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Europe: ou comment financer 800 milliards d’investissement

Europe: ou comment financer 800 milliards d’investissement

Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne, propose un remède qui reste dans la théorie de l’économie orthodoxe. Il préconise des investissements à hauteur de 800 milliards d’euros par an, dont une large partie serait de l’argent public. Dans un contexte d’insuffisance budgétaire, n’y a-t-il pas d’autres solutions exemptent d’endettements excessifs ? Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière. ( dans la Tribune)

Dans un rapport publié le 09 septembre 2024, l’ancien président de la Banque centrale européenne préconise un plan d’investissement massif de 800 milliards d’euros par an dans les secteurs des nouvelles technologies, de la transition environnementale et de la défense. Ce plan devrait relancer massivement la croissance. Mais l’Europe a besoin de beaucoup d’argent pour reprendre sa place dans le monde face aux États-Unis et à la Chine. À la réunion de la Communauté politique européenne, du 7 novembre 2024 à Budapest, les vingt-sept membres ont validé le diagnostic de M. Draghi sur la perte de compétitivité… La question du financement reste entière…

Dans la vie politique occidentale, l’économie occupe une place centrale. Les dernières élections aux États-Unis, en Europe et en France ont montré que les défaites des partis en place est due principalement à l’économie du quotidien : coût de la vie et la gestion de l’inflation par les Banques centrales ; les réformes structurelles improductives et qui freinent la croissance.

Depuis le traité de Maastricht et le Traité de Lisbonne modifiant le traité sur l’Union européenne et le traité instituant la Communauté européenne, c’est la théorie orthodoxe (libérale) qui exerce le plus d’influence sur les décisions des membres de l’Union européenne. Le traité établissant la Communauté européenne, qui a été rebaptisé TFUE réaffirme deux objectifs importants pour la compréhension de la solution proposée par M. Draghi et celle décrite dans cette tribune : le Pacte de stabilité et de croissance (PSC) et l’indépendance de la Banque centrale européenne BCE.

Nous pouvons lire à l’article 126 de ce traité :

« les États membres évitent les déficits publics excessifs … la Commission surveille l’évolution de la situation budgétaire et du montant de la dette publique… le Pacte de stabilité et de croissance est un instrument important pour la réalisation de ces objectifs ».

 Le PSC impose aux États de la zone euro d’avoir à terme des budgets proches de l’équilibre ou excédentaires. Le rétablissement des comptes publics passe par la maîtrise de la dépense publique qui repose principalement sur des réformes structurelles. Le TFUE entend par réformes structurelles ou réformes néolibérales :

« la libéralisation du marché des biens et services (ce qui implique notamment ouverture à la concurrence et privatisations totales ou partielles), flexibilisation du marché du travail (visant à renforcer les incitations au travail par des changements de législation, sur le salaire minimum, le temps de travail, etc.) et, enfin, réduction globale du poids des dépenses publiques, en particulier sociales (réduction de la supposée « générosité » des systèmes publics de retraite, de santé, etc.) et de la « pression fiscale » sur les entreprises et les « créateurs de richesse ».

Nous pouvons lire à l’article 123 de ce traité :

« Il est interdit à la Banque centrale européenne… d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l’Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres… le paragraphe 1 ne s’applique pas aux établissements publics de crédit… ».

Pour faire face aux difficultés financières, les pays de l’UE pourront s’endetter uniquement auprès des banques commerciales.

Les résultats de cette politique économique ne sont pas réellement un succès : il y a 16 ans, la production de richesse européenne était de 10,36% supérieure à celle des États-Unis alors qu’en 2023 elle était de 48,77% inférieure. Le PIB de l’Union européenne a augmenté de 2008 à 2023 de 12,58% (mesuré en dollar courant) soit en moyenne 0,79% par an, contre 84,83 % pour les États-Unis et 287,58% pour la Chine (source Banque mondiale).

Quant au poids de la dette publique, la moyenne de la zone euro en 2023 était de 88,6% du PIB et la moyenne de l’UE 81,7% du PIB. L’Europe n’a pas d’argent, les caisses sont vides et les pays membres sont fortement endettés : la dette publique de la France au sens du traité de Maastricht représentait 110,6 % du PIB et se situait à la troisième place de la zone euro, derrière celles de la Grèce (161,9 % du PIB) et de l’Italie (137,3 % du PIB), etc.

M. Draghi propose d’unifier les marchés des capitaux, d’harmoniser la réglementation bancaire, de réviser la taxonomie de l’UE pour les activités durables (qui sert à guider et mobiliser les investissements privés) et de faciliter les instruments de dette en communs. En réalité il y a sept travaux interminables qui compromettent le développement européen :

 

Quant aux instruments de dette en commun, elle divise plusieurs pays européens. L’Allemagne n’est plus très favorable à une nouvelle expérience. Afin de faire face aux conséquences économiques de l’épidémie de la COVID-19, en juillet 2020, l’Union européenne a mis sur pied un plan de relance de 806,9 milliards d’euros, 750 milliards d’euros au prix de 2018 (NextGenerationEU). Ce plan octroie des subventions (338 milliards d’euros) et des prêts pour soutenir les réformes et les investissements (385 milliards d’euros) dans les États membres de l’UE. Ils ont décidé de s’endetter en commun et de rembourser cet emprunt de 2028 à 2058 (30 ans).

Pour aider l’Ukraine, les chefs d’État et de gouvernement de l’UE ont approuvé à l’unanimité une aide de 50 milliards d’euros. Cette aide passera dans le budget pluriannuel européen 2021-2027. La seule réponse du commissaire européen au Marché intérieur pour stimuler la production de l’industrie de la défense de l’UE est la collaboration entre les États membres. M. Draghi propose-t-il de nouveaux emprunts à rembourser peut-être à partir de 2058 ?

Le rapport de M. Draghi se repose en grande partie sur les marchés financiers

Aux côtés de la Banque européenne d’investissement BEI, ce rapport souhaite renforcer le rôle des Banques publiques et nationales de développement … Les actionnaires de la BEI sont les 27 États membres de l’Union européenne, elle a pour mission de favoriser la réalisation des objectifs économiques de l’Union européenne en accordant des prêts à long terme pour financer des investissements viables.

Pour les Banques publiques de développement BPD qui sont autonomes dans leur gestion, elles assurent la déclinaison financière du mandat public qui leur est confié. Elles doivent déployer des instruments financiers générateurs de revenus avec un mandat adossé sur des politiques publiques des États qui possèdent tout ou partie de leur capital. Dans un contexte de déficits budgétaires, les États actionnaires ne peuvent plus augmenter les capitaux de ces institutions. Ces Banques peuvent seulement emprunter sur les marchés financiers pour l’investir dans les entreprises des secteurs stratégiques. En 2023, la BEI a signé uniquement de nouveaux financements pour 87,85 milliards d’euros, soit 10% de la somme énoncée pour le plan Draghi.

