Archive pour le Tag 'L’information'

Télévision: L’information de CNews mise en cause par le Conseil d’État

Télévision: L’information de CNews mise en cause par le Conseil d’État

La chaîne contrôlée par Bolloré se comporte le plus souvent comme une chaîne politique d’extrême droite. La plupart des intervenants réguliers sont d’ailleurs très marqués politiquement. On objectera peut-être que France Télévisions au contraire penche à gauche mais plus discrètement. C’est surtout l’excès qui est reproché à la chaîne Cnews mais aussi la médiocrité avec assez souvent des propos proches de télé bistrot après trois ou quatre tournées d’apéritif. Surtout des intervenants qui ne sont pas à la hauteur et qui déraillent par incompétence autant que par conviction partisane. L’exemple de Pascal Praud, étant sans doute le plus caricatural. En permanence il invective, interrompt, prend parti et ridiculise ceux qui le contestent. Il gère l’information politique et sociétale comme on commente un match de football, la mauvaise foi en plus et avec un manque évident de culture générale et de déontologie journalistique.

Un ordre du Conseil d’État. L’Arcom a été sommée, mardi, de renforcer son contrôle de CNews, rapporte franceinfo. Après avoir reçu un recours de l’ONG Reporters sans frontières, qui juge que la chaîne d’information « est devenue un média d’opinion », la plus haute juridiction administrative en France demande au régulateur, dans un communiqué, de s’assurer « dans un délai de six mois », que CNews respecte bien ses obligations « en matière de pluralisme et d’indépendance de l’information ».

Dans sa décision, le Conseil d’État explique que le régulateur ne devra plus seulement décompter le temps de parole des personnalités politiques invitées sur la chaîne. Désormais, l’Arcom devra faire preuve de vigilance et opérer un contrôle « à l’échelle de l’ensemble des conditions de fonctionnement » de CNews, et « des caractéristiques de sa programmation ».

L’information de CNews mises en cause par le Conseil d’État

Linformation de CNews mises en cause par le Conseil d’État

La chaîne contrôlée par Bolloré se comporte le plus souvent comme une chaîne politique d’extrême droite. La plupart des intervenants réguliers sont d’ailleurs très marqués politiquement. On objectera peut-être que France Télévisions au contraire penche à gauche mais plus discrètement. C’est surtout l’excès qui est reproché à la chaîne Cnews mais aussi la médiocrité avec assez souvent des propos proches de télé bistrot après trois ou quatre tournées d’apéritif. Surtout des intervenants qui ne sont pas à la hauteur et qui déraillent par incompétence autant que par conviction partisane. L’exemple de Pascal Praud, étant sans doute le plus caricatural. En permanence il invective, interrompt, prend parti et ridiculise ceux qui le contestent. Il gère l’information politique et sociétale comme on commente un match de football, la mauvaise foi en plus et avec un manque évident de culture générale et de déontologie journalistique.

Un ordre du Conseil d’État. L’Arcom a été sommée, mardi, de renforcer son contrôle de CNews, rapporte franceinfo. Après avoir reçu un recours de l’ONG Reporters sans frontières, qui juge que la chaîne d’information « est devenue un média d’opinion », la plus haute juridiction administrative en France demande au régulateur, dans un communiqué, de s’assurer « dans un délai de six mois », que CNews respecte bien ses obligations « en matière de pluralisme et d’indépendance de l’information ».

Dans sa décision, le Conseil d’État explique que le régulateur ne devra plus seulement décompter le temps de parole des personnalités politiques invitées sur la chaîne. Désormais, l’Arcom devra faire preuve de vigilance et opérer un contrôle « à l’échelle de l’ensemble des conditions de fonctionnement » de CNews, et « des caractéristiques de sa programmation ».

Importance croissante de TikTok pour l’information des jeunes

Importance croissante de TikTok pour l’information des jeunes

Tik-Tok prend de plus en plus d’importance pour l’information des jeunes Qui semble préférer influencerait célébrité comme source d’information plutôt que des journalistes. Des journalistes relativement ringardisaient du faîte qu’il répète à peu près la même chose à la fois par paresse mais aussi par soumission aux intérêts dominants. Le risque évidemment étant que ces influenceurs soient encore beaucoup moins pertinent que les journalistes classiques. Sans parler de l’influence politique de la Chine sur le réseau.

Le rapport annuel de Reuters sur l’information numérique, publié mercredi 14 juin, s’appuie sur des sondages en ligne menés par la société YouGov auprès de 94.000 personnes dans 46 pays. Fait marquant cette année: la majorité des utilisateurs de Tiktok, Snapchat et Instagram (respectivement 55%, 55% et 52%) dit accorder son attention aux influenceurs ou aux célébrités en matière d’info. À l’inverse, sur Facebook (qui, comme Instagram, appartient au groupe américain Meta) ou Twitter, moins utilisés par les jeunes, les journalistes jouent les premiers rôles.

Cela «met sous pression» le modèle économique des médias, fondé «sur la publicité et les abonnements», surtout dans un contexte de crise où les ménages réduisent leurs dépenses. Tout cela constitue «un changement beaucoup plus fondamental» pour l’industrie de l’information que le passage au numérique lui-même, juge le directeur de l’institut Reuters, Rasmus Kleis Nielsen.

Comment les médias déforment l’information

Comment les médias déforment l’information

par Éric Dacheux,Professeur en information et communication, Université Clermont Auvergne (UCA) dans the Conversation

La question se pose en particulier en France pour les grands médias qui appartiennent presque tous à des groupes financiers moins pour réaliser des profits que pour influencer l’information NDLR

Quand le média en ligne The Conversation publie un article sur le revenu d’existence par création monétaire, il met en relation des chercheurs d’une université de province et des lecteurs de toute la francophonie. The Conversation établit une communication entre deux êtres qui ne sont pas dans le même espace. C’est ce que l’on appelle une médiation. Mais la médiation n’est pas neutre, elle est toujours active. Quand on fait appel à un médiateur pour régler un problème entre voisins, on espère que celui-ci va déployer une activité diplomatique suffisante pour permettre le rétablissement de bonnes relations.

Dans nos sociétés démocratiques, il existe une médiation singulière, celle des médias de masse : presse, radio, télévision. Ces médias de masse relaient l’information entre les journalistes et les citoyens, ils renvoient à la société une représentation d’elle-même.

Cette représentation n’est pas objective, elle est construite selon des règles qui ont été étudiées par les sciences de l’information et de la communication. Parmi toutes les notions explicatives, en voici trois.

