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Politique- Des avions de combat F–16 pour l’Ukraine

Politique- Des avions de combat F–16 pour l’Ukraine

Le verrou pour la fourniture d’avions de combat à l’Ukraine vient de sauter avec l’autorisation du président américain d’autoriser les pays qui le souhaitent à fournir des F–16 américains. Il faut dire que sur cette question les pays occidentaux ont encore fait preuve de curieux atermoiements. Finalement les mêmes que ceux utilisés pour retarder la fourniture d’artillerie longue ou de chars. Le président français a encore été plus énigmatique puisqu’il a surtout promis d’assurer la formation des pilotes mais sans indication sur la fourniture d’avions comme les Mirages par exemple.

Le président américain, sous la pression de nombreux pays occidentaux, donnera son feu vert à la livraison, de la part de ces pays, d’avions de combat américains F-16.
Joe Biden a signalé aux dirigeants du G7 qu’il donnera son feu vert à la livraison par les Occidentaux d’avions de combat à l’Ukraine, y compris des F-16 américains, a fait savoir vendredi un haut responsable de la Maison Blanche.

La livraison de ces avions par des pays tiers est en effet soumise à l’approbation préalable de Washington.

« Pendant que l’entraînement se déroulera ces prochains mois, notre coalition de pays participant à cet effort décidera quand fournir des avions, combien, et qui les fournira », a poursuivi le responsable.

Mardi, le Royaume-Uni avait plaidé pour une « coalition internationale » destinée à fournir ces avions de combat à l’armée ukrainienne.

Des avions de combat F–16 pour l’Ukraine

Des avions de combat F–16 pour l’Ukraine

Le verrou pour la fourniture d’avions de combat à l’Ukraine vient de sauter avec l’autorisation du président américain d’autoriser les pays qui le souhaitent à fournir des F–16 américains. Il faut dire que sur cette question les pays occidentaux ont encore fait preuve de curieux atermoiements. Finalement les mêmes que ceux utilisés pour retarder la fourniture d’artillerie longue ou de chars. Le président français a encore été plus énigmatique puisqu’il a surtout promis d’assurer la formation des pilotes mais sans indication sur la fourniture d’avions comme les Mirages par exemple.

Le président américain, sous la pression de nombreux pays occidentaux, donnera son feu vert à la livraison, de la part de ces pays, d’avions de combat américains F-16.
Joe Biden a signalé aux dirigeants du G7 qu’il donnera son feu vert à la livraison par les Occidentaux d’avions de combat à l’Ukraine, y compris des F-16 américains, a fait savoir vendredi un haut responsable de la Maison Blanche.

La livraison de ces avions par des pays tiers est en effet soumise à l’approbation préalable de Washington.

« Pendant que l’entraînement se déroulera ces prochains mois, notre coalition de pays participant à cet effort décidera quand fournir des avions, combien, et qui les fournira », a poursuivi le responsable.

Mardi, le Royaume-Uni avait plaidé pour une « coalition internationale » destinée à fournir ces avions de combat à l’armée ukrainienne.

Des avions pour l’Ukraine ?

Des avions pour l’Ukraine ?

Pour l’instant curieusement les alliés n’ont pas décidé formellement de fournir des avions à l’Ukraine. Par contre, ils fournissent des armements aériens et assurent la formation de pilotes ukrainiens. On retrouve là les mêmes réticences que celles qui ont concernées l’artillerie, plus généralement les munitions. Et finalement face aux demandes de Zélinsky les alliés ont cédé. Il en sera sans doute de même pour les avions le moment venu d’autant que les Britanniques souhaitent bâtir une coalition internationale pour fournir des capacités aériennes à l’Ukraine. En attendant évidemment cet aide globale des alliés occidentaux prend du retard comme si on voulait faire durer ce conflit le plus longtemps possible.

Londres a affirmé en effet vouloir bâtir une « coalition internationale pour fournir à l’Ukraine des capacités aériennes de combat […] allant de la formation à la livraison d’avions F-16», a indiqué Downing Street. Le Premier ministre britannique Rishi Sunak et son homologue néerlandais Mark Rutte « sont convenus qu’ils allaient travailler ensemble ».

Pour la France, « au-delà du soutien, notamment militaire, qui peut être fourni par d’autres institutions à l’Ukraine », ce sommet aura pour but de « voir comment le Conseil de l’Europe peut aider activement les Ukrainiens », explique-t-on. Emmanuel Macron souhaite notamment que l’Europe installe une centaine de « centres de santé mentale » en Ukraine.

Pour y parvenir le Conseil pourra s’appuyer sur l’organe le plus opérationnel de l’organisation, la Cour européenne des droits de l’homme, ainsi que la banque de développement du Conseil de l’Europe qui pourra financer la reconstruction d’écoles, d’hôpitaux, etc.

Aide à l’Ukraine : Macron se contredit encore

Aide à l’Ukraine : Macron se contredit encore

Le président la république refuse pour l’instant d’envisager la livraison d’avions de chasse à l’Ukraine. Mais ce n’est pas la première fois qu’il reviendrait sur sa décision. Ainsi il avait aussi affirmé qu’il n’y avait pas de chars expédiés pour soutenir l’Ukraine. En fait ce sont quand même les chars légers AMX-30 français qui sont venus en soutien de l’Ukraine. Macron n’a toujours pas compris que Poutine le considère comme un nain politique et qu’on ne peut rester dans une posture au milieu du gué.