Mais comment financer la croissance sans recourir aux banques privées et à l’endettement ?

  • Harmoniser la fiscalité des entreprises

À chaque fois qu’il y a une dérive des comptes publics, plusieurs économistes proposent de taxer les superprofits ou les superdividendes. Pour Thomas Piketty, il suffirait de forcer les plus riches à céder 10% de leurs patrimoines d’une manière exceptionnelle. Cette somme servirait à rembourser la dette publique. À titre d’exemple, à la sortie de la Deuxième Guerre mondiale, l’Allemagne a mis en place un prélèvement sur les fortunes immobilières pour apurer son endettement … Dans un monde de fuite des capitaux et de subventions telles que la loi sur la réduction de l’inflation IRA (États-Unis) et la stratégie « Made in China 2025« , mieux vaut revoir le code du capital et remplacer les aides par un renforcement des quasi-fonds propres.

Dans son livre Le Code du capital - Comment la loi crée la richesse capitaliste et les inégalités Katharina Pistor soutient que le :

« droit conçu par et dans l’intérêt de riches acteurs privés induit à la fois l’accumulation de richesse, l’envol des inégalités et les crises à répétition« .

Mais si la loi qui donne le pouvoir au capital a été réformée dans l’intérêt des milliardaires depuis plusieurs années, « il suffit » de rechanger cette loi pour répartir la richesse dans l’intérêt commun et permettre à l’État de disposer de plus de recettes.

Seuls les pays les moins endettés peuvent se permettre de financer leurs entreprises ce qui pose un problème de concurrence. En Allemagne le financement des entreprises prend la forme de subventions non remboursables, de prêts à faible taux d’intérêt, de garanties, d’investissements ou d’incitations fiscales. En France, aides à l’embauche, aides à la création d’entreprise, prêts garantis… près de 2 000 dispositifs publics bénéficient aux entreprises. L’article 107 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) interdit en principe les aides publiques aux entreprises (appelées « aides d’État »), au motif qu’elles sont susceptibles de fausser la libre concurrence et donc le bon fonctionnement du marché intérieur…

La BEI devrait généraliser les financements directs sous forme de quasi-fonds propres pour financer la croissance des entreprises innovantes. La BCE devrait remettre en place un nouveau TLTRO (opérations ciblées de refinancement à long terme à des taux favorables) spécialement pour la BEI, les Banques publiques d’investissements ou de développement et les Caisses de crédit public.

  • Créer des produits d’épargne européens

En 2023, le PIB par habitant en dollar courant est de 81 695,2 pour les États-Unis (334,91 millions d’habitants) à comparer à celui de l’Europe de 40 823,9 (448,76 millions d’habitants). Les économies des ménages aux États-Unis ont atteint une valeur de 911 milliards de dollars en 2023 soit environ 825 milliards d’euros et environ 2 500 euros par Américain. Une nouvelle enquête de la National True Cost of Living Coalition montre que 65% des Américains de la classe moyenne ont des difficultés financières et 46% des Américains n’ont pas 500 dollars d’épargne d’urgence, et 28% n’ont pas d’épargne du tout.

Pour les Européens, les ménages détenaient environ 35 500 milliards d’euros au 31 décembre 2023, soit en moyenne 79 107 euros par Européen. Une grande partie de cette épargne est « exportée » en dehors de la zone euro tandis que les entreprises européennes se procurent une fraction de leurs besoins en fonds propres auprès d’investisseurs non-résidents. Il faut donc repenser totalement la manière de relier en Europe l’épargne et l’investissement.

Ce n’est pas la première fois que la Commission européenne crée un produit d’épargne européen. En 2019, la Commission a introduit le plan d’épargne retraite individuel européen (Pan-European Personal Pension Product, PEPP), qui offre aux citoyens de l’UE la possibilité d’épargner pour la retraite. Ce fut un succès très limité, car chaque pays a ses propres règles internes et chaque banque commerciale a des frais d’entrée ou d’adhésion différents, les versements sont bloqués jusqu’à la retraite…

La manière la plus simple est de créer plusieurs livrets d’épargne européens (nouvelles technologies, transition climatique, défense, etc.) gérés par des établissements de crédit public spécialisés. Chaque citoyen pourra choisir librement où placer ses économies. La structure des livrets doit être exactement la même dans l’ensemble de l’UE : même taux de rémunération, mêmes limites de cotisation, mêmes limites de plafond, mêmes options de retrait, mêmes avantages fiscaux, etc. Les nouveaux Livrets seraient garantis. Ils devraient présenter plusieurs atouts pour les consommateurs : flexibilité, frais de gestion nuls, pas de frais de transfert entre pays européens, etc.

  • Réindustrialisation et création de 15 millions de nouvelles petites entreprises locales financées par les Caisses de crédit public

Ces caisses emprunteraient directement à la BCE. Tous les pays européens doivent avoir, comme l’Allemagne, des Caisses de crédit public en plus des Banques commerciales privées et des Banques coopératives. En Allemagne les banques de droit public regroupent les quelque 500 caisses d’épargne (Sparkasse) et les banques centrales des États (Landesbanken). En France une grande institution financière publique, la Caisse des Dépôts et Consignation CDC gère 48 caisses de retraite, reçoit les dépôts légaux des notaires, etc. Elle est une partenaire de long terme des collectivités locales, en d’autres termes un grand investisseur institutionnel. C’est la BPI Banque publique d’investissement (uniquement 44 milliards d’euros d’actifs) qui accompagne « les entreprises, de l’amorçage jusqu’à la cotation en bourse, du crédit aux fonds propres ».

L’Allemagne a adopté le «Mittelstand» qui est la principale force de l’économie allemande avec 3,5 millions d’entreprises familiales innovantes, tandis que la France a choisi de développer des champions nationaux cotés en Bourse. Les PME du Mittelstand, se financent en majorité via les 500 caisses d’épargne publiques (2 492,8 milliards d’euros).

IA : manque d’investissement de l’UE

IA :  manque d’investissement de l’UE 

Une critique sans concession de la part de la Cour des Comptes européenne quant à l’insuffisance des investissements dans l’intelligence artificielle pas du tout à la hauteur des enjeux mondiaux. 

