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Afghanistan : comment ne pas confondre asile et flux migratoires ?

Afghanistan : comment ne pas confondre asile et flux migratoires ?

Jean-Marie Burguburu, président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, demande au gouvernement, dans une tribune au « Monde », de ne pas confondre droit d’asile et gestion des flux migratoire. Une tribune intéressante mais dans la pratique la distinction proposée sera bien difficile. (Extrait)

 

 

Tribune.

 

Dimanche 15 août, les talibans sont entrés dans Kaboul. Avec cette prise de pouvoir, ce sont des milliers d’Afghanes et d’Afghans qui craignent des persécutions ou dont la vie est menacée, notamment toutes celles et tous ceux qui se sont engagés pour la liberté, les droits de femmes, ou qui ont tout simplement eu une activité intellectuelle ou artistique jugée non conforme aux lois des talibans.

Depuis des années, et jusqu’à ces derniers jours encore, ces femmes et ces hommes se sont battus pour la liberté, se sont mobilisés pour faire progresser la démocratie dans leur pays et pour défendre les droits de l’homme. Ces personnes craignent aujourd’hui « avec raison d’être persécutées » par le nouveau pouvoir en place pour avoir défendu leurs opinions ou pour le simple fait d’être femme, artiste, fonctionnaire…

N’est-ce pas là l’exacte définition de ce qui justifie le statut de réfugié, tel que défini par l’article premier de la convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés ? En cette année de son 70e anniversaire, réclamer son respect effectif par les Etats signataires est plus urgent que jamais.

La protection du droit d’asile est également au cœur des valeurs de la France et contenue dans le bloc de constitutionnalité. « Tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d’asile sur les territoires de la République », affirme le 4e alinéa du préambule de la Constitution de 1946. Le Conseil constitutionnel a consacré ce droit comme un « droit fondamental » et un « principe à valeur constitutionnelle ». Offrir protection et accueil aux Afghanes et aux Afghans menacés est notre devoir républicain.

Mais plus encore, pour la France qui se veut la patrie des droits de l’homme, depuis l’affirmation de la vocation universaliste de la déclaration de 1789, il convient d’être à la hauteur de ses responsabilités sans frilosité, à l’instar de nombreux pays qui s’engagent pour accueillir les réfugiés. Il faut en outre préciser que, selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), figurerait parmi ces réfugiés une large majorité de femmes et d’enfants, ce qui implique d’adapter en conséquence les conditions d’accueil.

 

En prenant, au 1er janvier 2022, la présidence tournante de l’Union européenne, la France a l’occasion de coordonner et d’optimiser des initiatives jusqu’ici disparates et de devenir le fer de lance de la mise en œuvre en Europe d’un accueil protecteur, global et respectueux de la dignité humaine des réfugiés – qui, rappelons-le, n’ont pas décidé par convenance de quitter leur pays mais y sont contraints parce qu’ils sont en danger de mort. 

Un accord bidon sur les questions migratoires

Un accord bidon sur les questions migratoires

Pour l’Europe,  il était important d’éviter implosion sur les questions migratoires. Du coup,  on a fait semblant de définir une ligne mais en fait chaque  pays sera libre d’adhérer ou non à ces conclusions européennes.   En fait chaque dirigeant a surtout privilégié sa politique interne et même Macron qui voulait révolutionner la politique migratoire s’accommode de cet accord bidon qui ne résout rien. Pour résumer, les pays européens sont d’accord pour que chaque pays fasse comme il l’entend concernant la question centrale de la relocalisation des migrants. “Toutes les mesures prises au regard de ces centres contrôlés, notamment la relocalisation et la réinstallation, se feront sur la base du volontariat”, dit le communiqué signé par les dirigeants européens après neuf heures de négociations. Les Vingt-huit ont également décidé de renforcer leurs frontières extérieures, notamment en augmentant les aides à destination de la Turquie et de l’Afrique du Nord, afin d’éviter de renouer avec des flux comparables à ceux que l’Europe avait enregistré en 2015. En première ligne depuis l’ouverture du sommet, le président du conseil italien Giuseppe Conte, s’est félicité de son issue et a dit constater que l’Italie n’était plus “seule”. Rome décidera ultérieurement de se doter ou non de centres d’accueil de migrants, a-t-il ajouté. S’exprimant après la fin du sommet, le président français, Emmanuel Macron, a évoqué “une volonté de mieux protéger les frontières, de renforcer les règles d’accueil”.“La coopération européenne l’a emporté (…). La solidarité que nous devons aux premiers pays d’entrée a été actée lors de ce sommet”, a-t-il dit.“Accord trouvé sur les migrations: une approche européenne confirmée, un agenda complet acté (…), les propositions françaises adoptée”, a-t-il ajouté sur son compte Twitter. Une déclaration surtout destinée à satisfaire l’égo des intéressés et à masquer l’exige.

Flux migratoires : une vision surtout à court terme

Flux migratoires : une vision surtout à court terme

Lors  du mini-sommet Europe Afrique il a surtout été question de lutter contre les trafics de migrants. Un aspect qui évidemment ne peut être négligé mais qui traduit essentiellement une vision de court terme. En gros,  on veut retenir les migrants en Afrique afin de régulariser ceux qui justifient  d’un statut de réfugié. Pour les autres, c’est-à-dire les migrants économiques, rien n’a été décidé. Et pour cause,  car la problématique est complexe et passe notamment par le développement de l’Afrique. Ce qu’ont tenu à rappeler les représentants des gouvernements africains. Des représentants africains qui ont aussi leurs responsabilités du fait de la corruption et d’un manque de rigueur dans la gestion d’aides au développement déjà insuffisantes. On a surtout parlé de répression et de frein plus migratoire. Le président tchadien a cependant rappelé que “Le problème fondamental restera toujours le développement”. “Il ne faut pas faire que de la répression”, a renchéri de son côté le président nigérien Mahamadou Issoufou.




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