comme d’autres à Wall Street, ils reconnaissent que le rythme actuel de création des Spac n’est pas viable. Mais pour le moment, ils se réjouissent d’avoir traversé ces années de difficultés.

« Le handicap des Spac en matière de réputation s’est dissipé de façon spectaculaire », conclut M. Nussbaum.

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Grégoire Arnould)

GameStop : phénomène passager ou structurel

GameStop : phénomène passager ou structurel

L’agitation provoquée par les boursicoteurs particuliers a été traitée avec un certain dédain par les opérateurs traditionnels considérant qu’il s’agissait d’un mouvement d’humeur d’apprentis sorciers qui ne connaissent pas grand-chose à la valorisation boursière. En tout cas cet événement a secoué Wall Street et la profession. Au point d’ailleurs que la directrice du Trésor américain a décidé d’ouvrir une réflexion sur les problèmes de volatilité des marchés.

Ce qui est reproché en fête aussi qu’auteur particulier c’est d’avoir spéculé et donc porter préjudice aux intérêts des perdants. Ce qu’ils ont fait c’est de spéculer à la hausse tandis que les opérateurs de la vente à perte de spéculent, eux,  à la baisse mais au total le résultat est le même. D’autres actions de particuliers sont en cours notamment sur certaines matières premières comme l’argent ( métal précieux nécessaire dans les industries de nouvelle technologie).

La question se pose d’un point de vue de l’intérêt général de savoir s’il convient de mettre en œuvre de nouvelles mesures de régulation vis-à-vis de ses actions groupées de particuliers boursicoteur tout autant que vis-à-vis de la vente à perte et autres moyens de spéculer.

Yellen a donc convoqué les dirigeants de la SEC, de la CFTC, du Federal Reserve Board et de la Federal Reserve Bank de New York pour discuter du commerce de détail et « si les événements récents justifient ou non de nouvelles mesures », a-t-elle déclaré à ABC. «Nous devons comprendre profondément ce qui s’est passé avant de passer à l’action, mais nous examinons certainement attentivement ces événements.»

Elle n’a pas précisé quelles actions potentielles pourraient être prises par les régulateurs pour réagir à la situation.

Beaucoup de Wall Street ont été stupéfaits la semaine dernière par les fortes girations des actions du détaillant de jeux vidéo GameStop, du fabricant de casques Koss Corp, de la chaîne de cinéma AMC Entertainment et d’autres actions et produits privilégiés sur le forum Wall Street Bets du site de médias sociaux Reddit.

Les traders avaient offert les actions à des sommets vertigineux dans le but de punir les vendeurs à découvert – qui profitent lorsque les actions chutent – forçant certains hedge funds à fermer leurs positions avec de lourdes pertes. Mais le soi-disant «Reddit Rally» s’est effondré plus tard, exposant de nombreux commerçants individuels à d’énormes pertes.

L’action GameStop a clôturé jeudi en baisse de 42% à 53,50 $, loin de son sommet de 483 $ il y a une semaine. AMC Entertainment a perdu environ les deux tiers de sa valeur après deux semaines de fluctuations sauvages.

Les régulateurs ont probablement discuté des forums en ligne où l’achat de masse des actions de ces deux sociétés a été discuté la semaine dernière, et du rôle toujours plus grand joué par les hedge funds sur les marchés financiers.

«Toute forme de distorsion du marché par les investisseurs acceptant de provoquer la distorsion va à l’encontre du fonctionnement fluide et transparent des marchés», a déclaré Andrea Cicione, responsable de la stratégie chez TS Lombard, ajoutant que cette activité n’avait pas été précédemment examinée par les régulateurs.

La SEC examine les publications sur les réseaux sociaux à la recherche de signes de fraude potentielle, a rapporté Bloomberg News.

L’influence des sites marchands est en réalité un phénomène commun (Stéphane Laurens)

 L’influence des sites marchands  est en réalité un phénomène commun   (Stéphane Laurens)

Le professeur de psychologie Stéphane Laurens réfute, dans une tribune au « Monde », l’idée d’un « danger » de manipulation par les algorithmes des sites marchands, alors qu’il s’agit de pratiques aussi vieilles que le commerce. Elle considère que c’est un phénomène très ancien dans le commerce. La seule différence qu’oublie  Stéphane Laurens  c’est que les outils d’influence sont autrement plus puissants. Rien n’avoir entre les effets d’une politique commerciale d’une marque en 1920 par exemple et les effets marketing d’aujourd’hui. Avant quelques centaines voire  au mieux quelques milliers de clients potentiels étaient touchés maintenant ce sont des millions voire des milliards comme Facebook. Le phénomène de masse écrase tout, la puissance de distribution étouffe toute autre concurrence.

 

Tribune. Dans le compte rendu d’une étude américaine sur l’influence des moteurs de recommandation sur nos choix et nos goûts, le chercheur Charles Cuvelliez mettait en garde ses lecteurs : « Nos goûts et préférences pourraient être manipulables par des outils. Un site peu scrupuleux peut donc nous amener à payer pour des biens de consommation qui ne nous plaisent pas forcément ou qui ne nous correspondent pas. Pis, ces mêmes outils nous inciteront aussi à payer plus cher pour des biens parce qu’ils nous font croire qu’on les aime ». (« Les moteurs de recommandation font plus qu’influencer nos choix : ils modifient nos goûts ! »Le Monde du 11 mai 2019).

Dans trois expériences, ces chercheurs américains manipulaient la notation de morceaux de musique, les présentant accompagnés de 1 à 5 étoiles, précisant aux participants que cette notation était calculée à partir de leurs préférences passées. Les résultats montraient que plus il y avait d’étoiles, plus les participants étaient disposés à acheter le morceau (« The Hidden Side Effects of Recommendation Systems », Gediminas Adomavicius, Jesse Bockstedt, Shawn P. Curley, Jingjing Zhang et Sam Ransbotham, MIT Sloan Management Review, hiver 2019). Adomavicius et ses collègues mentionnaient bien dans cet article le « côté obscur » des moteurs de recommandation et leur capacité à manipuler nos préférences sans que nous en ayons conscience.

Mais ce texte est lui-même un compte rendu d’une étude que ces mêmes auteurs ont publié en 2017. Or, dans l’étude initiale, le propos est bien différent : alors que le texte est dix fois plus long, il n’est jamais fait mention du moindre danger et les auteurs se contentent très brièvement de parler de biais dans les prises de décision des consommateurs (« Effects of Online Recommendations on Consumers’ Willingness to Pay », Gediminas Adomavicius, Jesse Bockstedt, Shawn P. Curley, et Jingjing Zhang, Information Systems Research n° 29/1, 2018).

Passons sur cet étrange cheminement qui voit les résultats d’une étude scientifique simplifiés et exagérés par les auteurs de cette même étude, et où un compte rendu est effectué non à partir de l’étude elle-même, mais de sa version écourtée et « colorée ».

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