 

Dans un rapport dévoilé mercredi, la Cour tire à boulets rouges sur les investissements de l’UE dans l’intelligence artificielle, jugeant qu’ils ne sont pas à la hauteur de ses ambitions mondiales. Pour preuve sans doute l’appropriation de la problématique et des projets par les grands du numérique la plupart américain ou chinois.

Un manque flagrant d’investissements, pas vraiment de suivi de leur efficacité et une mauvaise coordination de la Commission européenne avec les Etats membres. C’est le jugement sévère de la Cour des comptes européenne sur les ambitions de Bruxelles dans l’intelligence artificielle (IA), alors que l’UE vient d’adopter le premier cadre réglementaire au monde contrôlant cette technologie controversée.

Mais ce sont surtout aux investissements de ces cinq dernières années que la Cour s’est intéressée et contre lesquels elle tire à boulets rouges, jugeant leurs objectifs « trop vagues et obsolètes » et pointant leur « manque d’ambition ». D’après la Cour, ils sont bien en deçà de ce qui serait nécessaire pour ériger Bruxelles en chef de file dans la compétition mondiale pour « une IA de pointe, éthique et sûre ».

Armées : des crédits d’investissement pas à la hauteur des enjeux ?

Armées : des crédits d’investissement pas à la hauteur des enjeux?

Sur une masse annoncée de 400 milliards d’euros dans la future loi de programmation militaire, que restera-t-il pour les crédits d’investissements ? Il convient donc, selon le groupe Mars, de raisonner en euros constants (donc augmentée de la valeur de l’inflation chaque année) pour sanctuariser une cible de 30 milliards par an. Par le groupe Mars.

« Est-ce que raisonner uniquement en crédits d’investissements et en euros constants pourrait faciliter le travail d’élaboration de la programmation qui, à quelques semaines de son examen en Conseil des ministres, n’est toujours pas finalisée à ce jour ? Assurément, car cela réduirait l’incertitude » (Le groupe Mars)

Le processus d’élaboration d’un projet de loi de programmation militaire (LPM) est toujours un exercice complexe qui implique un long travail de préparation en amont. En fait, la programmation des investissements militaires est suffisamment complexe en soi pour ne pas rajouter des « bourrages » budgétaires ou normatifs. C’est pourtant le cas depuis plusieurs LPM. Initialement, la LPM ne servait qu’à planifier l’investissement de défense selon une programmation pluriannuelle que l’annualité des lois de finances ne permet pas. Il était alors considéré comme inutile de planifier les dépenses de fonctionnement qui, pour leur part, s’accommodent fort bien du principe d’annualité.

Mais, pour camoufler le désinvestissement de défense initié dans les années 1990, il a été décidé d’intégrer les dépenses de fonctionnement dans la LPM : cela permettait de gonfler artificiellement les chiffres. La mise en œuvre de la LOLF a ensuite imposé de plafonner les effectifs militaires. Enfin, on a jugé utile de faire de la LPM le « véhicule législatif » unique de la législature, en l’affublant d’une partie normative de plus en plus importante, souvent sans aucun rapport avec la programmation militaire (par exemple la création des associations professionnelles de militaires ou l’encadrement des techniques de renseignement) et d’ailleurs si imposante qu’on ne pouvait plus tout y mettre, ce qui a permis de reporter les mesures les plus techniques dans des ordonnances.

Une LPM fourre-tout

Au total, la LPM est devenue une sorte de fourre-tout dans lequel la véritable programmation militaire, résumée dans quelques articles de loi explicités dans un rapport annexé, est diluée parmi des dizaines d’articles sans rapport les uns avec les autres, souvent d’une grande technicité. Vu de l’exécutif, cela offre le double avantage de masquer les impasses programmatiques tout en donnant du grain à moudre aux parlementaires sur des sujets annexes, pour ne pas dire accessoires. Le camouflage et le leurrage sont – il est vrai – des modes d’action défensifs bien connus des militaires.
Chacun sort satisfait d’un débat parlementaire qui a permis aux uns de s’exprimer et aux autres d’obtenir l’adhésion de la représentation nationale à leurs arbitrages en amont du débat. La seule à ne pas être satisfaite est la défense de la nation : c’est ainsi que 300 milliards d’euros d’investissements manquent à la défense depuis que la LPM sert à tout autre chose que programmer l’investissement de défense (cf. notre précédente chronique : Armées : si le budget avait été maintenu à son niveau de 1981, il s’élèverait 80 milliards d’euros par an (2/2) (latribune.fr).
Une augmentation quasi-homothétique

Alors, au nom des principes de sincérité et de transparence, essayons d’y voir plus clair dans les chiffres présentés par l’exécutif avant le débat budgétaire, chiffres qui sont loin d’être définitifs compte tenu d’une configuration politique inédite avec un Parlement dominé par les oppositions au gouvernement (cf. une autre de nos précédentes chroniques Loi de programmation militaire : et si le Parlement votait une rallonge financière (1/2) (latribune.fr).
D’après « les chiffres clés de la défense 2021 », dernière publication officielle disponible, le budget de la défense se répartit comme suit en « titres » (catégorie budgétaire), à grands traits :

Cette représentation schématique, basée sur « les chiffres clés de la défense 2021 », permet de visualiser les grands « agrégats » de l’investissement de défense, lesquels se répartissent en une bonne centaine de programmes d’armement ou d’infrastructure, regroupant eux-mêmes des centaines de marchés publics. Mais l’inertie est telle que les grandes masses n’évoluent pas de manière significative entre elles. Dans un budget en croissance, elles augmentent de manière quasi-homothétique. C’est à l’intérieur de ces agrégats que des choix sont faits entre programmes.
Future LPM : près d’un euro sur quatre ira à la dissuasion

On peut donc considérer que, dans la prochaine LPM, près d’un euro sur quatre sera consacré à la dissuasion et au moins un sur trois aux grands équipements conventionnels (dits « programmes à effet majeur », PEM) comme le Rafale, Scorpion ou le SNA Barracuda. Les quelque 40% restants se répartiront entre le maintien en condition opérationnelle (entretien programmé du matériel ou du personnel, EPM/EPP, près de 20%), l’investissement dans l’infrastructure (environ 10%) et les autres investissements (10% à 15% de petits équipements, munitions, investissement dans le renseignement et la recherche hors dissuasion).