Dans ce conflit Macron aura toujours adopté une posture très hésitante entre le maintien du dialogue avec Poutine et le soutien à l’Ukraine. Macron s’est aussi opposé à la fourniture de missile longue portée et maintenant à la fourniture d’avions. Pour autant il suivra la position des États-Unis le moment venu aussi bien concernant les chars que les avions.La livraison d’avions de chasse «

Volodymyr Zelensky est reparti de Bruxelles sans promesses pour des avions de chasse. Le président français Emmanuel Macron a déclaré dans la nuit du jeudi 9 février au vendredi 10 qu’il n’excluait pas de livrer des avions de combat à l’Ukraine, précisant toutefois que la priorité était d’aider Kyiv à résister dans les prochaines semaines. « Je n’exclus absolument rien », a répondu Emmanuel Macron à la question de savoir si la France enverrait des avions de combat en Ukraine à court ou à moyen terme.

« La priorité doit être de tout faire pour aider à résister dans les prochaines semaines et à mener les opérations utiles dans les semaines et mois qui viennent », a toutefois indiqué le chef de l’Etat. Les alliés doivent, à cet égard, privilégier les matériels les « plus utiles » et les « plus rapides », a expliqué Emmanuel Macron, qui s’exprimait à l’issue d’un sommet européen organisé à Bruxelles auquel a participé le président ukrainien Volodimir Zelensky.
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Chars à l’Ukraine: Macron bredouille

Chars à l’Ukraine: Macron bredouille


Une nouvelle fois Macon bredouille sa politique étrangère dans le conflit ukrainien. Il faut d’abord se souvenir qu’à plusieurs reprises , il a affirmé que jamais la France n’enverrait de chars en Ukraine pour éviter d’être considéré par les Russes comme belligérant. Ensuite, le chef de l’État changeant une nouvelle fois de politique a autorisé l’envoi d’AMX, chars très légers.

Très récemment la plupart des grands pays occidentaux ont décidé de fournir les chars réclamés par le président zélinsky.

Pris au piège, Macon a alors déclaré que la question était à l’étude et que la fourniture de chars lourds français type Leclerc n’était pas exclue.
La preuve une nouvelle fois des relations ambiguës qu’entretient Macon avec Kiev d’une part et Moscou d’autre part.

L’autre problème est celui de l’extrême faiblesse des équipements français. Comme le disent avec une certaine pudeur les experts militaires : l’armée française est très complète mais cependant « échantillonnaire ». En clair, nous disposons d’une mini armée bien incapable de faire face à des attaques du type de celle subie en Ukraine. Témoin la retraite assez lamentable de la force Barkhane au Mali d’abord et maintenant au Burkina Faso.

Le dernier élémen,t c’est que la France qui manque déjà de chars Leclerc n’en fabrique plus et attend l’hypothétique char commun qui doit être construit avec l’Allemagne.

L’Europe fournira des chars à l’Ukraine


L’Europe fournira des chars à l’Ukraine


C’est décidé, l’Europe fournira donc des chars à l’Ukraine. Des équipements absolument indispensables pour faire face à la probable contre-attaque russe du printemps
.

Depuis le début de l’offensive russe, l’Ukraine a perdu plusieurs centaines d’engins. Selon des analystes cités par le magazine américain Forbes*, plus de 330 chars ukrainiens avaient déjà été détruits fin octobre – un bilan très difficile à vérifier de façon indépendante. Si l’Ukraine possède plusieurs milliers de chars (notamment des tanks récupérés après les combats), leur grand âge et leurs performances jugées médiocres constituent un handicap.

Kiev doit agir rapidement, car d’ici au printemps, « les 150 000 Russes conscrits l’automne dernier auront été entrainés et probablement intégrés dans des unités prêtes pour le combat », note ainsi CNN*. L’objectif de l’armée ukrainienne ne se borne pas à répondre à la Russie. L’envoi de chars occidentaux lui permettrait aussi de lancer une stratégie plus offensive.

Sous la pression des Occidentaux pour livrer ses chars Leopard 2, réclamés par Kiev, pour prendre l’avantage dans un conflit qui s’enlise, l’Allemagne est sur le point d’accéder à cette demande, ont indiqué mardi soir deux médias allemands. Pourtant, Berlin s’était d’abord montrée réticente, préférant attendre que les Etats-Unis se positionnent en premier sur le sujet.( ce qui devrait aussi être imminent)

Ce sera visiblement bientôt chose faite puisque l’administration Biden doit, elle aussi, accepter de livrer des chars Abrams contre les armées lancées par Vladimir Poutine chez son voisin, affirme de son côté le Wall Street Journal. Autant de fuites de presse simultanées qui laissent entrevoir un mouvement coordonné des Occidentaux. Il s’agit de donner définitivement l’avantage à l’armée ukrainienne qui tente de repousser la présence de l’armée russe sur son sol depuis près d’un an mais qui subit en même temps d’importants bombardements.

Le tournant de la guerre est donc peut-être proche. Le chancelier Olaf Scholz devrait donner son feu vert, probablement mercredi, à l’envoi de chars allemand Leopard 2 de type 2A6, affirme le Spiegel sur son site internet, sans citer de source. Il s’agit d’« au moins une compagnie », soit une dizaine de chars lourds au moins, ajoute ce média.

La chaîne d’information NTV, qui cite des sources proches du gouvernement, indique elle aussi que le chancelier allemand, sous pression depuis plusieurs semaines pour donner son accord, s’apprête à l’annoncer.

