Russie et l’Ukraine: Une guerre aussi de générations

 Russie et l’Ukraine:  Une guerre aussi de générations

Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine, a 44 ans ; Vladimir Poutine, son homologue russe, en a 69. Le conflit entre les deux pays n’oppose pas seulement deux Etats, mais aussi deux générations, avec des modes de fonctionnement et des visions du monde profondément divergents.(le monde)

Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine : 44 ans. Denys Chmyhal, son premier ministre : 46 ans. Dmytro Kouleba et Denys Monastyrsky, respectivement ministres des affaires étrangères et de l’intérieur : 41 ans. Chef des services secrets, conseillers du président, procureure générale : tous nés dans les années 1970. La liste pourrait encore s’allonger, et il ne s’agit pas seulement de Kiev. Au fil des avancées (et des reculs) de l’armée russe, on a pu découvrir, dans les régions, des maires ou des gouverneurs intrépides et ayant le sens de l’initiative – à MykolaïvDnipro ou dans les banlieues nord de Kiev… La plupart sont des quadragénaires ou des trentenaires.

Le contraste est saisissant avec l’équipe au pouvoir à Moscou. Vladimir Poutine a 69 ans. La moyenne d’âge de son conseil de sécurité, organe qui joue un rôle central dans le dossier ukrainien, s’établit à 62 ans. L’administration présidentielle, qui détient l’essentiel du pouvoir et qui avait été présentée comme fortement renouvelée, a une moyenne d’âge de 59 ans. Vladimir Poutine en est bien conscient, qui n’a dû cesser depuis son retour au pouvoir en 2012 de reculer ou d’abolir les limites d’âge légales pour les hautes fonctions administratives.

L’âge ne dit pas tout – celui de l’équipe dirigeante américaine rivalise d’ailleurs avec les moyennes russes –, et l’on pourrait surtout remarquer la faible proportion de femmes (plus élevée côté ukrainien). Mais cet élément est tout sauf anodin : le conflit entre l’Ukraine et la Russie n’oppose pas seulement deux pays, mais aussi deux générations, avec des modes de fonctionnement et des visions du monde profondément divergents.

Fin 2021, les chercheurs Maria Snegovaya et Kirill Petrov avaient étudié les parcours professionnels et familiaux du « top 100 » de l’élite russe, pour en conclure que, trente ans après la fin de l’URSS, 60 % de ses membres étaient encore issus de la Nomenklatura soviétique (qui représentait de 1 % à 3 % de la population soviétique).

A cela, il faut ajouter la surreprésentation des siloviki, les « hommes à épaulettes », eux-mêmes héritiers du KGB et des autres organes de sécurité soviétiques, qui constituent un tiers de ce top 100. Le renouvellement existe, mais de manière faussée : les portes sont ouvertes avant tout aux propres enfants de l’élite, même si des technocrates compétents sont parfois promus, notamment aux postes de gouverneurs.

La nostalgie affichée pour l’ère communiste n’est pas uniquement de façade – drapeaux rouges et portraits de Staline. Le vocabulaire, les références de l’URSS abreuvent la classe dirigeante russe. Le ministre de la défense, Sergueï Choïgou, 66 ans, l’homme qui a bâti l’armée « moderne » déployée en Ukraine, défendait encore, fin 2021, un plan aux accents soviétiques : la construction de cinq métropoles d’un million d’habitants en Sibérie…

 

 

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