C’est bien sur ces agrégats que devrait se focaliser le débat budgétaire. Les autres titres relèvent de dépenses ordinaires, voire « obligatoires », sur lesquelles les parlementaires n’ont guère de prise. Sans même parler des deux milliards de subventions (T6) qui concernent essentiellement la mission budgétaire « liens avec la nation, mémoire et anciens combattants », habituellement non prise en compte dans la LPM, la masse salariale (T2) du ministère des armées dépasse 21 milliards d’euros, y compris 8,5 milliard au titre des cotisations « employeur » au budget des pensions de l’État. Cette dépense improductive imposée par la LOLF, qui gonfle artificiellement le budget, n’est traditionnellement pas prise en compte dans la LPM.
Espérons que ce soit toujours le cas. Mais il n’existe, à ce stade des annonces, aucune garantie. Hors pensions et « anciens combattants », le périmètre LPM de 2021 était de 39,5 milliards d’euros, dont 45% de T5.

Que restera-t-il pour les crédits d’investissements ?
La dépense de masse salariale « hors pensions » (12,5 milliards en 2021), qui augmente mécaniquement avec l’ancienneté et la montée en compétences et les mesures exogènes (augmentation du SMIC ou du point fonction publique), n’est contenue que par les difficultés des armées à atteindre leurs cibles de recrutement. Par conséquent, programmer cette dépense est un abus de langage : la LPM ne sert qu’à en estimer la trajectoire dans le temps, sans action significative sur son évolution.

Quant au fonctionnement (T3 qui comprend les crédits de la préparation opérationnelle des forces), on ne peut contenir sa dynamique budgétaire sans paupériser les armées et les rendre de moins en moins opérationnelles. Cela sera encore plus le cas pour la LPM à venir avec la remise à niveau de la préparation opérationnelle dans un contexte de flambée du prix des carburants opérationnels, qui s’ajoutera à la mise en œuvre de la nouvelle politique de rémunération des militaires (NPRM) et au doublement annoncé du nombre de réservistes (qu’il faudra bien rémunérer).
Au total, plus de 45 % des crédits LPM obéissent à une dynamique sans rapport avec la programmation militaire. Sur une masse annoncée de 400 milliards d’euros, que restera-t-il pour les crédits d’investissements ? Aucun chiffre n’est donné officiellement à ce stade, ce qui est déjà inquiétant. Sur la base d’une cible de 210 milliards d’euros de crédits d’investissements sur 7 ans (soit 52,5%), cela donnerait 30 milliards d’euros de « titre 5 » par an. Or ces chiffres sont des euros courants, donc affectés par l’inflation.

LPM : euros courants ou euros constants ?
C’est pourtant bien le seul chiffre qui devrait retenir l’attention des parlementaires. D’autant que l’inflation affecte toujours plus l’équipement de défense que les indices moyens en raison d’une dynamique propre au secteur (loi dite « d’Augustine » du nom de l’ancien patron de Lockheed Martin qui l’a formulée). Il convient donc de raisonner en euros constants. Si déjà le débat parlementaire permettait de sanctuariser la cible de trente milliards par an, en monnaie constante (donc augmentée de la valeur de l’inflation chaque année), ce serait un progrès notable. Cela donnerait de la visibilité aux industriels et aux états-majors, qui s’arrachent actuellement les cheveux pour élaborer une programmation cohérente. La cible de 400 milliards dévoilée tardivement par le chef des armées se situe en effet à un niveau inférieur au bas de la fourchette correspondant aux besoins exprimés par les armées.

Est-ce que raisonner uniquement en crédits d’investissements et en euros constants pourrait faciliter le travail d’élaboration de la programmation qui, à quelques semaines de son examen en Conseil des ministres, n’est toujours pas finalisée à ce jour ? Assurément, car cela réduirait l’incertitude et neutraliserait les risques d’éviction liés au dérapage de la masse salariale et, surtout, de l’inflation. Sur cette base programmatique stable, les états-majors et la DGA vont pouvoir planifier sereinement les acquisitions nécessaires sans devoir retarder certains programmes (ce qui renchérit les coûts unitaires et met l’industrie en difficulté) ou en sacrifier d’autres (comme il est question de le faire pour le standard 3 de l’hélicoptère Tigre) pour compléter nos stocks de munitions ou acheter sur étagère les milliers de drones consommables qui manquent à nos forces.

Accessoirement, cela pacifierait les relations entre états-majors, qui sont mis en concurrence pour obtenir un budget inférieur aux besoins estimés, ce qui n’est jamais de bon augure en période de crise internationale, quand toutes les énergies devraient être dirigées vers la défense des frontières (de nos alliés) et de nos intérêts plutôt que de nos « prés carrés » bureaucratiques.
Bercy s’y opposera

Naturellement, Bercy refusera au nom du principe fumeux dit « d’auto-assurance », qui n’a aucun fondement juridique. On comprend que les grands argentiers aient le dernier mot en temps de paix et d’endettement supérieur aux critères de Maastricht, mais le primat de la gestion budgétaire a-t-il encore un sens quand la guerre fait rage en Europe ? A fortiori quand la stricte orthodoxie budgétaire se révèle économiquement, socialement, politiquement et stratégiquement désastreuse ?
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(*) Le groupe Mars, constitué d’une trentaine de personnalités françaises issues d’horizons différents, des secteurs public et privé et du monde universitaire, se mobilise pour produire des analyses relatives aux enjeux concernant les intérêts stratégiques relatifs à l’industrie de défense et de sécurité et les choix technologiques et industriels qui sont à la base de la souveraineté de la France.

Fonds d’investissement : 1 % seulement à dimension écolo

Fonds d’investissement : 1 % seulement à dimension écolo

 

1 % seulement des investissements prend réellement en cause la préoccupation environnementale. . Il y a de toute évidence un écart irréconciliable entre le flot de discours écolo officiel et la réalité économique. Une situation qui provient sans doute de deux extrémismes. D’une part l’extrémisme libéral qui fait de la rentabilité immédiate – en tout cas la plus rapide possible- le seul critère de gestion et qui néglige les aspects environnementaux voir même les contestent. D’autre part l’extrémisme des écologistes politiques qui sont prêts à sacrifier la croissance en même temps que l’emploi et le pouvoir d’achat. Très clairement rien n’a changé en matière de fonds d’investissement en dépit de tous les discours et le tous les accords.

 

158 fonds d’investissement dans le monde sur les 16.500 analysés, soit à peine 0,5% des actifs placés, sont en ligne avec ses objectifs pour limiter la hausse des températures d’après Carbon Disclosure Project (CDP). . Un chiffre peu reluisant que met en lumière ce mercredi l’association internationale spécialisée dans la collecte des données sur les émissions de gaz à effet de serre des entreprises. Ces 158 fonds représentent 0,5% des 27.000 milliards de dollars d’actifs placés par l’ensemble des fonds d’investissement étudiés.