La première notion est celle de médium. Marshall McLuhan, philosophe canadien, a écrit un livre intitulé « Pour comprendre les médias » paru dans les années 1960. Dans ce livre, il affirme que « le message c’est le médium ». Cette affirmation signifie que le sens profond n’est pas à rechercher dans les mots, les images ou les sons transmis par les médias de masse, mais dans leur nature technique. Pour lui, les moyens de communication déterminent la société et la font évoluer. Nous étions, toujours selon ce penseur, dans les débuts de l’humanité, dans une civilisation dominée par la communication orale. Nous sommes, dit-il, grâce à l’imprimerie, rentrés, à la Renaissance, dans une civilisation de l’écrit qui au XXe siècle à laissé la place à une nouvelle civilisation, celle de l’audiovisuelle.

Cette idée que les médias déterminent le monde est au cœur de ce que certains nomment aujourd’hui la révolution Internet. Or, cette idée est fausse. Elle ne repose sur aucune enquête de terrain. Elle ne rend pas compte de la complexité des relations entre la technique, l’économie, le politique et les croyances. Elle nie la réalité historique de la coexistence des différents médiums (la télévision n’a pas tué le livre et n’a pas été tuée par Internet). Elle confond le monde et l’Occident. Elle oublie le rôle des conflits dans l’histoire humaine, etc.

Pourtant, cette théorie a eu le mérite de pousser à s’interroger sur un fait que l’on négligeait jusqu’alors : le médium n’est pas neutre. Le médium ne transmet pas le sens, il participe, de manière souvent invisible, à la compréhension de la signification. Envoyé un « Je t’aime » ou un « je te quitte » par SMS, le dire en vidéo ou l’exprimer en face à face ne sera pas compris avec la même sensibilité, n’aura pas la même force, ne provoquera pas le même effet.

Le médium n’est pas un support qui inscrit, sans la changer, la signification dans sa matérialité (du papier, un écran, du son), ce n’est pas davantage un moyen de communication qui fabrique, à lui tout seul, du sens, c’est une médiation matérielle qui transforme la signification.

Pour bien comprendre un message médiatique, il faut donc comprendre la nature de cette médiation singulière. Or, la plupart du temps, nous n’avons pas conscience de l’importance du médium dans la signification.

La seconde notion importante pour comprendre une communication médiatique est celle de cadrage. Dans le domaine des médias de masse, parler de « cadrage », c’est s’intéresser à la façon dont les médias représentent un sujet précis, en attirant l’attention sur tels points qu’ils jugent pertinents au détriment de tels autres que le destinataire pourrait pourtant juger tout aussi pertinents. Les médias ne se contentent pas d’attirer l’attention sur telle question plutôt que telle autre, ils proposent une définition particulière d’un problème qui est déjà une interprétation, une orientation de la réponse. Parler de l’accueil des migrants comme un problème politique, comme une nécessité morale ou comme un danger terroriste, c’est déjà orienter la compréhension de l’actualité.

Dans ces opérations de cadrage, le titre et les illustrations sont des éléments clefs qui vont orienter la compréhension du message, même si celui-ci est plus nuancé, plus rationnel que le titre ou l’illustration choisie. Ce cadrage obéit à des logiques professionnelles (le spectaculaire plutôt que l’ordinaire), des logiques éditoriales – la suppression de l’impôt sur la fortune ne sera pas cadrée de la même façon dans L’Humanité que dans Le Figaro, puisque leur lectorat est idéologiquement opposé –, des logiques économiques (ne pas trop déplaire à un annonceur qui est sur la sellette), etc.

Ce cadrage obéit aussi à des logiques culturelles comme l’a montré Tourya Guaaybess, chercheure en communication internationnalement reconnue, dans un livre sur le cadrage médiatique des révolutions arabes. En Ukraine, par exemple, ces révolutions étaient lues par certains médias conservateurs comme des épisodes violents de foules en colère et menaçantes pour l’ordre public, alors que d’autres médias, plus progressistes, y voyaient, à l’image de la révolution orange, un peuple en train de se libérer de la tyrannie.

Loin de ces deux manières de cadrer la réalité révolutionnaire, les médias français insistaient plutôt sur le rôle des nouvelles technologies et faisaient référence au « printemps des peuples de 1848 ».

Dans ces conditions, comprendre pleinement un message médiatique demande de connaître le média qui a construit ce message afin de pouvoir décrypter le cadrage qu’il a mis en œuvre. Cela demande aussi de s’exposer à des médias non nationaux pour déconstruire le cadrage culturel de ce message. Autant de conditions qui ne sont que rarement remplies.

La troisième et dernière notion qui permet d’expliquer la difficulté de comprendre une communication médiatique est celle d’énonciateur. Les sciences du langage distinguent ce qui relève de la langue (code structuré par un ensemble de règles obligatoires comme l’accord du sujet et du verbe, par exemple) et l’énonciation qui est le style expressif utilisé par un locuteur.

L’énonciation met en œuvre au moins trois instances, un énonciateur (celui qui s’exprime, ici, le journaliste), un destinataire (l’auditeur, le lecteur, le téléspectateur), un énoncé (le message médiatique). Or, pour comprendre correctement un énoncé, il est souvent nécessaire d’identifier l’énonciateur. Par exemple, la phrase entendue à la radio « Les Belges n’ont pas d’humour » ne sera pas comprise de la même façon si elle est énoncée par l’animatrice belge de l’émission humoristique « Par Jupiter » sur France Inter que par un sondeur invité à commenter le rapport à l’humour de plusieurs habitants de l’Europe.

Or, le problème est qu’identifier un énonciateur dans les médias de masse n’est pas chose aisée. En effet, ce n’est pas forcément celui qui parle qui est le véritable énonciateur. Par exemple, le présentateur du journal de TF1 peut lire un texte sur le prompteur qui est une dépêche d’agence, une information rédigée par le rédacteur en chef ou une citation d’un homme politique. Dans ce dernier cas, est-ce vraiment l’homme politique qui a tenu ce propos ? Un adversaire qui déforme sciemment son propos, un conseil en communication de l’homme politique ?

Ce qui est compliqué lorsqu’on s’efforce de comprendre un message d’un média bien déterminé devient, de nos jours, encore plus complexe puisque les nouvelles sont agrégées automatiquement, déformées et reformées par des centaines de personnes sur les réseaux sociaux, si bien que l’on ne sait plus qui est l’énonciateur du message. On ne peut plus alors le comprendre dans son intégralité, le soumettre au jugement critique de son libre arbitre. Quand l’énonciateur s’efface, la compréhension recule et la désinformation avance.

