Trop de mal-logés en France (fondation Abbé Pierre)
C’est le paradoxe, le secteur du bâtiment et plus généralement l’immobilier connaissent une crise grave depuis plusieurs années mais dans le même temps le nombre de mal-logés ne cesse d’augmenter. La conséquence bien sûr de la crise mais aussi de l’incohérence de la politique de logement et au-delà de la politique d’urbanisme. Près de 4 millions de personnes sont mal-logés d’après le dernier rapport de la fondation Abbé Pierre, en outre les personnes sans abri fixe ont progressé de 50 % en une dizaine d’années. Il faut aussi prendre en compte environ 1 million de personnes en situation de surpeuplement compte tenu de l’exiguïté de leur logement. En cause peut-être en premier la politique d’urbanisme qui est centré sur la sur-urbanisation, ce qui mécaniquement fait augmenter le prix du foncier et rend insolvable aussi bien des candidats à l’accession que les candidats à la location. Une problématique de l’aménagement du territoire complètement taboue dans la mesure où le dogme de la métropolisolation triomphe partout. Conséquence on peut acheter par exemple un bien immobilier pour se loger pour 40 000 € en zone rurale isolée quand il faut 400 000 € pour la même surface en région parisienne. On retrouve la même différence entre les prix du loyer : 400 € mensuels en zone rurale et 4000 € à Paris pour 100 m². On pourrait naïvement se demander pourquoi les Français ne logent pas davantage dans des zones peu urbanisées, la réponse est simple : les emplois sont concentrés dans les villes et même essentiellement dans les très grandes villes. (Les villes moyennes voient aussi leurs emplois disparaître progressivement). Enfin François Hollande avait promis de construire 500 000 logements neufs par an, o on ne peut même pas atteindre le chiffre de 400 000 ! D’après le rapport de la fondation Abbé Pierre Au total, 3,8 millions de personnes sont mal-logées et 12,1 millions de personnes sont « fragilisées », soit « 15 millions de personnes touchées, avec une intensité diverse, par la crise du logement », a souligné Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, lors d’une conférence de presse. Chiffre marquant, le nombre de sans-abri qui a bondi de 50% entre 2001 et 2012 : 141.500 personnes se retrouvent à la rue, à l’hôtel, sous un abri de fortune ou en centre d’hébergement. En outre, près de 2,9 millions de personnes vivent dans des conditions très difficiles, dont 2,1 millions ne possèdent pas d’eau courante, de WC intérieurs, de douche, de moyen de chauffage ou de coin cuisine, ou vivent dans un immeuble à la façade très dégradée. Et 934.000 personnes vivent en « surpeuplement accentué », c’est-à-dire qu’il leur manque deux pièces par rapport à la norme de peuplement (+17% entre 2006 et 2013).