 

Programmes d’investissement : bilan mitigé pour la Cour des Comptes

Programmes d’investissement  : bilan mitigé pour  la Cour des Comptes

 

Dans la perspective du plan de 30 milliards annoncé par Emmanuelle Macon il est intéressant de prendre connaissance du bilan que fait la Cour des Comptes des quatre plans précédents  (PIA).

Pour faire simple, reconnaissons que ce bilan est assez mitigé. La Cour des Comptes admet qu’il est difficile de mesurer l’efficacité de ces plans en raison de leur complexité et de l’articulation avec d’autres formes d’aide.

La question reste donc de savoir si ces plans d’investissement participent de la modernisation de l’appareil de production ou si ils ne permettent pas souvent des effets d’aubaine.

De toute manière reste le problème fondamental de la comparaison avec une période de référence. C’est-à-dire la comparaison entre une situation avec plan d’investissement et une situation sans plan d’investissement. Un questionnement éternel vis-à-vis de toutes les mesures de soutien.

Les quatre PIA successifs ont mobilisé quelque 57 milliards d’euros au bénéfice de la recherche et de l’enseignement supérieur, de l’innovation dans les entreprises, de la diffusion d’outils numériques et de la transition écologique, notamment dans l’habitat et les transports,

Le référé relève aussi des « effets positifs » du dispositif PIA sur « la compétition entre les porteurs de projets », ainsi que des effets de « structuration » et « d’entraînement », notant toutefois que « l’effet de levier affiché doit être fortement relativisé » à cause du poids des co-financeurs publics comme Bpifrance ou la Banque européenne d’investissement (BEI).

La Cour critique surtout le « caractère tardif et encore limité de la démarche d’évaluation des actions financées »« Les évaluations conduites jusqu’ici sont essentiellement micro-économiques mais les particularités de chaque investissement en rendent les conclusions peu généralisables », constate-t-elle. « L’appréciation des effets macro-économiques du PIA reste très limitée, les complexités méthodologiques et les interactions avec une multitude de dispositifs publics (fiscaux, subventionnels, réglementaires, etc.) rendant l’exercice particulièrement délicat », ajoute-elle.

Avec « la crise de la Covid-19, la Cour estime que le moment est venu pour ouvrir une réflexion de fond sur le devenir » du PIA. Enfin, le référé envoyé fin juillet demandait déjà au gouvernement de réfléchir à une meilleure articulation entre le PIA et les autres programmes d’investissement, deux mois et demi avant la présentation du plan France 2030, intervenue mardi.

Énergie : un manque d’investissement dans les renouvelables ( Jean Pisani Ferry)

Énergie : un manque d’investissement dans les renouvelables ( Jean Pisani Ferry)

 

 

 

L’économiste, Jean Pisani-Ferry,  déplore, dans sa chronique au « Monde », l’insuffisance des signaux politiques qui permettraient aux marchés d’investir dans les énergies renouvelables, alors qu’ils fuient déjà les énergies fossiles, provoquant l’envolée des prix.

Tribune

 

 

A l’évidence, l’envol du prix du pétrole et du gaz, qui inquiète les ménages et affole les gouvernements, n’est pas attribuable à une seule cause. Aléas climatiques, comportements de stockage, attitude russe… Les explications contingentes s’empilent, particulièrement dans le contexte d’une économie déréglée par le choc pandémique. Mais il est une cause qui doit alerter, parce qu’elle revêt un caractère structurel : c’est l’impact de la transition écologique – ou plus exactement de la manière dont elle s’engage.

Quelque 80 % de l’énergie consommée dans le monde proviennent aujourd’hui des combustibles fossiles (plus 5 % de nucléaire). Pour limiter le réchauffement, il va falloir passer à 60 % d’ici à 2030 et à 25 % en 2050. Cette transformation va impliquer un effort considérable de recherche, de conversion des systèmes énergétiques, d’adaptation des réseaux et de construction d’infrastructures.

 

Tout compris, les estimations disponibles de l’investissement additionnel requis convergent, pour 2030, vers 2 % du produit intérieur brut mondial par an, en net. L’Agence internationale de l’énergie estime ainsi que l’investissement énergétique va devoir passer de 2 000 milliards de dollars (1 720 milliards d’euros) par an au cours des dernières années à 5 000 milliards en 2030, avant de redescendre graduellement. Et ce n’est pas tout : la transition va aussi impliquer un transfert vers les renouvelables de l’investissement dans les énergies brunes, qui représente encore une bonne moitié du total. In fine, l’investissement nouveau va devoir s’élever à quelque trois points de PIB mondial par an.

C’est considérable, et ça ne se fera pas sans accroc. L’enjeu macroéconomique est d’importance. L’enjeu énergétique aussi, car la transition va profondément perturber le délicat équilibre du marché mondial. Si la montée en régime des renouvelables ne s’accompagne pas d’un repli parallèle de l’extraction de combustibles fossiles, il y aura excès d’offre et le prix des énergies fossiles s’effondrera ; si, à l’inverse, le désinvestissement dans les énergies d’hier est plus rapide que le développement des nouvelles capacités, les prix s’envoleront.

C’est cette seconde tendance qu’on observe actuellement. Dans son rapport, l’AIE compare trois scénarios : le premier, normatif, conduit à la neutralité carbone en 2050 ; le second, moins ambitieux, correspond aux objectifs nationaux annoncés dans le cadre de l’accord de Paris ; et le troisième aux politiques effectivement en place, qui sont loin d’être en ligne avec les objectifs affichés. Or, si l’investissement dans le charbon et le gaz est aujourd’hui au niveau prévu dans le premier scénario, l’investissement en renouvelables est encore près de quatre fois inférieur à ce qu’il faudrait.

La réussite économique ne dépend pas uniquement des plans d’investissement

La réussite économique ne dépend pas uniquement des plans d’investissement

 tribune 

par Eric Mengus ,HEC Pari., dans l’opinion

Dans un contexte de doutes sur la croissance de long terme en Europe et en France en particulier, il est primordial de repenser les conditions nécessaires pour favoriser une telle croissance. Aujourd’hui, cette croissance repose également sur des leviers en dehors des plans d’investissements – comme le plan France 2030 –, et des actions du ministère de l’économie

 

La pandémie de Covid-19 a frappé la France dans un contexte de ralentissement marqué de sa croissance de long terme. En effet, de 2010 à 2019, la croissance en France s’est élevée à 1,4 % en moyenne, à comparer aux 2,2 % pendant la période 1994-2008. Il est difficile d’imaginer que les conséquences sur l’économie de la pandémie elle-même contribuent à faire remonter la croissance de long terme.