Voyage dans l’information grise

Voyage dans l’information grise

Antoine Bayet explore dans son ouvrage la galaxie de l’info alternative, qui utilise les réseaux sociaux comme moyen de communication et prend de plus en plus d’importance.

 

« Voyage au pays de la dark information » d’Antoine Bayet, Robert Laffont, 288 p., 18,90 euros. (analyse par le « Monde » )

 

Qui connaît Serge Petitdemange ou Ugo Gil Jimenez, alias Papacito ? ou bien Khadra, Erik Tegnér, Hugues Rondeau, Martine Wonner, Xavier Azalbert, Martial Bild, etc. La galerie de portraits de ces personnes en rupture de ban – antivax, complotistes, extrémistes – donne le tournis. Ils font partie des visages français et contemporains de la « dark information », celle qui ne passe pas par les canaux traditionnels de la presse écrite, radio et télévision ou désormais de leur version numérique, mais qui utilise les réseaux sociaux comme moyen de communication, grâce pour l’essentiel à des groupes créés sur Facebook, des vidéos diffusées sur YouTube et Odysee et des boucles de sympathisants sur WhatsApp et Telegram.

 

Autant dire que pour les tenants de la presse « mainstream », il s’agit d’une plongée dans une véritable cour des Miracles, sans François Villon ! Or, un des grands mérites d’Antoine Bayet, spécialiste de l’information numérique et de ses usages, est d’avoir interviewé sans condescendance ces chefs de file de l’information alternative, à l’exception notable du rédacteur en chef de la chaîne RT (ex-Russia Today), Jérôme Bonnet, qui a décliné toutes ses propositions d’entretien. Une question a aussi servi de fil d’Ariane à l’auteur, tout au long de son enquête : comment aujourd’hui s’informent les décrocheurs ? En clair, toutes les personnes qui se méfient de l’information qui vient d’en haut.

Le phénomène est désormais planétaire. En 2016, deux temps forts ont été précurseurs : l’utilisation massive des réseaux sociaux par les promoteurs du « Leave », pendant la campagne référendaire sur le Brexit au Royaume-Uni, puis par les partisans de Donald Trump, lors de la campagne présidentielle américaine. Avec, à chaque fois, un succès à la clé.

A partir de 2020, l’épidémie de coronavirus, devenue mondiale en trois mois, a aussi créé un effet de bulle et l’expression popularisée par l’écrivain et sociologue Marshall McLuhan en 1967, « le village global », est enfin devenue une réalité. Jamais un professeur marseillais comme Didier Raoult, réputé comme microbiologiste, n’aurait connu une popularité qui a pulvérisé les frontières de l’Hexagone sans sa chaîne YouTube, où il a vanté les mérites de l’hydroxychloroquine, obligeant même le chef de l’Etat français à composer avec le médecin.

En France, la cote d’alerte a aussi été franchie avec la diffusion, en novembre 2020, du film-entretien Hold-up. Retour sur un chaos, de Pierre Barnérias, qui a été vu par près de 5 millions de Français depuis son lancement. Grâce à des outils numériques comme CrowdTangle, l’auteur a pu établir par exemple que sur 100 publications sur Facebook, 36 sont issues de la « dark info », soit un tiers, et que celles-ci ont généré plus 13 millions de partages, ce qui est considérable.

Twitter: Vers la manipulation de l’information

 Twitter: Vers la manipulation de l’information

Twitter, plus que tout autre réseau social, permet de suivre et de commenter les événements en temps réel. L’acquisition de la plate-forme par Elon Musk pourrait radicalement changer la donne. Par Anjana Susarla, Michigan State University ( dans la Tribune)

 

Elon Musk, la personne la plus riche du monde, a acquis Twitter pour 44 milliards de dollars américains le 25 avril 2022, 11 jours après avoir fait son offre. Twitter a annoncé que l’entreprise, côtée à la bourse de New York depuis 2013, passerait entièrement sous la propriété d’Elon Musk.

Dans son dépôt auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis, Elon Musk a expliqué :

« J’ai investi dans Twitter car je crois en son potentiel d’être la plate – forme de la liberté d’expression dans le monde entier, et je pense que la liberté d’expression est un impératif sociétal pour une démocratie en bonne santé. »

En tant que chercheuse spécialiste des réseaux sociaux, je trouve que l’acquisition de Twitter par Elon Musk et les raisons qu’il a invoquées pour ce rachat soulèvent des questions importantes. Ces questions sont liées à la nature même des plates-formes de médias sociaux, qui se distinguent des plates-formes classiques.

Twitter occupe une place unique. Ses messages courts et ses fils de discussion favorisent les conversations en temps réel entre des milliers de personnes, ce qui le rend populaire auprès des célébrités, du monde des médias et des politiques.

Les analystes des médias sociaux prennent en compte la demi-vie du contenu sur ces plates-formes, c’est-à-dire le temps nécessaire pour qu’un contenu atteigne 50 % de l’engagement qu’il aura totalisé à la fin de sa durée de vie, généralement mesuré en nombre de vues ou d’autres mesures de popularité. La demi-vie moyenne d’un tweet est d’environ 20 minutes, contre cinq heures pour les publications Facebook, 20 heures pour les publications Instagram, 24 heures pour les publications LinkedIn et 20 jours pour les vidéos YouTube. Cette demi-vie beaucoup plus courte illustre le rôle central qu’occupe désormais Twitter en suscitant des conversations en temps réel, à mesure que se déroulent les évènements.

La capacité de Twitter à façonner le discours en temps réel, ainsi que la facilité avec laquelle les données, y compris les données géomarquées, peuvent être recueillies sur Twitter, en ont fait une mine d’or pour les chercheurs qui souhaitent analyser une variété de phénomènes sociétaux, allant de la santé publique à la politique. Les données issues de Twitter ont été utilisées pour prédire les visites aux urgences liées à l’asthme, mesurer la sensibilisation du public aux épidémies et modéliser la dispersion de la fumée des feux de forêt.

Les tweets qui constituent une discussion sont affichés par ordre chronologique et, même si une grande partie de l’engagement d’un tweet se fait en amont, les archives de Twitter offrent un accès instantané et complet à tout tweet public. Twitter permet ainsi d’enregistrer les évènements, ce qui en fait, de facto, un outil pour « fact-checker » ce qui s’est réellement passé.