Politique-Chars à l’Ukraine: une éventualité non « escalatoire » pour Macron

Politique-Chars à l’Ukraine: une éventualité non « escalatoire » pour Macron

La démarche distriruptive de Macron touche maintenant le champ sémantique. En effet très gêné à propos de la question de fourniture de chars à l’Ukraine, il a répondu que c’était une éventualité non « escalatoire » . On atteint la le sommet de la langue de bois approximative. La vérité c’est que Macron ne veut pas se positionner sur ce sujet actuellement. Une frilosité constante chez lui à propos de l’Ukraine .

Lors d’une conférence de presse dimanche soir, aux côtés du chancelier allemand Olaf Scholz, Emmanuel Macron a déclaré que « rien n’est exclu » concernant la livraison de chars de combat lourds Leclerc à l’Ukraine, afin de la soutenir dans sa guerre contre la Russie.

« Pour ce qui est des Leclerc, j’ai demandé au ministre des Armées d’y travailler. Rien n’est exclu et cela s’apprécie en effet collectivement », a déclaré le président français.
Il a toutefois précisé que décision serait prise au regard de trois critères. Le premier, « que cela ne soit pas escalatoire », le deuxième, « que cela puisse apporter un soutien réel et efficace » à l’Ukraine, et le troisième, que cela n’affaiblisse pas « nos capacités propres de défense ».

Olaf Scholz a été interrogé de son côté sur les Leopard, ces chars de fabrication allemande et de renommée mondiale, réclamés par Kiev.

« La manière dont nous avons agi par le passé est toujours étroitement coordonnée avec nos amis et alliés et nous continuerons à agir en fonction de la situation concrète », a-t-il réagi.

Chars à l’Ukraine: une éventualité non « escalatoire » pour Macron

Chars à l’Ukraine: une éventualité non « escalatoire » pour Macron

La démarche distriruptive de Macon touche maintenant le champ sémantique. En effet très gêné à propos de la question de fourniture de chars à l’Ukraine, il a répondu que c’était une éventualité non « escalatoire » . On atteint la le sommet de la langue de bois approximative. La vérité c’est que Macron ne veut pas se positionner sur ce sujet actuellement. Une frilosité constante chez lui à propos de l’Ukraine .

Lors d’une conférence de presse dimanche soir, aux côtés du chancelier allemand Olaf Scholz, Emmanuel Macron a déclaré que « rien n’est exclu » concernant la livraison de chars de combat lourds Leclerc à l’Ukraine, afin de la soutenir dans sa guerre contre la Russie.

« Pour ce qui est des Leclerc, j’ai demandé au ministre des Armées d’y travailler. Rien n’est exclu et cela s’apprécie en effet collectivement », a déclaré le président français.
Il a toutefois précisé que décision serait prise au regard de trois critères. Le premier, « que cela ne soit pas escalatoire », le deuxième, « que cela puisse apporter un soutien réel et efficace » à l’Ukraine, et le troisième, que cela n’affaiblisse pas « nos capacités propres de défense ».

Olaf Scholz a été interrogé de son côté sur les Leopard, ces chars de fabrication allemande et de renommée mondiale, réclamés par Kiev.

« La manière dont nous avons agi par le passé est toujours étroitement coordonnée avec nos amis et alliés et nous continuerons à agir en fonction de la situation concrète », a-t-il réagi.

Russie: Condamnée par l’ONU à des dommages et intérêts pour l’Ukraine

Russie: Condamnée par l’ONU à des dommages et intérêts pour l’Ukraine

La nouvelle condamnation par l’ONU de la Russie dans le conflit ukrainien confirme la responsabilité générale de Moscou. Reste cependant la position ambiguë de tout un tas de pays surtout des pays à régime de dictature qui ont refusé de se prononcer. Même chose aussi pour la plupart des pays d’Afrique dans les régimes politiques ne sont certes pas en général des dictatures mais dans la légitimité démocratique est douteuse et que la pratique de la corruption- comme en Russie- rend relativement prudents. L’Assemblée générale des Nations unies a donc adopté lundi une résolution, non contraignante, en faveur d’un mécanisme de réparations par la Russie des destructions humaines et matérielles causées par son invasion de l’Ukraine.

Quatorze pays ont voté contre, dont la Russie, la Chine, Cuba, le Mali ou l’Ethiopie, tandis que soixante-treize pays se sont abstenus, principalement du continent africain, mais aussi le Brésil, Israël ou l’Inde.

La résolution demande que la Russie soit « tenue responsable de toute violation » du droit international et de la charte des Nations unies en Ukraine, et qu’elle « assume les conséquences juridiques de tous ses actes illégaux au plan international, notamment en réparant le préjudice » matériel et humain.

Au siège des Nations unies, à New York, le représentant russe a au contraire dénoncé une volonté des pays occidentaux de légitimer par avance l’utilisation « de milliards de dollars » d’actifs russes gelés pour sanctionner Moscou, y compris pour l’achat d’armes à l’Ukraine.

Ukraine : Le nouveau boucher russe Sergueï Sourovikin arrose de missiles au hasard

Ukraine: Le nouveau boucher russe Sergueï Sourovikin arrose de missiles au hasard

Le nouveau boucher russe Sergueï Sourovikin arrose de missiles au hasard l’Ukraine . Certes certains objectifs stratégiques notamment du domaine énergétique ont été touchés mais la plupart des missiles ( dont environ la moitié a été stoppée par les dispositifs anti aériens) ont arrosé au hasard toute l’Ukraine.