Pourtant, cette croissance est clé pour la France. Elle permet le financement de son modèle social, notamment du système de retraite par répartition. Elle est aussi importante pour la stabilité de la dette publique. Enfin, elle est surtout essentielle pour le niveau de vie en France à l’avenir et pour la capacité du pays à relever des défis importants comme le changement climatique.

La moindre croissance observée en tendance s’explique, d’après les économistes – lire notamment Bergeaud, Cette, Lecat : Croissance de long terme et tendances de la productivité, Revue de l’OFCE, 2017 –, par une moindre croissance de la productivité, c’est-à-dire la capacité de l’économie à créer de la richesse à partir des ressources, capital et travail, qu’elle utilise.

Trouver de nouveaux gains de productivité est très certainement une affaire de politiques économiques, que ce soit pour favoriser l’innovation, créer des filières d’avenir ou encore pour assurer la concurrence entre entreprises. Le plan d’investissements annoncé par le président de la République s’inscrit dans la première veine.

Cependant, des signes se multiplient indiquant que, pour assurer les conditions de la croissance de long terme, des politiques sont nécessaires, y compris au-delà de la seule sphère économique stricto sensu.

L’exemple le plus frappant est très certainement l’évolution de l’école, où la France se classe à présent parmi les derniers pays de l’OCDE. L’effondrement des résultats de notre système scolaire interroge ainsi sur le capital humain – si important pour la croissance – de la France des décennies à venir.

Les tensions inflationnistes liées aux prix des matières premières et de l’énergie ont également remis sur la table la question des choix énergétiques futurs de la France : comment assurer une énergie disponible, compétitive et verte ?

L’éducation et l’énergie ne sont ici que deux exemples de ce que les économistes appellent des biens publics, dont il est urgent d’assurer et d’améliorer la fourniture. Il ne s’agit pas d’un débat sur la justification ou non d’une intervention de l’Etat tous azimuts ; ce qui nous paraît crucial est que la qualité et la fourniture effective des biens publics soit au cœur des préoccupations de notre société, indépendamment de la nature des acteurs, publics, parapublics voire privés, qui les fournissent.

Eric Mengus, HEC Paris.

Plan d’investissement-«France 2030»: pourquoi encore le mythe des start-up ?

Plan d’investissement-«France 2030»:  pourquoi encore le mythe des start-up ?

 

 

Le plan de redynamisation de l’économie française n’est déjà pas à la hauteur des enjeux. Un plan très vague  de 30 à 50 milliards d’euros sur  10 ans. Autant dire pas grand-chose. En outre ,Emmanuel Macron toujours accro à la mode des start-up ne peut s’empêcher de sacrifier à la mode en indiquant qu’il compte sur elles pour le développement y compris la réindustrialisation.

 

Pourquoi encore cette allusion aux start-up qui certes existent mais sont le plus souvent centré sur des secteurs de la tech pouvant faire fortune en quelques années seulement. En général on considère que les start-ups créent autour de 30 000 emplois par an. Le problème est qu’il faudrait faire le solde des emplois créés et de ceux qui sont supprimés. En effet certaine start-up qui ont créé des plates-formes servent essentiellement à accélérer les importations de produits étrangers et détruisent les emplois dans l’Hexagone. D’autres évidemment sont utiles et nécessaires.

Pour l’ensemble de l’économie, la dynamique est bien différente. Le plus souvent, il faut des dizaines et des dizaines d’années pour conforter et trouver son secteur de marché. Ce sont toutes les nouvelles entreprises qu’il faut soutenir, ce sont toutes les actuelles entreprises qu’il faut aider à se développer et pas simplement s’en remettre au mythe des seules start-up.

De toute évidence Macron a encore beaucoup à apprendre de la réalité économique du pays. «La réindustrialisation française passera aussi, et peut-être surtout dans certains domaines, par les start-up», a déclaré Emmanuel Macron, qui s’exprimait au forum annuel Bpifrance Inno Génération (BIG), organisé à Paris. «Si on veut construire la France de 2030, on doit reconquérir de la part industrielle, on doit ré-innover dans et par l’industrie et donc décider de multiplier des financements de start-up industrielles.

2022 : Jadot pour un très vague plan d’investissement de 50 par an

2022 : Jadot pour un très vague plan d’investissement de 50 par an

   

 

Une promesse intéressante du candidat choisi par les Verts celle consistant à engager un vaste programme d’investissement dont la moitié consacrée au service public et l’autre moitié à la reconstruction et au logement.  Des propos toutefois relativement vague et surtout dont le mode de financement n’est pas précisé.

 

Les propos de Yannick Jadot paraissent particulièrement flous et généraux pour un candidat à la présidence de la république et témoigne sans doute de l’impréparation de cette catégorie d’écolos à assumer un jour la magistrature suprême.

 

«Dès mon premier jour, j’engagerai la sortie de l’élevage industriel. Il faut (…) réinstaller les agriculteurs dans les campagnes, avec des revenus décents. Ce qui permettra de remplir un autre objectif: lutter contre la malbouffe, donc contre les maladies chroniques et l’obésité», explique le candidat écologiste au JDD. Il «extirpera» ensuite «les lobbys qui gangrènent l’économie française et vampirisent les subventions et les politiques publiques pour qu’enfin ce soit le climat, la santé, l’environnement et la justice sociale qui priment».

«Chaque euro d’argent public sera conditionné à la protection de l’environnement. Plus un euro pour Total tant que Total n’a pas rompu avec sa logique qui consiste à chercher toujours plus de pétrole et plus de gaz dans le sous-sol !», assure-t-il. Pour «réparer notre société» et «reconstruire notre économie», Yannick Jadot prévoit un plan d’investissement «de 50 milliards d’euros par an sur le quinquennat, soit 2 % du PIB».

«Vingt-cinq milliards d’euros seront consacrés à la reconstruction, dont 10 milliards au logement et au bâtiment», et «25 milliards seront dévolus à des services publics de qualité». Ce programme «va créer 1,5 million d’emplois, revivifier l’économie, et enclencher un cercle vertueux d’investissement et de consommation responsable», assure-t-il.