Les projets d’Elon Musk

Il est donc crucial de comprendre comment l’acquisition par Elon Musk de Twitter, ou plus généralement le contrôle privé de plates-formes de médias sociaux affectent le bien-être collectif. Dans une série de tweets supprimés, Elon Musk a fait plusieurs suggestions sur la façon de changer Twitter, notamment en ajoutant un bouton d’édition pour les tweets et en accordant aux utilisateurs premium des badges distinctifs sur leur profil.

Il n’existe aucune preuve expérimentale de la manière dont un bouton d’édition modifierait la transmission des informations sur Twitter. Cependant, il est possible d’extrapoler les analyses de recherches antérieures sur les tweets supprimés.

Il existe de nombreux moyens de récupérer les tweets supprimés, ce qui permet aux chercheurs de les étudier. Alors que certaines études montrent des différences de personnalité significatives entre les utilisateurs qui suppriment leurs tweets et ceux qui ne le font pas, ces résultats suggèrent que la suppression de tweets est un moyen pour les gens de gérer leur identité en ligne.

L’analyse du comportement menant à ces suppressions de tweets peut fournir des indices précieux sur la crédibilité et la désinformation en ligne. De la même façon, si Twitter ajoutait un bouton d’édition, l’analyse des comportements menant à l’édition des tweets pourrait fournir des informations sur les intentions des utilisateurs de Twitter et l’image qu’ils donnent d’eux-mêmes.

Des études sur l’activité des robots informatiques sur Twitter ont montré que près de la moitié des comptes qui publient des tweets à propos du Covid-19 sont probablement des robots. Étant donné les clivages partisans et la polarisation politique dans les espaces en ligne, permettre aux utilisateurs – qu’il s’agisse de robots informatiques ou de personnes réelles – de modifier leurs tweets pourrait devenir une nouvelle arme dans l’arsenal de désinformation utilisé par ces robots et les propagandistes. L’édition des tweets permettrait aux utilisateurs de déformer ce qu’ils ont dit, de manière sélective, ou de nier certains de leur propos, y compris les plus controversés, ce qui pourrait compliquer le traçage de la désinformation.

Elon Musk a également indiqué vouloir lutter contre les robots sur Twitter, ces comptes automatisés qui tweetent rapidement et de façon répétitive tout en se faisant passer pour de vrais utilisateurs. Il a appelé à authentifier les utilisateurs comme de véritables êtres humains.

Compte tenu des défis posés par les atteintes malveillantes à la vie privée en ligne, comme la pratique dite du « doxxing » - la divulgation de données personnelles pour nuire à un individu -, il est nécessaire que les méthodes d’authentification respectent la vie privée des utilisateurs. Cela est particulièrement important pour les activistes, les dissidents et les lanceurs d’alerte qui sont menacés à cause de leurs activités en ligne. Des mécanismes tels que les protocoles décentralisés permettraient l’authentification tout en garantissant l’anonymat.

Pour comprendre les intentions d’Elon Musk et ce qui attend les plates-formes de médias sociaux telles que Twitter, il est important de prendre en compte le gargantuesque – et opaque - écosystème de la publicité en ligne, qui comprend une variété de technologies utilisées par les réseaux publicitaires, les médias sociaux et les éditeurs qui proposent des espaces publicitaires. La publicité est la principale source de revenus pour Twitter.

Elon Musk a pour projet de générer les revenus de Twitter à partir des abonnements plutôt qu’à partir de la publicité. En s’épargnant le souci d’attirer et de retenir les annonceurs, Twitter aurait moins besoin de se concentrer sur la modération du contenu. Twitter deviendrait ainsi une sorte de site d’opinion, pour des abonnés payants, dénué de contrôle. À l’inverse, Twitter s’est montré jusqu’à présent très actif dans sa modération du contenu afin de lutter contre la désinformation.

La description faite par Elon Musk d’une plateforme qui ne se préoccupe plus de modérer le contenu est inquiétante en considération des préjudices causés par les algorithmes des médias sociaux. Des recherches en ont mis en évidence un grand nombre, comme les algorithmes qui attribuent un sexe aux utilisateurs, les inexactitudes et biais potentiels des algorithmes utilisés pour récolter des informations sur ces plates-formes, et les conséquences pour la santé de ceux qui s’informent en ligne sur ce sujet.

Le témoignage de la lanceuse d’alerte Frances Haugen, ancienne employée de Facebook, et les récents efforts de réglementation, tels que le projet de loi sur la sécurité en ligne dévoilé au Royaume-Uni ou les futures législations de l’Union européenne, montrent que le public est largement préoccupé par le rôle joué par les plates-formes technologiques dans la formation des idées de société et de l’opinion publique. L’acquisition de Twitter par Elon Musk met en lumière toute une série de préoccupations réglementaires.

En raison des autres activités d’Elon Musk, la capacité de Twitter à influencer l’opinion publique dans les secteurs sensibles de l’aviation et de l’automobile provoque automatiquement un conflit d’intérêts, sans compter les implications quant à la divulgation des informations importantes nécessaires aux actionnaires. En ce sens, Elon Musk a déjà été accusé de retarder la divulgation de sa participation dans Twitter.

Le challenge lancé par Twitter aux hackers pour détecter les biais existants dans ses propres algorithmes a montré qu’une approche communautaire était nécessaire pour créer de meilleurs algorithmes. Ainsi, le MIT Media Lab a imaginé un exercice très créatif consistant à demander aux collégiens de réimaginer la plate-forme YouTube en tenant compte de l’éthique. Il est peut-être temps de demander à Elon Musk de faire de même avec Twitter.

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Par Anjana Susarla, Professor of Information Systems, Michigan State University

La version originale de cet article a été publiée en anglais.

La crise sanitaire renforce la crédibilité de l’information ….. Sauf en France

La crise sanitaire renforce la crédibilité de l’information ….. Sauf en France

 

 

Selon ce dixième rapport sur l’information numérique, la confiance dans l’information a augmenté en moyenne de six points depuis le début de la pandémie, pour atteindre 44%. Un résultat basé sur une série de sondages réalisés par la société YouGov dans 46 pays (plus de 92.000 répondants au total), qui représentent plus de la moitié de la population mondiale.

La confiance reste la plus élevée en Finlande (65%) tandis que les États-Unis tombent en bas du classement: seuls 29% de leurs habitants disent faire confiance aux médias. La France fait à peine mieux (30%), malgré un bond de 7 points.