En cause, la volonté du nouveau boucher qui s’est illustré En Tchétchénie et en Syrie de répandre surtout la terreur parmi la population ukrainienne et donc de frapper des cibles civiles.

En cause, aussi le fait que les tirs russes sont assez approximatifs et doivent être massifs pour obtenir un effet quitte à atterrir sur les civils.

Sur le front du Donbass pour autant la situation n’a pas évolué de manière favorable pour les Russes qui continuent de reculer. Le bombardement de toutes l’Ukraine et donc davantage une opération politique que militaire car elle ne changera pas le rapport de force qui s’améliore de jour en jour en faveur de l’Ukraine qui attend d’une part de nouveaux moyens en matière d’artillerie et de défenses anti aériennes.

Symbole physique du rattachement de la Crimée à la Russie tout autant que symbole politique de Poutine, le pont de Crimée a constitué le motif principal de leur action de sanglier blessé qu’est le dictateur Poutine

Avec l’Ukraine, la relance de l’OTAN ?

Avec  l’Ukraine, la relance de l’OTAN ?

Jugée « en état de mort cérébrale » par Emmanuel Macron en 2021, l’OTAN se trouve aujourd’hui significativement revitalisée par le conflit russo-ukrainien. Par Julien Pomarède, Université Libre de Bruxelles (ULB)

 

 

« Régénérée », « revitalisée », « ressuscitée » : les adjectifs ne manquent pas pour qualifier le retour de premier plan de l’OTAN depuis le début de l’agression de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022.

L’idée d’une renaissance de l’OTAN tire sa crédibilité d’un constat simple. Après deux décennies d’errements dans le bourbier afghan, l’Alliance retrouve sa mission historique : dissuader une attaque conventionnelle d’un État tiers – qui plus est de l’ancien ennemi, la Russie – contre ses membres. Dès lors, la guerre en Ukraine marquerait une nouvelle césure dans l’histoire de l’OTAN, à l’image de la fin de la guerre froide ou du 11 septembre 2001. Elle lui donnerait une nouvelle raison d’être, traduite par un renforcement de son dispositif militaire sur le flanc Est – la plus importante solidification de sa défense collective depuis la chute du bloc communiste.

En quoi consiste exactement cette relance de l’OTAN, et quelles en sont les limites ?

 Les mesures prises en réaction à la guerre en Ukraine sont incomparablement plus cohérentes, solides et consensuelles que les opérations dites de « gestion de crises » menées par l’Alliance depuis la fin de la guerre froide dans les Balkans (années 1990), en Libye (2011) et en Afghanistan (années 2000-2010).

Ces engagements militaires furent caractérisés par de fortes dissensions entre les États membres de l’OTAN sur les objectifs à atteindre, les ressources nécessaires et les procédures opérationnelles. Une des raisons essentielles à ces tensions multilatérales réside dans le fait que, dans la gestion de crises, l’OTAN combat des risques (terrorisme, instabilités régionales, piraterie, etc.) dont la dangerosité est différemment perçue selon les États membres.

Immanquablement, ces variations trouvent une traduction dans la conduite des opérations. Par exemple, certains États membres s’engagent davantage que d’autres dans telle ou telle mission, en effectifs et au sein des combats, selon qu’ils estiment ou non que ces missions constituent une priorité pour leur sécurité nationale.

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L’action de l’Alliance en Afghanistan a représenté le paroxysme de ces dissensions. Les disputes qui divisaient la mission de l’OTAN – la Force Internationale d’Assistance et de Sécurité (FIAS) – ont fragmenté l’effort allié, empêchant l’émergence d’une stratégie commune.

Officiellement, la FIAS luttait contre le terrorisme en menant des opérations de contre-insurrection. Mais cet objectif très général était entendu de manière hétérogène au sein de l’Alliance. De fait, il comportait beaucoup de sous-éléments concurrents (stabilisation militaire, lutte contre le trafic de drogue, reconstruction, etc.) et des différentiels d’engagement très significatifs parmi les États participants, en particulier entre les États-Unis et les Européens. Si bien qu’il était quasi impossible de déceler un but clair.

Ces difficultés ont participé à la défaite révélée aux yeux du monde entier en juin 2021, lorsque les talibans reprirent le contrôle de Kaboul.

La réaction de l’OTAN à la guerre en Ukraine contraste avec ce bilan mitigé.

Remontons là aussi un peu dans le temps. La séquence s’engage à partir de l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Il s’agit du point de bascule : l’OTAN se recentre alors sur son pilier historique, la défense collective, matérialisée dans l’article 5 du Traité fondateur de Washington (1949), dans lequel est stipulé qu’une agression armée contre l’un des États membres – perspective apparue envisageable au vu de la dégradation des relations russo-otaniennes à partir de 2014 – susciterait une réponse militaire collective de l’Alliance.

Trois sommets importants ont jalonné cette évolution. Au pays de Galles (2014), le Plan d’action réactivité de l’OTAN est adopté. Il inclut des mesures de réassurance à destination des pays d’Europe centrale et orientale. Les effectifs de la Force de réaction de l’OTAN sont triplés et on annonce la création, au sein de celle-ci, d’une composante à haut niveau de préparation, déployable sur un très court préavis.