«Nous allons restaurer un impôt sur la fortune et aller vers l’ISF climatique. Le patrimoine financier qui investit dans les énergies fossiles sera davantage taxé. Il faut décarboner la finance !», clame le candidat écologiste qui  fait la la preuve de son amateurisme politique quand il s’agit de se mettre en posture de gestion

Réindustrialisation  » le plan d’investissement du gouvernement » (Agnès Pannier-Runacher)

Réindustrialisation  » le plan d’investissement du gouvernement »  (Agnès Pannier-Runacher)

 

,La ministre en charge de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, s’explique notamment sur le plan d’investissement (dans la Tribune, extrait)

 

Vous avez signé ce lundi à Lyon un nouveau contrat de filière, Solutions industrie du futur (SIF), qui vient rejoindre d’autres filières au sein du Conseil national de l’Industrie (CNI) : un an après la constitution des filières, pourquoi cet ajout et à quels enjeux tentez-vous de répondre plus précisément ?

AGNES PANNIER-RUNACHER - La signature du contrat de filière Solutions Industrie du Futur vise à rendre visible toutes les solutions françaises qui permettent de moderniser et digitaliser les chaînes de production. La France a raté le virage des machines-outils, à la différence de l’Allemagne, la Suisse, ou même de l’Italie du Nord. Nous devons réussir aujourd’hui le virage de ce que l’on appelle l’industrie du futur, et qui comprend toutes ces technologies de machines à commandes numériques, de fabrication numérique, de robots et capteurs qui permettent de gérer en temps réel la production et de réaliser de la maintenance productive.

Il s’agit d’un élément clé pour notre compétitivité, il n’y aura pas d’industrie solide sans ces technologies. Or, il existe un grand nombre d’acteurs très pointus dans ce secteur, mais dont la taille est trop petite pour qu’ils soient connus par les industriels. Tout l’enjeu est donc de les rendre visibles, et de faire en sorte que des partenariats se concrétisent, afin de proposer des solutions plus intégrées.

La relocalisation était à l’ordre du jour de votre déplacement à nouveau, mais comme vous l’introduisiez hier, « ce n’est pas un combat facile ». Bruno Le Maire a affirmé lui-même ce week-end qu’il n’y aurait « pas de souveraineté politique sans souveraineté technologique ». Après des mesures fortes comme la baisse pérenne de 10 milliards d’euros par an des impôts de production, quelles sont les pistes étudiées pour redonner à la France une compétitivité durable ?

Depuis quatre ans, le président de la République a mis ces questions au cœur de notre politique économique. Nous en avons amélioré l’attractivité de la France avec la baisse sur l’impôt sur les sociétés de 33 à 25 %, ce qui est considérable, ou encore avec des mesures sur la fiscalité du capital, qui permettent aux investisseurs qui prennent le risque d’investir dans les entreprises d’avoir un meilleur retour sur investissement.

Nous avons également réformé le code du travail, pour donner plus de prévisibilité aux entreprises, ainsi que la formation et investi 15 milliards d’euros dans les compétences : c’est du jamais vu jusqu’ici.

Nous avons enfin travaillé sur la simplification, à travers trois lois qui rompent avec la tradition de bureaucratie française, dont une loi qui donne le droit à l’erreur aux entreprises et la loi d’accélération et de simplification de l’action publique (Asap) du 7 décembre 2020 qui accélère et simplifie l’extension des sites industriels. Nous allons continuer grâce à la loi 3Ds ( différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification) en cours de discussions, ou à la Loi Climat et Résilience, qui permet de prendre par ordonnance des mesures de simplification l’installation des sites industriels sur d’anciennes friches.

Notre obsession a été sans cesse de simplifier les procédures administratives, sans rien enlever à nos exigences environnementales. Car il ne faut pas confondre les exigences environnementales et les procédures administratives.

Plan d’investissement : le ministre de l’économie très vague

Plan d’investissement : le ministre de l’économie très vague

Le moins que l’on puisse dire c’est que le ministre de l’économie a été très vague quant au contenu du plan d’investissement. Il s’est contenté de reprendre des banalités concernant des filières du futur assez lointaine comme l’hydrogène vert, le calcul quantique, l’intelligence artificielle, le nouveau nucléaire – « un atout majeur de l’économie française » .

Or le redressement économique passe par un soutien d’abord au investissement dans les industries d’aujourd’hui. Les nombreuses industries qui ont été expatriées dans des pays considérés comme plus avantageux sur le plan fiscal et social. En outre l’hydrogène vert, le calcul quantique, l’intelligence artificielle et le nucléaire ne sont pas des filières de même nature.

Certaines relèvent de la recherche d’autres comme l’intelligence artificielle ne sont pas une filière propre mais un outil commun à la plupart des champs de l’économie. Certaines filières pourront se développer dans les 10 ans quand d’autres demanderont plusieurs dizaines d’années. Bref on sent que le plan de aux investissements est encore très vague. Il paraîtrait pourtant très simple de consacrer une grande partie de ce plan par exemple au infrastructures concernant la mobilité, la formation, la rénovation thermique des bâtiments et Internet très grand débit..

UN VAGUE PLAN D’INVESTISSEMENT » À LA RENTRÉE

UN VAGUE PLAN D’INVESTISSEMENT » À LA RENTRÉE

sans doute conscient des réservations des experts concernant la faiblesse de la croissance française, le président a ajouté un couplet à son intervention en indiquant simplement qu’un plan d’investissement pourrait être décidé à la rentrée . Un plan pour l’instant très vague mais qui viserait à dynamiser une économie qui aura bien du mal à retrouver son niveau de 2019 dès le début de 2022. En effet l’hypothèse d’une quatrième vague sanitaire pourrait contraint de revoir à la baisse des perspectives économiques déjà un peu faiblardes.

 

« A la rentrée, après le travail et les consultations en cours, nous déciderons d’un plan d’investissement qui visera un objectif: bâtir la France de 2030 et faire émerger dans notre pays et en Europe les champions de demain, qui dans les domaines du numérique, de l’industrie verte, des biotechnologies ou encore dans l’agriculture, dessineront notre avenir », a déclaré le président de la République lors de son allocution télévisée.

Le danger de l’accord d’investissement avec la Chine

Le danger de l’accord d’investissement avec la Chine

L’économiste Francisco Juan Gomez Martos livre, dans une tribune au « Monde », une analyse politique de l’accord d’investissement entre l’Union européenne et la Chine et estime que l’aversion de la Chine pour le principe de la transparence et son refus d’une société civile indépendante constituent des obstacles majeurs.

 

Tribune.

 

L’annonce, le 30 décembre 2020, de l’accord d’investissement avec la Chine (ACI) a été présentée par la Commission européenne comme un grand succès, visant à renforcer le multilatéralisme en déclin et l’« autonomie stratégique » de l’Union européenne (UE) en tant qu’acteur mondial.