 L’étude montre la progression du numérique Mais qui ne parvient pas à sauver la presse traditionnelle puisque la majorité des informations sont gratuites . Les hausses des abonnements numériques les plus significatives sont observées dans les pays riches où les abonnements papiers sont historiquement très élevés, comme la Norvège (45% des répondants payent pour des infos en ligne) ou la Suède (30%). Aux États-Unis, le taux est désormais de 21%, mais il n’est que de 11% en France, 9% en Allemagne et 8% au Royaume-Uni. «Les abonnements (numériques) commencent à marcher pour certains éditeurs, mais ils ne fonctionneront pas pour tous les éditeurs et surtout pour tous les consommateurs», beaucoup n’étant pas prêts à payer, prévient Rasmus Kleis Nielsen, co-auteur du rapport.

Dans le même temps, la confiance dans les infos partagées sur les réseaux sociaux reste très basse (24%). Et l’inquiétude du public à propos de la désinformation augmente encore légèrement, mais varie toujours énormément selon les pays: elle atteint désormais 82% du public au Brésil mais 37% en Allemagne. Parmi les autres enseignements de l’étude, l’écrasante majorité des répondants (74%) se dit attachée à l’idée que les médias doivent être impartiaux, et 72% pensent même qu’ils devraient accorder un temps identique aux différents camps sur les sujets politiques et sociaux.

 

CNews: L’information dans le caniveau

CNews: L’information dans le caniveau 

 

Stéphane Séjourné, député européen et président de la délégation française du groupe parlementaire Renew,   appelle à revoir l’arsenal réglementaire et législatif qui encadre l’audiovisuel français pour notamment décompter le temps de parole des éditorialistes les plus engagés en politique. Dans son viseur,  CNews . Un média de plus en plus racoleur, et populiste qui instrumentalise des faits réels pour entretenir les plus bas instincts démagogiques sans parler évidemment de la vulgarité des propos auxquels échappent cependant Zemmour lequel n’évite cependant pas le raccourci permanent néo nationaliste et anti-européen

L’Interview dans l’Opinion

Le numéro deux des Républicains, Guillaume Peltier a proposé la création d’une justice d’exception, sans droit d’appel, pour les personnes suspectées d’actes terroristes. N’est-ce qu’une idée de plus dans le débat politique ?

En cinq ans, Guillaume Peltier, le numéro 2 de LR, a défendu tout et n’importe quoi : le programme très libéral de François Fillon, l’augmentation de 20 % des salaires pendant la crise des Gilets jaunes et maintenant une idée qui s’inscrit dans une dynamique extrémiste. La droite ne sait plus où elle habite et frappe à toutes les portes. Ils se réclament du gaullisme social. Or, le gaullisme, c’est la défense de la Constitution et de nos institutions. Derrière cette proposition se cache un phénomène de surenchère médiatique, qui les pousse aux propos outranciers pour être audible.

Quel est ce « phénomène médiatique » ?

J’observe deux temps de mutation dans le traitement de l’information depuis l’émergence des chaînes d’information en continu. Le premier, c’est le diktat du direct. L’édition spéciale est devenue la règle et les programmes, l’exception. Ce phénomène a eu comme conséquence le recul du traitement de l’information brute, particulièrement pour les sujets internationaux. L’élection d’Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne a fait l’objet d’une brève de 15 secondes dans le JT de France 2. Le second phénomène touche à la place prise par les commentateurs et les « experts » sur les plateaux des chaînes d’info au détriment des responsables politiques. Ces derniers sont devenus des faire-valoir pour les éditorialistes. On assiste à un renversement des débats : le présentateur star invite des politiques pour mettre en valeur ses propres idées. C’est un basculement.

Quelle réponse voulez-vous y apporter ?

Soit nous souhaitons aller vers une « Foxisation » du paysage médiatique français et à ce moment-là, il faut supprimer toutes les règles qui encadrent l’audiovisuel pour permettre aux chaînes d’information d’éditorialiser leurs propos et de privilégier un parti politique plutôt qu’un autre, comme peut le faire un journal papier. Soit nous ne le voulons pas, c’est mon cas, et il faut alors préciser l’arsenal réglementaire et législatif pour aider l’audiovisuel à respecter la pluralité des opinions. Et donc, par exemple, compter dans le temps de parole des politiques les éditorialistes les plus engagés. Je pense notamment à Eric Zemmour. Il évolue aujourd’hui dans une zone grise. Sa parole politique n’est comptée nulle part. Ce renforcement des règles implique aussi d’accorder une plus grande part à l’actualité internationale et de garantir la pluralité des expressions par des heures d’audience et non des volumes de diffusion. Une chaîne ne peut pas diffuser des interviews de Yannick Jadot en pleine nuit uniquement pour respecter un quota.

Vous proposez qu’un éditorialiste du Figaro soit décompté sur le temps de parole de la droite et un de Libération sur celui de la gauche ?

Je ne dis pas du tout ça. Il y a toujours eu des éditorialistes. Cela fait partie de la culture française. C’est notre force et je ne la remets pas en cause. En revanche, l’hyper-éditorialisation des programmes pratiquée par des commentateurs ne doit pas aboutir à l’effacement des politiques. Le présentateur n’est pas là pour se mettre en valeur. Aujourd’hui, on se retrouve avec des bandes-annonces de programme où le présentateur est en vedette et le nom du responsable politique, en petits caractères. C’est Pascal Praud qui reçoit un élu ou un ministre, et non son émission qui est consacrée à cet invité. Les politiques vont devant les électeurs, leur parole les engage. Ils sont responsables des propos qu’ils tiennent. Alors qu’à l’inverse, les éditorialistes et les commentateurs, eux, ne sont pas élus et peuvent, en fonction de l’humeur du jour et de l’angle choisi, se permettre de dire tout et son contraire d’une émission à l’autre, sans que cela ne leur soit reproché. Il faut remédier à cette situation.

CNews est-elle pour vous devenue une tribune politique ?

Pas la chaîne dans son ensemble, mais certains programmes, oui. Ils participent à l’abaissement du débat politique français. Mais la responsabilité est partagée. Certains politiques, à travers leurs propos, contribuent à cet affaiblissement. D’autre part, je considère comme nécessaire pour le gouvernement de continuer à y aller pour confronter ses idées.

Parleriez-vous d’un problème CNews ?

CNews est entré dans une politisation à outrance. Les autres chaînes, engagées dans une course à l’audience, sont tentées de faire la même chose. Il faut traiter le sujet dans sa globalité. Regardez ce qu’il s’est passé en 2016 aux Etats-Unis. Une partie des chaînes d’info a surmédiatisé les anecdotes, les dysfonctionnements ou les polémiques liés à la campagne de Hillary Clinton en participant à une campagne de caniveau. Ce faisant, elles ont favorisé l’élection de Donald Trump.