Le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, le président ukrainien Petro Porochenko et le premier ministre britannique David Cameron le 4 septembre 2014 lors du sommet de l’OTAN à Newport (pays de Galles). Leon Neal/AFP

Le sommet de Varsovie (2016) consolide le recentrage sur la défense collective, en activant la présence rehaussée (Enhanced forward presence – EFP) de l’OTAN sur son flanc Est. Mise en place en 2017, cette force est composée de quatre bataillons multinationaux stationnés dans les trois pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) et en Pologne. Après février 2022, l’EFP est élargie à la Roumanie, à la Bulgarie, à la Hongrie et à la Slovaquie. En juin 2022, on compte entre 900 et 11 600 soldats en renfort dans chaque pays.

Enfin, le Sommet de Madrid (juin 2022) scelle cette évolution. Il marque l’adoption d’un nouveau Concept stratégique, texte boussole de l’Alliance, qui relègue la Russie du rang de partenaire à celui de première menace. Aussi, la Suède et la Finlande sont invitées à devenir membres, après que ces deux pays aient demandé l’adhésion.

La séquence allant de l’annexion de la Crimée à l’invasion de l’Ukraine est donc marquée par un recentrage sur ce qu’il y a de plus consensuel en sein de l’Alliance : une menace étatique, l’article 5, des mesures militaires qui ont un incontestable effet dissuasif. L’OTAN ne fait pas que dissuader, mais attire de nouveaux membres.

La phase de « mort cérébrale de l’OTAN », selon une expression détonante d’Emmanuel Macron en novembre 2019, semble soudain se dissiper, si bien que la débâcle afghane fait presque office de mauvais souvenir au moment de la résurgence de la menace russe. En bref, la géographie politico-militaire de l’OTAN, alors dispersée dans des opérations de gestion de crises allant jusqu’en Asie centrale, se clarifierait avec le retour du vieil ennemi et des schémas de dissuasion qui l’accompagnent.

Attention, toutefois, à ne pas tomber trop vite sous le charme du discours officiel, qui présente l’action actuelle de l’OTAN comme l’incommensurable succès d’une défense collective renforcée.

Souligner la différence entre les difficultés de la gestion de crises et les facilités présumées de la défense collective ne suffit pas pour comprendre la pérennité de l’OTAN et ses transformations. Cette dichotomie vaut jusqu’à un certain point, à commencer par la comparaison elle-même. Contrairement à l’Afghanistan, l’OTAN n’est pas en guerre en Ukraine, mais se situe dans une posture de dissuasion visant à empêcher une attaque russe contre l’un de ses pays membres. En cela, la présence avancée de l’OTAN n’a pas à pâtir des gigantesques difficultés opérationnelles et en matière de prise de décision inhérentes à la conduite d’une guerre en format multilatéral.

Ensuite, si la menace russe est perçue de manière plus consensuelle que d’autres catégories de risque comme le terrorisme, son niveau de dangerosité ne fait pas non plus l’unanimité. De fait, la défense collective reste le noyau dur de l’Alliance, mais sa mise en place n’est pas harmonieuse (ce qui n’était pas non plus le cas lors de la guerre froide, rappelons-le).

La Russie est certes qualifiée de « menace directe », surtout depuis février 2022. La déclaration commune issue du récent sommet de Madrid et la tonalité grave du nouveau concept stratégique concernant la Russie montre certes que les Alliés resserrent les rangs face à cette menace. Néanmoins, la raison d’être même d’un texte comme le concept stratégique est d’exposer au grand jour l’unité de l’Alliance autour de principes clefs. Ce qui ne signifie pas, pour autant, que les dissensions disparaissent, loin de là. Le retour post-2014 de la défense collective a ainsi été marqué par des divergences et des compromis entre, schématiquement, deux positions.

D’un côté, celle des pays d’Europe centrale et orientale (pays baltes, Pologne, Roumanie), souvent soutenus par les États-Unis, et partisans d’une posture militaire ferme et consolidée contre la Russie. De l’autre, celle des pays d’Europe de l’Ouest (France, Allemagne, Espagne), favorables à une politique de dissuasion modérée laissant ouvert le dialogue avec la Russie et écartant le risque d’une escalade.

Les négociations ayant débouché sur le déploiement de la présence avancée de l’OTAN résultèrent d’un compromis entre les deux positions.

Les premiers souhaitaient l’installation de bases militaires permanentes sur leur territoire afin d’afficher une politique de dissuasion soutenue contre la Russie. Les seconds désapprouvaient, car ils y voyaient une mesure exagérée, susceptible d’engendrer une escalade, et se situant en porte-à-faux par rapport à l’Acte fondateur de la coopération OTAN-Russie (1997), qui exclut tacitement l’installation de structures militaires permanentes chez les futurs membres.

Les Alliés en vinrent donc au compromis suivant : la présence avancée serait « permanente mais rotationnelle ». La force serait physiquement présente mais ses contingents seraient sujets à rotation tous les quelques mois, ce qui satisfaisait les deux orientations.

Le fonctionnement militaire même de l’EFP s’innerve de ces différences de points de vue. L’EFP se fonde sur le principe de la « dissuasion par représailles » ( « deterrence by punishment »). Elle ne vise pas le déploiement d’une force militaire suffisamment importante pour rendre immédiatement inopérante une attaque potentielle et saper toute confiance chez l’agresseur en le succès initial de son action armée (la « dissuasion par interdiction » – « deterrence by denial » – l’option initialement promue par les pays baltes par exemple). Il s’agit plutôt de laisser peser la probabilité d’une réplique ultérieure qui augmenterait de manière considérable le coût initial de l’agression.