Cet accord a pourtant une portée qui va bien au-delà des aspects concernant la libéralisation des prestations de services et des investissements étrangers directs. Il est éminemment politique et mérite donc un débat approfondi sur les conséquences prévisibles de sa mise en œuvre.

Ce débat doit prendre en compte l’expérience des relations avec la Chine acquise dans plusieurs secteurs.

Du point de vue géostratégique, non seulement cet accord ne répond pas à l’autonomie stratégique de l’Union européenne, mais montre, au contraire, la subordination naïve de l’UE aux intérêts stratégiques de Pékin, qui a voulu éviter la formation d’une alliance entre les Etats-Unis, l’UE et le Japon, regroupant toutes les démocraties libérales du monde prônant l’économie de marché et défendant les règles du multilatéralisme.

 

Du point de vue économique, si le marché intérieur européen est le principal atout de l’UE et du bien-être de ses citoyens, de récentes recherches montrent que l’intégration commerciale européenne perd de son élan. Cette détérioration est imputable en grande partie au rôle de la Chine puisque les Etats membres de l’UE sont de plus en plus intégrés dans la chaîne de valeur chinoise.

Du point de vue commercial, l’accord naît dans le cadre d’un déficit commercial permanent de l’UE à l’égard de la Chine, ce qui paradoxalement n’est pas abordé par l’accord. Depuis le début de ce siècle, l’UE a enregistré des déficits commerciaux importants avec la Chine qui augmentent régulièrement et qui ont toujours été sous-estimés.

Une dépendance structurelle accrue par rapport à la Chine

L’excédent cumulé chinois dans ses relations commerciales avec l’UE a atteint 1 800 milliards d’euros au cours des douze dernières années, l’équivalent du PIB de l’Italie en 2019. Dans ce contexte, la première priorité des négociations de l’UE avec la Chine aurait dû viser à faire pression pour qu’elle améliore l’accès à son marché et augmente ses importations de produits européens, créant ainsi des emplois en Europe en cette période particulièrement délicate

Du point de vue industriel : l’accord ouvre la voie à une dépendance structurelle accrue par rapport à la Chine dans les secteurs-clés. La crise a montré la vulnérabilité et la dépendance de l’industrie européenne vis-à-vis de la Chine dans l’approvisionnement en masques, équipements de protection individuels, tests et autres denrées de première nécessité pour lutter contre le virus.

Cybersécurité : un manque d’investissement dans les PME

Cybersécurité : un manque d’investissement dans les PME

C’est la conclusion d’une étude menée par l’Ifop pour la société de conseil en cybersécurité F-Secure*, et qu’Europe 1 révèle en exclusivité. Concrètement, neuf entreprises sur dix estiment qu’il est essentiel de se prémunir contre les attaques informatiques. Sauf qu’il y a un décalage, notamment chez les TPE-PME, entre la réflexion et le passage à l’acte : une entreprise sur deux ne sécurise pas ses postes de travail et une sur trois n’utilise même pas d’antivirus.

 

Cette insuffisance résulte d’abord d’un choix financier. Selon cette étude, pour 60% des PME, le budget pour la protection de leur système informatique ne doit pas dépasser 1.000 euros par an. « Avec cette somme, on est capable de protéger une petite infrastructure, une TPE de moins de dix salariés. Un antivirus c’est environ 50 euros par an et un pare-feu pour une petite entreprise c’est 300 euros par an. Si on ajoute les interventions du prestataire de service informatiques, on arrive à 1.000 euros », détaille Guillaume Gamelin, vice-président de F-Secure France. 

Problème : c’est une somme insuffisante pour des PME de 20 ou 50 salariés. Or, « plus l’entreprise est grosse et plus elle est numérisée, plus elle est concernée par les cyberattaques », rappelle Guillaume Gamelin. Et les temps ont changé. « Hier, il suffisait d’un logiciel antivirus qu’on activait sur demande. Aujourd’hui, avec la complexité des nouvelles attaques, ce n’est plus suffisant. Il faut investir dans des ressources humaines pour vérifier et entretenir les systèmes informatiques au quotidien », souligne ce spécialiste de la cybersécurité.

Une prise de conscience pendant la crise du Covid

L’étude menée pour F-Secure met en évidence un décalage entre la perception, par les entreprises, des risques liés aux cyberattaques et les actions menées pour s’en protéger. « On observe une prise de conscience liée à la cybersécurité, grâce ou à cause de l’actualité et de la médiatisation des attaques visant des hôpitaux et des mairies« , assure Guillaume Gamelin. « Il y a eu une bascule lors de la crise du Covid-19. Les patrons sont aujourd’hui mieux informés des risques. L’inquiétude est partagée autant par les PME que par les grands groupes. Tout le monde réalise qu’une attaque informatique peut avoir des effets très concrets et très néfastes. »

Malgré l’inquiétude, deux tiers des dirigeants interrogés estiment que leurs salariés sont suffisamment protégés. Ce qui, au vu des montants investis, est loin d’être toujours le cas. « Il y a parfois un décalage entre le sentiment de sécurité des entreprises et leur niveau réel de protection, qu’il soit géré en interne ou par un prestataire de services », prévient le vice-président de F-Secure France. D’autant que le risque augmente. « Il y a une professionnalisation des hackers qui sont aujourd’hui regroupés comme des organisations criminelles. »

*Étude quantitative réalisée en ligne auprès d’un échantillon national représentatif de 500 « professionnels » âgés de 18 ans et plus, entre le 31 mars et le 2 avril 2021. 75% des entreprises interrogées ont moins de 10 salariés.

Un accord d’investissement sino-européen préparé en douce sous l’influence de l’Allemagne

Un accord d’investissement sino-européen préparé en douce sous l’influence de l’Allemagne

 

En vérité , les discussions ont commencé il y a environ cinq ans mais c’est la signature qui paraît un peu précipitée. Une signature qui pourrait intervenir dans les jours à venir sous l’insistance de la Chine bien sûr mais aussi de l’Allemagne qui veut développer ses implantations en Chine considérée comme le marché d’avenir.

Le problème c’est que cette problématique n’a pratiquement pas été abordée publiquement en France ni dans beaucoup d’autres pays européens.

La découverte publique de cette affaire pourrait une nouvelle fois poser la question de la fâcheuse tendance de l’Allemagne a privilégié son seul business. “L’accord pourrait être bouclé dès cette semaine”, a dit la source anonyme à Reuters ( un technocrate de Bruxelles sans doute)

“Notre accès au marché sera bien meilleur, de même que la protection de nos investissements en Chine. Nous travaillons depuis des années à l’amélioration de l’accès au marché et les Chinois ont fait un grand pas en notre direction”, a ajouté la source.

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