Une chaîne peut-elle changer le cours de l’élection présidentielle française ?

Pas si on a un bilan solide et un projet sérieux ! Une seule chaîne ne peut pas décider de quoi que ce soit mais elle possède une influence certaine. Les audiences ont augmenté avec la crise de la Covid. Cela leur donne une responsabilité supplémentaire.

Voyez-vous derrière la ligne éditoriale de CNews, un projet politique ?

Il y a en tout cas une volonté de faire monter des sujets en particulier, de privilégier des thèmes plutôt que d’autres et ainsi de renforcer des thèses extrémistes. Ces dernières semaines ont été, sur ce plan, symptomatiques. Une juxtaposition de faits divers est devenue un fait de société alors qu’il y a dans le même temps d’autres sujets tout aussi importants de relance économique, de pouvoir d’achat, de compétitivité internationale de la France. Ce sont aussi ces sujets qui devraient nous intéresser parce qu’ils concernent nos emplois, notre portefeuille, la place de notre pays dans le monde.

Ces chaînes vont vous répondre que vous touchez à leur liberté éditoriale pour mettre en avant les sujets qui vous arrangent…

Je ne demande pas que l’on traite des sujets particuliers mais que l’on respecte la pluralité politique et que l’on organise le débat pour permettre aux Français de se faire une opinion.

Ce climat de radicalité et d’idées extrêmes modifie-t-il quelque chose à la fin du quinquennat ? Faut-il continuer à transformer le pays ou au contraire ne pas le brusquer ?

Le président de la République l’a clairement dit : il agira jusqu’au dernier quart d’heure. Nous sommes face à une urgence économique et sociale, qui nous oblige, dès l’été à faire de nouvelles propositions et de nouvelles réformes. Le contexte international l’impose. La Chine, les Etats-Unis et l’Allemagne ne vont pas attendre les élections françaises pour relancer leur économie. Nous continuerons d’agir sur des sujets importants pour nos concitoyens : la dépendance, la jeunesse, l’entraide et l’égalité des chances. On aura beaucoup à dire et à faire dans les prochaines semaines.

L’information et l’intox

 

 

Pour les cinq ans de la création de l’association Médias francophones publics (MFP), les dirigeants des onze groupes de médias présents en France, au Canada, en Belgique et en Suisse s’associent, dans une tribune au « Monde », pour affirmer des valeurs communes et essentielles.

 

Tribune

 

Lieux culturels inaccessibles, écoles souvent fermées, épidémie de fausses informations. Les citoyens sont confrontés, depuis plus d’un an, à des situations inédites, qui bouleversent leur quotidien, et à l’essor de la rumeur complotiste qui menace nos démocraties. Qu’est-ce qui est essentiel dans un tel contexte ? Cette question, qui revient souvent au gré des mesures appliquées pour juguler la progression du virus, a servi de boussole aux médias francophones publics dès les premières heures de la crise.

Pas moins que l’air que nous respirons, la fiabilité de l’information, mais aussi la continuité de l’éducation, la transmission de nos valeurs et le partage de la culture sont des biens essentiels pour nos sociétés. Depuis le début de la crise, nos concitoyens se sont massivement tournés vers les médias publics, ils ont apprécié la qualité de l’information, ils y ont trouvé un repère. Dans 65 % des pays européens et au Canada – selon les enquêtes de l’Union européenne de radio-télévision et du Reuters Institute for the Study of Journalism −, les médias publics sont ceux dans lesquels les citoyens ont le plus confiance pour leur délivrer une information de qualité.

Dans ces circonstances exceptionnelles, les médias francophones publics se sont, par exemple, unis pour couvrir l’élection présidentielle américaine et apporter leur regard singulier sur cet événement majeur de 2020. Face aux « infox » [traduction du terme anglo-saxon « fake news »], la chaîne française d’information en continu Franceinfo s’est mobilisée quotidiennement avec le rendez-vous de fact-checking « Le Vrai du faux ».

Cette mission de décryptage se retrouve sur nos territoires nationaux, mais aussi en dehors de nos frontières. RFI et France 24 se sont ainsi particulièrement mobilisées contre les « infox » propagées mondialement sur le Covid-19, et notamment en Afrique, en proposant des émissions et des chroniques spécifiques et en relayant les messages de prévention des autorités sanitaires. En 2020, France Médias Monde, leur maison mère, a connu une croissance exponentielle de ses fréquentations numériques, qui ont triplé. C’est aussi le cas de TV5 Monde, qui a vu sa consultation de contenus vidéo doubler.

 

Pour autant, ces résultats encourageants ne doivent pas nous conduire à nous satisfaire de l’existant. Dans un contexte où la désinformation prend de l’ampleur et constitue une menace croissante pour nos démocraties, nous avons la responsabilité d’assurer une plus grande transparence de nos pratiques journalistiques afin d’entretenir un lien de confiance pérenne avec les citoyens. Comprendre la manière dont se « fabrique » l’information, c’est apprendre à distinguer l’information de la rumeur. Plus largement, comprendre le monde dans lequel on vit, c’est être armé pour éviter les pièges des « infox ».

Non à l’arbitrage de l’information par le gouvernement ( société des journalistes)

Non à l’arbitrage de l’information par le gouvernement ( société des journalistes)

« Les sociétés des journalistes (SDJ) et sociétés des rédacteurs (SDR) signataires du présent texte dénoncent avec la plus grande fermeté l’initiative gouvernementale consistant à reproduire, sur un site officiel de la République (www.gouvernement.fr), un florilège d’articles estampillés fiables, consacrés au Covid-19.

La presse française est indépendante de l’État et du pouvoir politique. Elle doit même exercer, dans sa pluralité et sous l’œil critique de ses lecteurs, auditeurs et téléspectateurs, son rôle de contre-pouvoir. Les journalistes sont, comme le souligne la Cour européenne des Droits de l’Homme, les « « chiens de garde » de la démocratie ».

En distinguant tel ou tel article sur son site, le gouvernement donne l’impression, dans un mélange des genres délétère, de labelliser la production de certains médias. Selon cette même logique, les autres ne seraient pas dignes d’un imprimatur que l’État n’a pourtant aucune légitimité à délivrer dans un pays où la liberté de la presse est une liberté fondamentale.

Ce faisant, le pouvoir actuel démontre, une fois encore, la défiance qu’il nourrit à l’endroit d’une presse libre et plurielle. Les SDJ et SDR signataires du présent texte demandent donc que cette rubrique du site www.gouvernement.fr soit supprimée sans délai.