En cela, les effectifs modérés déployés dans l’EFP en font une présence qui n’a pas pour but d’infliger à la Russie des dommages inacceptables dès les premiers affrontements. L’EFP se conçoit davantage comme un « fil piège » (« trip wire »), qui, une fois franchi (ou plutôt attaqué) déclencherait la réponse militaire complète de l’OTAN, à savoir la mobilisation de sa Force de réaction. De facto, la dissuasion par représailles était la seule option consensuelle possible, car le fruit d’un compromis entre les pays souhaitant une présence substantielle de l’OTAN sur le flanc Est et ceux qui y voient une mesure d’escalade.

En effet, prétendre refouler instantanément, disons d’un État balte, une armée de la taille et de la puissance de feu de celle de la Russie impliquerait d’y déployer une force militaire considérable. Ce qui est, financièrement et politiquement, inenvisageable pour la plupart des Alliés. Ainsi, le renforcement de l’EFP avec quatre bataillons supplémentaires en réaction à l’invasion de l’Ukraine, ainsi que l’annonce au Sommet de Madrid d’une présence américaine renforcée en Europe, se situent dans la continuité de ce compromis.

Par conséquent, cette logique de compromis comporte aussi certaines limites, la plus importante d’entre elles étant la crédibilité des représailles. Se montrer résolu à répliquer est essentiel dans une logique de dissuasion, en particulier dans l’option de la dissuasion par représailles. Celle-ci dépend largement du message envoyé, qui se doit de véhiculer une détermination à user de la force de manière élargie afin de faire payer au prix fort le choix d’une attaque. Or, construire ce discours commun et cohérent dans le cadre d’une politique de dissuasion face à la Russie reste un défi pour l’OTAN, en raison précisément des différences de perception de cette menace entre les États membres.

À terme, l’étalement public récurrent des critiques que s’adressent ces derniers à ce sujet risque d’écorner la crédibilité de la dissuasion otanienne. Mentionnons simplement les reproches réguliers adressés par la Pologne ou les États baltes à l’Allemagne ou la France, accusées de se montrer trop complaisantes vis-à-vis de Moscou.

De ce fait, certains spécialistes doutent de la capacité réelle de l’OTAN à répliquer comme elle le clame officiellement. Par exemple, si la Russie décidait de cibler les contingents norvégiens ou luxembourgeois stationnés en Lituanie pour mettre sous pression la solidarité alliée, l’Allemagne, également présente en Lituanie, y réagirait-elle militairement au risque d’une escalade guerrière ? Ce scénario est certes peu probable, mais pas non plus inenvisageable, étant donné la persistance des menaces de la Russie à l’égard du camp occidental. Ainsi, en déployant des unités aux frontières d’une Russie agressive et en affichant dans le même temps ses dissensions internes, l’OTAN ne fait pas que renforcer sa posture mais prend aussi un risque : s’exposer à des attaques de basse intensité sur ses effectifs, qui ne rentreraient pas parfaitement dans le cadre de l’article 5 et rendraient, par extension, une réponse très délicate à définir.

Schématiquement, la non-action minerait la crédibilité de l’EFP, et la réplique, même limitée, pourrait être prétexte à l’escalade. À terme, des divisions trop explicites pourraient laisser entrevoir au sein de la politique de dissuasion de l’Alliance des poches de vulnérabilités qui, si exploitées, pourraient avoir des effets conséquents sur la crédibilité plus large de l’OTAN.

En conclusion, s’il paraît clair que le retour de la défense collective au sein de l’OTAN contraste dans sa cohérence avec la gestion de crises, la différence ne doit pas être exagérée. Ces deux piliers de l’Alliance partagent un socle commun en matière de négociations multilatérales. Ils résultent de jeux de compromis entre les États membres et présentent tous deux des limites.

La guerre en Ukraine n’a pas sauvé l’OTAN. Celle-ci n’était tout simplement pas en danger de mort – n’oublions pas que le projet « OTAN 2030 » naît sur la fin, pourtant peu glorieuse, des opérations en Afghanistan… Toutefois, l’invasion russe a clairement redynamisé l’Alliance.

Les tensions, les compromis et les ambiguïtés font partie de la vie multilatérale de l’OTAN. Il ne faut pas y voir une contradiction, mais plutôt une normalité. La défense collective, tout autant que la gestion de crises, n’échappe pas à cette réalité. En somme, plutôt que d’assister à une nouvelle guerre froide salvatrice pour une Alliance qui aurait été en perte de repères, comme certains le clament trop rapidement, nous sommes les témoins d’une actualisation des logiques d’inimitiés où se mêlent vieilles rivalités interétatiques et perceptions plus mouvantes des risques.

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Par Julien Pomarède, Docteur et chercheur en sciences politiques et sociales – Sécurité internationale, Université Libre de Bruxelles (ULB).

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Après l’Ukraine,revoir complètement la politique étrangère française

Après l’Ukraine,revoir complètement la politique étrangère française 

 

Le projet de souveraineté européenne doit être repensé en fonction d’une menace russe qui va perdurer, analyse l’ancien diplomate, Michel Duclos, ancien diplomate et conseiller spécial à l’Institut Montaigne dans une tribune au « Monde » Une vision qui évidemment va à l’encontre du courant pro-russe d’une grande partie de la diplomatie française.

C’est de nouveau « par le fer et le sang », du fait de l’agression russe en Ukraine, que se modifie la carte politique de l’Europe. Les conséquences pour la France sont évidemment profondes, au point que des pans entiers de sa politique étrangère apparaissent désormais à reconstruire. Nous en donnerons trois illustrations.

