Les lobbies opposés à la publication de l’information nutritionnelle des aliments
Dans une tribune au Monde , trois eurodéputés de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates, Eric Andrieu, Sylvie Guillaume et Marc Tarabella dénoncent l’opposition des lobbies à la publication de l’information nutritionnelle des aliments.
Tribune.
« Le constat à la base est assez édifiant. La santé des Européens se dégrade : un adulte sur deux et près d’un enfant sur trois est en situation de surpoids en Europe, près d’un citoyen sur cinq est atteint d’obésité et ces chiffres ne font qu’augmenter, l’organisation mondiale de la santé qualifiant même ce phénomène de grave épidémie. Parallèlement les personnes victimes de diabète, d’hypertension ou de maladies cardiovasculaires sont de plus en plus nombreuses également. Un des principaux responsables ? La malbouffe.
Partant de cet état des lieux, en 2010, l’Europe a entrepris de rénover l’étiquetage des produits alimentaires via une nouvelle législation, le but étant de permettre davantage de transparence sur le contenu de ces produits, leur provenance, une signalisation plus claire des composants mais aussi des allergènes potentiels.
C’est alors que la question d’un Nutri-score s’est invitée à la table des discussions. L’idée était simple : proposer un logo qui indique la qualité nutritionnelle des aliments avec des notes allant de A à E avec un objectif louable et à encourager, celui de comparer plus rapidement et facilement des produits. Le calcul se fait sur base d’un algorithme conçu quelques années plus tôt par un groupe de scientifiques d’Oxford et prend en compte des paramètres à favoriser comme les fruits, les légumes, les fibres ou les protéines ainsi que les paramètres à limiter comme les acides gras saturés, les sucres, le sel…
Mais le texte législatif résultant de ces travaux a été très vite la proie des lobbies de l’industrie agroalimentaire qui ne voulait pas qu’on lui dicte ce qu’elle devait mettre sur les étiquettes ni qu’on l’oblige à mentionner les composants de ses produits ou leur origine. Alors rajoutez à cela un logo Nutri-score, les grandes marques ont crié au scandale, elles qui avaient déboursé près d’un milliard d’euros les années précédentes en lobbying et marketing espérant que jamais une obligation européenne ne verrait le jour. »