*Signataires : les SDJ et SDR d’Arrêt sur Images, BFM-TV, Courrier international, Les Echos, Europe 1, Le Figaro, France 2, France 3 National, France Info, franceinfo.fr, France Inter, Le JDD, Libération, M6, Marianne, Mediapart, LCP, Le Monde, L’Obs, Le Parisien, Paris Match, Le Point, Premières Lignes, RFI, RMC, RTL, Sud Ouest, Télérama, La Tribune, TV5 Monde, 20 Minutes, et la société des personnels de L’Humanité. »

 

Les lobbies opposés à la publication de l’information nutritionnelle des aliments

Les lobbies opposés à la publication de l’information  nutritionnelle des aliments

Dans une tribune au Monde ,  trois eurodéputés de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates, Eric Andrieu, Sylvie Guillaume et Marc Tarabella dénoncent l’opposition des lobbies à la publication de l’information nutritionnelle des aliments.

 

 

Tribune.

 

« Le constat à la base est assez édifiant. La santé des Européens se dégrade : un adulte sur deux et près d’un enfant sur trois est en situation de surpoids en Europe, près d’un citoyen sur cinq est atteint d’obésité et ces chiffres ne font qu’augmenter, l’organisation mondiale de la santé qualifiant même ce phénomène de grave épidémie. Parallèlement les personnes victimes de diabète, d’hypertension ou de maladies cardiovasculaires sont de plus en plus nombreuses également. Un des principaux responsables ? La malbouffe.

Partant de cet état des lieux, en 2010, l’Europe a entrepris de rénover l’étiquetage des produits alimentaires via une nouvelle législation, le but étant de permettre davantage de transparence sur le contenu de ces produits, leur provenance, une signalisation plus claire des composants mais aussi des allergènes potentiels.

C’est alors que la question d’un Nutri-score s’est invitée à la table des discussions. L’idée était simple : proposer un logo qui indique la qualité nutritionnelle des aliments avec des notes allant de A à E avec un objectif louable et à encourager, celui de comparer plus rapidement et facilement des produits. Le calcul se fait sur base d’un algorithme conçu quelques années plus tôt par un groupe de scientifiques d’Oxford et prend en compte des paramètres à favoriser comme les fruits, les légumes, les fibres ou les protéines ainsi que les paramètres à limiter comme les acides gras saturés, les sucres, le sel…

Mais le texte législatif résultant de ces travaux a été très vite la proie des lobbies de l’industrie agroalimentaire qui ne voulait pas qu’on lui dicte ce qu’elle devait mettre sur les étiquettes ni qu’on l’oblige à mentionner les composants de ses produits ou leur origine. Alors rajoutez à cela un logo Nutri-score, les grandes marques ont crié au scandale, elles qui avaient déboursé près d’un milliard d’euros les années précédentes en lobbying et marketing espérant que jamais une obligation européenne ne verrait le jour. »

 

«Les chaînes d’info en continu : la caricature de l’information» (Gérald Bronner, sociologue)

«Les chaînes d’info en continu :  la caricature de l’information» (Gérald Bronner, sociologue)

 

Le sociologue Gérald Bronner dénonce dans l’OPINION  la médiocrité des chaines d’information continue qui notamment  transforme en expert n’importe quel intervenant et se caractérise par une recherche du sensationnalisme et des informations approximatives.

 

Lorsque LCI et franceinfo sont passées sur la TNT gratuite, certains y voyaient un point positif pour le pluralisme de l’information. Au vu des derniers mois, doit-on toujours partager ce sentiment ?

Il n’est pas déraisonnable de dire que la concurrence sur le marché de l’information est une sorte de garantie minimum pour la véracité de celle-ci. Songez à une situation où il y aurait un monopole de sa diffusion, souvenez-vous de la Pravda, qui veut dire « la vérité » mais qui portait bien mal son nom. Dans tout système totalitaire, où il n’existe pas de concurrence de traitement de l’information, sa fiabilité peut être questionnée. A l’époque, il pouvait donc y avoir un espoir raisonnable, mais pas tant parce que les médias sont plus vertueux lorsqu’ils sont en situation de concurrence mais plutôt parce que chacun est contrôlé par les autres. Si vous faites une erreur, vous serez dénoncé par vos concurrents, cela induit du sérieux. Cependant, cette concurrence est un élément favorable jusqu’à un certain niveau de pression concurrentielle. Sur le marché de l’information, lorsque celle-ci devient trop forte, elle réduit, par exemple, le temps de vérification. Prendre le risque qu’un de vos concurrents parle de quelque chose sans que vous en parliez vous-même, c’est prendre le risque de perdre des parts de marché, c’est-à-dire des parts d’attention et donc du capital économique. La tentation devient ainsi très forte de réduire le temps de qualification de l’information d’autant plus que les télévisions sont désormais en concurrence directe avec les réseaux sociaux.

Observez-vous une « twitterisation » des chaînes d’information en continu ?

Je ne sais pas si Twitter est le bon modèle car il a des caractéristiques qu’on ne retrouve pas dans les chaînes d’information continue mais celles-ci ont deux caractéristiques. La première, c’est l’immédiateté, c’est là que se situe leur plus-value, dans leur capacité à informer en temps réel. La seconde, c’est la vacuité. Elles se répètent beaucoup et font du moindre évènement un objet d’actualité. Elles filment une piste en attendant l’arrivée d’un avion, puis son atterrissage, puis la porte qui s’ouvre, etc. Nous avons tous assisté à ces scènes et nous savons tous que ces chaînes d’information en continu ne doivent pas être regardées en continu. Le problème, ce n’est pas seulement la rapidité de diffusion de l’information mais également comment celle-ci est éditorialisée car, comme les réseaux sociaux, elles vont mettre en avant des éléments d’actualité qui frappent l’imagination et retiennent l’attention pour des raisons concurrentielles. Tous les objets cognitifs qui retiendront notre attention facilement auront une place éditoriale très largement supérieure à leur représentativité. C’est le cas par exemple concernant les violences dans les manifestations. Oui, bien sûr, ces faits doivent être traités mais faut-il en faire un exposé qui prend 50 % du temps d’antenne ? Une poubelle en feu, c’est dommage, mais cela mérite-t-il qu’on y revienne toutes les deux minutes pendant des heures ? Cela change le barycentre du traitement de l’information et donc la représentation que nous en avons. Or nous comptons sur les médias pour avoir une organisation raisonnable du monde.

 

Pensez-vous qu’un traitement « raisonnable » de l’information soit possible sur ces chaînes ?