D’abord en Europe même. Les Français souhaitaient une Europe plus souveraine pour la mettre en mesure de se protéger des turbulences du monde et lui permettre de jouer un rôle face au binôme sino-américain en gestation. Ils pensaient que le problème russe devait être traité par la fermeté, certes, mais aussi par un dialogue stratégique tenant compte des intérêts légitimes de Moscou.

Cette vision de la relation avec le Kremlin, peu partagée par nos partenaires, a été démentie par les événements. Depuis le 24 février, la France a d’ailleurs rejoint les autres Européens, parfois les a devancés, dans la politique de sanctions contre la Russie et d’aide militaire, économique et politique à l’Ukraine. Toutefois, la longue patience des autorités françaises à l’égard de Vladimir Poutine – jointe à des positions hétérodoxes sur l’OTAN – a entamé notre crédit auprès des Européens de l’Est et du Nord. Ceux-ci considèrent qu’ils avaient mieux compris le sens de l’histoire. La même décote s’applique à l’Allemagne. Le risque est qu’une majorité d’Européens estiment qu’il y ait lieu d’abandonner tout agenda d’autonomie de l’Union européenne (UE) pour mieux pérenniser la protection américaine.

Comment renverser cette tendance ? Sur le plan intellectuel, nos dirigeants doivent se convaincre que la Russie de Poutine sortira diminuée de sa folle entreprise mais encore plus agressive dans son approche de l’Europe. Elle conservera des capacités de déstabilisation considérables vis-à-vis de ses anciennes terres d’empire, mais aussi – par des pressions économiques et politiques – à l’égard de l’Europe de l’Ouest. Elle a démontré qu’elle n’éprouve aucune inhibition devant le recours à la force – appuyé sur son statut de puissance nucléaire.

Protéger l’Ukraine c’est protéger l’Occident

Protéger l’Ukraine c’est protéger l’Occident

 

Dans une tribune au « Monde », le chef de l’administration présidentielle ukrainienne Andriy Yermak  demande aux Occidentaux des engagements de sécurité juridiquement contraignants, après le fiasco du mémorandum de Budapest de 1994 garantissant l’intégrité des frontières de l’Ukraine et violé par la Russie.

 

En novembre 1994, Boris Eltsine écrivait à son homologue américain Bill Clinton. L’ancien président de la Fédération de Russie exhortait les Etats-Unis et l’Occident à soutenir « un traité historique russo-ukrainien d’amitié, de coopération et de partenariat ». Un mois après la missive d’Eltsine à Clinton, les dirigeants se sont réunis à Budapest. En échange de l’abandon par l’Ukraine du troisième plus grand arsenal nucléaire du monde, les Etats-Unis, la Russie et le Royaume-Uni se sont engagés à « respecter l’indépendance, la souveraineté ainsi que les frontières existantes de l’Ukraine » et de « s’abstenir de recourir à la menace ou l’usage de la force » contre le pays.

Tragiquement pour l’Ukraine, le mémorandum de Budapest n’a pas résisté à l’épreuve du temps.

Tout d’abord, Kyiv a été manipulé par d’habiles juristes qui ont insisté pour que les engagements de sécurité pris à l’égard de l’Ukraine passent de « garanties » à « assurances ». Cette formulation nous hante encore. Ensuite, l’Occident a eu une confiance démesurée en la capacité d’Eltsine à mener la Russie sur la voie de la démocratie libérale. Les Occidentaux ont en effet oublié la présence des puissants anciens chefs des services secrets soviétiques, enragés par l’effondrement de leur ancien empire. Ces derniers, bien que cachés dans l’ombre, demeuraient très proches du président russe.

 

La Russie a enfreint le mémorandum de Budapest une première fois en 2003 lorsqu’elle a menacé de s’emparer par la force de l’île ukrainienne de Touzla, dans la mer d’Azov. Ensuite, est apparu le chantage constant sur l’approvisionnement en gaz. Et, en 2014, les troupes russes ont annexé la Crimée et ont pénétré dans l’est de l’Ukraine. Cette agression sanglante s’est ensuite transformée en une invasion militaire à grande échelle au début de cette année.

 

La Russie a conscience d’une notion que beaucoup d’Occidentaux ont oubliée : un pays qui souhaite préserver sa souveraineté ne peut y parvenir que si on le sait prêt à faire usage de la force.

Nombreux sont ceux qui pensent que le système occidental fondé sur des règles internationales – aujourd’hui menacé par la Russie – est né à la fin de la première guerre mondiale avec la politique d’« autodétermination ». A cette époque, le président américain Woodrow Wilson annonçait que « les aspirations nationales [devaient] être respectées » et que « les peuples ne [pouvaient] désormais plus être dominés et gouvernés que par leur propre consentement », ajoutant que « l’autodétermination n’est pas une simple expression ; c’est un principe d’action impératif ».

Appel à la France pour le soutien de l’Ukraine

Appel à la France pour le soutien de l’Ukraine

 

Les besoins de la population ukrainienne sont immenses et croissent de manière exponentielle, soulignent dans une tribune au « Monde » des représentants des autorités et collectivités locales, dont Vitali Klitschko, maire de Kiev, dans un appel à leurs homologues français.

 

C’est abrupt, mais, depuis le début de l’agression militaire russe de grande ampleur contre notre pays, le 24 février 2022, nous avons dû apprendre à aller directement à l’essentiel : Nous avons besoin de votre aide. La guerre dure. Nous le savons : elle ne va pas se terminer demain. Face à cette épreuve, le peuple ukrainien déploie une résistance admirable dont peu, mis à part nous-mêmes, nous savaient capables.