C’est extrêmement difficile parce que comment savoir sur le moment ce qui va vraiment être important ​? Cela me rappelle les réflexions de Raymond Aron sur la question de l’histoire du temps présent alors que souvent, c’est lorsque l’histoire se déploiera que se fera l’élément historique. Le putsch de la brasserie de Munich est devenu un événement historique parce qu’Hitler a pris le pouvoir en Allemagne sinon, cela n’aurait été qu’un fait que l’histoire n’aurait pas retenu. Il est donc très difficile au temps présent de savoir ce qui est digne d’être traité mais le problème c’est que les journalistes n’ont pas tellement le choix. Les chaînes d’information en continu ne sont d’ailleurs pas les seules responsables. Nous avons vu surgir dans plusieurs journaux le traitement des faits divers alors qu’ils ont longtemps été réservés à la presse régionale. Or un fait divers n’a pas grande signification pour comprendre le monde, qu’un individu en assassine sauvagement d’autres ne nous éclaire en rien sur les questions géopolitiques. Pourtant c’est ce genre d’histoire que nous avons envie d’entendre, moi aussi elles m’intriguent et je suis tenté de lire ce genre d’articles. La presse et les médias en général, de plus en plus menacés économiquement, vont avoir tendance à faire une offre d’information fondée sur la demande potentielle. En fait les chaînes d’information continue ne sont rien d’autre que la caricature de ce qui est en train d’arriver sur le marché de l’information en général, c’est-à-dire la mise à l’indexation de l’offre d’information sur la demande d’information. Et donc sur le fonctionnement ordinaire de notre cerveau. Or il me semble que c’est une mission des médias d’informer mais également d’essayer d’édifier les esprits, pas seulement de flatter les pentes les moins honorables.

Est-ce que les chaînes d’info, par leur modèle même de fonctionnement, accentuent la défiance de la population vis-à-vis des médias ​?

Si elles y participent, il ne faut pas les prendre comme des boucs émissaires. Elles sont un miroir grossissant de ce qui se produirait de toute façon mais parce qu’elles sont des chaînes d’information en continu, elles vont avoir tendance quantitativement à diffuser plus de fausses informations que d’autres médias. Néanmoins, elles mériteraient, je crois, d’être chapeautées éditorialement de façon beaucoup plus ferme qu’elles ne le sont, d’avoir davantage de cohérence dans la diffusion de l’information. Tout un chacun est présenté comme un expert au prétexte qu’il faut remplir les cases, c’est peut-être ça le plus grave, n’importe qui se fait passer pour un spécialiste.

 

Grands médias : L’information en vacances pendant deux mois !

Grands médias : L’information en vacances pendant deux mois !

 

Comme d’habitude, l’information des grands médias est en vacances pendant environ deux mois. Cela vaut pour la presse écrite, les sites Internet ou encore la télé. Pour s’en persuader, il suffit de lire les sommaires à peu près tous identiques pour la simple raison que la ligne éditoriale se compose essentiellement des principales pages des agences de presse. Peu d’analyses, pas de travail d’investigation et surtout la place centrale aux faits divers. Certains grands sites ne changent même pas une ligne pendant les week-ends. On comprend évidemment que les grands médias vivent une grave crise économique. L’enjeu c’est la baisse du lectorat avec la rentabilité qui s’écroule. Du coup,  la qualité de l ‘information se réduit mais c’est un cercle vicieux qui fait encore diminuer l’audience. Dans la grande presse écrite ou à la télévision,  pour remplacer les vedettes en vacances pendant deux mois, on a recours aux deuxièmes ou troisièmes couteaux. Il est clair que ces intervenants ne veulent pas trop se mouiller pour ne pas fragiliser un peu plus leur fragile position dans les rédactions. Du coup, encore davantage que l’habitude,  par exemple dans les télés, on assiste à de véritables discussions de bistrot, pas celle du café de Flore mais celle du troquet du quartier d’autant plus que les intervenants habituels sont également en congé. Même médiocrité pour les articles de la presse écrite, les sites Internet. La France à cette particularité de s’arrêter presque totalement au mois d’août sur le plan économique et d’être au ralenti en juillet. Une différence de taille avec la plupart des autres pays où les congés sont distribués sur six mois voire sur l’année. C’est tellement vrai que nombre d’entreprises sont complètement fermées en août, cela en plus en raison de la fermeture aussi de réseaux de transport de fret. Une situation qui sans doute coûteux de l’ordre de 0,3 à 0,5 % du PIB car on ne rattrape pas certaines absences de production pendant l’été.

 

Grands médias: L’information en vacances pendant deux mois

 

Grands médias: L’information  en vacances pendant deux mois  

 

Comme d’habitude, l’information des grands médias est en vacances pendant environ deux mois. Cela vaut pour la presse écrite, les sites Internet ou encore la télé. Pour s’en persuader, il suffit de lire les sommaires à peu près tous identiques pour la simple raison que la ligne éditoriale se compose essentiellement des principales pages des agences de presse. Peu d’analyses, pas de travail d’investigation et surtout la place centrale aux faits divers. Certains grands sites ne changent même pas une ligne pendant les week-ends. On comprend évidemment que les grands médias vivent une grave crise économique. L’enjeu c’est la baisse du lectorat avec la rentabilité qui s’écroule. Du coup,  la qualité de l ‘information se réduit mais c’est un cercle vicieux qui fait encore diminuer l’audience. Dans la grande presse écrite ou à la télévision,  pour remplacer les vedettes en vacances pendant deux mois, on a recours aux deuxièmes ou troisièmes couteaux. Il est clair que ces intervenants ne veulent pas trop se mouiller pour ne pas fragiliser un peu plus leur fragile position dans les rédactions. Du coup, encore davantage que l’habitude par exemple dans les télés on assiste à de véritables discussions de bistrot, pas celle du café de Flore mais celle du troquet du quartier d’autant plus que les intervenants habituels sont également en congé. Même médiocrité pour les articles de la presse écrite, les sites Internet. La France à cette particularité de s’arrêter presque totalement au mois d’août sur le plan économique et d’être au ralenti en juillet. Une différence de taille avec la plupart des autres pays où les congés distribués sur six mois voire sur l’année. C’est tellement vrai que nombre d’entreprises sont complètement fermés en août, cela en plus en raison de la fermeture aussi de réseaux de transport. Une situation qui sans doute coûteux de l’ordre de 0,3 à 0,5 % du PIB car on ne rattrape pas certaines absences de production pendant l’été.




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