C’est aussi grâce au soutien international, dans les pays frontaliers comme à travers le monde, que les Ukrainiennes et les Ukrainiens trouvent la force de continuer à se battre pour exister, comme individus et comme nation. Ce combat, c’est aussi celui pour la paix en Europe, pour les valeurs de la démocratie et pour l’avenir de nos enfants sur notre continent.

Plus que jamais, nos destins sont liés. Les pertes, matérielles et humaines, sont immenses. Certaines de nos villes ont été rasées. Certaines de nos régions sont occupées par les chars russes. Plus d’un quart de notre population a dû subitement fuir, en Ukraine même ou à l’étranger. A l’échelle de la France, cela représenterait plus de 17 millions de personnes.

Nos enfants ont en permanence mal au ventre par anxiété et des cauchemars peuplent leurs nuits. Nos mères ont peur, constamment, que leurs enfants soient encore plus traumatisés, que leurs maris soient tués au front. Nos femmes, quand elles trouvent l’écoute et la force, racontent les atrocités dont elles ont été victimes. Nos civils qui ont eu le malheur de rencontrer l’armée russe témoignent de la brutalité extrême qui les cible, et de la mort.

Nos rêves d’hier sont brisés, ceux d’aujourd’hui nous auraient fait sourire il y a quatre mois : pour certains d’entre nous, l’obtention d’une boîte de conserve de viande nous procure autant de joie que l’aurait fait alors la découverte d’un trésor, nous sommes heureux simplement de joindre une proche en territoire occupé et d’entendre « allô », et se réveiller le matin en vie et dans un immeuble intact nous semble relever du miracle.

Malgré tout cela, nous résistons, nous nous battons, nous vivons. Pour continuer à le faire, nous disons simplement à nos homologues français, présidentes et présidents de régions, de départements et d’agglomérations, maires de villes et de villages : « Nous avons besoin de votre aide. » Les efforts que vous avez déployés depuis le 24 février, avec la société civile et l’Etat, sont admirables.

Politique-L’OTAN dans le piège de l’Ukraine ?

Politique-L’OTAN dans le piège de l’Ukraine ?

Sylvie Kauffmann du Monde s’interroge sur la stratégie de l’OTAN dans la mesure où rien ne semble pouvoir arrêter les massacres de la Russie et où les sanctions prises contre Poutine se retournent en fait contre l’Occident.

 

 

Les dirigeants de l’OTAN se réunissent à Madrid dans un contexte géostratégique radicalement bouleversé. Le tournant actuel de la guerre, qui paraît favoriser la Russie, les contraint à des choix draconiens, analyse Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde », dans sa chronique.

Toute honte bue, le ministère de la défense russe a revendiqué, mardi 28 juin, le bombardement meurtrier du centre commercial de Krementchouk en Ukraine, la veille, prétendant qu’il était désaffecté et que la cible était militaire.

Plus rien ne retient le régime du président Poutine dans sa volonté d’asservir ce pays : ni la décence humaine ni le souci de préserver ce qu’il reste des engagements de l’après-guerre froide pour la sécurité en Europe, comme le montre son annonce du déploiement en Biélorussie de missiles capables d’emporter des têtes nucléaires.

 

C’est dans ce contexte de durcissement extrême que sont réunis les dirigeants de l’OTAN à Madrid, du 28 au 30 juin. Quatre mois après le début de l’invasion de l’Ukraine, le point de non-retour semble désormais atteint dans les relations de l’Alliance atlantique avec la Russie. Et ce point de non-retour va structurer durablement leur horizon sécuritaire, dans un environnement géostratégique bouleversé.

La guerre elle-même est entrée dans une phase difficile pour l’Ukraine et pour ses soutiens occidentaux. Sur le terrain, la stratégie de destruction totale de l’artillerie russe finit par venir à bout de la résistance ukrainienne en plusieurs endroits du Donbass. Kiev est de nouveau frappée. La diplomatie est à l’arrêt, les Nations unies impotentes. L’outil des sanctions, manié à une échelle sans précédent par le camp occidental uni, ne produit pas à court terme les effets escomptés : ni le régime de Vladimir Poutine ni le soutien de la population russe ne paraissent ébranlés, le rouble résiste et, malgré le défaut de paiement de la Russie, le système économique est, pour l’instant, stabilisé.

 

Pis : alors que le blocage par la Russie des exportations de céréales ukrainiennes menace de provoquer une crise alimentaire dans les pays importateurs du Sud, Moscou a réussi à y implanter l’idée que la faute en incombait aux sanctions occidentales. Ainsi, si l’Ukraine et son président, Volodymyr Zelensky, ont très tôt remporté la bataille de l’opinion en Europe, leurs alliés semblent l’avoir perdue dans le reste du monde – raison pour laquelle cinq dirigeants du Sud ont été invités au sommet du G7, lundi.

Parallèlement, les pays européens, particulièrement ceux qui, comme l’Allemagne, étaient très dépendants du gaz russe, se trouvent contraints de modifier radicalement, dans l’urgence, leur politique d’approvisionnement énergétique, au détriment de leurs engagements dans la lutte contre le changement climatique. Conséquence politique non négligeable, les hausses des prix qui en résultent risquent de fragiliser le soutien des opinions publiques à l’effort de guerre en Ukraine.

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